La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « fils »

Fils

Définitions de « fils »

Trésor de la Langue Française informatisé

FILS, subst. masc.

I.− Être humain de sexe masculin, considéré par rapport à son père et/ou sa mère. Fils adoptif, aîné, légitime, naturel, posthume. Mon cher ami, j'ai la grande joie de vous annoncer la naissance de mon fils Pierre qui est survenue le 23 (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1908, p. 85).Fils unique et sans camarade, je n'imaginais pas que mon isolement pût finir (Sartre, Mots,1964, p. 150):
1. Mais oui, ces liens de père à fils, de fils à père, − si dérisoire qu'il soit d'y seulement penser quand on songe à ce qu'ont été nos rapports − ces liens uniques, à nuls autres comparables, ils existaient bel et bien au fond de chacun de nous! Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p. 1344.
A.− [Rapport d'ascendance naturelle]
1. [Ascendance directe]
a) Emplois partic. Le fils + nom patronymique. Le fils de. On racontait qu'une de ces dernières années, le fils Menier avait frété un yacht (Goncourt, Journal,1888, p. 774).Nom patronymique + (père et) fils (gén. pour différencier deux écrivains, deux personnalités).Imaginez les jouissances du pauvre paysan parvenu, quand il entendait sa charmante Césarine (...) quand il l'admirait lui lisant Racine père et fils, lui en expliquant les beautés (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 52).Nom patronymique + et fils (pour désigner une raison sociale).Édité par George Routledge et fils, de Londres, M. Walter Crane a été importé en France par la librairie Hachette (Huysmans, Art mod.,1883, p. 211).Fils de personne. Homme qui n'a pas subi l'influence de son père. J'étais orphelin de père. Fils de personne, je fus ma propre cause (Sartre, Mots,1964p. 91).Fils de veuve. Garçon orphelin de père (gén. l'aîné de la famille) considéré comme soutien de famille. À vingt-quatre ans, − comme fils de veuve, il avait été dispensé du service militaire (R. Bazin, Blé,1907, p. 60).Le fils à/ de mon père (pop., en parlant de soi-même) (cf. Musette, Cagayous chauffeur,1909, p. 8).
Loc. verb. Être bon fils. Avoir du respect pour ses parents; remplir ses devoirs envers eux. Je dois ma première visite à mon père. (...) − C'est juste, Dantès, c'est juste. Je sais que vous êtes bon fils (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 10).
b) Expr. et proverbes. Tel père, tel fils. Le fils a les mêmes qualités, les mêmes défauts que son père. Être le (digne) fils de son père. Avoir les mêmes qualités ou défauts que lui; p. ext., fam. avoir égard à son père, se respecter soi-même. Quand on est le fils de son père on n'a pas le droit de détruire le produit de la création et du travail humains (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 365).Le fils est innocent des fautes de son père (cf. Ponsard, Honn. arg.,1853, III, 1, p. 61).
Expr. injurieuse. Fils de chien, de garce, de putain. Meurs donc, fils de chien, puisque tu le veux! (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 170).L'occasion est trop belle de ratatiner quelques fils de garce qui se sont sucrés pendant que nous crevions de faim! (Camus, État de siège,1948, p. 283).
c) RELIGION
α) [Gén. avec une majuscule] Jésus-Christ.
[Considéré dans sa nature divine] Fils de Dieu, de l'Éternel; Fils de l'homme. Nous venons de Judée, où le fils de Dieu est mort et ressuscité (France, Balthazar, Laeta acilia, 1889, p. 104):
2. Entre la Croix et Pâques, il y a trente-six heures pendant lesquelles Jésus va profiter de ce congé que lui donne son corps abandonné et de cette distance momentanée entre l'âme et la chair qui est le privilège d'Adam, le stipendium peccati, ce salaire du péché que le Fils de l'homme a loyalement gagné à la sueur de son front. Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 215.
[Considéré par rapport à la Trinité] Emploi abs. La seconde personne de la Trinité. Père, Fils et Saint-Esprit ne font de même qu'une seule personne! (Flaub., Tentation,1874, p. 121).
En partic. [Dans une formule sacramentale ou dans celle du signe de croix] « Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il » (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, En wagon, 1885, p. 63).
[Considéré dans sa vie terrestre; sans majuscule] : fils du charpentier.
β) [P. réf. à la parabole de l'enfant prodigue. Évangile de St Luc, 15] Fils prodigue*.
d) P. ext. [Terme d'affection, d'amitié] D'Épernon (...). − Le roi m'appelle son fils. Ruggieri. − Ce titre, son amitié seule te le donne (Dumas père, Henri III,1829, I, 3, p. 127).
e) P. anal.
Petit mâle d'un animal. Musette nourrissait (...) un monstre à robe cendrée, (...) un fils de chien de chasse qui tirait comme un veau sur les tétines délicates (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 81).
Pousse ou rejet d'une plante, d'une cellule vivante. La division de la substance chromatique entre les deux noyaux fils (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 1, 1931, p. 79).
f) P. métaph. L'été vermeil, Prodigue de trésors, brillant fils du soleil (Chénier, Bucoliques,1794, p. 188).Un papillon flotta, fils de la canicule (Jammes, Géorgiques,1911, p. 59).
2. [Ascendance éloignée, voire très lointaine] Descendant.
a) [Par rapport à une même famille, aux générations] Petit-fils*, arrière-petit-fils*; beau-fils* (s.v.). Il enseignait dans son école la piété, l'escrime et l'équitation aux jeunes fils des antiques familles (France, Île ping.,1908, p. 198).De père en fils, on essayait d'y protéger la vie contre l'hostilité de la nature ou celles d'autres hommes (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 172).
b) [Par rapport à la genèse, aux origines de l'homme] Oui, tous les hommes sont fils d'un même père (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 111).
c) [Par rapport à une communauté, à une race] Celle-là même [la blessure] qui marque prématurément les fils d'Israël (Massis, Jugements,1924, p. 224).Il est, par contre, des fils de la plus errante des races qui ne rêvent que d'un domaine, d'une maison de famille (Mounier, Traité caract.,1946, p. 83).
Fils de France. Fils légitime du roi de France. Il apprit du duc Alexandre la négociation du mariage de Catherine [de Médicis] avec un fils de France (Balzac, Cath. de Médicis,Introd., 1843, p. 26).
Littér. Fils de saint Louis. Descendant de St Louis. Un fils de saint Louis, dernier rejeton de la branche aînée (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 36).
B.− P. anal.
1. [Ascendance, tutelle morale, spirituelle] Être humain placé sous la tutelle, la protection d'un maître, d'une institution, d'une entité mythique ou symbolique.
a) Littér. et poét.
Fils de + subst. désignant une divinité mythologique, source d'inspiration, ou un symbole.Les fils d'Apollon. Les poètes. Fils de Bélial (p. allus. à la Bible). Les méchants. Mort au parti royal! Point d'alliance avec les fils de Bélial! (Hugo, Cromw.,1827, p. 77).Fils de l'enfer. Diable. Je ne suis pas plus le fils de l'enfer que vous n'êtes le fils de votre chambre (Soulié, Mém. diable,t. 1, 1837, p. 15).Les fils de l'harmonie. Les musiciens. Quelques fils de l'harmonie rangés au bas d'un large rideau, exécutoient des airs tristes qu'on n'écoutoit pas (Chateaubr., Natchez,1826, p. 207).Les fils de Mars. Les guerriers. Les fils de Mercure. Les voleurs, les escrocs. Nous voilà [les six voleurs et moi] de nouveau occupés de fêter Bacchus. Les fils de Mercure boivent sec et dru (Vidocq, Mém.,t. 3, 1828-29, p. 132).Fils des Muses. Les écrivains, les poètes. Les fils des Muses, les plus nobles et les plus reconnaissants des hommes (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 661).
Fils de + subst. désignant une entité personnifiée.Peut-être suis-je heureux, moi, d'être un fils de la chance (Cocteau, Machine infer.,1934, p. 125).
b) RELIGION
Fidèle chrétien par rapport à sa foi. Je suis le fils soumis de l'Église catholique, apostolique et romaine (Péladan, Vice supr.,1884, p. 109).
En appellatif. [Dans la bouche d'un prêtre] Mon fils, mes fils.
Fils de. Religieux de (l'ordre de). Un des plus suaves élèves de Jehan Fouquet s'est représenté, ceint de la cordelière des fils de Saint François (France, Bonnard,1881, p. 463).
Le Fils aîné de l'Église. ,,Qualification donnée au roi de France`` (Ac. 1835-1932).
c) Disciple par rapport à un maître, à un enseignement. Toi, vieux gaulois et fils du bon Villon (Banville, Odes funamb.,1859, p. 283).Fils de l'Université et des Taine et des Renan et des Michelet, je m'adresse aux fils de l'Université. Cela peut être utile (Barrès, Cahiers,t. 9, 1911, p. 18).L'élève de Philip. Son élève, en effet : son second, son fils spirituel (Martin du G., Thib.,La Consult., 1928, p. 1063).
d) Au fig. Œuvre par rapport à son créateur. Il [Canova] a passé plusieurs années à retoucher ce tableau, fils heureusement unique de sa vieillesse (Sand, Lettres voy.,1837, p. 32).
2. [Rapport d'origine, de provenance] Fils de.Personne native, issue de.
a) Domaine géogr.Il est le fils de la terre lorraine et de l'océan breton (Barrès, Cahiers,t. 12, 1919, p. 27).
Littér., au fig. Fils de la mer (synon. de marin), de la terre (synon. de paysan). Fils de la mer! Qu'as-tu vu? Entends-moi! Réponds-moi! (Claudel, Chr. Colomb,1929, p. 1150).
P. anal. et au fig. Le fleuve prend sa vie aux sources du mystère. Il est le fils des monts déserts et des glaciers (Samain, Chariot,1900, p. 224).Mes petits singes devenaient tristes (...) ces fils blonds du Capricorne (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 21).
b) Domaine soc.A-t-il vu beaucoup de fils de chiffonniers nommés ambassadeurs? (Méard, Rêv. païen,1876, p. 170).Ce petit Anglais, ce fils de riche (Mauriac, Asmodée,1938, IV, 13, p. 176).Je suis fils de bourgeois. Je lutte contre ma classe de toutes mes forces (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 175).
Emplois partic. Fils de (bonne) famille. Garçon issu d'une famille riche. Je suis un fils de bonne famille, mon père possédait même une écurie de course mais voilà... (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 163).Fils à papa. Garçon avantagé par la fortune de ses parents. MmeSéverine, qui ne badine pas sur le chapitre de la morale, nous traita de « fils à papa » (L. Daudet, Dev. douleur,1931, p. 255).Fils de patron. Dans la carrière médicale, garçon, homme avantagé par le rang qu'occupe son père. Le fils est encore ce que l'on appelle en médecine un fils de patron (Duhamel, Maîtres,1937, p. 137).Fils d'archevêque (arg. naval). Élève privilégié par la situation élevée de son père. « Une promotion (à l'École navale) aussi forte (...) ne se justifiait que par le [lire la] nécessité de faire une position à quelque fils d'archevêque » (Mot d'ordre, 1887) (Fustier, Suppl. dict. Delvau,1889, p. 537).
Loc. verb. fig. Être le fils de ses œuvres. Ne devoir sa réussite qu'à ses propres qualités. Le peuple qui riait des blasons, s'habitua à se croire uniquement fils de ses œuvres; le peuple se trompa, il a ses ancêtres tout comme les rois (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 29).Fils légitime de mes œuvres. Je me relève aussi facilement que je tombe (Renard, Journal,1899, p. 527).
3. Appellatif, fam. [Terme d'affection, d'amitié] . Réjouissez-vous, mes chers fils et mes chères filles (Barrès, Colline insp.,1913, p. 140).
Rem. En appellatif, la docum. atteste la forme région. ou vieillie mon fi. Le vieux commençait ses jérémiades : − Ça ne peut pas durer longtemps comme ça, mon fi (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 54).
C.− Au fig. Chose qui résulte d'une autre, est engendrée par elle. (Quasi-)synon. conséquence, produit, résultat.Les succès sont toujours les vrais fils de l'audace (Laya, Ami loix,1793, II, 2, p. 30).
II.− Être humain de sexe masculin. Accoucher d'un fils. Synon. garçon, homme (en emploi abs.).
Vx, fam. [En appellatif] Vous êtes cent contre un! Pardieu! Le bel effroi! Fils, cent maravédis valent-ils une piastre? (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 289).
Péj., vx. Beau fils. Jeune homme qui parade, se fait remarquer par des dépenses, des excès. Faire le beau fils. C'était [Frédéric Marest] d'après les renseignements obtenus par la police de l'Étude, un beau fils de vingt-trois ans (Balzac, Début vie,1842, p. 440).
P. iron. [P. allus. à Marot] Au demeurant, le meilleur fils du monde (cf. France, Rabelais,1909, p. 85).
REM.
Filliot, filliotte, fillot, fillotte, filiot, filiotte, subst.,vieux, appellatif. Mon fils, ma fille. Bourgeois, vint dire la servante (...) votre cheval a mangé l'avoine. − Eh bien! attelle-le, la filliotte (Ponson du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 111).Dis-donc, filiot! (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 352).Toi, mon garçon! toi, mon fillot! s'écria le vieillard (Fabre, Norine,1889, p. 34).
Prononc. et Orth. : [fis]. l purement graph., supprimé partout ailleurs dès le xiiies., n'a été conservé que dans aulx (plur. de ail), fils, pouls ainsi que dans l'orth. archaïsante de mots du type de aulne et famille (aune), faulx (faux), faulde (faude). Cf. Bub. 1935, § 113. On rappelle qu'à partir du xiiies. et jusqu'au xvies. l's final s'efface progressivement devant consonne, mais qu'il se fait toujours sentir comme sonore [z] devant voyelle et comme sourde [s] en finale absolue. À partir du xviiies. il s'efface en finale absolue, ne subsistant que dans le cas de liaison étroite devant voyelle (sous forme de [z]). L'on prononce très régulièrement [fi] dans un fils ou dans le fils prodigue. La restauration de l's dans ce type de mots (fils, ours) date du xviiies. (cf. Bourc. 1967, § 160). Elle s'explique dans le cas de fils par une prononc. affective d'un mot souvent empl. au vocatif (cf. Domergue ds Bub. 1935, § 217). L'anc. prononc. du xviies. [fi] est encore recommandée ,,quand le mot ne termine pas la phrase`` (donc devant consonne dans le cours d'une phrase : votre fils nous a déçus [finuzadesy]) ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834, Gattel 1841. Ils rejoignent ainsi l'anc. système où s est prononcé sonore devant voyelle, sourd à la pause, mais s'efface devant consonne dans la phrase. Mais d'apr. Littré l'habitude de prononcer [fis] à la pause aussi bien que devant consonne est une mauvaise prononc. Après Littré, la prononc. [fi] est considérée comme vieillie ds DG, Mart. Comment prononce, 1913, pp. 302-303, ds Rouss.-Lacl. 1927, p. 169, ds Nyrop Phonét. 1951, § 172 et 254 qui cite un passage de Monsieur Bergeret à Paris d'Anatole France : ,,Mademoiselle Lalouette avait d'excellentes manières... Elle parlait bien. Elle avait gardé la vieille prononciation. Elle disait (...) Un fi.`` Cette prononc. est considérée comme provinciale ds Barbeau-Rodhe 1930. Elle s'est conservée plus longtemps (bien qu'elle ait aussi disparu là aujourd'hui) dans des expr. relig. du type au nom du fils ou le fils de l'homme. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Ac. 1798-1878 souligne : ,,On ne prononce point l'l``. Ac. 1932 ajoute : ,,Et on fait sentir l's``. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié du xes. fils « être humain du sexe masculin considéré par rapport à son père et/ou sa mère » (Saint Léger, éd. J. Linskill, 16); 2. fin xes. fils Deu « Jésus-Christ » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 180); 3. 1remoitié du xiies. « humanité, hommes considérés par rapport à leur ascendance » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, IV, 4 : li fil des humes). Du lat. class. filius « fils, enfant »; « descendants » en b. lat. La forme actuelle représente l'anc. cas sujet conservé en raison de son emploi fréq. comme vocatif et prob. aussi pour éviter la confusion avec fil. Fréq. abs. littér. : 21 757. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 37 340, b) 35 961; xxes. : a) 30 102, b) 23 292. Bbg. Johnson (Ph.). Huon de Bordeaux et la sém. de l'enfes. Z. rom. Philol. 1975, t. 91, p. 72. − Kuznecon (A.M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye. 1974, no125, pp. 8-9.

Wiktionnaire

Forme de nom commun - français

fils \fil\ masculin

  1. Pluriel de fil.
    • Mes fils ont cassé mes fils de pêche.
    • L’eau frangeait les ramures, alourdissait les fils d’araignée, imbibait les écorces gluantes, et des feuilles tombaient, çà et là, en tournant, dans le tranquille égouttement, dans le grand calme profond. — (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chapitre 2, 1910)

Nom commun 2 - français

fils \fils\ masculin

  1. (Numismatique) Monnaie subdivisionnaire de plusieurs pays arabes.

    Nom commun 1 - français

    fils \fis\ masculin (pour une femme, on dit : fille) singulier et pluriel identiques

    1. Tout être humain du sexe masculin considéré par rapport à son père et à sa mère, ou à un des deux seulement.
      • Mes fils ont cassé les fils sur mes deux cannes à brochet en les accrochant dans les arbres .
      • En l’année 561, après une expédition contre l’un de ses fils, dont il punit la révolte en le faisant brûler avec sa femme et ses enfants, Chlother, dans un calme parfait d’esprit et de conscience, revint à sa maison de Braine. — (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les quatre fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833–1837)
      • Premiers matins où les jeunes mères aiment leur fils, mais pas encore par amour maternel ; elles le plaignent, elles l’admirent : il sera un grand artiste : il se mariera. — (Jean Giraudoux, Retour d'Alsace - Août 1914, 1916)
      • […] le père de Laforgue, qui s’était depuis quelque temps consolé du refus de son fils d’entrer à Polytechnique, lui parlait d’une thèse de doctorat, après l’agrégation […] — (Paul Nizan, La Conspiration, 1938, page 52)
    2. (Sens figuré) Celui qu’on regarde ou qu’on aime comme son fils.
      • L’orphelin qu’il avait protégé devint pour lui un véritable fils.
    3. Descendant de sexe masculin.
      • Jésus, fils de David.
    4. (Plus rare) (Au pluriel) Descendants directs, quel que soit leur sexe.
      • Chez le vertébré comme chez l’annelé, nous voyons d’ailleurs les fils ressembler au père ou à la mère, aux différences individuelles près. — (Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, Les Métamorphoses et la généagénèse, Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 3, 1856 (pp. 496-519))
      • Et nous autres, leurs fils lointains, à travers les milliers d'années, nous ne sommes guère moins touchés en lisant aujourd’hui ces vénérables enfances du genre humain, […]. — (Jules Michelet, Bible de l'Humanité, Calmann-lévy, 1876, page 28)
    5. Ce qui dérive et qui est consubstantiel à autre chose.
      • Le système de la réciprocité dans sa forme moderne est le fils ainé du protectionnisme ; s'il en adoucit légèrement les rigueurs, il est l'incarnation même de sa pensée. — (Traités de commerce et réciprocité, rapport présenté par Anthony Beaujon, [[w:Exposition coloniale[Exposition Internationale et coloniale]] d'Amsterdam de 1883, page 6)
    6. (Familier) (Ironique) (Par plaisanterie) S'emploie couramment pour désigner son interlocuteur de façon paternaliste voire condescendante.
      • Et tout s’arrangeait ou se réglait à la danse
        L'un disait « Fils ! tu as aucune chance ».
        — (IAM, Je danse le MIA, 1994)
    Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

    Littré (1872-1877)

    FILS (fi ; l's se lie : le fi-z aîné. Beaucoup de gens ont pris depuis quelque temps l'habitude de faire entendre l's quand le mot est isolé ou devant une consonne, un fiss' ; c'est une très mauvaise prononciation) s. m.
    • 1Un enfant mâle, par rapport à son père ou à sa mère. Un bon fils. Il a trois fils. Durand père et Durand fils. Et sous le nom d'un fils toute faute est légère, Corneille, Nicom. II, 2. Judith veuve, qui était fille de Merari, fils d'Idox, fils de Joseph, fils d'Ozias…, Sacy, Bible, Judith, VIII, 1. Ai-je donc élevé si haut votre fortune Pour mettre une barrière entre mon fils et moi ? Racine, Brit. I, 2. Ce n'est plus votre fils, c'est le maître du monde, Racine, ib. Hélas ! un fils n'a rien qui ne soit à son père, Racine, Athal. IV, 1. Scipion, le destructeur de Carthage, était propre fils du fameux Paul-Émile qui vainquit Persée, dernier roi de Macédoine, et par conséquent petit-fils de cet autre Paul-Émile qui fut tué à la bataille de Cannes, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. I, p. 565, dans POUGENS.

      On dit, pour désigner une maison de commerce tenue par un père et son fils conjointement : un tel et fils, négociants.

      Fils au singulier ou au pluriel se construit souvent avec le nom du père sans préposition : le fils ou les fils Guérin. Les quatre fils Aymon, nom de quatre chevaliers, fils du duc Aymon, dans les romans de Charlemagne ; c'étaient Renaud l'aîné de tous, Guidon le sauvage, Maugis et Richardet ; on les représente souvent tous les quatre sur un seul cheval. Ils étaient à cheval comme les fils Aymon, Collin D'Harleville, M. de Crac, sc. 16.

      C'est un archaïsme, alors que l'ancienne langue, ayant un cas pour le régime, marquait le rapport entre deux substantifs par ce cas sans préposition.

      Le fils de la maison, le fils du maître de la maison.

      Fils de famille, celui qui vit sous l'autorité d'un tuteur. Il n'est de sa mère, ou sous l'autorité d'un tuteur. Il n'est pas prudent de prêter au fils de famille. Mon amant dans l'état où l'on voit très souvent les fils de famille [sans argent], Molière, Scapin, III, 3.

      Voy. aussi FAMILLE, pour un autre sens,

      Fils de France, enfant mâle du roi de France.

      Fils naturel, fils né hors du mariage. François Pizarre, le plus connu de tous, était fils naturel d'un gentilhomme d'Estramadure, Raynal, Hist. phil. VII, 4.

      Autrefois, fils de maître, celui qui, étant fils de maître dans quelque art ou métier, avait, quant à la maîtrise, certains droits et priviléges.

      Fig. Être fils de maître, avoir les mêmes talents que son père.

      Petit-fils, voy. PETIT.

      Arrière-petit-fils, voy. ce mot à son rang.

      Beau-fils, l'enfant mâle d'un premier mariage, par rapport, dans un second mariage, soit au mari, soit à la femme.

      Se dit aussi, abusivement, du gendre.

      Il n'est fils de bonne mère qui… il n'est aucun homme honnête qui… Il n'est fils de bonne mère qui ne voulût s'être conduit ainsi. D'un tel combat le prince est spectateur ; Chacun y court ; n'est fils de bonne mère Qui, pour le voir, ne quitte toute affaire, La Fontaine, Belph. Il n'est fils de bonne mère qui n'abandonne tout pour être présenté, faire sa révérence, avec l'espoir fondé, si elle est agréée, d'emporter pied ou aile, comme on dit, du budget, Courier, Lett. VIII.

      Il est fils de son père, il ressemble à son père tant pour le visage que pour les inclinations.

    • 2Fils en Jésus-Christ, se dit des fidèles par rapport à leurs pères spirituels.

      Particulièrement, fils en Jésus-Christ, terme dont se sert le pape en parlant du souverain de la France. Notre fils en Jésus-Christ, Louis quatorzième, roi de France.

      Le Fils aîné de l'Église, titre des rois de France (Fils prend ici une majuscule).

      Terme de l'Écriture. Le fils de l'homme, Jésus-Christ. Il faut que le fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres, Sacy, Bible, Év. St Luc, IX, 22. Alors on verra le fils de l'homme venir sur une nuée avec une grande puissance et une grande majesté, Bourdaloue, Myst. Pass de Jésus-Christ, t. I, p. 229.

      Le fils de Dieu, Jésus-Christ. Il a fallu qu'il [Jésus] ait passé par les souffrances pour entrer en sa gloire, et, quoiqu'il fût fils de Dieu, il a fallu qu'il ait appris l'obéissance, Pascal, Lett. à Mme Perier, 17 oct. 1651.

      Fils de Dieu, chez les Hébreux, a aussi signifié homme de bien. Fils de Satan, fils de Bélial, méchant homme.

    • 3Celui qu'on regarde ou qu'on aime comme son fils. Vous retrouverez en lui le fils que vous avez perdu.

      Mon fils, manière amicale dont les personnes d'un certain âge ou d'un caractère vénérable adressent la parole à un jeune homme ou à un homme qui n'est pas leur fils. Mon fils, lui dit-elle, ne dédaignez pas mes avis. Mon disciple, mon fils, Viens réparer ma honte, Chapelain décoiffé, sc. 3 (dans les Œuvres de BOILEAU)

      Mon fils, n'est quelquefois qu'un terme d'amitié ou de prière. Mascarille : Je vous baise les mains, je n'ai pas le loisir. - Lélie : Mascarille, mon fils. - Mascarille : Point. - Lélie : Faismoi ce plaisir, Molière, l'Ét. II, 7.

      Mon fils, dans le langage familier, se dit quelquefois en parlant à soi-même. Figaro : Allons, Figaro, vole à la fortune, mon fils, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 6.

      V. Hugo (Légende des siècles, Bivar) a employé fils au sens de jeune homme, ou valet, comme on disait au moyen âge : Aucun sommet n'était trop haut pour votre taille, Et vous étiez un fils d'une telle fierté, Que les aigles volaient tous de votre côté.

    • 4 Poétiquement. Les fils de Mars, les guerriers.

      Les fils de la victoire, les guerriers que la victoire favorise. Honneur au fils de la victoire ! à la beauté rendons honneur ! Delavigne, Paria, III, 7.

      Les fils d'Apollon, les poëtes.

      Les fils de l'harmonie, les musiciens, et même les poëtes.

    • 5Se dit aussi pour désigner simplement le sexe masculin, un enfant mâle, un garçon. De ce mariage naquirent deux fils et une fille.
    • 6Un beau fils, un jeune homme élégant et recherché dans sa toilette. Il fait le beau fils. Là, là, n'en riez point ; autrefois, en mon temps, D'aussi beaux fils que vous étaient assez contents, Et croyaient de leur peine avoir trop de salaire, Quand je quittais un peu mon dédain ordinaire, Corneille, Mélite, V. 7. Bien disant et beau fils, La Fontaine, Tabl. Le voilà, le beau fils, le mignon de couchette, Molière, Sgan. 6. Et quel est ce beau fils qui cause tant de flamme ? Montfleury, le Mari sans f. III, 7.
    • 7Dans le style élevé, celui qui est de tel ou tel pays. Les fils d'Albion, les Anglais. Mais moi fils du désert, moi fils de la nature, Qui dois tout à moi-même et rien à l'imposture, Ducis, Othello, II, 7.

      Descendant, issu de telle ou telle race. Et tu pourras connaître Qui de nous deux, perfide, est l'esclave ou le maître… Et si le fils des rois punit les assassins, Voltaire, Mérope, V, 2. Fils des rois et des dieux, mon fils, il faut servir, Voltaire, ib. V, 4.

    • 8Dans la mythologie, les fils de la terre, les géants qui voulurent escalader le ciel.

      Fig. Un fils de la terre, un homme obscur qui s'est élevé à un haut rang. Quoi donc ! je l'aurai vu citoyen mercenaire, Du travail de ses mains nourrissant sa misère ; Et la guerre civile aura dans ses horreurs Mis ce fils de la terre au faîte des grandeurs, Voltaire, Agathocle, I, 1.

      S'emploie dans le style biblique avec un nom de qualité bonne ou mauvaise pour désigner celui qui possède cette qualité. Fils de rébellion, rebelle.

    • 9 Fig. Fils de… se dit de celui qui est produit par…, qui doit à… Et cet homme inconnu, ce fils heureux du sort Condamne insolemment ses maîtres à la mort, Voltaire, Catilina, V, 1.

      Il est fils de ses œuvres, se dit d'un homme qui ne doit qu'à lui-même la position à laquelle il est arrivé. Mes fils, du sort jaloux bravant le long outrage, Seront avec le temps les fils de leur courage, Chénier M. J. Œdipe roi, V, 3.

    • 10 Fig. Il se dit de ce qui est produit par. Le luxe est fils de la vanité. Ma main donne au papier, sans travail, sans étude, Des vers, fils de l'amour et de la solitude, Chénier, Élég. XVI.

    HISTORIQUE

    XIe s. Enveions i les filz de nos moillers [femmes], Ch. de Rol. III.

    XIIe s. Mais onc [il] n'ot fil ne fille de sa franche moillier, Sax. IV. E ses fiz est morz, Rois, p. 236. En ces jors se leva Mathathie li fiz de Joan, fil de Simon, Machab. I, 2. E li fil d'els desque en secle serrunt sur le tuen siege, Liber psalm. p. 208.

    XIIIe s. Biaus très dous fils, fait-elle, comment osas penser… ? Berte, III. Quant mi fil seront grant, [je] ferai les marier, ib. XCVII. Cil roys Loeys ot de femme deus fius, Chr. de Rains, p. 2. Tuit li enfant jusqu'au tiers nevoz sont apelez fiz, et li autre sont apelé deçadant, Liv. de just. 225. Et li fix du fil au fil mon fil [le fils du fils du fils de mon fils] m'est el quart degré en avalant, Beaumanoir, XIV, 4.

    XIVe s. Filz de lisce [fils de femme publique], Du Cange, filius.

    XVe s. Si n'estoit pas fils de bonne mere qui ne disoit de grans maulx et vilenies d'icelui duc, Monstrelet, t. II, p. 121, dans LACURNE. Guillaume dist au suppliant : Tu es un très mauvais filz, qui vaut aultant selon la coustume du pays : tu es un très mauvais filz de putain, Du Cange, filius.

    XVIe s. Laides et laids, visages deifiques, Filles et fils [garçons] en la fleur de jeunesse, Marot, I, 159. Non moins regardé, prisé et estimé de tout le monde pour estre honeste et bien appris, que pour estre beau filz, Amyot, Marcell. 2. Estre fils de prestre [répéter ce qu'on dit], Oudin, Dict. À pere amasseur fils gaspilleur, Cotgrave, Dict. Qui n'a qu'un seul fils le fait fol ; qui n'a qu'un porceau le fait gras, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 397. Il n'y a fils de bonne mere qui ne mette là son denier [à acheter des offices], Pasquier, Lettres, t. I, p. 642.

    Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

    Étymologie de « fils »

    Bourguig. fi ; picard, fieu, fiu ; provenç. fils ; catal. fill ; espagn. hijo ; portug. filho ; ital. figlio ; du latin filius. À cause de la forme ombrienne felius, des étymologistes ont rattaché filius à fellare, teter, sanscrit dhê, teter. Dans l'ancien français, fils ou fis ou fius, au nominatif singulier ; fil, au régime singulier ; fil, au nominatif pluriel ; fils ou fis, au régime pluriel. La forme actuelle fils est le nominatif singulier de l'ancienne langue.

    Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

    (Nom commun 1) (Xe siècle) Du moyen français fils, de l’ancien français fils (cas sujet), fiz, fil, du latin fīlius (« fils, enfant »), puis « descendant » en bas-latin.
    La forme actuelle représente l’ancien cas sujet de l’ancien français conservé en raison de son emploi fréquent comme vocatif et probablement aussi pour éviter la confusion avec fil.
    (Nom commun 2) De l’arabe فلس, du latin follis. Voir aussi fals.
    Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

    Phonétique du mot « fils »

    Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
    fils fis

    Fréquence d'apparition du mot « fils » dans le journal Le Monde

    Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

    Évolution historique de l’usage du mot « fils »

    Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

    Citations contenant le mot « fils »

    • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
      Sacha Guitry — Beaumarchais
    • Cependant, les fortes chaleurs étaient venues. Une après-midi de juin, un samedi que l’ouvrage pressait, Gervaise avait elle-même bourré de coke la mécanique, autour de laquelle dix fers chauffaient, dans le ronflement du tuyau. […] On avait laissé ouverte la porte de la rue, mais pas un souffle de vent ne venait ; les pièces qui séchaient en l’air, pendues aux fils de laiton, fumaient, étaient raides comme des copeaux en moins de trois quarts d’heure.
      Emile Zola — L’Assommoir
    • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
      Jean Anouilh —  Antigone
    • La mère fait du tricotLe fils fait la guerreElle trouve ça tout naturel la mèreEt le père qu’est-ce qu’il fait le père ?Il fait des affairesSa femme fait du tricotSon fils la guerreLui des affairesIl trouve ça tout naturel le pèreEt le fils et le filsQu’est-ce qu’il trouve le fils ?Il ne trouve rien absolument rien le filsLe fils sa mère fait du tricot son père fait des affaires lui la guerre Quand il aura fini la guerreIl fera des affaires avec son pèreLa guerre continue la mère continue elle tricoteLe père continue il fait des affairesLe fils est tué il ne continue plusLe père et la mère vont au cimetièreIls trouvent ça naturel le père et la mèreLa vie continue la vie avec le tricot la guerre les affairesLes affaires la guerre le tricot la guerreLes affaires les affaires et les affairesLa vie avec le cimetière.
      Jacques Prévert — « Familiales »
    • Herbert continua à s'affairer sur les fils qui devaient être reliés à la prise cathodique du cercueil. 
      Philip K. Dick — Ce que disent les morts
    • Étant à la maison, assise à table dans son attitude rigide nouvelle tandis que le mari, le dos tourné, la chemise sortant du pantalon, les mains enfouies dans les poches, muet, se contentait de toussoter de temps en temps et que son plus jeune fils sur le divan, dans un coin, lisait un album de Mickey, les doigts dans le nez, là, elle cognait méchamment du doigt sur la table souvent et soudain mettait les mains sur ses joues.
      Peter Handke — Le Malheur indifférent
    • Qu'est-ce que j'ai fait à Dieu pour avoir mis au jour un fils si coupable !
      Anatole France — Révolte anges
    • SCAPIN — C'est à vous, Monsieur, d'aviser promptement aux moyens de sauver des fers un fils que vous aimez avec tant de tendresse.GÉRONTE — Que diable allait-il faire dans cette galère ?SCAPIN — Il ne songeait pas à ce qui est arrivé.GÉRONTE— Va-t'en, Scapin, va-t'en vite dire à ce Turc que je vais envoyer la justice après lui.SCAPIN— La justice en pleine mer ! Vous moquez-vous des gens ?GÉRONTE— Que diable allait-il faire dans cette galère ?
      Molière — Les fourberies de Scapin
    • JOCASTE (se frappant) — Et moi, je me punis.Par un pouvoir affreux réservée à l’inceste,La mort est le seul bien, le seul dieu qui me reste.Laïus, reçois mon sang, je te suis chez les morts :J’ai vécu vertueuse, et je meurs sans remords.LE CHOEUR — Ô malheureuse reine ! ô destin que j’abhorre !JOCASTE — Ne plaignez que mon fils, puisqu’il respire encore.Prêtres, et vous Thébains, qui fûtes mes sujets,Honorez mon bûcher, et songez à jamaisQu’au milieu des horreurs du destin qui m’opprime,J’ai fait rougir les dieux qui m’ont forcée au crime.
      Sophocle — Œdipe-roi
    • Ainsi parle-t-il, triomphant, tandis que l’ombre couvre les yeux d’Iphition et que les chars des Achéens le déchirent sous les jantes de leurs roues, aux premiers rangs de la bataille. Aprèslui, Achille s’en prend à Démoléon, vaillant défenseur des siens au combat, fils d’Anténor. Il le pique à la tempe, en traversant son casque aux couvre-joues de bronze. Le casque de bronze n’arrête pas la pointe qui le perce, furieuse, et brise l’os ; la cervelle au dedans est toute fracassée : l’homme est dompté en plein élan. C’est ensuite Hippodamas –qui vient de sauter de son char et qui s’enfuit devant lui –qu’il frappe au dos de sa pique. L’homme exhale sa vie en un mugissement ; tel mugit le taureau que les jeunes gens traînent en l’honneur du seigneur d’Hélice et qui réjouit l’Ébranleur du sol ; c’est avec un mugissement pareil que sa noble vie abandonne ses os.
      Homère — L’Iliade
    Voir toutes les citations du mot « fils » →

    Traductions du mot « fils »

    Langue Traduction
    Anglais son
    Espagnol hijo
    Italien figlio
    Allemand sohn
    Chinois 儿子
    Arabe ابن
    Portugais filho
    Russe сын
    Japonais 息子
    Basque semea
    Corse figliolu
    Source : Google Translate API

    Antonymes de « fils »

    Combien de points fait le mot fils au Scrabble ?

    Nombre de points du mot fils au scrabble : 7 points

    Fils

    Retour au sommaire ➦