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Jeune

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin jeune jeunes

Définitions de « jeune »

Trésor de la Langue Française informatisé

JEUNE, adj., adv. et subst.

I. − Adjectif
Rem. Jeune, dans l'emploi épithète, lorsqu'il n'est pas modifié par un adverbe, qu'il ne fait pas partie d'une énumération et qu'il n'a pas de valeur contrastive, est gén. antéposé dans l'acception A et postposé dans l'acception B.
A. − [Prédicat relatif à l'âge de qqn ou de qqc.]
1. [En parlant d'une pers.]
a) [Qualifiant un subst. désignant l'individu]
α) Qui est peu avancé en âge. Anton. âgé, vieux.
[S'emploie pour indiquer l'âge d'une pers. relativement à la durée de la vie humaine ou à la période de la vie indiquée par le subst. qualifié] Jeune adolescent, adulte, enfant, gars; foyer de jeunes travailleurs. Trouvé M. Mac Nemara (...). Grand gros jeune médecin, la figure rouge, très affectueux (Michelet, Journal,1834, p. 135).Les dames sont rentrées; les jeunes ladies ont valsé au piano devant le roi (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 111).Messieurs (...). Vous êtes mes patrons. Je vous ai connus tout jeunes. J'ai été au service de votre père (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, I, 8, p. 5):
1. Le comte n'était plus jeune; il avait quarante ans au moins, et cependant on comprenait à merveille qu'il était fait pour l'emporter sur les jeunes gens avec lesquels il se trouverait. Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 526.
En partic. [Jeune antéposé forme avec un certain nombre de subst. des loc. subst. désignant une pers. à un moment de sa vie] Jeune femme*, fille*, garçon*, homme*, personne*; jeunes gens*.
[Jeune postposé qualifie les subst. entrant dans les loc. supra] C'est encore un homme jeune, mais ce n'est plus un jeune homme (Augier, Effrontés,1861, IV, p. 395).En vérité, c'était bien cela seul dont j'avais besoin. Que d'elle, et que de chaque femme jeune de cette ville j'obtienne un oui (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 616).
[Qualifiant un nom propre; antéposé ou postposé] (Telle personne) quand elle était jeune. Il ressemblait aux rois d'Espagne des portraits célèbres, qui ressemblent tous à Charles-Quint jeune (Malraux, Espoir,1937, p. 534).La guerre contre Arezzo, où combattit sans éclat le jeune Dante (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 215).
Fam. Ne pas faire (qqn) jeune; se faire moins jeune. Ne pas rajeunir, vieillir. Ces temps sont loin de nous! C'est pourtant vrai, nous vieillissons... Quels souvenirs tu nous rappelles, Hâan, quels souvenirs! Tout cela ne nous fait pas jeunes (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 92).Nous nous accordions (...) selon l'usage éternel des personnes qui se font moins jeunes, dans le regret des jours consumés (Valéry, Variété IV,1938, p. 11).
(Il faut) (en) profiter quand on est jeune. Jamais elle n'avait senti si profondément la force de son sexe. (...) elle dit d'un air de grave philosophie : − Ah bien! on a tout de même joliment raison de profiter quand on est jeune! (Zola, Nana,1880, p. 1375).
[S'emploie pour indiquer l'âge d'une pers. relativement à l'âge gén. attaché à l'activité, l'état, l'événement désigné par le subst. qualifié ou évoqué dans la phrase] Jeune chercheur, écrivain, médecin; mourir jeune; être trop jeune, un peu jeune pour faire qqc. Ses deux enfants éblouissants de santé témoignaient qu'elle était une jeune matrone accomplie (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 449):
2. ... cela lui permet, à lui, jeune ministre de trente-cinq ans, d'être assis sans ridicule, sans que nous nous révoltions, à la droite d'un de nos maîtres qui a plus de soixante-dix ans et qui seulement à cet âge est mis à sa place, au premier rang. Renard, Journal,1895, p. 267.
β) [S'emploie pour indiquer l'âge relatif d'une pers. par rapport à l'âge d'une ou plusieurs autres pers.] Moins âgé. Anton. âgé, vieux.J'écrivis à peu près le même discours à un ami plus jeune que moi de quelques années (Alain, Propos,1921, p. 294).Elle a trois sœurs plus jeunes et un grand frère (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 10).
En partic. [S'emploie antéposé ou postposé avec un patronyme pour distinguer des pers. d'âge différent; correspond à infra III A 2] Monsieur Poiret jeune, pour le distinguer de son frère Poiret l'aîné (...) avait trente ans de service (Balzac, Employés,1837, p. 111).
Synon. de fils, fille (de).MmeCharpentier, parlant d'un mariage entre le jeune Daudet et la jeune Hugo (Goncourt, Journal,1888, p. 785).
γ) [Qualifiant un subst. désignant une pers. par son activité, son état] Qui est (quelque chose) depuis peu de temps. Jeunes mariés. Ils se croyaient là dans leur maison particulière, et devant y vivre jusqu'à la mort, comme deux éternels jeunes époux (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 114).
[Constr. avec un compl. prép. de, dans (fam.), spécifiant l'état, l'activité] Il est trop jeune dans le métier. M. de Viel-Castel et la direction commerciale ont demandé la croix pour moi. Le président a refusé disant que j'étais trop jeune de service (Gobineau, Corresp. [à Tocqueville], 1850, p. 156).
b) [Qualifiant un subst. désignant un trait physique ou psychol.]
α) Qui est celui, celle d'une personne peu avancée en âge. Jeune beauté, sourire; jeune idéalisme, imagination, flamme, foi, vigueur. Il n'y a de bon, dans l'homme, que ses jeunes sentiments et ses vieilles pensées (Joubert, Pensées,1824, p. 216).Il en fut bientôt rejeté [d'une maison] par un incident où son jeune orgueil se trouva froissé de la manière la plus comique (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 396):
3. MlleSergent se lève et tire le rideau d'un geste brusque, du côté de la cour des garçons. On entend, dans l'école en face, des braiements de jeunes voix rudes et mal posées : c'est M. Rabastens qui enseigne à ses élèves un chœur républicain. Colette, Cl. école,1900, p. 264.
En partic., littér. [Le subst. qualifié désigne p. méton. une pers.] Jeune âme, cœur, front, sang. Une vieille bouche ne saurait charmer de jeunes oreilles (Lenormand, Simoun,1921, 5etabl., p. 52).Mesdames, messieurs, la jeune mémoire devant laquelle je viens... que je salue respectueusement, est celle d'un humble enfant du peuple (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1493).
Rare [Postposé]. Il faut faire voir à l'âme jeune les grandes et belles scènes de la nature (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 83).Elle tira de sa poitrine une bouteille de « bistouille » tiédie par sa chair jeune (Hamp, Marée,1908, p. 32).
β) Que l'on vient d'acquérir. Synon. frais, récent.Au théâtre, trop remué la tête de droite et de gauche, comme un bouvreuil, pour faire déjà des agaceries à ma jeune gloire (Renard, Journal,1895, p. 256).J'étendrai ma main sur elle [ma mère], je mettrai ma jeune importance à son service (Sartre, Mots,1964, p. 13):
4. Oserai-je vous parler de la chronologie, jadis reine cruelle des examens? Oserai-je troubler votre jeune notion de la causalité, vous rappeler le vieux sophisme : post hoc, ergo propter hoc, qui joue un beau rôle en histoire? Valéry, Variété IV,1938, p. 133.
c) [P. ext.]
α) Qui est composé de jeunes gens. Jeune élite, peuple, population. Les jeunes générations [de médecins] ont une tendance progressive et expérimentale évidente (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 191).Son jeune public lui a manifesté des sentiments qui n'ont rien de flatteur (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 39).
β) Qui est créé, animé par des artistes généralement jeunes, recherchant des formes modernes d'expression. La jeune littérature, musique, peinture, pensée, poésie; jeune école de peinture. Il paraît que nous collaborons à de jeunes revues subversives en compagnie de fils de banquiers?... (...) Je répondis agressivement que oui (Nizan, Conspir.,1938, p. 235):
5. La saine simplicité du jeune roman américain, sa vigueur un peu dure redonneraient, par l'effet d'une contagion bienfaisante, un peu de vitalité et de sève à notre roman, débilité par l'abus de l'analyse et menacé de desséchement sénile. Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 13.
γ) Jeune + subst. (désignant une période de la vie humaine).Dans son début. Nous nous occuperons d'abord de la première partie de l'œuvre d'Arthur Rimbaud, œuvre de sa toute jeune adolescence (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Poètes maud., 1884, p. 17).
Jeunes ans, années, jeune âge; jeune temps (fam.). Période de la vie correspondant à l'enfance, l'adolescence, la jeunesse. Quelquefois il semblait qu'il cherchait à se rappeler ces scènes de son jeune âge (Krüdener, Valérie,1803, p. 262).Dès ses plus jeunes ans, le chevalier s'était fait remarquer par un caractère aventureux (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 336).Il faut vous dire que le père Léon a été garçon pharmacien dans son jeune temps (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 693).
2. P. anal.
a) [En parlant d'un animal] Qui n'a pas atteint son complet développement. Anton. adulte.Voix de jeune coq, regard de jeune veau, courir comme un jeune chien. Les animaux jeunes sont frappés beaucoup plus souvent que les adultes (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 462).On voit passer une file de canetons tout jeunes − presque encore des œufs à pattes (Barbusse, Feu,1916, p. 96).V. créature ex. 2 :
6. On allait procéder à la tienta, épreuve à laquelle sont soumis les jeunes taureaux et les jeunes vaches pour être classés ensuite selon leur degré de férocité. Montherl., Bestiaires,1926, p. 406.
b) [En parlant d'un végétal] Qui n'a pas atteint son complet développement ou un développement permettant son exploitation. Jeune arbre, futaie. Un parc de jeunes carottes en retard étendait son tapis frisé (Hamp, Champagne,1909, p. 92).Le jeune foin, le blé en herbe étaient d'un vert infiniment tendre (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 89).Les arbres sont encore jeunes, mais ce jardin pourra devenir très beau dans quelques années (Gide, Voy. Congo,1927, p. 711).
c) [En parlant d'une chose]
α) Qui existe depuis peu de temps. Synon. nouveau, récent.Jeune littérature, jeune poésie. Le château, la vieille ville et ses anciens remparts sont étagés sur la colline. La jeune ville s'étale en bas (Balzac, Pierrette,1840, p. 25).De jeunes sciences, l'ethnographie, l'archéologie, la philologie (France, Vie littér., t. 1, 1888, p. 325):
7. ... recevant une délégation anglaise qui venait complimenter la jeune république, Grégoire saluait d'avance celle qui, bientôt, naîtrait aux bords de la Tamise. Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 294.
β) [S'emploie pour indiquer l'âge relatif d'une chose par rapport à d'autres] . Synon. récent.Tout sédiment est plus jeune que ceux qu'il recouvre et qui formaient le fond sur lequel il s'est déposé (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 132).
En partic. [En parlant de certaines denrées] Qui a été produit depuis peu de temps (et qui n'a pas les qualités conférées par le vieillissement). Il y avait de l'eau-de-cerises toute jeune dans une gourde, c'est-à-dire de la très forte (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 152).Il nous restera plus qu'à faire boucherie et à saler le jeune lard, à la première grosse gelée après la Notre-Dame (Guèvremont, Survenant,1945, p. 41).Nous ferons, avec du raisin savoureux, plusieurs pièces de ce vin qu'on boit jeune (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 70).
[Postposé] Pays jeune; vin jeune. Fischer et Parker ont cultivé des fibroblastes provenant de pièces squelettiques d'embryons jeunes (J. Verne, Vie cellul.,1937, p. 123).
GÉOGR. Montagne* jeune.
B. − [Le jugement concernant l'âge est secondaire; jeune peut caractériser une pers. âgée ou une réalité ancienne]
1. [Jeune renvoie aux traits socialement ou traditionnellement attribués aux jeunes gens]
a) [Jeune renvoie à une image sociale valorisée de la jeunesse : vitalité et fraîcheur physique, dynamisme, enthousiasme et spontanéité dans l'action, vivacité intellectuelle] Synon. (partiel) dynamique, juvénile, vert, vif.
[En parlant d'une pers.] Il nous dit quelquefois qu'il ne peut être aussi jeune dans le monde qu'il l'est avec nous, et que l'exaltation irait mal avec une ambassade (Krüdener, Valérie,1803, p. 9).Ce vieux burgrave est plus jeune et plus charmant que jamais (Flaub., Corresp.,1877, p. 16).Bouteloup, jeune encore pour ses trente-cinq ans (Zola, Germinal,1885, p. 1220):
8. Oui, je sais comment ils l'aiment la jeunesse : lardée. Moi non. Je l'aime naturelle, comme elle est : libre et jeune. Jeune, c'est-à-dire avec la continuelle représentation de la tempête qu'elle se donne dans son cœur... Giono, Poids du ciel,1938, p. 151.
Loc. subst.
Jeune(-)France*. Jeune garde*. Jeune loup*. Jeune(-)premier*, jeune(-)première. Jeune(-)turc*.
Jeune de + subst. (spécifiant un aspect de la personnalité).Jeune d'âme, de cœur, de corps, d'esprit. Grand, très jeune d'aspect, le verbe haut, l'abord franc, on retrouve (...) en lui cette race d'entraîneurs d'hommes (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 51).Un vieux polémiste célèbre qui, ayant combattu soixante ans (...) jeune encore d'éloquence et de passion, dénonçait aux générations nouvelles les crimes des Jacobins (France, Vie en fleur,1922, p. 373).
Faire jeune, faire plus jeune que son âge, porter jeune (vieilli). La quêteuse (...) était une femme fort mince, fragile et très flétrie, qui faisait jeune sous une horrible robe à fleurs (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 310).L'oncle Rodier, chauve, rond, rose, et luisant comme un poupon, reprenait du poil de la bête, portait jeune et lutinait allègrement les dactylos (Magnane, Bête à concours,1941, p. 120).
P. anal. [En parlant d'une collectivité] Un peuple jeune [l'Allemagne], conscient de sa force et frémissant au souvenir d'une injuste défaite (Gide, Journal,1943, p. 207).
SYNT. a) Jeune et beau, charmant, élancé, frais, joli, mince, robuste, séduisant, vif, vigoureux, svelte; jeune et brave, farouche, fier, fougueux, fringant, gai, généreux, romanesque, sympathique. b) Rester se conserver jeune; paraître plus jeune que son âge, avoir l'air jeune; se sentir, redevenir jeune.
[En parlant d'un trait physique ou d'un comportement] Air, corps, physionomie, silhouette, trait, visage, voix jeune; démarche, sourire jeune. Un homme aux cheveux blancs en tignasse à l'escalade, à la figure plus jeune que ses cheveux (Goncourt, Journal,1860, p. 777).Ces beaux cheveux qui grisonnaient seulement (...) étaient seuls à imposer la couronne de la vieillesse sur le visage redevenu jeune d'où avaient disparu les rides (Proust, Guermantes,1921, p. 345):
9. ... il regardait, il voyait d'un regard aussi jeune, aussi frais, aussi non usé, aussi neuf, aussi non émoussé, aussi inhébété, aussi non âgé temporellement, aussi non âgé dans le monde, temporel, (malgré ses grosses paupières)... Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 746.
[En parlant de trait psychol., intellectuel] Âme, cœur, esprit, sang jeune; imagination jeune. Une chose à voir, combien le voltairianisme est jeune, ardent et militant en ces vieillards! (Goncourt, Journal,1856, p. 250).L'âge est venu. Il ne s'en soucie point; son cœur est toujours jeune; il n'a rien abdiqué de sa force et de sa foi (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1433):
10. Il est des jours où l'homme s'éveille avec un génie jeune et vigoureux. Ses paupières à peine déchargées du sommeil qui les scellait, le monde extérieur s'offre à lui avec un relief puissant, une netteté de concours, une richesse de couleurs admirables. Baudel., Paradis artif.,1860, p. 347.
[P. méton., ] [en parlant d'une œuvre littér. ou artistique] Charmante réponse de Musset aux vers que Nodier lui avait adressés (...) C'est frais, jeune, et de sa meilleure veine (Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1843, p. 244).Voyons donc ce que, d'abord, dans la jeune maturité de son art, dans la période qui va environ de 1802-1803 jusqu'aux environs de 1813, Beethoven demande au mot et aux poètes! (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 158):
11. Le meilleur poème de Baudelaire s'est démodé dans la mesure où Baudelaire travaillait avec l'avant-garde, approuvé par elle. Le meilleur poème de Rimbaud reste jeune parce qu'il travaillait contre l'avant-garde. Cocteau, Crit. indir.,1932, p. 38.
b) [Jeune renvoie à une image morale défavorable de la jeunesse : inexpérience et manque de maturité dans l'action, légèreté morale et intellectuelle]
[En parlant d'une pers.] Mon Dieu, que vous êtes jeune en affaires (Labiche, Ptes mains,1859, III, 1, p. 77).Vous avez été jeune, mon père, et vous auriez agi tout comme moi. − Jamais! riposta l'austère chevalier abasourdi (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 181).Il y a une justice, n'en doutez pas. Vous êtes jeune, mais vous verrez! (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 252):
12. Quoiqu'à peu près de mon âge et inférieur à moi sur beaucoup de points sans doute, il me trouvait un peu jeune, comme il disait, sur les questions de conduite qui s'agitaient dans son esprit. Fromentin, Dominique,1863, p. 94.
C'est jeune et ça ne sait pas (pop.). Un jour, une automobile vint cahoter sur sa voie ferrée. Le chauffeur dit à l'oreille de sa monture : « Ne dresserons-nous pas procès-verbal? − C'est jeune, dit la locomotive, et ça ne sait pas ». Elle se borna à cracher un peu de vapeur dédaigneuse sur le sportsman essoufflé (Jacob, Cornet dés,1923, p. 132).
SYNT. Jeune écervelé, étourdi, fat, fou, insensé, imprudent; jeune et inexpérimenté, insolent, insouciant, irréfléchi, naïf, téméraire, timide, sans expérience.
[En parlant d'un trait de comportement, d'un trait psychol., intellectuel] Je croyais son âme trop jeune, trop peu formée pour deviner les passions ou pour les sentir (Krüdener, Valérie,1803, p. 17).Vous me demandez pourquoi T... est libéral! il a cru au succès. Pour un homme d'esprit et un homme d'état, c'est bien jeune (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1821, p. 239):
13. ... quelle idée jeune, d'avoir voulu quand même devenir l'amant de la patronne! Ne pouvait-il donc faire son affaire d'argent dans la maison, sans exiger d'y trouver, tout à la fois, le pain et le lit? Zola, Pot-Bouille,1882, p. 174.
[P. méton., ] [en parlant d'une œuvre intellectuelle ou artistique] De ces remarques d'André Chénier sur Malherbe, bon nombre sont exquises (...) mais quelques-unes, je l'ai dit, semblent bien jeunes et ne sont pas encore d'un maître (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 13, 1859, p. 376).
c) [Jeune renvoie à l'image sociale des jeunes gens particulière à une époque] Raymon sacrifia aux idées jeunes de son temps en s'attachant religieusement à la Charte (Sand, Indiana,1832, p. 104).
En partic., ds le vocab. de la mode. Qui donne l'apparence de la jeunesse, le style qui est censé être celui des jeunes gens. Couleur, robe jeune. Le comte Salomon entra. Il avait un costume trop jeune, avec, à la boutonnière, un bouquet trop gros (Gyp, Leurs âmes,1895, p. 126).Le blouson roi cet hiver... une façon jeune d'être élégant (Catal. des 3 Suisses, automne-hiver 1979-80, p. 385):
14. La toute-puissance de ces noirs, (...) la bizarre silhouette du chapeau qui fut « à la dernière mode » et « jeune »; (...) tout ceci se concerte et impose une sensation singulière (...) de Poésie [à propos d'un portrait de femme]. Valéry, Pièces sur art,1931, p. 212.
Faire jeune. Gaïa fut à la mode. L'endroit faisait jeune. La gaîté y fusait de toutes parts (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 60).
Rare [Antéposé]. Mince dans de jeunes robes noires, habillée lourdement, Claire Cellerier ne marquait guère ses soixante huit ans que par l'usage du mot « saperlipopette! » (Colette, Seconde,1929, p. 61).
2. Littér. [En parlant d'un inanimé; jeune connote l'image valorisée de la jeunesse : avec une idée de nouveauté, de fraîcheur, de plaisir]
[Antéposé en emploi épithète] Jeune jour, soleil. Tout ce monde respirait (...) le léger parfum d'amour qui flotte autour des Parisiennes, sous les arbres élyséens, aux jeunes soirs de mai (Vogüé, Morts,1899, p. 300).Mirage coloré, fragrance De jeunes jardins, et de carrefour rance (Moréas, Pèlerin pass.,1891, p. 83):
15. Le beau corps de vingt ans qui devrait aller nu, Et qu'eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune Adoré, dans la Perse, un génie inconnu, Impétueux avec des douceurs virginales Et noires, fier de ses premiers entêtements, Pareil aux jeunes mers, pleurs de nuits estivales, Qui se retournent sur des lits de diamants... Rimbaud, Poés.,1871, p. 108.
La jeune saison (poét.). Le printemps. Malgré neige, brouillard et pluie, Il [l'oiseau] croit à la jeune saison (Gautier, Emaux,1852, p. 121).La jeunesse. La blanche fiancée (...) soudain oppressée Des premières langueurs de sa jeune saison, Rêve au temps qui viendra de quitter la maison (Samain, Chariot,1900, p. 55).
Emploi attribut. Que la vie était jeune! L'heure qui venait était vraiment une inconnue. Ô surprise! Tant de choses surannées, usées, caduques, devenues tout à coup nouvelles! (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 59):
16. Le communisme, pour eux, c'est la jeunesse du monde. Après cette pré-histoire, où l'homme fut un ennemi pour l'homme, viendra l'histoire indéfinie où l'homme sera un ami pour l'homme. Et cette histoire sera toujours jeune tandis que cette pré-histoire est éternellement vieille. Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 26.
C. − Pop. et fam. Insuffisant en quantité. Synon. court, léger, maigre.Je te ferai remarquer que (...) ton magot est encore un peu jeune; mais il devrait grossir assez vite (Duhamel, Cécile,1938, p. 113).Une brique seulement? C'est un peu jeune (Car.Argot1977).
II. − Adv. [Correspond à supra I B 1 c] À la manière des jeunes gens, avec les qualités, le style caractéristique des jeunes gens. Ses cheveux sont moins longs. Il est habillé plus jeune et il a l'air épanoui (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, II, 1, p. 11).La jeune troupe de l'Œuvre joue jeune, avec le feu, les saillies anguleuses (...) qui sont l'honneur et l'attrait de la jeunesse (Colette, Jumelle,1938, p. 184).
III. − Substantif
A. −
1. Personne peu avancée en âge. Une bande de jeunes. L'ambitieux le met [le bonheur] dans un titre à la cour, Le vieux dans le confort, le jeune dans l'amour (Gautier, Prem. poés.,1830-45, p. 149).Il avait bien trop peur d'être jugé par un jeune! Car c'était ça, son idée fixe : l'opinion des jeunes! (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1235).
Au plur., collectiv. Les jeunes gens en tant qu'ils constituent un groupe social, une génération. Les jeunes d'aujourd'hui, de maintenant (fam.), d'il y a vingt ans (fam.); foyer des jeunes; maison de jeunes; place aux jeunes! Il avait été nommé par les jeunes, alors le parti des jeunes le soutenait (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 5).Le maximum de délinquance chez les jeunes est à treize ans chez les filles, à quinze ans chez les garçons (Mounier, Traité caract.,1946, p. 471):
17. ... fallait tout, tout brûler, et là-dedans la populace! Le pire, c'est les femmes. Des chipies, des enragées. On n'en a pas tué assez, des femmes. Faudra recommencer. Paris... c'est à votre tour, maintenant, à vous les jeunes. Vous tuerez, vous tuerez, nous autres, on a été trop bons... Aragon, Beaux quart.,1936, p. 253.
Maison des jeunes et de la culture. La maison des jeunes et de la culture « Maison pour tous » propose un autre stage de danses traditionnelles champenoises (L'Est Républicain,29 janv. 1981, p. 10).
2. [Désigne une pers. moins âgée qu'une ou plusieurs pers.] Le plus jeune de la bande, Bellman, qui a de l'aplomb, lui a répondu... (R. Bazin, Blé,1907, p. 105).
En partic. [S'emploie avec un patronyme pour distinguer des pers. d'âge différent; correspond à I A 1 a α] Vous connaissez MmeBellamy? récitait Maigret. − La vieille ou la jeune? − La jeune (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 150).
Synon. de cadet.Vu l'aîné et le plus jeune des MM. Galos (Michelet, Journal,1835, p. 182).
[Employé avec un nom propre] Madame, votre compte s'élève à seize cent mille francs au crédit comme au débit, disait Mongenod le jeune (Balzac, Mmede La Chanterie,1850, p. 236).
[Avec un patronyme pour distinguer des pers. d'époque différente; p. oppos. à l'ancien] Pline le jeune. La défaite de Cyrus le jeune (Marmontel, Essai sur rom.,1799, p. 350).
B. − Animal qui n'est pas encore adulte. Synon. petit.Les jeunes de nombreux crustacés se rencontrent le jour dans les eaux proches de la surface alors que les adultes sont à un niveau plus bas (J.-M. Pérès, Vie océan,1966, p. 51).Dans nos sources, bécasseau, (...) au sens de ,,petit de bécasse``, est beaucoup plus rare que faisandeau, pouillard ou cailleteau, qui désignent les jeunes d'autres oiseaux-gibier (M. Lenoble-Pinson, Le Lang. de la chasse, Bruxelles, 1977, p. 260).
REM.
Jeunir, verbe intrans.,rare. Synon. de rajeunir.J'étais d'une alacrité, d'une gaieté extraordinaire (...). Cette jeunesse me jeunissait pour ainsi parler (Michelet, Journal,1844, p. 580).
Prononc. et Orth. : [ʒ œn]. Cf. jeûne. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. En parlant d'une pers. A. adj. 1. début xiies. « peu avancé en âge » (Alexis, éd. Chr. Storey, Prol. : la sue spuse juvene); 1160-74 geunes hons (Wace, Rou, éd. A.J. Holden, II, 1729); id. joefne pucele (id., III, 1848); xves. jone fille (Evangile des Quenouilles, éd. P. Jannet, p. 20); 2. ca 1140 au compar. pour indiquer l'âge relatif d'une pers. (Geffrei Gaimar, Estoire des Engleis, 4261 ds T.-L. : Quinze ans aveit li jovenur); cf. ca 1220 (Fragments Vie St Thomas, éd. P. Meyer, III, 31 : ... cist tuit trois Furent a coruner le roi Henri le jofne [fils de Henri II d'Angleterre, ✝ 1183]); 3. ca 1213 péj. « inexpérimenté, insensé » (Faits des Romains, éd. L.F. Flutre, 323, 34); 4. 1erquart XIIIes. « qui a conservé l'aspect, les qualités de la jeunesse » (Renclus de Molliens, Miserere, 219, 5 ds T.-L.); ca 1256 (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, 6, 20, ibid.); 5. fin xves. « qui appartient, qui est propre aux personnes jeunes » en fort jeune aage (Commynes, Mém., IV, XIII, éd. J. Calmette, t. 2, p. 94, 15); 1536 « peu avancé en âge, par rapport à l'âge moyen d'une fonction » (R. de Collerye, Œuvres, p. 188 ds La Curne). B. Subst. début xiies. li vieil ot les juignurs [compar.] (Ps. Oxford, 148, 12 ds T.-L.); 1155 les juenvles (Wace, Brut, 6752; ibid.). II .1. En parlant d'un animal 1354-76 joenne cerf (Roi Modus, 5, 8 et 9, ibid.); 2. d'un végétal id.joanes chesnes (id. 13613, ibid.). III. En parlant d'une chose 1. 1552 « fort, robuste » jeunes guanteletz de jouste (Rabelais, Quart Livre, XII, éd. R. Marichal, p. 79), rare en ce sens; 2. 1690 jeune saison (Fur.); 1704 Corbeil le jeune « le nouveau Corbeil » (Trév.). Du lat. vulg. *jŏvenis (forme s'expliquant par l'évolution de -uv- en ov- avec o ouvert devant labiale, v. FEW t. 5, p. 95a, ou Fouché, p. 368), class. jŭvenis adj. « jeune » (juvenes anni « les jeunes années »), subst. « jeune homme, jeune fille », plur. « les jeunes gens ». Pour les formes a. fr. juenne, juevre, juenvre, gienvle, giemble, v. Fouché, p. 383. Fréq. abs. littér. : 51 866. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 76 888, b) 87 593; xxes. : a) 76 044, b) 62 300. Bbg. Geckeler (H.). Zur Wortfelddiskussion... München, 1971, pp. 302-330. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 239. - Lew. 1968, p. 103. - Martin-Berthet (F.). À propos de jeune fille. Fr. mod. 1981, t. 49, pp. 321-336. - Quem. DDL t. 15.

Wiktionnaire

Nom commun - français

jeune \ʒœn\ masculin et féminin identiques

  1. Jeune personne.
    • Le jeune, viens par ici !
  2. (Spécialement) Accompagné d'un article défini ou d'un adjectif possessif, sert à interpeller un jeune pour un interlocuteur d'une autre génération.
    • T'as encore l'air fatigué, le jeune. Veux-tu bien me dire ce que tu fais de tes nuits? — (David Goudreault, La bête à sa mère, Stanké, 2015, p. 152.)
  3. (Spécialement) Cadet de sa lignée.
    • Pline le jeune.
    • Dubois jeune, pharmacien.

Adjectif - français

jeune \ʒœn\ masculin et féminin identiques

  1. Qui est dans une phase au commencement de sa vie ou de son développement ; qui n’est guère avancé en âge, en parlant des humains, des animaux ou des végétaux.
    • J’aurais pu […] accepter les offres engageantes des jeunes et jolies Mangavériennes, avoir là des enfants bronzés qui auraient grandi libres et heureux sous le chaud soleil de la Polynésie. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1, De New-York à Tahiti, 1929)
    • Plus d’un jeune instituteur stagiaire a retrouvé dans le siècle celle pour qui s’échafaudaient ses odes et ses sonnets. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Parfois) Qui n’a pas l’âge habituel par rapport aux emplois, aux dignités qu’on ne donne ordinairement qu’à des hommes faits ou à des personnes déjà avancées en âge.
    • Il est trop jeune pour un emploi si important.
    • Il a été élu académicien bien jeune.
    • Il fut maréchal de France très jeune.
  3. Qui possède des caractéristiques de la jeunesse.
    • Malgré son âge, elle a su rester jeune.
  4. Qui a encore quelque chose de l’ardeur, de la vivacité et de l’agrément de la jeunesse.
  5. Qui est propre à une personne dans la jeunesse.
    • De jeunes désirs. — De jeunes ardeurs.
    • Cette pensée enflammait son jeune courage.
  6. (Familier) Qui ne sied qu’à des personnes jeunes.
    • Cette couleur est jeune. Cela fait jeune.
    • Cette couleur est trop jeune pour moi.,
  7. Qui est nouveau, qui n’existe que depuis récemment.
    • Premier problème, le jeu vidéo reste un secteur jeune. Suffisamment jeune, en tout cas, pour que les pionniers d’hier soient les dirigeants d’aujourd’hui. — (William Audureau, La difficile question de la charge de travail dans l’industrie du jeu vidéo, Le Monde. Mis en ligne le 18 octobre 2018)
  8. Qui manque d’expérience, de maturité ; qui est étourdi, évaporé.
    • Mon Dieu, qu’il est jeune!
  9. (Spécialement) (Eaux & Forêts) Qualifie un taillis, des baliveaux, d’un an.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

JEUNE. adj. des deux genres
. Qui n'est guère avancé en âge. Un jeune enfant. Un jeune homme. Une jeune fille. Une jeune personne. Une jeune femme. Je l'ai connu tout jeune. Il s'est marié très jeune. Un jeune ménage. Il fait le jeune homme. Elle fait la jeune, mais elle ne l'est plus. Il commence à n'être plus jeune. Il est jeune d'âge et vieux d'expérience. Un jeune cœur s'enflamme aisément. Ce sont des jeunes gens. C'est un jeune fou, un jeune étourdi. Il est plus jeune, il est moins jeune que moi de deux ans. Un homme jeune n'est pas un jeune homme. Il se dit quelquefois par rapport aux Emplois, aux dignités qu'on ne donne ordinairement qu'à des hommes faits ou à des personnes déjà avancées en âge. Il est trop jeune pour un emploi si important. Il a été élu académicien bien jeune. Il fut maréchal de France très jeune. Il a été célèbre très jeune.

JEUNE se dit aussi de Ce qui appartient, de ce qui est propre à une personne jeune. De jeunes désirs. De jeunes ardeurs. Cette pensée enflammait son jeune courage. Le jeune âge, L'âge, le temps où l'on est jeune. Dés son plus jeune âge. Dans mon jeune âge. On dit de même, surtout en poésie, Jeunes ans, jeunes années, jeune saison. On dit encore Cette couleur est jeune, Elle ne convient qu'à des personnes jeunes. Cette couleur est trop jeune pour moi. Fam., Cela fait jeune.

JEUNE se dit particulièrement pour Cadet, par opposition à Aîné. Un tel, le jeune. Dubois jeune, pharmacien. Il se dit aussi, par opposition à Ancien, pour distinguer certains personnages historiques. Pline le Jeune, Denys le Jeune. La Jeune France, Les nouvelles générations de la France.

JEUNE se dit, par extension, de Celui qui a encore quelque chose de l'ardeur, de la vivacité et de l'agrément de la jeunesse. Il ne vieillit point, il est toujours jeune. On le dit, dans le même sens, de l'Air, du caractère des personnes. Il a le visage aussi jeune que s'il n'avait que vingt ans. Avoir la voix jeune. Il a toujours l'esprit jeune, l'humeur jeune, le cœur jeune. Avoir encore le goût jeune, les goûts jeunes, se dit d'une Personne avancée en âge qui conserve les inclinations de la jeunesse. Il signifie quelquefois Qui est étourdi, évaporé, qui n'a point encore l'esprit mûr. Mon Dieu, qu'il est jeune!

JEUNE se dit également en parlant des Animaux, des plantes, des arbres, par rapport à l'âge qu'ils vivent ordinairement. Un jeune chien. Un jeune chat. Un jeune oiseau. Un jeune coq. Un jeune chêne. Un jeune bois. Une jeune plante. Il se dit particulièrement, dans l'Administration forestière, des Baliveaux de l'âge du taillis, par opposition aux baliveaux modernes, qui ont deux ou trois âges, et aux baliveaux anciens, qui ont plus de trois âges.

Littré (1872-1877)

JEUNE (jeu-n') adj.
  • 1Qui n'est guère avancé en âge. Seize jeunes gentilshommes qui seront entretenus pour être instruits au fait de la marine et de la navigation, Estat des pensions, 1627, dans JAL. Ces veuves jeunes et riantes que le monde trouve si heureuses, Bossuet, Anne de Gonz. La princesse Marie, pleine alors de l'esprit du monde, croyait, selon la coutume des grandes maisons, que ses jeunes sœurs devaient être sacrifiées à ses grands desseins, Bossuet, ib. Un jeune prince du sang qui portait la victoire dans les yeux, Bossuet, Louis de Bourbon. Quand on n'est plus jeune, la vie n'est bonne à rien, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 8 janv. 1717. Le jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prompt à recevoir l'impression des vices, Boileau, Art p. III. Jeune autrefois par vous dans le monde conduit, Boileau, Sat. x. Si vous n'avez appris à vous laisser conduire, Vous êtes jeune encore, et l'on peut vous instruire, Racine, Brit. III, 8. De l'antique Jacob jeune postérité, Racine, Esth. I, 1. Dans les mains des Persans, jeune enfant apporté, Racine, ib. II, 1. … A rempli ce palais de filles de Sion, Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, Racine, ib. I, 1. Jouissez, monseigneur, de votre belle santé ; il n'y a de jeunes que ceux qui se portent bien, Voltaire, Lett. Richelieu, 11 avr. 1773. Elle n'est plus jeune ; elle a au moins vingt-sept ans, quoiqu'elle ne s'en donne que vingt-quatre, Genlis, Théât. d'éduc. les Dangers du monde, 1, 9.

    Les jeunes gens, les personnes qui sont dans la jeunesse ; se dit des jeunes hommes, et aussi d'un mélange de jeunes hommes et de jeunes filles. Qui ne voit pas la vanité du monde est bien vain lui-même ; aussi qui ne la voit, excepté de jeunes gens qui sont tous dans le bruit, dans le divertissement, et dans la pensée de l'avenir ? Pascal, Pens. VI, 59 bis, édit. HAVET. Seulement il se mêlait d'encourager au travail et de conduire, quand il le fallait, de jeunes gens à qui il trouvait du talent pour les mathématiques, Fontenelle, Reyneau. Vous êtes de jeunes gens en comparaison du vieillard des Alpes, Voltaire, Lettr. Cideville, 4 janv. 1761.

    Une jeune personne, voy. PERSONNE.

    De jeunes mains, signifie, en poésie ou dans le style élevé, des jeunes gens. Il te sied bien d'avoir en de si jeunes mains, Chargé d'ans et d'honneur, confié tes desseins, Racine, Baj IV, 7. Faites porter ce feu [la guerre] par de plus jeunes mains, Racine, Mithr. III, 1.

    Un jeune cœur, se dit ou d'un jeune homme ou d'une jeune fille. Et goûter tout sanglant le plaisir et la gloire Que donne aux jeune cœurs la première victoire, Racine, Baj. I, 1.

    Jeune France, jeune Allemagne, etc. se dit de certains partis politiques, littéraires ou artistiques, qui se jettent avec ardeur dans les innovations.

    Jeunes détenus, les mineurs de 16 ans qui sont envoyés par le juge dans une maison de correction. Un jeune détenu.

    Substantivement. Faire le jeune, la jeune, affecter des manières qui ne conviennent qu'à la jeunesse.

  • 2Qui n'est pas assez avancé en âge pour remplir certains offices. Ce précepteur est bien jeune.
  • 3 Fig. et familièrement. Une jeune barbe, un jeune homme. Il veut décider de tout et ce n'est qu'une jeune barbe.

    Vous avez la barbe trop jeune, se dit à celui qui veut reprendre un plus âgé que lui.

  • 4Qui appartient à la jeunesse. Ce visage si jeune que les traits de l'enfance s'y faisaient remarquer encore, Staël, Corinne, XVII, 9.

    Par plaisanterie. Un jeune sermon, un sermon prononcé par un jeune homme. Nous entendîmes l'autre jour l'abbé de Montmor ; je n'ai jamais ouï un si beau jeune sermon, Sévigné, 1er avr. 1671.

    Cette couleur est jeune, elle ne convient qu'à des personnes jeunes. Cette couleur est trop jeune pour une femme de son âge. Quand on lui montre quelque chiffon visiblement trop jeune pour elle, Genlis, Théâtre d'éduc. la March. de modes, sc. 2.

    Le jeune âge, l'âge, le temps où l'on est jeune. Le feu de son jeune âge et de ses passions… Semblaient ouvrir son âme à mes séductions, Voltaire, Brut. III, 2.

    On dit de même, dans le style relevé et en poésie : jeunes ans ; jeune saison. Ô que, pour avoir part en si belle aventure, Je me souhaiterais la fortune d'Éson, Qui, vieil comme je suis, revint, contre nature, En sa jeune saison ! Malherbe, II, 12. Vous daignâtes m'aimer dès mes plus jeunes ans, Corneille, Mort de Pomp. IV, 3. J'ai perdu, dans la fleur de leur jeune saison, Six frères…, Racine, Phèdre, II, 1.

    Familièrement. Dans son jeune temps, alors qu'il était jeune.

  • 5 Fig. Jeune se dit de choses morales et intellectuelles. Il faudra que je change, et, malgré que j'en aie, Plus soigneux devenu, plus froid et plus rassis, Que mes jeunes pensers cèdent aux vieux soucis, Régnier, Sat. V. Un jeune esprit facilement s'engage Par la douceur des yeux, du geste et du langage, Mairet, Sophon. III, 2. Son style [du fils de Mme de Grignan] tout naturel, tout jeune, sans art, un peu répété par la grande envie d'obtenir [une permission], Sévigné, 4 janv. 1690. De ses jeunes erreurs désormais revenu, Racine, Phèd. I, 1. D'abord ce jeune éclat qu'on remarque en ses traits…, Racine, Alex. III, 5. Abel, doux confident de mes jeunes mystères, Vois, mai nous a rendu nos courses solitaires, Chénier, Élégies, I.
  • 6Cadet, par opposition à aîné. Celui-ci est l'aîné ; celui-là est le jeune frère. Sous les lois du plus jeune on vit marcher son frère, Corneille, Nicom. II, 3.

    Substantivement. Et la raison d'État qui rompt votre hyménée Regarde-t-elle plus la jeune que l'aînée ? Corneille, Agés. IV, 1.

    Il se dit aussi par opposition à ancien, pour distinguer certains personnages historiques. Pline le jeune. Denys le jeune.

  • 7 Par extension, qui conserve quelque chose de la vivacité et de l'agrément de la jeunesse. Il ne vieillit point, il est toujours jeune. Vous n'avez de votre vie été si jeune que vous êtes, et je vois des gens de vingt-cinq ans qui sont plus vieux que vous, Molière, Avare, II, 6.

    Dans le même sens, en parlant de choses qui appartiennent aux personnes. Avoir la voix jeune, le visage jeune. C'est un cœur toujours jeune. Un caractère très sérieux, très appliqué et qui n'avait rien de jeune que le pouvoir de soutenir beaucoup de travail, Fontenelle, Littre. Hélas ! quand un vieillard aime, il faut l'épargner ; Le cœur est toujours jeune, et peut toujours saigner, Hugo, Hernani, III, 1.

    Avoir encore le goût jeune, les goûts jeunes, conserver, dans un âge avancé, les inclinations de la jeunesse.

  • 8Qui n'a point encore l'esprit mûri par l'expérience. Je crois qu'il sera toujours jeune.

    Familièrement et par ironie. Naïf, simple, facile à tromper. Vous croyez cela, vous êtes jeune.

  • 9Jeune se dit des animaux peu avancés, comme l'homme, dans le cours de leur vie. Un jeune chien. Un jeune chat. Un jeune coq. [Je] trottais comme un jeune rat, Qui cherche à se donner carrière, La Fontaine, Fabl. VI, 5.

    Il est fou comme un jeune chien, se dit d'une personne folâtre.

    Jeune se dit également des arbres et des plantes. Un jeune chêne. Un jeune bois. Un jeune plant.

    Terme de l'administration forestière. Jeunes baliveaux, par opposition aux baliveaux modernes, qui ont deux ou trois âges, et aux baliveaux anciens, qui ont plus de trois âges.

  • 10 S. m. Les jeunes, les hommes peu avancés en âge. Tu murmures, vieillard ! vois ces jeunes mourir, Vois-les marcher, vois-les courir à des morts, il est vrai, glorieuses et belles, Mais sûres cependant et quelquefois cruelles, La Fontaine, Fabl. VIII, 1. C'est donc à dire Que je ne suis qu'un vieux, dont les jeunes vont rire ? Hugo, Hernani, II, 3.

    En cet emploi, il ne se dit qu'au pluriel.

    Jeune de langue, nom de jeunes gens entretenus pour apprendre les langues orientales et devenir drogmans. Un jeune de langue. Des jeunes de langue.

    Terme de féodalité. Officier subalterne. Les jeunes d'un duc, d'un comte.

    Terme de physiologie. Le jeune des mammifères, des oiseaux, etc. mammifère, oiseau peu avancé dans la vie, et n'ayant pas encore sa taille, son pelage, son plumage, etc. permanents.

PROVERBES

Jeune procureur et vieil avocat, c'est-à-dire un procureur doit être actif et un avocat réfléchi. On dit aussi dans un sens analogue : Vieux médecin, jeune chirurgien.

Jeune chair, vieux poisson, c'est-à-dire il faut manger les animaux de boucherie, la volaille, le gibier jeune et les poissons vieux.

Aussitôt meurent jeunes que vieux.

Le diable était beau quand il était jeune.

REMARQUE

1. Quand jeune est précédé de l'article, il a des sens différents suivant qu'il est placé avant ou après son substantif. Le jeune Scipion signifierait que Scipion n'était pas âgé ; Scipion le jeune se dit pour le distinguer de Scipion l'ancien.

2. De jeunes gens ou des jeunes gens, voy. GENS, remarque 11.

3. On dit d'ordinaire de jeunes filles, jeunes filles faisant moins dans l'usage un mot unique que jeunes gens. Cependant on trouve aussi des jeunes filles : Enseigner la langue française à des jeunes filles de qualité, Voltaire, Lett. Gallitzin, octobre, 1765.

HISTORIQUE

XIIe s. Et li viel home et li jone mesquin [les jeunes gens], Roncisv. p. 155.

XIIIe s. Ele estoit joene et tendre com rosée en herbiere, Berte, X. Grant duel [deuil] font pour Bertain li joene et li chenu, ib. CI. Ains li faisoit la genne dame [Héloïse], Bien entendant et bien letrée Et bien amant et bien amée, Argumens à li chastier Qu'il se gardast de marier, la Rose, 8804.

XIVe s. Et n'y a point de difference se aucun est jeune de aage ou il est jeune de meurs et assez aagé, Oresme, Eth. IV.

XVe s. Il [Charles VI] est encore trop jeune d'un an, quant il nous cuide esbahir par ses assemblées, Froissart, II, II, 174. Ils me tiennent bien pour jeune et ignorant, quand ainsi me veulent mener, Froissart, livre IV, p. 125, dans LACURNE. Appert bien que le dit amant est bien jeune, simple et mal conseillé de intenter procès, Aresta amorum, p. 114, dans LACURNE.

XVIe s. Les jeunes et les vieux laissent la vie de mesme condition, Montaigne, I, 73. Ce venerable maintien, soubs un visage si jeune, Montaigne, III, 192. Nous autres courtisans, j'ay veu que nous appellions a la cour un jeune gentilhomme qui ne faisoit que venir, jeune espée, Brantôme, Cap. fr. t. I, p. 338, dans LACURNE. De jeune theologien argument cornu, De jeune medecin cimetiere bossu, De jeune advocat heritage perdu, De jeune procureur procez mal entendu, De jeune conseiller jugement morfondu, De jeune juge aussi le droit mal deffendu, De jeune riche enfant le bien tost despendu, De jeune marié mesnage malotru, Roger de Collerye, Œuvres, p. 188, dans LACURNE. Jeune en sa croissance a un loup en la panse, Cotgrave Amour se nourrit de jeune chair, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

JEUNE. Ajoutez :
11Les jeunes, ancien nom de certaines confréries d'artisans dans le Midi.
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Étymologie de « jeune »

(1080) Du moyen français, de l’ancien français juefne, juene, joene, du français populaire *jovene, altération du latin juvenis de même sens.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, jenne ; nivernais, zeune ; wallon, jône ; namur. et picard, jone ; provenç. jove ; espagn. joven ; ital. giovine, giovane ; du lat. juvenis ; allem. jung ; russe, ioúni ; persan, djuvan ; sanscr. yuvan. Yuvan paraît être pour yavan, par assimilation du v sur a ; et on l'a rapproché des yavanas (voy. IONIENS) ; de sorte que les jeunes, juvenes, seraient ceux qui combattent, repoussent, aident.

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Phonétique du mot « jeune »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
jeune ʒœn

Fréquence d'apparition du mot « jeune » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « jeune »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « jeune »

  • .Venu parler musique, le jeune mélomane doit répondre à toutes les questions de l’écrivain qui, dans sa tour d’ivoire, s’interroge sur la situation en Allemagne, sociale, politique, militaire.
    Jérôme Prieur — Proust fantôme
  • A jeune femme et vieux mari, des enfants ; à vieille femme et jeune mari, des querelles.
    Proverbe tchèque
  • Chaque génération a un message divin à apporter à la cité des hommes, et chaque jeune homme est, dans ce sens, un ange, même s'il est rebelle ou déchu. Mais ce message reste presque toujours énigme et musique, sans pouvoir féconder la réalité de la terre.
    Giovanni Papini — Le Sac de l'ogre Il Sacco dell'orco
  • Tels étaient à peu près le sens et le but de ces prosternations de Gaudiosa. Et celle-ci, à la vérité, malgré son jeune âge, semblait convaincue jusqu’au fond de l’âme de la solennité de sa mission qui était, qu’il nous soit permis de faire cette comparaison, de servir de miroir aux alouettes ou d’appeau pour les fatals surveillants célestes.
    Elsa Morante — Mensonge et sortilège
  • Dès le premier soir, ils se réunirent sur la terrasse du monastère en présence du jeune garçon. Tenzin prit la parole avec une assurance qui étonna ses hôtes. […] Le jeune lama marqua un temps d’arrêt et porta son regard vers Natina qui l’observait de ses yeux bleu intense.
    Frédéric Lenoir — L’Âme du monde
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Le jeune en dormant guérit, le vieux se finit.
    Proverbe espagnol
  • Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais, dans l'œil du vieillard, on voit de la lumière.
    Victor Hugo — La Légende des siècles, Booz endormi
  • Un jeune homme oisif est comme un jeune taureau sans le joug.
    Hugues de Saint-Victor — De claustro animae
  • C'était une jeune fille d'aujourd'hui, c'est-à-dire, à peu près, un jeune homme d'hier.
    Paul Morand
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Traductions du mot « jeune »

Langue Traduction
Anglais young
Espagnol joven
Italien giovane
Allemand jung
Chinois 年轻
Arabe شاب
Portugais jovem
Russe молодой
Japonais 若い
Basque gaztea
Corse ghjovanu
Source : Google Translate API

Synonymes de « jeune »

Source : synonymes de jeune sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « jeune »

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Nombre de points du mot jeune au scrabble : 12 points

Jeune

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