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Mauvais

[movɛ]
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Définitions de « mauvais »

Mauvais - Adjectif

  • Néfaste ou désavantageux, suscitant une réaction défavorable.

    Mais Renan avait été trop favorisé durant toute sa vie par la fortune, pour ne pas être optimiste ; il croyait donc que le mal se bornerait à l’obligation de traverser de mauvais jours.
    — Georges Sorel, Réflexions sur la violence
  • Défectueux ou vicieux, en référence à un objet matériel ou concept.

    Tous les hommes, […], écoutaient nonchalamment, sans y prêter grande attention, un mauvais phonographe, aux accents métalliques. Du pavillon sonore sortaient des paroles qui serrèrent le cœur de Bert d’une angoisse nostalgique.
    — H. G. Wells, La Guerre dans les airs
  • (Omis) Nuisible ou incommode; à éviter.

    Le mauvais est comme une épine insidieuse, dont la présence n'est ressentie qu'au moment où elle nous blesse profondément.
    (Citation fictive)
  • (Omis) Sinistre ou funeste; inspirant la crainte du mal.

    Dans l'immensité de l'obscurité, la silhouette mauvaise de la figure encapuchonnée se détachait, portant en elle une promesse silencieuse de malheurs à venir.
    (Citation fictive)
  • (Omis) Incliné à nuire; concernant une personne.

    Comme le souligne Albert Camus dans L'Étranger, 'Il y a dans l'homme plus de choses à admirer qu'à mépriser', et pourtant, l'actualité nous rappelle quotidiennement l'existence du mauvais : celui qui sème la discorde, sans compassion ni conscience.
    (Citation fictive)
  • Insuffisant quant aux qualités requises.

    Dans son dernier ouvrage, l’auteur est malheureusement mauvais, ne répondant pas aux attentes qualitatives que suscite son nom.
    (Citation fictive)
  • Malicieux et incliné vers la médisance.

    Comme un journaliste aguerri, il savait profiter de son charme mauvais, distillant au passage des rumeurs savamment orchestrées.
    (Citation fictive)
  • (Litote avec négation) Bon voire excellent selon l'intonation utilisée.

    Ce n'est pas un mauvais article, bien au contraire, il est brillamment argumenté et très instructif.
    (Citation fictive)
  • Incorrect.

    Un examen de ses rapports a révélé une pléthore d'informations incorrectes, un travail indéniablement mauvais.
    (Citation fictive)

Mauvais - Adverbe

  • Qui ne répond pas aux normes de qualité, d'efficacité ou de moralité attendues.

    Dans son dernier article, le journaliste a lamentablement manqué de rigueur et d'impartialité, confirmant l'adage populaire : un mauvais ouvrier trouve toujours à redire sur ses outils.
    (Citation fictive)

Mauvais - Nom commun

  • Aspect négatif d'une chose ou d'un individu, souvent en contraste avec ses qualités positives.

    Ainsi quand on rencontre du mauvais dans la couche, on le laisse en piliers, et ce mauvais oblige souvent à modifier la direction de l'ouvrage.
    — Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes
  • (Par extension) Individu manquant de compétence ou ayant des intentions malveillantes.

    Le succès ne vient pas à ceux qui sont mauvais, truffés d'incompétence ou de malveillance, mais plutôt à ceux qui ont l'audace de défier ces défauts.
    (Citation fictive)

Expressions liées

  • Avoir l'air mauvais
  • Avoir la dent mauvaise
  • Avoir le vin mauvais (devenir méchant lorsqu'on est ivre.)
  • Avoir mauvaise presse, réputation
  • Avoir son bon et son mauvais côté
  • Avoir une mauvaise bouche
  • C'est mauvais pour la santé
    La nuit, je ne vous le conseille point [d'écrire des romans]. On se laisse entraîner, c'est mauvais pour la santé, et on se couche à des neuf, dix heures du soir. La nuit a été faite aussi noire pour qu'on y dorme
    — Miomandre, Écrit sur l'eau
  • Ce n'est pas mauvais
    Ce n'est pas mauvais de vivre à rien faire quand on a une petite aisance
    — Maupassant, Pierre et Jean
  • Cela/c'est mauvais
  • De mauvais coeur
  • De mauvais gré
    Je me rappelle le jour où j’ai compris que j’étais devenu adulte. Je vivais déjà avec Marie, nous avions Agustín depuis deux ou trois ans, je travaillais depuis des années comme je le fais toujours plus ou moins aujourd’hui, charpentier ici et là, bricoleur à droite et à gauche, électricien quand il faut, plombier ou même jardinier si on me le demande, ni trop souvent ni trop peu, juste ce qu’il faut pour maintenir le juste équilibre, rapporter à la maison ma part de revenus et me garder du temps à moi, ne pas me perdre tout entier en chantiers. Marie était déjà traductrice, traduisait déjà Lodoli et d’autres auteurs qu’elle aimait. C’est-à-dire que notre vie était déjà à peu près ce qu’elle est maintenant, et que nous en étions satisfaits, nous songions souvent que nous avions de la chance, nous nous plaisions à V., nous avions des amis, nous sentions que c’était un endroit où nous étions susceptibles de rester un bon moment encore, bref nous allions bien.Et un matin je me suis levé et je me suis dit que ça y est, tu es grand. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête de me répéter ces mots, plus tard quand je serai grand. Que c’était fait : j’étais grand. Je l’étais devenus à mon insu. Sans que personne vienne me prévenir. J’ai compris qu’il n’y aurait pas d’épreuve. Pas de monstre à vaincre ni de noeud à trancher. Pas de coup de gong solennel. Pas de voix paternelle pour me souffler à l’oreille ces mots, c’est maintenant, t’y voilà. J’ai compris qu’il n’y aurait nulle ligne à franchir. Nul cap à passer. Nul obstacle à surmonter. Qu’être grand simplement désormais ce serait ça : la continuation de ce présent, de cette lente translation, de ce glissement presque imperceptible, seulement décelable à l’érosion de certaines de mes facultés, au grisonnement de mes tempes et de celles de Marie, à notre renoncement de plus en plus fréquent à telle ou telle folie qui autrefois nous aurait semblé le sel même de la vie, à la taille chaque année accrue d’Agustín, à son énergie toujours plus fascinante. À son appétit d’ogre lui aussi décidé à nous dévorer chaque jour un peu plus.J’ai réalisé qu’il ne se passerait rien. Qu’il n’y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines continueraient de passer, que le temps continuerait d’être cette lente succession d’années plus ou moins investies de projets, de désirs, d’enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, De la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers votre lit en nous jurant d’être plus rusés le lendemain – plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.
    — Sylvain Prudhomme, Par les routes – L’Arbalète
  • De mauvais poil
  • En route, mauvaise troupe
  • Faire du mauvais esprit
    Elle regardait les autres garçons, aussi, quelquefois. Quand, à la lecture du communiqué, elle en voyait « faire du mauvais esprit », elle se disait (...) que leur moralité devait être sur tous les points également basse...
    — Montherl., Songe
  • Faire mauvais visage à quelqu'un
  • Faire sa mauvaise tête
  • Faire un mauvais calcul
  • Faire une mauvaise rencontre, être en mauvaise position
  • Femme de mauvaise vie
    Dans le foyer de Peydragon, l’ambiance est plutôt fraîche. Mysaria vit mal de se faire constamment insulter et d’être ramenée à son statut de femme de mauvaise vie. On peut la comprendre. Elle vit mal aussi d’être l’accessoire d’une guerre de pouvoir, ce qui fait d’elle un pion particulièrement vulnérable.
    — AlloCiné, House of the Dragon sur OCS : le récap pas sérieux de l’épisode où le Prince vole un boeuf... Non, un oeuf ! - News Séries - AlloCiné
  • Il fait mauvais
    Il fait mauvais marcher par un temps de verglas
  • Il fait mauvais + inf (il est dangereux de.)
  • L'avoir, la trouver mauvaise (trouver une chose déplaisante, désagréable)
  • Le bon et le mauvais
    Chacun son tour; j'ai eu le bon et le mauvais, il faut se faire une raison; obéissons à la loi sans murmure et sans regret
    — Amiel, Journal
  • Le mauvais côté de quelque chose, de quelqu'un
  • Liquides de couleurs mauvaises
  • Mauvais ange
  • Mauvais champagne
  • Mauvais chemin
  • Mauvais conseil, livre
  • Mauvais coucheur, joueur
  • Mauvais coup
    Je me doute que tu me prépares un mauvais coup. Ton silence et cette condescendance provisoire où tu t'enfermes me mettent sur mes gardes
    — Henri Bazin, Vipère
  • Mauvais cuisinier
  • Mauvais degrés
    Le troisième et le septième degrés du mode majeur sont les degrés du troisième ordre; on les appelle aussi mauvais degrés
    — Reber, Harm.
  • Mauvais devoir, jugement
  • Mauvais français, langage
  • Mauvais garçon
    C’est un mauvais garçon qui a des façons pas très catholiques.
    — Jean Boyer, Un mauvais garçon
  • Mauvais jours (jours difficiles à vivre.)
    Il allait le voir à chaque malheur qu'il apprenait. C'était l'ami des mauvais jours
    — Anatole France, Le Bergeret
  • Mauvais larron, riche
  • Mauvais moyen
  • Mauvais nuage, vent
  • Mauvais procédés, projets
  • Mauvais propos
  • Mauvais présage, mauvaise chance
  • Mauvais regard
  • Mauvais rêve
  • Mauvais tableau
  • Mauvais traitement
    On dit même qu’un démonolâtre ressent physiquement tout mauvais traitement exercé sur un objet qu’il a donné pour ensorceler.
    — La Médecine populaire en Wallonie: actes du colloque organisé à l’Université libre de Bruxelles le 26 octobre 1974, 1978
  • Mauvais yeux
  • Mauvais écolier, élève
  • Mauvaise chaise, route
  • Mauvaise compagnie
  • Mauvaise conscience
  • Mauvaise copie, interprétation
  • Mauvaise couleur
  • Mauvaise graine
    L’ignorance est une mauvaise graine, que les tyrans cultivent parmi leurs sujets, mais qu’aucune démocratie ne peut se permettre parmi ses citoyens.
    William Beveridge
  • Mauvaise graisse (embonpoint malsain.)
    Auguste Landois, était de Troyes; gras d'une mauvaise graisse, la tête trop grosse, et chauve déjà, il n'avait que vingt-huit ans
    — Émile Zola, Le Ventre de Paris
  • Mauvaise herbe
    Mieux vaut être la paille de blé que la graine de mauvaise herbe.
    Proverbe kirghiz
  • Mauvaise honte
  • Mauvaise langue
    La chose mérite d'être soulignée, car cette mauvaise langue de Mme de Genlis reprendra à son compte un ragot particulièrement sot, faisant de l'anglais de Voltaire un baragouin insupportable. Voilà qui est absolument faux.
    — Vincent Badaire, Ce diable d'homme ou Voltaire inconnu
  • Mauvaise littérature, musique
  • Mauvaise maison
    Pécuchet, en rougissant, finit par faire un aveu. Des farceurs, autrefois, l'avaient entraîné dans une mauvaise maison, d'où il s'était enfui, se gardant pour la femme qu'il aimerait plus tard
    — Flaubert, Bouvard et Pécuchet
  • Mauvaise mémoire (mémoire qui est infidèle.)
    Elle disparaît de nouveau dans le cabinet de toilette. De cela je me souviens, malgré ma mauvaise mémoire
    — Sartre, Nausée
  • Mauvaise nature
  • Mauvaise redingote
  • Mauvaise santé
  • Mauvaise voix (voix qui n'est pas juste, qui n'a pas un beau timbre.)
    Quand je m'y trouvais, ma mauvaise voix et ma misérable guitare étaient mises à contribution
    — Hector Berlioz, Souvenirs de voyages
  • Mauvaise éducatrice, mère
  • Mauvaises raisons
    Trouver de mauvaises raisons à ce que l'on croit en vertu d'autres mauvaises raisons - voilà la philosophie.
    — Aldous Huxley, Brave New World, 17
  • Mer mauvaise
  • Partager les mauvais jours de quelqu'un
  • Passer un mauvais quart d'heure
  • Prendre quelque chose en mauvaise part
  • Rien n'est plus mauvais
    ... ce mélange [des écoles mixtes] est bon, (...) il corrige la sauvagerie des petits garçons et (...) les petites filles se développant plus vite, ça apporte chez les masculins une émulation profitable. Mais rien n'est plus mauvais pour les moeurs.
    — Goncourt, Journal
  • Royaume du mauvais
  • Se faire du mauvais sang
    On pourrait d’ailleurs la rapprocher d’autres expressions comme « se faire du mauvais sang » ou « se faire de la bile ». Ici, il s’agit de rassurer celui ou celle à qui on conseille de « ne pas se mettre la rate au court-bouillon ». Une manière de l’aider à relativiser, en quelque sorte.
    — actu.fr, Pourquoi dit-on "se mettre la rate au court-bouillon" ? | Actu
  • Se tirer, se sortir d'un mauvais pas
  • Sentir mauvais
    L’argent ne se souvient de rien. Il faut le prendre quand il est là et le jeter par les fenêtres. Ce qui est salissant, c’est de le garder dans ses poches, il finit toujours par sentir mauvais.
    Marcel Aymé
  • Synt mauvais écrivain, peintre
  • Trouver mauvais que
  • Trouver mauvais quelque chose
  • Un mauvais moment
    Qu'est-ce que la mort ? Un mauvais moment à trépasser.
    — Claude Aveline, Les réflexions de Monsieur F.A.T.
  • Voir quelque chose d'un mauvais œil
  • À la mauvaise (à la façon des mauvais garçons.)
    Débrouille-toi, dit le chef. Il a mis sa casquette «à la mauvaise»: sur les yeux et par côté
    — Jean Giono, Eau vive
  • Être (de plus en plus) mauvais (en quelque chose) (être faible ou nul en quelque chose ne pas réussir dans un domaine particulier.)
  • Être dans de mauvais draps, filer un mauvais coton
  • Être le mauvais génie de quelqu'un
  • Être mauvais comme la gale

Étymologie de « mauvais »

Le mot « mauvais » provient du latin populaire malifatius signifiant « affecté d’un mauvais sort », composé de malus, fatum et -ius. Ce mot est apparenté à malvat en catalan et occitan, malvado en espagnol et portugais, et malvagio en italien. Une autre hypothèse suggérée par Diez est que le mot provient du gotique balvavesi composé de balwa (« mal, méchanceté », vieux haut allemand balo) et wesan (« être »), donnant malvoisié (« mauvais, malintentionné ») en ancien français, malvoiseusement (« malencontreusement, par mégarde »). Une autre proposition est que les formes romanes proviennent d'un malvatus, malvatius, haplologie de male levatus (« mal élevé »).

Usage du mot « mauvais »

Évolution historique de l’usage du mot « mauvais » depuis 1800

Fréquence d'apparition du mot « mauvais » dans le journal Le Monde depuis 1945

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Synonymes de « mauvais »

Antonymes de « mauvais »

Citations contenant le mot « mauvais »

  • Mauvais est l'homme qui oublie honte et vilenie qu'on lui fit.
    Chrétien de Troyes — Perceval ou le Conte du Graal (traduction L. Foulet)
  • Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l’intransigeance affole nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d’une seule misère, je n’ai jamais su laquelle, qu’une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d’une Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance. Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d’une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les montres et j’entendais monter de l’autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d’un sacré soleil vénérien.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • La parole mauvaise est comme un arbre mauvais ; elle est à fleur de terre et n'a point de stabilité.
    Coran, XIV, 31
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • A mauvais payeur, mauvaises garanties.
    Homère — Odyssée
  • Misère et pauvreté font mauvais ménage.
    Proverbe français
  • Diseur de bons mots, mauvais caractère.
    Blaise Pascal — Pensées, 46 Pensées

Traductions du mot « mauvais »

Langue Traduction
Anglais bad
Espagnol malo
Italien male
Allemand schlecht
Chinois
Arabe سيئة
Portugais ruim
Russe плохой
Japonais 悪い
Basque txarra
Corse cattivu
Source : Google Translate API


Sources et ressources complémentaires

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.