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Mettre

Définitions de « mettre »

Trésor de la Langue Française informatisé

METTRE, verbe

1reSection. Emploi trans. [Le suj. désigne l'agent ou la cause] Agir de façon à établir ou modifier (la localisation, la disposition, l'état, la fonction, la situation de quelque chose ou de quelqu'un).
I. − Faire passer en un lieu, un endroit, en une place. Synon. placer, ficher3(fam.), foutre1(vulg.).
A. −
1. Mettre qqc./qqn + compl. prép.
a) [Avec la prép. à]
α) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Il vous fait mettre au jour pour mieux voir l'enfant, qui ouvre et referme ses globes d'yeux de petit chat (Goncourt, Journal, 1860, p.831).
Au fig. Mari terrible, maître détestable, jaloux, capricieux, inquiet sans relâche (...), quelle grandeur lui restait-il, à lui qui voulait tout mettre à ses pieds? (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.333).
SYNT. Mettre qqc. ou qqn à l'eau, à la mer, à l'ombre, à terre; mettre qqc. ou qqn à la droite de, à la gauche de, à l'avant de, à l'arrière de; mettre qqc. ou qqn à tel endroit, à telle place.
Loc. Mettre chaque chose, chacun à sa place*; mettre une chose, une personne à la place* d'une autre; mettre qqc. ou qqn aux mains de qqn (v. main).
β) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Et les deux messieurs, ayant mis serviette au col, comme les vachers, commencèrent de dîner (Montherl., Célibataires, 1934, p.741).V. gracieux I A 2 ex. de Erckmann-Chatrian.
SYNT. Mettre qqc. au panier, au pilon, à la poubelle; mettre qqc. au four, au réfrigérateur; mettre de l'argent à la banque, un bagage à la consigne, un poulet à la broche, la poule au pot, un sac au dos, un tableau au mur; mettre la corde au cou d'un condamné.
Loc. Mettre qqc. au clou*; mettre l'eau à la bouche*; mettre l'épée, les armes à la main*; mettre le marché à la main*.
ÉLECTR. Mettre un fil à la masse*, à la terre*.
γ) [Le compl. dir. désigne un animé] On me mettait à mon poste. Je posais mon fusil désarmé à côté de moi, et je rêvais (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.242).Annouchka, après m'avoir déshabillée et mise au lit, s'en allait dans la cuisine, et je restais seule, enserrée par les pièces obscures de la maison (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.275).
SYNT. Mettre un élève au coin, au piquet; mettre un enfant au collège, à l'école; mettre une fille au couvent; mettre qqn à l'asile, à Charenton; mettre qqn au bagne, à la Bastille, au cachot, à l'ombre, au violon (pop.); mettre qqn au lit, à l'hôpital, au tombeau; mettre qqn à terre.
Loc. Mettre un animal, une personne au bout de son fusil. Prendre un animal, une personne pour cible. (Dict. xixeet xxes.). Mettre qqn à la lanterne*. Au fig. Mettre la puce* à l'oreille; mettre qqn le dos* au mur; mettre qqn au pied du mur*; mettre qqn aux champs (v. champ).
Vieilli ou région. Mettre qqn à lieu de faire qqc. Placer quelqu'un en situation de faire quelque chose. Votre père doit sentir l'importance d'une position qui peut vous mettre à lieu de réparer le mal que la Révolution a fait à votre fortune (Chateaubr., Corresp., t.1, 1803, p.99).
Rem. V. aussi infra I A 1 c.
δ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps, en partic. dans des loc.] Mettre genou à terre; mettre la main au cul, au panier (vulg.). Les enfants devaient (...) se garder de chercher au-delà, et surtout de mettre l'œil aux fenêtres et au trou des serrures (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p.70).
Loc. Mettre pied à terre. Au fig. En mettre la main* au feu; mettre la main* à la plume; mettre la main au collet*; mettre le pied à l'étrier*.
ε) [Sans compl. d'obj. dir.] Loc., MAR. Mettre à la cape (v. cape2); mettre à terre*.
b) [Avec la prép. dans]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Il supposait que sa nièce, sans autre domicile actuel que le château de la vieille cousine, mettrait tout cela dans quelque local en attendant qu'elle se fût mariée (Montherl., Célibataires, 1934, p.782).
Au part. passé. Pourquoi le pantalon mis dans les bottes a-t-il un rapport fatal avec le débordement de l'esprit? Quelle peut être l'influence du cuir sur le cerveau? Problème (Flaub., Corresp., 1872, p.426).
SYNT. Mettre un billet dans son portefeuille; mettre la clé dans la serrure, de l'eau dans une carafe, un gâteau dans le four, son linge dans une armoire, un livre dans sa serviette, ses lunettes dans leur étui, son mouchoir dans la poche, des papiers dans un coffre, dans un tiroir, du vin dans un fût; mettre du coton dans ses oreilles.
Loc. fig. Mettre des bâtons dans les roues (v. bâton); mettre les petits plats dans les grands (v. plat2); mettre tous ses oeufs dans le même panier (v. oeuf); mettre l'épée* dans les reins; mettre du plomb* dans la tête de qqn; mettre qqc. dans la tête* de qqn.
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un oiseau dans une cage; mettre un malade dans son lit; mettre qqn dans une belle chambre. Ainsi je porte et pousse le temps, espérant vous voir, désirant vous embrasser et vous mettant dans tous mes songes, quand ils valent la peine d'y mettre mes amis (Chateaubr., Corresp., t.1, 1804, p.200).On le remporte dans une couverture à la maison. Là, il est mis dans une pension à Lagny (Goncourt, Journal, 1864, p.61).
Loc. Mettre qqn dans ses meubles (v. meuble). Au fig. Mettre qqn dans de beaux draps (v. drap); mettre qqn dans la gueule* du loup; mettre qqn dans sa poche*; mettre qqn dans son lit*; mettre tout le monde dans le même sac*.
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre ses mains dans les poches. Je mis ma tête dans mes deux mains, et je pleurai de ce que j'avais été jusque-là si mauvais (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.179).Ce qu'il faut, c'est marcher posément, comme un homme posé, en regardant où on marche, pour ne pas mettre le pied dans une bouse de vache (Aymé, Jument, 1933, p.97).P. exagér. Fichtre! déclara Zacharie, quand il eut mis le nez dans son bol, en voilà un qui ne nous cassera pas la tête! (Zola,Germinal,1885, p.1150).
Loc. fig. Mettre le doigt, la main dans l'engrenage*; mettre son nez* dans les affaires des autres; mettre les pieds dans le plat (v. plat2).; mettre à qqn le nez* dans son caca, dans son/ses ordure(s).
c) [Avec la prép. en]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre du blé en sac, du vin en bouteille; mettre des données en mémoire; mettre qqc. en main(s). L'avoine et le blé furent coupés et mis en grange sous un ciel clair, sans éclat (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.109).P. métaph. Telle était sa destinée, son entraînement, sa cadence, de mettre l'univers en bouteille, de l'enfermer par un bouchon et puis tout raconter aux foules... (Céline, Mort à crédit, 1936, p.405).
Loc. Organ. du travail.Mettre en mains. Distribuer le travail par lots, par tranches, au premier poste de travail d'une série (d'apr. Rama 1973). Au fig. Mettre le marché en main(s)*; mettre une idée* en tête à qqn.
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un condamné en prison; mettre les enfants en bout de table. Les Bretons mirent en mer plus de douze cents hommes, sous les ordres du sire de Penhouet (Barante, Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.323).Dans le cas où la famille n'habitait pas avec le défunt, elle se présentait à l'heure indiquée, qui était celle du départ pour le cimetière, le corps ayant été lavé et mis en bière (Camus, Peste, 1947, p.1358).Tartaglia, son seul émule, mis en terre voici tantôt vingt années (Arnoux, Seigneur, 1955, p.66).
Loc. Mettre qqn en lieu de faire qqc. (région.). Synon. de mettre qqn à lieu de faire qqc. (supra I A 1 a γ).Il s'arrêtait après avoir parlé de ses fils qu'il mettrait tous en lieu de vivre sur le vieux bien, sur sa concession des Frênes, sur son beau plan de terre du pied des monts (F.-A. Savard, Menaud Maître-Draveur, 1964, p.96 ds Richesses Québec 1982, p.1564).Au fig., fam. Mettre qqn en boîte*.
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre genou* en terre.
d) [Avec la prép. sous]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre une lettre sous enveloppe; mettre qqc. sous pli cacheté. Loc. proverbiale. Mettre un grain de sel sous la queue d'un oiseau. Que peuvent contre un tel homme policiers ou gendarmes? Autant lutter de malice avec un lièvre hors du gîte, autant mettre un grain de sel sous la queue d'un martin-pêcheur!(Bernanos, M. Ouine, 1943, p.1429).
Loc. Mettre la clé* sous la porte; mettre qqc. sous clé*; mettre un ouvrage sous presse*; mettre qqc. sous le nez*, sous les yeux de qqn (v. œil).
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Viens d'abord te mettre sous les armes. Comme on dit: tu feras l'épreuve de tes charmes(Augier, Philiberte, 1853, p.179).
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre sa tête sous le couperet. Au fig.:
1. ... tout triomphe, quelque petit, quelque momentané qu'il soit, intéresse toujours une femme, et (...) ne pouvant y prétendre par elle-même, elle aime à s'associer à ceux des hommes et à mettre sa tête sous la même couronne, qu'elle soit en or ou en gazon... Karr, Sous tilleuls, 1832, p.273.
Loc. fam. Mettre les pieds sous la table (v. pied).
e) [Avec la prép. sur]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre une casserole sur le feu, la clé sur la porte, une nappe sur la table, une pendule sur la cheminée; mettre des objets les uns sur les autres; mettre qqc. sur un socle. [Les marchands] prennent le beurre avec les mains et le mettent sur une feuille (Delacroix, Journal, 1832, p.128).Mettre un disque sur le tourne-disque, sur le plateau, p. ell. mettre un disque. [P. méton.] Je m'empare de ce disque, je mets sur un autre plateau le rythme fort paisible d'une brave péniche (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, 28).Mettre du + nom propre.Après, pour varier, je lui mets du Georges Milton: Dis, c'est toi qui t'appelles Émilienne, puis Pour promener Toto, j'ai une auto de Georgius (San Antonio, Pleins feux sur le tutu, Paris, Fleuve Noir, 1984, p.90).
Loc. Mettre les scellés (sur des biens) (v. scellé). Au fig. Mettre les clefs sur la fosse de qqn (v. clé); mettre cartes sur table (v. carte); mettre du coeur sur le carreau*; mettre le grappin* sur qqn; mettre qqc. sur le métier*, sur le tapis*; mettre une affaire sur les bras* de qqn; mettre le couteau, le poignard sur la gorge*; mettre une faute sur le dos* de qqn.
P. anal. Mettre un nom sur un visage. Identifier, après l'avoir vue, une personne dont on connaît le nom. Tout Paris varié (...) se trouvait là avec un nom à mettre sur chacune de ces figures (A. Daudet, Nabab, 1877, p.18).La même difficulté que j'éprouvais à mettre le nom qu'il fallait sur les visages semblait partagée par toutes les personnes qui apercevaient le mien (Blanche, Modèles, 1928, p.130).
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un enfant sur sa chaise, un patient sur la table d'opération; mettre un perroquet sur son perchoir. Au fig. Le bon Dieu vous récompensera de votre peine, dit-il. C'est lui qui vous a mis sur mon chemin, en un moment où le courage m'abandonnait (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p.169).V. cul ex. 11.
Loc. fig. Mettre qqn sur la paille*; mettre qqn sur le pavé*; mettre qqn sur un piédestal*.
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les coudes sur la table. Les soldats mirent la main sur l'épaule de don Pierre pour le faire marcher (Gobineau, Pléiades, 1874, p.222).En mettant le pied sur le quai (...) j'entendis sonner midi (Maupass., Sur l'eau, 1888, p.323).Au fig. Il faut tout vous dire! Il faut vous mettre le nez sur les choses pour que vous les compreniez (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.162).
Loc. Mettre un doigt sur ses lèvres (v. lèvre); mettre la main* sur qqc., sur qqn. Au fig. Mettre le doigt* sur qqc.
f) [Avec d'autres prép. ou loc. prép.]
α) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Tiens, bois... dit le père en mettant devant son fils une bouteille de vin (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.630).
Au fig. Mise devant l'évidence, par les paroles de Marguerite, par sa pitié plus encore que par l'avertissement de la nature, il n'y avait plus de place en elle pour des regrets ou de la honte (Roy, Bonheur occas., 1945, p.329):
2. Le Sacre et ce Dix-huit Brumaire radieux, Beau jour (...) Où le dieu Mars mis par la Chambre hors la Loi Mit la Loi hors la Chambre Verlaine, Œuvres compl., t.1, Jadis, Paris, Messein, 1884, p.340.
SYNT. Mettre qqc. ou qqn par terre; mettre une personne, une chose avec, contre, derrière, devant qqc. ou qqn; mettre une chose, une personne entre, parmi d'autres choses, d'autres personnes; mettre une chose, une personne à côté de, au-dessous de, au-dessus de, auprès de, en face de, face à, hors (de), loin de, (tout) près de, vis-à-vis de qqc. ou qqn; mettre une chose, une personne au milieu d'autres choses, d'autres personnes; mettre des personnes, des choses autour de qqc. ou qqn.
Loc. fig. Mettre qqc. ou qqn entre les mains de qqn (v. main); mettre la charrue devant/avant les boeufs (v. boeuf); mettre qqn devant le fait* accompli.
β) [Le compl. dir. désigne une partie du corps.] Mettre les mains devant les yeux; mettre ses mains derrière le dos. Le mieux est d'aller dormir. (...) je ne peux plus mettre un pied devant l'autre... la nuit porte conseil (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p.228).
Loc. Mettre le(s) pied(s) chez qqn; ne plus mettre les pieds chez qqn. V. pied.
2. Mettre qqc./qqn + adv., loc. adv., pron. adv., pron.
a) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] − Brusquement. − Je mets ce citron là! Il le dépose sur la table (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, i, 8, p.14).Non, pas de bouteille: où veux-tu que je les mette? Je ne peux pas porter ça à la main (Giono, Colline, 1929, p.152).
SYNT. Mettre qqc. ou qqn ailleurs, dedans, dehors, dessous, dessus, ici, là; mettre qqc. alentour, en bas, en haut, là-bas, là-dessous, là-dessus, là-haut; mettre des choses bout à bout; mettre qqc. quelque part; ne pas savoir où mettre qqc./qqn.
Loc. Un temps à ne pas mettre un chien dehors. Au fig., pop. Mettre qqn dedans*; en mettre plein la vue*.
b) [Le compl. dir. désigne une partie du corps, en partic. dans des loc.] Mettre le doigt, le nez dessus; mettre le nez*, le pied* dehors. Ce dessin de Forain, un larbin assis sur l'oreiller du lit de sa maîtresse: − Je mets mon derrière où elle met sa figure (Barrès,Cahiers,t.14, 1922, p.62).Elles nous en veulent: elles ne mettent plus les pieds ici. Je suis privée de mes petits-enfants (Mauriac,Noeud vip.,1932, p.40).Ces messieurs qui viennent à bord des navires sans rien connaître à la mer, donnent des ordres au nom de la compagnie et mettent leur nez partout (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.22).Le rapport doit encore se trouver dans le bureau de mon secrétaire, mais je serais incapable de mettre la main dessus (Simenon,Vac. Maigret,1948, p.32).
Loc. fig. Ne plus savoir où mettre la tête*.
B. − En partic.
1. Disposer, poser (à l'endroit approprié).
a) Disposer (les éléments d'un service de table) en vue, au cours d'un repas.
α) Mettre qqc. + compl. prép. ou adv. de lieu.Mettre une cafetière, une carafe, une nappe, une soupière, des tasses, des verres sur la table. Le couvert était mis dehors, sous le porche de la cuisine (Martin du G.,Thib.,Épil., 1940, p.843).
β) [Sans compl. second.] Synon. de dresser.
Mettre le couvert. Le couvert était mis, trois bols sur la nappe blanche (Zola,Germinal,1885, p.1195).Paul met le couvert; Gabriel boit, à cheval sur une chaise, le corps tassé, l'air abruti (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.151).
[P. méton. du compl. dir.] Mettre la table. La table était mise chez les Thiriet dans la grande cuisine du rez-de-chaussée: une grande table comme pour une noce (Moselly,Terres lorr.,1907, p.290).Laisse Juliette tranquille! Va mettre la table: comme un grand garçon que tu es, vite... va... (Triolet,Prem. accroc,1945, p.71).
Au part. passé. Elle la lisait [la lettre d'Henriette Briss] devant la table mise, les deux couverts en face l'un de l'autre (A. Daudet,Évangéliste,1883, p.144).
b)
α) Disposer (un vêtement, un accessoire vestimentaire, un ornement, etc.) sur (le corps de) quelqu'un. Mettre une brassière, un maillot, un pyjama à un enfant; mettre une alliance, une bague au doigt de qqn; mettre une couronne, un diadème au/sur le front de qqn; mettre un collier à qqn; mettre une armure, une cuirasse à qqn. Félicie Nanteuil (...) donnait le pied à (...) l'habilleuse, qui lui mettait de petits souliers noirs à talons rouges (A. France,Hist. comique,1903, p.1).V. bonnet ex. 9, gant ex. 2.
P. anal. Mettre des menottes à qqn; mettre des chaînes à un prisonnier, des entraves à un animal. Ils deviendront fous très-rapidement, et on leur mettra la camisole de force pour aller à l'Institut les jours de séance (Murger,Scènes vie boh.,1851, p.181).V. chenapan ex. de Martin du Gard.
[Sans compl. indir.] Disposer (ses propres vêtements, un accessoire vestimentaire, un ornement, etc.) sur son corps. Liliane avait mis son chapeau, pris son châle et son ombrelle (Gobineau,Pléiades,1874, p.122).Mon Dieu, puisque tu vas voir des amis, j'aurais pu mettre un autre mantelet. J'ai l'air un peu malheureux avec cela (Proust,Guermantes 1,1920, p.309).Les chevaux sont prêts. Debout! Allez mettre un autre costume (Claudel,Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 3, p.1009).
SYNT. Mettre un/son blouson, une/sa chemise, un/son gilet, des/ses habits, un/son paletot, une/sa veste, des/ses vêtements; mettre une/sa casquette; mettre des/ses gants; mettre des/ses bas, des/ses bottes, des/ses chaussettes, des/ses chaussures, des/ses souliers; mettre des/ses bretelles, une/sa ceinture, une/sa cravate; mettre des/ses boucles d'oreilles, des/ses boutons de manchettes, un/son bracelet, un/son collier.
P. anal. Mettre son dentier; mettre un casque, des gants de boxe, un masque, une perruque. Il prit le papier officiel, mit ses lunettes, toussa (...) et lut (Balzac,Gobseck,1830, p.403).
En partic. Porter habituellement. Son idéal serait un homme qui se ferait tous les jours la barbe, ne mettrait que des chapeaux à la campagne et jamais une casquette, un parfait patron d'un journal de modes (Goncourt,Journal,1860, p.762).
[Le compl. dir. désigne une pers.] Mettre qqn en + subst.Mettre qqn en civil, en tenue, en uniforme. Loc. fig. Mettre qqn en brassière*.
β) Appliquer (un produit de beauté, d'hygiène, de soin) sur le corps, une partie du corps de qqn, sur soi. Mettre du fard à un acteur, un comédien; mettre du fond de teint, de la poudre; mettre du déodorant, du parfum; mettre une crème; mettre de la pommade; mettre un cataplasme, un emplâtre, un pansement, un suppositoire. Infra ex. 22:
3. Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni; Entonne, orgue enroué, des te deum splendides; Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides; Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni;... Verlaine,Poèmes saturn.,1866, p.81.
2. Placer en lançant. Synon. envoyer.
a) [Le compl. dir. désigne un projectile] Mettre le ballon dans le but, dans la cage, au fond des filets; mettre une balle dans la cible; mettre une balle dans la tête de qqn. M. réussit à mettre le ballon dans les filets (L'Auto-vélo,31 déc. 1900ds Petiot 1982, s.v. filet).
Loc. Fam. Mettre un but (à l'adversaire). Synon. de marquer.Mettre 12 buts à 4 [à l'équipe adverse] (Esn.1960).Pop. Mettre + indication de score, d'avance au score (dans la vue) à l'adversaire. Dominer (l'adversaire) de (tel score, telle avance). Mettre trente essais dans la vue à l'équipe adverse (Esn.1960, s.v. vue).
[Sans compl. dir.] Celui qui met le plus souvent dans sa casquette est proclamé roi de la chasse, et rentre le soir en triomphateur à Tarascon, la casquette criblée au bout du fusil (A. Daudet,Tartarin de T.,1872, p.7).Mettre en corner. V. charge I B 2 b ex. de Montherlant.Loc. fam. Mettre dans le mille. V. mille1.
b) [Le compl. dir. désigne un coup] Pop. Mettre des coups, une gifle, des gnons à qqn. [Si mon père, à ma libération] me voyait radiner avec c'te boudin? (...) J'aurais que l'temps d'baisser mon froc pour qu'y m'mette sa godasse! (Fombeure,Soldat,1935, p.162).
En mettre (à qqn). Et coups de poing de trotter sur les gueules, et je t'en mets, rends-m'en z'y, que c'était comme une bénédiction (Stéphane,Ceux du trimard,1928, p.65).
Au fig. Synon. (fam.) de passer.Elle tapa quelques lignes de l'article. «Peut-on concevoir brutes plus sinistres que les officiers supérieurs qui condamnèrent Dreyfus?» Qu'est-ce qu'il leur met, pensa-t-elle égayée (Sartre,Sursis,1945, p.51).
Loc. Mettre la/sa main sur (le coin de) la gueule* de qqn (pop.); mettre son pied au cul*/dans le cul* de qqn (pop.). Au fig. Mettre qqn aux cent coups (v. coup); en mettre un coup*.
3. [Le compl. dir. désigne une distance, une durée]
a) Mettre une distance, une durée entre soi et qqc./qqn. S'éloigner de. En quatre heures, ils mirent une quinzaine de lieues entr'eux et Valence, et se trouvèrent dans la campagne à l'abri de toute poursuite (Balzac,Annette,t.4, 1824, p.113).
b) Fam. (notamment dans le vocab. des sports). Mettre + indication de distance, de temps (dans la vue) à qqn. Prendre sur quelqu'un une avance de. Il me met 3 secondes par tour (Trintignant,Pilotes de courses,1957ds Petiot 1982).
4.
a) Conduire quelque part, dans un lieu précis. Mettre un cheval à l'écurie; mettre les vaches au pré, dans un parc; mettre qqn dans tel lieu, dans le train; mettre sa voiture au garage; mettre un véhicule à la fourrière. C'était une jeune femme qui lui ressemblait (...). Un homme, jeune aussi, vint la rejoindre. Ce devait être un voyage de noces, la mère les accompagnait, venait les mettre au wagon (A. Daudet,Fromont jeune,1874, p.228).− Où sommes-nous? dit-elle. − Nous devons être loin de tout (...). Où voulez-vous que je vous mette? Elle demanda qu'il la mît à une station (A. France,Anneau améth.,1899, p.365).Mathieu (...) attendait qu'elle donnât une adresse, pour la transmettre au cocher (...). Puis, comme elle lui demandait s'il voulait qu'elle le mît quelque part, il dit qu'il se rendait chez les Séguin (Zola,Fécondité,1899, p.535).
b) Diriger, orienter. Au fig. Mettre qqn sur un sujet. Faire parler quelqu'un d'un sujet. [P. méton.] Je mis la conversation sur les voleurs de grand chemin (Mérimée,Carmen,1845, p.9).
Loc. Mettre qqn dans le bon, le droit chemin*; mettre qqn sur la (bonne) piste*; mettre qqn sur la voie*.
c) Porter quelque chose quelque part, à un endroit précis. Mettre une lettre, un paquet à la poste; mettre un mot à qqn. V. lettre ex. 8.
5. Consacrer, affecter à une certaine fin.
a) [Le compl. dir. désigne ou spécifie une durée] Mettre qqc. à/pour + inf.Mettre des jours, des semaines, des mois à faire qqc.; mettre un bon quart d'heure, un temps appréciable pour faire qqc.; mettre longtemps à faire qqc.; mettre des siècles à se faire, à se défaire. Le divin Léonard mit quatre ans à faire ce portrait [la Joconde], qu'il ne pouvait se décider à quitter, et qu'il ne considéra jamais comme fini (Gautier,Guide Louvre,1872, p.27).Quarante-deux mille francs en billets de banque. Ils mirent deux bonnes heures pour additionner tout cela (Zola,Ventre Paris,1873, p.650):
4. C'est une manoeuvre, ça! Ils n'ont pas mis deux minutes à mouiller le canot. Et c'est vrai que le plus beau et le plus difficile c'est de larguer toutes les amarres d'une même longueur et en même temps, le plus vite possible, en douceur cependant, de façon à bien prendre l'eau. Mille,Barnavaux,1908, p.89.
[En tournure impers.] L'eau pousse... les étangs supérieurs donnent si fort que ça mettra du temps à passer (Genevoix,Raboliot,1925, p.8).
Loc., fam. Y mettre le temps*, tout le temps*, p. ell. mettre le temps*.
b) [Le compl. dir. désigne ou spécifie une somme d'argent] Mettre qqc. à + subst.Mettre une somme à un achat; mettre une somme à la loterie, au jeu. Combien de pères chez nous pourraient mettre cinq mille francs par an à l'éducation de leur fils? (Taine,Notes Anglet.,1872, p.151).Elle avait mis une grosse somme sur un cheval qui courait ce jour-là aux courses de Chantilly (A. France,Lys rouge,1894, p.332).Chichinette: Je voudrais faire dire une messe. Le Bedeau: Rien de plus simple (...) Combien voulez-vous mettre? Chichinette: Je ne sais pas au juste... j'irais bien jusqu'à vingt-cinq francs (Courteline, Œuvres compl.,t.8, Une Messe, Paris, Libr. de France, 1931, p.254).
[Sans compl. d'obj. dir.] Loc. Mettre au chapeau (vieilli). Payer son écot. Vidocq était l'ordonnateur du festin, pour lequel on s'était cotisé. Seul il n'avait pas mis au chapeau, mais il acquittait sa part d'abord en supériorité (...) en indications gastronomiques (...) en anecdotes ([L'Héritier], Suppl. Mém. Vidocq,t.1,1830, p.xlv).Mettre à la masse*.
Loc. Y mettre le prix*; p. ell. mettre le prix*. Au fig., pop. Mettre le paquet*. Y mettre du + pron. poss.Payer; payer de sa personne; apporter sa contribution à quelque chose. Lui, sans débourser de fait, y met beaucoup du sien (Courier,Pamphlets pol.,Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.73).Tel quel, dans son débraillé, ce journal avait une originalité une saveur particulière (...) que je ne pouvais que (...) banaliser en «y mettant du mien» (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.11).Au fig. Faire des concessions. Il me semble inutile de discuter tant que vous n'avez pas parlé à Perron, dit Samazelle; je suis convaincu qu'il y mettra du sien (Beauvoir,Mandarins,1954, p.210).
En partic. Placer (de l'argent) dans telle ou telle opération. Mettre une somme, son argent en actions, en rentes, dans l'immobilier, dans l'industrie; mettre (de l'argent) à la grosse aventure*. Si je te disais de mettre cent mille francs dans mon affaire, tu refuserais? (Zola,Germinal,1885, p.1202).
Vieilli. Mettre (de l'argent) dehors. Investir de l'argent dans (une affaire). En Italie, un manufacturier élève un bâtiment, achète des ustensiles, met dehors un capital considérable (Stendhal,Rome, Naples et Flor.,t.2, 1817, p.220).
c) Au fig. [Le compl. dir. désigne les dispositions mentales, psychiques ou morales de qqn]
α) Apporter (telle disposition, telle qualité) à la réalisation de quelque chose.
[Avec la prép. à + subst. ou inf.] Mettre de l'adresse, du coeur, tout son coeur, de l'énergie, de l'entêtement, son honneur, son point d'honneur, du plaisir, de l'orgueil, du soin, de la bonne volonté, de la mauvaise volonté, du zèle à (faire) qqc. Il a des rhumatismes. Mais il met sa coquetterie à ce qu'on ne s'en aperçoive point (Lemaitre,Contemp.,1885, p.210).Davis avait mis tout son soin à meubler sa cabine (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.29):
5. Quel dommage que dès le commencement, on n'ait pu s'entendre! Car si les royalistes avaient pensé comme les patriotes, si la cour y avait mis plus de franchise, et les adversaires moins de violence, bien des malheurs ne seraient pas arrivés! Flaub.,Bouvard,t.1, 1880, p.121.
[Avec la prép. dans + subst.] Mettre toute son âme, des/ses forces, son honneur, sa passion, son orgueil dans qqc. Il savait trop que ce mot n'aurait jamais de sens pour (...) ce coeur qui mettrait toute son énergie combative dans une passion qui broierait tous les obstacles afin de satisfaire cette passion (Vogüé,Morts,1899, p.386).
β) Placer (telle disposition de l'âme) dans/en quelque chose ou quelqu'un. Mettre ses espérances, de grands espoirs, sa foi en qqc. ou qqn; mettre sa gloire, son orgueil, sa vanité dans/en qqc. ou qqn. On a soin D'évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste De l'être en qui l'on met son bonheur (Verlaine, Œuvres compl.,t.1, Bonne chans., 1870, p.120).− J'ai mis ma confiance en Notre-Seigneur. − Et en vos calculs..., et dans les oracles des relations extérieures! (Adam,Enf. Aust.,1902, p.121).Des organisations ouvrières, dans lesquelles il mettait d'autant plus d'espoir qu'il n'en mettait aucun dans ceux qui depuis plusieurs siècles gouvernaient son pays (Malraux,Espoir,1937, p.465).
6.
a) Mettre qqc. à/dans/sur qqc.Ajouter une chose à une autre pour la compléter, la parfaire, la faire passer dans un état utile, l'adapter à une fonction:
6. Dieu! Dieu! Dieu! Le rocher où la lame déferle Compte sur lui; c'est lui qui règne; il fait la perle Et l'étoile pour les sondeurs; L'azur le voile; il met, pour que le tigre y dorme, De la mousse dans l'antre; il parle, voix énorme, À l'ombre dans les profondeurs. Hugo,Légende,t.5, 1877, p.893.
SYNT. Mettre un couvercle à une marmite, un manche à un balai, une rallonge à une table; mettre un bouton, une pièce à un vêtement; mettre un galon à une robe; mettre des rideaux aux fenêtres; mettre une sourdine à une trompette, à un violon; mettre un fer, un harnais à un cheval; mettre son sceau à qqc.; mettre du beurre, du sel dans le potage; mettre du bois, une bûche dans la cheminée, dans le feu; mettre de l'essence dans le réservoir d'une automobile; mettre du beurre sur un toast; mettre une nappe sur la table; mettre un timbre sur une enveloppe.
Loc. Mettre baïonnette au canon; mettre un bémol* (à qqc.); mettre un bouchon* (sur la bouche de qqn) (fam.); mettre un cachet* sur la bouche de qqn; mettre un cadenas* à la bouche de qqn; mettre son grain* de sel (dans la conversation) (fam.); mettre du foin dans ses bottes (v. botte2). Au fig. mettre de l'huile* sur le feu; mettre du beurre* dans les épinards (v. épinard) (fam.); mettre de l'eau* dans son vin (fam.); mettre tout son poids* dans la balance.
Pop. En mettre (+ adv. d'intensité). En faire trop. Synon. en rajouter, en remettre.En mettre tant et plus. Il est certain que, pour ce qui concerne au moins la première partie de chacun de ces poèmes [Les Contemplations] −car, étant romantique, il [Hugo] en met beaucoup trop − la douleur paternelle lui a arraché des cris comme elle en arrache rarement à l'âme humaine (L. Daudet,Ét. et mil. littér., 1927, p.181).Travailler beaucoup. Ils aiment et admirent ce patron pas comme les autres et qui «en met» autant que tous ses collaborateurs réunis (L. Daudet,Maurras, 1928, p.107).
Fam. Mettre au bout. ,,Compléter une somme d'argent`` (Carabelli, [Lang. pop.], s.d.).
Rare. [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre des chevaux à une voiture. [P. ell. du compl. indir.] Lamiel! qu'on mette les chevaux et qu'on aille chercher au village la petite Lamiel (Stendhal,Lamiel, 1842, p.63).
P. anal. et au fig. Mettre de la grâce dans ses gestes; mettre de l'esprit dans une conversation, de la gaieté dans une réunion. La pluie qui redoublait mettait sous la nef un frisson d'orgue (Zola,Faute Abbé Mouret, 1875, p.1474).Bien qu'un rien plus haut qu'un mètre, Le mignon drôle sait mettre Dans ses yeux l'éclair d'acier (Verlaine, Œuvres compl., t.2, Parall., 1889, p.189).Une voix intérieure me dit que j'ai eu grand tort de ne pas demeurer à mettre du baume dans l'âme de Juliette (Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p.74).V. bouche ex. 63.
Loc. Mettre l'accent* sur qqc.; y mettre des façons (v.façon). [Sans compl. indir.] Mettre les/des formes (v. forme). Mettre la dernière main à qqc., mettre le dernier trait à qqc. Faire les ultimes ajouts, apporter les ultimes retouches à une oeuvre pour l'achever. L'attitude officielle du parti révolutionnaire (...) met le dernier trait au tableau (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p.74).
b) En partic. Synon. de installer.
α) Mettre l'eau, le gaz, l'électricité, le téléphone, le tout-à-l'égout (dans une maison, un appartement). (Dict. xxes.).
β) Vx. Mettre garnison quelque part. S'y installer, y installer une armée. L'Autriche (...) avait voulu, dès 1814, mettre garnison dans nos places frontières de la Catalogne (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.203).
Loc. Mettre le siège* devant une ville.
7.
a) Noter, inscrire.
α) [Le compl. dir. désigne un symb., un signe graph., un élément ling.] Mettre une croix dans la marge; mettre un accent à une voyelle; mettre un mot, un paragraphe en italique; mettre un mot, une phrase entre guillemets, entre parenthèses. Le gros négociant veut tuer le petit. Il prétend seul mettre «Champagne» sur son étiquette (Hamp,Champagne, 1909, p.125).
Loc. Mettre le point final* à (un ouvrage). Au fig. Mettre plusieurs choses en accolade*; mettre les points sur les i*; mettre (qqc.) entre parenthèses (v. parenthèse).
[Sans compl. prép.] Mettre un point, un tréma, une virgule. Mais enfin tu découpes à travers la prose, et tu mets les rimes (Vallès,Réfract., 1865, p.137).Tu appelles ça la suite?... Tu es bien bon de mettre une cédille! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, i, 2, p.7).
Au part. passé. Mis pour.Noté, écrit à la place de. Est-ce que Je viens dans son temple adorer l'éternel mis pour Je viens adorer l'éternel dans son temple ne forme pas une phrase «indéchirable», au triple point de vue grammatical, rythmique et sémantique? (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p.231).
[P. méton. du compl. dir.] Elle pratiquait cette opinion ancienne qu'une femme en sait assez long, quand elle met l'orthographe (Zola,Rêve, 1888, p.21).
β) [Le compl. dir. désigne la nature ou le contenu de ce qui est noté] Mettre un nom sur son agenda, sur une liste; mettre qqn sur une liste; mettre sa signature sur un chèque; mettre une somme sur un compte, au compte de qqn; mettre une cause au rôle (dr.); mettez cela sur vos tablettes (v. tablette). Je composai deux volumes. J'y mis un titre qui en déterminait le caractère un peu trop printanier (Fromentin,Dominique, 1863, p.246).Le commandant Doyré fut même obligé, pour arrêter la révolte, de mettre à l'ordre du jour que Mayence était la première barrière de la République contre l'Europe (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.108).
Loc. Mettre une fille en carte*; mettre un tissu en carte* (tiss.); mettre qqc., qqn en fiches (v. fiche); mettre un livre, un auteur à l'index*; mettre qqn dans ses litanies (v. litanie). Au fig. Mettre qqc. au compte* de qqn; mettre qqc. en ligne de compte*.
[Sans compl. prép.] Ce factum achevé, Champavert l'enveloppa, mit l'adresse: à Jean-Louis, laboureur, à la chapelle en Vaudragon, et le cacheta (Borel,Champavert, 1833, p.230).
γ) Mettre qqc. par écrit, en écrit (rare). Votre Grâce n'est plus douteuse, il ne s'agit que de mettre par écrit ce que vous venez de me dire, d'implorer la bonté du roi (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p.1590).Les Anglais se plaignirent beaucoup de ce que les paroles mises en écrit par les conseillers français étaient trop subtiles (Barante,Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.104):
7. Il demandera probablement trois ou quatre jours pour te mettre cela au net. Viens me voir sitôt qu'il t'aura donné une réponse. Et fais-toi mettre la réponse par écrit, sans quoi, ce que tu me diras et rien... Montherl.,Célibataires, 1934, p.779.
b)
α) Introduire quelque chose dans un texte, une oeuvre. Malgré un certain degré de vérité que M. de Chateaubriand a mis dans cette partie de son livre, il faut dire qu'il n'y [a] encore peint que des sentiments tout factices (Delécluze,Journal, 1827, p.476).
Mettre qqc. à la scène. Introduire, faire figurer dans une oeuvre théâtrale. Molière qui ne craignait pas de mettre à la scène les travers de son temps, raille aussi la trompette marine dans son Bourgeois gentilhomme (Grillet,Ancêtres violon, t.1, 1901, p.174).
Mettre un personnage en scène (dans une oeuvre, une pièce). Faire figurer un personnage (dans une oeuvre, une pièce). Le poète met en scène le campagnard montant la pente abrupte (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p.571).Au part. passé. Daudet m'en dit de belles sur N..., le précepteur de Zézé, dont il a été voir l'oncle, mis en scène dans son roman (Goncourt,Journal, 1888, p.828).
Rem. V. aussi infra III B 1 a mettre (une oeuvre) en scène.
P. anal., dans le domaine des Beaux-Arts.Représenter un, des personnage(s) en le(s) disposant d'une certaine manière dans une oeuvre plastique, dans un tableau (d'apr. Adeline, Lex. termes art, 1884).
β) Placer ou reproduire (un texte) dans un recueil, dans une publication. Mettre un poème dans une anthologie; mettre une citation en épigraphe. Tous les journaux, même le Times, ont mis mon allocution (Hugo,Corresp., 1865, p.484).Lui qui a mis en exergue des citations savantes et introduit dans son exposé des passages entiers d'auteurs et de voyageurs absolument étrangers à l'original (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.15).
[Avec un sens factitif] Non, je ne m'explique pas ce qui m'a fait faire cela, mettre cette annonce, moi, élevée comme je l'ai été, et cela m'étonne aujourd'hui pareillement comme cela vous étonne, vous, d'avoir regardé ces offres de mariage dans le journal (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1342).
Loc. fig. Mettre qqc. en exergue*.
8.
a) Établir, provoquer.
α) Mettre qqc. + compl. prép. de lieu ou adv.Mettre le désordre, la perturbation quelque part. Mettre l'ordre avant tout dans mes papiers, dans les affaires et dans le diocèse (Dupanloup,Journal, 1861, p.226).Non, cela seul pour moi importait: mettre de l'ordre dans ma confusion intérieure, voir clair (Mauriac,Journal 2, 1937, p.166).Tant que la conscience née de la séparation n'eut pas mis la confusion dans nos rapports avec l'univers, le monde des formes comme celui des idées constituaient une seule et même parole (Béguin,Âme romant., 1939, p.114).
Mettre le feu* (quelque part/à qqc.). [P. méton. du compl. dir.] Ce fut l'étincelle fatale qui met l'incendie aux poudres (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.253).
[Le compl. prép. désigne un attribut de la pers., en partic. dans des loc.] Mettre le feu aux joues; mettre les larmes aux yeux. Cette ruse de femme, recevoir avec froideur une nouvelle qui lui met la joie au coeur! (Borel,Champavert, 1833, p.46).Des pas de femme qui crièrent tout à coup sur le sable du jardin lui mirent la mort dans l'âme (Ponson du Terr.,Rocambole, t.3, 1859, p.286).C'est les mauvaises paroles du curé qui nous ont mis le feu au ventre (Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1483).Mettre le feu au cul*; mettre le feu* sous le ventre de qqn.
β) [Sans compl. prép. de lieu]
Loc. Mettre une/des borne(s)* à qqc.; mettre un frein* à qqc.; mettre le holà* à qqc.; mettre un terme* à qqc.; mettre l'embargo* sur qqc.
Mettre une/des condition(s) à qqc.; mettre pour condition que + inf. Exiger que certaines conditions soient remplies en vue de quelque chose (v. poser). Écoute bien, berger: deux ans, dix ans, vingt ans chez moi, si tu veux (...) je n'y mets qu'une condition, c'est que tu obéisses (R. Bazin,Blé, 1907, p.46).Les deux enfants mirent pour condition que leur missive serait cachetée et portée par deux messagers qui les remettraient au pape en mains propres (Barrès,Cahiers, t.7, 1908, p.86):
8. Elle continua de la sorte simplement, librement, sans aucune ambiguïté de langage, parlant du passé, réglant en quelque sorte les intérêts de notre amitié future, non pour y mettre des conditions, mais pour me convaincre que les liens en seraient plus étroits... Fromentin,Dominique, 1863, p.115.
Mettre le comble à qqc. Faire parvenir au plus haut degré. Mettre le comble à la confusion; mettre le comble aux maux de qqn. Madame la baronne mettrait le comble à ses bontés (...) en daignant venir se reposer un instant chez moi (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p.49).Ce qui mit le comble au scandale, ce fut que (...) MmeGeorgette Lebrun figurait au programme (Mauriac,Noeud vip., 1932, p.116).
[Dans des loc. avec un compl. dir. sans art.] Mettre fin* à qqc.; mettre obstacle* à qqc.; mettre (bon) ordre* à qqc.
b) En partic. Établir. Mettre le contact. V. contact A 2 b a ex. de Guéhenno.Mettre les gaz*, (toute) la gomme* (pop.). Mettre pleins gaz. Donner la plus grande vitesse possible à un véhicule à moteur. Vous croyez qu'ils avaient mis pleins gaz, quand ils nous cavalaient après? (Malraux,Espoir, 1937, p.523).
9. Emplois pop. [Sans compl. prép. de lieu]
a) Mettre les pouces. V. pouce.
b) Mettre les adjas (v. adja), les bouts (v. bout), les voiles (v. voile2); les mettre. S'en aller. − Bonsoir, mon vieux, qu'i' m'dit. On les met. − Quoi, vous partez par un temps pareil, les copains? (Barbusse,Feu, 1916, p.117).Il faut que je les mette; j'ai rendez-vous à cinq heures avec mon dentiste (Sartre,Mur, 1939, p.167).
c) Vulgaire
α) Le mettre à qqn. Pénétrer sexuellement (dans une relation hétéro- ou homosexuelle). Synon. foutre (vulg.), miser (vulg.).La Marquise (au comble de l'indignation). − On ne le lui met plus... on le lui a donc déjà mis? L'homme que j'ai honoré de mes faveurs aurait donc des goûts contre nature?... On ne le lui met plus!... Ah! oser parler cet argot devant moi! (A. Rolland, J. Dubois,Signe d'argentin Théâtre érotique de la rue de la Santé, 1864, p.199 ds Cellard-Rey 1980).
Le mettre. À peine le leur a-t-on ôté, que, de demi-dieux qu'on était en le mettant, on devient de la canaille, des chiens (Dr Cazzone [A. de Nerciat], Le Diable au corps,1969 [1789], p.75, ds Cellard-Rey 1980, p.463).
Au fig. Tromper quelqu'un. À moi, mon vieux, on me l'met pas: j'ai trop d'fil dans la trousse (Bruant1901, p.362).V. méphistophélique ex. de Goncourt.
β) Se (le) faire/laisser mettre. Être pénétré(e) sexuellement:
9. Les derniers temps, j'avais de la peine à me monter l'imagination... Pas étonnant! Elle se faisait mettre par un blanc-bec, un jean-foutre... ça vous fait rigoler parce que je suis cocu? D'abord, je ne le suis plus, cocu... La pouilleuse, je l'ai foutue à la porte... Aragon,Beaux quart., 1936, p.116.
Loc. [Pour marquer du dédain, du mépris] Envoyer quelqu'un se faire mettre, aller se faire mettre. Plusieurs associations s'occupant de la défense des Droits de l'homme se sont émues. Il est probable qu'elles vous rendront visite. − Qu'elles aillent se faire mettre! (Demouzon,Section rouge de l'espoir, Paris, J'ai lu, 1983 [1979], p.180).
Au fig. Être trompé. On n'donn' pus dans la Politique, Nous, on veut pus se l'laisser mettre (Rictus,Soliloques, 1897, p.64).
γ) Mettre une femme. Pénétrer sexuellement. C'est l'homme qui fait l'amour avec intérêt et capital en calculant ce que cela pourra lui rapporter. La femme s'abandonne à la volupté (...) Le monsieur, lui, ne cesse de calculer pendant qu'il nous «met», qu'il nous «le fait» (Le Canard enchaîné, 23 nov. 1983, p.6).
II. − Modifier la position, la disposition de quelque chose ou quelqu'un.
A. − [Le procès est un changement de localisation]
1. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une localisation indéterminée ou abstr.]
a) Mettre qqc./qqn + compl. prép.
α) [Avec la prép. à]
[Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Mettre qqc./qqn à l'abri, à couvert, à découvert. Point de chaudière, on l'avoit mise à l'écart (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.18).Une cassette qui, pendant la traversée, avait été soigneusement mise à part avec les effets d'un de nos riches passagers (Latouche, L'Héritier,Lettres amans, 1821, p.44).V. aussi abri ex. 26.
Au fig. Cette candeur me mit à l'abri du vice solitaire, ce fléau contre lequel nous n'avions jamais été mis en garde (H. Bazin,Vipère, 1948, p.244):
10. Exemple privilégié, à contempler longtemps, du mécanisme de l'erreur. Mettre à part. En appréciant l'Inde ou la Grèce, on met le mal en relation avec le bien. En appréciant le christianisme, on met le mal à part. On met à part sans le savoir, là précisément est le danger. Ou, ce qui est pire encore, on met à part par un acte de volonté, mais par un acte de volonté furtif à l'égard de soi-même. Et ensuite on ne sait plus qu'on a mis à part. On ne veut pas le savoir et, à force de ne pas vouloir le savoir, on arrive à ne pas pouvoir le savoir. Cette faculté de mettre à part permet tous les crimes. S. Weil, Pesanteur,1943, p.138.
[Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre qqc. au chaud, au feu, au frais, au rancart. Au part. passé. Des tapis de wagons, mis au rebut par les compagnies de chemins de fer (Lar. mén.1926, p.767).
Loc. Mettre qqc. au jour*; mettre flamberge* au vent. Au fig. Mettre qqc. à la portée* de qqn; mettre qqc. à toutes les sauces (v. sauce).
[Le compl. dir. désigne un animé, surtout dans des loc.] Mettre qqn au carcan; mettre qqn aux arrêts. On gênait la libre communication avec les habitants, on nous mettait au secret, et l'on répondait que c'était pour que l'Empereur ne fût point importuné (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.270).Ordre de le mettre aux fers tout de suite, pour commencer, et de l'y envoyer conduire par la garde, à cause de ce bruit et de ce scandale (Loti,Mon frère Yves,1883, p.156).Nos chevaux avaient tellement donné qu'ils n'en voulaient plus (...). Alors on les a mis au vert (...) et nous avec (Genevoix,Seuil guitounes,1918, p.28).Mettre qqn à la rue*; mettre qqn à bas (v. bas1); mettre un enfant, une oeuvre au monde*. Mettre qqn à la porte*. [Suivi d'un datif éthique] Lefabre!... Mettez-moi ce butor à la porte, ce paltoquet! (Borel,Champavert,1833, p.157).
β) [Avec la prép. en]
[Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Loc. Mettre qqn/qqc. en place*; mettre qqc./qqn en l'air (v. air1). Au fig. Mettre une personne, une idée en avant*.
Loc., arg. Mettre qqc. en l'air. ,,Cambrioler`` (Carabelli, [Lang. pègre], s.d.). Mettre qqn en l'air (v. air1).
[Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre la balle en jeu; mettre un sac en bandoulière; mettre un drapeau en berne; mettre un satellite en orbite*; mettre qqc. en dépôt, en gage; mettre qqc. en lieu sûr, en sûreté. Argent, oeufs, confitures, tout fut mis en réserve dans le coffre-fort (H. Bazin, Vipère,1948, p.126):
11. ... le nombre des semeurs semblait y avoir grandi. (...) ils se multipliaient, pullulaient comme de noires fourmis laborieuses, mises en l'air par quelque gros travail, s'acharnant sur une besogne démesurée, géante à côté de leur petitesse... Zola,Terre,1887, p.20.
[Le compl. dir. désigne un animé] Mettre qqn en apprentissage, en esclavage; mettre qqn en pénitence; mettre qqn en pension; mettre qqn en embuscade; mettre une personne en présence d'une autre. Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier (Flaub.,MmeBovary,t.1, 1857, p.104).V. aussi condition ex. 6.
Mettre en quarantaine.* P. métaph. :
12. Fuyez les bois et les fontaines Taisez-vous oiseaux querelleurs Vos chants sont mis en quarantaine C'est le règne de l'oiseleur Je reste roi de mes douleurs Aragon,Crève-coeur,1941, p.57.
γ) [Avec d'autres prép.] Mettre un satellite sur orbite; mettre qqn sur la paille, sur le pavé, sur la touche; mettre qqn sur le trône; mettre qqn dans la combine, dans le coup, dans son jeu; mettre qqn dans une affaire; mettre qqn de toutes les corvées, de toutes les fêtes. Je suis mis de côté. Tout est maintenant pour Tissandier et pour Nadar (A. France,Vie fleur,1922, p.484).
En partic., loc. Mettre de l'argent de côté*; absol., mettre de côté*; (synon. pop. mettre (de l'argent) à gauche*).
Loc. fig. Mettre la chance de son côté*; mettre les rieurs de son côté*; mettre qqc. ou qqn entre les mains de qqn (v. main); mettre qqn sur le pavois*; mettre qqn sur la sellette*. Arg. des sports. Mettre le nez dans le guidon. ,,S'apprêter à démarrer (cyclisme)`` (Carabelli, [Lang. sportif], s.d.).
b) Mettre qqc./qqn + adv.Il voulait encore parler, mais on ne le laissa pas finir (...) et les serviteurs officieux le mirent dehors (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan,t.2, 1870, p.313).
Loc. Mettre bas les armes, mettre bas (un animal) (v. bas1). MAR. Mettre toutes voiles dehors*.
2. En partic.
a) Placer en esprit (à tel rang, à tel endroit). Il avait sur le poitrail, dans la disposition accidentelle de son beau poil gris cendré, un de ces épis que les Arabes ont mis au nombre des signes funestes (Lamart.,Voy. Orient,t.2, 1835, p.28):
13. Il projette d'aller rejoindre Guitry à Sienne et à Florence. Ils ne savent pas où ça se trouve. Pas d'atlas. − Moi, dit Capus, je mets Florence au bord de la mer, pas loin de Rome. Ça donnera ce que ça donnera. Renard,Journal,1900, p.617.
Loc. Mettre les choses au mieux*, au pire*/au pis*; mettre tout au mieux*, au pire*; mettre plusieurs choses en balance*; mettre qqc. ou qqn au-dessus* de, au niveau* de, au nombre* de; mettre qqc. sur le même plan* que; mettre qqn au pinacle*, au rang* de; mettre qqn plus bas* que terre; mettre qqn très haut*.
b) Fam. [Le compl. indir. est une indication temporelle] Placer, dans une hypothèse, à tel moment, à telle date. Une heure et demie ou deux heures de répétition avec l'orchestre, ça nous met à sept heures à l'hôtel (Colette,Music-hall,1913, p.13).
c) Familier
Mettez que, mettons que + prop.Admettons que, supposons que. Ah! Mam'zelle, je n'ai point dit que vous étiez un singe: et je me suis mal exprimé pour cela, mettez que je suis un âne, un cornichon, une oie (Ségur,Mém. âne,1860, p.245).Mettons que je n'ai rien dit (Becque,Corbeaux,1882, i, 4, p.76).Mettons que vous soyez pour de bon le capitaine d'un véritable navire (Audiberti,Quoat,1946, 2etabl., p.69).
[Mettons entre deux élém. de la prop.] Disons, supposons. N'importe où vous allez − mettons dans une gare − On vous dit: tel train part À sept heures vingt-cinq, Qui souvent ne démarre Qu'à huit heures un quart (Ponchon,Muse cabaret,1920, p.127).Vous vous acharnez à ce travail imbécile... mettons inutile... (Colette,Naiss. jour,1928, p.41).Tu as le sentiment... mettons... d'une injustice et (...) tu estimes que je n'ai pas fait tout le nécessaire pour l'empêcher... (H. Bazin, Vipère,1948, p.218).
B. − [Le procès est un changement de position]
1. Mettre qqc./qqn + compl. prép. ou adv.
[Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre qqc. sur cales; mettre qqc. à l'endroit, à l'envers, de travers; mettre qqc. droit; mettre qqc. à niveau; mettre qqc. à l'horizontale, à la verticale; mettre sa montre, son réveil à l'heure; mettre un compteur à zéro. Au part. passé. Elle a été dans le foin et voyait entre les poutres de mélèze, mises à plat l'une sur l'autre, et pas bien rejointes, en face d'elle, la maison et la cuisine (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.157).
Loc. Mettre une charrette à cul. Poser une charrette les limons en l'air. Au fig. Mettre à cul. Ruiner. Aujourd'hui (...) l'on ne sait si la société française ne sera pas mise à cul et si un gros morceau de Paris ne sera pas dynamité (Goncourt,Journal,1892, p.240).Mettre un lit en bateau*. Mettre son arme en joue*; [p. méton.] mettre qqn en joue*, p. ell. mettre en joue*.
MAR. Mettre un navire à l'ancre*, à la cape*, à sec*, à la voile (v. voile2); mettre en panne (v. panne3), en travers*; mettre le cap* sur; mettre les voiles en ciseaux (v. ciseau).
Au fig. Mettre bas les masques (v. masque); mettre une affaire, une entreprise sur pied*; mettre plusieurs choses sur le même pied*; mettre une idée en avant*.
[Le compl. dir. désigne un animé] Mettre qqn à genoux, assis, debout; mettre qqn en croupe; mettre qqn sur ses pieds, sur son séant; mettre un malade sur le dos, sur le ventre; mettre qqn en tête, en queue d'un cortège, d'un défilé; mettre une armée en ligne. En retranchant l'imagination des facultés de l'homme, elle [la Réformation] coupa les ailes au génie et le mit à pied (Chateaubr.,Ét. hist.,t.1, 1831, p.cxxxii).Les femmes que la maigre espérance de 250 grammes de viande pour deux jours met en queue (...) à la porte encombrée des boucheries (Céard,Soir. Médan,Saignée, 1880, p.152).Sa tête raclait la terre chaude, comme s'il cherchait un creux d'oreiller. Des poignes dures le mirent debout: − En route! (Hamp,Champagne,1909, p.85).Au fig. Espoirs montés si haut qu'ils tombèrent des nues, Haines, affres, erreurs jonchaient les avenues Où saignaient, lentement, vos amours mis en croix (Verhaeren,Mult. splendeur,1906, p.141).
Loc. Mettre l'équipage à la bande* (mar.). Loc. fig. Mettre des gens aux mains (v. main), aux prises (v. prise); mettre des gens dos* à dos; mettre qqn sur le cul*; mettre qqn cul* par-dessus tête; mettre qqn à l'envers*; mettre qqn en avant*; mettre qqn en mauvaise posture*; mettre qqn en selle*; mettre une troupe sur pied*.
[Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les bras en croix; mettre les mains en l'air. Ali (...) montra le nombre trois avec les doigts de sa main gauche, et sur cette même main mise à plat appuyant sa tête, ferma les yeux en guise de sommeil (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.672).
Loc. Mettre les coudes au corps (v. coude); mettre la tête, l'esprit à l'envers*.
2. [Sans compl. indir.] Mettre le loquet, le verrou, etc. Placer le loquet, le verrou dans leur position utile. Les gardiens puérils chaussés de patins d'or, Vêtus du lin filé par les vierges assises, À l'aube de ce jour ouvriront-ils encor La porte merveilleuse et les serrures mises? (Régnier,Prem. poèmes,Épis., 1888, p.219).
III. − [Le compl. prép. est le plus souvent introd. par en et à] Modifier quelque chose ou quelqu'un dans son état, sa fonction, sa situation, sa forme extérieure ou ses propriétés.
A. − Faire subir un changement physique, matériel à quelque chose ou quelqu'un.
1. [Le compl. dir. concr. désigne un inanimé] Mettre qqc. + compl. prép.Mettre une vigne en espalier. L'escarpement des rives, en mettant à nu des rocs déchirés, forme comme une ligne blanchâtre (Toepffer,Nouv. genev.,1839, p.94).Les bois [de mine] doivent être autant que possible travaillés à la hache, la scie ne doit servir que pour mettre le bois à la longueur voulue (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p.128).Supra ex. 7:
14. Si nos frères n'avaient pas été fauchés, comment aurions-nous fait pour être jamais aussi seuls? Rien que notre regard n'embrasse! La plaine rase à perte de vue, tout est fini, et çà et là un troupeau de moutons dans les éteules! Si la moisson tout entière n'avait pas été fauchée et mise en meules, Comment Dieu tiendrait-il tant de place? Claudel,Poèmes guerre,1916, p.543.
En partic. (dans une préparation culinaire). Mettre des légumes en conserve. Mettre une carpe à l'étuvée, au bleu, en matelote; mettre des épinards au jus; mettre un lièvre en pâté; mettre un poulet en fricassée (Ac.).
Au fig. Mettre qqc. en veilleuse. Pendant la phase de dessèchement, la vie n'était que ralentie, amoindrie, mise en veilleuse (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p.102).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en bringues (arg.), en lambeaux, en loques, en miettes, en (menus/mille/petits) morceaux, en pièces (détachées), en quartiers; mettre qqc. à feu et à sang; mettre qqc. en cendres, en feu, en flammes; mettre qqc. en charpie, en poudre, en poussière; mettre qqc. en couleur(s); mettre qqc. en tas; mettre qqc. d'épaisseur, de hauteur; mettre qqc. en forme; mettre une agate en bague, un bijou en pendentif; mettre un barrage, un bassin en eau; mettre un bassin, un étang à sec; mettre qqc. au sec; mettre une batterie à plat, un pneu à plat; mettre du blé en gerbes; mettre une feuille de papier, un fil, une serviette en double; mettre de la laine en écheveaux, en pelotes; mettre une lampe en veilleuse; mettre qqc. sens dessus dessous; mettre qqc. sous scellés (dr.); mettre qqc. sous séquestre (dr.).
AGRIC. Mettre un arbre à fruit; mettre un champ en blé; mettre une terre en jachère. Il a mis vingt arpents en vigne, en bois (Ac.).
Loc. [Sans compl. dir.] TYPOGR. Mettre en épreuves, en page(s)*. Au fig.,fam. Mettre en sourdine*; mettre en veilleuse*.
Mettre qqc. + attribut du compl.Loc. Mettre les bouchées doubles (v. bouchée).
2. [Le compl. dir. désigne un animé]
a) Mettre qqn + compl. prép.Les suppositions qu'elle faisait, le mirent presque en larmes (Zola,M. Férat,1868, p.105).Ils avaient été durement rossés par des sentinelles (à quatre ou cinq sur le même homme) puis mis à nu, sauf un slip, et attachés toute une journée dans cet état au poteau qui se dressait dans la cour (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.228).
SYNT. et LOC. Mettre qqn à mal, à mort; mettre qqn à plat (fam.); mettre qqn à poil (pop.); mettre qqn en forme, en pleurs; mettre qqn en nage, en sueur; mettre qqn en sang; mettre qqn hors de combat, hors d'haleine; mettre une femme à mal*.
Au fig. et p. exagér. Mettre qqn en capilotade, en miettes. Il était question de quatre parodies: le grand homme voulut les inspirer, les surveiller lui-même, y faire verser quelques grains d'encens, savoir à quel gros sel on le mettrait (Reybaud,J. Paturot,1842, p.263).On s'explique que Cassandre, pour finir, ait été mise en pièces par ses concitoyens (Barrès,Cahiers,t.12, 1920, p.282).
b) Mettre qqn + attribut du compl.Mettre qqn knock-out; mettre une femme enceinte. Jean Motte mit Josse k.-o. au huitième round (Match,20 nov. 1934, p.3 ds Grubb, Fr. sports neologisms, 1937, p.46):
15. Sa vie n'était rien qu'un mélange de la plus vaniteuse grandeur, et de la plus basse crapule. Il s'enfermait dans sa galerie, à considérer les portraits des rois et des empereurs, ses ancêtres, à moins qu'il ne bouffonnât avec Giovan et ses laquais, ou ne fît mettre sa maîtresse nue. Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.268.
3. [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les pieds en compote (fam.), les mains, le visage en sang. La croûte de fard tombée, sous les baisers, de sa bouche, de ses joues, mettait à vif les meurtrissures et les plis de son visage, si cruellement, comme des plaies (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.46).Loc. fig. Mettre les nerfs à vif*.
B. − Faire passer dans tel ou tel état, dans telle ou telle situation.
1. [Le compl. dir. abstr. désigne un inanimé]
a) [Le compl. indir. désigne un état matériel] Depuis deux mois on n'avait pas cessé de travailler pour mettre Longwood en état de nous recevoir (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.252).On apporte un soin spécial à bien bourrer le remblai, et à le claver au faîte, pour le mettre de suite en tension avec le plafond (Haton de La Goupillière,Exploitation mines,1905, p.66).Un an d'usinage pour mettre un canon au point (Joffre,Mém.,t.2, 1931, p.9).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en commun, en communauté; mettre qqc. en désordre, en ordre; mettre qqc. dans tel état, dans un triste état, en état de marche; mettre qqc. au clair, en forme, à jour, à la page; mettre qqc. à néant; mettre qqc. à la mode, en vogue; mettre (l'objectif d'un appareil photographique) au point; mettre qqc. en valeur; mettre un corps en vibration; mettre un véhicule en stationnement; mettre une entreprise en faillite, en règlement judiciaire; mettre les choses au point (v. point1); mettre qqc. à fin*; mettre qqc. au propre, au net.
Rem. Part. passé en emploi subst. à valeur de neutre. Mis au net, subst. masc. Synon. de mise au net*. Mon cher ami, j'ai besoin du mis au net de mon rapport et de votre critique avant huit heures (Stendhal, L. Leuwen, t.3, 1835, p.22).
En partic.
α) Adapter à un (autre) mode d'expression. Mettre des paroles en musique; mettre un texte en français, en anglais, en espagnol; mettre un texte en vers. M. de Lorbac (...) me demande la permission de mettre Marie Tudor en opéra français (Hugo,Corresp.,1863, p.435).C'est les «Fables de La Fontaine» Que, dans sa triste turlutaine, Certain seigneur grammairien Mit en bon français − c'est-à-dire Son français à lui... pauvre sire! (Ponchon,Muse cabaret,1920, p.217):
16. L'univers poétique (...) s'introduit (...) par la densité des images, des figures, des consonances, dissonances, par l'enchaînement des tours et des rythmes (...), plus un poème est conforme à la poésie, moins il peut se penser en prose sans périr. Résumer, mettre en prose un poème, c'est tout simplement méconnaître l'essence d'un art. Valéry,Variété III,1936, p.63.
Adapter à un mode de notation, de transcription. Mettre une distance en centimètres; mettre un nombre en fraction. La politique ne saurait être mise en équation (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p.112).
Loc., domaine des média et du spect. Mettre en ondes une émission radiophonique, absol. mettre en ondes (v. onde). Mettre en scène un film, une pièce de théâtre, absol. mettre en scène. Concevoir l'agencement des différents éléments scéniques (décoration, éclairage, jeu des acteurs, etc.) en vue de la représentation d'une oeuvre dramatique, lyrique ou de l'enregistrement d'une oeuvre cinématographique ou télévisée. Largillière de l'Opéra-Comique, mettait en scène. − À vous, duchesse (A. France,Bergeret,1901, p.225).
Rem. 1. Mettre en scène a pour synon. réaliser dans le domaine du cin. et de la télév. 2. V. aussi supra I B 7 b.
β) GRAMM. Donner à un élément linguistique une forme donnée du paradigme auquel il appartient. Mettre un adjectif, un substantif au pluriel; mettre un verbe à tel temps grammatical, à la forme active, passive. Le subjonctif est remplacé par le mode substantif ou adjectif mis à l'accusatif (Destutt de Tr.,Idéol. 2,1803, p.257).À vrai dire, emporté par un reste d'humide fierté, j'ai oublié de mettre cette phrase à l'imparfait (H. Bazin, Vipère,1948, p.17).
b) [Le compl. indir. désigne un état abstr.; en partic. en parlant d'opérations intellectuelles] C'étaient alors des récriminations sans fin sur les toilettes d'à présent mises en regard des toilettes d'autrefois (Champfl.,Bourgeois Molinch.,1855, p.27).Personne n'est heureux comme les gens qui n'attendent rien, qui n'ont plus d'avenir parce que tout est mis en question, comme les gens qui s'aiment la veille d'une bataille, de la mort: Bernard faisait cette découverte pour la première fois (Nizan,Conspir.,1938, p.164).Goethe met à contribution tous les systèmes de philosophie touchant l'immortalité de l'âme (Durry,Nerval,1956, p.32).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en cause, hors de cause, en doute; mettre qqc. en perspective; mettre qqc. en évidence, en honneur, en relief, en lumière, en vedette; mettre plusieurs choses en comparaison, en opposition, en parallèle, en rapport; mettre qqc. à profit.
c) [Le compl. indir. désigne un procès] Avez-vous lu Voltaire?... − J'ai fait mieux, répondit le chanoine, je le mets en pratique (Balzac,Illus. perdues,1843, p.724).On mit à l'étude l'oeuvre du jeune musicien, sans interrompre les répétitions de l'oeuvre de Christophe (Rolland,J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p.1542).Ils montèrent dans la voiture et Rieux mit le moteur en marche (Camus,Peste,1947, p.1323).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en action, en branle (fam.), en danse, en mouvement, en panne, en route, en train; mettre qqc. en chantier, en exploitation, en fonctionnement, en jeu, en oeuvre, en service, hors service, en usage, hors d'usage; mettre un canon, une pièce d'artillerie en batterie; mettre une terre en culture; mettre un bateau en charge; mettre un tonneau en perce; mettre une esquisse, une toile au carreau; mettre (une fusée) à feu; mettre qqc. à l'épreuve; mettre qqc. à la disposition, au service de qqn; mettre une ville au pillage, à sac. Au fig. Mettre qqc. en coupe(s) réglée(s) (v. coupe2).
Au part. passé. Système de climatisation (...) mis en marche et coupé au bout de cinq minutes (Belletto,Le Revenant,Paris, Hachette, 1981, p.355).
[Dans des tournures en usage notamment dans le style admin.] La mère Angélique la supplia, pour toute grâce, d'obtenir du roi (...) que l'abbaye fût mise en élection; c'était une manière d'abdiquer (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.1, 1840, p.331).Les terres ne rapportant plus, elles avaient été avec les châteaux mises à l'encan (Huysmans,À rebours,1884, p.286).Le questionnaire suivant, questionnaire secret, fut alors mis aux voix. La fille a-t-elle été...? Oui. Brutalement? Oui, à l'unanimité. Aurait-elle prêté à l'opération un organe lubrique? Non, à la majorité (Jouve,Scène capit.,1935, p.142).
SYNT. et LOC. Mettre qqc. en adjudication, en application, en circulation, en commande, en délibération, en exécution, en fabrication, en recouvrement, en réquisition, en vigueur; mettre une affaire en délibéré; mettre un dividende en paiement; mettre qqc. en location, en vente; mettre qqc. à effet, à exécution; mettre qqc. au concours, aux enchères, à prix.
[Le compl. second. est un inf.]
Mettre qqc. à + inf.Du sirop de sucre et de la cassonade furent mélangés et mis à cuire (Hémon,M. Chapdelaine,1916, p.135).Tout est sur la table, dit l'Adélaïde. Tu trouveras deux oignons épluchés à côté de la miche. J'ai mis la bouteille à refroidir dans le seau (Aymé,Jument,1933, p.43).
Loc. fam. Mettre sa tête à couper + inf.; en mettre sa tête à couper. [Formule utilisée pour affirmer catégoriquement la véracité de qqc.] Je mettrais ma tête à couper que les gaillards [les presque centenaires ici inhumés] ont délogé de bonne grâce ([Leclair],Médit. hussard,1809, p.xxvij).
Mettre + inf. + qqc.Il (...) mit refroidir mon vin un peu chaud dans l'eau frigide de sa claire fontaine (Chateaubr.,Mém.,t.1, 1848, p.495).Mets bouillir des pommes de terre, nous les mangerons avec un peu de beurre (Zola,Germinal,1885, p.1216).Il pleurait un bon coup le jour de l'enterrement, tordait son mouchoir en rentrant et le mettait sécher sur le fil (Aymé,Jument,1933p.7).
Rem. Selon Hanse 1949, la constr. mettre + inf. + qqc. est préférée ,,par la langue distinguée``. C'est aussi la plus fréq. dans les textes littér. où mettre qqc. à + inf. apparaît surtout dans les dialogues.
d) [Sans compl. indir.] Faire fonctionner. Mettre la télévision. Elle avait un vrai talent pour le silence, on pouvait se taire avec elle sans jamais sentir qu'on n'avait rien à se dire. Lorsqu'elle ne m'avait pas encore, elle mettait parfois la radio qui est toujours mieux (...) que la télé, mais à part ça elle recevait peu de monde extérieur (E. Ajar, L'Angoisse du roi Salomon,Paris, Mercure de France, 1979, p.302).Quand tu te sens seule et vieille, pense à tous ceux qui sont eux aussi seuls et vieux mais dans la misère et dans les hospices (...). Ou alors, tu mets la télé, les derniers massacres en Afrique, ici, là ou ailleurs. Tu te sentiras encore mieux (E. Ajar, L'Angoisse du roi Salomon,Paris, Mercure de France, 1979p.330).[P. méton.] Mettre les nouvelles; mettre la première, la deuxième chaîne.
2. [Le compl. dir. désigne un animé]
a) [Le compl. indir. désigne ou spécifie une situation concr.] Un malaise d'estomac, qui me donne tiédeur et fadeur intérieures, me met à l'unisson de cette nature assoupie (Amiel,Journal,1866, p.249).C'est moi qui l'ai mis dans ce mauvais pas, c'est à moi de l'en tirer (Beauvoir,Mandarins,1954, p.213):
17. C'est la vierge fougueuse, enfant de la Bastille, Qui jadis, lorsqu'elle apparut Avec son air hardi, ses allures de fille, Cinq ans mit tout le peuple en rut... Barbier,Ïambes,1840, p.16.
SYNT. et LOC. Mettre qqn au régime, à l'eau, au pain sec; mettre qqn au repos; mettre qqn à la mode; mettre qqn en appétit, en train; mettre qqn en condition; mettre qqn en alerte, aux aguets, en difficulté, en garde, sur ses gardes, en péril; mettre qqn en vedette, en vogue; mettre qqn dans l'embarras, dans le malheur, dans la nécessité, dans une situation gênante, inextricable; mettre qqn dans le cas de faire qqc., dans l'impossibilité de faire qqc., de nuire; mettre qqn de faction; mettre qqn sur la défensive, sur le qui-vive; mettre qqn à quia.
Au part. passé. L'empereur Henri le lion, dépossédé, mis au ban de l'empire (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.15).
[P. méton. du compl. dir.] Mettre son salut en péril. Je ne sortis de la maladie qui avait mis ma vie en danger, que pour tomber dans un état de langueur où le chagrin avait beaucoup de part (Duras,Ourika,1824, p.138).Madame Daniel ayant mis sa conscience en repos, ne se fit plus faute d'œillades pour me désoler de son mieux (Musset,Confess. enf. s.,1836, p.246).
[Dans le cadre de relations interpersonnelles] Ce qui la passionnait, ce qui la mettait d'accord avec le jeune homme, c'était l'idée de la justice (Zola,Germinal,1885, p.1279).Paul Margueritte me racontait aujourd'hui qu'au Sénat, où il avait été voir un ami de son père, il avait été mis en rapport avec Anatole France (Goncourt,Journal,1887, p.634):
18. MmeRezeau (...) renvoya successivement tous les domestiques. Fine, que son infirmité mettait à sa merci, dut accepter toutes ces augmentations [de travail], mais en conçut (...) une respectueuse inimitié... H. Bazin, Vipère,1948, p.43.
SYNT. et LOC. Mettre qqn au diapason; mettre qqn à l'écart; mettre une personne à la disposition de qqn, au service de qqn, aux ordres de qqn; mettre plusieurs personnes d'accord, en accord, en contradiction, en harmonie, en opposition; mettre plusieurs personnes en contact, en liaison, en rapport, en relation; mettre qqn sous l'autorité, la garde, les ordres, la protection de qqn.
[Dans des tournures en usage notamment dans le style admin. et jur.] Les commissaires chargés de juger les prisonniers n'osaient plus prononcer de condamnations. Ils mirent en liberté les dames de la reine (Barante,Hist. ducs Bourg.,t.3, 1821-24, p.358).Il faisait appel, au nom de la République, aux suffrages des radicaux mis en minorité au premier tour (Jaurès,Ét. soc.,1901, p.26).V. fauteur ex. de Stendhal.
SYNT. et LOC. Mettre qqn à pied, à la retraite; mettre qqn en congé, en détachement, en disponibilité; mettre qqn en accusation, en état d'arrestation, en garde à vue, en résidence surveillée; mettre qqn en tutelle; mettre qqn en demeure (de faire qqc.); mettre la tête de qqn à prix.
Au part. passé. La potence (...) est élevée par corvée; et les ouvriers mis en réquisition ne peuvent, sans se rendre coupables de rébellion, se refuser à ce service (Mérimée,Mosaïque,1833, p.280).Celui-ci (...) prenait la physionomie ennuyée des natures faibles, mises en demeure de se prononcer (A. Daudet, Nabab,1877, p.141).
b) [Avec un compl. dir. second. spécifiant le statut, la profession de qqn] Maintenant, laisse-moi te raconter ma vie... Quand je suis parti, on m'avait mis aide-cuisinier (Pagnol,Fanny,1932, i, 1ertabl., 14, p.53).Ses parents le mirent pensionnaire dans un collège d'Espagne (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.246).
c) [Le compl. indir. désigne un état mental, moral ou psychol.] Il suffit d'un taon pour mettre aux abois le plus fier cheval et même le lion de la fable (Amiel,Journal,1866, p.275).Ses allées et venues pour gagner ces pays jaunâtres de minerai mirent du moins le jeune professeur en goût de visiter tous les pays qui entourent Metz (Barrès,C. Baudoche,1909, p.143).V. alerte ex. 1:
19. ... quand on me baise la bouche (...), ça m'est égal, même si je n'en ai pas envie, c'est fait pour ça. Mais comme ça, dans le cou, ça me met en rogne... je n'ai jamais supporté ni permis ça à personne... Aragon,Beaux quart.,1936, p.383.
SYNT. et LOC. Mettre qqn au courant, au fait, à la raison; mettre qqn au parfum (pop.); mettre qqn en échec, en défaut, dans l'erreur; mettre qqn à l'aise, mal à l'aise, à son aise; mettre qqn à bout, au désespoir; mettre qqn dans tous ses états; mettre qqn de bonne, de mauvaise humeur; mettre qqn en confiance, en défiance (contre qqn); mettre qqn en boule (fam.), en colère, en courroux, en émoi, en fureur, en furie, en gaîté, en humeur, en joie, en peine, en rage; mettre qqn en éveil, en verve; mettre qqn hors de ses gonds, hors de soi; mettre qqn à même de + inf.; mettre qqn en mesure de + inf.
Au part. passé. Louisa qui venait de rentrer, mise au courant de l'affaire, déclara qu'elle aimerait mieux mendier que d'obliger son mari à cet affront (Rolland,J.-Chr.,Matin, 1904, p.135).Un caillou a roulé et les guetteurs allemands, du haut du fort, mis en éveil, lancent des fusées et font feu (Bordeaux,Fort de Vaux,1916, p.248).Il l'avait prise: elle était vierge. Par la suite, mise en goût, elle se donna en long et en large (...) pourvu que l'homme fût un Européen (Montherl.,Lépreuses,1939, p.1436).
[P. méton. du compl. dir., en parlant d'un attribut de la pers., d'un ouvrage] Mettre la patience de qqn à bout. Ces ouvrages moyens qui sont si utiles pour nous autres historiens, en ce qu'ils nous mettent au fait, rapidement et sûrement, des conceptions scientifiques communes d'une époque (L. Febvre, Combats pour hist.,De Linné à Lamarck et à Cuvier, 1927, p.321).Son discernement aurait été souvent mis en défaut (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.271).Sa curiosité serait mise en éveil par le moindre bruit insolite (Bosco,Mas Théot.,1945, p.264).
d) [Le compl. indir. désigne un procès] Les indiscrétions et les vanteries des subalternes firent avorter le complot [contre Démétrius]. Quelques soldats, quelques popes obscurs furent d'abord arrêtés, qui mis sous le bâton dénoncèrent leur chef (Mérimée,Faux Démétrius,1853, p.195).Bernadette a mis en marche d'innombrables pèlerins et attiré des milliards sur une montagne des Pyrénées (A. France,Orme,1897, p.106).Il mit son cheval au pas pour monter une côte (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.16):
20. ... les hommes souffraient de l'absence de communication résultant de l'existence séparée d'un roi. Ils devaient mettre à mort non l'esclave, mais le roi, pour assurer le retour à la communion de tout le peuple. G. Bataille, Exp. int.,1943, p.204.
SYNT. et LOC. Mettre un cheval au galop, au trot; mettre qqn à l'amende, à contribution, à l'épreuve, à de rudes épreuves, à rançon; mettre qqn au défi (de faire qqc.); mettre qqn à la gêne, à la question, au supplice, à la torture; mettre qqn au pas (v. pas1); mettre qqn en branle (fam.); mettre qqn en déroute, en fuite; mettre qqn en jugement, en observation, en traitement; mettre qqn en possession de qqc.; mettre qqn en cause, en question; mettre plusieurs personnes en communication, en concurrence; mettre qqn sous surveillance.
Au part. passé. À quinze ans, mis en possession d'un «deux roues» et d'un petit cheval, il faillit cent fois se rompre le cou (Châteaubriant,Lourdines,1911, p.37).
[P. méton. du compl. dir.] Nous avons mis votre amitié à de rudes épreuves, Félix! (Balzac,Lys,1836, p.215).
[Le compl. second. est un inf.] Rare. Mettre qqn + inf.Plusieurs poupées pendaient aux branches; elle les fit apporter sur son lit, puis, en se tournant vers Frida, et ce fut son suprême sourire: − Mettons coucher celle-là, dis, veux-tu? Puis, nous jouerions qu'elle meurt (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.84).
[Sans compl. second.] ÉQUIT. Mettre un cheval. ,,Éduquer, instruire un cheval, l'habituer aux mouvements qui peuvent être exigés de lui`` (Cass.-Moir. 1979). Le cheval a été mis par l'oncle avec sa perfection si justement célèbre. Ses allures ont une sûreté glissante dans leur force et leur allongement (La Varende,Centaure de Dieu,1938, p.119).
2eSection. Constr. pronom.
I.
A. − Emploi pronom. réfl.
1. Venir occuper (un lieu, un endroit, une place). Synon. se placer, prendre place.Je montai dans ma chambre pour me coucher: j'étais triste, triste, triste! Et je me mis à ma fenêtre (Maupass., Contes et nouv., t.1, Fam., 1886, p.564).Il le lui donna [son manteau], avec l'air d'un homme qui enlève sa veste avant de se mettre sous le couperet du bourreau (Montherl., Bestiaires, 1926, p.428).V. coiffer ex. 10:
21. ... il était inquiet de son fils jusqu'à l'angoisse et il passait la nuit à le veiller. Tantôt, l'épouvante de la contagion le saisissait; il se mettait lui-même au lit, se plaignant de douleurs imaginaires et comptant les heures jusqu'à la visite du médecin. Bourget, Disciple, 1889, p.182.
SYNT. Se mettre à l'eau; se mettre à son poste, au chaud, au frais, au soleil; se mettre aux genoux, aux pieds de qqn; se mettre auprès de qqn; se mettre dans un fauteuil, dans son lit; se mettre derrière, devant qqn; se mettre en bout de table; se mettre en place; se mettre sur un banc, une chaise; se mettre à côté de qqn, à côté l'un de l'autre, à la droite, à la gauche de qqn, à l'avant, à l'arrière de qqc.; se mettre en face de qqn, face à qqn, loin de qqn, près de qqn, vis-à-vis de qqn; se mettre dessous, dessus, ici, là; se mettre à tel endroit, à telle place.
Au fig. Ce n'est pas en nous mettant sous les pieds des révolutionnaires que nous nous sauverons: nous savons trop, par expérience, ce qu'il en coûte pour se soumettre à l'anarchie et pour capituler au pied des échafauds (Chateaubr., Congrès Vérone, t.1, 1838, pp.461-462).
Expr. fam. Ôte-toi de là que je m'y mette. V. ôter.
Loc. Se mettre dans les eaux d'un bâtiment (v. eau); se mettre dans les jambes de qqn (v. jambe); ne pas savoir où* se mettre; se mettre entre deux airs (v. air1). Se mettre sous les armes (v. arme).
Loc. fig. Se mettre dans de beaux draps (fam., v. drap); se mettre dans la gueule* du loup; se mettre dans la peau* (fam.), à la place* de qqn; se mettre dedans*; se mettre entre les mains de qqn (v. main); se mettre sur le chemin* de qqn, en travers du chemin* de qqn.
Se mettre avec qqn. Se joindre à quelqu'un. Une centaine d'autres, qui nous voyaient partir d'un pas ferme, se mirent avec nous sans savoir où nous allions (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p.212).En partic., pop. Vivre (maritalement) avec quelqu'un. Se mettre en ménage avec qqn. Ma mère disait que, lorsqu'on fait un cierge à Saint-Roch, on ne manque jamais dans la huitaine de trouver un homme pour se mettre avec lui (Mérimée, A. Guillot, 1847, p.101).Son ami Cyprien Tibaille (...) finit de son côté par «se mettre» avec une roulure bonne fille, qui a la vocation de garde-malade (Lemaitre, Contemp., 1885, p.320).
Au fig. Se mettre avec, du côté de qqn. Prendre le parti de quelqu'un. Beaucoup de gentilshommes picards de l'armée du duc de Luxembourg, (...) privés de l'argent des rançons, se mirent avec les Anglais (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.283).Bourgeois est revenu de Suisse, où il se reposait des fatigues de Brisson, pour se mettre du côté de la victoire (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.153).Se mettre contre qqn. Prendre le parti adverse. J'ai eu le malheur de faire tomber un enfant... Et elles se sont toutes mises contre moi, et elles ont crié des choses, oh! des choses! (Zola, Dr Pascal, 1893, p.250).
Fam. Se mettre après qqn. Harceler, presser quelqu'un. Ils se mettaient tous après moi: «Mais taisez-vous donc! (...)» (Colette, Music-hall, 1913, p.187).
Rem. V. aussi III D infra.
2. En partic.
a) Se mettre à + subst.S'installer devant. Se mettre à son bureau, au piano. Tu vas charger Andrès de diriger ton orchestre, dit-il à Iôsef (...). Andrès s'étant mis au pupitre, ils sortirent tous quatre, bras dessus bras dessous (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p.198).
Loc. Se mettre à table*.
b) Se mettre en + nom de vêtement, de tenue.Passer, revêtir une tenue; s'habiller, se déguiser en. Se mettre en bourgeois, en civil, en uniforme; se mettre en habit; se mettre en bras de chemise*. Je vais me mettre en amazone. Sortez (Audiberti, Mal court, 1947, ii, p.175).
Se mettre + adv. ou loc. adv.Se mettre bien. Cependant quinze cents livres ne sauraient durer éternellement, lorsqu'une femme, qui se met à la mode, est obligée de prendre là-dessus son entretien, et celui de deux enfants (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.112).Jamais on ne s'était mis si richement pour plaire au roi; aussi dit-on que les voleurs firent de bonnes prises (Balzac, Œuvres div., t.1, 1830, p.268).
Loc. Se mettre sur son trente-et-un*.
c) Littér. Se mettre sur.Engager la conversation sur (un sujet). Nous nous mîmes sur les mérites de Thucydide, que le vin nous faisait trouver clair comme de l'eau (Chateaubr., Mém., t.2, 1848, p.581).
B. − Emploi pronom. réfl. indir.
1. Se mettre qqc. + compl. prép.Se mettre de l'encre sur les doigts. Il se mit les mains dans les goussets (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.667).Prends-en donc un peu (...), seulement pour te mettre quelque chose dans l'estomac (Maupass., Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.348).V. cheveu ex. 6.
Au fig. Pour jouer devant le public un concerto rapide et difficile, un virtuose [violoniste] l'étudie longtemps; il se le met dans les doigts (Bouasse, Cordes et membranes, 1926, p.278).
Loc. N'avoir rien à se mettre (sur le dos*); n'avoir rien à se mettre sous la dent*. Au fig. Se mettre la corde* au cou; se mettre le doigt* dans l'œil (fam.); se mettre une idée* en tête, dans la tête, dans la caboche (fam.), dans la cervelle, dans l'esprit; se mettre martel* en tête; se mettre qqc. au cul*, se le mettre (au cul) (vulg.); se mettre dans l'idée*, dans la tête*, en tête de + inf.; se mettre qqc. dans la lampe* (pop.); se mettre qqc. sur le dos*.
Pop. S'en mettre jusqu'aux yeux; s'en mettre plein la lampe; s'en mettre + adv. Manger beaucoup. Des feignants qui profitent d'être à la table des autres pour s'en mettre plein et tant, qu'ils sont lourds sur l'ouvrage (Aymé, Jument, 1933, p.173).S'en mettre plein les poches (v. poche).
2. [Sans compl. prép.] Se mettre du fard, du maquillage; se mettre un suppositoire. Tu n'étais pourtant pas comme les autres, toi, à t'attifer toujours devant la glace, à te mettre du rouge aux lèvres, à chercher à ce qu'on te remarque (Anouilh, Antig., 1946, p.140):
22. ... autant l'on s'occupe peu de parer de cultiver l'âme, autant on soigne, on lave, on parfume le visage et les mains, on se met des fausses dents et de faux cheveux, on se peint des veines et des sourcils, on met du blanc et du rouge. Karr, Sous tilleuls, 1832, p.259.
Loc. Se mettre la ceinture* (fam.). Se mettre la tringle* (pop.). Se les mettre (pop., vieilli). S'en aller. (Ds Dauzat, Arg. guerre, 1918, p.270). Synon. les mettre (v. supra I B 9 b).
C. − Emploi pronom. réciproque, pop., absol. Échanger des coups. Qu'est-ce qu'ils se mettent! (Rob.).
D. − Emploi pronom. passif. Mon amour pour Musette est bien trépassé, puisque les vers s'y mettent, ajouta-t-il ironiquement, en montrant le manuscrit de sa chanson (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.304).La femme de chambre aide les fils de madame à la soigner, et, malgré les précautions, un peu de désordre s'est mis dans l'appartement (Zola, Cap. Burle, 1883, p.80).
II.
A. − Emploi pronom. réfl. Modifier la place, la position que l'on occupe.
1. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une localisation abstr. ou indéterminée] J'entendis dans l'escalier des frôlements de robes et des bruits de voix. Je me mis à l'écart et je vis passer, sans être vu, les deux femmes et les deux jeunes gens (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.70).Les anarchistes se mirent à l'abri de la première rue perpendiculaire (Malraux, Espoir, 1937, p.446).
SYNT. Se mettre à couvert, à découvert, à part; se mettre de côté; se mettre en place; se mettre en embuscade; se mettre hors jeu; se mettre hors la loi.
Loc. Se mettre au vert*. Au fig. Se mettre à la portée* de.
En partic.
a) Se joindre (à); participer (à). Ascagne voulut se mettre des promenades de ces dames (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.24).
Loc. Se mettre de la partie*.
b) Au fig. Se placer en esprit. Se mettre au-dessus de qqn; se mettre au nombre de, au rang de; se mettre très haut. Mettons-nous à dix ans d'ici. Dans dix ans, ta fille aura dix-huit ans, elle sera ta compagne, ton espion (Balzac, E. Grandet, 1834, p.151).
2. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une position] Tout le monde se mit en ligne le long du mur [de la terrasse] et on s'extasia sur l'étendue de l'horizon (Maupass., Bel-Ami, 1885, p.366).Un loustic apporta son accordéon et entama la Marseillaise. Les Russes se mirent au garde à vous comme un seul homme (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.181):
23. On avait en grande hâte équipé et amené les chevaux. Akbar, Mohsèn et Djemylèh se mirent en selle, une douzaine de soldats firent comme eux, et la cavalcade, prenant une rue détournée, gagna au pas une des portes de la citadelle qui donnait sur la campagne, bien résolue à passer sur le ventre des gardes, si ceux-ci cherchaient à l'arrêter... Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p.281.
SYNT. Se mettre à (deux) genoux, à plat ventre, à quatre pattes; se mettre assis, debout; se mettre sur le dos, sur ses pieds, sur son séant, sur le ventre; se mettre à terre, par terre; se mettre à cheval; se mettre en tête, en queue d'un cortège, d'un défilé; se mettre deux par deux, quatre par quatre; se mettre en rangs, en rang d'oignons; se mettre à la queue leu leu (v. queue1); se mettre en garde.
Loc. Se mettre à plat ventre* devant qqn; se mettre en avant*; se mettre sur les rangs (v. rang); se mettre à la tête* d'(un groupe, un mouvement); se mettre sur le pied* de + inf.; se mettre sur le pied de guerre*; se mettre au niveau*.
B. − Emploi pronom. réfl. indir., loc. Se mettre qqn à dos*; se mettre la tête à l'envers*.
C. − Emploi pronom. passif. Une femme qui ne pouvait plus éprouver de plaisirs avec d'autres n'aurait plus dû exciter ma jalousie, si seulement ma tendresse avait pu se mettre à jour (Proust, Fugit., 1922, p.490).
III.
A. − Emploi pronom. réfl. Modifier son état, sa fonction, sa situation.
1. Provoquer un changement physique, matériel.
a) Se mettre + compl. prép.Se mettre en forme, en nage, en pleurs, en sang, en sueur, en train. Loc. fig. Se mettre en quatre*.
b) Se mettre + adj.Elle défit les deux boucles de sa tunique et se mit nue, l'étoffe ayant glissé à terre (Louys, Aphrodite, 1896, p.113).
2. Provoquer un changement d'état, de situation.
a) [Le compl. désigne une situation concr.] Pour n'incommoder personne, ma mère se mit en chambre garnie (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.106).Moitié misère, moitié régime nécessaire à ma santé, je m'étais mis au lait, en attendant de recevoir quelques fonds de France (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1711).Geoffroy, qui craignait de s'être mis en retard, grimpa rapidement le perron de la mairie de Souilly (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.253).
SYNT. et LOC. Se mettre à jour, à la page, au goût du jour; se mettre au régime; se mettre en appétit; se mettre en valeur, en vedette; se mettre dans l'embarras, dans une situation inextricable, dans son tort; se mettre dans le cas de, dans l'impossibilité de, en mesure de; se mettre en frais (de). Se mettre bien (fam., parfois iron.). Avoir une situation enviable, ne rien se refuser. Il me donna deux lettres, l'une pour un comte, l'autre pour un duc. Je me mets bien, comme tu vois (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p.167). Se mettre dans le bain; se mettre dans le coup. Il y avait beaucoup de vérité dans le reproche que m'avait un jour fait Nadine: «Tu ne te mets jamais dans le coup» (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.186).
[Dans le cadre de relations interpersonnelles] Je me devais à mes commettants; je me mis à leurs ordres (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.334).Je trouvai une certaine douceur (...) à l'entendre, comme une épouse aurait fait, me donner la permission de faire comme je voudrais, et m'approuver, si M. de Charlus, qu'elle aimait bien, avait besoin de moi, de me mettre à sa disposition (Proust, Sodome, 1922, p.1064).On s'était à peu près mis d'accord, entre gens de tendances contraires, pour adopter, sur le plan pratique, une formule moyenne (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.28).
SYNT. et LOC. Se mettre au diapason, à l'unisson; se mettre au service de qqn; se mettre d'accord, en accord, en contradiction, en harmonie, en opposition (avec qqn); se mettre en communication, en liaison, en rapport, en relation (avec qqn).
Se mettre ensemble, se mettre à plusieurs (pour + inf.). Se grouper (pour faire quelque chose). De son côté, monsieur de Ligny (...) répondait très clairement aux avances de Nanteuil. Voilà comment ils se mirent ensemble (A. France, Hist. comique, 1903, p.202).V. cadavre ex. 3.
Se mettre bien/mal avec qqn. Gagner la confiance de quelqu'un, se brouiller avec quelqu'un. Les deux gendarmes étaient très aimables, et je me suis mis fort bien avec eux sur la route en leur racontant les combats qui avaient eu lieu dans ce pays du temps de la Ligue (Nerval, Bohême gal., 1853, p.180).Tu as tort, me disait-il, tu as tort de te mettre mal avec les gosses du quartier. Quand tu viendras un matin faire la tournée avec nous, ils te reconnaîtront et on ne sait pas ce dont ils seront capables! (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.152).
Rem. Se mettre + attribut, pop. Le jour du certif (...) comme (...) je ne connaissais que dalle en calcul (...) je m'étais mis pote avec [E.] (...) qui réalisa mes problèmes (Trignol, Pantruche, 1946, p.18).
[Dans des tournures en usage notamment dans le style admin.] Se mettre en congé, en disponibilité, en retraite; se mettre en instance; se mettre en règle. Les affaires étrangères ne ressortent plus au prince de Hardenberg, M. de Bernstorff s'est mis hors de tutelle (Chateaubr., Corresp., t.2, 1821, p.234).Marie Duplessis, pour laquelle sept membres du jockey se mirent en association (Fargue, Piéton Paris, 1939, p.180).
b) [Avec un compl. ou un attribut spécifiant le statut, la profession de qqn]
Se mettre + compl. prép.Se mettre en brasserie; se mettre en condition. Issu d'une bonne famille, il s'était mis dans le commerce, où ses goûts ne l'attiraient guère, et y avait mangé son bien (Gobineau, Pléiades, 1874, p.39).Il se met dans le taxi à son compte et s'installe, naturellement, au coeur du XVeoù provignent les garages, les fosses de nettoyage, les entreprises de dépannage (Arnoux, Paris, 1939, p.246).
Pop. Se mettre + attribut.Ma foi, ce n'est pas la peine de se mettre voleurs (Vidocq, Mém., t.4, 1828-29, p.246).Je dis toujours que j'en ai assez, que c'est ma dernière tournée. Je répète à qui veut l'entendre que j'aime mieux me mettre ouvreuse ou placière en parfumerie (Colette, Music-hall, 1913, p.106).Les pêcheurs de Douarnenez ou de Camaret «trouvaient drôle» qu'un simple pêcheur de Sein se fût mis prêtre (Queffélec, Recteur, 1944, p.192).
c) [Le compl. dir. désigne un état mental, moral ou psychol.] Elle aimera mieux le laisser [son mari] dans l'erreur (...) que de l'exposer à se mettre dans une colère qui offenserait le ciel (Senancour, Obermann, t.2, 1840, p.31).Le diable, peut-être pour éviter qu'elle se mît en garde (...) avait pris soin de justifier cette affection par une espérance chrétienne (Mérimée, A. Guillot, 1847, p.132).Nous devons toujours consentir à une colère pour qu'elle puisse se manifester, et (...) suivant l'expression si juste, on se met en colère (Sartre, Réfl. quest. juive, 1946, p.21):
24. Beethoven, dans la puissante période de sa maturité créatrice, n'a pas forgé sa forme propre du lied, − sans doute parce qu'il n'est pas arrivé à se mettre au clair sur ce qu'il voulait de lui. Rolland, Beethoven, t.1, 1937, p.164.
SYNT. et LOC. Se mettre au courant, au fait, au parfum (pop.); se mettre en goût; se mettre en devoir de; se mettre à l'aise, à son aise; se mettre dans tous ses états, sens dessus dessous; se mettre en boule (fam.), en colère, en défiance, en émoi, en fureur, en furie, en joie, en peine, en rage, en rogne (fam.); se mettre hors de soi; se mettre sur son quant à soi.
Région. (Sud de la France). Se mettre + adj.J'ai voulu expliquer la chose au gouverneur; mais il s'est mis furieux (A. Daudet, Nabab, 1877, p.49).
d) [Le compl. désigne un procès] Je montai dans la patache, le conducteur fit claquer son fouet, et les chevaux se mirent en marche dans ce brillant tapage (Tharaud, Fête arabe, 1912, p.66).Les trois prêtres se mirent en prière et firent une longue méditation devant ce paysage nocturne (Barrès, Colline insp., 1913, p.290).
SYNT. et LOC. Se mettre au galop, au pas, au trot; se mettre à l'écoute, à la cadence; se mettre à la poursuite de, à la recherche de; se mettre en branle (fam.), en campagne, en cavale (pop.), en chemin, en route; se mettre en chasse; se mettre en quête de; se mettre en grève, en insurrection; se mettre à l'école* de qqn.
B. − Emploi pronom. passif. Cette chaudière présente une grande surface de chauffe et se met très rapidement en pression (Ser, Phys. industr., 1890, 110).Comment le mot je peut-il se mettre au pluriel? (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.400).
C. − Se mettre à
1. Commencer à faire quelque chose; entrer dans un processus.
a) Se mettre à + subst. (désignant un procès).Se mettre à la besogne, à la tâche, au travail. J'ai voulu d'abord me mettre à l'étude et j'ai commencé à lire quelque chose sur la philosophie de Kant (Maine de Biran, Journal, 1816, p.165).Nous serons prêtes! s'écrièrent à la fois Mimi et Phémie. Sur-le-champ elles se mirent à l'oeuvre, et pendant seize heures, elles ne quittèrent ni les ciseaux ni l'aiguille (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.201).Les cinq hommes s'acheminèrent un matin vers cette pièce de terre et se mirent à l'ouvrage de suite et sans un mot, car la tâche de chacun avait été fixée d'avance (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.59).
b) Se mettre à + inf.Je me suis mis à dessiner, ma chère cousine, depuis quelques jours, et cela m'a fait venir l'idée que je pourrais bien aussi mettre mes talens à profit (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1672).Je saisis la petite terrine où mijotait la soupe; je m'assis à ma place familière, entre l'évier et le buffet de bois blanc, et je me mis à manger (Duhamel, Confess. min., 1920, p.116):
25. Nous allions nous la voir dans son jus, la vraie Afrique! Nous les passagers boissonnants de l'amiral Bragueton! Mais dès après les côtes du Portugal, les choses se mirent à se gâter. Irrésistiblement, certain matin au réveil, nous fûmes comme dominés par une ambiance d'étuve infiniment tiède, inquiétante. Céline, Voyage, 1932, p.140.
c) S'y mettre.Couture fait, dit-il, des études préparatoires, pour apprendre par coeur, en quelque sorte, le morceau qu'il veut peindre et s'y met ensuite avec chaleur (Delacroix, Journal, 1847, p.189).Je suis las, profondément las de tout! Pourvu que je ne rate pas aussi Saint-Antoine! Je vais m'y mettre dans une huitaine, quand j'en aurai fini avec Kant et avec Hegel (Flaub., Corresp., 1872, p.364).
2. Prendre goût à. Se mettre à fumer. C'est un brave marin, monsieur, que mon fils Gildas; mais il est perdu comme son père parce que, lui aussi, s'est mis à boire (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.115).
3. En constr. impers. Il se met à faire beau. Nous marchions le plus vite possible, mais il s'est mis à pleuvoir! (Céline, Mort à crédit, 1936, p.543).
Le temps se met à + subst. Le temps évolue vers. Le temps s'étant mis à la pluie, j'ai renoncé à découcher (Amiel, Journal, 1866, p.215).Le 20 février, le temps se met au beau (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p.24).
D. − Fam. et vieilli. Se mettre après qqc.Commencer à s'occuper de quelque chose. Synon. fam. s'atteler à.V. après ex. 68.
Rem. gén. 1. Dans la lang. soutenue et notamment dans la lang. écrite, on emploie souvent un verbe plus précis que mettre ou se mettre. Ainsi insérer, introduire ou loger peuvent se substituer à mettre dans + compl. de lieu, appliquer ou poser à mettre sur, revêtir ou chausser à mettre (un vêtement, des souliers), s'installer à se mettre + prép. + compl. de lieu. 2. Mettre et se mettre entrent dans de très nombreuses loc. et constr. dont la lang. fournit par ailleurs des verbes synon. P. ex.: mettre ensemble, assembler; mettre obstacle à, empêcher; mettre à l'épreuve, éprouver; mettre à sec, assécher; mettre de côté, réserver ou épargner; mettre dans l'embarras, embarrasser; mettre en opposition, opposer; mettre en terre, enterrer ou planter; mettre par écrit, inscrire ou écrire; se mettre au courant, s'informer; se mettre debout, se lever; se mettre au lit, se coucher.
Prononc. et Orth.: [mεtʀ]. Prononc. ds Martinet-Walter 1973, de mettre cette robe [mεtʀsεtʀ ɔb], [mεtʀ əsεt-], [mεtsεt-] (10, 4, 4). Att. ds Ac. dep. 1694.
Étymol. et Hist. Trans. I. Faire passer en un lieu A. Porter, provoquer, causer, faire 1remoitié xes. (Jonas, éd. G. de Poerck, 197: ... liberi de cel peril qet il habebat discretum qe super els mettreiet); 1160-74 metre le feu (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3338); id. metre fin (Id., op. cit., III, 200); ca 1170 metre desfanse «s'opposer, résister» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1747). B. Attribuer à une personne une affectation déterminée 1. 2emoitié xes. (St Léger, éd. J. Linskill, 22: Ab u magistre sempreˑl mist [sant Lethgier]); fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 360: Nos te praeiam, per ta mercet Gardes i met, non sia emblez [Jesus]); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 149: Pa[r] num d'ocire i metrai un mien filz [comme otage]; 2238: Ço est l'arcevesque, que Deus mist en sun num); 2. 2emoitié xes. metre en reclus «mettre en prison» (St Léger, 155); ca 1100 (Roland, 2934: L'anme de tei seit mise en pareïs!); ca 1170 metre a seür «mettre en sûreté» (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 230); 3. exposer, soumettre 1130-40 metre en jugement «accuser» (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 649); 1155 metre en abandun «exposer au danger» (Id., Brut, éd. I. Arnold, 7778); 1283 metre en vente (Beaumanoir, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1511); 4. ca 1150 metre a lettres «envoyer à l'école» (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 67). C. Faire occuper un nouvel endroit, un endroit déterminé (souvent avec une nuance de rapidité, de violence) 1. fin xes. forsmedre «chasser» (Passion, 420: ... sancta Mariae, De cui sepˑdïables forsmisdret [Jesus]); ca 1100 (Roland, 1355: Fors de la teste li met les oilz ansdous); 2. metre en α) fin xes. (Passion, 246: Et en sa man un raus li [Jesu] misdrent); 1160-74 fig. metre en mein a «donner, mettre à disposition» (Wace, Rou, III, 155); β) ca 1050 metra an terre, metre en un sarqueu (St Alexis, éd. Chr. Storey, 579, 583); γ) ca 1050 fig. metre el consirrer «mettre dans sa pensée, son esprit; méditer sur» (ibid., 244); 1121-34 metre en ubli (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1373); 1155 metre en memoire «perpétuer, faire garder le souvenir» (Wace, Brut, 9026); 3. ca 1050 «donner, attribuer» (St Alexis, 30: Bel num li metent [à Alexis] sur la cristïentet); ca 1100 (Roland, 3861: Mult granz offrendes metent par cez musters); 4. ca 1100 metre a (ibid., 1753: Rollant ad mis l'olifan a sa buche); 5. disposer, préparer α) ca 1100 metre le sege (ibid., 212); ca 1150 metre le manger (Wace, St Nicolas, 1324); ca 1165 metre les tables (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2517); β) ca 1100 metre en reng (Roland, 2192); 1155 metre en conrei «ranger en ordre de bataille» (Wace, Brut, 851); γ) 1176 fig. metre an la voie «mettre sur le droit chemin» (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1032). D. Faire occuper à une partie du corps une place précise fin xes. (Passion, 463: Sobrae malabdes mans metran [li soi fidel]); ca 1100 metre la main a l'espee (Roland, 443); 1160-74 metre main a «saisir quelqu'un [pour l'arrêter]» (Wace, Rou, III, 9209); 1377 metre le pié a terre [d'un cavalier] (Gace de La Buigne, Deduis, éd. . Blomqvist, 1953). E. Disposer sur le corps ca 1100 (Roland, 1826: E si li metent el col un caeignun); ca 1170 (Marie de France, Lais, Eliduc, 409: L'anelet d'or mist en sun dei; Lanval, 572: Les pans [de son mantel] en ot entur li mis). F. Consacrer à quelque chose, investir 1. début xiies. «employer une certaine durée, un certain laps de temps» (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 260: E al querre treis jurs mistrent); 2. 1160-74 «exposer, risquer» (Wace, Rou, III, 7627: Por vostre cors, le mien metreie); 3. ca 1170 «consacrer (ses moyens, son énergie)» metre s'entente en (Marie de France, Lais, Yonec, 26); 1174-87 metre tote sa force en (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 4282); 4. ca 1210 «dépenser, engager une somme d'argent» (Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr, 1958, 2076). G. Pourvoir une chose d'un élément qui lui manque, qui lui convient ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, 1608: Ele les [les ataches] fet tot maintenant El mantel metre isnelemant). H. [D'un animal] se revêtir, se couvrir de xives. metre les pennes (Moamin et Ghatrif, I, 12, 3 ds T.-L.), cf. Littré: On dit du porc qu'il a tout mis, quand toutes ses dents sont venues. II. Placer dans une position nouvelle 1. une personne fin xes. (Passion, 285: Cum il l'an mes [Jesum] sus en la cruz); 2. une chose 1155 metre jus les armes «quitter les armes» (Wace, Brut, 2741). III. Placer dans une situation nouvelle (notion de transformation) A. Amener à tel état, telle situation 1. ca 1050 (St Alexis, 358: Metent lur cors en granz afflictiuns; 432: A grant duel met la sue carn medisme); 1erquart xiiies. metre en ire (Renclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. van Hamel, 76, 2); 2. 1155 metre a enor «faire parvenir au faîte des honneurs» (Wace, Brut, 1357); 3. 1174-76 metre a nëent «anéantir, détruire» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 6064). B. Transposer dans un autre mode d'expression début xiies. metre en letre «mettre par écrit, écrire dans un récit» (Benedeit, St Brendan, 10); 1155 mettre en escrit (Wace, Brut, 12893); ca 1165 metre en romanz (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 37); ca 1220 metre en rime (Jean Renart, Ombre, éd. J. Bédier, 45); ca 1380 mettre en droit françois (Jean Le Fèvre, Lamentations de Matheolus, éd. A. G. van Hamel, 70). C. Transformer, altérer sur le plan physique 1130-40 metre a vie «faire vivre» (Wace, Ste Marguerite, 648: Biax sire Dex, lor [aux femmes en couches et aux enfants à naître] aïe E l'un et l'autre met a vie); ca 1165 metre a martire (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 8654); ca 1170 metre a mort (Rois, éd. E. R. Curtius, III, VIII, 32, p.130). D. Modifier la forme, la structure ca 1160 metre en cendre «incendier» (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 18); ca 1200 metre en fu et en carbon (Chevalier au cygne, éd. Ch. Hippeau, 88). E. Mettre + inf. 1176-81 metre cuire (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2870). Pronom. I. Venir occuper un lieu, une place, une situation déterminés A. Se placer près de quelqu'un, entrer en rapport avec lui ca 1050 soi metre an la bailie [d'aucun] (St Alexis, 209); 1160-74 soi metre el conduit [d'aucun] (Wace, Rou, III, 10649); ca 1176 soi mettre an la merci [d'aucun] (Chrétien de Troyes, Cligès, 2143); 1269-78 soi metre o [aucun] «vivre avec quelqu'un» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13833). B. 1. Occuper un lieu a) début xiies. «se placer dans un lieu, l'occuper» (Benedeit, St Brendan, 261: Un port truvent, là se sunt mis); b) ca 1180 «se placer, se glisser, s'insinuer quelque part» (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 65, 12); 2. 1155 «se placer dans une situation déterminée» soi metre en barate, en aventure (Wace, Brut, 4419, 11366); 3. 1670 se mettre à un rang (Pascal, Pensées, éd. J. Chevalier ds Œuvres, p.1159, §275: L'homme ne sait à quel rang se mettre. Il est ... tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver). II. Prendre une certaine position ca 1100 soi metre a tere «se prosterner à terre» (Roland, 1136); id. soi metre sur piez (ibid., 1139); ca 1170 soi metre en genuilluns (Marie de France, Lais, Deux amants, 218); 1176-81 soi metre a genolz (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, 6623). III. Entrer dans un processus, commencer à faire quelque chose 1. soi metre en, ca 1100 soi mettre en bandun «(d'un combattant) offrir le combat, s'exposer aux coups» (Roland, 1220); début xiies. soi metre en mer «prendre la mer, cingler» (Benedeit, St Brendan, 90); 1130-40 soi metre el repaire «se mettre en route pour retourner» (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 62); 1155 soi metre en fuie (Id., Brut, 13127); 1160-74 soi metre en sa rute (Id., Rou, III, 1038); ca 1170 soi metre es galoz (Chrétien de Troyes, Erec, 4346); 2. soi metre a «s'occuper, entreprendre, commencer» a) 1130-40 soi metre a oreisons (Wace, Conception N.-D., 705); ca 1160 (Eneas, 9695: Que nus altre s'i mete mais); b) ca 1170 soi metre a la trace de (Marie de France, Lais, Yonec, 342); ca 1200 soi metre al petit pas (Chanson Guillaume, éd. D. McMillan, 1904). IV. Prendre un aspect physique ca 1470 se mettre en «s'habiller, se déguiser en» (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.285). Du lat. mittere «envoyer; jeter, lancer (dans un mouvement rapide [p. ex. des armes de trait, cf. I C 1])» et «laisser aller». La notion de rapidité ayant peu à peu disparu, divers emplois de l'a. fr. se laissent discerner dès l'époque impériale, mittere devenant insensiblement synon. de ponere: cf. Sénèque, Benef., 6, 27, 2 ds TLL s.v., 1168, 4: bene meritum ad pedes tuos mittis; et à basse époque: Hier. Mat., 9, 17 ds Blaise Lat. chrét.: neque mittunt vinum novum in utribus veteribus; vies., Oribase, Syn., 1, 31 ds TLL s.v., 1168, 16: mittere in solio; 573-603 Concilium Autiss., can. 37 ds Blaise Lat. chrét.: mittere manum ad aliquid «toucher quelque chose». Le sens «émettre, faire pousser, se revêtir de» remonte au lat. class. où mittere est synon. de induere, d'abord en parlant des plantes mittere folium, florem, radices, puis en parlant d'une personne mittere barbam (Vitae patrum, 6, 3, 2, ibid.), enfin p. ext. mittere vestimenta, ornamenta: dep. Ovide, Ars, 1, 582 ds TLL s.v., 1168, 83: huic detur capiti missa corona tuo; cf. Itala, Marc, 11, 7: miserunt super eum pullum vestimentum et vies. Vitae patrum, 3, 47: misit sibi vestimenta, v. TLL s.v., 1168-69. Le sens «ajouter (un ingrédient à un autre)» se relève ds Apicius, IV, 179 d'apr. Löfstedt, Syntactica, t.2, p.379: cum [ptisana] bullierit, mittes olei satis et anethi modicum fasciculum. Le lat. médiév. connaît aussi le sens de «porter, causer, susciter» (bellum mittere vie-viiies. ds Nierm.; ignem mittere 871-874 ds Nov. gloss.), «consacrer, passer du temps à quelque chose» (856, ibid.), «mettre par écrit» (xes., Rathier de Vérone ds Nierm.), «dépenser, payer» (1076 ds Nov. gloss.), «admettre» (xie-xiies., Chron. Casinense ds Blaise Latin. Med. Aev.).
Fréq. abs. littér.: 52643. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 67723, b) 88053; xxes.: a) 81105, b) 70131. Bbg. Bos (A.). Mettre au plein. Romania. 1890, t.19, pp.301-302. _ Cledat (L.). Contribution à un nouv. dict. hist. et «de l'usage». R. Philol. fr. 1915-16, t.39, pp.161-173. _ Mihailescu-Urechia (V.), Urechia (A.). Phénomènes inconnus de la lang. Orbis. 1971, t.20, p.11, 14, 15. _ Quem. DDL t.1, 6, 9, 10, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21. _ Sculpt. 1978, p.582.

Wiktionnaire

Verbe - français

mettre \mɛtʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se mettre)

  1. Placer une personne, ou un animal, ou une chose dans un lieu déterminé.
    • Tous les millions que je possède je les ai mis dans un grand coffre, sous le tombeau de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle. — (Raymond Queneau, Les Derniers Jours, Gallimard, collection Blanche, 1936)
    • Mettre un cheval dans l’écurie, à l’écurie; un oiseau dans une cage, en cage. — Mettre du foin dans le grenier, au grenier. — Mettre du bois dans la cheminée.
  2. Placer, dans un certain rapport de position, un être animé avec un autre, ou une chose avec une autre, ou un être animé avec une chose.
    • On m’a mis à côté de lui à table.
    • Mettre un gigot à la broche.
    • Mettre des marchandises à bord d’un navire.
    • Mettre la main à la plume.
  3. (Par extension) (Par ellipse) (Vulgaire) En parlant du pénis, permet d’évoquer un rapport sexuel.
    • Tu parles d’une obsédée : tout le temps à raconter comment son mari la lui a mise !
    • (Québec) Ils pensent rien qu’à se mettre, les adolescents.
  4. Envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir, en parlant des personnes.
    • La dame Labache ne pouvait indiquer le moment. En raison du changement d’heure, survenu la même nuit, la déposante hésitait : elle avait, en se mettant au lit, retardé sa pendule pour s’épargner la peine d’y penser le lendemain […] — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Mettre un enfant dans un collège, au collège ; dans une pension, en pension; dans une école, à l’école.
    • (Par extension) Mettre quelqu’un dans les affaires, dans le commerce, dans l’industrie.
    • (Par extension) Mettre un enfant en nourrice, en apprentissage.
  5. (Figuré) Établir ; conférer un emploi.
    • Mettre un prince sur le trône.
    • Mettre quelqu’un dans un poste.
  6. Condamner à ; en parlant de certaines peines qu’on inflige, qu’on fait subir.
    • Mettre un homme en prison, au cachot, aux arrêts, à l’amende.
    • Mettre un enfant en pénitence.
  7. (Par extension) Infliger une correction.
    • La vache, qu’est-ce que tu lui as mis !
    • Pour le mettre ? Tu sais ce que je vais te mettre, moi ?!? — (Maëster, Sœur Marie-Thérèse des Batignolles, La Guère Sainte, Drugstore, 2008, ISBN 978-2226175601)
    • « Écoutez ça, quand il parle de Lamartine ! Ouh là là, qu’est ce qu’il lui met, à Lamartine !… » — (Michel Houellebecq, La carte et le territoire, 2010, J’ai lu, page 251)
  8. Réduire, en parlant d'une personne.
    • Mettre un homme à la mendicité, en chemise, à sec.
    • Mettre quelqu’un aux abois, à quia, à bout.
    • Mettre un homme à la retraite, en réforme.
  9. Revêtir, enfiler sur soi, en parlant de ce qui sert à l’habillement, à la parure.
    • Les vieillards étaient prêts. On leur donna des galettes, on leur cousit des sacs, on leur coupa des bandelettes neuves; ils mirent des chaussures neuves, prirent avec eux une paire de lapti de rechange et partirent. — (Léon Tolstoï, Récits populaires, trad. de Charles Salomon, éditions Rencontres, Lausanne, 1961, page 378)
    • Mettre sa chemise, son habit, ses souliers, ses gants, son chapeau, etc.
    • Il était simplement mis, mais élégamment vêtu d'un pourpoint de drap violet foncé avec do légères broderies de soie de même couleur. — (Alexandre Dumas, Les Deux Diane, 1847, chapitre 1)
  10. (Quelquefois) Porter habituellement sur soi.
    • Il ne met pas de manchettes.
  11. (Cuisine) Accommoder, apprêter d’une certaine façon, en parlant des choses qui se mangent.
    • Mettre une carpe à l’étuvée, au bleu, en matelote; un poulet en fricassée; un lièvre en pâté; des épinards au jus; des œufs à la poulette; des fruits en compote.
  12. Placer ou employer d’une certaine manière, en parlant de l’argent qu’on possède.
    • Mettre son argent, ses fonds dans une entreprise industrielle.
    • Mettre son argent en rentes, en viager, à fonds perdu.
    • Il a mis beaucoup d’argent au jeu.
  13. (Agriculture) Ensemencer, planter, employer d’une certaine manière, en parlant des terres.
    • On combat l’ivraie annuelle par des assolements; elle ne repousse pas dans un champ mis en luzerne ou en trèfle; s'il est ensemencé en pois gris ou en vesces, elle se trouve étouffée; enfin, elle périt sous les binages […]. — (Ch. de Bussy, Dictionnaire usuel et pratique d'agriculture et d’horticulture, Paris : Humbert libraire-éditeur, 1863, page 390)
    • Mettre une terre en blé, en orge, en seigle, en avoine. — Il a mis son terrain en vigne, en bois, en jachère.
  14. Écrire sur le papier, dans un livre.
    • Il a mis cette remarque en marge.
    • Il a mis son nom au bas de la lettre.
    • Il fut mis sur la liste.
    • Il mit ses raisons par écrit.
    • Mettre un mot en italiques.
  15. (Au sens physique ou moral) Faire passer d’un état à un autre, en parlant des personnes et des choses — Note : Dans cette acception, le complément est souvent précédé de la préposition en.
    • Mettre une chose en morceaux, en pièces, en poudre, en poussière, en cendre.
    • Mettre une vigne en espalier.
    • Mettre une armée en bataille, en ligne.
    • Mettre du latin en français.
    • Mettre des paroles en musique.
    • Les 180 rescapés qui se trouvaient à bord de l’Ocean Viking ont enfin pu débarquer la nuit dernière à Porto Empedocle, en Sicile, après 11 jours d’une attente inutile qui a mis des vies en danger. — (180 rescapés débarqués cette nuit après 11 jours d’attente insupportable, sosmediterranee.fr, 7 juillet 2020)
  16. (Quelquefois) Ajouter à quelque chose une partie qui y manque.
    • Ça me fait penser à allumer la téloche pour regarder les infos de 9 h. J'attrape la télécommande et je mets la dix. — (Boris Tzaprenko, Noti Flap, vol.2 : Tribulations détectivesques méziguifères, (autoédition), 2013, page 96)
    • Mettre un manche à un balai, un pied à une table, une corde à un violon, un bouton à un habit, une roue à une voiture, un fer à un cheval.
  17. (Par extension) Action, pour un marchand, d’ajouter de la marchandise dans la partie destinée à un client.
    • Alors, ma bonne dame, qu’est-ce que je vous mets ?
    • Alors, conformément à la tradition, vous avez droit à trois vœux… Je vous mets quoi ? — (Maëster, Sœur Marie-Thérèse des Batignolles, Sur la Terre comme au ciel…, Fluide Glacial, 2004, ISBN 978-2858154012)
  18. Employer ses qualités et ses dispositions morales, les manifester dans ses actions, dans ses discours, dans ses ouvrages.
    • Mettre de la bonne foi, de l’adresse, de la réserve, de la modération, du mystère, de la discrétion dans sa conduite.
    • Mettre de la passion, de la haine, du ressentiment, de la colère, de l’injustice dans une action.
    • Mettre de la douceur, de la sévérité, de l’aigreur, de la dureté dans ses discours, dans ses réprimandes.
    • Mettre de la chaleur, de la vivacité dans ses paroles.
    • Mettre de l’esprit, du jugement, du goût, de l’imagination, de l’art, du sentiment dans ses écrits.
    • Mettre de l’âme, de l’expression dans son chant, de l’accent dans son langage.
  19. (Absolument) Miser.
    • Mettre au jeu. : Mettre à la loterie.
  20. (Familier) Admettre, supposer. — Note : Il est alors suivi de que et d'un verbe conjugué à l’indicatif ou au subjonctif.
    • J’étais effrayée, voire sottement hilare à l’idée de papoter sur la météo baskets aux pieds et seins à l’air avec, mettons, Jean-Michel Apoual du chalet d’à côté, sandales aux pieds mais surtout sexe à l’air (que les choses soient claires : c’est impossible de ne pas regarder). — (Johanna Luyssen, « Les Teutons à l’air », Libération, 21 août 2018)
    • Mettez que je n’ai rien dit.
    • Mettons que ce soit vrai.
  21. Faire consister. — Note : Il est alors suivi de la préposition à et d’un verbe à l’infinitif.
    • Mettre sa gloire, son plaisir, son bonheur à faire quelque chose.
    • Je mets mon orgueil à vous imiter.
  22. Faire participer. — Note : Il est alors suivi de la préposition de.
    • On le met de toutes les fêtes, de toutes les corvées.
  23. Faire parler. — Note : Il est alors suivi de la préposition sur.
    • On le mit sur ce chapitre.
  24. Temps nécessaire.
    • Nous avons mis deux heures pour venir
  25. Commencer. (pronominal)
    • Il se met à pleuvoir.
  26. Déposer quelqu’un, au terme d’un déplacement dans un véhicule.
    • La voiture la mit au coin de la petite rue de La Chaise. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 99)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

METTRE. (Je mets; nous mettons. Je mis. Je mettrai. Mets. Que je misse. Mettant. Mis.) v. tr.
Placer une personne, ou un animal, ou une chose dans un lieu déterminé. Mettre un malade dans une baignoire. Mettre un mort en terre. Mettre un cheval dans l'écurie, à l'écurie; un oiseau dans une cage, en cage. Mettre du foin dans le grenier, au grenier. Mettre du bois dans la cheminée. Il faut mettre chaque chose en son lieu, à sa place. Par extension, Mettre de l'eau dans du vin, du sel dans un ragoût, du bois dans le feu, au feu. Mettre le pied dans une maison, Y entrer. Je n'ai jamais mis le pied dans cette maison.

METTRE signifie aussi Placer, dans un certain rapport de position, un être animé avec un autre, ou une chose avec une autre, ou un être animé avec une chose. On m'a mis à côté de lui à table. Se mettre à table. Se mettre au lit.' Mettre un enfant à terre, par terre. Mettre quelqu'un hors d'une maison, ou, simplement, le mettre dehors. Mettre un gigot à la broche. Mettre des marchandises à bord d'un navire. Mettre la main à la plume. Mettre le pied à l'étrier. Se mettre en route, en chemin, en voyage. Mettre les chevaux à la voiture. Mettre un mors, une bride, une selle à un cheval. Mettez ces livres ensemble. Mettre un écran devant le feu. Mettre ses pieds sous la table. Mettre l'adresse à une lettre. Mettre la main sur quelqu'un, au collet de quelqu'un. Mettre un tableau dans son jour, Mettre pied à terre. Mettre le pied sur quelque chose. Se mettre sur les rangs. Il ne peut mettre un pied devant l'autre, Il est si faible, si languissant, qu'il ne peut marcher. Fig., Mettre un homme dans l'embarras, dans son tort. Mettre son bonheur, sa gloire dans la vertu. Mettre son espérance dans les bontés de quelqu'un. Mettre en quelqu'un ses affections, ses complaisances. Mettre un homme au-dessus, au-dessous, à côté d'un autre. Mettre quelqu'un au nombre, au rang de ses amis. Mettre quelqu'un à la tête d'une affaire. Mettre des obstacles, des bornes à quelque chose. Mettre le comble à ses bienfaits, à son ingratitude, etc. Il s'emploie aussi, dans les mêmes significations, en un grand nombre de phrases figurées et proverbiales. Mettre à la porte. Mettre la main à l'œuvre, à la pâte. Mettre la main sur la conscience. J'en mettrais ma main au feu. Vous avez mis le doigt sur la plaie, sur le mal. Mettre à quelqu'un le poignard sur la gorge. Mettre les fers au feu. Mettre le feu aux poudres. Mettre le nez dans les affaires, dans les livres. Mettre une question sur le tapis. Mettre quelqu'un dans de beaux draps. Mettre quelqu'un au tombeau. Cette nouvelle l'a mis aux champs. Mettre quelqu'un hors de combat, hors des gonds. Mettre quelque chose sur le compte, sur le dos de quelqu'un. Mettre la charrue avant les bœufs. Mettre quelqu'un sur la voie. Mettre un homme sur les dents. Mettre une armée sur pied. Mettre quelqu'un au pied du mur. Mettre le marché à la main à quelqu'un. Fig. et pop., Mettre quelqu'un dedans, Le tromper.

METTRE, en parlant des Personnes, signifie souvent Envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir. Mettre un enfant dans un collège, au collège; dans une pension, en pension; dans une école, à l'école. Il a mis son fils chez un notaire, chez un avoué. Par extension, Mettre quelqu'un dans les affaires, dans le commerce, dans l'industrie. Mettre un enfant en nourrice, en apprentissage. Fig., Mettre un prince sur le trône, L'y établir. Mettre quelqu'un dans un poste, Lui conférer un emploi. Mettre au monde un enfant, Lui donner naissance. Fig., Ne savoir où se mettre, Être embarrassé de sa contenance. Se mettre à quelque chose, S'en occuper. Je me suis mis au travail, à l'étude. Je n'ai pas renoncé à cet ouvrage, je m'y mettrai incessamment. Se mettre à tout, Se rendre utile en toute occasion, ne se refuser à rien. Se mettre à deux, à trois pour faire quelque chose, Se réunir deux ou trois. Se mettre à, suivi d'un infinitif, marque ordinairement le Commencement d'une action. Dès qu'on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Tout le monde se mit à rire, à crier. Il s'est mis tout de bon à étudier.

METTRE se dit aussi en parlant de Certaines peines qu'on inflige, qu'on fait subir. Mettre un homme en prison, au cachot, aux arrêts, à l'amende. Mettre un enfant en pénitence. Mettre un prince, une ville au ban de l'Empire signifiait autrefois Déclarer qu'ils ont encouru la déchéance et autres peines prononcées par les lois de l'Empire. Voyez BAN. Fig., Mettre quelqu'un au ban de l'opinion, de l'Europe, de l'Humanité, Le dénoncer au mépris public dans son pays, dans l'Europe, dans le monde entier.

METTRE, en parlant des Personnes, s'emploie aussi dans le sens de Réduire ou en un sens voisin. Mettre un homme à la mendicité, en chemise, à sec. Mettre quelqu'un aux abois, à quia, à bout. Mettre un homme à la retraite, en réforme. Mettre à pied. On dit à peu près dans le même sens Se mettre au régime, Se mettre au lait, Commencer à user de régime, à faire usage de lait. Il s'emploie quelquefois, dans le même sens, en parlant des Choses. Mettre une fontaine à sec.

METTRE, en parlant de Ce qui sert à l'habillement, à la parure, signifie Le revêtir, le mettre sur soi. Mettre sa chemise, son habit, ses souliers, ses gants, son chapeau, etc.

SE METTRE signifie absolument S'habiller. Cet homme se met d'une façon négligée. Il ne sait pas se mettre. Votre frère se met avec goût. Cette femme se met avec élégance. Il se met ordinairement en noir. Bien mis, mal mis, Bien vêtu, mal vêtu. Il signifie quelquefois Porter habituellement sur soi. Il ne met pas de manchettes. Mettre sur soi tout ce qu'on gagne, Le dépenser en parures.

METTRE, en parlant des Choses qui se mangent, signifie Les accommoder, les apprêter d'une certaine façon. Mettre une carpe à l'étuvée, au bleu, en matelote; un poulet en fricassée; un lièvre en pâté; des épinards au jus; des œufs à la poulette; des fruits en compote.

METTRE, en parlant de l'Argent qu'on possède, signifie Le placer, l'employer d'une certaine manière. Mettre son argent, ses fonds dans une entreprise industrielle. Mettre son argent en rentes, en viager, à fonds perdu. Il a mis une partie de son argent en chevaux, en bijoux. Il a mis beaucoup d'argent au jeu. Absolument, Mettre au jeu, Déposer son enjeu. Mettre à la loterie, Prendre un billet de loterie. Mettre du sien, Faire quelque sacrifice d'argent. Il voudrait entrer dans cette affaire sans y mettre du sien. Cette affaire s'annonce bien pour l'avenir, mais en attendant j'y mets du mien. Fig., Mettre du sien, Faire quelque concession. Si l'on veut s'entendre, il faut que chacun y mette du sien. Pour d'autres sens figurés de cette expression, voyez SIEN.

METTRE, en parlant des Terres, signifie Les ensemencer, les planter, les employer d'une certaine manière. Mettre une terre en blé, en orge, en seigle, en avoine. Il a mis son terrain en vigne, en bois.

METTRE se dit en parlant de Ce qu'on écrit sur le papier, dans un livre. Il a mis cette remarque en marge. Il a mis son nom au bas de la lettre. Il fut mis sur la liste. Il mit ses raisons par écrit. Mettre en italiques.

METTRE se dit encore, au sens physique et au sens moral, en parlant des Personnes et des choses qu'on fait passer d'un état à un autre et, dans cette acception, le complément est souvent précédé de la préposition en. Mettre une chose en morceaux, en pièces, en poudre, en poussière, en cendre. Mettre une vigne en espalier. Mettre une armée en bataille, en ligne. Mettre une pensée en vers. Mettre du latin en français. Mettre des paroles en musique.

METTRE signifie quelquefois Ajouter à quelque chose une partie qui y manque. Mettre un manche à un balai, un pied à une table, une corde à un violon, un bouton à un habit, une roue à une voiture, un fer à un cheval. Mettre du temps, Employer un certain temps. J'ai réussi, mais j'y ai mis le temps. Virgile mit douze ans à composer son Énéide.

METTRE, en parlant de Qualités et de dispositions morales, signifie Les employer, les manifester dans ses actions, dans ses discours, dans ses ouvrages. Mettre de la bonne foi, de l'adresse, de la réserve, de la modération, du mystère, de la discrétion dans sa conduite. Mettre de la passion, de la haine, du ressentiment, de la colère, de l'injustice dans une action. Mettre de la douceur, de la sévérité, de l'aigreur, de la dureté dans ses discours, dans ses réprimandes. Mettre de la chaleur, de la vivacité dans ses paroles. Mettre de l'esprit, du jugement, du goût, de l'imagination, de l'art, du sentiment dans ses écrits. Mettre de l'âme, de l'expression dans son chant, de l'accent dans son langage.

METTRE, dans quelques phrases, a pour complément direct un substantif non précédé de l'article. Mettre fin à une affaire, à un ouvrage. Mettre ordre à ses affaires. J'y mettrai bon ordre. Mettre obstacle, mettre empêchement à quelque chose.

METTRE, suivi des prépositions en ou à, s'emploie, tant au propre qu'au figuré, en parlant des Personnes ou des choses, dans un nombre considérable de locutions, où il a un sens plus ou moins rapproché, plus ou moins éloigné de sa signification primitive. Nous allons en citer un certain nombre d'exemples.

METTRE, avec en. Mettre quelqu'un en colère, en fureur, en peine, en gaieté, en joie, en bonne ou en mauvaise humeur. Mettre quelqu'un ou quelque chose en danger, en péril. Cette action l'a mis en faveur, en crédit, en honneur, en réputation, en vogue. Mettre sa conscience en repos. Mettre ses affaires en ordre. Mettre quelqu'un en avant, en frais, en dépense. Mettre une armée en campagne, en déroute, en fuite, en désordre, en désarroi. Mettre une terre en valeur, une maison en vente. Mettre une parole en oubli. Mettre une chose en œuvre, en ligne de compte, en état, en évidence, en sûreté, en question, en doute, en délibération, en fait. Mettre un homme en cause, en jugement. Mettre quelqu'un ou quelque chose en mouvement, en train, en repos. Mettre de l'argent en dépôt, des effets en gage. Mettre en état de siège. Mettre quelque chose en tête à quelqu'un.

METTRE, avec à. Mettre une affaire à jour. Mettre une ville à contribution. Mettre une chose à profit, à exécution. Mettre à bout. Mettre quelqu'un à même de... à portée de... Mettre quelqu'un à couvert. Mettre à prix la tête de quelqu'un. Mettre une chose à haut prix, à bas prix. Mettre un homme à terre, un homme à mort, etc.

METTRE, avec à, suivi de l'article. Mettre un homme à la raison, à l'épreuve. Mettre une ville au pillage. Mettre un cheval au pas, au trot, au galop. Mettre un écrit au net. Mettre les choses au pis. Mettre quelqu'un au fait. Mettre deux personnes aux mains, aux prises. Mettre quelqu'un ou quelque chose à l'abri, à l'écart. Mettre quelqu'un au régime. Mettre un malade au lait. Mettre une chose à l'enchère, à l'encan. Mettre quelque chose à la discrétion de quelqu'un.

METTRE, avec à, suivi d'un verbe à l'infinitif, signifie Faire consister. Mettre sa gloire, son plaisir, son bonheur à faire quelque chose. Je mets mon orgueil à vous imiter.

METTRE, avec la préposition de, signifie Faire participer. On le met de toutes les fêtes, de toutes les corvées.

METTRE, avec la préposition sur, signifie Faire parler. On le mit sur ce chapitre.

METTRE se construit aussi avec certains adverbes, de manière à former un sens particulier. Ils avaient de la peine à se rapprocher, je les ai mis bien ensemble, Je les ai réconciliés. La jalousie les a mis mal ensemble, Les a brouillés. Cette chienne a mis bas, Elle a fait des petits. Ce cerf a mis bas, a mis sa tête bas, Il s'est dépouillé de son bois, son bois est tombé. Mettre habit bas, Ôter son habit. Mettre ses habits bas, Se déshabiller. Mettre bas son chapeau, ou Mettre chapeau bas, ôter son chapeau. Mettre pavillon bas, Baisser le pavillon pour annoncer qu'on se rend. Fam., METTRE, avec que et l'indicatif ou le subjonctif, signifie Admettre, supposer. Mettez que je n'ai rien dit. Mettons que ce soit vrai.

METTRE s'emploie quelquefois sans complément direct. Mettre de côté, Épargner son revenu, amasser de l'argent.

METTRE s'emploie dans plusieurs locutions spéciales à la Marine. Mettre un vaisseau à la mer, à flot, à la cape, en panne. Mettre tout au vent. Mettre vent en poupe. Mettre les voiles dedans. Mettre les voiles dehors, toutes voiles dehors. Mettre le cap en route. Etc. Voir, pour l'explication, les mots MER, FLOT, CAPE, PANNE, etc. Absolument, Mettre à la mer, Mettre à la voile.

METTRE s'emploie aussi avec le pronom personnel, dans la plupart des acceptions où il a pour sujet un nom de personne. Se mettre à la place de quelqu'un, au-dessus de quelqu'un. Se mettre à table. Se mettre au soleil, au jour, devant la cheminée, derrière la porte. Se mettre dans les affaires. Se mettre aux pieds de quelqu'un. Je me mettrais au feu, je me mettrais en quatre pour lui. Se mettre en danger, en évidence, en sûreté, à l'abri, à l'écart, à couvert. Se mettre en garde, en défense. Se mettre à la suite d'une personne. Se mettre en pension, en apprentissage, en service. Se mettre en eau, en sueur, en nage. Se mettre en crédit, en renom, en réputation. Se mettre en colère, en fureur, en peine. Se mettre de mauvaise humeur. Se mettre en humeur de faire quelque chose. Se mettre en repos, en mouvement, en train, en avant, en frais, en jeu. Se mettre en retard. Se mettre à portée, à même, en état de faire une chose. Se mettre au fait d'une chose. Se mettre sur les rangs. Se mettre bien, se mettre mal avec quelqu'un. Se mettre en course, en route, en chemin, en voyage. Se mettre sur le pied de faire telle chose. Etc. Mettez-vous là, Asseyez-vous, prenez place. Pop., Se mettre avec une femme, Vivre maritalement avec elle.

Littré (1872-1877)

METTRE (mè-tr'), je mets, tu mets, il met, nous mettons, vous mettez, ils mettent ; je mettais ; je mettrai ; je mettrais ; je mis ; mets, qu'il mette, mettons, mettez, qu'ils mettent ; que je mette, que nous mettions ; que je misse ; mettant ; mis v. a.

Résumé

  • 1° Faire occuper par quelqu'un ou par quelque chose un endroit déterminé.
  • 2° Emplois de mettre en termes de marine.
  • 3° Par extension, mêler quelque chose à une autre chose.
  • 4° Reconduire jusqu'à un certain endroit.
  • 5° Mettre dehors, congédier, renvoyer.
  • 6° Placer dans un certain rapport de position.
  • Fig. Il se dit des choses abstraites, intellectuelles, morales que l'on met comme on ferait de choses matérielles.
  • 8° Ajouter à quelque chose une partie qui y manque.
  • 9° Mettre dans une certaine disposition physique, avec un nom de chose pour sujet.
  • 10° Mettre, en parlant des personnes, envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir.
  • 11° En parlant de ce qui sert à l'habillement, à la parure, revêtir.
  • 12° Accommoder, apprêter, en parlant de choses qui se mangent.
  • 13° Placer, employer d'une certaine manière, en parlant d'argent.
  • 14° Il se dit de ce qu'on écrit sur le papier, dans un livre.
  • 15° Il se dit de certaines peines qu'on inflige.
  • 16° Fig. Employer, manifester, en parlant de qualités morales, intellectuelles.
  • 17° Fig. Sacrifier.
  • 18° Mettre du temps, employer un certain temps.
  • 19° Mettre construit avec un substantif sans article : mettre fin, mettre obstacle, etc.
  • 20° Mettre construit avec la préposition à.
  • 21° Mettre avec, mettre au même rang.
  • 22° Mettre dans, faire participer à, faire part de.
  • 23° Mettre avec la préposition de, faire participer à, faire entrer dans.
  • 24° Mettre en, au sens physique et au sens figuré.
  • 25° Mettre pour, regarder comme, prendre pour.
  • 26° Mettre sur, faire parler.
  • 27° Mettre bas, déposer à terre, etc.
  • 28° Mettre construit avec l'infinitif d'un autre verbe, sans préposition intermédiaire.
  • 29° Mettre bien ensemble, réconcilier.
  • 30° Mettre, en termes de manége.
  • 31° En horticulture, mettre un arbre à fruit.
  • 32° Mettre en feu, mettre hors, en métallurgie.
  • 33° Mettre, en termes de construction.
  • 34° Mettre en cire.
  • 35° Mettre, pris absolument et sans complément direct.
  • 36° Mettre, sans complément, en termes de marine.
  • 37° Se mettre, v. réfl. Occuper un certain lieu.
  • 38° Se mettre, s'habiller.
  • 39° Se mettre en, recevoir une certaine disposition.
  • 40° Fig. Se mettre à, désignant vaguement quelque situation, quelque occupation.
  • 41° Se mettre dans, s'occuper d'une chose.
  • 42° Se mettre avant à quelque chose, en parler longuement.
  • 43° Fig. Se mettre sur, prendre une certaine manière, et aussi commencer à parler de.
  • 44° Se mettre bien auprès de quelqu'un, se concilier sa bienveillance.
  • 45° Populairement, se mettre avec une femme.
  • 46° Se mettre de, se joindre à, s'associer à.
  • 47° Se mettre à fruit, en parlant d'un arbre.
  • 48° Se mettre, être mis, occuper un certain lieu, avec un nom de chose pour sujet.
  • 49° Se mettre, se dit de choses qui font invasion, irruption.
  • 1Faire occuper par quelqu'un ou par quelque chose un endroit déterminé. Mettre un cheval dans l'écurie. Mettre du bois dans la cheminée. Il se saisit du port, il se saisit des portes, Met des gardes partout, et des ordres secrets, Corneille, Pomp. III, 1. [Il] Lui met le fer au sein que mourant il y laisse, Rotrou, Antig. III, 2. Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir, Pascal, Pens. t. I, p. 300, éd. LAHURE. C'est lui mettre moi-même un poignard dans le sein, Racine, Andr. II, 5. Qu'on mette ensemble et dans un même lieu un grand nombre d'animaux de même espèce, il en résultera nécessairement un certain arrangement, un certain ordre, de certaines habitudes communes, Buffon, Disc. nat. anim. Œuvres, t. V, p. 374.

    Fig. Elle n'est pas encore où son espoir la met, Th. Corneille, Ariane, V, 5.

    Mettre couteau sur table, se préparer à faire bonne chère.

    Fig. Mettre dedans, voy. DEDANS, n° 1.

    Mettre dans de beaux draps blancs, voy. DRAP, n° 3.

    Mettre de la paille dans ses souliers, ou plus usuellement, mettre du foin dans ses bottes, amasser beaucoup d'argent dans un emploi, y faire bien ses affaires.

    Mettre au cabinet, voy. CABINET, n° 9.

    Fig. Mettre de l'argent du côté de l'épée, voy. ÉPÉE, n° 1.

    Mettre le pied dans une maison, y entrer.

    Il ne saurait mettre un pied devant l'autre, il est si faible, si languissant qu'il ne saurait marcher.

    Mettre sous les yeux, placer quelque chose devant quelqu'un de manière qu'il puisse voir, lire, examiner la chose.

    Fig. Mettre sous les yeux, mettre aux yeux, faire remarquer, présenter. Je lui mettais aux yeux comme de notre temps Cette soif [d'écrire] a gâté de fort honnêtes gens, Molière, Mis. I, 2. Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux, Molière, Tart. I, 1.

    Fig. Mettre aux mains, rendre possesseur. Des aïeux de Décie on vante la mémoire ; Et ce nom, précieux encore à vos Romains, Au bout de six cents ans lui met l'empire aux mains, Corneille, Poly. IV, 3.

  • 2 Terme de marine. Mettre à la mer, lancer un navire à l'eau.

    Mettre à la bande, faire incliner un navire sur un de ses côtés, pour visiter, nettoyer, réparer l'autre côté de sa carène. Après avoir fait à Caillery ce que j'y devais faire, j'ai mis à la bande pour nettoyer nos vaisseaux, Lettre de du Quesne, 1680, dans JAL.

    Mettre en chantier, mettre sur les chantiers où devra être construit un navire, la quille de ce navire ; c'est commencer la construction d'un bâtiment.

    Mettre les voiles en ciseaux dans un bâtiment latin ou dans une embarcation, border l'une à bâbord, l'autre à tribord, si bien que, le vent venant de l'arrière, toutes deux fonctionnent également bien et sans se nuire.

    Mettre sur le nez, charger un navire de l'avant, et, par cette surcharge, changer sa ligne de flottaison, et faire enfoncer sa proue dans l'eau plus qu'il ne convient, Jal

    Mettre sur cul un navire, charger le navire de telle sorte que sa poupe s'enfonce dans l'eau plus qu'il ne convient.

    Mettre tout dehors, ou toutes voiles dehors, mettre au vent tout ce qu'un navire peut porter de voiles pour accélérer sa marche.

    Mettre la barre à bord, pousser la barre du gouvernail contre le bord du navire pour forcer le bâtiment de tourner vivement sa proue du côté opposé à celui où la barre est mise.

    Mettre l'ancre à poste, mettre l'ancre levée au poste qu'elle doit occuper.

    Mettre un navire à la côte, l'échouer.

    Fig. Mettre à la côte, se dit des personnes et des choses qu'on met de côté, hors de service.

  • 3 Par extension, mêler quelque chose à une autre chose. Mettre de l'eau dans du vin. Mettre quelques gouttes de laudanum dans une potion. Mettre du sel dans un ragoût.

    Fig. Mettre de l'eau dans son vin, céder, baisser le ton.

  • 4Reconduire jusqu'à un certain endroit. De Pompée en ces lieux savez-vous ce qu'on dit ? L'avez-vous mis fort loin au delà de la porte ? - Comme assez près des murs il avait son escorte, Je me suis dispensé de le mettre plus loin, Corneille, Sert. IV, 3.
  • 5Mettre dehors, congédier, renvoyer, en parlant d'un domestique, d'un employé, etc. Il suffit que j'aime ce garçon, Monsieur le met dehors, Marivaux, Pays. parv. 6e part.
  • 6Placer dans un certain rapport de position. On m'a mis à côté de lui à table. Mettre un fardeau à terre. Mettre un écran devant le feu. Mettez vos livres avec les miens. Martine : J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. - Sganarelle : Mets-les à terre, Molière, Médecin malgré lui, I, 1. Il fallait entre vous mettre un plus grand espace, Et que le ciel vous mît, pour finir vos discords, L'un parmi les vivants, l'autre parmi les morts, Racine, Théb. V, 2.
  • 7 Fig. Il se dit des choses abstraites, intellectuelles, morales que l'on met comme on ferait de choses matérielles. Cette seule faveur est tout ce que je veux, Et c'est là que j'ai mis le comble de mes vœux, Mairet, Mort d'Asdrub. II, 1. L'espoir de son salut en lui seul était mis, Corneille, Pomp. I, 1. Madame, vous voyez avec quels sentiments Je mets ce grand obstacle à vos contentements, Corneille, Perth. I, 3. Et qui peut attendre si tard à répondre aux grâces divines, Met son salut en grand hasard, Corneille, Imit. I, 23. Je renvoie Hermione, et je mets sur son front Au lieu de ma couronne un éternel affront, Racine, Andr. III, 7. Elle n'ignore ni votre naissance, ni vos aventures, ni ce que les dieux ont mis en vous, Fénelon, Tél. XXII. Ceux qui n'ont pas su mettre quelques jours sérieux dans toute leur course, quelque intervalle entre la vie et la mort, Massillon, Carême, Mot. de conv. La tyrannie d'un prince ne met pas un État plus près de sa ruine que l'indifférence pour le bien commun n'y met une république, Montesquieu, Rom. 4. Vous avez mis la mort dans ce cœur outragé, Voltaire, Adél. du Guesclin. III, 3. Je mettrais mon devoir dans l'infidélité ! Voltaire, Tancr. I, 6. Faudra-t-il que sa fille Mette à son tour le deuil, le trouble en sa famille ? Ducis, Abufar, I, 1.

    Mettre à quelqu'un quelque chose dans la tête, lui faire prendre quelque résolution, lui suggérer quelque désir. Il lui a mis dans la tête de se retirer à la campagne.

    On dit dans le même sens : mettre dans le sein. Veillé-je ? puis-je croire un semblable dessein ? Quel dieu, seigneur, quel dieu l'a mis dans votre sein ? Racine, Phèd. II, 2.

    Se mettre quelque chose dans la tête, s'en souvenir, en prendre la résolution. Adieu, monsieur, mettez-vous en tête que vous n'aurez jamais ma fille, Hauteroche, Crisp. médec. I, 3. Mettez-vous un peu tout cela dans la tête, c'est par là d'ordinaire qu'on en vient à l'exécution, Sévigné, 5 avril 1680.

    Il se dit des personnes qui sont dans quelque condition abstraite, morale, comme on serait dans une condition matérielle. Vous l'avez mis dans son tort, dans l'embarras. Mettre quelqu'un à la tête d'une entreprise. Mettre quelqu'un dans les intérêts de, lui inspirer de la bonne volonté pour. Vous m'avez si bien mise dans les intérêts de M. de Levi, que je suis fâchée du dégoût qu'on lui donne, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 2 sept. 1716.

    Mettre la paix, voy. PAIX.

    Mettre aux pieds, voy. PIED.

  • 8Ajouter à quelque objet une partie qui y manque. Mettre un manche à un balai Mettre le comble à un bâtiment. Mettre un fer à un cheval.

    Mettre les chevaux à la voiture, atteler. Et à toi, de mettre les chevaux au carrosse sans ma permission, Hauteroche, le Coch. 5.

    Absolument. Les chevaux sont mis, la voiture est attelée. …Elle sait même aussi que vos chevaux sont mis, De Bièvre, Séducteur, II, 3.

  • 9Mettre dans une certaine disposition physique, avec un nom de chose pour sujet. La pauvre femme [Mme de la Fayette] était très malade d'une colique cruelle, qui l'a mise dans une grande faiblesse, Sévigné, 28 déc. 1689.
  • 10Mettre, en parlant des personnes, envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir. On me mit dans une belle chambre. Mettre un enfant au collége, dans un collége. Il a mis son fils chez le notaire. J'ai vu votre sœur à la campagne ; on est fort content d'elle, où je l'ai mise, Marivaux, Marianne, 3e part.

    Par extension, mettre un enfant en nourrice, en apprentissage, en métier.

    Mettre une personne auprès de quelqu'un, la lui donner pour compagnon ou compagne, pour maître ou maîtresse, pour domestique. Je veux mettre auprès de vous Frontin, le laquais de mon cousin, Lesage, Turcar. II, 5. Je vous ai mise auprès d'elle, non-seulement pour cultiver son cœur et son esprit et lui donner des talents agréables, mais surtout pour me dire la vérité, Genlis, Théât. d'éduc. l'Enfant gâté, I, 1.

    Fig. Mettre un prince sur le trône, l'y établir. Et les destins l'ont mis Au trône de Cresphonte, au trône de mon fils, Voltaire, Mérope, II, 6.

    Mettre quelqu'un dans un poste, lui conférer un emploi.

    Mettre dans, établir dans. Mme de la Fayette doit être parfaitement contente d'avoir mis son fils dans une si grande et honorable alliance, Sévigné, 28 déc. 1689.

    Mettre dans le monde, mettre au monde, voy. MONDE.

    Mettre au jour, voy. JOUR, n° 1.

  • 11En parlant de ce qui sert à l'habillement, à la parure, revêtir. Mettre sa chemise, son habit, son chapeau, etc. Vous m'avez envoyé des bas de soie si étroits, que j'ai eu toutes les peines du monde à les mettre, Molière, Bourg. gent. II, 8. Mme de Lavardin fait présent à Mme de Bury d'une robe noire, d'une jupe, d'un mouchoir de point avec les manchettes, tout cela prêt à mettre, Sévigné, 17 janv. 1680.

    Il signifie quelquefois porter habituellement. Il ne met plus que des bottes.

    Mettre un habit à quelqu'un, l'en revêtir. Mettez cet habit à Monsieur de la manière que vous faites aux personnes de qualité, Molière, Bourg. gent. II, 9.

    Mettre sur soi tout ce qu'on gagne, le dépenser en parures. C'est que je joue ; et, comme je suis fort heureux, je mets sur moi tout l'argent que je gagne, Molière, l'Avare, I, 5.

    Mettre en chemise, et, anciennement, mettre en pourpoint, réduire à la misère. Le roi François ne faillit point Quand il prédit que ceux de Guise Mettraient ses enfants en pourpoint Et tous ses sujets en chemise, Épigr. contre les Guise, dans la Satire Ménippée.

    Mettre en blanc, dévaliser.

    On dit du porc, qu'il a tout mis, quand toutes ses dents sont venues.

  • 12En parlant des choses qui se mangent, les accommoder, les apprêter d'une certaine façon. Mettre une carpe au bleu, en matelote. Mettre un lièvre en pâté, des fruits en compote. Et le turbot fut mis à la sauce piquante, Berchoux, Gastron.
  • 13Placer, employer d'une certaine manière, en parlant d'argent. Mettre son argent à la caisse d'épargne, dans une manufacture, à fonds perdu. Non, mon petit ami, croyez-moi, n'allez point mettre là de l'argent ; je vous fais faire d'ailleurs tant de dépenses inutiles, Dancourt, la Femme d'intrigues, V, 5.

    Mettre de l'argent à la grosse aventure, voy. AVENTURE, n° 3.

    Mettre à intérêt, placer de l'argent de manière qu'il produise intérêt. Si vous êtes heureux au jeu, vous devriez en profiter, et mettre à honnête intérêt l'argent que vous gagnez, Molière, l'Avare, I, 5.

    Mettre au jeu, déposer son enjeu.

    Mettre à la loterie, prendre un billet de loterie. On faisait de temps en temps de petites loteries de bijoux ; le chevalier de Grammont y mettait toujours, Hamilton, Gramm. IV.

  • 14Il se dit de ce qu'on écrit sur le papier, dans un livre. Il a mis cette remarque à la marge. Tite-Live a mis dans son histoire qu'on ne sait comment Romulus disparut. Vous savez que, le père du cardinal Mazarin étant mort à Rome, on mit dans la gazette de Rome : Nous apprenons de Paris que le seigneur Pierre Mazarin, père du cardinal, est mort ici, Voltaire, Lett. d'Alembert, 18 janv. 1763.

    Mettre quelqu'un dans un livre, dans un journal, parler de quelqu'un dans un livre, dans un journal. Quiconque se pend à Londres, ou se noie, ou se tire un coup de pistolet, est mis dans la gazette, Voltaire, Polit. et législ. comm. Espr. des lois, climat.

    Mettre dans une lettre, dans un écrit, exprimer dans une lettre, dans un écrit. Il a mis dans sa lettre beaucoup de compliments pour vous. Mettez dans votre lettre à M. le Prince que vous auriez pu lui faire parler par M. le cardinal de Noailles, Maintenon, Lettre à Mme de la Viefville, 31 déc. 1705.

    Absolument. Voilà pourquoi il a mis qu'il m'a offensée, Marivaux, Marianne, 4e p.

    Mettre au bas, quand il s'agit d'une lettre, terminer une lettre par une formule de politesse qui doit varier selon le rang des personnes à qui l'on écrit. L'Académie, qui voulait répondre en corps, afin que la lettre eût plus d'effet en faveur de la veuve, se trouva en peine comment elle mettrait au bas, Pellisson, Hist. de l'Acad. IV.

    Mettre quelqu'un sur une liste, l'inscrire dans une liste. Que, si elle m'avait nommé, il m'aurait mis volontiers sur la liste qu'il avait présentée au roi, Marmontel, Mém. V.

    Mettre un événement à une date, dans telle année, le rapporter à cette date, à telle année. Valère Maxime met l'époque du luxe à l'abrogation de cette loi [la loi oppienne, contre le luxe], Montesquieu, Esp. VII, 14.

    Mettre en écrit ou par écrit, rédiger, écrire. Une autre fois je mettrai mes raisonnements par écrit pour disputer avec vous, Molière, D. Juan, I, 2.

    Mettre en, traduire. Je vous envoie une lettre que j'ai mise en français, Bossuet, Lett. 154.

    Familièrement. Mettre en français, corriger les fautes d'une rédaction incorrecte. Sa pétition était très mal rédigée ; je l'ai mise en français.

    Mettre en vers, écrire en vers quelque chose qui est écrit en prose. Je travaille à mettre en madrigaux toute l'histoire romaine, Molière, Préc. 10. Villers, comédien de l'hôtel de Bourgogne, mit le Festin de Pierre en vers, et il eut quelque succès à ce théâtre, Voltaire, Vie de Molière.

    Mettre en dialogue, rédiger sous forme de dialogue. Shakespeare a pris toutes ses tragédies de l'histoire ou des romans, et il n'a fait que mettre en dialogues le roman de Claudius, de Gertrude et d'Hamlet, écrit tout entier par Saxon le grammairien, à qui gloire soit rendue, Voltaire, Mél. litt. Théâtre angl.

  • 15Il se dit de certaines peines qu'on inflige. Mettre un homme en prison, au pilori, aux fers. Il fut mis à l'amende. Mettre un enfant en pénitence.

    Mettre au ban de l'Empire, voy. BAN, n° 5.

    Mettre à mort, faire périr soit à la suite d'un jugement, soit par la volonté d'un homme puissant. Néron fit mettre à mort sa mère. Avec une fausse conscience que ne firent pas les Juifs ? ils crucifièrent le saint des saints, ils mirent à mort Jésus-Christ, Bourdaloue, Sur la fausse consc. 1er avent, p. 165.

  • 16 Fig. Employer, manifester, en parlant de qualités morales, intellectuelles. Mettre de la passion, de la colère dans une action. Mettre de l'âme, de l'expression dans son chant. Mettre du mystère dans sa conduite. Mettez votre gloire dans la simplicité, Fénelon, Tél. XXIV. Charles, après cinq années et quelques mois de séjour en Turquie, en partit sur la fin d'octobre en 1714 ; on sait qu'il mit dans son voyage la même singularité qui caractérisait toutes ses actions, Voltaire, Russie, II, 5. Ce n'est pas assez que vous sachiez mettre de la vérité dans vos raisonnements, il faut encore que vous sachiez mettre de la sagesse dans vos actions, Diderot, Opin. des anc. philos. (épicurisme).
  • 17 Fig. Sacrifier. Ce que chez vous nous voyons estimer N'est pas un roi qui ne sait point aimer, C'est un mortel qui sait mettre sa vie Pour son ami…, La Fontaine, Fabl. XII, 15. Ils ont mis leur repos, leur santé, pour avoir ces richesses, La Bruyère, VI.

    Mettre le tout pour le tout, risquer toute chose.

    Mettre du sien, faire quelque sacrifice d'argent. Les gens de delà l'eau, et ceux en deçà se cotisent et mettent chacun du leur, La Bruyère, XII. Peut-être croyez-vous que je fais mes affaires ; La vérité pourtant est que j'y mets du mien, Collin D'Harleville, Vieux célib. II, 3.

    Par extension. Mettre du sien, prendre de la peine, employer son travail à quelque chose. Ceux qui savent ce que c'est que de déchiffrer ces anciens textes ne diront pas que M. Leibnitz n'a mis du sien dans le Codex diplomaticus que sa belle préface, Fontenelle, Leibnitz.

    Fig. Mettre du sien, faire des concessions. Si l'on veut s'entendre, il faut que chacun mette du sien.

    Fig. Mettre du sien, signifie aussi ajouter à une histoire, l'enjoliver, l'exagérer. Tout cela n'est pas fort exact ; il a mis beaucoup du sien.

  • 18Mettre du temps, employer un certain temps. Il a mis deux heures à faire cette copie. Virgile commença aussitôt son Énéide, il y mit onze ou douze ans, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, 1, 2, § 2. La flotte d'Alexandre mit sept mois pour aller de Patale à Suse, Montesquieu, Esp. XXI, 9. Je mis à ce voyage une quinzaine de jours, que je peux compter parmi les heureux de ma vie, Rousseau, Conf. IV. Populairement. Ne mettre guère, n'être pas longtemps. On dit : allez-vous-en chez un tel, et ne mettez guère, pour dire : ne soyez pas longtemps, ou ne demeurez guère ; à la vérité, cette façon de parler est française, mais si basse que je n'en voudrais pas user, Vaugelas, Rem. t. II, p. 754, dans POUGENS.
  • 19Mettre, construit avec un substantif sans article. Mettre fin, terminer. Mettre obstacle, s'opposer. Mettre remède, remédier. Si dans son composé quelqu'un trouve à redire, Il peut le déclarer sans peur, Je mettrai remède à la chose, La Fontaine, Fabl. I, 7.

    Mettre ordre, voy. ORDRE.

  • 20Mettre, construit avec la préposition à. Mettre une ville à contribution. Mettre un homme à terre. Mettre à fin une entreprise.

    Mettre à bas, abaisser, humilier. J'ai de quoi mettre à bas votre orgueil et détruire vos artifices, Molière, G. Dand. III, 8.

    Mettre à bout, épuiser la patience, pousser à toute extrémité. Ah ! juste ciel ! cela se peut-il demander ? Et n'est-ce pas pour mettre à bout une âme ? Molière, Amph. II, 6.

    Mettre à mal, vaincre, faire céder. Mettre une femme à mal, la séduire.

    Mettre à feu et à sang, tuer et brûler. On mit à feu et à sang tout ce qui se rencontra dans les villes ou dans la campagne, sans aucune distinction d'âge ou de sexe, Fléchier, Hist. de Théodose, I, 32.

    Mettre à tous les jours, voy. JOUR, n° 4.

    Mettre à, mettre en train de. Nos conversations sont infinies [avec M. de Guitaut] : il aime à causer, et, quand on me met à causer, je ne fais pas trop mal aussi, Sévigné, 21 août 1677.

    Nommer à. Il [l'archevêque de Paris] a emporté contre les commissaires qui avaient la conscience plus délicate que lui, que le roi peut mettre des abbesses à plusieurs couvents de filles, Sévigné, t. X, p. 550, édit. RÉGNIER. Il [Colbert] n'attacha point de traitement aux places de votre Académie, de peur, disent les mémoires du temps, que les courtisans n'y voulussent mettre leurs valets ; hélas ! ils font bien pis, ils s'y mettent eux-mêmes, Courier, Lettre à MM. de l'Académie.

    En parlant d'une personne, employer à. C'est une fille de ma mère nourrice que j'ai mise à la chambre, et elle est toute neuve encore, Molière, Comtesse, 4.

    Mettre un homme à, l'amener à, le mettre en position de. Le plus court moyen est de mettre les gens à voir clairement leurs intérêts à vous faire du bien, La Bruyère, VI.

    Employer à, en parlant d'une chose. Mais l'amitié demande un peu plus de mystère, Et c'est assurément en profaner le nom Que de vouloir le mettre à toute occasion, Molière, Mis. I, 2. Vous ne voulez donc pas qu'on dise vapeurs ? mais que ferons-nous, si vous ôtez ce mot ? car on le met à tout, Sévigné, 22 avr. 1689. Inconstance qui ne met la raison à rien, Massillon, Carême, Inconst.

    Mettre au hasard, exposer, risquer. Un prince qui met sa cause au hasard de la guerre, n'ignore pas qu'il court des risques ; mais il en est moins frappé que des avantages qu'il se promet, Rousseau, Paix perpét.

    Mettre au fait, mettre à la raison, voy. FAIT.2, RAISON.

    Mettre à prix, évaluer.

    Ajouter. Moquez-vous des nouvelles de la place des Prêcheurs [place d'Aix] ; l'enlèvement de la princesse d'Orange et la prise de son mari sont à faire rire ; mettons-y le siége de Bois-le-Duc, qui n'était qu'une plaisanterie, Sévigné, 31 janv. 1689. Nous perfectionnons, nous adoucissons, nous cachons ce que la nature a mis dans nous, mais nous n'y mettons rien, Voltaire, Dict. phil. Caractère.

    Je n'y prends, ni n'y mets, c'est-à-dire la chose dont il s'agit m'est indifférente ; ou bien, je ne retranche ni n'ajoute rien à l'histoire que je raconte, mais je n'en garantis pas la vérité. Voilà ce qu'il vous demande : vous voyez bien que je n'y prends ni n'y mets, Sévigné, 19 juill. 1677.

    Qui plus y mit, plus y perdit, se dit de gens qui se sont querellés et que l'on arrange. Comme il était homme d'esprit et avait grand crédit parmi ses paroissiens, il n'eut pas grande peine à pacifier le différend, et qui plus y mit, plus y perdit, Scarron, Rom. com. II, 7.

    Réduire à. Mettre un homme à la besace. Mettre aux abois. Mettre un employé à la retraite, un militaire à la demi-solde.

    Il se dit des choses dans le même sens. Mettre un étang à sec. Mettre une marchandise au rabais. Mettre une appellation au néant.

    Mettre à l'eau, prescrire de ne boire que de l'eau. Mettre au régime, faire observer un régime exact. Je suis toujours malade… on m'a mis au lait de chèvre, Voltaire, Lett. Audra, 26 mars 1770.

    Mettre quelqu'un au pis, au pis faire, à pis faire, le défier de faire tout le mal qu'il a le pouvoir ou l'intention de faire. Au moins, dites-leur bien que je ne les crains guère ; Ils me feront plaisir : je les mets à pis faire, Racine, Plaid. II, 3.

    Mettre quelqu'un à pis faire, le défier de faire plus mal qu'il n'a déjà fait. Je mets à faire pis, en l'état où nous sommes, Le sort, et les démons, et les dieux, et les hommes, Corneille, Hor. II, 3.

    Mettre une chose, avec la préposition à suivie d'un verbe à l'infinitif, signifie la faire consister à, en. …Le siècle où nous sommes À bien dissimuler met la vertu des hommes, Corneille, Veuve, III, 3. Où les meilleurs soldats et les chefs les plus braves Mettaient toute leur gloire à devenir esclaves, Corneille, Cinna, I, 3. Jésus-Christ a mis l'honneur à souffrir, Pascal, Prov. XI. On ne met pas seulement le courage à mépriser la mort, Fénelon, Tél. V. Qu'on mette l'honneur à fuir les délices, Fénelon, ib. XI. Admirateur zélé de ces maîtres fameux, Je mets toute ma gloire à marcher après eux, Racine L. la Grâce, II.

  • 21Mettre avec, mettre au même rang. Vous ai-je dit que le roi a ôté la communion de la cérémonie [réception des chevaliers] ? je mets quasi la beauté de cette action avec celle d'empêcher les duels, Sévigné, 5 janv. 1689.
  • 22Mettre dans, faire participer à, faire part de. Il [Coulanges] vous a mis dans la folie de la Cuverdan [nom d'une dame imaginaire], Sévigné, 15 nov. 1684. Le titre de nouveau venu dans la province le rend fort considérable [Charles de Sévigné], et le met dans toutes les affaires, Sévigné, 27 sept. 1679.

    Mettre dans les discours, les propos, impliquer dans des bavardages. Si pour les sots discours où l'on peut être mis, Il fallait renoncer à ses meilleurs amis, Molière, Tart. I, 1. Et, pour ne vous point mettre aussi dans le propos, Molière, Fem. sav. IV, 3.

  • 23Mettre, avec la préposition de, faire participer à, faire entrer dans. Que fera-t-il [le jeune marquis de Grignan] d'un carnaval à Paris et à Versailles, où l'on voudra le mettre de tout ? Sévigné, 22 janv. 1690. Elle la mit de tous les soupers qu'elle donnait au roi, Hamilton, Gramm. 6. Il me mit de sa partie de chasse, Lesage, Diable boit. ch. 13, dans POUGENS. L'estime du roi s'accrut de jour en jour pour Zadig ; il le mettait de tous ses plaisirs, Voltaire, Zadig, 4. Oserai-je encore vous parler du petit la Harpe, qui a beaucoup d'esprit et beaucoup de goût ?… si vous le mettiez de l'Académie, il pourrait vous devoir sa fortune, Voltaire, Lett. Richelieu, 6 avr. 1772.

    Ajouter à. Certaines prières nouvelles que nous mettions de notre prière du soir, Sévigné, juillet 1690.

    Mettre de côté, voy. CÔTÉ, n° 14.

  • 24Mettre en, au sens physique, changer la disposition, la forme, l'état d'une chose. Mettre une chose en poussière. Mettre une vigne en espalier. Mettre une chambre en couleur. Le feu était trop ardent, on a mis cette viande en charbon. Mettre une armée en bataille, un régiment en ligne. Mme de la Fayette… a mis sa petite chambre en cabinet, Sévigné, 27 nov. 1689.

    Mettre en feu, mettre en cendre, brûler. Brûlez le capitole et mettez Rome en cendre, Racine, Mithr. III, 1.

    Mettre en pièces, en quartiers, déchirer. L'attaquer, le mettre en quartiers, Sire loup l'eût fait volontiers, La Fontaine, Fabl. I, 5.

    Mettre en main, voy. MAIN, n° 25.

    Mettre en musique, voy. MUSIQUE.

    Mettre en, employer d'une certaine manière. Mettre son argent en fonds de terre, en rentes, en viager. Mettre une terre en blé, en seigle, en orge, l'ensemencer en blé, en seigle, en orge. Il a mis vingt arpents en vigne, en bois. Il a mis tout le bord de son ruisseau en osier.

    Fig. Mettre en faveur. Cette action l'a mis en honneur. Mettre sa conscience en repos.

    Fig. Mettre en délibération, voy. DÉLIBÉRATION.

    Mettre en arrière, déposer, renoncer à. De grâce, parle, et mets ces mines en arrière, Molière, Mélic. I, 3.

    Mettre en plein jour, manifester clairement. C'est mon faible, il est vrai ; mais, si j'ai de l'amour, J'ai du cœur, et pourrais le mettre en son plein jour, Corneille, Suréna, IV, 3.

    Fig. Mettre en, en parlant d'un sentiment, d'une passion, la susciter chez quelqu'un. Mettre quelqu'un en colère, en fureur. Piqué d'un faux dédain, j'avais pris fantaisie De mettre Célidée en quelque jalousie, Corneille, la Gal. du pal. V, 6. Grâces aux immortels, l'effort de mon courage Et ma grandeur future ont mis Rome en ombrage, Corneille, Nic. II, 3. C'est que cette action le met en jalousie, Molière, Éc. des femmes, II, 3. Ménagez votre santé, sur laquelle on me met en quelque inquiétude, Fénelon, Lett. spirit. CXXIII, édit. S. Sulp.

  • 25Mettre pour, regarder comme, prendre pour. Si vous ne mettez la volonté de Dieu pour toute règle et pour tout ordre, vous tomberez dans de grands inconvénients, Sévigné, 4 août 1680.
  • 26Mettre sur, faire parler. Je l'ai mis sur ce mariage, Molière, Scapin, II, 8. Je l'ai mis sur le discours de la sœur Griffine, Bossuet, Lett. abb. 164. En le mettant sur l'amour et la galanterie, Hamilton, Gramm. 4.

    Mettre sur soi, prendre la responsabilité de. Étant persuadée que c'est son absence qui me fait passer l'hiver aux Rochers au lieu de Rennes, elle [Mme de Chaulnes] met sur elle tout ce qui pourrait m'y arriver, Sévigné, 6 nov. 1689.

  • 27Mettre bas, déposer à terre. Le chien mit bas la proie Pour la défendre mieux, n'en étant plus chargé, La Fontaine, Fabl. VIII, 7.

    Fig. Mettre bas, renoncer à, écarter. Qui ? moi, monsieur ? - Oui, vous, mettons bas toute feinte, Molière, Éc. des maris, II, 3. Allons donc, messieurs, mettez bas toute rancune, et faisons ici votre accommodement, Molière, Am. méd. III, 1. Mettre habit bas, ôter son habit. Je voulus voir sa contusion ; mais, comme elle est, ne vous déplaise, à la cuisse gauche, je ne trouvai pas à propos de lui faire mettre chausses bas, Sévigné, 492.

    Mettre ses habits bas, se déshabiller.

    Mettre bas son chapeau, ou mettre chapeau bas, ôter son chapeau.

    Mettre bas, faire ses petits, en parlant des animaux.

    Terme de vénerie. Le cerf a mis sa tête bas, a perdu son bois.

    Terme de marine. Mettre pavillon bas, abaisser son pavillon, pour annoncer qu'on se rend.

    Fig. Mettre pavillon bas, céder, capituler.

  • 28Mettre, se construit quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe, sans que cet infinitif soit précédé d'aucune préposition. Mettre sécher du linge. Mettre chauffer de l'eau, etc.
  • 29Mettre bien ensemble deux personnes, les réconcilier. Les mettre mal, les brouiller.

    Mettre quelqu'un hors de soi, l'impatienter, le courroucer outre mesure.

    Mettre hors d'haleine, essouffler. La course et l'émotion l'ont mis hors d'haleine, Rousseau, Lév. d'Éphr. ch. 4.

  • 30 Terme de manége. Faire passer un cheval à un nouvel exercice. Ce cheval est propre à mettre aux airs relevés, aux courbettes.

    Mettre un cheval dedans, dans la main, dans les talons, le faire obéir à la main, aux talons du cavalier.

    Mettre les deux bouts en dedans, mettre en regard la tête et la croupe.

    Mettre bien ensemble, mettre son cheval sur les hanches.

    Mettre un cheval sous le bouton, raccourcir les rênes par le moyen du bouton de la bride que l'on fait descendre jusque sur les crins.

    Mettre la croupe au mur, faire suivre au cheval par des pas de côté la longueur des murs du manége, la croupe étant près de la muraille.

  • 31 Terme d'horticulture. Mettre un arbre à fruit, opération qui consiste à faire, par une taille appropriée, qu'un arbre produise plus tôt et plus abondamment que d'habitude.
  • 32 Terme de métallurgie. Mettre en feu, commencer à allumer le fourneau.

    Mettre hors, arrêter, vider le fourneau.

  • 33 Terme de construction. Mettre des pièces de bois en chantier, tracer sur ces pièces, d'après une épure, les lignes qui indiquent la manière dont on doit les tailler.

    Mettre un travail en chantier, le commencer.

    Mettre dedans, assembler les pièces après que la taille a été faite.

    Mettre sur son raide ou sur son fort, mettre le bombement d'une pièce en contre-haut par-dessus.

  • 34Mettre en cire, se dit du metteur en œuvre qui pose sur un bloc de cire toutes les pièces d'un ouvrage, dans le sens où elles doivent être montées, afin de les souder.
  • 35Mettre, pris absolument et sans complément direct. Mettre sur table, poser les plats sur la table. Oui, qu'on mette à l'instant sur table, s'il vous plaît, Regnard, Démocrite, III, 7.

    Mettre sans complément, avec ou sans l'adverbe dessus, se couvrir la tête. Dorante : Allons, mettez. - M. Jourdain : Monsieur, je sais le respect que je vous dois. - Dorante : Mon Dieu ! mettez ; point de cérémonie entre nous, Molière, Bourg. gent. III, 4. Mettons donc sans façon, Molière, Éc. des femmes, III, 4. Mettez donc dessus, s'il vous plaît, Molière, Mar. forcé, 2.

    Mettre sur quelqu'un, enchérir sur lui, dans un encan. Faisons un accord : je ne mettrai pas sur vous, ni vous sur moi.

    Mettre pour admettre. Mettons que le fait soit vrai.

  • 36 Terme de marine. Mettre à la mer ou en la mer, quitter le port ou la rade, et gagner la haute mer.

    Mettre à la voile ou sous voiles, offrir au vent une ou plusieurs voiles pour qu'il entraîne le navire, jusque-là immobile.

    Mettre à culer, orienter ses voiles de telle sorte que le navire cule au lieu d'aller de l'avant.

    Mettre en travers, présenter l'un des côtés du navire au vent, qui le frappera perpendiculairement.

    Mettre à l'autre bord, virer de bord.

    Mettre à sec, serrer toutes ses voiles.

    Mettre à la cape, prendre la position de la cape.

  • 37Se mettre, v. réfl. Occuper un certain lieu, avec un nom de personne pour sujet. Se mettre dans une baignoire. Se mettre au-dessus de quelqu'un. Approchons cette table, et vous mettez dessous, Molière, Tart. IV, 4. L'homme ne sait à quel rang se mettre ; il est visiblement égaré, et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver, Pascal, Pensées, t. I, p. 297, éd. LAHURE. La même inclination qui fait qu'on veut avoir la place la plus honorable dans une cérémonie, fait qu'un philosophe dans un système se met au centre du monde, s'il peut, Fontenelle, Mondes, 1er soir.

    Fig. Vous vous mettez fort mal au chemin de régner, Corneille, Nicom. III, 1. Le monde se met de temps en temps dans des situations qui changent le commerce, Montesquieu, Esp. XXI, 4.

    Mettez-vous là, c'est-à-dire asseyez-vous, prenez place à table. Je veux un homme qui m'ait obligation de ma fille et à qui je puisse dire : mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi, Molière, Bourg. gent. III, 12.

    Se mettre dans le mauvais temps, faire quelque chose pendant la mauvaise saison. Parlons du vôtre [voyage] : tâchez de ne vous point mettre dans le mauvais temps, et faites provision de forces pour un si long trajet, Sévigné, 25 sept. 1680.

    Fig. Ne savoir où se mettre, être embarrassé de sa contenance, ne savoir quelle contenance faire. Comme ce style n'est point naturel, tout le monde en fut surpris, et l'on ne savait où se mettre, Sévigné, 23 oct. 1675. Ahi ! ah ! je ne sais plus où me mettre, Marivaux, Jeux de l'amour et de hasard, III, 6.

    Fig. Se mettre au-dessus, ne pas tenir compte. Se mettre au-dessus des préjugés, du qu'en-dira-t-on.

    Fig. Se mettre sur les rangs, se présenter, prétendre à.

    Terme de marine. Se mettre sur un fond, être porté sur un haut fond. Se mettre au plein, se jeter volontairement en pleine mer pour éviter d'être pris par l'ennemi ou pour toute autre cause urgente.

  • 38Se mettre, s'habiller. Quant à se mettre bien, je crois, sans me flatter, Qu'on serait mal venu de me le disputer, Molière, Mis. III, 1. Voilà ce que c'est que de se mettre en personne de qualité, Molière, Bourg. gent. II, 9. Tu sais comme on se mettait alors, Hamilton, Gramm. 3. Il était l'homme de la cour qui se mettait le mieux, Hamilton, ib. 6. Sa façon de se mettre, quoique simple et modeste, avait un peu trop bonne grâce, Marivaux, Marianne, 9e part. Le grand art des bons écrivains français est précisément celui des femmes de cette nation qui se mettent mieux que les autres femmes de l'Europe, Voltaire, Dict. phil. langues. Elles [les Parisiennes] se mettent si bien, ou du moins elles en ont tellement la réputation, qu'elles servent, en cela comme en tout, de modèle au reste de l'Europe, Rousseau, Hél. II, 21.

    Se mettre mal, s'habiller sans goût.

    Cela ne se sait point mettre [ces personnes ne savent pas s'habiller avec élégance], locution des gens de cour, d'après DE CAILLIÈRES, 1690.

  • 39Se mettre en, recevoir une certaine disposition corporelle. Se mettre en repos, en mouvement. Se mettre en course, en route. Se mettre en sueur, en eau.

    Se mettre en prière, prier. Je me mis en prière, dernier recours des malheureux, Marmontel, Mém. I.

    Se mettre en défense, s'apprêter à se défendre. Il ne se met point en défense pour ne point avouer qu'il se fût mis en danger, Montesquieu, Rom. X.

    Fig. Se mettre en colère, prendre de la colère, se courroucer. Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère, La Fontaine, Fabl. I, 10. Je me veux mettre en colère tout mon soûl quand il m'en prend envie, Molière, Bourg. gent. II, 6.

    Se mettre en peine, s'inquiéter. Entre ceux qui n'en sont pas persuadés [de l'immortalité de l'âme], je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s'en instruire, à ceux qui vivent sans s'en mettre en peine et sans y penser, Pascal, Pens. t. I, p. 298, éd. LAHURE.

    Se mettre en état de, se rendre capable de. Il s'est mis en état de passer son examen.

    Se mettre en état que, avec le subjonctif. Comme nous ne connaissons si nous avons reçu dignement le corps du Sauveur, qu'en nous mettant en état qu'il paraisse qu'un Dieu nous nourrit, Bossuet, Sermons, Parole de Dieu, 3.

  • 40 Fig. Se mettre à, désigne vaguement quelque situation, quelque occupation. Ils se mirent l'un et l'autre au service d'un riche fermier, Genlis, Ad. et Théod. t. II, p. 45, dans POUGENS.

    Se mettre à, s'exposer. Je me mets au hasard de me faire rouer, Boileau, Sat. VI.

    Se mettre à prix, s'évaluer. Avez-vous su connaître à quel prix je me mets ? Corneille, Attila, II, 2.

    Se mettre à quelque chose, s'en occuper.

    Se mettre à tout, se rendre utile en toute occasion, ne se refuser à rien.

    Se mettre au régime, se mettre au lait, au petit lait, commencer à user d'un régime, du lait, du petit lait. C'était alors la mode de l'eau pour tout remède ; je me mis à l'eau, et si peu discrètement, qu'elle faillit me guérir, non de mes maux, mais de la vie, Rousseau, Confess. VI.

    Se mettre au fait, acquérir la connaissance, la pratique d'une chose. Il se mit bientôt au fait, et devint à la fin si habile…, Courier, Conseils à un colonel.

    Se mettre à, suivi d'un infinitif, marque ordinairement le commencement d'une action. Tous mes sots à la fois, ravis de l'écouter, Détonnant de concert, se mettent à chanter, Boileau, Sat. III. Les hommes sont faits pour être ridicules, et ils le sont, cela n'est pas étonnant ; mais une déesse qui se met à l'être l'est bien davantage, Fontenelle, Parménisque. Il se mit ensuite à fuir, toujours accompagné de ses deux fidèles amis et d'un esclave appelé Philostrate, Vertot, Révol. rom. IX, 359.

    Absolument. S'y mettre, s'occuper d'une chose, avoir une intention opiniâtre. Je ne vous écris pas souvent ; mais vous m'avouerez que, quand je m'y mets, ce n'est pas pour peu, Sévigné, à M. de Moulceau, 25 oct. 1686. Je suis, quand je m'y mets, plus têtu qu'une mule, Regnard, Légat. II, 11.

  • 41Se mettre dans, s'occuper d'une chose. Je vous conseille de vous mettre dans l'italien ; c'est une nouveauté qui vous réjouira, Sévigné, 18 sept. 1672.
  • 42Se mettre avant à quelque chose, en parler longuement. Il s'y met si avant que je crus que mes jours Devaient plus tôt finir que non pas son discours, Régnier, Sat. VIII.
  • 43 Fig. Se mettre sur, prendre une certaine manière, et aussi commencer à parler de.

    Se mettre sur l'homme de qualité, faire l'homme de qualité, en prendre les airs. Je me veux mettre un peu sur l'homme d'importance, Et jouir quelque temps de votre impatience, Molière, Mélic. I, 3.

    Se mettre sur son quant à soi, prendre des airs d'orgueil, de vanité.

    Se mettre sur la cérémonie, faire des cérémonies. Et se mit aussitôt sur la cérémonie, Régnier, Sat. VIII.

    Se mettre sur, parler de. Ils se mirent sur les perfections d'Hébert, Sévigné, 43. Il s'est mis sur vos louanges d'un fort bon ton, Maintenon, Lett. au D. de Noailles, t. V, p. 87, dans POUGENS.

  • 44Se mettre bien auprès de quelqu'un, gagner sa bienveillance, son amitié.

    On dit en sens inverse : se mettre mal avec quelqu'un.

  • 45 Populairement. Se mettre avec une femme, vivre maritalement avec elle.
  • 46Se mettre de, se joindre à, s'associer à. Se mettre d'une société, d'un complot. Femme n'était qui ne s'en mît, La Fontaine, Cord. Restait chez moi du matin au soir plusieurs jours de suite, se mettait de mes promenades, Rousseau, Confess. XI.
  • 47Se mettre à fruit, se dit d'un arbre qui commence à porter des fruits sans le secours de l'art et à l'époque ordinaire.
  • 48Se mettre, être mis, occuper un certain lieu, avec un nom de chose pour sujet. Le poteau se mit au bout de l'allée.

    Fig. Se mettre sur le tapis, être discuté, exposé. Les dix ans expirés, matière plus profonde Se mit sur le tapis…, La Fontaine, Oies.

    Être mis sur le corps, comme vêtement. Ces sortes d'habit se mettent avec cérémonie, Molière, le Bourg. II, 8.

    Être accommodé, en parlant de mets. Ce gigot se mettra en daube. L'anguille se met au court-bouillon.

    Fig. Se mettre en usage, être employé. D'autres secrets se mettent en usage, La Fontaine, Comm. l'espr.

    Fig. Se mettre, se dit des choses abstraites ou morales qui interviennent. L'épouvante se mit partout, Bossuet, Hist. III, 4. C'est une étrange faiblesse de l'esprit humain que jamais la mort ne lui soit présente, quoiqu'elle se mette en vue de tous côtés et en mille formes diverses, Bossuet, Sermons, Mort, préambule. Si la division se mettait entre eux, Fénelon, Tél. III.

    Fig. Se mettre à prix, être évalué. Cela ne se met pas à prix.

  • 49Se mettre, se dit de choses qui font invasion, irruption. Les maladies se mirent dans l'armée. La sueur s'est tellement mise sur les parties qui sont enflées, qu'il ne faut pas se jouer à la faire rentrer, Sévigné, 21 janv. 1676. Elle me conta qu'en Danemark il y avait un prince allemand qui s'enfonça une épingle dans le côté… deux mois après, la gangrène s'y mit, Sévigné, 21 août 1680. Le feu s'est mis à Villeroi ; la moitié d'un corps de logis en est brûlée, Sévigné, 5 janv. 1688.

REMARQUE

On dit souvent dans la conversation : Mettre les deux bouts, arriver à la fin de l'année, sans avoir dépensé plus que son revenu. Cette locution n'est pas exacte ; il faut dire : joindre les deux bouts, ou mettre les deux bouts ensemble.

SYNONYME

METTRE, POSER, PLACER. Mettre est le terme le plus général. Poser, c'est mettre avec justesse dans le sens et de la manière dont les choses doivent être mises. Placer, c'est les mettre avec ordre dans le rang et le lieu qui leur conviennent. Il y a de plus une différence qu'il faut indiquer : c'est que mettre, venant de mittere, a toujours conservé un sens de mouvement, soit matériel : mettre une lettre à la poste, soit intellectuel : mettre en colère.

HISTORIQUE

Xe s. E de cel peril que super els metreiet, Fragm. de Valenc. p. 468.

XIe s. E se alquons [aucun] meist main en celui qui…, Lois de Guill. 1. Se il est inplaidés e seit mis en forfait, ib. 3. Home qui plaide en curt… e home li mette sus qu'il ait dit chose…, ib. 28. Metez le siege [obsidio] à [pendant] tute vostre vie, Ch. de Rol. XI. Quant le vit Guenes, mist la main à l'espée, ib. XXXIII. Françeis se dressent, si se mettent sur piez, ib. LXXXVIII. Terre major, ce dist, [il] metrat à honte, ib. CXV. Rolans a mis l'olifan [le cor] à sa buche, ib. CXXXI. Mais lui meïsme [il] ne velt [veut] mettre en obli, ib. CLXXIII. Ami Rolans, Deus mete t'ame en flurs [paradis], ib. CCIV.

XIIe s. Car par celui qui en la crois fu mis, Ronc. 24. La reregarde de la grant ost Charlon Sera par nous mise à destrucion, ib. 40. Beaux niés [beau neveu], fait Charles, mis m'avez en tristor, ib. 107. En mer se mettent, quand l'aube est esclarée, ib. 118. Et vit les bieres, si se met à plorer, ib. 171. Se Deu plaist et je vif, je vous metrai à mal, ib. 193. Nouvele amor où j'ai mis mon penser, Couci, II. Car cuer et cors [je] met en vostre maistrie, ib. Or le [mon cœur] doinst Diex à droit port ariver, Car il s'est mis en mer sans aviron, ib. X. Toute lor peine [ils] ont mise en moi trahir, îb. XIII. Et si [je] me sui mis à sa volenté, Que nus travaus mon desir ne refraigne, ib. XI. [Son beau visage] Par quoi mes cuers se mist en l'acointance, ib. XVII. J'eüsse mis ma vie en vo [votre] merci, ib. XXIV. Il i ont mis du feu tout rasé [ras] un tonel, Saxons, IX. Le regne d'Alemagne [ils] vous ont mis à charbon, Et Cologne destruite…, ib. XI. Plus [ils] ont paor de mort que de mettre [d'être mis] en prison, ib. XXII. Si metomes un terme prochain, ne demeurt guere, ib. XXX. Deus volt [voulut] metre Absalon à mal, cum il l'out deservid, Rois, p. 183. E le felun met [je mets] à mort e a desfacun, ib. 262. Les fiz as prophetes mistrent le prophete Helyseu à raisun [lui parlèrent] ; si distrent…, ib. 365. Li reis, qui mult le het, ne l'ad mis en obli, Th. le mart. 95. Sur un char fist um metre l'arche Deu et covrir ; Li buef en chancelerent, l'arche voleit chaïr ; Oza i mist la main, qui la volt retenir, L'ire Deu l'abati, ib. 75. Un fil en ai, dont encor sui plus fiere ; La merci Dieu ! ne m'en met pas ariere [grâce à Dieu, je ne m'en estime pas moins], Raoul de C. 54.

XIIIe s. En non Dieu, dist li papes, je voel que la cités soit destruite et que il soient tous mis à l'espée, Chr. de Rains, 119. Se il met en ordre la dignité des choses selonc lor nature, Latini, Trésor, p. 347. …Li temples Salemon fu mis à feu et à flame, ib. p. 51. Amis, vo grant beautés, vo sens, vostre prouesse, M'ont si feru d'un dart d'amour qu'au cuer me blece ; Se vous ne l'en jetez, n'est homs qui hors l'en mece, Audefroi le Bastard, Romanc. p. 13. Pour s'amour [les chevaliers] metteront mainte lance en astelle, ib. 18. Lors se mit en chemin Argente et sa maisnie, ib. 27. Prendre mari est chose à remenant ; N'est pas marché, qu'on laist quant [on] se repent ; Tenir l'esteut [il faut le tenir], soit lait ou avenant ; Qui mal se met, si vit à douleur grant, ib. 73. Seigneur, je vous envoierai le frere ma feme, si le met en la main Dieu et en la vostre, pour ce que vos estes meüs pour droit et pour justice, Villehardouin, LI. Li marchis l'asseura et dist que il s'en metroit [s'en remettroit à] seur le duc de Venise et sur le conte Looys de Blois, Villehardouin, CXX. Lors mist li quens Baudoins de Flandres avant quanques il avoit et quanques il pot empruntier, Villehardouin, XXXVII. Et ne sai queles gens mistrent par mal le feu en la vile, Villehardouin, XCI. Pour Dieu, si i mete chascun de son avoir, Villehardouin, XXXV. Et por ce qu'il savent certainement que nule gent n'ont si grant pooir par mer comme vous avés, vous prient il que vous voelliés mettre paine comment il puissent avoir navie, Villehardouin, XII. En la serve [il] avoit mis cuer et cor et desir, Berte, LXIII. Mais foy et loiauté [elle] ot mis en nonchaloir, ib. LXV. Huit jours [ils] mistrent tous pleins à l'avoir aüner [rassembler], ib. XCVII. Les tables furent mises, [ils] s'assirent au souper, ib. III. Lors [elle] se met à genous, la terre va baisier, ib. XXXIX. En la voie [il] la met, à Dieu l'a comandée, ib. XLVI. À Bertain aaisier chascune met la main, ib. XLIX. Tout soit le [la] coustume si cruels contre eles, comme il est dit dessus, neporquant li rois ou cil qui tienent en baronie y poent metre remede por cause de pitié, Beaumanoir, XXX, 100. Et l'autre partie leva l'un des tesmoins et li mist sus qu'il estoit faus tesmoins, Beaumanoir, VI, 34. Et tout le remanant, qu'il metent en vente, selonc le droit pris que les cozes valent, Beaumanoir, XLIX, 2. Et sor che se mistrent en droit [plaidèrent], Beaumanoir, LXIV, 3. S'il me plest, je puis emporter tout ce que g'i ai, anchois qu'il [avant qu'il] en porte riens ne qu'il y mete le pié, Beaumanoir, XI, 39. Noz dirons à qui le [la] saizine du testament apartient, et liquel valent et liquel non, et comment on les pot et doit fere, et comment il poent estre mis à execussion, Beaumanoir, XII, 1. Ge n'en met hors rois ne prelas, Ne juge de quelconque guise, Soit seculier, ou soit d'eglise, la Rose, 5692. Au gieu dont vous entremetrés, Perdés quanque vous i metrés, ib. 7812. Li poissans juges pardurables En enfer avec les diables Lor en metra au col les las, ib. 5691. N'il ne sunt pas seür encores, S'il le garderont jusqu'à lores, Car tex [tel] i porroit mettre main, Qui tout emporteroit demain, ib. 5197. …Quant [je] mis les noms as choses, Que ci reprendre et blasmer oses…, ib. 7141. Mès chose où pechié se meïst…, ib. 6985. Car ge metroie trop à dire Les fais Neron le cruel homme, Comment il mist les feus à Romme Et fist les senators occire, ib. 6214. Quant les Anglois virent le roy passer, il se desconfirent et mistrent dedens la cité de Saintes, Joinville, 206. Les grans deniers que le roy mist à fermer [fortifier] Jaffe, Joinville, 275.

XIVe s. Se nous veons deux testes metre en un chaperon, Nous leur dirons que c'est pour faire traïson, Baud. de Seb. VII, 351. Celui qui en raporte plus que il n'avoit mis du sien, l'en dit que il guaigne, Oresme, Eth. 149.

XVe s. Samedi au matin, Philippe d'Artevelle ordonna que toutes gens se mesissent envers Dieu en devotion, et que messes fussent en plusieurs lieux chantées, Froissart, II, II, 154. Certainement nous mettons trop à nous allier aux Anglois, si nous en pourra bien mal prendre, Froissart, II, II, 166. Et leur coururent sus pour les occire ; ces Anglois se mirent à defense, Froissart, I, I, 275. Le duc y entendit volontiers, et fit de rechef semondre son ost, et mit ensemble grand foison de seigneurs et de gens d'armes, Froissart, I, I, 115. Et aussi tous ceux qui ont esté bannis ou mis ou jugés hors loi, seront restitués, Froissart, II, II, 241. Et le frere du seigneur de la Riviere mourut en prison, et luy mit on sur qu'il s'estoit tué d'un pot, Phil. de Fenin, 1413. Et là bien peu s'arreste, puis baisse sa lance et met en l'arrest et poind vers son adversaire… lequel aussi repoind vers luy, Bouciq. I, 16. Espoir m'a dit et par sa foy promis, Qu'il m'aidera, et que ne m'en soussie ; Mais tant y met qu'un an me semble dix, Orléans, Bal. 12. Et petit à petit le mettoye en ce qu'il avoit à faire [je lui expliquais ce qu'il allait avoir à faire], Commines, IV, 7. Après ceste grant honte que fist le duc de Bourgogne, il ne mist gueres à recevoir dom maige, Commines, IV, 13. Il desiroit grant gloire, qui estoit ce qui plus le mettoit en ses guerres que nulle autre chose, Commines, V, 9. Mettez tout sur nous, direntelles, nous l'apaiserons bien, Louis XI, Nouv. XXVII.

XVIe s. Quelle excuse donc pouvons nous mettre en avant ? Lanoue, 50. À son arrivée, les ennemis se mirent en fuitte, Amyot, Publ. 35. L'arbre qui met [tarde] à croistre a la plante asseurée : Celuy qui croist bien tost ne dure pas longtemps, Ronsard, 239. Se mettre à [faire quelque chose], Montaigne, I, 23. Se mettre à table, Montaigne, I, 35. Mettre le feu à une mine, Montaigne, I, 26. Se mettre en peine de…, Montaigne, I, 42. Mettre en pieces [massacrer], Montaigne, I, 27. Nul moyen de refreschir son armée si les maladies s'y mettoient, Montaigne, I, 356. Mettez fol à par soy, il pensera, Cotgrave Mets raison en toy, ou elle s'y mettra, Cotgrave Des quemands et belistres qui, pour abuser le monde, mettent de la paille en leurs souliers, se salpoudrants les jambes pour mieux trembler le grelot, Sat. Mén. édit. de 1824, p. 307.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

METTRE. Ajoutez :
50Mettre dedans, voy, au Dictionnaire DEDANS, n° 1.
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Étymologie de « mettre »

Bressan, betre ; wallon, mète ; provenç. metre ; espagn. meter ; portug. metter ; ital. mettere ; du lat. mittere, proprement envoyer.

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(Vers 1050) Du moyen français mettre[1], de l’ancien français metre, du latin mittere (« envoyer »)[2].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « mettre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mettre mɛtr

Fréquence d'apparition du mot « mettre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « mettre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « mettre »

  • Se mettre en ménage, c’est aller fatalement au surmenage.
    Jacques Sternberg
  • Le théâtre, c'est mettre des solitudes en commun.
    Daniel Mesguich — Petit dictionnaire du théâtre
  • J'aime être surpris, me mettre en danger.
    Ben Gazzara
  • On écrit pour se mettre en évidence.
    Charlotte Rampling — Studio Magazine - Février 2006
  • Une étincelle peut mettre le feu à la plaine.
    Proverbe chinois
  • Vous voulez nous soumettre un bon plan ? Ou juste faire une remarque ?
    Journal du Geek — Galaxy Z Fold 2 : le nouveau smartphone pliant de Samsung en fuite
  • Il ne faut pas mettre du vinaigre dans ses écrits, il faut y mettre du sel.
    Montesquieu — Mes Pensées
  • Il faudrait se mettre à plusieurs pour être un sage.
    Jules Renard
  • Ecrire, c’est mettre en ordre ses obsessions.
    Jean Grenier — Albert Camus
  • Ayez des enfants pour mettre votre conscience en règle.
    Gérard Miller — Les pousse-au-jouir du maréchal Pétain
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Traductions du mot « mettre »

Langue Traduction
Anglais to put
Espagnol poner
Italien mettere
Allemand stellen
Chinois 放在
Arabe لوضع
Portugais colocar
Russe класть
Japonais 置く
Basque jarri
Corse mette
Source : Google Translate API

Synonymes de « mettre »

Source : synonymes de mettre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « mettre »

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Nombre de points du mot mettre au scrabble : 8 points

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