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Jeunesse
Sommaire
- Définitions de « jeunesse »
- Étymologie de « jeunesse »
- Phonétique de « jeunesse »
- Fréquence d'apparition du mot « jeunesse » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « jeunesse »
- Citations contenant le mot « jeunesse »
- Images d'illustration du mot « jeunesse »
- Traductions du mot « jeunesse »
- Synonymes de « jeunesse »
- Antonymes de « jeunesse »
- Combien de points fait le mot jeunesse au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Féminin | jeunesse | jeunesses |
Définitions de « jeunesse »
Trésor de la Langue Française informatisé
JEUNESSE, subst. fém.
Wiktionnaire
Nom commun - français
jeunesse \ʒœ.nɛs\ féminin
- Partie de la vie qui est entre l’enfance et l’âge viril, adolescence.
- Avant-guerre, du temps de sa généreuse et brillante jeunesse de bohème malchanceux, il bondissait avec légèreté vers la thune quotidienne. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 10)
- Partie de la vie qui est au tout début de l'âge adulte.
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– Ah! mon cousin, comme vous dites ces choses-là!
– J'ai vingt et un an. Je les dis comme je les sens.
– Oh! jeunesse, jeunesse! dit Mme de Fargis, diamant sans prix et qui pourtant se ternit si vite! — (Alexandre Dumas, Le comte de Moret (Le sphinx rouge), 1865, II, page 3)
-
– Ah! mon cousin, comme vous dites ces choses-là!
- Le fait d’être jeune ; les facultés intellectuelles, les sentiments qui se conservent jeunes même dans un âge avancé.
- Et chacun de me plaisanter ; ma jeunesse à son lever, mon parfum de fille fraîche, ma chair toute neuve en son premier éclat éveillaient chez les hommes de sournoises concupiscences, aiguisaient leur regard. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 32)
- Mais Loïse, sa fille, insiste pour demeurer : elle aime la forêt, paraît-il, […], le père cède. Non qu’il ne pressente pas qu’autre chose travaille cette jeunesse. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- Il gardait une jeunesse d’esprit, une jeunesse d’imagination rare chez un vieillard.
- On remarquait chez lui une étonnante jeunesse de cœur.
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(Nom collectif) Ceux qui sont dans cet âge, et même ceux qui sont encore dans l’enfance.
- M. de La Fontaine, de l'Académie française, a écrit un poème : « La Chose impossible » pour apprendre à la jeunesse que les poils de certaines femmes ne peuvent être défrisés. — (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre I)
- Je parie que vous avez encore commis des imprudences! Jeunesse, va! — (Greg et Alain Saint-Ogan, Zig et Puce – Le voleur fantôme, éditions du Lombard, 1974, page 27)
- À la télé, cette semaine, on a pu voir deux images de la jeunesse : des jeunes cravatés qui discutaient business avec le ministre Legault ; et des jeunes anarchistes qui lançaient des boules de billard aux flics. — (Jacques Julien, Le cours de la valeur « Dieu » dans la dynamique générationnelle, dans Pluralisme religieux et quêtes spirituelles: incidences théologiques, sous la direction de Marc Dumas & François Nault, Éditions Fides, 2004, page 185)
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(Nom collectif) Ensemble des personnes jeunes d'une collectivité, formant la relève.
- La tête du cortège, c'était nous, c'est-à-dire Germinal, la jeunesse syndicaliste derrière son drapeau noir. C'est ici qu'étaient groupés les éléments les plus ardemment révolutionnaires de la jeunesse du pays. — (Christian Dupuy, Saint-Junien, un bastion anarchiste en Haute-Vienne, 1893-1923, Presses universitaires de Limoges, 2003, page 125)
- Personne jeune, garçon ou fille.
- C’est une jeunesse.
- Cette jeunesse-là fait la fière.
- — Pensez donc ! deux jeunesses sur le pavé de Paris ; on peut faire de si mauvaises connaissances ; il y a des hôtels qui sont si mal fréquentés ; ce n’est pas comme ici, où l’on est tranquille ; mais c’est le quartier qui veut ça. — (Hector Malot, Sans famille, 1878)
- Les jeunesses d’à présent ne savent pas ce que c’est que d’avoir de la misère. Quand elles ont passé trois mois dans le bois elles se dépêchent de redescendre et d’acheter des bottines jaunes, des chapeaux durs et des cigarettes pour aller voir les filles. — (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)
- — D’ailleurs, monsieur Yves, je puis bien vous le dire, vous êtes d’âge à savoir, il n’y a plus rien entre nous, depuis des années… vous pensez ! on n’est plus des jeunesses. — (François Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 202)
- Nous allons rechercher sur quoi porte principalement l’intérêt, dans l’aventure de cette jeunesse qui s’est éclipsée avec un amoureux. — (Léon Frapié, La bonne leçon, dans Les contes de la maternelle, 1910, éditions Self, 1945, page 228)
- Mercredi, les jeunesses (j'aime les appeler ainsi, parce qu'ils ne sont plus vraiment des enfants, mais pas encore des ados, à 12 et 13 ans) se lançaient des objets dans la classe dès que j'avais le dos tourné. — (Nadia Plourde, La gloire de mes élèves, éditions Les 400 coups, Montréal, 2008, page 79)
- Vous êtes bien difficile à contenter, vous, monsieur, mais au moins vous savez ce qui est bon. Ce n’est pas comme ces jeunesses. Elles ne se connaissent pas en cuisine. C’est souvent le meilleur qu’elles trouvent le pire et le mauvais qui leur semble bon, à cause du cœur qui n’est pas encore bien assuré à sa place, tant et si bien qu’on ne sait que faire avec elles. — (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy, réédition Le Livre de Poche, 1967, page 182)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Partie de la vie de l'homme qui est entre l'enfance et l'âge viril; ou État d'une personne jeune. Durant la jeunesse. La jeunesse passe bien vite. Dans sa première jeunesse. Dès sa plus tendre jeunesse. Dans sa verte jeunesse. La vigueur, l'ardeur de la jeunesse. L'éclat, la fraîcheur de la jeunesse. Les plaisirs de la jeunesse. Une jeunesse vigoureuse. Les fautes, les erreurs, les égarements de la jeunesse. Il eut une jeunesse étourdie, une jeunesse folle. Il a passé sa jeunesse à voyager. Il a bien employé sa jeunesse. Il a perdu sa jeunesse. Prov. et fig., Il faut que jeunesse se passe, On doit avoir de l'indulgence pour les fautes que la vivacité et l'inexpérience de la jeunesse font commettre. Avoir un air de jeunesse, Paraître encore jeune, quoique l'on soit déjà d'un certain âge.
JEUNESSE se dit aussi des Facultés intellectuelles, des sentiments qui se conservent jeunes même dans un âge avancé. Il gardait une jeunesse d'esprit, une jeunesse d'imagination rare chez un vieillard. On remarquait chez lui une étonnante jeunesse de cur.
JEUNESSE signifie, collectivement, Ceux qui sont dans l'âge de la jeunesse, et même Ceux qui sont encore dans l'enfance. Enseigner la jeunesse. Corriger la jeunesse. Élever la jeunesse. L'instruction de la jeunesse. Il ne faut pas tant donner de liberté à la jeunesse. Avoir de l'indulgence pour la jeunesse. Il faut pardonner bien des choses à la jeunesse. Prov. et fig., Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, Si la jeunesse avait de l'expérience, et que la vieillesse eût de la force.
JEUNESSE signifie encore, collectivement, Ceux qui sont de l'âge de vingt ans à trente-cinq ou environ. Il y a avait à ce bal bien de la jeunesse. Il s'entend quelquefois, dans ce dernier sens, du Sexe masculin seulement. Toute la jeunesse de la ville s'exerçait. On arma toute la jeunesse. La fleur de notre jeunesse a péri dans cette guerre. Il se dit, quelquefois, populairement, d'une Personne jeune, et surtout d'une Jeune fille. C'est une jeunesse. Cette jeunesse-là fait la fière.
Littré (1872-1877)
-
1Temps de la vie entre l'enfance et l'âge adulte.
En jeunesse j'aimai, ta mère fit de même
, Régnier, Dial.Les critiques du temps m'appellent débauché, Que je suis jour et nuit aux plaisirs attaché, Que j'y perds mon esprit, mon âme et ma jeunesse
, Régnier, Sat. V.Rodrigue a du courage .- Il a trop de jeunesse
, Corneille, Cid, II, 3.Elle [Marie-Thérèse] vous dit… que la grandeur est un songe, la joie une erreur, la jeunesse une fleur qui tombe, et la santé un nom trompeur
, Bossuet, Mar.-Thér.Sous cet air de jeunesse qui semblait ne promettre que des jeux
, Bossuet, Duch. d'Orl.M. de Turenne a eu dans sa jeunesse toute la prudence d'un âge avancé, et dans un âge avancé toute la vigueur de la jeunesse
, Fléchier, Turenne.Assez dans les forêts mon oisive jeunesse Sur de vils animaux a montré son adresse
, Racine, Phèdre, III, 5.Les yeux devenaient humides de tendresse pour ce pauvre petit prince [Louis XV] échappé à tant de dangers en jeunesse
, D'Argenson, Mém. t. II, p. 87.Que reste-t-il à l'homme après une telle jeunesse ? un corps énervé, une âme amollie, et l'impuissance de se servir de tous deux
, Buffon, Nature des anim.La jeunesse est souvent la saison des douleurs
, Ducis, Othello, II, 5.Là sont nos rêves pleins de charmes ; …Là refleuriront nos jeunesses
, Lamartine, Méd. II, 1.C'est une jeune fiancée Qui, le front ceint du bandeau, N'emporta qu'une pensée De sa jeunesse au tombeau
, Lamartine, Harm. II, 1.La première jeunesse, les premières années de la jeunesse.
Dès sa première jeunesse, Marie-Thérèse fut, dans les mouvements d'une cour alors assez turbulente, la consolation et le seul soutien de la vieillesse infirme du roi son père
, Bossuet, Mar.-Thér.L'inconnue n'était pas de la première jeunesse, mais elle était d'une beauté parfaite
, Genlis, Ad. et Théod. t. II, p. 316.État d'une personne jeune.
J'admire ton courage et je plains ta jeunesse
, Corneille, Cid, II, 2.Le maître qui prit soin d'instruire ma jeunesse, Ne m'a jamais appris à faire une bassesse
, Corneille, Nicom. II, 3.Ces âges [cinquante ans avec vingt] n'ont jamais grand rapport ; Jeunesse avec jeunesse est chose fort plaisante
, Hauteroche, Appar. tromp. II, 5.J'aime Pauline ; vous me la représentez avec une jolie jeunesse et un bon naturel ; je la vois courir partout, et apprendre à tout le monde la prise de Philisbourg
, Sévigné, 17 nov. 1688.Qui eût pu seulement penser que les années eussent dû manquer à une jeunesse qui semblait si vive ?
Bossuet, Duch. d'Orl.La mort a plus de prise sur une princesse qui a tant à perdre ; que d'années elle va ravir à cette jeunesse !
Bossuet, ib.La mère de M. de Montausier, contenant sous les lois d'une austère vertu une grande beauté et une florissante jeunesse
, Fléchier, Duc de Mont.Le marquis de Mortemar, qui est sage comme on l'est à trente ans, quand on n'a pas une aussi longue jeunesse que vous
, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 5 fév. 1682.La bouillante jeunesse est facile à séduire
, Voltaire, Brut. I, 4.Familièrement. De jeunesse, c'est-à-dire dès la jeunesse. Il est accoutumé à cela de jeunesse.
Ce n'est pas qu'il ne sût l'analyse moderne plus expéditive, moins embarrassée, mais il avait pris de jeunesse l'autre pli
, Fontenelle, Lahire.Avoir un air de jeunesse, paraître encore jeune, quoique l'on soit déjà d'un certain âge.
Fig. Jeunesse, air de jeunesse.
La jeunesse en sa fleur brille sur son visage
, Boileau, Lutr. I.Fig.
Il [le printemps] est d'une beauté, et d'une jeunesse, et d'une douceur que je vous souhaite à tout moment
, Sévigné, 2 mai 1689. -
2Seconde jeunesse, néologisme ; on désigne ainsi aujourd'hui l'âge mûr et même très mûr, chez les personnes qui ont conservé les goûts et les passions de la jeunesse, et surtout les habitudes de galanterie et d'intrigues amoureuses.
Par malheur les conquêtes coûtent cher ; j'y ai laissé une partie de ma fortune ; mais il m'en reste encore, ainsi que quelques moyens de séduction, de la philosophie, une seconde jeunesse et de l'expérience
, Scribe Et Duveyrier, Oscar, I, 5.Fig. 3° Jeunesse se dit des qualités intellectuelles qui se conservent même dans un âge avancé. La jeunesse d'esprit.
Une vigueur spirituelle qui se renouvelle de jour en jour… c'est cette jeunesse intérieure qui soutenait ses membres lassés, dans sa vieillesse décrépite, et lui a fait continuer sa pénitence jusqu'à la fin de la vie
, Bossuet, Panég. St Franç. de Paule, 1.Quelle délicatesse, et, pour un savant de ce rang-là et dans un âge si avancé, quelle fleur, et, si nous osions parler ainsi, quelle jeunesse d'imagination !
D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 401, dans POUGENS.Une certaine jeunesse de cœur qui ne se lasse pas du passé ni de l'attendrissement qu'il cause
, Staël, Corinne, XV, 8.Fig.
Une des qualités de l'Église, qui est célébrée dans les Écritures, c'est sa perpétuelle jeunesse et sa nouveauté qui dure toujours
, Bossuet, Sermons, jubilé, 2. -
3La jeunesse du monde, les temps voisins de l'origine des choses.
Il se peut que le meilleur temps pour la poésie ait été celui d'ignorance, et que la jeunesse du genre humain soit passée pour toujours ; cependant on croit voir dans les écrits des Allemands une jeunesse nouvelle, celle qui naît du noble choix qu'on peut faire après avoir tout connu
, Staël, Allem. III, 9. -
4Collectivement, ceux qui sont dans l'âge de la jeunesse.
On voit par ta rigueur [de toi, la Mort] tant de blondes jeunesses, Tant de riches grandeurs, tant d'heureuses vieillesses, En fuyant le trépas au trépas arriver
, Malherbe, I, 4.Il [le vieillard] parle de son temps, difficile et sévère ; Censurant la jeunesse, use des droits de père ; Il corrige, il reprend…
, Régnier, Sat. V.La jeunesse se flatte et croit tout obtenir
, La Fontaine, Fabl. XII, 5.Est-ce que vous voulez qu'un père ait la mollesse De ne savoir pas faire obéir la jeunesse ?
Molière, Éc. des f. V, 8.…La jeunesse est sotte, et parfois la vieillesse
, Molière, Éc. des mar. I, 2.Il y fait de sa cour inviter la jeunesse
, Racine, Brit. V, 1.Les jeunes gens, à l'exclusion des jeunes filles. La jeunesse de la ville s'exerçait aux armes.
Comme une autre Diane elle hante les bois, N'aime rien que la chasse, et de toute la Grèce Fait soupirer en vain l'héroïque jeunesse
, Molière, Princ. d'Él. I, 1.Une téméraire jeunesse se jetait sans étude et sans connaissance dans les charges de la robe
, Fléchier, le Tellier. -
5 Par extension. La jeunesse et l'enfance prises ensemble. Enseigner la jeunesse. Élever la jeunesse.
Vous m'avez de César confié la jeunesse
, Racine, Brit. I, 2. -
6Une personne jeune, et surtout une jeune fille. C'est une jolie jeunesse. Cette jeunesse-là fait la coquette.
Je suis tout réjoui de voir cette jeunesse
, Racine, Plaid. III, 4.Mme Dupré n'aime pas que des jeunesses comme nous sortent souvent
, Genlis, Théât. d'éduc. la March de modes, sc. 2. -
7Jeunesse, se dit des animaux. Cet animal est très folâtre dans sa jeunesse.
Si on les élève de jeunesse, elles s'apprivoisent très bien
, Buffon, Ois. t. III, p. 262.Il se dit aussi des arbres. Les arbres fruitiers dans leur jeunesse.
Il se dit enfin de certaines boissons, le vin, l'eau-de-vie, etc. L'excès de jeunesse dans les eaux-de-vie est nuisible.
-
8Acte de jeune homme, imprudence, légèreté.
Que c'étaient [les croisades] des jeunesses de vos princes et des chaleurs de foie de leurs conseillers
, Guez de Balzac, De la cour, 5e disc.Mais qui est-ce qui n'a ses taches et qui n'a eu ses jeunesses ?
Guez de Balzac, Lett. à Chapelain, 16 fév. 1640.Si mon fils vous a écrit qu'il envoyait 10 000 livres pour tous les achats qu'il ordonnait de faire, qui montaient à beaucoup davantage, il a eu tort ; c'est une jeunesse et une faute qu'il a faite
, Corresp. de Colbert, III, 495.Argenson avait obligé les gens de qualité en cachant au feu roi les aventures de leurs enfants et parents qui n'étaient guère que des jeunesses
, Saint-Simon, 480, 210.Le fils du maréchal de Boufflers retourna au collége des Jésuites ; je ne sais quelle jeunesse il y fit avec les deux fils d'Argenson ; les jésuites fouettèrent le petit garçon
, Saint-Simon, 289, 196.
PROVERBES
La jeunesse revient de loin, c'est-à-dire les personnes jeunes reviennent de maladies dangereuses ou de longues erreurs, de grands égarements.
Si jeunesse savait et vieillesse pouvait, les choses en iraient mieux, c'est-à-dire si la jeunesse avait de l'expérience, et que la vieillesse eût de la force.
Jeunesse est forte à passer, ou est difficile à passer, c'est-à-dire dans la jeunesse on a bien de la peine à modérer ses passions.
Il faut que jeunesse se passe, se dit pour excuser les fautes que les jeunes gens commettent par inexpérience ou par vivacité de tempérament.
HISTORIQUE
XIIIe s. Et fu baus [bailli] pour la jouneche de lui, tant come il vesqui
, Chr. de Rains, 223.
XIVe s. Donques ne a il pas petite difference de soy accoustumer en jonesce et au commencement à faire en une maniere, ou en une autre
, Oresme, Eth. 34.
XVe s. Frere Ancel commança à blasmer son neveu d'aucunes jeunesses qu'il disoit qu'il avoit faites
, Du Cange, juvenitudo. Et pour ce, seigneurs, les assis entre mes douze niepces, pour ce que je me pensay que jeunesse avecques vielesse se tapist et faint que ce ne soit elle pas ; et, quant elle est à son pareil, adonc elle monstre quelle elle est
, Perceforest, t. I, f° 133.
XVIe s. Ainsi comme Antonius prenoit ses esbats en telles folies et telles jeunesses, il luy vint de mauvaises nouvelles de deux costez
, Amyot, Anton. 37. Cette genercuse jeunesse desdaignant tout aultre joug que de la vertu…
, Montaigne, I, 151. Le bon chevalier estoit pris, et par sa hardiesse ; toutes fois il y avoit eu de la jeunesse meslée parmy
, Hist. du chev. Bayard, p. 76, dans LACURNE. Jeunesse qui veille et vieillesse qui dort, c'est signe de mort
, Oudin, Curios. franç. Ce que aprent poullain en jeunesse, Tout ce veut il maintenir en vieillesse
, Médecines des chevaux, p. 17, dans LACURNE. Jeunesse oiseuse, vieillesse disetteuse
, Cotgrave † Un tas de jeunesses folles
, Du Bellay, J. III, 76, recto. Donne que les esprits de ceux que je soupire N'esprouvent point, Seigneur, ta justice et ton ire ; Rens les purifiez par ton sang precieux, Cancelle leurs pechez et leurs folles jeunesses
, Desportes, Œuvres chrétiennes, plainte.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
JEUNESSE. Ajoutez :Encyclopédie, 1re édition (1751)
JEUNESSE, juventus, s. f. (Littérat.) c’est cet âge qui touche & qui accompagne le dernier progrès de l’adolescence, s’étend jusqu’à l’âge viril, & va rarement au-delà de trente ans.
Les Grecs l’appelloient d’ordinaire l’autonne, ὀπώραν, regardant la jeunesse comme la saison de l’année où les fruits parvenus au point de leur maturité sont excellens à cueillir. Pindare dit dans l’Ode II des Isthmioniques,
Ὅστις ἐὼν καλὸς εἶχεν Ἀφροδίτας
Εὐθρόνου μνάστειραν ἁδίσταν ὀπώραν.
« De tous les beaux garçons chez qui l’autonne (c’est-à-dire le printems de la vie) reveille la passion de l’amour ».
Les Latins suivirent les mêmes idées, ou les emprunterent des Grecs ; de-là vient qu’Horace compare un jeune homme à une grappe de raisin que l’autonne va peindre de ses plus vives couleurs.
Jam tibi lividos
Distinguet autumnus racemos
Purpuero varius colore.
Dans notre langue nous avons attaché une idée toute différente au mot d’autonne, par rapport à l’âge ; & nous ne nous en servons qu’au sujet des personnes qui commencent à vieillir. Nos poëtes appellent la jeunesse le printems des beaux jours, & en d’autres termes,
Cette agréable saison
Où le cœur à son empire
Assujettit la raison.
Le Guarini la nomme verde étade ; elle porte partout avec elle les heureuses saillies de l’imagination, les attraits séduisans, & les graces enchanteresses.
Cet âge a ses défauts comme les autres, qui n’ont pas échapé au crayon des grands peintres.
Un jeune homme toujours bouillant dans ses caprices,
Est prompt à recevoir l’impression des vices,
Est vain dans ses discours, volage en ses desirs,
Rétif à la censure, & fou dans les plaisirs.
J’ajoûte que la jeunesse sans expérience se livre volontiers à la critique qui la dégoûte des modeles qu’elle auroit besoin d’imiter. Trop présomptueuse elle se promet tout d’elle-même quoique fragile, croit pouvoir tout, & n’avoir jamais rien à craindre ; elle se confie légerement & sans précaution. Entreprenante & vive elle pousse ses projets au-delà de sa portée, & plus loin que ses forces ne le permettent. Elle vole à son but par des moyens peu réfléchis, s’affole de ses chimeres, tente au hasard, marche en aveugle, prend des partis extrèmes & s’y précipite ; semblable à ces coursiers indomptables qui ne veulent ni s’arrêter ni tourner.
Mais malgré les écarts de la jeunesse, & la vérité de ce tableau qui les peint d’après nature, c’est toûjours l’âge le plus aimable & le plus brillant de la vie ; n’allons donc pas ridiculement estimer le mérite des saisons par leur hiver, ni mettre la plus triste partie de notre être au niveau de la plus florissante. Si l’âge avancé veut des égards & des respects, la jeunesse, la beauté, la vigueur, le génie qui marchent à sa suite, sont dignes de nos autels.
Ceux qui parlent en faveur de la vieillesse, comme sage, mûre & modérée, pour faire rougir la jeunesse, comme vicieuse, folle, & débauchée, ne sont pas de justes appréciateurs de la valeur des choses ; car les imperfections de la vieillesse sont assurément en plus grand nombre & plus incurables que celles de la jeunesse. L’hiver de nos années grave encore plus de rides sur l’esprit que sur le front. Il se voit peu d’ames, disoit Montagne, qui en vieillissant ne sentent l’aigre & le moisi ; & quand Montagne parloit ainsi, il avoit les cheveux blancs.
En effet l’invention & l’exécution qui sont deux grandes & belles prérogatives, appartiennent à la jeunesse ; & si ses écarts menent trop loin, ceux de la vieillesse froids & glacés retardent & arrêtent perpétuellement le cours des affaires.
Le sang qui fermente dans la jeunesse, la rend sensible aux impressions de la morale, de la vertu, de l’amour, de l’amitié, & de tout ce qui attendrit l’ame. La circulation rallentie dans les vieillards, produit le refroidissement pour tous les objets capables d’émouvoir le cœur, & porte en eux seuls le repli de l’humanité.
La jeunesse est légere par bouillonnement ; la vieillesse constante par paresse. D’un côté la pétulance qui s’abuse dans ses projets ; de l’autre une méfiance générale, & des soupçons continuels ; défauts qui se peignent dans les yeux, dans les discours, & dans toute la conduite des gens âgés.
Le jeune homme est amoureux de la nouveauté, parce qu’il est curieux & qu’il aime à changer. Le vieillard est entêté de ses préjugés, parce qu’ils sont les siens, & qu’il n’a plus le tems de s’instruire, ni la force de se passionner.
En un mot on ne peut donner raisonnablement la préférence au couchant des jours sur leur midi. Mais souvenons-nous que ce midi, ce bel âge si justement vanté, n’est qu’une fleur presqu’aussi-tôt flétrie qu’elle est éclose. Les graces riantes, les doux plaisirs qui l’accompagnent, la force, la santé, la joie s’évanouissent comme un songe agréable ; il n’en reste que des images fugitives : & si par malheur on a consumé dans une honteuse volupté cette brillante jeunesse, il ne lui succede qu’un triste & cruel souvenir de ses plaisirs passés. On paye cher le soir les folies du matin. (D. J.)
Jeunesse, Prince de la (Antiq. Rom.) Voyez Prince.
Jeunesse, juventus. (Œcon. anim.) Comme le corps humain éprouve des changemens dans tous les tems de la vie, la différence la plus marquée de ces changemens est ce qui détermine celle des âges : ainsi comme on appelle enfance & adolescence ou puberté, les deux premieres parties de son cours, qui renferment l’espace de tems qui s’écoule entre la naissance & le terme de l’accroissement, on donne le nom de jeunesse au tems de la vie pendant lequel le corps, après avoir acquis les dimensions qui lui conviennent, acheve de se perfectionner en acquérant toute la force & la solidité nécessaire à sa conservation : par conséquent la durée de la jeunesse s’étend depuis environ 21 ans jusqu’à 35 que commence la virilité.
Il suit donc de-là qu’en adoptant la distribution des tems de la vie, par septenaires d’années, comme l’ont fait la plûpart des auteurs qui ont traité de la division des âges, la jeunesse se trouve comprise dans le quatrieme & le cinquieme septenaires, après lesquels vient l’âge viril ou de consistence. Voyez Age, Vie, Economie animale.
Jeunesse. (Maladies de la.) Les changemens qui se font dans le corps humain, d’où résulte la différence des âges, établissent aussi des dispositions à différentes sortes de maladies : ainsi comme on a observé que les mouvemens des humeurs sont plus déterminés vers les parties supérieures, pendant la premiere moitié de la vie ; ce qui donne lieu, pendant le cours de l’enfance & de l’adolescence, au flux de sang, par le nez, qui sont souvent habituels, (voyez ), & à plusieurs autres sortes d’affections de la tête, dont il a été fait mention en traitant des maladies de l’enfance. Voyez Enfance & Enfant, (maladies des).
Les parties qui forment la tête ayant acquis les premieres la consistence, la solidité qui conviennent à leurs fonctions ; elles deviennent susceptibles de résister davantage aux efforts des fluides qui portent ensuite leurs effets sur celles qui étant les plus voisines de proche en proche, n’ont pas encore à proportion autant de ressort, de force systaltique : conséquemment les visceres de la poitrine deviennent plus sujets à être affectés, comme l’a très-judicieusement remarqué Hippocrate (aphor. 29. sect. 3.) & à éprouver des engorgemens ; d’où suivent des embarras inflammatoires, des dilatations forcées de vaisseaux, des solutions de continuité dans leurs parois, d’où se forment des angines, des pleurésies tant vraies que fausses, des fluxions de poitrine, des péripneumonies ou hémoptisies qui deviennent habituelles, & tous les effets qui peuvent s’ensuivre, tels que des toux d’abord peu fatigantes, ensuite seches & opiniatres ; des tubercules, des ulceres dans la substance des poumons, la phtysie enfin avec tous les accidens & les dangers qui l’accompagnent.
Sur ces différentes maladies, leur nature & leur traitement, voyez les articles de ce Dictionnaire qui leur sont propres, ainsi que ceux de Nature, Œconomie animale, Fluxion. Consultez aussi la dissertation de Hoffman, de ætatis mutatione, morborum causâ & remedio, où on trouve admirablement bien établies la théorie & la pratique de la Médecine, concernant les maladies propres à chaque âge, & la disposition à ce que certaines maladies puissent être guéries par les suites mêmes des changemens qui le caractérisent. Sthaal ainsi que son disciple Neuter, ont aussi traité très-utilement de tout ce qui a rapport au changement d’âge & aux effets qui en résultent dans l’œconomie animale.
Étymologie de « jeunesse »
Jeune, et la finale substantive esse. comme sagesse, de sage, etc.
Phonétique du mot « jeunesse »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
jeunesse | ʒœnɛs |
Fréquence d'apparition du mot « jeunesse » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « jeunesse »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « jeunesse »
-
La jeunesse est une ivresse continuelle : c'est la fièvre de la santé ; c'est la folie de la raison.
François, duc de La Rochefoucauld — Maximes -
Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.
Henri Estienne — Les Prémices -
La jeunesse est une religion dont il faut toujours finir par se convertir.
André Malraux — La Voie royale, Grasset -
Un seul printemps dans l'année, et dans la vie une seule jeunesse.
Simone de Beauvoir — Mémoires d'une jeune fille rangée, Gallimard -
Intempérance affreuse de la jeunesse qui n'a de chagrin qu'elle ne s'en soûle.
Julien Green — Minuit, Plon -
Cessez, amis, cessez de plus me remontrer, Vous perdez votre peine. On ne peut par sagesse, La jeunesse et l'amour joints ensemble, donter*.
Jean Antoine de Baïf — Les Amours de Francine -
La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir ; La vieillesse est impitoyable.
Jean de La Fontaine — Fables, le Vieux Chat et la Jeune Souris -
Les peuples ainsi que les hommes ne sont dociles que dans leur jeunesse, ils deviennent incorrigibles en vieillissant.
Jean-Jacques Rousseau — Du contrat social -
Posséder sa jeunesse fait ignorer la jeunesse.
Marthe Gagnon-Thibaudeau — Le Mouton noir de la famille -
Une longue jeunesse est devant les choses.
Roger Bordier — La Grande Vie
Images d'illustration du mot « jeunesse »
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Traductions du mot « jeunesse »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | youth |
Espagnol | juventud |
Italien | gioventù |
Allemand | jugend |
Chinois | 青年 |
Arabe | شباب |
Portugais | juventude |
Russe | молодежь |
Japonais | 若者 |
Basque | gazteria |
Corse | ghjovanu |
Synonymes de « jeunesse »
- vigueur
- fraîcheur
- verdeur
- jouvence
- adolescence
- beauté
- brio
- enfance
- jeunet
- jeunot
- promptitude
- sève
- tendron
- vivacité
- force
- jeune
Antonymes de « jeunesse »
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Nombre de points du mot jeunesse au scrabble : 15 points