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Gai

Variantes Singulier Pluriel
Masculin gai gais
Féminin gaie gaies

Définitions de « gai »

Trésor de la Langue Française informatisé

GAI, GAIE, adj., interj. et adv.

I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers., de sa disposition d'esprit]
1. Qui est d'humeur agréable, qui a le sourire facile, le goût de plaisanter, de s'amuser, qui envisage la vie sous un jour favorable, qui prend les choses du bon côté, sans se faire de souci, par légèreté d'esprit ou volonté d'optimisme. Synon. allègre, enjoué, guilleret, rieur.C'est que j'étais, dans ma jeunesse, d'un caractère gai, folâtre, sans souci (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 66).Je suis plus gai que vous, (...) qui sait si je ne suis pas plus sage? Il y a beaucoup de philosophie, croyez-moi, dans mon apparente légèreté (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 260).J'étais gai, dispos (...). Je me suis égayé et animé par la conversation. J'étais dans mon beau jour (Maine de Biran, Journal,1816, p. 189) :
1. Jadis gai, jovial et dispos; à présent triste, morose, ennuyé; naguère ami de la joie, des gros éclats de rire et d'une délirante chanson bachique; lorsque les deux coudes appuyés sur la table, on se presse sans y songer, à côté d'une taille féminine artistement rebondie... Janin, Âne mort,1829, p. 35.
SYNT. Gai boute-en-train, compagnon, luron; gais souvenirs; cœur, humeur gai(e), idées gaies; devenir, se montrer, paraître, rendre gai.
Gai comme un pinson. Plein de vivacité, de bonne humeur. Tantôt gai comme un pinson, et tantôt sérieux comme un pape (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 9).
2. En partic.
a) Qui est mis de fort bonne humeur par un excès de boisson(s) alcoolisée(s); légèrement ivre. Synon. éméché.Être un peu gai. Ses yeux brillaient. Il était gai, assez gris (Mille, Barnavaux,1908, p. 250).Nous étions tous gais, mais Sénac était ivre, parfaitement ivre (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 137).
Avoir le vin* gai.
b) Qui a le goût du libertinage, des plaisirs frivoles. Le gai Paris. Une des gloires du gai Paris, le fameux « Casino » (...) ce palais du strass, des plumes et des belles gambettes (L'Est Républicain,23 déc. 1979).
3. P. anal. [En parlant d'un animal] Qui se plaît à jouer, gambader. Le moineau franc, gai, taquin (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 244).Les premiers arrivent, en galopant, une centaine de petits veaux, très gais, très comiques, la queue en trompette (Loti, Galilée,1896, p. 118).
En partic. [En parlant d'un cheval] Synon. de fringant.Comme ils [les chevaux hongrois] étaient libres et gais dans la vaste pâture (Tharaud, Qd Israël est roi,1921, p. 226).
HÉRALD. Cheval gai. ,,Cheval qui n'a ni selle ni bride`` (Ac.).
B. − P. méton.
1. [En parlant (d'un trait) du comportement hum.] Qui manifeste la bonne humeur, le goût de rire, de se divertir, le plaisir de vivre. C'est gai, ce n'est pas gai de (faire telle chose); air, regard, rire, sourire, yeux gai(s); gai souper. Tous les actes religieux du genre gai, les fêtes, les danses, les festins, (...) tout ce qui flatte les sens et l'ame (Volney, Ruines,1791, p. 258).Je viendrai (...) avec un visage gai, un esprit gai, un costume gai, tout à neuf (Flaub., Corresp.,1851, p. 336).Elle a rudement raison de prendre un peu de bon temps. La vie n'était pas si gaie ici, après tout (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1180) :
2. Thérivier avait une telle habitude de la bonne humeur, que, même aujourd'hui, sa voix restait gaie, et que son visage barbu, grassouillet, aux pommettes roses, gardait une expression hilare. Mais le constraste de cette jovialité avec l'anxiété du regard lui faisait un masque désaccordé, pénible à voir. Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 592.
Par antiphrase. [À propos d'une obligation déplaisante] − Paul : (...) la mère, le fils, l'ami et les invités, (...) tous gens sérieux. − Jeanne : Eh bien, cela va être gai (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie, 1869, I, 4, p. 12). Il faut que je l'aille porter [un billet pour une loge] (...) à ce crétin de Grünebaum l'associé de papa, pour qu'il s'y pavane (...). C'est gai!... (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 457).
2. [En parlant d'une œuvre artistique] Qui exprime ou inspire la bonne humeur, le goût de badiner, l'optimisme. Gai refrain, comédie gaie. Synon. comique, drôle, réjouissant.On a fait des satires gaies; je veux faire (...) des satires sombres, tristes et mélancoliques (Vigny, Journal poète,1834, p. 1007).La forme rondeau (...) mouvement gai et alerte (D'Indy, Comp. mus., t. 2, 1, 1897-1900, p. 339) :
3. M. Ballavoine (...) a du moins une jolie allure décorative et un agréable assortiment de couleurs fraîches (...). Ses femmes sont glacées, mais leurs robes violettes, feuille-morte et gris de perle font d'amusantes taches dans ces gais et lumineux paysages où il excelle. C'est de la peinture aimable, divertissante... Huysmans, Art mod.,1883, p. 65.
Vx et littér. Gai savoir, gaie science. Poésie des troubadours. Il écrit, il lit (...). En fait de gaie science il en sait plus qu'un ménestrel de Toulouse (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 97).Au Moyen Âge (...) les ménestrels et les improvisateurs, les enfants du gai savoir, tous les vagabonds mélodieux des campagnes de la Touraine (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 1).
Emploi subst. masc. sing. invar. L'Arioste (...) qui réunit tous les tons (...) le gai, le tragique, le convenable, le tendre (Delacroix, Journal,1856, p. 258).V. aussi érotique B 3 b citat. Flaubert.
3. En partic. Qui exprime ou inspire le goût du libertinage, des plaisirs frivoles. Synon. gaillard, leste, licencieux.Les Cent nouvelles nouvelles (...) en étaient des imitations [du Décameron] fort gaies et fort naïves; la licence y allait au delà de ce qu'avait osé Boccace lui-même (Sainte-Beuve, Tabl. Poés. fr.,1828, p. 264).Tous les contes gais, exagérant la corruption et l'avidité des filles (Stendhal, H. Brulard, t. 2, 1836, p. 406).
Rem. Même acception ici que drolatique dans le titre des Contes drolatiques de Balzac.
C. − [En parlant d'un inanimé concr.]
1. Domaine olfactif, visuel, etc.Qui dispose à la bonne humeur, au sourire, à l'enjouement, par ses qualités agréables (clarté, vivacité, légèreté, etc.). Appartement, lumière, pièce gai(e). Synon. agréable, vif.Le bonheur que peut donner un rayon de soleil gai et frais (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 287).Un gai moulin, sur l'eau joyeuse du canal, Fait, en tournant sa roue, un bruit clair qui patauge (Noailles, Éblouiss.,1907, p. 213).Le papegai prend plaisir à se voir si bien habillé de vert. Ne nomme-t-on pas le vert de ses plumes vert gai? (A. France, Pt Pierre,1918, p. 159).Des odeurs vertes et gaies, encore pointues, encore acides (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 45).V. aussi bouée ex. 1.
Temps gai. ,,Temps serein et frais`` (Ac.).
Vin gai. Vin agréable à boire et qui émoustille. Le plus aromatique, (...) le plus gai et le plus généreux, était le vin du territoire d'Antylle (Du Camp, Nil,1854, p. 313).Excellent champagne (...) c'est un vin gai (Zola, Bouton de Rose,1878, II, 14, p. 264).
Emploi subst. masc. sing. invar. Le gai, le brillant [des plantes] indiquent la souche américaine (Arnoux, Calendr. Fl.,1946, p. 338).
2. Vx, ART CULIN. Four gai. Four vif. Vous dorez légèrement le dessus et le mettez au four gai (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 150).
II. − Emplois interj. et adv.
A. − Emploi interj. [Pour inciter à l'action, au courage, à la bonne humeur (surtout dans les chansons populaires)] Gai! gai! serrons nos rangs; En avant, Gaulois et Francs! (Béranger, Chans., t. 1, 1829, p. 73).Gai, gai, gai, le tonnelier, Raccommodez votre cuvier! (Balzac, E. Grandet,1834, p. 189).Gai, gai marions-nous Avec la soupe au chou (Jammes, De tout temps,1935, p. 75).
B. − Emploi adv. Synon. de gaiement.Il allait gai, avec toutes sortes d'aimables enfantillages, qui me disaient tendrement : (...) Je vais mieux, je suis en train (Goncourt, Journal,1870, p. 552).Signoret, trop d'emphase (...). Jouez gai! (Renard, Journal,1903, p. 812).Il riait haut et gai (Bourget, Sens mort,1915, p. 10).
Prononc. et Orth. : [ge], [gε]. Le masc. et le fém. sont parfois donnés comme distincts, quant à la durée et/ou quant au timbre de la voyelle : [e~ε:] (Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787), [e~e:] (Nod. 1844, Littré), [ε~e:] (Gattel 1841). Voir, en dernier lieu, Rouss.-Lacl. 1927, p. 141 : ,,Gaie a un e fermé comme le masc. à Paris, un e ouvert en province``. Forme en [ε] en progrès, tous genres confondus, ,,sous l'influence de l'écriture`` (Buben 11935 § 5). Martinet-Walter : [ge] ou [gε] (9 et 8). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié du xies. « qui est d'humeur riante (en parlant d'une personne); qui exprime la gaieté (visage, etc.) » (Levy Trésor, p. 121); ca 1155 « id. » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1564); 2. ca 1225 tens ... gais « qui inspire la gaieté, temps agréable et doux » (Durmart le Gallois, éd. J. Gildea, 924); 3. ca 1300 vert gay « vert clair, jaunâtre (en parlant d'un bouillon) » (Taillevent, Viandier, éd. P. Aebischer, p. 94). Peut-être empr. de l'a. occitan gai « pétulant, gai » (dep. Guillaume IX ds FEW t. 16, p. 9 a; v. aussi Levy (E.) Prov.), lui-même issu du got. *gaheis « impétueux » (cf. a. h. all. gāhi « id. », all. jäh « brusque »), provenance qui serait due à l'infl. des troubadours (FEW, loc. cit.), ou plus vraisemblablement mot issu directement de l'a. h. all. gāhi d'où la forme attendue jai (xiiies., Pastourelles, éd. J. Cl. Rivières, CIX, 8). La prédominance de la forme avec g- s'explique en particulier par les interférences constantes entre gai et gaillard (v. DEAF, col. 35, s.v. gai). Fréq. abs. littér. : 3 883. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 466, b) 8 287; xxes. : a) 6 530, b) 3 480. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 131. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 46, 138, 221, 229. - Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 87-88; t. 3 1972 [1930], p. 255. - Walt. 1885, p. 97.

Wiktionnaire

Interjection - français

gai \ɡe\ ou \ɡɛ\

  1. (Vieilli) Interjection qui s’emploie pour exciter à la gaieté et aussi au mouvement, à l’action.
    • Allons, gai ! vous a-t-on donné votre congé ? — (Jean-François Regnard, Le Joueur, III, 2)
    • Gai ! gai ! serrons nos rangs, Espérance De la France ; Gai ! gai ! serrons nos rangs, En avant, Gaulois et Francs ! — (Pierre Jean de Béranger, Gaulois et Francs)

Nom commun - français

gai \ɡe\ ou \ɡɛ\

  1. Petit poisson qu’on nomme aussi pucelotte.

Adjectif - français

gai \ɡe\ ou \ɡɛ\

  1. Qui a de la gaieté.
    • Quoi qu’il en soit, l’espérance de revoir le pauvre baron gai et gaillard m’a bien épargné de la tristesse. — (Lettre de Madame de Sévigné à Madame de Grignan, à Vichi, mardi 28 mai 1676)
    • On ne pouvait rien voir de plus gracieux que cette svelte blondine, jeune, gaie, folâtre ; pas un homme qui eût résisté à ses agaceries. — (Johann Wolfgang von Goethe, Campagne de France, 1822 ; traduction française de Jacques Porchat, Paris : Hachette, 1889, page 2)
    • Tout en procédant à sa toilette, elle parle toute seule, bavarde, gaie, animée, à cause qu’on est encore au printemps de la journée. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Un parent qui ne croit pas au Père Noël, n’est pas un bon parent car il ne croit pas en sa propre étoile ni en tout ce qui est positif dans la vie et gai ! — (Jean-Claude Baudot, La fabuleuse histoire du Père Noël, 2001)
  2. Qui porte le caractère de la gaieté, en parlant des choses.
    • Son visage était gai, sa bouche était vermeille. — (Tristan, Panthée, II, 2)
    • Un ravissant cimetière, tout gai, tout ensoleillé, tout fleuri de clématites et de roses entoure l’église ; […]. — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1923)
  3. Où règne la gaieté.
    • Notre repas fut le plus gai du monde, et j’y fus plus gai que personne. — (Pierre de Marivaux, Paysan parvenu, 2e partie)
  4. Qui inspire la gaieté.
    • La frontière est passée, c’est l’Apennin qui commence. Un soleil gai luit sur les arêtes vives des cimes; la poitrine aspire un air sain; […]. — (Hippolyte Taine, Voyage en Italie, vol.2, 1866)
    • Sa maison était propre, bien tenue ; elle tranchait avec la blancheur gaie de sa façade et le luisant de ses meubles, sur les taudis immondes où, d’ordinaire, croupissent dans la fange et dans la vermine, les marins bretons. — (Octave Mirbeau, Les eaux muettes)
    • Un gai soleil éclairait la scène : une large avenue bordée de cavaliers, toute blanche de fleurs, éblouissante sous le dôme bleu du ciel, […]. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 132)
    • Le vert est plus gai ; vous avez raison, il n’y a qu’à le laisser comme cela. — (Florent Carton, Vert galant, sc. 26)
    • Chambre gaie, appartement gai, chambre, appartement qui, par sa disposition, et l’abondance du jour qu’il reçoit, inspire la gaieté.
    • Avoir le vin gai, être ordinairement de belle humeur quand on a un peu bu.
  5. (Par extension) (Par euphémisme) Qui a ingéré une substance enivrante.
    • Le vieillard, que le vin de Montmeillan avait rendu gai et bavard, ne demandait pas mieux que de me les conter. — (Alexandre Dumas, Impressions de voyage, La Revue des Deux Mondes T.1, 1833)
    • Comme ils devenaient un peu plus gais sur la fin du repas, selon la coutume des philosophes qui dînent. — (Voltaire, Oreilles, 5.)
  6. (Musique) Allegro.
    • Un air d’un mouvement gai.
  7. (Vieilli) Qui a trop de jeu, qui n’est pas assez serré.
    • Cette vis est trop gaie.
    • Ma tabatière était trop gaie, elle s’est ouverte dans ma poche.
  8. (En particulier) (Marine) Se dit d’un mât ou de tout autre objet, lorsqu’il est trop lâche dans son trou ou dans la place qu’il occupe.
  9. Vif, léger et brillant, en parlant des couleurs.
    • Des couleurs gaies.
  10. Gaillard, libertin.
    • Propos, conte gai.
  11. (Québec) (Acadie) Gay[2].
    • Elle est gaie. C’est évident. Elle aime les filles. Florence préfère les filles aux garçons. — (Isabelle Gagnon, La fille qui rêvait d’embrasser Bonnie Parker, éditions du remue-ménage, Montréal, 2010, page 44)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GAI, GAIE. adj.
Qui a de la gaieté. Un homme gai. Humeur gaie. Esprit gai. Être gai. Rendre gai. Avoir l'esprit gai, l'œil gai, un air gai. Visage gai. Mine gaie. Gai comme un pinson, comme pinson. Il se dit aussi de Ce qui inspire la gaieté. Une chanson gaie. Une pièce gaie. Une couleur gaie. Chambre gaie, appartement gai, Chambre, appartement qui, par sa disposition, et l'abondance du jour qu'il reçoit, inspire la gaieté. Temps gai, Temps serein et frais. Fig. et fam., Avoir le vin gai, Être ordinairement de belle humeur quand on a un peu bu. Fam., Être un peu gai, Être en pointe de vin. Fam., Propos, conte gai, se dit quelquefois de Propos, de contes un peu libres. Cheval gai, Cheval qui a une allure vive. En termes de Blason, Cheval gai, Cheval qui n'a ni selle ni bride. Le gai savoir, la gaie science se disaient, par opposition à la théologie et à la philosophie, de la Poésie des troubadours. Il s'emploie aussi comme interjection et signifie Que l'on soit gai. Allons gai. Gai! Gai!

Littré (1872-1877)

GAI (ghé, ghée) adj.
  • 1Qui a de la gaieté. Un jour, gaie et l'esprit plus content que jaloux, Je suivais en Argos cet infidèle époux, Rotrou, Herc. mour. II, 2. C'est, dit Tertullien, à la vérité seule qu'il appartient de railler, parce qu'elle est gaie, Furetière, 3e factum, t. I, p. 319. Sans raison il [l'homme] est gai, sans raison il s'afflige, Boileau, Sat. VIII. Dût ma muse par là choquer tout l'univers, Riche, gueux, triste ou gai, je veux faire des vers, Boileau, Sat. VII. J'ai encore une chose à vous dire, mon héros, dans ma confession générale ; c'est que je n'ai jamais été gai que par emprunt ; quiconque fait des tragédies et écrit des histoires, est naturellement sérieux, quelque Français qu'il soit, Voltaire, Lett. Richelieu, 19 août 1766. Sans être naturellement gai, il s'animait de la gaieté des autres, Marmontel, Mém. VI.

    Gai comme un pinson ou comme pinson, très gai.

    Familièrement.Être un peu gai, être un peu animé par le vin. Comme ils devenaient un peu plus gais sur la fin du repas, selon la coutume des philosophes qui dînent, Voltaire, Oreilles, 5.

    Cheval gai, cheval qui a de la vivacité.

    Terme de blason. Cheval gai, cheval nu et sans harnais.

  • 2Qui porte le caractère de la gaieté, en parlant des choses. Humeur gaie. Esprit gai. Un œil gai. Son visage était gai, sa bouche était vermeille, Tristan, Panthée, II, 2. Deux siens voisins se laissèrent leurrer à l'entretien libre et gai de la dame, La Fontaine, les Remois. La cour veut toujours unir les plaisirs avec les affaires… tout est couvert d'un air gai, et vous diriez qu'on ne songe qu'à s'y divertir, Bossuet, Anne de Gonz.

    Où règne la gaieté. Notre repas fut le plus gai du monde, et j'y fus plus gai que personne, Marivaux, Pays. parv. 2e part.

  • 3Qui inspire de la gaieté. Une chanson, une vue gaie. Le vert est plus gai ; vous avez raison, il n'y a qu'à le laisser comme cela [un ameublement], Dancourt, Vert galant, sc. 26.

    Appartement gai, appartement bien exposé, qui a une vue agréable.

    Temps gai, temps serein et frais.

    Avoir le vin gai, être de belle humeur quand on a un peu bu.

    Terme de peinture. Couleurs gaies, couleurs vives, légères et brillantes. Vert gai.

    La gaie science, le gai savoir, noms que portait autrefois la poésie des troubadours.

  • 4 Terme de musique. Synonyme d'allegro. Un air d'un mouvement gai.
  • 5Propos, conte gai, se dit quelquefois de propos, de contes un peu libres.
  • 6Dans un langage technique, qui a trop de jeu, qui n'est pas assez serré. Cette vis est trop gaie. Ma tabatière était trop gaie, elle s'est ouverte dans ma poche.

    Terme de marine. Se dit d'un mât ou de tout autre objet, lorsqu'il est trop au large dans son trou ou dans la place qu'il occupe.

    Terme de pêche. Hareng gai, celui dans lequel on ne trouve ni laite, ni œufs.

  • 7 S. m. Grand gai, petit poisson qu'on nomme aussi pucelotte.
  • 8Gai ! interjection qui s'emploie pour exciter à la gaieté et aussi au mouvement, à l'action. Gai, divertissons-nous. Allons, gai ! vous a-t-on donné votre congé ? Regnard, le Joueur, III, 2. Gai ! gai ! serrons nos rangs, Espérance De la France ; Gai ! gai ! serrons nos rangs, En avant, Gaulois et Francs ! Béranger, Gaulois et Francs.

SYNONYME

GAI, ENJOUÉ, JOYEUX. L'homme gai est de belle humeur ; c'est l'effet du tempérament ou de quelque heureuse circonstance. L'homme enjoué se joue, il a la plaisanterie agréable, le désir et le talent d'amuser. Joyeux se dit des affections du moment : un homme très froid et posé peut être joyeux s'il apprend une nouvelle qui lui fait grand plaisir.

HISTORIQUE

XIIe s. Donc jà n'arez à tel jor le cuer [cœur] gai, Raoul de C. 197.

XIIIe s. Le premier jour de mai, Cil douc tans cointe et jai, Mss. de poésies fr. avant 1300, t. II, p. 833, dans LACURNE. Fille, dist la royne, soiez joians et gaie, Berte, VIII.

XIVe s. Du feu a demandé l'abbé de Malepaie, Tout pour bouter le feu en celle ville gaie, Guesclin. 20349. Et soit vert gay [d'un vert gai], Ménagier, II, 5.

XVIe s. Et ainsi print congé, gai comme Perot, Despériers, Contes, XXIV. En une petite chambre haute assez gaye, Sat. Mén. p. 222. Si ne feirent les autres que prendre garde seulement, que ceste poultre [jument] avoit le poil et les crins rouges fort luysans, et comme elle estoit vifve et guaye, à ouyr son clair et fier hennissement, Amyot, Pélop. 39. Sa maniere d'escrire est guaye et austere, sententieuse et toutefois familiere, Amyot, Caton, 14. … Il n'y a pas de si beaux bois, ny des forest verdoyantes, guayes prairies ny autres lieux de plaisance…, Amyot, Flam. 4. L'œil malade refuit les couleurs vifves, guayes et brillantes, Amyot, Phoc. 2.

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Étymologie de « gai »

Berry, gai, au féminin gaitte ; provenç. gai, guay ; anc. espagn. gayo ; ital. gajo ; de l'anc. haut-allem. gâhi, prompt ; allem. mod. jähe. Toutefois on peut noter, ne fût-ce que pour mention, le nom propre latin Gaius, qui était un nom de bon augure, et que les langues italiotes offrent sous la forme de Gavius, lequel semble signifier le réjouissant ; Gaius aurait donné sans peine gajo ; mais les intermédiaires manquent.

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(Date à préciser) Emprunt à l’ancien occitan gai, jai « pétulent, vif » (par l’influence des troubadours), emprunté à son tour au vieux haut allemand gāhi « soudain, rapide, impétueux »[1]. À comparer avec l’allemand jäh « abrupt, précipité », le luxembourgeois géi « abrupt, escarpé » et le néerlandais gauw « vite, bientôt ».
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Phonétique du mot « gai »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gai ge

Fréquence d'apparition du mot « gai » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gai »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gai »

  • Un homme gai n'est souvent qu'un infortuné, qui cherche à donner le change aux autres, et à s'étourdir lui-même.
    Jean-Jacques Rousseau — Emile ou de l’éducation
  • En voyage, un gai compagnon est une chaise roulante.
    Johann Wolfgang von Goethe — Sprüche in prosa
  • L’ouvrage est toujours gai quand il se fait gaiement.
    Etienne — Brueys et Palaprat
  • On est gai le matin, on est pendu le soir.
    Voltaire — Charlot
  • L'homme est un roseau pensant inconsolable et gai.
    Guy Bedos — Inconsolable et gai
  • (Montréal) Un homme dans la quarantaine a été trouvé mort mardi dans un sauna du Village gai de Montréal.
    La Presse — Mort suspecte dans le Village gai
  • Le bonheur n’est jamais triste ou gai. Il est le bonheur.
    Armand Salacrou — Histoire de rire
  • Même si la légalisation du mariage gai n’est même pas encore en préparation au Canada, ils se promettent de se marier s’ils sont encore ensemble cinq ans plus tard.
    Radio-Canada.ca — Mariage gai : ils se sont dit oui il y a 15 ans à Amos | Radio-Canada.ca
  • À noter qu’avant l’adoption du projet de loi fédéral, le mariage gai était déjà légal dans huit provinces et un territoire, dont l’Ontario (10 juin 2003). Il n’y avait qu’en Alberta, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest que les couples de même sexe ne pouvaient pas se marier.
    l-express.ca — Après 15 ans, le mariage gai est entré dans les mœurs - l-express.ca
  • Un homme gai est toujours aimable.
    Maxime Gorki — Les petits bourgeois
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Traductions du mot « gai »

Langue Traduction
Anglais cheerful
Espagnol risueño
Italien allegro
Allemand heiter
Chinois 愉快
Arabe مرح
Portugais alegre
Russe веселая
Japonais 陽気な
Basque alaia
Corse alegre
Source : Google Translate API

Synonymes de « gai »

Source : synonymes de gai sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « gai »

Combien de points fait le mot gai au Scrabble ?

Nombre de points du mot gai au scrabble : 4 points

Gai

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