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Bien
Sommaire
- Définitions de « bien »
- Étymologie de « bien »
- Phonétique de « bien »
- Fréquence d'apparition du mot « bien » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « bien »
- Citations contenant le mot « bien »
- Images d'illustration du mot « bien »
- Traductions du mot « bien »
- Synonymes de « bien »
- Antonymes de « bien »
- Combien de points fait le mot bien au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | bien | biens |
Définitions de « bien »
Trésor de la Langue Française informatisé
BIEN1, adv.
BIEN3, subst. masc.
Wiktionnaire
Adverbe - français
bien \bjɛ̃\ invariable (comparatif : mieux)
- Marque un certain degré de perfection et d’utilité.
- On jouait au Rummikub. On buvait du café, on fumait des cigarettes, et c’étaient des moments où j’étais bien. — (Florence Cassez & Eric Dussart, Rien n’emprisonne l’innocence, Michel Lafon, 2010)
- Il écrit bien. — Ses affaires vont bien.
- Entre bien et mal, ce serait très mal de ne pas bien choisir. Si l'on pense que faire le bien ne peut pas faire de mal, il faut alors bien le faire en se donnant du mal. → voir faire le bien — (Philippe Normand, Sac de fables d'un flic libéré, éditions Pippa, 2018)
-
Beaucoup ; fortement ; très.
- L’Atlantide, que cette contrée ait existé, cela est hors de doute. Mais il paraît certain qu’elle avait déjà disparu, bien avant l’apparition de l’homme sur la terre. — (René Thévenin & Paul Coze, Mœurs et Histoire des Indiens Peaux-Rouges, Payot, 1929, 2e éd., p.15)
- Lacroix a bien raison : ces viragos nous gâchent la vie. — (Élise Fontenaille, L'homme qui haïssait les femmes, Grasset, 2011)
- Y aura des suicides ce soir, à Courbevoie, et bien plus à Nanterre, j’en foutrais mon billet. — (René Dzagoyan, Vadim Bronsky: Dernière mort avant l'oubli, éd. Flammarion, 2004, page 146)
- Le monde de la bande dessinée est bien plus cruel qu'il n'y paraît : un nombre hallucinant d'albums afflue dans les bouclards chaque mois, et bien rares sont les titres qui parviennent à s'imposer. — (Run, « Édito », dans DoggyBags, tome 2, Roubaix : Ankama Éditions, avril 2012)
-
Au moins.
- Il est passé il y a bien deux heures.
-
De bonne grâce ; souligne l’acceptation.
- Je le veux bien.
- Tout avait été dit. « Bien, bien, bien... », reprit Mierck en se balançant sur la pointe des pieds. — (Philippe Claudel, Les Âmes grises, Livre de Poche, page 108)
-
Davantage ; plutôt ; de préférence.
- Seulement, la vie de la plante, considérée relativement à la production utilisable, ne forme pas l'objet de la botanique, mais bien de l’agronomie. — (Albert Lévy, « L'actinomètre Arago-Davy : Contribution à l'étude de la maturation des raisins », dans les Annales agronomiques publiées sous les auspices du Ministère de l'agriculture et du commerce, tome 4, Paris : chez G. Masson, 1878, p. 505)
Nom commun - ancien français
bien \bjẽn\ masculin
-
Bien (contraire de mal).
-
A grant honnor ne puet venir
Se bien et mal ne puet souffrir — (Le Roman d’Eneas, f. 2, au milieu de la 5e colonne (manuscrit du XIVe siècle))
-
A grant honnor ne puet venir
- Bien, possession.
Adverbe - ancien français
bien \bjẽn\
-
Bien (de façon habile, juste, ou correcte).
-
Respont li dus bien dites biaus cuisins — (Garin Le Loherain, f. 10, 4e colonne (manuscrit du XIIIe siècle))
- Le duc répond « vous le dites bien, beau cousin »
-
Respont li dus bien dites biaus cuisins — (Garin Le Loherain, f. 10, 4e colonne (manuscrit du XIIIe siècle))
-
Bien (indique l’acceptation, la confirmation).
-
Meis ben savum certeinement — (La vie de saint Gilles, édition de Bos et Paris, p. 36, c. 1170)
-
Meis ben savum certeinement — (La vie de saint Gilles, édition de Bos et Paris, p. 36, c. 1170)
Nom commun - français
bien \bjɛ̃\ masculin
-
(Au singulier) Ce qui est bon, ce qui favorise l'équilibre, l'épanouissement d'un individu, d'une collectivité ou d'une entreprise humaine.
- Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu'on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix que ce pût être, et j'approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vin, ou les étourdissent avec du pétun. — (René Descartes, « Lettre à Élisabeth Egmond, du 6 octobre 1645 », dans Correspondance avec Élisabeth, Presses électroniques de France, 2013)
- Lorsqu’au bout de quelques semaines Elhamy la remercia, avec une cordialité souriante, du bien qu’elle avait fait à son fils, une émotion sourde étreignit sa gorge. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
- Cette Antigone voyoute pourrait courir toutefois le risque d’énoncer un univers d’indifférenciation où l’ordre légal et la transgression s’égaleraient sur un seuil éthique au-delà du bien et du mal. — (Rose Duroux, Les Antigones contemporaines: de 1945 à nos jours, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2010, p.310)
- Pascal nous dit qu’au point de vue des faits, le Bien et le Mal sont une question de « latitude ». En effet, tel acte humain s’appelle crime, ici, bonne action, là-bas, et réciproquement. — (Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, Les Demoiselles de Bienfilâtre, dans les Contes cruels, Calmann Lévy, 1893, p. 1)
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(Au singulier) Probité, vertu.
- J’ai ramené au bien et au repentir des misérables qui, un soir, au détour d’un chemin, avaient voulu m’assommer à coups de hache. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
- Les gentils cons qui décrétaient le Bien et le Mal comprenaient qu'un garnement tirât les cheveux d'une fillette, pas qu'il lui roulât un patin ! Sœur Marie me le fit bien savoir ! Purification de ma bouche vilaine par la cascade d’ave au pied de saint Joseph. — (Pierre-Robert Leclercq, Les Gabyandre, Librairie Fayard, 1978)
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(Droit de propriété) Toute chose d'utilité pratique et de valeur financière.
- Les proscrits avaient le droit d’emporter leurs biens meubles. Mais leurs biens de mainmorte (immeubles, champs, vignobles, caves greniers) furent décrétés propriété royale et confisqués. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
- Un nouveau courant de recherche fait valoir que les dépenses que les entreprises consacrent aux nouvelles technologies, à savoir les investissements dans des biens immatériels, contribuent à la croissance de leur production non seulement sur le moment mais également des années plus tard. — (OCDE, Mesurer l’innovation : Un nouveau regard, Éditions OCDE, 2010, p. 21)
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(Courant) Chose, matérielle ou immatérielle, qui appartient en propre à une personne.
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« N'oublie jamais que la vie est ton seul bien, Tzeu.
– J'aurais du mal à l'oublier ! J'ai plus de famille, plus de maison, plus de vêtements. » — (Pierre Bordage, Wang – I. Les portes d'Occident, « J'ai Lu », 1997, p. 163)
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« N'oublie jamais que la vie est ton seul bien, Tzeu.
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(Vieilli) Maison de campagne, propriété rurale.
- Le sieur Tassin de Montcourt ayant péri révolutionnairement, ses biens, et notamment les deux septièmes qui lui appartenaient dans la terre de Saint-Escobille, furent confisqués au profit de la nation. — (Hospices de Dourdan contre Tassin de Villiers, Cours de Cassation, 6 mai 1818, dans le Journal du Palais : Jurisprudence française, vol. 14 (1817-1818), Paris : chez F.-F. Patris, 1839, page 791)
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(Spécialement) (Canada) (Désuet) Terre, bien immobilier en campagne.
- « Tu ne sais donc pas qu’il me faut cette terre ? Tu ne sais pas qu’il me la faut absolument ? Ah ! la diablesse de femme. Il me la fallait en effet, il me la fallait, surtout pour avoir la terre. Mais à présent qu’elle a tant fait la grande dame ; à présent qu’elle m’a repoussé, moi veuf comme elle, et beaucoup plus riche qu’elle... ma foi, elle s’arrangera comme elle pourra, je prendrai le bien, comme disent les habitants, et je laisserai la femme. » […] Bien, se dit dans nos campagnes, pour terre, bien immobilier. La signification ainsi restreinte de ce mot, montre l’attachement des Canadiens-français pour la propriété foncière. L’anglais dit my goods, en parlant de ses effets, de son mobilier. — (Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, Charles Guérin, G.H. Cherrier, éditeur, Montréal, 1853, I, 2, p. 21)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Ce qui est utile, avantageux, agréable au sens physique et au sens moral. Bien solide. Bien imaginaire. Bien durable. Quel bien nous en est-il revenu? Cela fit plus de mal que de bien, ne fait ni bien ni mal. C'est un grand bien que telle chose soit arrivée. Ce que j'en fais, c'est pour votre bien. Il ne régna que pour le bien de ses peuples. Il n'y a pas de bien sans quelque mélange de mal. C'est un petit mal pour un grand bien. Ce philosophe prétend que les biens et les maux se compensent. La santé est le bien le plus précieux, est le plus précieux des biens. Ce sont là les vrais biens. Les biens du corps, La santé, la force. Les biens de l'esprit, Les talents. Les biens de l'âme, Les vertus. Les biens terrestres, les biens passagers, les biens temporels, Les biens de ce monde; par opposition aux Biens éternels, La béatitude éternelle. Les biens de la terre, Les récoltes, dans la langue de l'Église. Implorer la bénédiction de Dieu pour les biens de la terre. Le bien public, le bien général, L'avantage, le bien-être, l'intérêt de tous. Travailler au bien public. On a souvent abusé de cette maxime, que le bien particulier doit céder au bien général. Prov., Nul bien sans peine, Tout ce qui est avantageux coûte à acquérir. Vouloir du bien à quelqu'un, Avoir le désir de l'obliger. On dit quelquefois familièrement, en plaisantant, Cette femme vous veut du bien, Elle paraît être pour vous dans des dispositions favorables. Faire du bien à quelqu'un, procurer du bien à quelqu'un, Le secourir dans le besoin, dans l'infortune; ou Contribuer à son bien-être, à son bonheur, lui procurer quelque avantage. Il aime à faire du bien à tout le monde. On dit dans le même sens, Rendre le bien pour le mal. Faire du bien, faire grand bien, se dit des Choses qui procurent quelque avantage ou quelque soulagement. Cette pluie fera du bien, fera grand bien aux prairies, aux blés, à la vigne. Donner à quelqu'un des avis, des conseils pour son bien, Les lui donner pour son avantage, selon ses intérêts. Écoutez les conseils de ce vieillard; ce qu'il vous dit, c'est pour votre bien. Dire du bien de quelqu'un, parler en bien de quelqu'un, Parler avantageusement de quelqu'un, louer son caractère, ses qualités, ses talents, etc. On dit beaucoup de bien de cet ouvrage, de ce poème, etc., On le vante beaucoup. Il ne m'a parlé de vous ni en bien, ni en mal, Il ne m'a rien dit de vous, ou m'en a parlé en termes qui n'indiquent ni la louange, ni le blâme. On m'a dit de lui tout le bien du monde, On m'a fait son éloge sous tous les rapports. Prendre, interpréter quelque chose en bien, L'interpréter d'une manière favorable. Mener une affaire, une entreprise à bien, Faire qu'elle réussisse, qu'elle ait une heureuse issue. Cet ouvrage arrive à bien, vient à bien, Il s'améliore, il se perfectionne. Prov., Le mieux est l'ennemi du bien, On peut gâter ce qui est bien, en voulant le perfectionner.
BIEN signifie aussi Ce qui est juste, honnête, louable. La science du bien et du mal. Cet homme fait le bien sans ostentation. Il entreprit de le ramener au bien. Le souverain bien. Le vrai bien. Le bien suprême. C'est un pas vers le bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Fam., En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, À bonne fin, sans mauvaise intention. Il signifie encore Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien patrimonial. Les biens paternels. Les biens maternels. Riche en biens de toute sorte. Augmenter son bien. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Être sans bien. Le bien mal acquis ne profite jamais. Dépenser son bien. Manger son bien. Partager son bien. Amasser du bien. Il le combla de biens. Le navire a péri corps et biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Séparation de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens. Il lui a légué tous ses biens. Les biens de la succession, qui composent la succession. Les biens meubles et immeubles. Les biens nationaux. Les biens communaux. Il se dit quelquefois absolument d'un Bien de campagne, d'une propriété rurale. Il a un petit bien à quelques lieues de la ville. Il vit dans son bien, sur son bien. Fam., Avoir du bien au soleil, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons.
Littré (1872-1877)
-
1Ce qui est juste, honnête. Le bien et le beau. Le bien et la justice régnaient alors. Faire le bien. Se porter au bien. Il pratiqua le bien toute sa vie. Puissance pour le bien comme pour le mal.
Des superbes mortels le plus affreux lien, N'en doutons pas, Arnauld, c'est la honte du bien
, Boileau, Épître, III.Cette sagesse timide qui ne veut pas assurer que le bien soit bien
, Guez de Balzac, Livr. VI, lett. 3.J'imagine à peine quelle sorte de bonté peut avoir un livre qui ne porte point ses lecteurs au bien
, Rousseau, Hél. II, 18.Homme de bien, gens de bien, homme. gens d'une probité éprouvée, d'une véritable vertu.
Femme de bien, femme dont la fidélité conjugale est irréprochable.
Terme de métaphysique. Le souverain bien, le bien absolu, celui qui est infini en prix et en durée, et aussi Dieu.
À moins que de traiter de l'immortalité de l'âme ou du souverain bien
, Voiture, Lettr. 51. - 2Ce qui est dans la règle ou dans la convenance. Il y a du bien, il y a du mal dans cet ouvrage. L'ignorant ne trouve rien de bien que ce qu'il fait lui-même.
-
3Ce qui est utile, avantageux, agréable.
Pays fertile et abondant en toutes sortes de biens
, Vaugelas, Q. C. 287.Un homme auquel vous avez fait tant de biens et à qui vous en avez enseigné encore davantage
, Voiture, Lettr. 43.La vie est courte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer ; l'on remet à l'avenir son repos et ses joies, à cet âge souvent où les meilleurs biens ont déjà disparu, la santé et la jeunesse
, La Bruyère, 11.Il est si ordinaire à l'homme de n'être pas heureux, et si essentiel à tout ce qui est un bien d'être acheté par mille peines, qu'une affaire qui devient facile se rend suspecte
, La Bruyère, ib.Cet hyménée Était un bien suprême à mon âme étonnée
, Voltaire, Zaïre, III, 6.C'est le premier des biens pour mon âme attendrie
, Voltaire, Fanat. II, 5.Le trépas est un bien qui finit nos misères
, Voltaire, Dés. de Lisbonne.Nous rendre dans le bien, de plaisirs incapables
, La Fontaine, Fabl. II, 13.Et le bien d'être libre aisément vous console De ce qu'a d'injustice un manque de parole
, Corneille, Nicom. I, 2.Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir L'unique allégement qu'elle eût pu recevoir
, Corneille, Cid, III, 4.Si le bien de vous voir m'était moins précieux
, Corneille, Nicom. II, 2.Pour rendre à l'Aragon le bien de sa présence
, Corneille, D. San. V, 3.Je ferais exprès ce voyage pour avoir le bien de vous embrasser
, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 2.Le dessein qu'a pris notre société pour le bien de la religion est de ne rebuter personne
, Pascal, Prov. 6.Il serait utile au bien de la paix de représenter ces actes
, Bossuet, Aut. eccl.En leur donnant [aux rois] sa puissance, il [Dieu] leur commande d'en user comme il fait lui-même, pour le bien du monde
, Bossuet, Reine d'Anglet.J'ai le bien d'être de vos voisins
, Molière, Éc. des mar. I, 5.M. de Noyon n'en eut que le bien devant Dieu [de s'être réconcilié avec M. de Caumartin] et l'honneur devant le monde
, Saint-Simon, 24, 27.Avoir le bien, locution de politesse, en place de laquelle on dit plutôt aujourd'hui avoir l'avantage.
Il s'est dit grand chasseur et nous a priés tous Qu'il pût avoir le bien de courir avec nous
, Molière, Fâch. II, 7.Le bien public, l'utilité générale.
Point de bien public auquel il ne se sacrifie
, Massillon, Confér. Sacerdoce.L'amour du bien public empêchait le repos ; Les chefs encourageaient chacun par leur exemple
, La Fontaine, Captivité de St. Malc.Les biens du corps, la santé, la force. Les biens de l'âme, les vertus. Les biens de l'esprit, les talents.
Les biens temporels, les biens de ce monde, se dit par opposition aux biens éternels, c'est-à-dire ceux dont on jouit pour toujours dans une autre vie.
Les biens de la terre, les productions du sol. Ce temps est contraire aux biens de la terre.
Sentir son bien, avoir des sentiments dignes de sa naissance.
Et Rominagrobis même ne saurait avoir meilleure mine et ne sentirait pas mieux son bien
, Voiture, Lettr. 153. Locution qui a vieilli.Faire du bien à quelqu'un, le secourir, lui rendre service.
Il est en votre pouvoir de faire du bien à une personne qui vous en demande
, Voiture, Lettr. 60.Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien…
, La Bruyère, 4.Il ne cesse de faire du bien à ses citoyens
, Bossuet, Hist. II, 6.Et qui fait bien à tous peut dormir sûrement
, Rotrou, Bélis. II, 7.C'est un ordre des dieux qui jamais ne se rompt, De nous vendre bien cher les grands biens qu'ils nous font
, Corneille, Cinna, II, 1.Votre Majesté ne se ferait pas grand tort, si elle me faisait un peu de bien
, Scarron, Don Japhet, Épître au roi.Faire du bien à quelque chose, en procurer le développement, la prospérité. La paix fera du bien au commerce.
Ce manquement de liberté ne ferait pas de bien à leur censure
, Pascal, Prov. 3.Faire du bien, ayant pour sujet un nom de chose, être utile. Ce voyage lui a fait beaucoup de bien, a été utile à sa santé. Cette action lui a fait du bien, lui a donné de la considération, du crédit.
Dire du bien de quelqu'un, d'un ouvrage, en parler avec éloge.
Cela est assez ridicule que je dise tant de bien de ma fille
, Sévigné, 2.Son frère lui a dit du bien de votre style
, Sévigné, 141.J'avais dit beaucoup de bien de son cœur
, Sévigné, 364.On m'a dit cent mille biens de vous
, Sévigné, 27.Des gens qui lui en ont dit des biens
, Sévigné, 450.On disait à Diogène du jeune homme tous les biens imaginables
, Fénelon, Diog.Vouloir du bien à quelqu'un, vouloir le bien de quelqu'un, être bien disposé en sa faveur.
Vous voulez du bien à ceux qui prennent ce soin
, Molière, Sicilien, 7.Il faut briguer la faveur de ceux à qui l'on veut du bien, plutôt que de ceux de qui l'on espère du bien
, La Bruyère, 4.On dit qu'une dame veut du bien à quelqu'un, quand elle a pour lui un sentiment tendre.
-
4À bien, loc. adv. D'une façon qui réussit. Mener une entreprise à bien, faire qu'elle réussisse. Aller à bien, venir à bien, se terminer à bien, réussir.
Puisse cette action se terminer à bien
, Molière, le Dép. III, 4.La chose allait à bien par son soin diligent
, La Fontaine, Fabl. VII, 10.Moyennant Dieu, l'enfant viendrait à bien
, La Fontaine, Herm.Mettre à bien, s'est dit quelquefois ironiquement pour séduire, en parlant d'une femme.
Encor faut-il du temps pour mettre un cœur à bien
, La Fontaine, Joc. -
5En bien, locut. adverb. Avec honnêteté.
On ne trompe point en bien, et la fourberie ajoute la malice au mensonge
, La Bruyère, 11.En bien, d'une façon favorable. Prendre en bien, interpréter favorablement. Changement en bien. Ne citer ni en bien ni en mal. Ce mot peut être pris en bien comme en mal.
En tout bien, tout honneur, c'est-à-dire à bonne fin, à bonne intention.
Pour le bien, locution familière signifiant à bonnes intentions. Il a fait cela pour le bien.
Toute feinte est sujet de scrupule à des saints ; Ce qu'ils font pour un bien leur semble être une offense
, La Fontaine, Captivité de St-Malc. -
6Bienfait.
Pour tant de biens il commande qu'on l'aime
, Racine, Athal. I, 4.Le bien qu'on croit caché sort de la nuit obscure, Et le ciel tôt ou tard le paye avec usure
, Ducis, Abufar, III, 6. -
7Ce qui appartient en propre à quelqu'un, tout ce qu'on possède. Bien patrimonial. Les biens meubles et immeubles.
On convie, on invite, on offre sa maison, sa table, son bien et ses services : rien ne coûte qu'à tenir parole
, La Bruyère, 4.Le prodigue de l'Évangile, qui veut avoir son partage, qui veut jouir de soi-même et des biens que son père lui a donnés
, Bossuet, Anne de Gonz.Lorsque l'on a du bien
, Molière, Éc. des mar. I, 2.Clitie avait aussi beaucoup de bien
, La Fontaine, Fauc.Telles je les croirai quand ils auront du bien
, Régnier, Sat. IX.L'embarras était le bien ; j'en avais grand besoin pour nettoyer le mien
, Saint-Simon, 15, 168.Un rival odieux, Seigneur, vous enlevait le bien de vos aïeux
, Voltaire, Tancr. III, 3.Les saints recommandent aux riches de partager avec les pauvres les biens de la terre, s'ils veulent posséder avec eux les biens du ciel
, Pascal, Prov. 16.Par extension.
L'Attique est votre bien…
, Racine, Phèd. II, 2.Ma vie est votre bien
, Racine, Baj. II, 1.Rome est à vous, seigneur, l'empire est votre bien
, Corneille, Cinna. II, 1.Nos libertés, nos jours ne sont pas votre bien
, Chénier M. J. Œdipe roi, III, 2.Bien de campagne, ou, absolument, bien, propriété rurale.
Clitie à cinq cents pas de cette métairie Avait du bien
, La Fontaine, Fauc.Familièrement. Avoir du bien au soleil, avoir des terres, des biens-fonds, des maisons.
En termes de mer, le navire a péri corps et biens, c'est-à-dire la cargaison et les hommes ont péri.
PROVERBES
Nul bien sans peine.
Le mieux est l'ennemi du bien, c'est-à-dire on risque de gâter un ouvrage, une situation, en essayant trop de l'améliorer.
HISTORIQUE
XIe s. Serez ses hom [son homme] par honur et par ben
, Ch. de Rol. III. Ne ben ne mal [il] ne respont [à] son neveu
, ib. X. Deus, se lui plaist, à bien nous le mercie
, ib. XXXVIII. Ensemble [nous] aurons et le ben et le mal
, ib. CLVII.
XIIe s. Par amistié et par bien, [je] vous commande
, Ronc. p. 130. Puisqu'en vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit alumé
, Couci, III. Les biens d'amour que j'ai atendus tant
, ib. XII. Douce dame, d'orgueil vous defendez, Ne trahissez vos biens [qualités] ne vos beautez
, ib. XI. Quant plus me truis [je me trouve] pensis et esgaré, Plus [je] me confort as biens dont ele est pleine
, ib. Un petiz biens vaut mieux, si Diex me voie, Qu'on fait courtoisement Que cent greignor fait envieusement
, ib. XVI. S'avec ces biens [beauté et courtoisie] [vous] acueilliez felonie
, ib. XX. [Je] N'en oi [ouis] nului parler qui moult de bien n'en die
, Sax. VII. El tuen bien plaisir sera exalced li notre corz [corne]
, Liber psalm. p. 127.
XIIIe s. Et de faire tout bien [elle] fu en grant convoitise
, Berte, VI. Qui de bien est venus, drois est qu'à bien retraie
, ib. VIII. Dame, ce dist Tybers, grans biens vous est venus
, ib. XXIV. Et qu'à force [elle] leur tout [enlève] leur biens et leur richoise
, ib. LXII. Quant [elle] parti de ma terre, de tous biens [qualités] estoit pleine
, ib. LXXIV. [Dieu] Qui vous rende les biens que vous fais nous avez
, ib. CXXXII. Car, amis, [je] ne prise une prune Contre ami les biens de fortune
, la Rose, 8111. En tele maniere se pot on entremetre d'autrui service, tout n'i pensast on fors qu'à bien
, Beaumanoir, XXIX, 12. Pour ce que il cuidoient avoir bien [récompense], il descendirent à pié, et l'alerent saluer là où il chaçoit aus bestes sauvages
, Joinville, 235.
XIVe s. Instruments desquex l'on se peut aidier et en user en bien
, Oresme, Eth. 21. Jà soit ce que les biens de fortune ont aucune foiz mestier ; et s'en aide l'en en aucunes nobles operacions
, Oresme, ib. 24. Bien est ce que toutes choses desirent
, Oresme, ib. 2. Ainsi doit dire cuer qui à bien veult penser, Et c'est toute la fin où li hons doit penser
, Guesclin. 15178.
XVe s. L'endemain il fit faire et appareiller instruments et engins, pour plus fort assaillir le chastel, et bien dit qu'il ne s'en partiroit pour bien ni pour mal, si l'auroit à sa volonté
, Froissart, I, I, 149. Sainte Marie, dis-je au chevalier, que vos paroles me sont agreables et que elles me font grand bien
, Froissart, II, III, 12. De celle chose s'enfelonna le duc de Berry sur le comte de Foix, et n'en pouvoit le dit duc ouïr parler en bien devant lui
, Froissart, ib. Grant bien me fait à m'y mirer, En actendant bonne esperance
, Orléans, Bal. 35. Qui bien fera, bien trouvera
, Orléans, Rondeau. Il voloit [voulait] du bien beaucoup au dict leur roy, nonobstant qu'ennemy feust à son cousin germain le roy Henry
, Chastelain, Chron. des ducs de Bourg. II, ch. 46. Lequel, comme je croy, le fait pour vostre bien, et pour maintenir sa maison vive
, Chastelain, ib. II, ch. 27. Et certes, on ne peut trop honorer ne faire de bien à un vaillant homme d'armes ; car moult en est le mestier perilleux
, Bouciq. II, ch. 19. Il fault dire du bien le bien
, Coquillart, Plaid. de la simple. À tout quarante ou cinquante gentilz hommes de Savoye, gens de bien
, Commines, I, 3. Les hommes de bien et vertueux de cette avant-garde se tindrent ensemble
, Commines, II, 10. Tous deux avoient autreffois receu bien du roy
, Commines, I, 12.
XVIe s. J'ay ung merveilleux regret d'avoir perdu le bien de les voir si tost que je le desirois
, Marguerite de Navarre, Lett. 84. La plupart des hommes attendent à faire des biens [aumônes, bonnes œuvres], lorsqu'ils se sentent assaillis de la mort
, Marguerite de Navarre, Nouv. LV. Se servir d'une chose au bien de sa cause
, Montaigne, I, 19. Ses biens furent confisqués
, Montaigne, I, 39. Perdre son bien
, Montaigne, I, 64. [Par sa mort] donner reputation en bien ou en mal à toute sa vie
, Montaigne, I, 67. Des gents de bien
, Montaigne, I, 128.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
BIEN, s. m. (en Morale.) est équivoque : il signifie ou le plaisir qui nous rend heureux, ou la cause du plaisir. Le premier sens est expliqué à l’article Plaisir ; ainsi dans l’article présent nous ne prendrons le mot bien que dans le second sens.
Dieu seul, à proprement parler, mérite le nom de bien ; parce qu’il n’y a que lui seul qui produise dans notre ame des sensations agréables. On peut néanmoins donner ce nom à toutes les choses, qui, dans l’ordre établi par l’auteur de la nature, sont les canaux par lesquels il fait pour ainsi dire couler le plaisir jusqu’à l’ame. Plus les plaisirs qu’elles nous procurent sont vifs, solides, & durables, plus elles participent à la qualité de bien.
Nous avons dans Sextus Empiricus l’extrait d’un ouvrage de Crantor sur la prééminence des différens biens. Ce philosophe célebre feignoit qu’à l’exemple des déesses qui avoient soûmis leur beauté au jugement de Paris, la richesse, la volupté, la santé, les vertus, s’étoient présentées à tous les Grecs rassemblés aux jeux olympiques, afin qu’ils marquassent leur rang, suivant le degré de leur influence sur le bonheur des hommes ; la richesse étala sa magnificence, & commençoit à ébloüir les yeux de ses juges, quand la volupté représenta que l’unique mérite des richesses étoit de conduire au plaisir. Elle alloit obtenir le premier rang, la santé le lui contesta ; sans elle la douleur prend bientôt la place de la joie : enfin la vertu termina la dispute, & fit convenir tous les Grecs, que dans le sein de la richesse, du plaisir, & de la santé, l’on seroit bientôt, sans le secours de la prudence & de la valeur, le joüet de tous ses ennemis. Le premier rang lui fut donc adjugé, le second à la santé, le troisieme au plaisir, le quatrieme à la richesse. En effet, tous ces biens n’en méritent le nom, que lorsqu’ils sont sous la garde de la vertu ; ils deviennent des maux pour qui n’en sait pas user. Le plaisir de la passion n’est point durable ; il est sujet à des retours de dégoût & d’amertume : ce qui avoit amusé, ennuie : ce qui avoit plû, commence à déplaire : ce qui avoit été un objet de délices, devient souvent un sujet de repentir & même d’horreur. Je ne prétens pas nier aux adversaires de la vertu & de la morale, que la passion & le libertinage n’ayent pour quelques-uns des momens de plaisir : mais de leur côté ils ne peuvent disconvenir qu’ils éprouvent souvent les situations les plus fâcheuses par le dégoût d’eux-mêmes & de leur propre conduite, par les autres suites naturelles de leurs passions, par les éclats qui en arrivent, par les reproches qu’ils s’attirent, par le dérangement de leurs affaires, par leur vie qui s’abrege ou leur santé qui dépérit, par leur réputation qui en souffre, & qui les expose souvent à tomber dans la misere. « L’empereur Vinceslas, nous dit l’auteur de l’Essai sur le mérite & la vertu, trouvoit du goût aux voluptés indignes qui faisoient son occupation, & à l’avarice qui le dominoit. Mais quel goût put-il trouver dans l’opprobre avec lequel il fut déposé, & dans la paralysie où il languit à Prague, & que ses débauches avoient attirée ! Ouvrons les annales de Tacite, ces fastes de la méchanceté des hommes : parcourons les regnes de Tibere, de Claude, de Caligula, de Néron, de Galba, & le destin rapide de tous leurs courtisans ; & renonçons à nos principes, si dans la foule de ces scélérats insignes qui déchirerent les entrailles de leur patrie, & dont les fureurs ont ensanglanté tous les passages, toutes les lignes de cette histoire, nous rencontrons un heureux. Choisissons entr’eux tous. Les délices de Caprée nous font-elles envier la condition de Tibere ? Remontons à l’origine de sa grandeur, suivons sa fortune, considérons-le dans sa retraite, appuyons sur sa fin ; & tout bien examiné, demandons-nous, si nous voudrions être à présent ce qu’il fut autrefois, le tyran de son pays, le meurtrier des siens, l’esclave d’une troupe de prostituées, & le protecteur d’une troupe d’esclaves. Ce n’est pas tout : Néron fait périr Britannicus son frere, Agrippine sa mere, sa femme Octavie, sa femme Poppée, Antonia sa belle-sœur, ses instituteurs Séneque & Burrhus. Ajoûtez à ces assassinats une multitude d’autres crimes de toute espece ; voilà sa vie. Aussi n’y rencontre-t-on pas un moment de bonheur ; on le voit dans d’éternelles horreurs ; ses transes vont quelquefois jusqu’à l’aliénation de l’esprit ; alors il apperçoit le Ténare entr’ouvert ; il se croit poursuivi des furies ; il ne sait où ni comment échapper à leurs flambeaux vengeurs ; & toutes ces fêtes monstrueusement somptueuses qu’il ordonne, sont moins des amusemens qu’il se procure, que des distractions qu’il cherche ». Rien, ce semble, ne prouve mieux, que les exemples qu’on vient d’alléguer, qu’il n’y a de véritables biens que ceux dont la vertu regle l’usage : le libertinage & la passion sement notre vie de quelques instans de plaisirs : mais pour en connoître la valeur, il faut en faire une compensation avec ceux que promettent la vertu & une conduite reglée ; il n’est que ces deux partis. Quand le premier auroit encore plus d’agrément qu’on ne lui en suppose, il ne pourroit sensément être préféré au second ; il faut peser dans une juste balance lequel des deux nous porte davantage au but commun auquel nous aspirons tous, qui est de vivre heureux, non pour un seul moment, mais pour la partie la plus considérable de notre vie. Ainsi quand un homme sensuel offusque son esprit des vapeurs grossieres que le vin lui envoye, & qu’il s’enivre de volupté, la morale n’entreprendra pas de l’en détourner, en lui disant simplement que c’est un faux plaisir, qu’il est passager & contraire aux lois de l’ordre : il répondroit bien-tôt, ou du moins il se diroit à lui-même, que le plaisir n’est point faux, puisqu’il en éprouve actuellement la douceur ; qu’il est sans doute passager, mais dure assez pour le réjoüir ; que pour les lois de la tempérance & de l’honnêteté, il ne les envie à personne, dès qu’elles ne conviennent point à son contentement, qui est le seul terme où il aspire. Cependant lorsque je tomberois d’accord de ce qu’il pourroit ainsi répliquer, si je pouvois l’amener à quelques momens de réflexions, il ne seroit pas long-tems à tomber d’accord d’un autre point avec moi. Il conviendroit donc que les plaisirs auxquels il se livre sans mesure, & d’une maniere effrénée, sont suivis d’inconvéniens beaucoup plus grands que les plaisirs qu’il goûte : alors pour peu qu’il fasse usage de sa raison, ne conclurra-t-il pas que même par rapport à la satisfaction & au contentement qu’il recherche, il doit se priver de certaines satisfactions & de certains plaisirs ? Le plaisir payé par la douleur, disoit un des plus délicats Epicuriens du monde, ne vaut rien & ne peut rien valoir : à plus forte raison, un plaisir payé par une grande douleur, ou un seul plaisir payé par la privation de mille autres plaisirs ; la balance n’est pas égale. Si vous aimez votre bonheur, aimez-le constamment ; gardez-vous de le détruire par le moyen même que vous employez afin de vous le procurer. La raison vous est donnée pour faire le discernement des objets, où vous le devez rencontrer plus complet & plus constant. Si vous me dites que le sentiment du présent agit uniquement dans vous & non pas la pensée de l’avenir, je vous dirai qu’en cela même vous n’êtes pas homme ; vous ne l’êtes que par la raison & par l’usage que vous en faites : or cet usage consiste dans le souvenir du passé & dans la prévoyance de l’avenir, aussi-bien que dans l’attention au présent.
Ces trois rapports du tems sont essentiels à notre conduite : elle doit nous inspirer de choisir dans le tems présent pour le tems à venir, les moyens que dans le tems passé nous avons reconnus les plus propres à parvenir au bonheur ; ainsi pour y arriver, il ne s’agit pas de regarder précisément en chaque action que l’on fait, ou en chaque parti que l’on embrasse, ce qui s’y trouve de plaisir ou de peine. Dans les partis opposés de la vertu ou du vice, il se trouve de côté & d’autre de l’agrément & du desagrément : il faut en voir le résultat dans la suite générale de la vie, pour en faire une juste compensation. Il faut examiner, par exemple, ce qui arriveroit à deux hommes de même tempérament & de même condition, qui se trouveroient d’abord dans les mêmes occasions d’embrasser le parti de la vertu ou de la volupté : au bout de soixante ans, de quel côté y aura-t-il eu moins de peine ou moins de repentir, plus de vraie satisfaction & de tranquillité ? S’il se trouve que c’est du côté de la sagesse ou de la vertu, ce sera conduire les hommes à leur véritable bonheur, que d’attirer leur attention sur un traité de morale qui contribue à cette fin. Si la plûpart des hommes, malgré le desir empreint dans leur ame de devenir heureux, manquent néanmoins à le devenir, c’est que volontairement séduits par l’appas trompeur du plaisir présent, ils renoncent, faute de prévoir l’avenir & de profiter du passé, à ce qui contribueroit davantage à leur bonheur dans toute la suite de leur vie. Il s’ensuit de tout ce que nous venons de dire, que la vertu est plus féconde en sentimens délicieux que le vice, & par conséquent qu’elle est un bien plus grand que lui, puisque le bien se mesure au plaisir, qui seul nous rend heureux.
Mais ce qui donne à la vertu une si grande supériorité sur tous les autres biens, c’est qu’elle est de nature à ne devenir jamais mal par un mauvais usage. Le regret du passé, le chagrin du présent, l’inquiétude sur l’avenir, n’ont point d’accès dans un cœur que la vertu domine ; parce qu’elle renferme ses desirs dans l’étendue de ce qui est à sa portée, qu’elle les conforme à la raison, & qu’elle les soûmet pleinement à l’ordre immuable qu’a établi une souveraine intelligence. Elle écarte de nous ces douleurs, qui ne sont que les fruits de l’intempérance ; les plaisirs de l’esprit marchent à sa suite, & l’accompagnent jusque dans la solitude & dans l’adversité : elle nous affranchit, autant qu’il est possible, du caprice d’autrui & de l’empire de la fortune ; parce qu’elle place notre perfection, non dans une possession d’objets toûjours prêts à nous échapper, mais dans la possession de Dieu même, qui veut bien être notre récompense. La mort, ce moment fatal qui desespere les autres hommes, parce qu’il est le terme de leurs plaisirs & le commencement de leurs douleurs, n’est pour l’homme vertueux qu’un passage à une vie plus heureuse. L’homme voluptueux & passionné ne voit la mort que comme un fantôme affreux, qui à chaque instant fait un nouveau pas vers lui, empoisonne ses plaisirs, aigrit ses maux, & se prépare à le livrer à un Dieu vengeur de l’innocence. Ce qu’il envisage en elle de plus heureux, seroit qu’elle le plongeât pour toûjours dans l’abysme du néant. Mais cette honteuse espérance est bien combattue dans le fond de son ame par l’autorité de la révélation, par le sentiment intérieur de son indivisibilité personnelle, par l’idée d’un Dieu juste & tout-puissant. Le sort de l’homme parfaitement vertueux est bien différent : la mort lui ouvre le sein d’une intelligence bienfaisante, dont il a toûjours respecté les lois & ressenti les bontés. Voyez Sagesse & Vertu. (X)
Étymologie de « bien »
- Du latin bene (« bien, à propos, favorablement »).
Provenç. ben, be ; espagn. bien ; portug. bem ; ital. bene. Bien ne peut pas venir de bonum ; à la vérité, dans le dialecte normand, bonus avait donné buen, comme homo, huem, et comes, cuens ; mais il n'y a aucun exemple que cet u y ait été changé en i. Il vient donc de bene, adverbe, mais adverbe transformé par les langues romanes en un substantif et même, comme dans un exemple du XIIe siècle (bien plaisir), en un adjectif.
Phonétique du mot « bien »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
bien | bjɛ̃ |
Fréquence d'apparition du mot « bien » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « bien »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « bien »
-
Il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers.
Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu — De l'esprit des lois -
Qui aime bien, charrie bien.
Jacques Pater — Le Petit Pater illustré -
On fait souvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal.
François, duc de La Rochefoucauld — Maximes -
Il n'est pas si dangereux de faire du mal à la plupart des hommes que de leur faire trop de bien.
François, duc de La Rochefoucauld — Maximes -
Le bien est voulu, il est le résultat d'un acte, le mal est permanent.
Antonin Artaud — Lettre à Jean Paulhan -
Mes amis, j'ai perdu ma journée.
Suétone en latin Caius Suetonius Tranquillus — Vies des douze Césars, Titus, VIII -
Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d'un art.
Charles Baudelaire — Curiosités esthétiques -
Bien boire et bien manger font bien travailler.
Proverbe français -
Tous les hommes aiment à s'approprier le bien d'autrui ; c'est un sentiment général ; la manière seule de le faire est différente.
Alain René Lesage — Histoire de Gil Blas de Santillane -
Il m'est permis, disait Molière, de reprendre mon bien où je le trouve.
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Cité par Grimarest, dans Vie de M. de Molière, 1705
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Traductions du mot « bien »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | well |
Espagnol | bien |
Italien | bene |
Allemand | gut |
Portugais | bem |
Synonymes de « bien »
- beaucoup
- très
- beau-belle
- propriété
- juste
- honnête
- convenable
- bon
- patrimoine
- agréable
- parfaitement
- joliment
Antonymes de « bien »
Combien de points fait le mot bien au Scrabble ?
Nombre de points du mot bien au scrabble : 6 points