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Bien

Variantes Singulier Pluriel
Masculin bien biens

Définitions de « bien »

Trésor de la Langue Française informatisé

BIEN1, adv.

I.− Emplois discursifs
A.− [Au sens le plus gén., avec une idée de conformité] En rapport avec certains critères d'appréciation individuels ou collectifs; d'une manière exactement adéquate à l'idée ou à l'effet attendu(e), propre à recevoir l'approbation.
1. Domaine esthétique, intellectuel, etc. :
1. Comment je me débrouille en Anglais. − Admirablement les premiers jours. Moins bien maintenant parce que j'ai des scrupules. On me fait force compliments. Alain-Fournier, Correspondance[avec J. Rivière], 1905, p. 17.
2. ... les femmes avaient commencé à sortir de l'église à leur tour. Jeunes ou vieilles, jolies ou laides, elles étaient presque toutes bien vêtues en des pelisses de fourrure ou des manteaux de drap épais; (...) un étranger se fût étonné de les trouver presque élégantes au cœur de ce pays sauvage, si typiquement françaises parmi les grands bois désolés et la neige, et aussi bien mises à coup sûr, ces paysannes, que la plupart des jeunes bourgeoises des provinces de France. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 11.
3, ... quoique maigre, il était bien fait de sa personne et il avait la jambe belle. On le trouvait fier. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 10.
4. On sait la fortune du mot de Bergson, statuant qu'au fond de l'œuvre de tout penseur il y a une idée très simple, qui en est l'essence, qu'il a toute sa vie voulu exprimer sans y jamais atteindre. En vérité, il semble que la plupart des philosophes, et Bergson tout le premier, ont fort bien su dire, et très nettement, cet essentiel. (...) on veut que cela soit impossible (aussi par religion de l'« ineffable »). C'est à peu près la même volonté qui s'affirme dans cet arrêt : « L'homme même qui s'y livre sciemment (à la philosophie) ne sait expliquer exactement ce qu'il fait ». Nous croyons que Descartes eût fort bien su expliquer ce qu'il faisait. Mais la religion du trouble ne le veut pas. Benda, La France byzantine,1945, p. 22.
SYNT. Bien bâti, bien certain, bien coiffé, bien coupé, bien dit, bien doué, bien écrit, bien fondé, bien habillé, bien informé, bien pris (dans sa taille), bien proportionné, bien rendu, bien senti, bien tourné, bien venu, bien vu; bien comprendre, bien connaître, bien écouter, bien juger, bien parler, bien réfléchir, bien se rendre compte. − PARAD. a) (Quasi-)synon. agréablement, assurément, bellement, certainement, excellemment, expressément, formellement, gracieusement, joliment, judicieusement, logiquement, méthodiquement, rationnellement, remarquablement, sûrement. b) (Quasi-)anton. absurdement, désagréablement, illogiquement, irrationnellement, médiocrement, vilainement.
Expr. (appuyant les énoncés, notamment dans le discours parlé).
a) Je crois bien, je dis bien, je vous l'avais bien dit, je ne croyais pas si bien dire, j'entends bien, je l'espère bien, je pense bien; notez bien, remarquez bien, sachez bien; parlons peu, parlons bien; c'est bien le moins que... (Musset, Le Chandelier, 1840, p. 44); c'est bien naturel, c'est bien possible (Mauriac, Génitrix, 1923, p. 376); c'est bien lui, c'est bien de lui, voilà bien notre... (Verne, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 157).
b) Bien sûr, bien entendu, comme de bien entendu (fam.) :
5. Il exprimait quelquefois le fond de sa pensée, devant Tarrou, par des remarques de ce genre : « Bien sûr, ça ne va pas mieux. Mais, du moins, tout le monde est dans le bain. » « Bien entendu, ajoutait Tarrou, il est menacé comme les autres, mais justement, il l'est avec les autres... » Camus, La Peste,1947, p. 1375.
À le bien prendre (Stendhal, Racine et Shakespeare, t. 2, 1825, p. 92).
Bel et bien. ... répondit qu'il avait bel et bien existé des juments vertes (Aymé, La Jument verte,1933, p. 11);(vx) bien et beau (Mérimée, Théâtre de Clara Gazul, 1825, pp. 60, 115).
2. Domaine moral.Agir, se conduire bien :
6. ... c'est, à mon avis, très-bien, très-justement, et même, si vous voulez, très-philosophiquement fait d'établir comme dogme national, que tout fléau du ciel est un châtiment : et quelle société humaine n'a pas cru cela? J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 309.
PARAD. a) (Quasi-)synon. comme il faut, dignement, honnêtement, honorablement, nécessairement, noblement, sagement. b) (Quasi-)anton. bassement, ignoblement, malhonnêtement, vilement.
Expr. (appuyant les énoncés, notamment dans le discours parlé). Il fera bien de... (MmeCottin, Claire d'Albe, 1799, p. 84); vous feriez bien de... (exprime un conseil ou un ordre atténué); (c'est) bien fait (pour + pron. pers., gén. iron.) (Claudel, Jeanne d'Arc au bûcher, 1939, p. 1224); il (le) faut bien :
7. ... une de mes amies, qui n'avait que seize ans, a été enlevée... Mais parfaitement! Et dans une voiture à deux chevaux encore. Le lendemain... hum! ... Naturellement. Il ne pouvait plus être question de la rendre à sa famille. Il y a des... comment dirai-je? des effractions que... Enfin ils se sont mariés. Il fallait bien en venir là. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 45.
Proverbes. Bien faire et laisser dire; charité bien ordonnée commence par soi-même (Sartre, L'Existentialisme est un humanisme, 1946, p. 13); qui aime bien châtie bien.
Rem. Dans cette accept., bien est beaucoup plus souvent employé à la forme subst. qu'à la forme adverbiale.
3. Domaine des relations soc., interpersonnelles :
8. On la traitait amicalement, mieux qu'une femme de charge, moins bien qu'une parente. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Mademoiselle Perle, 1886, p. 630.
9. ... lequel, lettré, s'est trouvé me connaître de nom et m'a fort bien reçu, « heureux de cette occasion de me rencontrer, etc. » me dispensant généreusement de revenir avec ma femme et s'excusant de me faire attendre. Larbaud, Journal,1931, p. 255.
SYNT. Bien disposé, bien intentionné; bien accueillir, bien vouloir; se (re)mettre bien avec (qqn), s'entendre bien avec (qqn); être bien vu de (qqn). − PARAD. a) (Quasi-)synon. affablement, aimablement, courtoisement, gentiment. b) (Quasi-)anton. grossièrement, hostilement, inamicalement, méchamment, rudement.
Expr. Bien à vous (formule de politesse à la fin d'une lettre).
Rem. On a parfois affirmé que le syntagme vouloir bien est plus catégorique que bien vouloir, sans doute à cause de la force partic. conférée par la post-position. D'autres jugent cette distinction superficielle. ,,Chez les militaires et les gens d'administration, il est assez d'usage de distinguer bien vouloir de vouloir bien construits avec un infinitif : selon eux, cette dernière formule, plus impérative, convient dans les relations de supérieur à inférieur, et bien vouloir est de mise dans les relations d'inférieur à supérieur. (...) Cependant Dauzat estime que l'opposition entre les deux formules est factice; (...). Dans la pratique, on peut négliger la distinction entre vouloir bien et bien vouloir`` (Grev. 1964, § 829, p. 791).
4. Domaine de l'activité, du fonctionnement, etc. :
10. Quand le corps est beau, qu'il remplit bien et aisément ses fonctions, qu'il est une source de jouissances et de sensations agréables, il est tout à fait naturel que l'âme s'y attache par des liens d'amour, qu'elle en soit constamment occupée. Elle l'aime comme harmonie, ... Maine de Biran, Journal,1819, p. 259.
11. Sans être très-robuste, il est bon travailleur; il fait bien et avec exactitude. Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 151.
12. ... je ne sais pas jusqu'à quel point on peut dire qu'un homme qui ne ferait que rêver et serait incapable d'action se porterait bien, quand même tous ses membres seraient en bon état. Mais c'est la volonté qui est attaquée, et c'est l'organe le plus précieux. Baudelaire, Paradis artificiels,Le Hachish, 1860, p. 342.
SYNT. Bien attrapé, bien capable, bien chaud, bien dressé, bien entretenu bien portant, bien propre, bien tenu; bien dormir, bien manger, bien réussir, bien tourner, bien vendre, bien viser, bien vivre; aller bien, arriver bien, augurer bien, marcher bien, s'annoncer bien, se passer bien, se sentir bien, se tirer bien, se trouver bien, venir bien.
− PARAD. a) (Quasi-)synon. absolument, adroitement, avantageusement, complètement, convenablement, correctement, entièrement, favorablement, habilement, heureusement, impeccablement, intégralement, pleinement, réellement, totalement, tout-à-fait, utilement, véritablement, vraiment. b) (Quasi-)anton. défavorablement, désavantageusement, fâcheusement, gauchement, imparfaitement, incomplètement, incorrectement, inutilement, maladroitement, malaisément, malencontreusement.
Expr. (utilisée parfois pour renforcer les énoncés, notamment dans le discours parlé).
a) Bien joué!; bien lui en a pris de..., bien m'en prit (Giraudoux, Siegfried et le Limousin, 1922, p. 11); ça commence à bien faire!; ça tombe bien, vous êtes bien tombé (Larbaud, Journal, 1931, p. 250); ça va bien? (Zola, L'Argent, 1891, p. 8); cela va bien comme ça (Claudel, Le Pain dur, 1918, p. 414); je suis bien aise; la nature fait bien les choses (Camus, Caligula, 1944, p. 9); tenez vous bien!
b) Par antiphrase. Ça commence bien (Zola, La Débâcle, 1892, p. 206); c'est bien à vous de..., c'est bien le moment; c'était bien la peine, c'est vraiment bien la peine (Proust, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 464); il est bien temps; il s'agit bien de... (Giraudoux, Amphitryon 38, 1929, p. 51); me voilà bien avancé!
Loc. communes aux emplois I A
Loc. adv.
Aussi bien (Quasi-)synon. d'ailleurs.... aussi bien ma paupière ne s'ouvre qu'à regret (Baour-Lormian, Veillées,1827, p. 293).
Mais bien. [S'emploie après une négation] ... le véritable psychologue du siècle (...) pas leur Stendhal (...) mais bien cet étonnant Hello (Huysmans,Là-bas,t. 1,1891, p. 12).
Ni bien ni mal, tant bien que mal ou (vx) que bien que mal. ... se représente(r), tant bien que mal, en petit et en grand, en gros et en détail (Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 84).
Loc. conj.
Bien que. [S'emploie avec un verbe gén. au subj., except. à l'ind. ou au cond. dans la lang. fam., littér.; s'emploie aussi avec un part. prés. ou un adj. p. ell. du verbe; marque la concession] (Quasi-)synon. encore que, malgré, quoique :
13. Ne faudrait-il quand même pas lui faire une petite visite, bien qu'il soit aussi distant et insensible qu'un cadavre? G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 10.
Aussi bien que. [Marque la compar.] ... le sérieux de ces monotones figures, aussi bien que cette couleur froide (Barrès,Greco,1911, p. 14).
Ou bien :
14. Ou tous ils descendaient ensemble, ou bien encor Ensemble reprenaient avec calme l'essor. Jammes, Les Géorgiques chrétiennes,1911, p. 6.
Quand bien même. ... une page en prose (...) quand bien même elle encadrerait deux ou trois trouvailles (Jacob, Le Cornet à dés,1923, p. 17).
Si bien que, tant et si bien que. [S'emploie avec un verbe à l'ind.; marque la conséquence] (Quasi-)synon. à tel point, tellement (que) :
15. ... les branches de sapin prirent feu, si bien qu'on voyait parfaitement les deux hommes à présent, assis en face l'un de l'autre, de chaque côté du foyer, ... Ramuz, Derborence,1934, p. 12.
Rem. (commune aux emplois I A). Dans tous ces emplois, bien est utilisé assez souvent dans le discours parlé comme simple marque d'insistance, l'insistance étant d'ailleurs davantage dans l'intonation avec laquelle on prononce ce mot que dans le mot lui-même. Il semble pourtant prendre une force spéc. dans qq. cas précis :
Pour appuyer une affirmation, pour s'autoriser d'un cas analogue, en réponse à une objection implicite ou explicite :
16. Talthybios. − Grands Dieux! Ton fils aussi, femme, tu le tuerais? Klytaimnestra. − Son père a bien tué ma fille! je le hais. Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,Les Érinnyes, 1886, p. 200.
Pour appuyer la formulation d'une hypothèse, d'un souhait − gén. avec le fut. ou le cond. Nous verrons bien (Proust, La Fugitive,1922, p. 569):
17. Puis, un baiser, par-ci par-là. Voudris ben vous biser (je voudrais bien vous embrasser), disait-elle en lui tendant ses petits bras avec une tendresse touchante. Et Pierre se laissait embrasser et le lui rendait bien fort, sur ses bonnes petites joues rondes. Loti, Le Roman d'un enfant,1890, p. 87.
B.− [Avec une valorisation intensive] Plus qu'on ne pourrait s'y attendre :
18. Amusez-vous bien et aimez-vous fort : c'est de votre âge et il n'y a que cela de bon dans la vie. Flaubert, Correspondance,1864, p. 140.
19. Ces pauvres demoiselles! L'aînée, Angéline, a bien vingt-six ans; l'autre, Aurélie, va en avoir vingt-quatre. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 931.
20. le maire. − Notre jeune contrôleur est pourtant bien sympathique. le droguiste. − Très sympathique. Giraudoux, Intermezzo,1933, I, 1, p. 15.
SYNT. Bien beau, bien bête, bien bon, bien brave, bien content, bien heureux, bien jeune, bien malade, bien sage; (avoir) bien envie, bien faim bien peur, bien raison, bien tort; (en) avoir bien (pour) + (numéral); bien boire, bien rire, bien souffrir; pouvoir bien (= avoir beau), valoir bien; bien à plaindre. − PARAD. a) (Quasi-)synon. abondamment, au moins (si ce n'est plus), considérablement, copieusement, énormément, extrêmement, fameusement, grandement, intensément, largement, profondément, trop, violemment, vivement. b) (Quasi-) anton. faiblement, médiocrement, peu, passablement.
Expr. (notamment dans le discours parlé). Bien le bonjour! (sans doute p. ell. de : je vous donne bien (= vivement) le bonjour) (Claudel, Jeanne d'Arc au bûcher, 1939, p. 1212)); bien volontiers (= très volontiers); c'est bien dommage (= fort dommage);(Chateaubriant, M. des Lourdines, 1911, p. 2); merci bien (= merci beaucoup); (R. Martin du Gard, Le Testament du Père Leleu, 1920, p. 1142); il s'en faut bien que (= il s'en faut de beaucoup que) :
21. ... il y a encore beaucoup de végétaux utiles qui nous sont inconnus; car il s'en faut bien que chaque genre de végétaux nous fournisse par toute la terre une espèce en rapport immédiat avec nos besoins. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 52.
Proverbe. Rira bien qui rira le dernier (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Le Trou, 1886, p. 576).
P. allus. hist. Souvent femme varie, / Bien fol qui s'y fie (citation déformée d'une phrase de François Ier, dont la formule originale aurait été : ,,Toute femme varie`` d'après Brantôme, dans M. Dupré, Encyclop. des citations, Paris, Trévise, 1959, p. 8 − ou ,,Souvent femme varie, mal habile qui s'y fie``, d'après M. Bié, Les Châteaux de la Loire, Paris, Sun, 1964, p. 28).
Loc. (adv. ou prép., notamment dans le discours parlé).
Bien de/du + subst.(Quasi-)synon. beaucoup de.
SYNT. et EXPR. Avoir bien de la chance, du mal, de la peine, du souci; dire bien des choses (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 193); en avoir vu bien d'autres (Barrès, Mes cahiers, t. 9, 1911, p. 6); répéter bien des fois (Gide, Isabelle, 1911, p. 611), souhaiter bien du plaisir (Delécluze, Journal, 1828, p. 442).
Bien après, bien assez, bien avant, bien davantage, bien longtemps, bien mal, bien meilleur, bien mieux, bien moins, bien peu, bien plus, bien souvent, bien trop :
22. Où courait-elle ainsi, la longue route luisante, vers quel horizon fabuleux? Il la prolongeait par la pensée bien au-delà, plus loin, beaucoup plus loin, jusqu'à ces minces routes blondes, de colline en colline, toutes frémissantes sous la lune douce. (...) Il respirait à pleins poumons l'air humide, il écoutait sonner son pas − une! deux! − l'ancienne vie était derrière, bien loin derrière, effacée à mesure, ... Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 973.
Un peu bien (vx ou fam.). (Quasi-)synon. un peu trop.Quelque histoire un peu bien sanglante (Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 17).
Rem. 1. ,,Avec les adjectifs et les adverbes au positif, c'est bien, et non beaucoup, qu'il faut employer : il est bien savant, il est bien loin`` (Grev. 1964, § 844, p. 809); dans les autres cas, il peut être utilisé de préférence à beaucoup (quantitateur neutre), pour sa nuance plus fam. 2. Dans le syntagme aimer bien, bien marque essentiellement un degré d'intensité et peut être considéré comme (quasi-) synon. de beaucoup. Dans un cont. de relations amoureuses, p. oppos. à la forme abs. aimer (qui marque l'amour-passion, l'amour authentique − gén. considéré comme non susceptible de var. et se situant sur un plan supérieur où s'abolit toute graduation, puisque au summum de l'intensité), aimer bien prend, paradoxalement, une valeur plus faible, et exprime seulement l'affection, l'amitié. 3. Dans l'accept. I B, bien tend à se vider du contenu sém. précis qu'il a dans l'accept. I A, et à devenir un simple signe intensif. D'où l'apparence assez contradictoire de certaines assoc., : ... bien patauds, bien lourds, bien laids (Stendhal, Vie de Henry Brulard, t. 2, 1836, p. 256); ... un bien mauvais marchand (Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 666); ... l'air bien terrible, (...) être bien mal gesté (A. France, La Vie en fleurs, 1922, pp. 292-293).
Rem. (commune aux accept. I). 1. Compar. d'infériorité : moins bien, de supériorité : mieux; superl. : le mieux (cf. ex. 1, 8). 2. Bien se place gén. avant le verbe à l'inf. (sauf à la forme pronom. où il est, de préférence, post-posé), après le verbe aux temps simples, entre l'auxil. et le part. aux temps composés :
23. pierre de craon. − Mettez-vous là près de ce cierge que je vous regarde bien. Elle se place en souriant sous le cierge. Il la regarde longuement. violaine. − Vous m'avez bien regardée? Claudel, L'Annonce faite à Marie,1reversion, prol., 1912, p. 13.
II.− Emplois interjectifs.
A.− Dans la lang. cour.
1. Bien! bien, bien! fort bien! très bien!, etc. marque l'accord, la conclusion, parfois avec une nuance d'impatience. (Quasi-)synon. bravo! parfait!... Bon, monsieur, très bien (Balzac, César Birotteau,1837, p. 321).
2. Ah! bien marque la surprise, la déception, etc., (cf. Champfleury, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 100);Ah bien oui! marque un assentiment sceptique, iron.; Ah bien non! marque une opposition violente, l'indignation.
3. Eh bien ou hé bien (marque l'étonnement, l'interrogation, l'hésitation, l'admiration, l'exhortation, la conclusion ou la reprise d'une idée au cours d'une conversation). Bon (...) Hé bien, monsieur (P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 34);bon, eh bien (...) d'accord (Sartre, La Mort dans l'âme1949, p. 149);eh bien! soit [marque l'acceptation, la résignation], (Hugo, La Fin de Satan,Le Gibet de Jésus-Christ,1885, p. 769).
4. Oh bien oui (P. Borel, Champavert, Don Andréa Vésalius, l'anatomiste, 1833, p. 62); peut-être bien (Montherlant, Le Songe, 1922, p. 133) marquent la même nuance sémantique que ah bien oui, etc..
B.− Dans la lang. pop., dial. (avec les mêmes nuances sém. que dans les formes correspondantes en II A).
1. (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 140); bédame : ... voyons (...) bè dame, alors (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 126);bé oui (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 15); eh bé : ... bon (...) eh bé, salut (Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 137);hé bé : ... hé bé, peut-être biein (sic) qu'il a raison (Malraux, Les Conquérants,1928, p. 26).
2. Ben : ... oui, bon, ben, c'est ça (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 139);ben, ben : ah! ben, pour lors, (...) ben, ben (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Lapin,1887, p. 249);ben, mon vieux (Barbusse, Le Feu, 1916, p. 80); ben tiens ou ben quiens (Roy, Bonheur d'occasion, 1945, p. 53); ben voyons : ben (...) voyons. Naturellement (Achard, Voulez-vous jouer avec moâ?1924, II, 2, p. 137);ah ben (Maupassant, Contes et Nouvelles, t. 1, Le Lapin, 1887, p. 249); ah! ben alors, ah ben ça, ah ben dis donc (Céline, Mort à crédit,1936, p. 684);ah, ben oui (E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1094);ah ben non; ah! ben, vrai (H. Bataille, Maman Colibri,1904, p. 21);eh ben : ... dame (...) eh ben (Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 285);eh! ben, quoi : ... allons! eh! ben, quoi! (Renard, Journal,1897, p. 394);oh ben oui (cf. ex. 24); p't'ête ben (Pailleron, L'Étincelle, 1879, p. 34); p'tête ben qu'oui, p'tête ben qu'non (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 78).
Rem. 1. Ben peut s'utiliser dans tous les emplois de bien (adv. ou adj.) et non pas seulement comme interj. :
24. thomas. − (...) Alle n'avait qu'à inviter rien qu'la famille, c'était tout ce qu'il fallait. margot. − Oh ben oui, rien qu'la famille! S'il n'y avait eu qu'la famille, gn'y aurait pas eu d'noce. thomas. − Dis donc, femme, tu n't'aperçois pas que p'tit à p'tit nous f'sons comme tout le monde; nous mangeons le bien des gens, et nous nous moquons d'eux après. C'n'est pas trop ben, da. margot. − J'sais ben ça; mais c'est que ça amuse. Leclerq, Proverbes dramatiques,Le Savetier et le financier, 1835, p. 211.
Rem. 2. Noter aussi les formes bene (cf. Lar. 19e, Lar. encyclop. et Quillet 1965; forme lat. écrite béné chez Balzac, Correspondance, 1819, p. 50) et bin : eh bin! de quoi? (Frapié, La Maternelle, 1904, p. 115).
Rem. 3. Pour nota bene, v. nota.
PRONONC. : [bjε ̃]. D'apr. Fouché Prononc. 1959 : ,,on fait la liaison entre [l'adverbe bien] inaccentué et un mot auquel il se rapporte`` (p. 475), ex. : il a eu bien envie de rire. Restriction : la liaison ne se fait pas ,,lorsque [l'adv. bien] signifie « d'une manière satisfaisante, conforme à la perfection » ou qu'il a le sens de « pourtant »`` et qu'il précède ,,un adverbe, une préposition (ou l'article contracté au, aux) ou une conjonction`` (p. 465), ex. on est bien / ici, il y en avait bien / autrefois.
STAT. − Ben2. Fréq. abs. littér. : 1 213. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 513, b) 63; xxes. : a) 2 671, b) 3 080. 2. Fréq. abs. littér. : 59.

BIEN3, subst. masc.

I.− Le bien (de), du bien. Ce qui favorise l'équilibre, l'épanouissement d'un individu, d'une collectivité ou d'une entreprise humaine (à tous points de vue).
A.− PHILOS., THÉOL., absol. Ce qui correspond aux aspirations essentielles de la nature humaine; ensemble de facteurs propres à amener et maintenir chaque être au summum de son accomplissement vital − notamment par la voie du perfectionnement spirituel; spéc., Dieu même en tant qu'Être suprême, parfait, éternel, source de tout ce qui est favorable à la progression des créatures et but de leur évolution. Le bien absolu; poursuivre, rechercher le bien; aspirer au bien; tendre vers le bien :
1. Le sentiment de sa propre existence doit primitivement suffire à l'être qui se connoît lui-même. Puisqu'il sent, il jouit; il est heureux de cela seul qu'il vit, et jouit de cela seul qu'il se conserve pour jouir. Toute situation indifférente lui est bonne, et il repose dans la permanence du bien-être tant qu'il ne sent pas péniblement. Le mal qu'il trouve dans la nature est si instantané qu'il ne peut flétrir sa vie. Le bonheur est son état nécessaire; exister est le bien suprême. Senancour, Rêveries,1799, p. 69.
2. S'il y a quelque chose d'évident pour l'homme, c'est l'existence de deux forces opposées qui se combattent sans relâche dans l'univers. Il n'y a rien de bon que le mal ne souille et n'altère; il n'y a rien de mal que le bien ne comprime et n'attaque, en poussant sans cesse tout ce qui existe vers un état plus parfait. Ces deux forces sont présentes partout : (...). Le pouvoir humain ne s'étend peut-être qu'à ôter ou à combattre le mal pour en dégager le bien et lui rendre le pouvoir de germer suivant sa nature. J. de Maistre, Des Constitutions pol. et des autres institutions hum.,1810, pp. 70-71.
3. Faut-il donc, comme Voltaire, dire que, philosophes ou chrétiens, disciples d'Épicure ou de Zénon, de Platon ou de S. Paul, tous ceux qui ont cherché le souverain bien ont cherché vainement la pierre philosophale? En cherchant la pierre philosophale, on a découvert la chimie; en cherchant le souverain bien, l'humanité s'est perfectionnée. Tout homme qui a cherché le souverain bien, soit avec Platon, soit avec Épicure, (j'entends le véritable Épicure), soit avec Zénon, soit avec le christianisme, a été, à des degrés divers, dans la voie du perfectionnement de la nature humaine. Tout homme qui n'a pas cherché le souverain bien, en suivant l'une ou l'autre de ces directions, a été dans la voie de la dégradation de la nature humaine. P. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 87.
4. Une des doctrines qui ont le plus et le plus longtemps régné sur les esprits, touchant l'origine du monde et l'origine du mal, est celle qui identifie ces deux origines. Diverse dans ses formes, elle a parfois abouti à l'énoncé non dissimulé que le mal est la vie même, ou, comme on disait plutôt, la matière, en renfermant sous ce nom le principe d'individuation de l'existence et, au fond, l'existence même. (...) assurément le système de l'émanation y conduit. On s'y représente le bien, avec la perfection divine, dans la quiétude du principe éternel, dans cette unité encore indivise au sein de laquelle se produit la descente des êtres, le rêve de la vie. Existence est donc déchéance. Renouvier, Essais de crit. gén.,3eessai, 1864, p. 158.
5. ... cet optimisme implique un jugement sur l'être (sur Dieu) qui est identifié au bien. À quelles conditions un tel jugement peut-il être porté? Il repose entièrement sur la distinction du tout et des parties; les parties en tant qu'elles sont prises à part du tout peuvent être mauvaises; mais en tant qu'elles sont rapportées au tout (et aussitôt qu'elles sont vraiment comprises, elles sont nécessairement conçues dans leur liaison organique au tout) elles doivent être regardées comme bonnes (...). Si je suis moi-même mauvais, c'est en tant que je suis une partie qui veut se traiter comme un tout (comme une réalité); en tant que je participe à la vie du tout, je m'élève au bien. (...). Il y a là, semble-t-il, une difficulté intérieure à la doctrine, car d'une part le bien est totalement indépendant de moi, il est l'être, et d'autre part je réalise le bien pour autant qu'il est en moi en tant que je prends conscience de ma relation véritable au tout. (...). Cette théorie toute idéaliste du bien qui identifie le bien avec son idée (ou plutôt avec l'acte qui l'affirme) ne me semble pas avoir pu être celle des stoïciens. Marcel, Journal métaphysique,1914, pp. 89-90.
6. Le bien, si nous le considérons dans sa racine métaphysique, c'est l'être même en tant que désirable, c'est-à-dire en tant qu'objet possible d'une volonté; si donc l'on veut comprendre pourquoi il tend spontanément à se répandre et à se communiquer, c'est à l'actualité immanente de l'être qu'il faut nécessairement en revenir. Dire que l'être est à la fois acte et bien, ce n'est pas seulement montrer qu'il peut agir comme cause, c'est suggérer du même coup qu'il contient une raison d'exercer ce pouvoir causal. La perfection de son actualité, pensée comme bien, l'invite à la communiquer librement à l'être de ses effets possibles. (...) Car être, c'est agir, et agir, c'est être. La libéralité par laquelle le bien se donne, c'est, dans le cas d'un être intelligible, la libre manifestation de l'énergie par laquelle l'être existe. Certes, l'homme n'est pas que libéralité, mais c'est parce qu'il n'est pas tout l'être; il lui faut prendre ce qu'il n'est pas avant de donner ce qu'il est. Il veut souvent le bien d'autrui pour diminuer ses propres déficiences et se conserver ou s'accroître dans l'être; mais, avide de ce qui lui manque, il est généreux de ce qu'il est, parce qu'en tant qu'il est il est bon : ens est diffusivum sui et communicativum. Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,t. 1, 1931, pp. 97-98.
[Le bien dans ses effets] :
7. Le mal est le contraire du bien. Cela est clair : chaque valeur positive a un contraire avec lequel elle forme un genre. À l'abri de cette évidence se forme un jugement hâtif : la douleur est le contraire du plaisir. Le plaisir n'est-il pas en effet le révélateur du bien et la douleur celui du mal? Si néanmoins l'on veut descendre plus bas que la douleur imaginée et que la crainte qu'elle développe, jusqu'à l'épreuve de la douleur, toute symétrie s'efface soudain. Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 101.
Par allégorie :
8. Pourquoi avons-nous acquis la science du bien et du mal? Nous ne pouvons nous soustraire à cet arrêt de la justice. Nous ne soutiendrions pas ici-bas la joie pure et continuelle. Nous n'y soutiendrions pas non plus le mal absolu sans intervalle. Si le soleil étoit toujours sur notre horizon, il nous consumeroit. S'il n'y paroissoit jamais, notre terre deviendroit bientôt une masse morte, où la stérilité et le néant étendroient leur empire. Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 237.
9. Jours inouïs! Le bien, le beau, le vrai, le juste, Coulaient dans le torrent, frissonnaient dans l'arbuste; L'aquilon louait Dieu de sagesse vêtu; L'arbre était bon; la fleur était une vertu; ... Jours purs! Rien ne saignait sous l'ongle et sous la dent; La bête heureuse était l'innocence rôdant; Le mal n'avait encor rien mis de son mystère Dans le serpent, dans l'aigle altier, dans la panthère; ... Hugo, La Légende des siècles,Le Sacre de la femme, t. 1, 1859, p. 35.
B.− Domaine éthique
1. Ensemble des valeurs positives fondamentales (respect de la vie et de la dignité humaine, justice, assistance mutuelle, etc.) prônées par une société donnée comme utiles à l'harmonieux développement, au progrès moral des individus, de la communauté. L'amour du bien; discerner, distinguer le bien du mal :
10. « Je me fis prêtre, et j'ai été un artiste en perfection chrétienne, artiste inférieur mais enthousiaste et consciencieux. À ma mort, je présenterai à N. S. au lieu de tableaux splendides, mon âme dont j'ai tâché de faire un chef-d'œuvre de foi et de charité. Avoir l'âme belle, cette pensée-là a été toute ma force; qu'elle soit la vôtre. » Ce langage fut purificateur pour la pénitente; elle revint souvent au confessionnal et s'en retourna toujours améliorée. Ce vieillard avait pour elle, la prédilection du bon pasteur pour la brebis égarée, et l'artiste qui était en lui mettait du génie à redresser selon le bien, cette pensée courbée vers le mal. J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 27.
11. ... dans cette hypothèse qui distingue d'une façon absolue le bien de l'agréable, il semble que la plupart des hommes souhaiteront que l'inclination vers le plaisir soit chez eux la plus forte et l'emporte sur l'autre : le sentiment du devoir risquera de devenir à leurs yeux le mauvais principe. Mais cela ne fera pas qu'ils soient libres de rien changer à leur disposition intérieure; (...) cette distinction établie entre le bien moral et l'agréable ne laisse place à aucune liberté. Un second groupe de moralistes va donc renier cette interprétation, et se désintéressant de la faillite à laquelle elle aboutit, admettre qu'il y a confusion entre le bien moral et le bonheur. (...). Si cette confusion existe entre le bien et l'agréable, on ne conçoit pas en effet que l'homme, pourvu d'un libre arbitre et gouverné par le seul mobile de l'aspiration au bonheur, n'adopte pas dans tous les cas les principes de conduite que commande la loi morale, puisque celle-ci conduit à la pratique du bien qui procure le bonheur. S'il agit autrement, c'est donc par ignorance, c'est donc parce qu'une partie des éléments du problème lui est cachée; (...). Si, au contraire, tous les éléments du problème lui sont fournis, et s'il choisit le mal au lieu du bien, ce qui lui est funeste au lieu de ce qui lui profite, il faut bien accorder qu'une nécessité plus forte le contraint et bride sa liberté. Gaultier, Le Bovarysme,1902, pp. 161-63.
12. « Il convient, me dit-il, de les exterminer. » Et je compris qu'il avait le goût de la perfection. Car seul est parfaite la mort. « Ils pèchent », dit-il. (...) je songeais : « Il existe contre le mal. Il n'existe que par le mal. Que serait-il donc sans le mal? » « Que souhaites-tu, lui demandai-je, pour être heureux? » « Le triomphe du bien. » Et je comprenais qu'il mentait. Car il me dénommait bonheur l'inemploi et la rouille de son glaive. Et m'apparaissait peu à peu cette vérité pourtant éclatante que, qui aime le bien, est indulgent au mal. Que, qui aime la force, est indulgent à la faiblesse. Car si les mots se tirent la langue, le bien et le mal cependant se mêlent et les mauvais sculpteurs sont terreau pour les bons sculpteurs. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 767.
P. iron. :
13. ... avec leurs pauvres idées d'herbe parfumée, d'air pur, de bon soleil, d'eau fraîche et murmurante, ils n'auraient su que manger, dormir, hennir, galoper, secouer leur crinière au vent; (...) heureusement ce mal au dos et ce mal aux dents leur montraient clairement que tout n'est pas permis et qu'il y a un bien et un mal, et que c'est par là que les chevaux sont supérieurs aux autres animaux, lesquels sont des brutes sans conscience. Alain, Propos,1906, p. 7.
2. En partic.
a) Aspect du comportement humain (actions, paroles, etc.) conforme aux principes moraux d'une société donnée; spéc. (avec une valorisation intensive), ce qui sert à rendre plus satisfaisantes les conditions de vie (matérielles ou morales) d'autrui. (Quasi-)synon. aide, secours, service; (quasi-) anton. dommages, préjudice :
14. C'est un fait incontestable que, quand nous avons bien ou mal fait, quand nous avons accompli la loi du juste et de l'injuste ou que nous l'avons enfreinte, nous jugeons que nous méritons une récompense ou une punition; et c'est un fait encore que nous la recueillons en effet, 1. dans le plaisir de la conscience ou dans l'amertume du remords; 2. dans l'estime ou le mépris de nos semblables, qui, étant aussi des êtres moraux, jugent comme nous du bien et du mal, jugent comme nous que le bien et le mal méritent punition et récompense, ... Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,1829, p. 261.
15. ... je vous bénis seulement, je bénis Dieu de vos inspirations, et vous encore de me les avoir fait goûter. C'est être bon et aimable de faire passer aux autres ce qu'on a de doux en soi, et qui peut aussi adoucir quelque amertume, et je vous dois plaisir et bien. E. de Guérin, Lettres,1840, p. 375.
16. Il devait être supérieur à tout, mais surtout au désir de faire le bien. Commencer à savoir ce qu'était le bien, n'était-ce pas commencer à vouloir être bon et commencer à vouloir être bon, commencer de ne l'être plus? Ce qui était dans la volonté n'était plus dans l'être. Il n'y avait de vertus que les naturelles. (...). Il n'y avait pas de « vertus ». Il n'y avait que « la nature ». Une bonne action était toujours suspecte à M. Godeau parce qu'elle était bonne. Le mal avait bien le droit d'être mauvais mais pas le bien ou alors que serait-il? (...). Dieu doit être si sévère pour ses saints. M. Godeau suspectait le bien. Jouhandeau, M. Godeau intime,1926, pp. 47-48.
17. De tous les êtres vivant en société, l'homme est le seul qui puisse dévier de la ligne sociale, en cédant à des préoccupations égoïstes quand le bien commun est en cause; partout ailleurs, l'intérêt individuel est inévitablement coordonné ou subordonné à l'intérêt général. Cette double imperfection est la rançon de l'intelligence. L'homme ne peut pas exercer sa faculté de penser sans se représenter un avenir incertain, qui éveille sa crainte et son espérance. Il ne peut pas réfléchir à ce que la nature lui demande, en tant qu'elle a fait de lui un être sociable, sans se dire qu'il trouverait souvent son avantage à négliger les autres, à ne se soucier que de lui-même. Dans les deux cas il y aurait rupture de l'ordre normal, naturel. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 216.
18. Je ne veux pas te dire que j'aime faire du bien, j'aurais l'air de jouer au généreux et ça me déplaît. Et j'aurais l'air aussi de te faire des charités. Non. Mais simplement ça me fait plaisir, ça me cause une joie de te créer un peu de bonheur, tout bonnement parce que tu es courageuse, que tu le mérites. C'est parce que je t'ai vue trimer... Je suis comme ça. Pourquoi refuses-tu? Je fais du bien partout, à tant d'autres! Je ne compte pas, je distribue de l'argent à des gens que je connais à peine, ... Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 348.
SYNT. Le bien général, public; gens/homme(s) de bien (= dont la conduite est conforme à la morale) : homme de bien (...) homme bien-pensant (...) homme de bon goût (...) homme de bon ton (...) homme de mérite (...) juste (...) notable (...) hommes qualifiés par la prudence et la décence (Saint-John Perse, Exil, 1942, p. 254). Except. Fille de bien (G. Sand, François le Champi, 1850, p. 74), pratique du bien; se dévouer au bien d'autrui, dire du bien de qqn (= en parler avantageusement) : ... dire du bien de son père (...) le déclar[er] un honnête homme (Zola, La Fortune des Rougon, 1871, p. 34), parler en bien, penser grand bien de (= avoir une opinion très favorable de), pratiquer le bien, prendre en bien, rendre le bien pour le mal : ... rendant le bien pour le mal, rendant le pardon pour la haine, préférant la pitié à la vengeance (Hugo, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 580), vouloir le bien de qqn/du bien à qqn.
Expr. C'est pour son bien; un ami qui vous/te veut du bien[iron.] (Camus, L'État de siège, 1948, p. 202). En tout bien tout honneur. Conformément à la morale :
19. ferdinand, (...) j'étais amoureux, (...), d'une petite bourgeoise (...) : en tout bien, tout honneur... J'étais assez sot pour respecter l'innocence de la chaste enfant. A. Dumas Père, Intrigue et amour,trad. de Schiller, 1847, IV, 7etabl., 3, p. 272.
P. allus. littér. (à l'œuvre de Nietzsche, 1886). Par delà le bien et le mal :
20. − Ce qui se fait par amour se fait toujours par delà le bien et le mal. Souviens-toi. (Il hésita imperceptiblement, avant de continuer). Et quel mal faisons-nous? Cette femme meurt. Vivante, elle nous séparait. Nous acceptons sa mort. Il faut avoir le courage de nous le dire : cette mort, chacun de nous la souhaitait. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 197.
Rem. ,,... il convient de souligner (...) que si le bien c'est l'amour, en tant que celui-ci est le contenu même de la Loi, les visages du bien seront aussi multiples que les visages de nos prochains`` (Allmen 1956).
b) P. euphém., fam. Être du dernier bien avec qqn. Avoir des rapports amoureux, sexuels avec qqn. ... /être/ du dernier bien avec tous les précepteurs avant de les renvoyer (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 168).
C.− Domaine des activités ou fonctions quelconques.Ce qui répond d'une façon positive à une nécessité quelconque (besoins de l'équilibre physique, exigences d'une tâche, etc.). (Quasi-)synon. profit, satisfaction, utilité :
21. Il racheta ces pierres délaissées, les réédifia sur un plan plus vaste, puis se mit en campagne pour retrouver quelques filles de la congrégation de Notre-Dame. Tâche malaisée, qu'il lui fut donné de mener à bien. Dans ces murs neufs, il eut la chance de ramener un essaim. De toutes parts, un murmure flatteur entourait, enorgueillissait le jeune curé... Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 93.
22. − L'oncle, dit Michel, ça va vous faire du bien d'un peu marcher. (...). − Oh, moi, le bien... − Enfin, pourtant, ça va, la santé? − Je me plaindrais, j'aurais tort. Giono, Regain,1930, p. 15.
SYNT. Faire grand bien/beaucoup de bien/plus de bien que de mal, ne faire ni bien ni mal; changer en bien ou tourner à bien (= amener à un stade qui donne toute satisfaction).
Expr. (iron.). Grand bien lui fasse!
Proverbes. Le mieux est l'ennemi du bien; nul bien sans peine.
Rem. gén. Beau, bien, bon présentent de grandes analogies d'emploi. Leur assoc. fréq. en lang. (cf. notamment l'ex. 9, les loc. bel et bien, bel et bon et l'ouvrage de Cousin, Cours de philos. sur le fondement des idées absolues du vrai, du beau et du bien, 1836 ou Du Vrai, du beau et du bien, 1853) témoignent de leur apparentement étroit, sinon de leur interchangeabilité. L'emploi de beau implique essentiellement une estimation d'ordre esthétique, celui de bien un jugement de valeur, et celui de bon une appréciation affective.
II.− [Le bien dans ses diverses modalités] Un bien, des biens.
A.− [Surtout p. oppos. entre l'ordre matériel et l'ordre spirituel] Toute chose dont la possession, la jouissance (en fait ou en esprit) est considérée par l'Homme comme utile à la conservation, à l'expansion de son être. La vie... le premier des biens. Le plus grand bien :
23. Ne distingue pas Dieu du bonheur et place tout ton bonheur dans l'instant. J'ai porté tout mon bien en moi, comme les femmes de l'Orient, pâle, sur elles, leur complète fortune. À chaque petit instant de ma vie, j'ai pu sentir en moi la totalité de mon bien. Il était fait, non par l'addition de beaucoup de choses particulières, mais par mon unique adoration. J'ai constamment tenu tout mon bien en tout mon pouvoir. Regarde le soir comme si le jour y devait mourir; et le matin comme si toute chose y naissait. Que ta vision soit à chaque instant nouvelle. Le sage est celui qui s'étonne de tout. Toute la fatigue de tête vient, ô Nathanaël, de la diversité de tes biens. Tu ne sais même pas lequel entre tous tu préfères et tu ne comprends pas que l'unique bien c'est la vie. Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 162.
24. Judas aimait l'argent et Jésus disait : Heureux les pauvres. Judas était impatient de voir le royaume de Dieu se manifester avec éclat, et Jésus se dérobait à la multitude quand elle voulait le proclamer roi. Judas ne voulait que des biens matériels et des jouissances immédiates; Jésus ne promettait que des biens invisibles et des récompenses célestes avec des persécutions. Les promesses du maître lui semblaient vagues, insaisissables, chimériques; ... H. Monod, Sermons,1911, p. 176.
25. Là-bas, sous les latitudes de sa naissance, Maxence voyait une plaine couleur de plomb, l'air raréfié, l'oppression d'un ciel de cuivre, l'aigre rire et le méchant lieu commun, le lourd bon sens, des voix de fausset qui discutent. Mais ici la sainte exaltation de l'esprit, le mépris des biens terrestres, la connaissance des choses essentielles, la discrimination des vrais biens et des vrais maux, la royale ivresse de l'intelligence qui a secoué ses chaînes et se connaît. Là-bas, ceux qui font profession de l'intelligence et qui en meurent, − ici, ceux qui sont doux et pauvres d'esprit. Psichari, Le Voyage du centurion,1914, p. 42.
26. Baudelaire a été si profondément touché par cet écrit [Le Principe poétique d'E. Poe], il en a reçu une impression si intense qu'il en a considéré le contenu, et non seulement le contenu mais la forme elle-même, comme son propre bien. L'homme ne peut qu'il ne s'approprie ce qui lui semble si exactement fait pour lui qu'il le regarde malgré soi comme fait par lui... Il tend irrésistiblement à s'emparer de ce qui convient étroitement à sa personne; et le langage même confond sous le nom de bien la notion de ce qui est adapté à quelqu'un et le satisfait entièrement avec celle de la propriété de ce quelqu'un... Valéry, Variété 2,1929, p. 147.
27. L'altitude est un bien. J'entends ce mot au sens paysan : c'est une possession, une propriété. C'est de la force en réserve, une richesse que l'homme prudent ne dilapide pas à la légère. Parvenu sur le trottoir de l'école polytechnique, j'hésitais toujours une seconde avant d'abandonner ma petite fortune d'altitude, avant de choir à la pauvreté des plaines. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 9.
SYNT. Les biens célestes, essentiels, éternels, immatériels, naturels, nécessaires, réels, spirituels, temporels, véritables; les faux biens; les biens de l'âme, du ciel, du corps, de l'esprit, du monde de la terre, de la vie.
Expr. (fam.). Ce sera un mal pour un bien. [P. allus. littér. (à Molière, qui répondait aux accusations de plagiat). ] Je prends mon bien où je le trouve (cf. A. Dumas Père, Théâtre complet, introd., t. 1, 1833, p. 16).Proverbes. Bien mal acquis ne profite jamais; abondance de biens ne nuit pas en pareille matière on ne peut pas dire qu' abondance de biens ne nuit pas ; (H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 199).
B.− En partic. Toute chose d'utilité pratique et de valeur financière.
1. DR., lang. cour. Ce qui est susceptible d'une appropriation légale. (Quasi-)synon. avoir, capital, patrimoine :
28. 516. Tous les biens sont meubles ou immeubles. (...) 518. Les fonds de terre et les bâtiments sont immeubles par leur nature. (...). 528. Sont meubles par leur nature, les corps qui peuvent se transporter d'un lieu à un autre, soit qu'ils se meuvent par eux-mêmes, comme les animaux, soit qu'ils ne puissent changer de place que par l'effet d'une force étrangère, comme les choses inanimées. Code civil,1804, p. 95, 97.
29. Si j'ai nommé les Alibert, c'est que leurs vieilles terres, limitrophes des nôtres, mais qui depuis quatre-vingts ans nous appartiennent, n'ont pu se fondre cependant aux biens plus vastes et plus forts des Clodius. (...). Mais si les Alibert, tombés de leur aisance par une fatalité dont nous n'étions pas responsables, nous cédèrent le sol de leur plein gré, ce bien, où ils avaient vécu pendant des siècles, garde de leurs vertus familiales une empreinte si pénétrante que, même aujourd'hui, on en reconnaît la figure sévère et la gravité quasiment religieuse à côté des champs plus amènes qui s'étendent autour de Théotime. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 85.
SYNT. Biens communs, communaux (Code civil, 1804, p. 100), considérables, consomptibles (= se détruisant au premier usage) ou non consomptibles, corporels (= relatifs à des choses matérielles), dotaux (Montalembert, Hist. de Ste Elisabeth de Hongrie, 1836, p. 227), fongibles (= se consommant par l'usage et interchangeables; au fig. chez Saint-John Perse, Exil, 1942, p. 278 : ... les grands lés du songe, et tout ce bien fongible où l'être engage sa fortune), immobiliers (Code civil, 1804, p. 259), incorporels (= relatifs à des droits), maternels, mobiliers (Ibid.), nationaux (Claudel, L'Otage, 1911, p. 251), oisifs, paraphernaux (= autres que dotaux; Code civil, 1804, p. 291), paternels, patrimoniaux, personnels, privés, productifs, propres, publics, successoraux, vacants (Ibid., p. 100 : tous les biens vacans [sic] et sans maître); biens du clergé (Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 324), de famille (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 142), de mainmorte (Morand, Londres, 1933, p. 12); cession de biens (= ,,abandon qu'un débiteur fait de tous ses biens à ses créanciers, lorsqu'il se trouve hors d'état de payer ses dettes`` dans Code civil, 1804, p. 229), confiscation des biens (Mmede Duras, Ourika, 1824, p. 80), inventaire des biens (Code civil, 1804, p. 52), (demander, prononcer la) séparation de biens (Ibid., p. 265); avoir un/du bien, avoir du bien au soleil (ou de bons biens au soleil : placement (...) en bons biens au soleil [Balzac, Le Père Goriot, 1835, p. 195]), manger son bien, vivre sur son bien (= sur ses terres); périr, se perdre corps et biens (= navire et cargaison; Verne, Les Enfants du capitaine Grant, t. 2, 1868, p. 76 et Céline, Mort à crédit, 1936, p. 64; au fig. chez Giraudoux, Judith, 1931, II, 4, p. 152); être séparé de biens avec; acquérir/amasser/posséder des biens; augmenter/dépenser/donner/exploiter/laisser/ léguer/partager ses biens; disposer/jouir/user de ses biens.
2. ÉCON. POL. Ce qui répond à un besoin matériel et peut être monnayé. Biens de consommation, d'équipement ou de production (Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, pp. 212-213);cf. aussiJ.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., xixeet xxe, t. 1, 1968, p. 133).
PRONONC. : [bjε ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. A.− xes. « ce qui est juste, qui représente une valeur morale » (La Vie de St Léger, 38 dans A. Henry, Chrestomathie de la Litt. en A. Fr., p. 10). B.− 1. xies. « ce qui est susceptible d'appropriation » (St Alexis, éd. G. Paris, 418); 1268 plur. (Claris et Laris, éd. J. Alton, 2250 dans T.-L.); 2. 1164 « bienfait » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. Foerster, 5116, ibid.). Substantivation de bien*, adverbe.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 14 547. Fréq. rel. littér. xixes. : a) 23 332, b) 20 386; xxes. : a) 18 560, b) 19 871.
BBG. − Bastin (J.). Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, p. 29. − Baumann (H.-H.). Zwei kleine Studien zur romanischen Sprachgeschichte. Vox rom. 1969, t. 28, pp. 244-245. − Benveniste (É.). Mécanismes de transpos. In : [Mél. Frei (H.)]. Cah. F. Sauss. 1969, no25, p. 56. − Cohen 1946, p. 61. − Consultation (La) permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1965, no154, pp. 57-58. − Darm. 1877, p. 131. − Darm. Vie 1932, p. 190. − Duch. Beauté 1960, pp. 154-156. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 21, 33. − Matoré (G.). Proust ling. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, pp. 286-287. − Pope 1961 [1952], passim.Rog. 1965, p. 127.

Article lié : « Profite bien » ou « profites bien » ?

Wiktionnaire

Adverbe - français

bien \bjɛ̃\ invariable (comparatif : mieux)

  1. Marque un certain degré de perfection et d’utilité.
    • On jouait au Rummikub. On buvait du café, on fumait des cigarettes, et c’étaient des moments où j’étais bien. — (Florence Cassez & ‎Eric Dussart, Rien n’emprisonne l’innocence, Michel Lafon, 2010)
    • Il écrit bien. — Ses affaires vont bien.
    • Entre bien et mal, ce serait très mal de ne pas bien choisir. Si l'on pense que faire le bien ne peut pas faire de mal, il faut alors bien le faire en se donnant du mal. → voir faire le bien — (Philippe Normand, Sac de fables d'un flic libéré, éditions Pippa, 2018)
  2. Beaucoup ; fortement ; très.
    • L’Atlantide, que cette contrée ait existé, cela est hors de doute. Mais il paraît certain qu’elle avait déjà disparu, bien avant l’apparition de l’homme sur la terre. — (René Thévenin & Paul Coze, Mœurs et Histoire des Indiens Peaux-Rouges, Payot, 1929, 2e éd., p.15)
    • Lacroix a bien raison : ces viragos nous gâchent la vie. — (Élise Fontenaille, L'homme qui haïssait les femmes, Grasset, 2011)
    • Y aura des suicides ce soir, à Courbevoie, et bien plus à Nanterre, j’en foutrais mon billet. — (René Dzagoyan, Vadim Bronsky: Dernière mort avant l'oubli, éd. Flammarion, 2004, page 146)
    • Le monde de la bande dessinée est bien plus cruel qu'il n'y paraît : un nombre hallucinant d'albums afflue dans les bouclards chaque mois, et bien rares sont les titres qui parviennent à s'imposer. — (Run, « Édito », dans DoggyBags, tome 2, Roubaix : Ankama Éditions, avril 2012)
  3. Au moins.
    • Il est passé il y a bien deux heures.
  4. De bonne grâce ; souligne l’acceptation.
    • Je le veux bien.
    • Tout avait été dit. « Bien, bien, bien... », reprit Mierck en se balançant sur la pointe des pieds. — (Philippe Claudel, Les Âmes grises, Livre de Poche, page 108)
  5. Davantage ; plutôt ; de préférence.
    • Seulement, la vie de la plante, considérée relativement à la production utilisable, ne forme pas l'objet de la botanique, mais bien de l’agronomie. — (Albert Lévy, « L'actinomètre Arago-Davy : Contribution à l'étude de la maturation des raisins », dans les Annales agronomiques publiées sous les auspices du Ministère de l'agriculture et du commerce, tome 4, Paris : chez G. Masson, 1878, p. 505)

Nom commun - ancien français

bien \bjẽn\ masculin

  1. Bien (contraire de mal).
    • A grant honnor ne puet venir
      Se bien et mal ne puet souffrir
      — (Le Roman d’Eneas, f. 2, au milieu de la 5e colonne (manuscrit du XIVe siècle))
  2. Bien, possession.

Adverbe - ancien français

bien \bjẽn\

  1. Bien (de façon habile, juste, ou correcte).
    • Respont li dus bien dites biaus cuisins — (Garin Le Loherain, f. 10, 4e colonne (manuscrit du XIIIe siècle))
      Le duc répond « vous le dites bien, beau cousin »
  2. Bien (indique l’acceptation, la confirmation).
    • Meis ben savum certeinement — (La vie de saint Gilles, édition de Bos et Paris, p. 36, c. 1170)

Nom commun - français

bien \bjɛ̃\ masculin

  1. (Au singulier) Ce qui est bon, ce qui favorise l'équilibre, l'épanouissement d'un individu, d'une collectivité ou d'une entreprise humaine.
    • Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu'on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix que ce pût être, et j'approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vin, ou les étourdissent avec du pétun. — (René Descartes, « Lettre à Élisabeth Egmond, du 6 octobre 1645 », dans Correspondance avec Élisabeth, Presses électroniques de France, 2013)
    • Lorsqu’au bout de quelques semaines Elhamy la remercia, avec une cordialité souriante, du bien qu’elle avait fait à son fils, une émotion sourde étreignit sa gorge. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
    • Cette Antigone voyoute pourrait courir toutefois le risque d’énoncer un univers d’indifférenciation où l’ordre légal et la transgression s’égaleraient sur un seuil éthique au-delà du bien et du mal. — (Rose Duroux, Les Antigones contemporaines: de 1945 à nos jours, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2010, p.310)
    • Pascal nous dit qu’au point de vue des faits, le Bien et le Mal sont une question de « latitude ». En effet, tel acte humain s’appelle crime, ici, bonne action, là-bas, et réciproquement. — (Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, Les Demoiselles de Bienfilâtre, dans les Contes cruels, Calmann Lévy, 1893, p. 1)
  2. (Au singulier) Probité, vertu.
    • J’ai ramené au bien et au repentir des misérables qui, un soir, au détour d’un chemin, avaient voulu m’assommer à coups de hache. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
    • Les gentils cons qui décrétaient le Bien et le Mal comprenaient qu'un garnement tirât les cheveux d'une fillette, pas qu'il lui roulât un patin ! Sœur Marie me le fit bien savoir ! Purification de ma bouche vilaine par la cascade d’ave au pied de saint Joseph. — (Pierre-Robert Leclercq, Les Gabyandre, Librairie Fayard, 1978)
  3. (Droit de propriété) Toute chose d'utilité pratique et de valeur financière.
    • Les proscrits avaient le droit d’emporter leurs biens meubles. Mais leurs biens de mainmorte (immeubles, champs, vignobles, caves greniers) furent décrétés propriété royale et confisqués. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Un nouveau courant de recherche fait valoir que les dépenses que les entreprises consacrent aux nouvelles technologies, à savoir les investissements dans des biens immatériels, contribuent à la croissance de leur production non seulement sur le moment mais également des années plus tard. — (OCDE, Mesurer l’innovation : Un nouveau regard, Éditions OCDE, 2010, p. 21)
    1. (Courant) Chose, matérielle ou immatérielle, qui appartient en propre à une personne.
      • « N'oublie jamais que la vie est ton seul bien, Tzeu.
        – J'aurais du mal à l'oublier ! J'ai plus de famille, plus de maison, plus de vêtements. »
        — (Pierre Bordage, Wang – I. Les portes d'Occident, « J'ai Lu », 1997, p. 163)
    2. (Vieilli) Maison de campagne, propriété rurale.
      • Le sieur Tassin de Montcourt ayant péri révolutionnairement, ses biens, et notamment les deux septièmes qui lui appartenaient dans la terre de Saint-Escobille, furent confisqués au profit de la nation. — (Hospices de Dourdan contre Tassin de Villiers, Cours de Cassation, 6 mai 1818, dans le Journal du Palais : Jurisprudence française, vol. 14 (1817-1818), Paris : chez F.-F. Patris, 1839, page 791)
  4. (Spécialement) (Canada) (Désuet) Terre, bien immobilier en campagne.
    • « Tu ne sais donc pas qu’il me faut cette terre ? Tu ne sais pas qu’il me la faut absolument ? Ah ! la diablesse de femme. Il me la fallait en effet, il me la fallait, surtout pour avoir la terre. Mais à présent qu’elle a tant fait la grande dame ; à présent qu’elle m’a repoussé, moi veuf comme elle, et beaucoup plus riche qu’elle... ma foi, elle s’arrangera comme elle pourra, je prendrai le bien, comme disent les habitants, et je laisserai la femme. » […] Bien, se dit dans nos campagnes, pour terre, bien immobilier. La signification ainsi restreinte de ce mot, montre l’attachement des Canadiens-français pour la propriété foncière. L’anglais dit my goods, en parlant de ses effets, de son mobilier. — (Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, Charles Guérin, G.H. Cherrier, éditeur, Montréal, 1853, I, 2, p. 21)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BIEN. n. m.
Ce qui est utile, avantageux, agréable au sens physique et au sens moral. Bien solide. Bien imaginaire. Bien durable. Quel bien nous en est-il revenu? Cela fit plus de mal que de bien, ne fait ni bien ni mal. C'est un grand bien que telle chose soit arrivée. Ce que j'en fais, c'est pour votre bien. Il ne régna que pour le bien de ses peuples. Il n'y a pas de bien sans quelque mélange de mal. C'est un petit mal pour un grand bien. Ce philosophe prétend que les biens et les maux se compensent. La santé est le bien le plus précieux, est le plus précieux des biens. Ce sont là les vrais biens. Les biens du corps, La santé, la force. Les biens de l'esprit, Les talents. Les biens de l'âme, Les vertus. Les biens terrestres, les biens passagers, les biens temporels, Les biens de ce monde; par opposition aux Biens éternels, La béatitude éternelle. Les biens de la terre, Les récoltes, dans la langue de l'Église. Implorer la bénédiction de Dieu pour les biens de la terre. Le bien public, le bien général, L'avantage, le bien-être, l'intérêt de tous. Travailler au bien public. On a souvent abusé de cette maxime, que le bien particulier doit céder au bien général. Prov., Nul bien sans peine, Tout ce qui est avantageux coûte à acquérir. Vouloir du bien à quelqu'un, Avoir le désir de l'obliger. On dit quelquefois familièrement, en plaisantant, Cette femme vous veut du bien, Elle paraît être pour vous dans des dispositions favorables. Faire du bien à quelqu'un, procurer du bien à quelqu'un, Le secourir dans le besoin, dans l'infortune; ou Contribuer à son bien-être, à son bonheur, lui procurer quelque avantage. Il aime à faire du bien à tout le monde. On dit dans le même sens, Rendre le bien pour le mal. Faire du bien, faire grand bien, se dit des Choses qui procurent quelque avantage ou quelque soulagement. Cette pluie fera du bien, fera grand bien aux prairies, aux blés, à la vigne. Donner à quelqu'un des avis, des conseils pour son bien, Les lui donner pour son avantage, selon ses intérêts. Écoutez les conseils de ce vieillard; ce qu'il vous dit, c'est pour votre bien. Dire du bien de quelqu'un, parler en bien de quelqu'un, Parler avantageusement de quelqu'un, louer son caractère, ses qualités, ses talents, etc. On dit beaucoup de bien de cet ouvrage, de ce poème, etc., On le vante beaucoup. Il ne m'a parlé de vous ni en bien, ni en mal, Il ne m'a rien dit de vous, ou m'en a parlé en termes qui n'indiquent ni la louange, ni le blâme. On m'a dit de lui tout le bien du monde, On m'a fait son éloge sous tous les rapports. Prendre, interpréter quelque chose en bien, L'interpréter d'une manière favorable. Mener une affaire, une entreprise à bien, Faire qu'elle réussisse, qu'elle ait une heureuse issue. Cet ouvrage arrive à bien, vient à bien, Il s'améliore, il se perfectionne. Prov., Le mieux est l'ennemi du bien, On peut gâter ce qui est bien, en voulant le perfectionner.

BIEN signifie aussi Ce qui est juste, honnête, louable. La science du bien et du mal. Cet homme fait le bien sans ostentation. Il entreprit de le ramener au bien. Le souverain bien. Le vrai bien. Le bien suprême. C'est un pas vers le bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Fam., En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, À bonne fin, sans mauvaise intention. Il signifie encore Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien patrimonial. Les biens paternels. Les biens maternels. Riche en biens de toute sorte. Augmenter son bien. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Être sans bien. Le bien mal acquis ne profite jamais. Dépenser son bien. Manger son bien. Partager son bien. Amasser du bien. Il le combla de biens. Le navire a péri corps et biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Séparation de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens. Il lui a légué tous ses biens. Les biens de la succession, qui composent la succession. Les biens meubles et immeubles. Les biens nationaux. Les biens communaux. Il se dit quelquefois absolument d'un Bien de campagne, d'une propriété rurale. Il a un petit bien à quelques lieues de la ville. Il vit dans son bien, sur son bien. Fam., Avoir du bien au soleil, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons.

Littré (1872-1877)

BIEN (biin ; l'n ne se lie jamais : ce bien est à moi, dites : ce biin est à moi, en donnant à biin la nasalité qui est dans in-digne, et non ce biin-n est à moi) s. m.
  • 1Ce qui est juste, honnête. Le bien et le beau. Le bien et la justice régnaient alors. Faire le bien. Se porter au bien. Il pratiqua le bien toute sa vie. Puissance pour le bien comme pour le mal. Des superbes mortels le plus affreux lien, N'en doutons pas, Arnauld, c'est la honte du bien, Boileau, Épître, III. Cette sagesse timide qui ne veut pas assurer que le bien soit bien, Guez de Balzac, Livr. VI, lett. 3. J'imagine à peine quelle sorte de bonté peut avoir un livre qui ne porte point ses lecteurs au bien, Rousseau, Hél. II, 18.

    Homme de bien, gens de bien, homme. gens d'une probité éprouvée, d'une véritable vertu.

    Femme de bien, femme dont la fidélité conjugale est irréprochable.

    Terme de métaphysique. Le souverain bien, le bien absolu, celui qui est infini en prix et en durée, et aussi Dieu. À moins que de traiter de l'immortalité de l'âme ou du souverain bien, Voiture, Lettr. 51.

  • 2Ce qui est dans la règle ou dans la convenance. Il y a du bien, il y a du mal dans cet ouvrage. L'ignorant ne trouve rien de bien que ce qu'il fait lui-même.
  • 3Ce qui est utile, avantageux, agréable. Pays fertile et abondant en toutes sortes de biens, Vaugelas, Q. C. 287. Un homme auquel vous avez fait tant de biens et à qui vous en avez enseigné encore davantage, Voiture, Lettr. 43. La vie est courte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer ; l'on remet à l'avenir son repos et ses joies, à cet âge souvent où les meilleurs biens ont déjà disparu, la santé et la jeunesse, La Bruyère, 11. Il est si ordinaire à l'homme de n'être pas heureux, et si essentiel à tout ce qui est un bien d'être acheté par mille peines, qu'une affaire qui devient facile se rend suspecte, La Bruyère, ib. Cet hyménée Était un bien suprême à mon âme étonnée, Voltaire, Zaïre, III, 6. C'est le premier des biens pour mon âme attendrie, Voltaire, Fanat. II, 5. Le trépas est un bien qui finit nos misères, Voltaire, Dés. de Lisbonne. Nous rendre dans le bien, de plaisirs incapables, La Fontaine, Fabl. II, 13. Et le bien d'être libre aisément vous console De ce qu'a d'injustice un manque de parole, Corneille, Nicom. I, 2. Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir L'unique allégement qu'elle eût pu recevoir, Corneille, Cid, III, 4. Si le bien de vous voir m'était moins précieux, Corneille, Nicom. II, 2. Pour rendre à l'Aragon le bien de sa présence, Corneille, D. San. V, 3. Je ferais exprès ce voyage pour avoir le bien de vous embrasser, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 2. Le dessein qu'a pris notre société pour le bien de la religion est de ne rebuter personne, Pascal, Prov. 6. Il serait utile au bien de la paix de représenter ces actes, Bossuet, Aut. eccl. En leur donnant [aux rois] sa puissance, il [Dieu] leur commande d'en user comme il fait lui-même, pour le bien du monde, Bossuet, Reine d'Anglet. J'ai le bien d'être de vos voisins, Molière, Éc. des mar. I, 5. M. de Noyon n'en eut que le bien devant Dieu [de s'être réconcilié avec M. de Caumartin] et l'honneur devant le monde, Saint-Simon, 24, 27.

    Avoir le bien, locution de politesse, en place de laquelle on dit plutôt aujourd'hui avoir l'avantage. Il s'est dit grand chasseur et nous a priés tous Qu'il pût avoir le bien de courir avec nous, Molière, Fâch. II, 7.

    Le bien public, l'utilité générale. Point de bien public auquel il ne se sacrifie, Massillon, Confér. Sacerdoce. L'amour du bien public empêchait le repos ; Les chefs encourageaient chacun par leur exemple, La Fontaine, Captivité de St. Malc.

    Les biens du corps, la santé, la force. Les biens de l'âme, les vertus. Les biens de l'esprit, les talents.

    Les biens temporels, les biens de ce monde, se dit par opposition aux biens éternels, c'est-à-dire ceux dont on jouit pour toujours dans une autre vie.

    Les biens de la terre, les productions du sol. Ce temps est contraire aux biens de la terre.

    Sentir son bien, avoir des sentiments dignes de sa naissance. Et Rominagrobis même ne saurait avoir meilleure mine et ne sentirait pas mieux son bien, Voiture, Lettr. 153. Locution qui a vieilli.

    Faire du bien à quelqu'un, le secourir, lui rendre service. Il est en votre pouvoir de faire du bien à une personne qui vous en demande, Voiture, Lettr. 60. Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien…, La Bruyère, 4. Il ne cesse de faire du bien à ses citoyens, Bossuet, Hist. II, 6. Et qui fait bien à tous peut dormir sûrement, Rotrou, Bélis. II, 7. C'est un ordre des dieux qui jamais ne se rompt, De nous vendre bien cher les grands biens qu'ils nous font, Corneille, Cinna, II, 1. Votre Majesté ne se ferait pas grand tort, si elle me faisait un peu de bien, Scarron, Don Japhet, Épître au roi.

    Faire du bien à quelque chose, en procurer le développement, la prospérité. La paix fera du bien au commerce. Ce manquement de liberté ne ferait pas de bien à leur censure, Pascal, Prov. 3.

    Faire du bien, ayant pour sujet un nom de chose, être utile. Ce voyage lui a fait beaucoup de bien, a été utile à sa santé. Cette action lui a fait du bien, lui a donné de la considération, du crédit.

    Dire du bien de quelqu'un, d'un ouvrage, en parler avec éloge. Cela est assez ridicule que je dise tant de bien de ma fille, Sévigné, 2. Son frère lui a dit du bien de votre style, Sévigné, 141. J'avais dit beaucoup de bien de son cœur, Sévigné, 364. On m'a dit cent mille biens de vous, Sévigné, 27. Des gens qui lui en ont dit des biens, Sévigné, 450. On disait à Diogène du jeune homme tous les biens imaginables, Fénelon, Diog.

    Vouloir du bien à quelqu'un, vouloir le bien de quelqu'un, être bien disposé en sa faveur. Vous voulez du bien à ceux qui prennent ce soin, Molière, Sicilien, 7. Il faut briguer la faveur de ceux à qui l'on veut du bien, plutôt que de ceux de qui l'on espère du bien, La Bruyère, 4.

    On dit qu'une dame veut du bien à quelqu'un, quand elle a pour lui un sentiment tendre.

  • 4À bien, loc. adv. D'une façon qui réussit. Mener une entreprise à bien, faire qu'elle réussisse. Aller à bien, venir à bien, se terminer à bien, réussir. Puisse cette action se terminer à bien, Molière, le Dép. III, 4. La chose allait à bien par son soin diligent, La Fontaine, Fabl. VII, 10. Moyennant Dieu, l'enfant viendrait à bien, La Fontaine, Herm.

    Mettre à bien, s'est dit quelquefois ironiquement pour séduire, en parlant d'une femme. Encor faut-il du temps pour mettre un cœur à bien, La Fontaine, Joc.

  • 5En bien, locut. adverb. Avec honnêteté. On ne trompe point en bien, et la fourberie ajoute la malice au mensonge, La Bruyère, 11.

    En bien, d'une façon favorable. Prendre en bien, interpréter favorablement. Changement en bien. Ne citer ni en bien ni en mal. Ce mot peut être pris en bien comme en mal.

    En tout bien, tout honneur, c'est-à-dire à bonne fin, à bonne intention.

    Pour le bien, locution familière signifiant à bonnes intentions. Il a fait cela pour le bien. Toute feinte est sujet de scrupule à des saints ; Ce qu'ils font pour un bien leur semble être une offense, La Fontaine, Captivité de St-Malc.

  • 6Bienfait. Pour tant de biens il commande qu'on l'aime, Racine, Athal. I, 4. Le bien qu'on croit caché sort de la nuit obscure, Et le ciel tôt ou tard le paye avec usure, Ducis, Abufar, III, 6.
  • 7Ce qui appartient en propre à quelqu'un, tout ce qu'on possède. Bien patrimonial. Les biens meubles et immeubles. On convie, on invite, on offre sa maison, sa table, son bien et ses services : rien ne coûte qu'à tenir parole, La Bruyère, 4. Le prodigue de l'Évangile, qui veut avoir son partage, qui veut jouir de soi-même et des biens que son père lui a donnés, Bossuet, Anne de Gonz. Lorsque l'on a du bien, Molière, Éc. des mar. I, 2. Clitie avait aussi beaucoup de bien, La Fontaine, Fauc. Telles je les croirai quand ils auront du bien, Régnier, Sat. IX. L'embarras était le bien ; j'en avais grand besoin pour nettoyer le mien, Saint-Simon, 15, 168. Un rival odieux, Seigneur, vous enlevait le bien de vos aïeux, Voltaire, Tancr. III, 3. Les saints recommandent aux riches de partager avec les pauvres les biens de la terre, s'ils veulent posséder avec eux les biens du ciel, Pascal, Prov. 16.

    Par extension. L'Attique est votre bien…, Racine, Phèd. II, 2. Ma vie est votre bien, Racine, Baj. II, 1. Rome est à vous, seigneur, l'empire est votre bien, Corneille, Cinna. II, 1. Nos libertés, nos jours ne sont pas votre bien, Chénier M. J. Œdipe roi, III, 2.

    Bien de campagne, ou, absolument, bien, propriété rurale. Clitie à cinq cents pas de cette métairie Avait du bien, La Fontaine, Fauc.

    Familièrement. Avoir du bien au soleil, avoir des terres, des biens-fonds, des maisons.

    En termes de mer, le navire a péri corps et biens, c'est-à-dire la cargaison et les hommes ont péri.

PROVERBES

Nul bien sans peine.

Le mieux est l'ennemi du bien, c'est-à-dire on risque de gâter un ouvrage, une situation, en essayant trop de l'améliorer.

HISTORIQUE

XIe s. Serez ses hom [son homme] par honur et par ben, Ch. de Rol. III. Ne ben ne mal [il] ne respont [à] son neveu, ib. X. Deus, se lui plaist, à bien nous le mercie, ib. XXXVIII. Ensemble [nous] aurons et le ben et le mal, ib. CLVII.

XIIe s. Par amistié et par bien, [je] vous commande, Ronc. p. 130. Puisqu'en vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit alumé, Couci, III. Les biens d'amour que j'ai atendus tant, ib. XII. Douce dame, d'orgueil vous defendez, Ne trahissez vos biens [qualités] ne vos beautez, ib. XI. Quant plus me truis [je me trouve] pensis et esgaré, Plus [je] me confort as biens dont ele est pleine, ib. Un petiz biens vaut mieux, si Diex me voie, Qu'on fait courtoisement Que cent greignor fait envieusement, ib. XVI. S'avec ces biens [beauté et courtoisie] [vous] acueilliez felonie, ib. XX. [Je] N'en oi [ouis] nului parler qui moult de bien n'en die, Sax. VII. El tuen bien plaisir sera exalced li notre corz [corne], Liber psalm. p. 127.

XIIIe s. Et de faire tout bien [elle] fu en grant convoitise, Berte, VI. Qui de bien est venus, drois est qu'à bien retraie, ib. VIII. Dame, ce dist Tybers, grans biens vous est venus, ib. XXIV. Et qu'à force [elle] leur tout [enlève] leur biens et leur richoise, ib. LXII. Quant [elle] parti de ma terre, de tous biens [qualités] estoit pleine, ib. LXXIV. [Dieu] Qui vous rende les biens que vous fais nous avez, ib. CXXXII. Car, amis, [je] ne prise une prune Contre ami les biens de fortune, la Rose, 8111. En tele maniere se pot on entremetre d'autrui service, tout n'i pensast on fors qu'à bien, Beaumanoir, XXIX, 12. Pour ce que il cuidoient avoir bien [récompense], il descendirent à pié, et l'alerent saluer là où il chaçoit aus bestes sauvages, Joinville, 235.

XIVe s. Instruments desquex l'on se peut aidier et en user en bien, Oresme, Eth. 21. Jà soit ce que les biens de fortune ont aucune foiz mestier ; et s'en aide l'en en aucunes nobles operacions, Oresme, ib. 24. Bien est ce que toutes choses desirent, Oresme, ib. 2. Ainsi doit dire cuer qui à bien veult penser, Et c'est toute la fin où li hons doit penser, Guesclin. 15178.

XVe s. L'endemain il fit faire et appareiller instruments et engins, pour plus fort assaillir le chastel, et bien dit qu'il ne s'en partiroit pour bien ni pour mal, si l'auroit à sa volonté, Froissart, I, I, 149. Sainte Marie, dis-je au chevalier, que vos paroles me sont agreables et que elles me font grand bien, Froissart, II, III, 12. De celle chose s'enfelonna le duc de Berry sur le comte de Foix, et n'en pouvoit le dit duc ouïr parler en bien devant lui, Froissart, ib. Grant bien me fait à m'y mirer, En actendant bonne esperance, Orléans, Bal. 35. Qui bien fera, bien trouvera, Orléans, Rondeau. Il voloit [voulait] du bien beaucoup au dict leur roy, nonobstant qu'ennemy feust à son cousin germain le roy Henry, Chastelain, Chron. des ducs de Bourg. II, ch. 46. Lequel, comme je croy, le fait pour vostre bien, et pour maintenir sa maison vive, Chastelain, ib. II, ch. 27. Et certes, on ne peut trop honorer ne faire de bien à un vaillant homme d'armes ; car moult en est le mestier perilleux, Bouciq. II, ch. 19. Il fault dire du bien le bien, Coquillart, Plaid. de la simple. À tout quarante ou cinquante gentilz hommes de Savoye, gens de bien, Commines, I, 3. Les hommes de bien et vertueux de cette avant-garde se tindrent ensemble, Commines, II, 10. Tous deux avoient autreffois receu bien du roy, Commines, I, 12.

XVIe s. J'ay ung merveilleux regret d'avoir perdu le bien de les voir si tost que je le desirois, Marguerite de Navarre, Lett. 84. La plupart des hommes attendent à faire des biens [aumônes, bonnes œuvres], lorsqu'ils se sentent assaillis de la mort, Marguerite de Navarre, Nouv. LV. Se servir d'une chose au bien de sa cause, Montaigne, I, 19. Ses biens furent confisqués, Montaigne, I, 39. Perdre son bien, Montaigne, I, 64. [Par sa mort] donner reputation en bien ou en mal à toute sa vie, Montaigne, I, 67. Des gents de bien, Montaigne, I, 128.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BIEN, s. m. (en Morale.) est équivoque : il signifie ou le plaisir qui nous rend heureux, ou la cause du plaisir. Le premier sens est expliqué à l’article Plaisir ; ainsi dans l’article présent nous ne prendrons le mot bien que dans le second sens.

Dieu seul, à proprement parler, mérite le nom de bien ; parce qu’il n’y a que lui seul qui produise dans notre ame des sensations agréables. On peut néanmoins donner ce nom à toutes les choses, qui, dans l’ordre établi par l’auteur de la nature, sont les canaux par lesquels il fait pour ainsi dire couler le plaisir jusqu’à l’ame. Plus les plaisirs qu’elles nous procurent sont vifs, solides, & durables, plus elles participent à la qualité de bien.

Nous avons dans Sextus Empiricus l’extrait d’un ouvrage de Crantor sur la prééminence des différens biens. Ce philosophe célebre feignoit qu’à l’exemple des déesses qui avoient soûmis leur beauté au jugement de Paris, la richesse, la volupté, la santé, les vertus, s’étoient présentées à tous les Grecs rassemblés aux jeux olympiques, afin qu’ils marquassent leur rang, suivant le degré de leur influence sur le bonheur des hommes ; la richesse étala sa magnificence, & commençoit à ébloüir les yeux de ses juges, quand la volupté représenta que l’unique mérite des richesses étoit de conduire au plaisir. Elle alloit obtenir le premier rang, la santé le lui contesta ; sans elle la douleur prend bientôt la place de la joie : enfin la vertu termina la dispute, & fit convenir tous les Grecs, que dans le sein de la richesse, du plaisir, & de la santé, l’on seroit bientôt, sans le secours de la prudence & de la valeur, le joüet de tous ses ennemis. Le premier rang lui fut donc adjugé, le second à la santé, le troisieme au plaisir, le quatrieme à la richesse. En effet, tous ces biens n’en méritent le nom, que lorsqu’ils sont sous la garde de la vertu ; ils deviennent des maux pour qui n’en sait pas user. Le plaisir de la passion n’est point durable ; il est sujet à des retours de dégoût & d’amertume : ce qui avoit amusé, ennuie : ce qui avoit plû, commence à déplaire : ce qui avoit été un objet de délices, devient souvent un sujet de repentir & même d’horreur. Je ne prétens pas nier aux adversaires de la vertu & de la morale, que la passion & le libertinage n’ayent pour quelques-uns des momens de plaisir : mais de leur côté ils ne peuvent disconvenir qu’ils éprouvent souvent les situations les plus fâcheuses par le dégoût d’eux-mêmes & de leur propre conduite, par les autres suites naturelles de leurs passions, par les éclats qui en arrivent, par les reproches qu’ils s’attirent, par le dérangement de leurs affaires, par leur vie qui s’abrege ou leur santé qui dépérit, par leur réputation qui en souffre, & qui les expose souvent à tomber dans la misere. « L’empereur Vinceslas, nous dit l’auteur de l’Essai sur le mérite & la vertu, trouvoit du goût aux voluptés indignes qui faisoient son occupation, & à l’avarice qui le dominoit. Mais quel goût put-il trouver dans l’opprobre avec lequel il fut déposé, & dans la paralysie où il languit à Prague, & que ses débauches avoient attirée ! Ouvrons les annales de Tacite, ces fastes de la méchanceté des hommes : parcourons les regnes de Tibere, de Claude, de Caligula, de Néron, de Galba, & le destin rapide de tous leurs courtisans ; & renonçons à nos principes, si dans la foule de ces scélérats insignes qui déchirerent les entrailles de leur patrie, & dont les fureurs ont ensanglanté tous les passages, toutes les lignes de cette histoire, nous rencontrons un heureux. Choisissons entr’eux tous. Les délices de Caprée nous font-elles envier la condition de Tibere ? Remontons à l’origine de sa grandeur, suivons sa fortune, considérons-le dans sa retraite, appuyons sur sa fin ; & tout bien examiné, demandons-nous, si nous voudrions être à présent ce qu’il fut autrefois, le tyran de son pays, le meurtrier des siens, l’esclave d’une troupe de prostituées, & le protecteur d’une troupe d’esclaves. Ce n’est pas tout : Néron fait périr Britannicus son frere, Agrippine sa mere, sa femme Octavie, sa femme Poppée, Antonia sa belle-sœur, ses instituteurs Séneque & Burrhus. Ajoûtez à ces assassinats une multitude d’autres crimes de toute espece ; voilà sa vie. Aussi n’y rencontre-t-on pas un moment de bonheur ; on le voit dans d’éternelles horreurs ; ses transes vont quelquefois jusqu’à l’aliénation de l’esprit ; alors il apperçoit le Ténare entr’ouvert ; il se croit poursuivi des furies ; il ne sait où ni comment échapper à leurs flambeaux vengeurs ; & toutes ces fêtes monstrueusement somptueuses qu’il ordonne, sont moins des amusemens qu’il se procure, que des distractions qu’il cherche ». Rien, ce semble, ne prouve mieux, que les exemples qu’on vient d’alléguer, qu’il n’y a de véritables biens que ceux dont la vertu regle l’usage : le libertinage & la passion sement notre vie de quelques instans de plaisirs : mais pour en connoître la valeur, il faut en faire une compensation avec ceux que promettent la vertu & une conduite reglée ; il n’est que ces deux partis. Quand le premier auroit encore plus d’agrément qu’on ne lui en suppose, il ne pourroit sensément être préféré au second ; il faut peser dans une juste balance lequel des deux nous porte davantage au but commun auquel nous aspirons tous, qui est de vivre heureux, non pour un seul moment, mais pour la partie la plus considérable de notre vie. Ainsi quand un homme sensuel offusque son esprit des vapeurs grossieres que le vin lui envoye, & qu’il s’enivre de volupté, la morale n’entreprendra pas de l’en détourner, en lui disant simplement que c’est un faux plaisir, qu’il est passager & contraire aux lois de l’ordre : il répondroit bien-tôt, ou du moins il se diroit à lui-même, que le plaisir n’est point faux, puisqu’il en éprouve actuellement la douceur ; qu’il est sans doute passager, mais dure assez pour le réjoüir ; que pour les lois de la tempérance & de l’honnêteté, il ne les envie à personne, dès qu’elles ne conviennent point à son contentement, qui est le seul terme où il aspire. Cependant lorsque je tomberois d’accord de ce qu’il pourroit ainsi répliquer, si je pouvois l’amener à quelques momens de réflexions, il ne seroit pas long-tems à tomber d’accord d’un autre point avec moi. Il conviendroit donc que les plaisirs auxquels il se livre sans mesure, & d’une maniere effrénée, sont suivis d’inconvéniens beaucoup plus grands que les plaisirs qu’il goûte : alors pour peu qu’il fasse usage de sa raison, ne conclurra-t-il pas que même par rapport à la satisfaction & au contentement qu’il recherche, il doit se priver de certaines satisfactions & de certains plaisirs ? Le plaisir payé par la douleur, disoit un des plus délicats Epicuriens du monde, ne vaut rien & ne peut rien valoir : à plus forte raison, un plaisir payé par une grande douleur, ou un seul plaisir payé par la privation de mille autres plaisirs ; la balance n’est pas égale. Si vous aimez votre bonheur, aimez-le constamment ; gardez-vous de le détruire par le moyen même que vous employez afin de vous le procurer. La raison vous est donnée pour faire le discernement des objets, où vous le devez rencontrer plus complet & plus constant. Si vous me dites que le sentiment du présent agit uniquement dans vous & non pas la pensée de l’avenir, je vous dirai qu’en cela même vous n’êtes pas homme ; vous ne l’êtes que par la raison & par l’usage que vous en faites : or cet usage consiste dans le souvenir du passé & dans la prévoyance de l’avenir, aussi-bien que dans l’attention au présent.

Ces trois rapports du tems sont essentiels à notre conduite : elle doit nous inspirer de choisir dans le tems présent pour le tems à venir, les moyens que dans le tems passé nous avons reconnus les plus propres à parvenir au bonheur ; ainsi pour y arriver, il ne s’agit pas de regarder précisément en chaque action que l’on fait, ou en chaque parti que l’on embrasse, ce qui s’y trouve de plaisir ou de peine. Dans les partis opposés de la vertu ou du vice, il se trouve de côté & d’autre de l’agrément & du desagrément : il faut en voir le résultat dans la suite générale de la vie, pour en faire une juste compensation. Il faut examiner, par exemple, ce qui arriveroit à deux hommes de même tempérament & de même condition, qui se trouveroient d’abord dans les mêmes occasions d’embrasser le parti de la vertu ou de la volupté : au bout de soixante ans, de quel côté y aura-t-il eu moins de peine ou moins de repentir, plus de vraie satisfaction & de tranquillité ? S’il se trouve que c’est du côté de la sagesse ou de la vertu, ce sera conduire les hommes à leur véritable bonheur, que d’attirer leur attention sur un traité de morale qui contribue à cette fin. Si la plûpart des hommes, malgré le desir empreint dans leur ame de devenir heureux, manquent néanmoins à le devenir, c’est que volontairement séduits par l’appas trompeur du plaisir présent, ils renoncent, faute de prévoir l’avenir & de profiter du passé, à ce qui contribueroit davantage à leur bonheur dans toute la suite de leur vie. Il s’ensuit de tout ce que nous venons de dire, que la vertu est plus féconde en sentimens délicieux que le vice, & par conséquent qu’elle est un bien plus grand que lui, puisque le bien se mesure au plaisir, qui seul nous rend heureux.

Mais ce qui donne à la vertu une si grande supériorité sur tous les autres biens, c’est qu’elle est de nature à ne devenir jamais mal par un mauvais usage. Le regret du passé, le chagrin du présent, l’inquiétude sur l’avenir, n’ont point d’accès dans un cœur que la vertu domine ; parce qu’elle renferme ses desirs dans l’étendue de ce qui est à sa portée, qu’elle les conforme à la raison, & qu’elle les soûmet pleinement à l’ordre immuable qu’a établi une souveraine intelligence. Elle écarte de nous ces douleurs, qui ne sont que les fruits de l’intempérance ; les plaisirs de l’esprit marchent à sa suite, & l’accompagnent jusque dans la solitude & dans l’adversité : elle nous affranchit, autant qu’il est possible, du caprice d’autrui & de l’empire de la fortune ; parce qu’elle place notre perfection, non dans une possession d’objets toûjours prêts à nous échapper, mais dans la possession de Dieu même, qui veut bien être notre récompense. La mort, ce moment fatal qui desespere les autres hommes, parce qu’il est le terme de leurs plaisirs & le commencement de leurs douleurs, n’est pour l’homme vertueux qu’un passage à une vie plus heureuse. L’homme voluptueux & passionné ne voit la mort que comme un fantôme affreux, qui à chaque instant fait un nouveau pas vers lui, empoisonne ses plaisirs, aigrit ses maux, & se prépare à le livrer à un Dieu vengeur de l’innocence. Ce qu’il envisage en elle de plus heureux, seroit qu’elle le plongeât pour toûjours dans l’abysme du néant. Mais cette honteuse espérance est bien combattue dans le fond de son ame par l’autorité de la révélation, par le sentiment intérieur de son indivisibilité personnelle, par l’idée d’un Dieu juste & tout-puissant. Le sort de l’homme parfaitement vertueux est bien différent : la mort lui ouvre le sein d’une intelligence bienfaisante, dont il a toûjours respecté les lois & ressenti les bontés. Voyez Sagesse & Vertu. (X)

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Étymologie de « bien »

Du latin bene (« bien, à propos, favorablement »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. ben, be ; espagn. bien ; portug. bem ; ital. bene. Bien ne peut pas venir de bonum ; à la vérité, dans le dialecte normand, bonus avait donné buen, comme homo, huem, et comes, cuens ; mais il n'y a aucun exemple que cet u y ait été changé en i. Il vient donc de bene, adverbe, mais adverbe transformé par les langues romanes en un substantif et même, comme dans un exemple du XIIe siècle (bien plaisir), en un adjectif.

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Phonétique du mot « bien »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bien bjɛ̃

Fréquence d'apparition du mot « bien » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « bien »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « bien »

  • Il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers.
    Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu — De l'esprit des lois
  • Qui aime bien, charrie bien.
    Jacques Pater — Le Petit Pater illustré
  • On fait souvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal.
    François, duc de La Rochefoucauld — Maximes
  • Il n'est pas si dangereux de faire du mal à la plupart des hommes que de leur faire trop de bien.
    François, duc de La Rochefoucauld — Maximes
  • Le bien est voulu, il est le résultat d'un acte, le mal est permanent.
    Antonin Artaud — Lettre à Jean Paulhan
  • Mes amis, j'ai perdu ma journée.
    Suétone en latin Caius Suetonius Tranquillus — Vies des douze Césars, Titus, VIII
  • Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d'un art.
    Charles Baudelaire — Curiosités esthétiques
  • Bien boire et bien manger font bien travailler.
    Proverbe français
  • Tous les hommes aiment à s'approprier le bien d'autrui ; c'est un sentiment général ; la manière seule de le faire est différente.
    Alain René Lesage — Histoire de Gil Blas de Santillane
  • Il m'est permis, disait Molière, de reprendre mon bien où je le trouve.
    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Cité par Grimarest, dans Vie de M. de Molière, 1705
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Images d'illustration du mot « bien »

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Traductions du mot « bien »

Langue Traduction
Anglais well
Espagnol bien
Italien bene
Allemand gut
Portugais bem
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Synonymes de « bien »

Source : synonymes de bien sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « bien »

Combien de points fait le mot bien au Scrabble ?

Nombre de points du mot bien au scrabble : 6 points

Bien

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