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Perdre

Définitions de « perdre »

Trésor de la Langue Française informatisé

PERDRE, verbe trans.

I.− [Le compl. d'obj. dir. désigne un animé]
A.− Empl. trans.
1. Être privé provisoirement ou définitivement de.
a) Être séparé d'une personne par la mort. Perdre ses enfants, son père; perdre beaucoup de monde dans un combat. Vous n'aurez guère perdu que soixante hommes, vous aurez les six pièces qu'ils ont placées là... Vous les tournerez du côté de Reims... À onze heures... onze heures et demie la position sera à nous (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 197):
1. Ainsi celui qui aime tend à imiter l'objet aimé. Plus encore, l'enfant qui a perdu une mère aimée, tend à s'identifier à la mère morte. Peu importe que l'objet soit un objet d'hostilité : on imite son ennemi, en le combattant, dans cela même que l'on combat. Mounier, Traité caract.,1946, p. 67.
b) Ne plus avoir auprès de soi la présence d'un être cher. Je ne voulais rien prendre au sérieux; je ne touchais aux idées et aux êtres qu'avec précaution, me tenant toujours prêt à les perdre, pour ne pas souffrir si je les perdais (Maurois, Climats,1928, p. 143):
2. Quand une femme perd son mari, c'est sa faute! Si Jérôme avait trouvé dans ta société ce qu'il demande sans doute ailleurs, tu n'aurais pas à courir après lui, ma belle! Martin du G., Thib.,Cah. gr., 1922, p. 607.
Locution proverbiale, p. plaisant. [Se dit pour consoler qqn de la perte d'un amoureux, d'une amoureuse] Un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s.
c) Perdre de vue, des yeux un être vivant.
α) Cesser d'apercevoir. Fabrice s'approcha du cheval et passa la bride dans son bras gauche, sans perdre de vue le soldat qui s'éloignait lentement (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 62):
3. ... elle fit un appel à son énergie, et, rasant les murailles en talus des gigantesques édifices, elle parvint à ne pas perdre de vue le jeune hébreu, qui tourna l'angle de l'immense enceinte de briques du palais, et s'enfonça à travers les rues de Thèbes. Gautier, Rom. momie,1858, p. 273.
β) Oublier, ne plus fréquenter quelqu'un; ne plus lui porter d'intérêt. Est-elle donc si difficile à connoître, la destination première de l'homme? Si cette découverte étoit impossible à la raison, Dieu nous auroit perdus de vue (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 126).Je le perdis de vue vers 1805, 1806, 1807 et 1808 (Delécluze, Journal,1828, p. 487).[Avec ell. de vue] Rien n'est plus éloigné de lui [l'écrivain américain] que l'idée de collège ou de cléricature; on le fête un temps, puis on le perd, on l'oublie (Sartre, Sit. II,1948, p. 203).
Empl. pronom. Pour moi je crois y retrouver le vœu d'un être qui, jamais ne se perdant de vue, cherche comme par instinct à vivre dans les autres encore plus que dans lui-même (Dusaulx, Voy. Barège,t. 1, 1796, p. 242).
d) Ne plus réussir à retenir la confiance, à conserver la fidélité de. Perdre un ami, ses adhérents, sa clientèle, ses électeurs. Le Figaro, dans l'aventure, ne perdit pas un lecteur. De même, par la suite, le Journal ne devait pas perdre un lecteur, ni un abonné, quand il fut mis sur la sellette dans la personne de son infortuné directeur Charles Humbert, sénateur (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 22):
4. Si l'une d'elles avait un mouvement d'impatience ou se montrait trop satisfaite d'une bonne réponse, les demoiselles Poupon perdaient des élèves, elle perdait sa place. Sartre, Mots,1964, p. 65.
2. Causer la perte de.
a) Causer la mort de, faire périr. Ce qui perd le lièvre, ce sont ses ruses. S'il ne faisait que courir droit devant lui, il serait immortel (Renard, Journal,1900, p. 623).J'honore mes parents, je perds nos ennemis (Moréas, Iphigénie à Aulis,1903, p. 251)
b) Conduire quelqu'un à sa perte; déconsidérer, déshonorer. Quant à la pauvre princesse je me dispense de la plaindre (...) C'est elle qui a perdu son fils en l'idolâtrant à deux genoux (Feuillet, Journal femme,1878, p. 226):
5. Je pense que l'archiduchesse craint le rayonnement d'une reine invisible et que, non content de répandre sur elle des ordures (...) d'exciter nos groupes et de les pousser au crime, vous projetez de l'attirer dans sa capitale, de la perdre, de l'humilier, de l'exaspérer, de la pousser à bout, de la mettre hors d'elle-même, de la faire passer pour folle... Cocteau, Aigle,1946, III, 2, p. 392.
Perdre d'honneur, de réputation. Elle se moque de toutes les femmes qui sont laides, et perd de réputation celles dont la beauté lui porte ombrage. Elle a de l'esprit comme un petit diable (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 142).
Perdre qqn auprès, dans l'esprit de qqn. Un cercle de curieux se forma autour de madame Laure et de Crainquebille, qui échangèrent encore plusieurs injures (...). Mais cette scène acheva de perdre Crainquebille dans l'esprit du faubourg Montmartre (A. France, Crainquebille,1904, p. 44).
c) Pervertir, corrompre. Il n'est pas rare qu'en méprisant trop les hommes on les corrompe, et qu'en se défiant trop des femmes on les perde (Feuillet, Camors,1867, p. 72):
6. Reconnaissant le même Dieu que les Musulmans, fondant leur croyance sur les mêmes livres, admettant comme eux un premier homme qui perd tout le genre humain en mangeant une pomme... Volney, Ruines,1791, p. 148.
d) Troubler au point de faire perdre la maîtrise de soi. Je rouvris les yeux et je vis qu'elle me regardait; ce regard me perdit. − Oui, monsieur, répondis-je dans mon trouble (A. France, Livre ami,1885, p. 175).
e) Égarer quelqu'un volontairement ou non. Ne vaudrait-il pas mieux ne plus le voir, l'abandonner, le perdre dans les rues, ou se sauver soi-même très loin, si loin, qu'il n'entendrait plus jamais parler de rien, jamais! (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 603).
B.− Empl. pronom.
1. Causer sa propre perte matérielle ou morale. Se perdre de réputation. Ta fille se meurt, c'est fort bien; mais ta femme se perd, c'est autre chose (Sand, Jacques,1834, p. 265).Un homme (...) n'est jamais que l'expression d'une idée. C'est par elle qu'il se fortifie ou se perd (Proudhon, Révol. soc.,1852, p. 60).
RELIG. Tomber en état de perdition. « Là où Dieu vous appelle, il faut monter », avait dit l'autre. Il était appelé. « Monter ou se perdre! » Il était perdu (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 142).
2. Ne plus retrouver le chemin; s'égarer. Ce fourré (...) cachait, comme tous les halliers bretons, un réseau de ravins, de sentiers et de chemins creux, labyrinthes où les armées républicaines se perdaient (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 99).
Au fig. Dans la forêt enchantée du Langage, les poètes vont tout exprès pour se perdre, et s'y enivrer d'égarements (Valéry, Variété IV,1938, p. 245).
3. Se confondre avec le milieu environnant au point d'échapper aux regards. Elle disparaît, il ne reverra plus, plus jamais, son visage. Et il a le cœur serré comme si celle qui se perdait dans la foule était une inconnue belle et coupable qui disparût couverte de son désir (Montherl., Bestiaires,1926, p. 479).
Se perdre dans la foule. Retourner à l'anonymat. Et plus tard, quand l'autocratie achève d'écraser sous ses ruines l'aristocratie, quand l'ouvrier est séparé de l'ouvrier par la mort des corporations, l'artiste se perd dans la foule, qui l'ignore, ou le méconnaît (Faure, Hist. art,1921, p. 11).
4. Au fig. Se perdre dans, en
a) Avoir du mal à comprendre ou à expliquer clairement; s'embrouiller. À tout cela, Mitonneau avait répondu par des faux-fuyants, des phrases dans lesquelles il s'était embrouillé, perdu (Kock, Compagn. Truffe,1861, p. 204).
Je m'y perds, on s'y perd. Ne plus savoir où on en est; n'y comprendre plus rien. L'histoire des rapports de ces deux pays, Italie et Flandre, est curieuse : elle est longue, elle est diffuse; ailleurs on s'y perdrait; ici, je vous l'ai dit, on la lit couramment (Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 12).
Se perdre dans les détails. S'appliquer aux détails au détriment de l'essentiel. Pour l'empêcher de se perdre dans les détails, pour rendre un peu de vie à une interprétation « traditionnelle » à l'excès, il ne faudrait qu'un grand chef d'orchestre (P. Lalo, Mus.,1899, p. 346).
Se perdre dans les nuages, dans les nues. S'égarer dans les digressions, les rêves. Quand MmeNecker était sur le sentiment avec M. Thomas il n'y avait plus moyen de les suivre. Elle se perdait dans les nues, on ne pouvait les suivre et l'on se rappelait alors l'estampe où l'on ne voit que les 4 petits pieds (Chênedollé, Journal,1809, p. 46).
Se perdre en conjectures, en considérations. Émettre de nombreuses hypothèses et n'en retenir aucune. Si notre vie manque de soufre, c'est-à-dire d'une constante magie, c'est qu'il nous plaît de regarder nos actes et de nous perdre en considérations sur les formes rêvées de nos actes, au lieu d'être poussés par eux (Artaud, Théâtre et son double,1938, p. 13).
b) S'absorber entièrement dans; s'intégrer à un milieu, se livrer à une action, s'enfermer dans une conviction au point d'y sacrifier sa personnalité. Se perdre dans ses pensées. Assis sur un tronc de pin, au milieu d'une lande, dans l'étourdissement du soleil et des cigales, ivre à la lettre d'être seul, je ne pouvais pourtant pas supporter cette confrontation avec moi-même à laquelle j'avais tant aspiré, et ne me retrouvais que pour me perdre, pour me dissoudre dans la vie universelle (Mauriac, Commenc. d'une vie,1932, p. 51).Le trait de génie de Hitler (...) ç'a été de fournir chaque Allemand (...) d'un uniforme (...) de retrouver enfin cette discipline (...) où il se perd et se fond avec un sentiment d'anéantissement et de transfiguration de soi-même (Arnoux, Contacts all.,1950, p. 80).
Se perdre en Dieu. S'unir à la divinité par la contemplation. Si réduite que soit dans ceci la part de la danse, elle n'en exerce pas moins une action sur l'état auquel son association à la voix, et surtout à la sainteté des syllabes émises dans le souffle, doit conduire le récitant animé du désir de se perdre en Dieu (Cuisinier, Danse sacrée,1951, p. 100).
II.− [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé]
A.− Empl. trans.
1. Être privé provisoirement ou définitivement de.
a) [En parlant d'un bien]
α) Ne plus en avoir la jouissance.
[La perte est d'ordre matériel] Synon. être dépouillé de.Perdre sa couronne, son siège, son trône. Sais-tu pas qu'il ne faut jamais interrompre les gens qui ont accoutumé d'être brefs; et tel qui coupe les chiens des autres perd sa chasse (Toulet, Mariage Don Quichotte,1902, p. 149):
7. Dire : « J'ai perdu ma place », ce me paraissait encore assez facile. La phrase est courte, simple, décisive, elle ne me semblait pas impossible à prononcer. J'entrevis même plusieurs façons de me délivrer de ce premier aveu. Je pouvais, par exemple, m'asseoir d'un air navré − un air que je n'aurais pas eu besoin de feindre, je vous assure − et dire, à voix basse : « Maman, j'ai perdu ma situation ». Duhamel, Confess. min.,1920, pp. 24-25.
Proverbe. Qui va à la chasse, perd sa place.
[La perte est de l'ordre des principes (moraux, philosophiques, etc.) ou du sentiment] Perdre son crédit, ses droits; perdre la confiance, l'estime, la faveur de qqn; perdre la grâce; perdre l'honneur. Quand elle le pourrait, une nation ne doit pas se mettre dans les entraves d'une forme positive. Ce serait s'exposer à perdre sa liberté sans retour (Sieyès, Tiers état,1789, p. 69).Le duc : (...) que je perde mon nom, si vous me proposez quelque chose que je n'accepte (Dumas père, Mllede Belle-Isle,1839, iv, 2, p. 75).
β) Ne plus avoir en sa possession.
Perdre une bague, des billets, un porte-monnaie, un trousseau de clés. Synon. égarer.La Saussaye perdit son étui à cigarres [sic] dont il est inconsolable (...). Il a encore perdu la voix que j'ai vainement essayé de lui rendre hier en lui faisant manger des piments (Mérimée, Lettres Delessert,1870, p. 89).Elle resta le regard au loin, comme en suspens. C'est terrible comme on perd les choses en vieillissant (Beauvoir, Invitée,1943, p. 63).
[En parlant d'une somme d'argent] Isabelle : Cristina a perdu toute sa fortune! Manuel : Quoi? Isabelle : La banque où elle avait son argent à Buenos-Aires a fait de mauvaises affaires et elle est ruinée! (Bourdet, Sexe faible,1931, iii, p. 463).Hélas! Je ne saurais pas me ruiner! Je n'arriverais jamais à perdre mon argent! (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 232).
Absol. [P. allus. à la fable de La Fontaine, Le Héron, vii, 5] On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
P. métaph. Perdre son âme (au jeu).
Empl. intrans. Perdre sur (qqc.); perdre à (faire) qqc.; perdre sur la marchandise; j'y perds! Au fig. [En parlant de la dépréciation d'une valeur] Poussin perd beaucoup au voisinage de Lesueur. La grâce est une muse qu'il n'a jamais entrevue (Delacroix, Journal,1851, p. 438).
Loc. div.
Avoir tout à perdre. Être exposé à l'échec ou à la faillite sans espoir de contrepartie. Il faut revenir de bonne foi aux idées vulgaires de sagesse et d'honneur; une femme a tout à perdre en les oubliant (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 400).
N'avoir (plus) rien à perdre. N'être exposé à rien de fâcheux ou en être arrivé aux solutions extrêmes. (...) Moi qui ne suis qu'un modeste découvreur d'affaires, je possède autrement d'audace. − Vous n'avez rien à perdre (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 112).N'avoir rien à perdre et avoir tout à gagner. V. gagner I B 2 a ex. de Céline.
Vous ne perdez rien pour attendre. [Formule de menace qui laisse entendre une vengeance prochaine] Henriette était noire de colère, ses yeux carrés brûlaient les passants, les tramways, le ciel gris sur lesquels ils se posaient, − mais elle ne perd rien pour attendre, cette petite traînée (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 137).
Perdre au change*.
b) Ne plus avoir, en partie ou totalement, momentanément ou définitivement.
α) [P. réf. à l'intégrité physique ou morale d'un être vivant]
[La perte est d'ordre matériel ou physique] Perdre ses cheveux, ses dents, un œil, son sang; perdre des kilos, du poids; perdre la voix; perdre haleine*, la respiration, le souffle, l'appétit, le repos, le sommeil, l'odorat, la vue, ses forces, la santé, la vie, ses couleurs, son teint; perdre sa peau, ses plumes, ses poils; perdre ses feuilles, son parfum. Une enfant de seize ans qui t'aime depuis trois mois à en perdre le boire et le manger, et qui se désole de n'avoir pas encore obtenu le plus distrait de tes regards (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 379).Je ne me suis pas occupé de Frédéric. Je ne suis pas chargé de lui faire perdre son pucelage (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 185).
[La perte est d'ordre intellectuel] Perdre la boule (fam.), perdre la boussole (fam.), perdre la conscience, l'équilibre, l'esprit, le jugement, la mémoire, perdre le nord (fam.), perdre la notion, la raison, la tête. On sectionne les canaux semi-circulaires d'un pigeon, il perd le sens de l'orientation et de l'équilibre, on le voit chanceler et, hagard, tourner indéfiniment sur lui-même (Vailland, Drôle de jeu,1945p. 50).
Loc. fam. Perdre les pédales. V. pédale B 2 a.
[La perte concerne une façon d'être] Perdre confiance, connaissance, contenance, courage; perdre espoir (tout espoir n'est pas perdu); perdre la face, sa fierté, la force, le goût de; perdre l'habitude, son orgueil, son sang-froid. Vers les derniers jours de juin, Coupeau perdit sa gaieté (Zola, Assommoir,1877, p. 418).Quel est celui qui détient un secret pour ne pas perdre cœur? (Mauriac, Journal 2,1937, p. 130).
Absol. Quand je l'ai revue chez Véron, il y a deux ou trois ans, elle avait perdu beaucoup, mais elle avait encore un certain charme (Delacroix, Journal,1853, p. 128).
β) [P. réf. aux éléments constitutifs ou à la qualité d'une chose]
Perdre une plaque minéralogique, un pot d'échappement, une roue (en parlant d'une auto). Perdre une pièce, une vis (en parlant d'un appareil). Perdre ses poils (en parlant d'une brosse, d'une fourrure).
Perdre son eau. Nous avons exposé (...) que le grain de Portland au moment de son contact avec l'eau s'entourait d'une pâte gluante ayant le caractère d'une gelée colloïdale, un hydrogel. Cette gelée est onctueuse et perd difficilement son eau (Cléret de Langavant, Ciments et bétons,1953, p. 85).
Perdre son élasticité, sa force, sa puissance, sa vitesse, son volume. Elle montrait un cachemire jaune à petits pois noirs; chacun de ces pois perdait sa couleur et devenait une minuscule violette persane (Giono, Angelo,1958, p. 129).En effet, certains virus peuvent être obtenus à un état de pureté très avancée : virus obtenus sous une forme cristalline, sans perdre leur pouvoir pathogène (Quillet Méd.1965, p. 189).
Perdre (de) son intérêt, son sens, sa signification, sa tenue, sa valeur. Si le parallélisme (pincement ou ouverture) n'est pas correct, la direction perd de ses qualités et les pneus s'usent (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 237).Dans la mesure où il apparaît que cette destruction ne pourrait être que réciproque, ce concept perd sa raison d'être (Beaufre, Dissuasion et strat.,1964, p. 45).
Empl. abs. Maintenant le diamant perd tous les jours, le Brésil nous en accable depuis la paix, et jette sur les places des diamants moins blancs que ceux de l'Inde (Balzac, Gobseck,1830, p. 413).
MARINE
La marée perd. La marée décroît en amplitude. Il jugea donc à propos d'attendre le jour et de rester à l'ancre : mais la marée perdant beaucoup plus qu'on ne l'avait présumé, les chaloupes restèrent à sec à trois heures du matin (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. xlii).La mer perd. La mer se retire du fait de la marée. Un bateau perd. Il se fait remonter par un concurrent.
Empl. intrans. Perdre en vent. S'éloigner de plus en plus de la direction du vent.
c) [En parlant du champ d'activité des sens et de l'intelligence] Cesser de percevoir, d'appréhender, de contrôler. Perdre son chemin, le contact, le fil (d'un discours), sa route, la trace (en parlant d'animaux), la piste, la voie; ne pas perdre un mot; ne rien perdre de (qqc., un discours, un entretien, un spectacle, etc.). La discussion continua. Meaulnes n'en perdait pas une parole (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 90).Les jeunes ne savent pas que l'expérience est une défaite et qu'il faut tout perdre pour savoir un peu (Camus, Env. et endr.,1937, p. 44).
Perdre de vue (qqc.). Ne plus apercevoir (un objet); au fig., ne pas tenir compte de quelque chose; le négliger. Lorsqu'on perd de vue les jouissances célestes, il est tout simple qu'on s'attache de plus en plus aux seuls biens qui vous restent, ceux de ce monde (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1843, p. 58).
Perdre pied. Ne plus pouvoir toucher le fond de l'eau avec ses pieds; au fig., être dépassé par la situation. Il perd pied dans l'abstrait et se raccroche à des images (Gide, Journal,1946, p. 300).
MAR. Perdre terre. Ne plus voir la terre; au fig., ne plus vivre au contact des réalités :
8. C'est là que, s'envolant lui-même aux cieux, Voltaire, Se sentant devenir sublime, a perdu terre, Disant : Je vois! ainsi qu'un prophète ébloui. Hugo, Art d'être gd-père,1877, p. 276.
d) [En parlant d'une épreuve, d'une compétition, d'un combat, d'un jeu, etc.] Faire la preuve de son infériorité; cesser de maintenir un avantage, une supériorité. Perdre son avance, l'avantage, une bataille, une cause, une course, la guerre, une manche, un match, un pari, son procès, la suprématie.
Perdre la partie :
9. « L'essentiel, écrit Roger Caillois, parlant de la guerre courtoise, est de bien jouer, de combiner ingénieusement les manœuvres de façon à persuader l'adversaire qu'il a perdu la partie ». Clausewitz a montré qu'à cette époque on perdait souvent la bataille faute d'avoir engagé les troupes disponibles. Jeux et sports,1967, p. 784.
Perdre du terrain. Reculer devant la pression ennemie; céder à un concurrent une partie de l'avance qu'on avait sur lui; augmenter la distance qui nous sépare de quelqu'un. Le père Dubreuil fermait la marche et perdait du terrain (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 198).
Au fig. Être en recul. La réalité perd du terrain devant le rêve (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 220).
Absol. Je parie qu'on n'a plus entendu parler de lui. Vous avez perdu (...) l'on a beaucoup parlé de lui (A. France, Crainquebille,1904, p. 65).Jouer à qui perd gagne (v. gagner I B b).
Empl. intrans. Ne pas obtenir le gain escompté. Perdre au jeu; perdre sur parole. Rien n'est plus naturel, aujourd'hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au café, et en bavardages, le temps qui leur reste pour vivre (Camus, Peste,1947, p. 1218).
e) Ne pas pouvoir garder à sa place; laisser échapper. Perdre ses bas, sa culotte, son pantalon. Un autre jour passait encore et M. Lavoine chuintait, comme s'il eût perdu son dentier. Il avait peut-être, en effet, perdu son dentier (Duhamel, Suzanne,1941, p. 225):
10. Nous planterons des fleurs et danserons en rond Jusqu'à l'heure où j'aurai perdu ma jarretière Le roi sa tabatière L'infante son rosaire Le curé son bréviaire. Apoll., Alcools,1913, p. 86.
Absol. Synon. de fuir.Le fût perd; la chambre à air perd. Les conduits de la source « perdaient », et l'eau égarée en chemin n'arrivait plus jusqu'à la fontaine (Arène, Veine argile,1896, p. 258).
2. Causer la perte de.
a) Causer de graves dommages matériels; compromettre de façon irrémédiable. Ce qui est fort triste, c'est la gelée qui a perdu les vignes de ce pauvre petit endroit et qui risque de compromettre la récolte en fruits (Delacroix, Journal,1854, p. 177).
b) Gâcher, gaspiller. Perdre son année; perdre une journée; perdre une/l'occasion de; perdre sa peine, son temps; il n'y a pas un instant à perdre.
(Y) perdre son latin. Perdre son temps, ne rien comprendre. Toute l'histoire idéaliste de la philosophie perd son latin entre tant de rigueur formelle et de contingence matérielle (Nizan, Chiens garde,1932, p. 33):
11. Comment croire que la gouvernante, d'ailleurs jusque-là irréprochable, eût couru un tel risque pour le seul avantage de perdre le bénéfice d'une mesure avantageuse? Bernanos, Crime,1935, p. 798.
Absol. Se priver d'une occasion, d'une possibilité avantageuses. Vous avez bien perdu en n'étant pas là.
B.− Empl. pronom.
1. Être réduit à rien; aller à sa perte, être détruit. Rien ne se perd, rien ne se crée; les parfums se perdent; illusions qui se perdent. Des richesses inouïes en statues, en tableaux, en objets d'art de toute sorte, se perdront sans profiter à personne (Gautier, Tra los montes,1843, p. 53).
MAR. [En parlant d'un navire] Se perdre (corps et biens). Sombrer. C'est mauvais signe quand la bouteille ne se brise pas (...) j'ai vu bénir un grand bateau. La bouteille (...) ne se cassa pas. Le bateau se perdit à son premier voyage (A. France, P. Nozière,1899, p. 238).
2. Tomber en désuétude; cesser d'être pratiqué, aller en s'affaiblissant. Habitudes, traditions, usages qui se perdent; le sens de tel mot s'est perdu. L'on a dit et répété de toutes parts que le goût des courses de taureaux se perdait en Espagne (Gautier, Tra los montes,1843p. 72)):
12. Un ancien fabricant de chapeaux, vieillard de soixante-dix ans (...) fouilla le passé des Rougon. Il parla vaguement, avec les hésitations d'une mémoire qui se perd, de l'enclos des Fouque, d'Adélaïde, de ses amours avec un contrebandier. Zola, Fortune Rougon,1871, p. 256.
Fam. Il y a des coups de pied, des gifles qui se perdent. Certains mériteraient coups de pied et gifles.
3. Se perdre dans, en, au milieu de, sous
a) Disparaître (aux regards); échapper à la saisie de nos sens. Route qui se perd au loin; fleuve qui se perd dans la mer; cours d'eau qui se perd sous la terre; voix qui se perdent dans la foule. Le bonheur dans les champs a besoin de bonté. Tout se perd dans le bruit d'une vaste cité (Delille, Homme des champs,1800, p. 53):
13. Ils montèrent vers cet A majuscule d'Avignon, qu'est le palais des papes; leur regard cherchait la fin des formidables verticales se perdant dans le ciel. Triolet, Prem. accroc,1945, p. 59.
b) P. métaph. Ne plus parler à la mémoire. Se perdre dans la nuit des temps. Mais cette miséricorde divine qui se perd dans les mystères de l'infini, et qui est la plus douce joie d'une ame pieuse, la console et ne l'égaie pas, car dans la religion tout est grave, jusqu'au bonheur (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 241).
Prononc. et Orth. : [pε ʀdʀ ̥], (il) perd [pε:ʀ]. Homon. (il) perd : pair, paire, père, pers. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Trans. et intrans. A. 1. Fin ixes. trans. « être privé d'une partie de soi-même, d'une faculté ou d'une qualité propre à la personne » (Eulalie, 17 ds Henry Chrestomathie t. 1, p. 3 : qu'elle perdesse sa uirginitet); ca 1100 perdre le sens « perdre la raison » (Roland, éd. J. Bédier, 305); 2. a) 2emoitié xes. trans. « être privé de la jouissance d'un avantage ou d'un bien » (St Léger, éd. J. Linskill, 161); b) ca 1100 id. « cesser d'avoir un avantage, une supériorité » (Roland, 1090); ca 1770 perdre du terrein ici fig. (J.-J. Rousseau, Confessions, IX ds Œuvres compl., éd. B. Gagnebin, R. Osmont, M. Raymond, t. I, p. 420); c) 1130 intrans. « ne pas obtenir le gain, le profit escompté » estre perdant (Lois Guillaume, éd. Matzke, 38); en partic. 1269-78 trans. « subir une perte d'argent » (Jean de Meun, Rose, éd. Lecoy, 9049); 1288 un perdant part. prés. subst. « celui qui perd au jeu, dans une compétition » (Jean de Journy, Dîme de pénitence, éd. Breymann, 2630); 1680 intrans. « être privé d'une satisfaction qu'on aurait pu avoir » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, II, p. 840); 3. a) ca 1050 « être privé de quelqu'un par la mort » (Alexis, éd. Chr. Storey, 106); b) mil. xiies. « être privé de la présence, de l'amitié de quelqu'un » (Épître de St Etienne, 54 ds Alt. fr. Übungsbuch, éd. W. Foerster et E. Koschwitz, p. 172); 4. a) ca 1165 trans. « cesser de percevoir par les sens, d'appréhender par la pensée, de maintenir un rapport avec quelqu'un ou quelque chose » perdre terre « perdre de vue la terre » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 5067; ca 1220 perdre le voie (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 5570); b) 1538 perdre de vue (Est.); ca 1660 fig. (Bossuet, Préf. instr. past. de Cambrai, 6 ds Littré, s.v. vue); 5. a) 1678 intrans. « (d'un inanimé) diminuer de valeur, de qualité » perdre de son prix (La Fontaine, Fables, XI, IV, 36 ds Œuvres, éd. H. Régnier, III, p. 122); en partic. 1859 mar. la mer Perd [...] les marées Perdent (Bonn.-Paris); 1797 « laisser échapper son contenu, fuir » (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 27 : le fond perd rapidement et n'est réellement vivable que dans un petit espace); b) 1797 trans. « (d'un inanimé) cesser d'avoir un élément, un caractère [...] qui lui est inhérent » (ibid., t. 3, p. 182 : conserver sa robe qui perdit bientôt tout son éclat). B. 1. Ca 980 trans. « pervertir, corrompre quelqu'un » (Jonas, éd. G. de Poerck, verso 18, p. 44, ligne 173); en partic. 1190 s'ame pert (Renart, éd. M. Roques, br. VIII, 8063); 2. a) ca 1100 id. « gâcher, gaspiller quelque chose par le mauvais usage qu'on en fait » (Roland, 1054); en partic. ca 1200 en rapport avec le temps (Jean Bodel, Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, 586); b) 1690 id. « endommager quelque chose d'une manière irréparable » (Fur.); en partic. 1694 la nielle a perdu les bleds (Ac.); 3. a) 1546 id. « conduire quelqu'un à sa perte » (La Bible, s.l., impr. J. Gérard, Deuter., IX, fo69 : il les destruira [...] et les dechassera et perdra); en partic. 1642 « faire périr, tuer quelqu'un » (Corneille, Pompée, II, 4); b) 1651 id. « perdre une personne auprès de quelqu'un » (Id., Nicomède, IV, 2); 4. 1680 id. « égarer volontairement quelqu'un » (Rich.). II. Pronom. A. 1. a) Ca 1170 « causer sa propre ruine » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Bisclavret, 56); b) ca 1500 « causer sa propre mort » (Philippe de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, I, p. 34); 2. xiiies. [ms.] « sortir, s'écarter du bon chemin » en la forest se perdirent (Chrétien de Troyes, Perceval, 42988 ds T.-L.); 3. 1546 « avoir du mal à se retrouver, à se reconnaître dans une chose complexe » (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, IV, p. 51, ligne 103); d'où 1698 je m'y perds (Bossuet, Lett. quiét., 404 ds Littré); 1810 se perdre en conjectures (Staël, Allemagne, t. 5, p. 67); 4. 1694 théol. « s'unir à la divinité par la contemplation » se perdre en Dieu (Bossuet, Rép. aux diff. de Mmede la Maisonfort ds Littré). B. 1. Ca 1350 « cesser d'être pratiqué » ici en parlant d'un métier (Gilles Le Muisis, Li Estas des princes et des nobles ds Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 292); 2. ca 1500 « cesser d'exister, se terminer, finir » (Philippe de Commynes, op. cit., II, p. 14); en partic. 1606 « (en parlant d'un navire) faire naufrage » (Nicot); 3. a) 1538 « (d'une rivière) disparaître dans la terre » (Est.); b) 1636 « (d'une personne) cesser d'être perçu » (Tristan, Marianne, V, 3 ds Littré); 1677 « (d'un inanimé) id. » ma voix s'est perdue (Racine, Britannicus, II, 2); c) av. 1678 « cesser d'être perçu par la pensée en tant que tel; disparaître en se laissant éliminer par autre chose » (La Rochefoucault, Reflexions ou sentences et maximes morales, CLXXI ds Œuvres, éd. M. D. L. Gilbert, I, p. 100); 4. 1560 « être anéanti, détruit » les pommes se perdoyent (Journal du Sieur de Gouberville, 11.11.60 ds Poppe, p. 93). Du lat. class. perdĕre « détruire, ruiner, corrompre; employer inutilement; faire une perte, en partic. au jeu ». Fréq. abs. littér. : 17 647. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 28 933, b) 23 426; xxes. : a) 21 536, b) 24 858.
DÉR. 1.
Perdable, adj.a) Qui peut être perdu; dont le gain n'est pas assuré. Une partie encore perdable. b) Qui peut se perdre; qui peut causer sa propre ruine matérielle ou morale. En étudiant à fond cette petite machine, qui éclate de temps en temps en éclats de rire d'oiseau, je me demande si ce n'est pas à Paris où il y a le moins de cocus. Cette femme n'a pas de quoi se perdre. Elle n'est perdable ni par l'esprit ni par le cœur ni par le tempérament. Il n'y a pas avec elle de surprise possible de n'importe quoi, de la tête ou du cul. Elle est imprenable, par la nullité, le zoophytisme de son être (Goncourt, Journal,1861, p. 938). [pε ʀdabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1798. − 1resattest. ca 1300 « qui peut se perdre » (Hystoire Job, éd. J. Gildea, 1626) 1611 (Cotgr.), à nouv. ds les dict. à partir de Ac. 1798; de perdre, suff. -able*.
2.
Perdeur, -euse, subst.Personne qui a la mauvaise habitude de perdre, d'égarer les objets. (Dict. xixeet xxes.). Perdeur de temps. Celui qui consacre son temps de loisir à la rêverie, à la flânerie. Travaillant dix heures par jour, mais grand perdeur de temps, s'oubliant en lectures et tout prêt à faire un tas d'écoles buissonnières autour de son œuvre (Goncourt, Journal,1860, p. 685). [pε ʀdœ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. 1388 perdour « celui qui perd » (Roques t. I, IV-V, 6268), xves. perdeur (Prov. communs ds Le Livre des proverbes fr., éd. Le Roux de Lincy, t. II, p. 146), également cité ds H. Estienne, La Précellence du langage françois [1579], p. 210) 1660 (Oudin Esp.-fr.), à nouv. au xixes. 1842 (Ac. Compl.); de perdre, suff. -eur2*.
BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 610. − De Gorog (R.). The Concept to destroy in Old Fr. and the question of synon. Linguistics. La Haye. 1972, no93, p. 38. − Dossiers de mots. Néol. Marche. 1979, no6, p. 275. − Dub. Pol. 1962, p. 371. − Gross (M.). La Notion de règle et d'exception. In : [Mél. Mounin (G.)]. Aix-en-Provence, 1976, t. 2, p. 42. − Hug. Lang. 1933, pp. 237-238. − Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 255-256. − Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum Romanicum. 1932, t. 16, p. 303. − Quem. DDL t. 5, 19. − Verreault (C.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de Ling. québécoise. 3. Québec, 1979, annexe 2, § 100; p. 215 (s.v. perdable).Vivès (R.). Perdre... R. québec. Ling. 1984, t. 13, no2, pp. 13-58.

Wiktionnaire

Verbe - français

perdre \pɛʁdʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se perdre)

  1. Être privé de quelque chose qu’on avait, qu’on possédait.
    • Par le baron Zorn de Bulach, nous savons qu'on jouait gros jeu à Schœnbrun. Il cite le cas d'une femme qui avait perdu près de 30 000 florins, et du mariage d'un haut personnage, où il y avait environ cinquante tables de jeu. — (Louis Hastier, La vérité sur l'affaire du collier, Librairie Arthème Fayard, 1955, chapitre 2)
    • Cependant, il convient de retenir que les honoraires du radiesthésiste ne doivent pas être excessifs, sans quoi il perdrait rapidement sa clientèle. — (Olivier Schmitz, Soigner par l’invisible : Enquête sur les guérisseurs aujourd’hui, Éditions Imago, 2006, chapitre 4, § 4)
    • Je fus stupide et naïf, je méritai ce qui m’arriva. Je me fis détrousser. Peu m’importait l’argent que je perdis. On me trahit. — (William Guéraiche, Philippines contemporaines, Éditions Les Indes savantes, 2013, page 273)
  2. Être privé d’un avantage ou d’un profit.
    • 1° Le sieur Normand (Désiré-Joseph), demeurant à Saint-Michel-d'Halescourt (Seine-et-Inférieure), né le 15 août 1850 à Blaton (Belgique), d'un père ayant perdu la qualité de Français à la suite du traité de 1814. — (Bulletin des lois de la République française, n° 2801-2862, Paris : Imprimerie nationale, 1895, page 1958)
    • C'est qu'il a une faveur à me demander : celle d’intercéder pour lui auprès de l’omnipotent grand vizir. Car il paraît qu'il est assez mal noté en haut lieu et il craint de perdre son poste. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 52)
    • Il perdit les bonnes grâces du président. — Perdre l’estime, la bienveillance, la faveur, la confiance de quelqu’un.
    • Perdre sa réputation, son crédit, son honneur. — Perdre de son crédit, de sa réputation.
  3. Être privé, par la mort ou autrement, d’une personne qu’on aimait, qu’on a sujet de regretter.
    • Sais-je bien encore moi-même ce que je perds en la perdant ! — (Pierre Benoît, Le déjeuner de Sousceyrac, 1931, réédition Le Livre de Poche, page 239)
    • Toujours positionnés sur leur ligne, les héros ne reculent jamais devant l’ennemi. Entre le 23 et le 25 mai 1940, le 6e RSA perd 99 spahis à Sy, parmi lesquels figurent des tués tels que Saïd Ben Dechina, Mohamed Djoudi, les admirables Hamadi et Lambarek… — (Rachid Bouamara, Le silence tiraillé: À ces guerriers bannis de l’Histoire…, Publishroom, 2017)
    • Mais aussi parce que nous nous trouvons à la veille d’une tragédie. L’angoisse monte, celle de perdre nos proches, ou simplement celle de mourir. — (Michel Eltchaninoff, « Carnet de la drôle de guerre », dans la newsletter du 21/03/220 de Philosophie Magazine.)
    • Il a quitté Paris, et nous avons perdu ainsi un bon ami.
  4. Être privé de quelque partie de soi, subir la perte ou la diminution sensible de quelque faculté, de quelque avantage physique ou moral que l’on possédait.
    • Perdre un bras, une jambe. — Perdre la santé.
    • Perdre la vue. — Perdre connaissance.
    • Perdre la raison, l’esprit, le jugement. — Perdre la mémoire.
    • Perdre le repos, le sommeil, l’appétit. — Perdre sa gaieté.
    • Perdre courage. — Perdre l’usage de ses sens.
    • La richesse des Roudier et des Granoux exaspérait Aristide au point de lui faire perdre toute prudence. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 98)
    1. (En particulier) (Ironique) Ne plus être capable de suivre l’enchaînement des événements.
      • Et voilà ! Une explication technique, et on l’a perdu.
  5. Cesser d’avoir, n’avoir plus.
    • Bien qu’il eût perdu de sa première violence, le vent soufflait encore assez fort pour rendre très dangereux l’atterrissage […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 264 de l’édition de 1921)
    • Antoine fit une valse avec Charlotte, ce qui l'étourdit passablement car il en avait perdu l'habitude. — (Oscar Casin, Deuil dans la forêt, Cressé : Éditions des Régionalismes, 2014, page 93)
    • Les arbres ont perdu leurs feuilles. — Cette pierre a perdu de sa dureté.
    • La cuisson fait perdre à ces fruits leur âpreté.
    • Cette étoffe a perdu sa couleur, a perdu son lustre, a perdu de son lustre.
    • Cette action perd son prix, perd beaucoup de son prix. — Perdre l’aplomb, l’équilibre.
    • J’ai perdu la bonne opinion que j’avais de lui.
    • Perdre l’estime, l’amitié qu’on avait pour quelqu’un.
    • Il y a de quoi perdre contenance.
  6. Cesser de suivre ou d’occuper, laisser échapper ou laisser prendre.
    • Perdre son chemin.
    • Il s’arrêta pendant que le cortège marchait, et il perdit son rang.
    • Perdre la file.
    • Les chiens ont perdu la piste, la trace, la voie, les voies de la bête.
  7. Égarer un objet, ne plus savoir où il est.
    • J’ai perdu mon chapeau, mes gants.
  8. Laisser quelqu’un s’égarer ou l’égarer ; le détourner de sa route.
    • Nous nous perdîmes dans le bois.
    • Ce guide nous a perdus.
  9. (Figuré) Embrouiller l'esprit, ne plus rien comprendre.
    • Je m’y perds, on s’y perd, l’esprit s’y perd.
  10. Faire un mauvais emploi, un emploi inutile de quelque chose, manquer à en profiter.
    • Perdre le temps.
    • Perdre son temps.
    • Perdre sa peine, ses soins, ses pas.
    • Perdre sa jeunesse.
    • Perdre l’occasion.
    • J’ai perdu ma journée.
    • Il m’a fait perdre toute la matinée.
  11. Être vaincu en quelque chose par un autre, avoir du désavantage contre quelqu’un ou quelque chose.
    • Perdre une gageure, un pari, un dédit.
    • Qui quitte la partie la perd.
    • Perdre partie, revanche et le tout.
    • Il a perdu son procès.
    • Perdre son avantage, sa supériorité.
  12. (Absolument) Ne pas obtenir le gain, le profit, l’avantage qu’on désirait ou qu’on espérait.
    • Ils avaient joué à des jeux divers : aux billes d’abord, mais comme Camus et Lebrac avaient perdu beaucoup et qu’ils étaient, autant dire pannés puisqu’il ne leur en restait plus que deux ou trois à chacun, on ne put continuer. — (Louis Pergaud, Un sauvetage, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Après le souper elle joua au quinze, elle perdit de mauvaise grâce , paya de plus mauvaise grâce encore , & se coucha de fort méchante humeur. — (Pierre-François Godard de Beauchamps, Funestine, dans Le cabinet des fées, ou collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, Genève : Barde, Manget & Cie & Paris : Cuchet, 1786, volume 31, page 35)
  13. (Intransitif) (Commerce) (Familier) Vendre moins cher qu’on a acheté, en parlant d'une marchandise.
  14. (Intransitif) Diminuer de valeur, de qualité.
    • Ce genre de valeurs a beaucoup perdu ces temps derniers.
    • Ce vin perd à être gardé longtemps.
    • Cet homme, cet ouvrage a beaucoup perdu, on en fait beaucoup moins de cas qu’auparavant.
  15. (Figuré) Ruiner, déshonorer, discréditer; causer du préjudice à la fortune de quelqu’un, à sa réputation, à sa santé, etc.
    • L’envieux fut heureux pour la première fois de sa vie. Il avait entre les mains de quoi perdre un homme vertueux et aimable. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, IV. L’envieux, 1748)
    • Bob n’allait-il pas croire que je travaillais à le perdre ? — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Il a perdu tous ceux qui se sont opposés à ses desseins.
    • Son inexactitude l’a perdu dans l’esprit de ses chefs.
    • Cette parole imprudente le perdit.
    • Ses débauches le perdront. — Vous vous perdrez d’honneur, de réputation.
    • Il se perd par ses folles dépenses. — Être perdu de dettes.
    • Être perdu de goutte, de rhumatismes.
  16. Gâter l’esprit, le jugement; Corrompre les mœurs, débaucher.
    • Il a perdu par ses maximes une infinité de jeunes gens.
    • Vous le perdez par vos flatteries. — Il s’est perdu par ses fréquentations.
    • Cette jeune fille risque de se perdre.
  17. Gâter, endommager quelque chose.
    • La nielle a perdu les blés.
    • La rivière a débordé et a perdu toutes les récoltes.
    • Un moment, une indiscrétion peut tout perdre, peut compromettre le sort de l’entreprise, pour la faire manquer.
  18. Ne pas entendre, ne pas voir.
    • Il a l’oreille dure et perd une partie de ce qui se dit dans la conversation.
    • J’étais mal placé et j’ai perdu une part du jeu des acteurs.
    • Je l’observais bien et je n’ai pas perdu un seul de ses mouvements.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PERDRE. (Je perds, tu perds, il perd; nous perdons, vous perdez, ils perdent. Je perdais. Je perdis. Je perdrai. Je perdrais. Perds. Que je perde. Que je perdisse. Perdant. Perdu.) v. tr.
Être privé de quelque chose qu'on avait, qu'on possédait. Perdre son bien. C'est un homme qui n'a rien à perdre. Ce prince perdit ses États, perdit la couronne. Lorsque les chrétiens perdirent Constantinople. Les ennemis perdirent leurs meilleures troupes dans cette bataille. Perdre sa bourse. Perdre son argent au jeu. Tout est perdu, Il n'y a plus de ressource, plus d'espérance. Vous ne perdrez rien pour attendre, Votre paiement, pour être retardé, n'en est pas moins assuré. Il se dit, par extension, pour exprimer que Le retard apporté à quelque chose n'est pas un préjudice et peut même être un avantage. On tarde à vous donner une place, mais vous ne perdrez rien pour avoir attendu. Il se dit aussi, ironiquement et par manière de menace, pour signifier Je vous châtierai, vous serez puni tôt ou tard. Allez, vous ne perdrez rien pour attendre. Fig., C'est du bien perdu se dit de Tout ce qui s'offre d'agréable ou d'utile à une personne qui ne sait pas ou qui ne peut pas en profiter. Lire de beaux vers devant des gens qui n'ont ni goût ni oreille, c'est du bien perdu.

PERDRE signifie aussi Être privé d'un avantage, d'un profit. Perdre la grâce de Dieu. Il perdit les bonnes grâces du prince. Perdre l'estime, la bienveillance, la faveur, la confiance de quelqu'un. Perdre sa réputation, son crédit, son honneur. Perdre de son crédit, de sa réputation. Perdre son emploi. Prov., Ce qui est différé n'est pas perdu, Il ne faut pas désespérer d'une chose qui peut n'être que remise.

PERDRE signifie encore Être privé, par la mort ou autrement, d'une personne qu'on aimait, qu'on a sujet de regretter. Ce père a perdu depuis peu un de ses enfants. Il a perdu son père et sa mère. Il a quitté Paris, et nous avons perdu ainsi un bon ami. Il signifie en outre Être privé de quelque partie de soi, subir la perte ou la diminution sensible de quelque faculté, de quelque avantage physique ou moral que l'on possédait. Perdre un bras, une jambe. Perdre la santé. Perdre la vue. Perdre connaissance. Perdre la raison, l'esprit, le jugement. Perdre la mémoire. Perdre le repos, le sommeil, l'appétit. Perdre sa gaieté. Perdre courage. Perdre l'usage de ses sens. Perdre la vie, Mourir. Perdre la parole, l'usage de la parole, Ne plus pouvoir parler. Le malade a perdu la parole depuis vingt-quatre heures. Il signifie aussi Devenir muet de surprise, de crainte, etc. Perdre haleine, l'haleine, perdre la respiration, En venir à respirer difficilement par suite d'un effort, d'une émotion, etc. Courir à perdre haleine. Fig., Perdre la tête, Devenir fou. Il signifie aussi Ne savoir plus où l'on en est. J'ai tant d'embarras, tant de chagrins, que j'en perds la tête. On dit, dans un sens analogue : Ma tête se perd, je m'égare. Avoir la tête perdue. Fig. et fam., Il en perd le boire et le manger se dit d'un Homme tellement appliqué à quelque travail qu'il semble négliger toute autre chose. On le dit en général d'une Personne fortement et uniquement occupée de quelque objet.

PERDRE signifie aussi Cesser d'avoir, n'avoir plus. Les arbres ont perdu leurs feuilles. Cette pierre a perdu de sa dureté. La cuisson fait perdre à ces fruits leur âpreté. Cette étoffe a perdu sa couleur, a perdu son lustre, a perdu de son lustre. Cette action perd son prix, perd beaucoup de son prix. Perdre l'aplomb, l'équilibre. J'ai perdu l'envie d'aller là. J'en ai perdu l'espérance. Perdre l'usage, l'habitude. Perdre le souvenir d'une chose. J'ai perdu la bonne opinion que j'avais de lui. Perdre l'estime, l'amitié qu'on avait pour quelqu'un. Il y a de quoi perdre contenance. Il signifie encore Cesser de suivre ou d'occuper, laisser échapper ou laisser prendre. Perdre son chemin. Il s'arrêta pendant que le cortège marchait, et il perdit son rang. Perdre la file. Les chiens ont perdu la piste, la trace, la voie, les voies de la bête. Perdre du terrain, Se laisser distancer. Il s'emploie aussi figurément et signifie Reculer dans une affaire, au lieu d'avancer. Perdre un objet de vue, Cesser de le voir. Ne perdez pas cet enfant de vue. Le vaisseau s'éloigna et nous le perdîmes de vue. Fig., Perdre de vue une affaire, Cesser de la suivre, de s'en occuper. Perdre quelqu'un de vue, Être longtemps sans en entendre parler. Perdre le fil d'un discours, Ne pouvoir plus suivre le discours qu'on avait commencé, ne pouvoir plus se ressouvenir de ce qu'on avait à dire. Je ne sais plus où j'en étais, vous m'avez fait perdre le fil de mon discours. On le dit aussi en parlant du Discours d'un autre. Cet orateur a un débit si précipité que l'on perd souvent le fil de son discours. Perdre pied, Ne plus trouver le fond de l'eau avec les pieds. Il s'emploie aussi figurément et signifie Ne savoir plus où l'on en est, se décontenancer. Perdre terre se dit d'un Bâtiment qui s'éloigne assez de la terre pour la perdre de vue. En termes de Marine, sur la Méditerranée : Perdre la tramontane; sur les autres mers : Perdre le nord, Ne plus voir l'étoile polaire, à cause des nuages qui couvrent le ciel; ne plus pouvoir s'aider de la boussole, à cause de l'agitation du vaisseau. Fig. et fam., Perdre la tramontane, perdre le nord, Être troublé, ne plus savoir où l'on en est, ne plus savoir ce qu'on fait ni ce qu'on dit. Fig. et fam., Perdre la carte, Se troubler, se brouiller, se confondre dans ses idées.

PERDRE signifie également Ne pas entendre, ne pas voir. Il a l'oreille dure et perd une partie de ce qui se dit dans la conversation. J'étais mal placé et j'ai perdu une part du jeu des acteurs. Je l'observais bien et je n'ai pas perdu un seul de ses mouvements. Il se dit encore pour Égarer. J'ai perdu mon chapeau, mes gants. Nous nous perdîmes dans le bois. Perdre quelqu'un, Le laisser s'égarer ou L'égarer, le détourner de sa route. Ce guide nous a perdus. Fig., Je m'y perds, on s'y perd, l'esprit s'y perd se dit en parlant d'une Chose si embrouillée qu'on en vient à n'y plus rien comprendre. Fig., Se perdre en conjectures, Faire mille conjectures entre lesquelles on ne sait que choisir.

PERDRE signifie aussi Faire un mauvais emploi, un emploi inutile de quelque chose, manquer à en profiter. Perdre le temps. Perdre son temps. Perdre sa peine, ses soins, ses pas. Perdre sa jeunesse. Perdre l'occasion. J'ai perdu ma journée. Il m'a fait perdre toute la matinée. C'est du temps perdu, c'est peine perdue se dit en parlant des Choses pour lesquelles on emploie inutilement du temps, de la peine, soit parce qu'elles ne le méritent pas, soit parce qu'elles ne doivent pas réussir. Heures perdues, moments perdus, Heures, moments de loisir d'une personne qui est ordinairement très occupée. On ne l'emploie guère que dans les locutions : À mes heures perdues, à ses moments perdus. J'irai vous voir à vos heures perdues. Il fait de la musique à ses moments perdus. Prov., Un bienfait n'est jamais perdu, Une bonne action trouve tôt ou tard sa récompense. Prov. et fig., À laver la tête d'un âne, d'un More, on perd sa lessive, On perd les peines qu'on prend pour instruire une personne stupide, indocile, obstinée, ou pour lui faire entendre raison. Fig., Perdre son latin, Employer, sans succès, son savoir et sa peine. Il a voulu le persuader, il y a perdu son latin.

PERDRE signifie encore Être vaincu en quelque chose par un autre, avoir du désavantage contre quelqu'un ou quelque chose. Perdre une gageure, un pari, un dédit. Perdre la partie. Qui quitte la partie la perd. Perdre partie, revanche et le tout. Il a perdu son procès. Perdre son avantage, sa supériorité. Il joue à tout perdre se dit de Celui qui expose, tout d'un coup, au hasard tout ce qu'il a, ou les plus grands intérêts dont il soit chargé.

PERDRE s'emploie quelquefois absolument et signifie Ne pas obtenir le gain, le profit, l'avantage qu'on désirait ou qu'on espérait. Vous n'avez pas perdu au change. Il faut savoir perdre pour gagner. J'ai perdu avec un beau jeu. Je ne perds ni ne gagne rien à ce changement. Jouer à qui perd gagne, Jouer à un jeu où l'on convient que celui qui perdra selon les lois ordinaires gagnera la partie. Il se dit, figurément et familièrement, Lorsqu'un désavantage apparent procure un avantage réel. Perdre sur une marchandise, La vendre moins cher qu'on ne l'a achetée.

PERDRE signifie aussi Diminuer de valeur, de qualité. Son papier perd tant pour cent. Ce genre de valeurs a beaucoup perdu ces temps derniers. Ce vin perd à être gardé longtemps. Cet homme, cet ouvrage a beaucoup perdu, On en fait beaucoup moins de cas qu'auparavant. Ne rien perdre, ne pas perdre à une chose, N'en pas être diminué de valeur, n'en pas éprouver de désavantage. Cet ouvrage n'a rien perdu à être traduit. Cet homme ne perd pas à être connu.

PERDRE signifie au figuré Ruiner, déshonorer, discréditer; causer du préjudice à la fortune de quelqu'un, à sa réputation, à sa santé, etc. C'est un homme qui vous perdra. Il a perdu tous ceux qui se sont opposés à ses desseins. Son inexactitude l'a perdu dans l'esprit de ses chefs. Cette parole imprudente le perdit. La fréquentation de cette maison l'a perdu. Ses débauches le perdront. Vous vous perdrez d'honneur, de réputation. Il se perd par ses folles dépenses. Être perdu de dettes. Être perdu de goutte, de rhumatismes. C'est un homme perdu se dit d'un Homme dont les affaires, la fortune sont ruinées.

PERDRE signifie aussi Gâter l'esprit, le jugement; Corrompre les mœurs, débaucher. Il a perdu par ses maximes une infinité de jeunes gens. Vous le perdez par vos flatteries. Il s'est perdu par ses fréquentations. Cette jeune fille risque de se perdre. Femme perdue, Femme de mauvaise vie.

PERDRE signifie encore Gâter, endommager quelque chose. La nielle a perdu les blés. La rivière a débordé et a perdu toutes les récoltes. Un moment, une indiscrétion peut tout perdre, Il suffit d'un moment, d'une indiscrétion pour compromettre le sort de l'entreprise, pour la faire manquer.

SE PERDRE signifie Faire naufrage. Ce bâtiment s'est perdu sur une côte, contre un rocher. Ces bateaux se sont perdus corps et biens. Il signifie aussi Disparaître. Il se perdit dans la foule, et je ne pus le retrouver. Un ballon qui se perd dans les nues. Fig. et fam., Se perdre dans les nues, dans les nuages, S'élever trop haut, exprimer des idées vagues, chimériques. Fig., Se perdre dans des digressions, Se livrer à des digressions qui font oublier le sujet principal. Le parfum de cette liqueur, de cette essence s'est perdu, Il s'est dissipé, il s'est évaporé. Ces couleurs, ces nuances se perdent l'une dans l'autre, Elles passent insensiblement de l'une à l'autre, elles se fondent l'une dans l'autre. Cette rivière se perd dans la terre, sous terre à tel endroit, Elle s'enfonce en terre, elle disparaît à tel endroit. Cette rivière se perd, va se perdre dans telle autre, dans un lac, Elle se jette, elle tombe dans telle autre, dans un lac. On dit à peu près de même Ce fleuve, cette rivière se perd dans les sables. Le chemin se perd en tel endroit, Il cesse d'être frayé en tel endroit. Cet usage se perd de jour en jour, De jour en jour on cesse de le suivre, on y renonce. On dit dans le même sens Ce mot s'est perdu, cette acception du mot s'est perdue.

SE PERDRE signifie, dans le langage religieux, Se damner. Beaucoup de pécheurs se perdent par orgueil.

ÊTRE PERDU se dit de Quelqu'un qu'on n'a plus d'espoir de guérir. Ce malade est perdu. Le participe passé s'emploie adjectivement dans un certain nombre d'expressions : Pays perdu, Pays écarté. Balle perdue, Balle qui atteint une personne, une chose qui n'était pas visée. Puits perdu, Puits dont le fond est de sable et où les eaux se perdent. Fig., en termes de Maçonnerie, Ouvrages à pierres perdues, à pierre perdue, Construction qu'on établit dans l'eau en y jetant de gros quartiers de pierre. Les fondations de cette digue, de ce môle ont été faites à pierres perdues. Moulage à cire perdue, Moulage dans lequel la maquette en cire est détruite par l'opération. Faire flotter du bois à bois perdu, à bûche perdue, Le jeter dans de petites rivières non navigables pour le rassembler à leur embouchure dans de plus grandes rivières et en former des trains. Fig., À corps perdu, Avec impétuosité, sans songer à se ménager. Se jeter à corps perdu sur quelqu'un. Se jeter à corps perdu dans la mêlée. Il se jette à corps perdu dans les entreprises les plus hasardeuses. Placer de l'argent à fonds perdus, Placer son argent en viager. Pain perdu. Voyez PAIN. Fig., Salle des pas perdus, Grande salle de libre accès, qui sert de vestibule à un édifice public et de promenoir d'attente. Reprise perdue, Reprise faite de manière qu'on ne l'aperçoive pas et qu'elle se confonde avec le tissu de l'étoffe. En termes de Peinture, Contours perdus, Contours qui ne tranchent pas sur le fond. En termes de Guerre, Sentinelle perdue, Sentinelle postée dans un lieu extrêmement avancé. Enfants perdus se disait de Ceux que l'on chargeait des expéditions, des missions les plus périlleuses. Commander les enfants perdus. Il combattit à la tête des enfants perdus. Il se dit, par extension, de Ceux que l'on pousse à faire les premières et les plus périlleuses démarches dans une affaire de parti, ou qui s'y aventurent d'eux-mêmes. C'est l'enfant perdu du parti. Il s'est avancé dans cette affaire en enfant perdu. Fig., C'est une tête perdue se dit d'une Personne qui montre dans sa conduite, dans ses discours une sorte d'égarement d'esprit. Prov. et fam., Pour un de perdu, deux de retrouvés se dit en parlant des Choses dont on veut faire entendre que la perte est facile à réparer. Substantivement, Courir comme un perdu, crier comme un perdu, Courir, crier de toute sa force.

Littré (1872-1877)

PERDRE (pèr-dr' ; à la 2e et à la 3e personne, tu perds, il perd, se prononcent pêr, sans que l's ou le d se lient : il pêr un temps précieux) v. a.

je perds, tu perds, il perd ; je perdais ; je perdrai ; je perdrais ; je perdis ; perds, perdons ; que je perde, que nous perdions ; que je perdisse ; perdant, perdu.

Résumé

  • 1° Être privé de quelque chose dont on était en possession.
  • 2° Être privé d'un avantage, d'un profit qu'on aurait pu obtenir.
  • 3° Être privé, par la mort ou autrement, de personnes qu'on aime, qu'on regrette.
  • 4° Être privé de quelque partie de soi.
  • 5° Ne pas entendre ; ne pas comprendre ; ne pas voir.
  • 6° Être privé d'une chose qui est sortie de notre possession par quelque accident ; se séparer de ; égarer.
  • 7° Cesser d'avoir, n'avoir plus.
  • 8° Cesser de suivre, d'occuper, laisser échapper, laisser prendre.
  • 9° Perdre, en termes de marine.
  • 10° Faire un mauvais emploi, un emploi inutile.
  • 11° Avoir le désavantage.
  • 12° Causer la ruine de quelqu'un.
  • 13° Gâter l'esprit, corrompre les mœurs, causer la damnation.
  • 14° Endommager, gâter.
  • 15° Confondre avec, rendre insensible dans.
  • 16° V. n. Ne pas obtenir le gain, le profit, l'avantage qu'on espérait.
  • 17° Avoir le désavantage au jeu.
  • 18° Diminuer de valeur.
  • 19° Perdre, en termes de marine.
  • 20° Se perdre, v. réfl. Être perdu, devenir à rien.
  • 21° S'abîmer.
  • 22° Disparaître.
  • 23° Se terminer.
  • 24° Se confondre en.
  • 25° S'anéantir.
  • 26° Faire naufrage.
  • 27° S'égarer, ne plus retrouver son chemin.
  • 28° Avoir l'esprit surmonté par la grandeur ou la difficulté des choses.
  • 29° Avoir l'esprit absorbé.
  • 30° Cesser d'avoir des rapports d'amitié.
  • 31° Causer sa propre ruine.
  • 32° Se damner.
  • 33° Au billard, jeter sa propre bille dans une blouse.
  • 1Être privé de quelque chose dont on était en possession. On perd tout quand on perd un ami si fidèle, Corneille, Hor. II, 1. Je perdrai mes États, et garderai mon rang, Corneille, Nicom. III, 1. Elle eut une magnificence royale ; et l'on eût dit qu'elle perdait ce qu'elle ne donnait pas, Bossuet, Reine d'Anglet. Je serrais les bras, mais j'avais déjà perdu ce que je tenais, Bossuet, Duch. d'Orl. Les misérables qui n'ont rien à perdre, Bossuet, Hist. III, 7. Le prince d'Espagne, Louis de la Cerda, fils de celui qui perdit le trône, Voltaire, Mœurs, 141.

    Perdre Dieu, ne plus avoir sa grâce, ne plus croire en lui. C'est ainsi que nous perdons Dieu, dont toutefois nous ne pouvons nous passer ; car il y a au fond de notre âme un secret désir qui le demande sans cesse, Bossuet, la Vallière.

    Familièrement. Vous ne perdrez rien pour attendre, c'est-à-dire le retard ne vous sera pas préjudiciable, ou, ironiquement, vous serez puni comme vous le méritez. Croyez-moi, vous n'y perdrez rien, La Fontaine, Fianc.

    On dit dans le même sens : n'en perdre que l'attente. Tu n'en perds que l'attente, et je te le promets, Molière, le Dép. III, 10.

    Il se dit aussi des personnes en ce même sens. Après tout, je suis plus à vous que jamais ; il est vrai, madame, que vous ne sauriez me perdre, quelque négligence que vous ayez pour moi, Voiture, Lett. 17. Il faut venger un père et perdre une maîtresse, Corneille, Cid, I, 9. Je crus que je ne vous perdrais pas pour cela [une lettre non écrite], puisque vous ne m'aviez pas perdue pour quelque chose de plus, Sévigné, à Bussy, 6 juillet 1670. On le négligea comme un serviteur qu'on ne pouvait perdre, Fléchier, Duc de Mont. La neutralité entre des femmes qui nous sont également amies, quoiqu'elles aient rompu pour des intérêts où nous n'avons nulle part, est un point difficile ; il faut choisir souvent entre elles, ou les perdre toutes deux, La Bruyère, III.

  • 2Être privé d'un avantage, d'un profit qu'on aurait pu obtenir. Perdre les bonnes grâces de quelqu'un. Perdre sa réputation, son honneur, ses emplois. Deux mots que lui dit son père lui font bien entendre qu'il n'a pas perdu ses avantages, Bossuet, Mar.-Thér. Je perdrais ma vengeance en la rendant si prompte, Racine, Bajaz. IV, 6. Ils se voient mille fois à la veille de perdre en un instant le fruit d'une vie entière de recueillement et de pénitence, Massillon, Carême, Samarit.
  • 3Être séparé, par la mort ou autrement, de personnes qu'on aime, qu'on regrette. Notre servante s'est mariée ; nous avons perdu là une excellente domestique. Plaignez-moi d'avoir perdu le cardinal de Retz, Sévigné, à Bussy, 25 août 1679. Je crains toujours qu'elle ne perde bientôt son mari, et que vous ne la perdiez ensuite, Maintenon, Lettre à Mme de Caylus, 15 oct. 1715. Mais il me faut tout perdre et toujours par vos coups, Racine, Andr. I, 4. J'ai perdu, dans la fleur de leur jeune saison, Six frères…, Racine, Phèdre, II, 1. J'ai perdu mon cher Damilaville, dont l'amitié ferme et courageuse avait été longtemps ma consolation, Voltaire, Lett. à M. Thiriot, 27 janv. 1769. Vous aurez déjà appris que nous avons perdu Gresset, si le mot perdu n'est pas trop fort pour un homme qui ne disait plus que des orémus, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 23 juin 1777.
  • 4Être privé de quelque partie de soi. Quel avantage pensait nous procurer Platon, en disant que c'était [l'homme] un animal à deux jambes sans plumes ?… puisqu'un homme ne perd pas l'humanité en perdant les deux jambes, et qu'un chapon ne l'acquiert pas en perdant ses plumes, Pascal, Géométr. I. Il vaut bien mieux perdre votre pied, votre main, votre œil, tout votre corps, que de vous mettre en danger de perdre votre âme, Bourdaloue, 3e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 107. Il perdait son sang et ses forces, Fénelon, Tél. X. Perdrai-je l'œil ? lui dit Messer Pancrace [qui avait reçu un coup dans l'œil]. - Non, mon ami ; je le tiens dans ma main, Rousseau J.-B. Épigr. I, 25.

    Perdre la vie, mourir. Je crus que Mentor avait perdu la vie, Fénelon, Tél. IV.

    Perdre la tête, avoir la tête coupée. Trois pairs écossais furent condamnés à perdre la tête, Voltaire, Louis XV, 25.

    Fig. Perdre la tête, devenir fou, et aussi ne savoir plus où l'on en est. Ayez pitié de votre ancienne créature qui a perdu la tête, et à qui il ne reste que son cœur, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 août 1777. Le comte : Ah ! qu'il consente à tout, et je ne lui demande rien. - Figaro : Que la quittance de mes cent écus : ne perdons pas la tête, Beaumarchais, Barb. de Sév. IV, 8.

    Populairement. Perdre la boule, ne plus savoir ce qu'on fait (boule est ici un mot populaire pour tête). Laissez-moi donc tranquille ; avec toutes vos observations vous me feriez perdre la boule.

    Subir la perte ou la diminution de quelque faculté physique ou morale. Perdre le repos, le sommeil. Perdre patience. Perdre courage. Il [Charles Ier] a montré qu'il n'est pas permis aux rebelles de faire perdre la majesté à un roi qui sait se connaître, Bossuet, Reine d'Anglet. Il perd le sentiment, Racine, Andr. v, 5. Si je le hais, Cléone ? il y va de ma gloire Après tant de bontés dont il perd la mémoire, Racine, Andr. II, 1. Je plains Votre Majesté si elle commence, comme elle prétend, à perdre la mémoire ; il y a longtemps que j'ai commencé à la perdre aussi, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 13 déc. 1782.

    Perdre la parole, l'usage de la parole, perdre la voix, ne plus pouvoir parler. Dandin : Parlez donc, avocat. - Petit Jean : J'ai perdu la parole, Racine, Plaid. III, 3. Perdant tout ensemble et la voix et les pleurs, Ducis, Oscar, II, 2.

    Fig. Perdre la parole, devenir muet de surprise, de crainte, d'embarras. Avez-vous donc perdu, dites-moi, la parole ? Molière, Tart. II, 3.

    Perdre haleine, l'haleine, la respiration, manquer de respiration. Écoute, mouchard, mon ami, Je suis ton capitaine ; Sois gai pour tromper l'ennemi, Et chante à perdre haleine, Béranger, la Conspir. des chansons.

    Perdre l'esprit, devenir fou, et aussi ne pas savoir comment se tirer de quelque embarras. Je tremble au seul récit de la tempête furieuse dont sa flotte fut battue pendant dix jours ; les matelots furent alarmés jusqu'à perdre l'esprit, Bossuet, Reine d'Anglet.

    On dit dans le même sens : perdre le jugement. Avez-vous, dites-moi, perdu le jugement ? Molière, Mis. IV, 3.

    Familièrement. Il en perd le boire et le manger, c'est-à-dire il est tellement préoccupé de quelque chose qu'il semble ne songer à rien autre.

  • 5Ne pas entendre. Il a l'oreille dure, il perd une partie de ce qui se dit dans la conversation. Je ne perdis rien de tout ce qu'elle me dit, et en vérité je vous le rapporte presque mot pour mot, tant j'en fus frappée, Marivaux, Marianne, part. I.

    Ne pas comprendre. Il sait l'anglais imparfaitement, et il perd une partie de ce qui se dit.

    Ne pas voir. Il était mal placé, et perdait une partie du jeu des acteurs. Sainville ne perdait aucun de ses mouvements, Genlis, Vœux téméraires, t. III, p. 242, dans POUGENS.

  • 6Être privé d'une chose qui est sortie hors de notre possession par quelque accident. Perdre son chapeau, son mouchoir. Le bon est qu'en courant il a perdu sa botte, Et que, marchant toujours, enfin il s'est trouvé Une botte de moins quand il est arrivé, Regnard, le Distr. I, 6.

    Priver quelqu'un d'une chose qu'on met par accident hors de sa possession. On lui perd tout, on lui égare tout, La Bruyère, XI.

    Perdre quelqu'un, se séparer de lui de manière à ne plus pouvoir le retrouver. J'ai perdu mon maître à l'Opéra ; je ne sais ce qu'il est devenu, Baron, Homme à bonnes fort. IV, 5.

    En ce sens, il se dit aussi de certains animaux. Ce chien a perdu con maître.

    Perdre quelqu'un, le détourner de sa route, l'égarer. Ce postillon nous a perdus.

    Perdre quelqu'un, perdre un chien, signifie aussi l'égarer de manière à ne plus le retrouver. Il faut perdre ce chien. Cidalise la promène ; elle tâchera de la perdre comme un animal incommode, Dancourt, Foire de Besons, SC. 14. esser d'avoir, n'avoir plus. Les arbres ont perdu leurs feuilles. Cette étoffe a perdu sa couleur. Attale : Insolent ! est-ce enfin le respect qui m'est dû ? - Nicomède : Je ne sais de nous deux, seigneur, qui l'a perdu, Corneille, Nicom. I, 2. Tellier et Servien se contentèrent de ne lui pas applaudir [à Mazarin] ; mais le garde des sceaux lui perdit tout respect, Retz, III, 136. Ce présent perdait son prix par son abondance, Pascal, Géométr. 2. J'ai perdu, à force de vous écouter, la grossière ignorance sur bien des choses, Sévigné, 15 sept. 1680. À force d'attentats perdre tous mes remords, Racine, Athal. III, 3. Nous avons perdu l'espérance de le revoir, Fénelon, Tél. I. Il n'avait rien perdu de sa fierté, Fénelon, ib. XVI.

    Fig. J'y perdrai mon nom, voy. NOM, n° 1, à la fin.

    Cette rivière perd son nom dans telle autre, cette rivière, en tombant dans telle autre, prend le nom de celle-ci.

    Renoncer à. Ah ! madame, perdez cette injuste créance, Mairet, Sophon. III, 4. La belle, voyez-vous, qu'on perde ces caprices, Corneille, la Gal. du Pal. Roy. IV, 11. Et les premières flammes S'établissent des droits si sacrés sur les âmes, Qu'il faut perdre fortune et renoncer au jour, Plutôt que de brûler des feux d'un autre amour, Molière, Femmes sav. IV, 2. Quoi ! vous ne perdrez point cette cruelle envie [de mourir] ? Racine, Phèdre, I, 3. Votre mélancolie m'afflige ; vous la perdrez sans doute devant la fille que je vous destine, Brueys, Muet, I, 5. Vous resterez, je le veux ; il faut perdre cet air chagrin et demeurer, Mme Riccoboni, Sophie de Vallière, t. IV, p. 123, dans POUGENS.

  • 8Cesser de suivre, d'occuper, laisser échapper, laisser prendre. Perdre son chemin. Le cocher s'est laissé couper, il a perdu la file. Je ferai que le pilote perdra sa route, Fénelon, Tél. IX. Tout à coup elle [Cymodocée] s'aperçoit qu'elle a perdu le sentier de la montagne, Chateaubriand, Mart. I.

    Fig. Perdre la trace, les voies, le train d'une affaire, ne savoir plus où elle en est.

    Perdre du terrain, reculer au lieu d'avancer ; se laisser distancer par un concurrent.

    Terme de manége. Perdre du terrain, se rétrécir sur les voltes.

    Perdre de vue, voy. VUE.

    Fig. Perdre le fil de son discours, n'en pouvoir plus trouver la suite.

    Perdre le fil du discours d'un autre, n'en pas pouvoir comprendre la suite.

    Perdre pied, perdre terre, ne plus trouver le fond de l'eau avec les pieds ; et fig. ne savoir plus où l'on on est.

  • 9 Terme de marine. Perdre terre, cesser de voir la terre.

    Perdre la sonde, ou perdre le fond, quitter les parages où l'on pouvait sonder.

    Perdre la tramontane, voy. TRAMONTANE.

    Fig. et familièrement. Perdre la carte, se brouiller dans ses idées.

    Perdre ses mâts, ses voiles, son gouvernail, se dit lorsque les mâts sont abattus, les voiles emportées, le gouvernail démonté par l'effet du mauvais temps.

    Un officier commandant perd ou a perdu un bâtiment, lorsque ce bâtiment fait ou a fait naufrage pendant qu'il le commandait.

  • 10Perdre, faire un mauvais emploi, un emploi inutile. Et je perds mon trépas, Puisque, mourant pour lui, je ne le sauve pas, Corneille, Héracl. v, 6. Il aime mieux se jeter aux pieds de cette marâtre impérieuse qu'il hait et qu'il a bravée, que de perdre des prières et des soupirs auprès d'un père qui l'aime dans le fond de l'âme, et n'oserait lui rien accorder, Corneille, Ex. de Théod. Perdez fort peu de temps en ce doux entretien, Corneille, Sophon. IV, 4. Ne perds plus de raisons à combattre ma flamme, Corneille, Tite et Bérén. v, 1. A-t-on gagé d'être parfaite ? non assurément ; et, si j'avais fait cette gageure, j'y aurais bien perdu mon argent, Sévigné, 61. Entrez dans ces raisonnements [les probabilités que le jeune de Grignan n'aille pas à la guerre] … et ne vous mettez point si tôt en travail ; c'est dommage de perdre vos douleurs, Sévigné, 28 févr. 1689. Et de ce peu de jours si longtemps attendus, Ah ! malheureux ! combien j'en ai déjà perdus ! Racine, Bérén. IV, 4. En quels retardements D'un jour si précieux perdez-vous les moments ? Racine, Bajaz. IV, 6. Ma vengeance est perdue, S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue, Racine, Andr. IV, 4.

    Perdre temps, perdre du temps. Laisse-moi, raison importune… Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir, Malherbe, V, 18. Je n'ai point perdu temps, et, voyant leur colère [des conjurés contre Auguste] Au point de ne rien craindre, en état de tout faire, J'ajoute en peu de mots…, Corneille, Cinna, I, 3. Qu'on ne perde point temps à s'entre-regarder ; Parlez…, Corneille, Androm. II, 1.

    Perdre temps, ne pas arriver à temps. Monsieur, j'ai perdu temps, votre homme se dédit, Molière, l'Ét. III, 2.

    Ne perdez point de temps à, hâtez-vous de (locution vieillie). Ne perdez point de temps à le porter [l'entier payement] ici, ni à le donner à Saint-Georges sur son reçu, Mme de Grignan, à un homme d'affaires, 1694, dans Bibl. des chartes, 1le série, t. IV.

    Familièrement. Il y perd son latin, voy. LATIN, n° 6.

    Dans un sens analogue. Je sens déjà crouler notre planète ; L'observatoire y perdra ses compas, Béranger, Comète.

    Fig. Vous y perdez vos pas, c'est-à-dire vous ne réussirez pas à ce que vous entreprenez. Qui va, qui vient, qui court, qui perd ses pas, La Fontaine, Magn.

  • 11Avoir le désavantage. Je voudrais, m'en coutât-il grand'chose, Pour la beauté du fait avoir perdu ma cause, Molière, Mis. I, 1. Si vous perdez une bataille, tout est perdu dans ce moment ; si vous ne la donnez pas, vous perdez tout, peut-être un peu plus lentement, mais vous perdez tout, Maintenon, Lett. à Mme des Ursins, 18 juillet 1706. La jurisprudence d'Espagne est précisément comme celle de France : on change de lois en changeant de chevaux de poste, et on perd à Séville le procès qu'on aurait gagné à Saragosse, Voltaire, Lett. Servan, 13 janv. 1768.

    Ne rien perdre, n'éprouver aucun désavantage. Il m'envoie sa harangue, qui ne perd rien pour être imprimée, Sévigné, 228. Si leur union [de Louis XIV et de Charles II] ne perd rien de sa fermeté, Bossuet, Duch. d'Orl. Je me trouvai sur son passage, elle ne perdait rien à être vue de près, Marivaux, Pays. parv. part. v.

    Terme de jeux. Perdre les cartes, faire moins de levées que la personne contre laquelle on joue.

    Il se dit aussi de l'argent que l'on donne à celui qui gagne une partie de jeu. Mon fils me fit l'autre jour une assez méchante plaisanterie : il me manda qu'il avait perdu au reversis deux cent soixante louis, Sévigné, 442.

    Fig. Il joue à tout perdre, il expose au hasard tout ce qu'il a, ou les plus grands intérêts dont il soit chargé.

  • 12Causer la ruine. Quels que soient leurs décrets [des dieux], déclarez-vous pour eux, Et pour leur obéir perdez le malheureux, Corneille, Pomp. I, 1. Je perdrai qui me perd, ne pouvant me sauver, Corneille, ib. II, 4. Je perdrai toute la maison d'Achab, et je tuerai de la maison d'Achab jusqu'aux petits enfants, jusqu'aux animaux, Sacy, Bible, Rois, IV, IX, 8. Étant tous unis dans le dessein de perdre M. Arnauld, Pascal, Prov. I. Antiochus l'illustre, roi de Syrie, conçut le dessein de perdre ce peuple divisé [les Juifs], pour profiter de ses richesses, Bossuet, Hist. II, 5. L'empereur [Théodose], ayant appris ce désordre, en fut tellement irrité, qu'il résolut de perdre cette ville [Thessalonique], et condamna à la mort une partie de ses habitants, Fléchier, Hist. de Théodose, IV, 2. Et, pour nous rendre heureux, perdons les misérables, Racine, Brit. II, 8. On se perdait en voulant perdre l'innocence, Massillon, Dauphin. Que voulez-vous que je vous réponde ? vous avez voulu me perdre, et vous réussissez à merveille, Dancourt, Bourg. à la mode, v, sc. dern. Les leudes et les grands officiers se crurent perdus ; ils la perdirent [Brunehault], Montesquieu, Esp. XXXI, 1. La cabale jésuitique ne voulut-elle pas perdre Fontenelle ? Voltaire, Dict. phil. Quisquis.

    Perdre d'honneur, de réputation, ôter l'honneur, la réputation, en action ou en parole. Il a perdu d'honneur [par un soufflet] Celui que de mon fils j'ai fait le gouverneur, Corneille, Cid, II, 7. Toujours protectrice des gens qu'elle perdait de réputation par la bouche des autres, Marivaux, Pays. parv. part. 3. Tu me perds d'honneur, ma chère Polly, Voltaire, Écoss. II, 5.

    Perdre auprès de quelqu'un, dans l'esprit de quelqu'un, ôter la faveur, la bonne opinion. Je vois qu'il a voulu me perdre auprès de vous, Corneille, Nicom. IV, 2. Que ne m'avez-vous consultée avant que d'écrire à ma mère, lui repartis-je en sanglotant ? vous achevez de me perdre auprès d'elle, Marivaux, Marianne, 9e part.

    Par exagération. Causer un grand tort, un grand embarras. Mon cher oncle, je m'en irai ; je m'en retournerai ; ne me perdez pas, Diderot, Père de famille, v, 12. Viens donc, malheureux ! tu me perds, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 2.

    Il se dit aussi des choses qui causent la ruine. D'un si lâche dessein mon âme est incapable, Il perd trop d'innocents pour punir un coupable, Corneille, Cinna, III, 1. Je lui ai dit que son indiscrétion la perdrait, que son silence ferait sa fortune, Marivaux, Marianne, 6e part. Il leur est arrivé [aux jésuites] dans un siècle de lumière et de modération ce qui arriva aux templiers dans un siècle d'ignorance et de barbarie : l'orgueil perdit les uns et les autres, Voltaire, Louis XV, 38.

  • 13Gâter l'esprit, corrompre les mœurs. Lorsque le roi Henri VIII s'égara dans les passions qui ont perdu Salomon et tant d'autres rois, Bossuet, Reine d'Anglet. Malheureuse ! voilà comme tu m'as perdue, Racine, Phèdre, IV, 6.

    Perdre une femme, la jeter dans le désordre. Comment l'amour, qui perd tant d'honnêtes femmes…, Rousseau, Hél. v, 13. L'indigence et la séduction perdaient une fille modeste et sage, qui peut faire un jour une excellente mère de famille, Rousseau, ib. I, 39.

    Causer la damnation. Et mille fois elle [l'âme du religieux] se félicite elle-même d'avoir su perdre sa liberté, afin que sa liberté ne la perdît pas, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 481. C'est une illusion qui perd une infinité de demi-chrétiens, et qui nous perdra, Bourdaloue, 6e dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I, p. 331 et 332. Ô Dieu !… si le nombre de ceux qu'il faudrait perdre ne vous fait rien rabattre de la sévérité de vos lois, Massillon, Carême, Élus. Perdre son âme, se damner.

  • 14Endommager, gâter. La nielle a perdu les blés. La pluie a perdu la robe de cette dame.
  • 15Confondre avec, rendre insensible dans. Il faut perdre cette nuance dans les autres.

    Terme de gravure. Perdre une taille, la rendre insensible ; la joindre à une autre, de manière que les deux se confondent ensemble.

  • 16 V. n. Perdre, ne pas obtenir le gain, le profit, l'avantage qu'on espérait. Si elle [Mme de Bouillon] est innocente, elle perd infiniment de n'avoir pas le plaisir de triompher, Sévigné, 16 févr. 1680. Je comprends qu'en effet vous perdez un peu que je ne sois plus à Paris, Sévigné, 17 mai 1680. Je suis charmé de mon prédicateur ; vous avez bien perdu de n'être pas à son sermon, Fénelon, t. XXI, p. 3.

    Ce marchand perd sur sa marchandise, il la vend moins cher qu'il ne l'a achetée.

    Il perd dans son commerce, il y souffre du dommage, du préjudice.

    On dit de même : perdre tant sur une marchandise, sur un marché.

    Perdre à, manquer à. Je perds bien à gagner, de ce que ma boutique, Pour être trop étroite, empêche ma pratique, Corneille, la Gal. du Pal. I, 4.

  • 17Avoir le désavantage au jeu. Si l'on joue, il gagne au jeu : il veut railler celui qui perd, et il l'offense, La Bruyère, V. Tu peux me faire perdre, ô fortune ennemie ! Mais me faire payer, parbleu, je t'en défie, Regnard, le Joueur, I, 5.

    Jouer à qui perd gagne, jouer à un jeu où l'on convient que celui qui perdra la partie selon les règles ordinaires, la gagnera ; et fig. obtenir un avantage réel au prix d'un désavantage apparent.

  • 18Diminuer de valeur. Les actions ont perdu. Je ne dormirai point sous de riches lambris : Mais voit-on que le somme en perde de son prix ? La Fontaine, Fabl. XI, 4.

    Cet homme a beaucoup perdu dans l'opinion, c'est-à-dire on en fait moins de cas qu'auparavant. Vous aviez gagné chez les paysans, vous perdez chez les beaux esprits, Rousseau, Hél. II, 27.

    Sa réputation perd chaque jour, l'estime qu'on faisait de lui diminue chaque jour.

    Diminuer d'intensité, de force, de qualité. Le vin perd en vidange. Ces fruits perdent à attendre. Je cherchai combien la lumière du soleil perdait par la réflexion à différentes distances, Buffon, Hist. min. Introd. part. exp. Œuv. t. VII, p. 144.

    Empirer. Chez les peuples misérables l'espèce perd et quelquefois dégénère, Montesquieu, Lett. pers. 122. Dans maint auteur de science profonde J'ai lu qu'on perd à trop courir le monde, Gresset, Ver-vert, ch. I.

  • 19 Terme de marine. La mer perd, la marée se retire.

    Les marées perdent, lorsqu'elles sont dans la période pendant laquelle chaque marée est plus faible que celle qui l'a précédée.

    Un navire perd, lorsqu'il est gagné par un autre ou qu'il recule au lieu d'avancer. Il perd au vent lorsqu'il ne tient pas bien le vent.

  • 20Se perdre, v. réfl. Être perdu, devenir à rien. Le temps se perd, seigneur, Corneille, Othon, I, 5. Elle gémit en vain ; sa plainte au vent se perd, La Fontaine, Fabl. II, 8. Lui [Dieu], aux yeux de qui rien ne se perd, Bossuet, Duch. d'Orl. Nous mourons tous… et nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour, Bossuet, ib. J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue, Racine, Brit. II, 2. J'entends dire qu'elle [une actrice] n'a que des défauts qui se perdent aisément, mais qu'elle a toutes les qualités qui ne s'acquièrent point, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 23 juin 1766. Ses parents, qui n'approuvaient pas ce dessein, l'envoyèrent [Juste Lipse] à Louvain, où sa vocation se perdit, Diderot, Opin. des anc. philos. (Stoïcisme).

    Se perdre, se dit des espèces qui cessent d'exister. Il y a des espèces qui se perdent. Les espèces qui se sont perdues.

    L'odeur de cette liqueur, de cette essence, s'est perdue, elle s'est dissipée.

    Neutralement. Laisser perdre, ne pas avoir soin de garder. La fortune ne laisse rien perdre pour les hommes heureux, La Rochefoucauld, Prem. pens. n° 17.

    Il se dit des lois, des usages, des coutumes qui cessent, des mots qui tombent en désuétude. Cet usage se perd de jour en jour. Ce mot se perd. Cette acception s'est perdue. La loi des Wisigoths triompha, et le droit romain s'y perdit, Montesquieu, Espr. XXVIII, 7.

    Cette rivière se perd dans la terre, sous terre à tel endroit, elle s'enfonce en terre et disparaît à cet endroit. Si ces eaux trouvent des terres sablonneuses, elles se filtrent au travers, et se perdent ; il faut des fonds qui les arrêtent, tels que sont des lits de glaise, Fontenelle, Couplet.

    Cette rivière se perd, va se perdre dans telle autre, dans un lac etc. elle se jette dans telle autre, dans un lac, etc. L'Uruguay, qui se perd dans le même fleuve [le Paraguay] vers le 34e degré de latitude, Raynal, Hist. phil. VIII, 15.

    Cette rivière se perd dans les sables, elle y finit son cours et ses eaux s'y absorbent.

    Le chemin se perd en cet endroit, il cesse d'être frayé.

  • 21S'abîmer. J'ai demandé Thésée aux peuples de ces bords Où l'on voit l'Achéron se perdre chez les morts, Racine, Phèdre, I, 1. Les jours, les mois, les années s'enfoncent, et se perdent sans retour dans l'abîme des temps, La Bruyère, XIII. La rivière s'élargissait toujours ; enfin elle se perdait sous une voûte de rochers épouvantables qui s'élevaient jusqu'au ciel, Voltaire, Candide, 17. Qui percera cette nuit profonde, qui sondera cet abîme où la nature va se perdre ? Bonnet, Consid. corps organ. Œuv. t.v, p. 188, dans POUGENS.

    Fig. Tomber comme dans un précipice. C'est dans cet abîme profond [l'incrédulité] que la princesse palatine allait se perdre, Bossuet, Anne de Gonz. Les fleuves courent se mêler dans la mer : les monarchies vont se perdre dans le despotisme, Montesquieu, Esp. VIII, 17. En niant le péché originel, vous serez forcés d'aller vous perdre dans l'athéisme, Chateaubriand, Génie, I, I, 4.

  • 22Disparaître. Et dans un char de feu te perdant à mes yeux, Tristan, Marianne, v, 3. Des montagnes qui se perdaient dans les nues, Fénelon, Tél. I. Je lui répondis que Paris était pour moi un trop grand théâtre, que je m'y perdrais dans la foule, Marmontel, Mém. II. Je me perds dans la foule et deviens invisible, Delavigne, Marino Fal. II, 4.

    Fig. Se perdre dans les nues, dans les nuages, parler avec emphase et obscurité. L'un a peur de ramper, il se perd dans la nue, Boileau, Art p. I.

    Fig. Se perdre dans des digressions, se livrer à des digressions qui font oublier le sujet principal.

  • 23Se terminer. De ces petits pourpoints sous les bras se perdant, Molière, Éc. des maris, I, 1.

    Se perdre en, se terminer en, s'épuiser en, en parlant de choses. Que l'action, marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais en une scène vide, Boileau, Art p. III. Tandis… Que vos ressentiments se perdront en discours, Racine, Brit. I, 4.

  • 24Se confondre en. Les dix tribus se perdent parmi les gentils, Bossuet, Hist. II, 4. Les peuples, réconciliés ou vaincus, viennent se perdre dans le peuple romain, Chateaubriand, Génie, IV, III, 1.

    Ces nuances, ces couleurs se perdent l'une dans l'autre, elles deviennent tellement mêlées qu'on n'en voit plus la différence.

  • 25S'anéantir. Se perdre en Dieu, c'est s'oublier soi-même, pour n'avoir le cœur occupé que de lui, Bossuet, Rép. aux diff. de Mme de la Maisonfort. Je me sentais avec une sorte de volupté accablé du poids de cet univers… j'aimais à me perdre en imagination dans l'espace, Rousseau, 3e lett. à M. de Malesherbes, Corresp. t. IV, p. 94, dans POUGENS. Va donc, douce chimère d'une âme sensible, félicité si charmante et si désirée, va te perdre dans la nuit des songes ; tu n'auras plus de réalité pour moi, Rousseau, Hél. II, 6.
  • 26Se perdre, faire naufrage. Un vieux gentilhomme qui s'était enrichi aux Indes, et qui s'était perdu en mer six mois après son mariage…, Scarron, Rom. com. I, 22. Depuis trente ans que je navigue, il ne m'est pas arrivé de voir deux vaisseaux aussi près de se perdre, La Pérouse, Voy. t. II, p. 149, dans POUGENS.
  • 27S'égarer, ne plus retrouver son chemin. Cet autre [chemin] si droit, par lequel on m'assurait que je ne me pourrais perdre quand je le voudrais, je m'y perdis hier trois fois en ne le voulant pas, Voiture, Lett. 149.

    Neutralement. Mener perdre, conduire quelqu'un pour l'égarer.

    Fig. Il [Épictète] se perd dans la présomption de ce que l'on peut, Pascal, Entret. avec M. de Saci. Je ne me perds point, dit David, dans de tels excès ; et voilà l'orgueil méprisé dans ses égarements, Bossuet, Mar.-Thér.

    Fig. Se perdre, ne plus se retrouver soi-même. Mais, en se trouvant ainsi soi-même, étrange confusion ! elle [l'âme] se perdra bientôt soi-même, Bossuet, la Vallière. Ainsi il est vrai qu'il a perdu Dieu ; mais nous avons dit, et il est vrai, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'est après cela perdu lui-même, Bossuet, ib.

  • 28 Fig. Avoir l'esprit surmonté par la grandeur ou la difficulté des choses. C'est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée, Pascal, Pens. I, 1, édit. HAVET. Ils embrouillent toutes choses, et, perdant tout ordre et toute lumière, ils se perdent eux-mêmes et s'égarent dans des embarras inexplicables, Pascal, Géométr. 1. Ne nous perdons pas, chrétiens, dans ces hautes spéculations, Bossuet, 2e sermon, Annonc. 3. Quel esprit ne se perdrait dans la contemplation de tant de merveilles ? Bossuet, 2e sermon, Nativ. 1. Enfin dans cet horrible gouffre De misère et de vanité Je me perds ; et plus j'envisage La faiblesse de l'homme et sa malignité, Et moins de la divinité En lui je reconnais l'image, Deshoulières, le Ruisseau. Les raisonneurs hardis qui se sont perdus dans la profondeur de ces recherches, Voltaire, Métaph. 3. Je me perdais dans ces foules de règles, Rousseau, Confess. VI.

    Je m'y perds, je n'y connais rien. Tout le monde a envie de rire : j'avoue, pour moi, que je m'y perds, Bossuet, Lett. quiét. 404. Comment le fils d'un berger peut-il donner quarante gros diamants ? pourquoi est-il monté sur une licorne ? on s'y perdait, Voltaire, Princ. de Babyl. II. Plus je sonde l'abîme, hélas ! plus je m'y perds, Lamartine, Méd. I, 2.

    On dit aussi en ce sens : je me perds. Quand vous me dites que cela n'est pas considérable, je me perds et ne peux comprendre comme cela se peut faire, Sévigné, 21 août 1680. Comme vous je me perds d'autant plus que j'y pense, Racine, Bérén. II, 5.

    Ma tête se perd, je m'égare, mes idées se troublent.

  • 29Avoir l'esprit absorbé. Je me perds dans cette pensée, Sévigné, 358. Le Nestor des Natchez parut se perdre dans quelque grand souvenir, Chateaubriand, Natch. liv. I.
  • 30Cesser d'avoir des rapports d'amitié. Nous ne nous perdons point, de notre race ; nos liens s'allongent quelquefois, mais ils ne se rompent jamais, Sévigné, à Bussy, 6 juill. 1670.
  • 31Causer sa propre ruine. Il se perd par ses dépenses excessives. Vous, s'il y faut périr, périssez avec moi ; C'est gloire de se perdre en servant ce qu'on aime, Corneille, Sertor. IV, 2. Cléone : Vous vous perdez, madame ; et vous devez songer… - Hermione : Que je me perde ou non, je songe à me venger, Racine, Andr. IV, 4.

    Il joue à se perdre, se dit d'un homme qui s'expose à perdre sa vie, sa fortune, sa réputation.

    Se perdre d'honneur, ruiner soi-même sa réputation. Voulez-vous que pour lui je me perde d'honneur ? Corneille, Pulch. I, 5.

    Se perdre dans l'esprit de quelqu'un, s'enlever auprès de lui tout crédit, toute bonne opinion. Mademoiselle [de Montpensier] se perdit pour jamais dans l'esprit du roi, Voltaire, Louis XIV, 5.

    Se perdre à crédit, à plaisir, de gaieté de cœur, se faire tort par étourderie. C'est se perdre de gaieté de cœur, Delavigne, D. Juan d'Autriche, II, 7.

  • 32Se damner. Si vous en demeurez là, vous ne laisserez pas de vous perdre, mais au moins vous vous perdrez en honnête homme, Pascal, Condit. des grands, 3. Les pécheurs ordinaires se perdent par un excès de confiance ; mais les libertins et les impies déclarés se perdent par un défaut de confiance, Bourdaloue, Exhort. sur la trah. de Judas, t. I, p. 450. Verrai-je tout le monde se convertir, pendant que vous demeurerez dans le chemin de vous perdre ? Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 15 mars 1693. Elles se perdaient gaiement par la galanterie, la bonne chère et par l'oisiveté ; et elles se perdent tristement par la présomption et par l'envie, La Bruyère, III.
  • 33 Terme de jeu de billard. Se perdre, mettre sa propre bille dans une blouse, ou la faire sauter hors des bandes.

PROVERBES

Il se faut garder des gens qui n'ont rien à perdre.

Marchand qui perd ne peut rire.

À tout perdre il n'y a qu'un coup périlleux, se dit, lorsqu'en risquant tout, on se résout à tout ce qui peut arriver.

À laver la tête d'un âne, d'un More, on perd sa lessive, on perd sa peine à instruire une personne têtue, stupide, indocile.

Il ne faut pas laisser perdre les bonnes coutumes, se dit en parlant de quelque fête où l'on se réjouit.

Qui quitte la partie la perd, se dit au jeu, et aussi pour marquer qu'il faut poursuivre ce qu'on entreprend.

Il est aujourd'hui la Saint-Lambert, qui quitte sa place la perd.

Qui perd le sien, perd le sens.

REMARQUE

Fléchier voulait qu'on dît au présent, avec l'interrogation : perdé-je ? Vaugelas, qu'on dît perds-je ? Perdé-je est dit par Mme de Grignan : Rien n'est plus digne de vos regrets [que la mort de Mme de Sévigné] ; et moi, monsieur, que ne perdé-je point ? dans SÉV. t. x, p. 387, éd. RÉGNIER. Louis XIV dit un jour : Depuis six ans que j'ai tant d'ennemis sur les bras, perds-je un seul pouce de terre, dans RICHELET, Dict. Il ne faut pas dire perdé-je qui est un barbarisme ; perds-je, qui est correct, n'est pas usité : il faut dire est-ce que je perds ?

HISTORIQUE

Xe s. Melz [mieux] [elle] sostendreiet les empedemenz, Qu'elle perdesse sa virginitet, Eulalie. Car co videbant per spiritum prophete, que astreient [seraient] li judei perdut, si cum il ore sunt, Fragm. de Valenc. E io ne dolreie [je ne serais pas en chagrin] de tanta millia hominum, si perdut erent ? ib. p. 469.

XIe s. Dous [deux] sunt perceners [ont portion] de une erité, e est l'un emplaidé senz l'altre, e per sa folie si pert ; ne deit pur ço l'altre estre perdant, Lois de Guill, 39. Assez est mielz qu'il i perdent les chez [têtes], Ch. de Rol. III. A bien petit que il ne pert le sens, ib. XXII.

XIIe s. La teste [il] i pert, n'i laissa autre gage, Ronc. p. 64. Car qui le sien donne retraiament [de mauvaise grace], Son gré en pert…, Couci, XVI. Onques teurtre [tourterelle] qui pert son compagnon Ne fut un jour de moi plus esbahie, ib. XXIV. Car cil qui voit tel amour desevrer, A assez plus de duel [deuil] et de pesance Que n'auroit jà li rois s'il perdoit France, ib. XXIV. N'i [en une belle femme] perdi pas nature ses oevres ne son tens, Sax. v. Jà Herupe la gente… Ne perdra à mon temps sa franchise et son nom, ib. XX.

XIIIe s. Tant [elle] fuit que de lui [elle] perdent li serjant le regart, Berte, XXII. Et longuement avez esté au bois perdue, ib. LII. …Qui font tant par trop boire Que il en perdent si le sens et la memoire…, ib. LXVI. J'ai ma route [chemin] perdue, s' [si] en ai le cuer dolent, ib. CX. Et quant li quens [le comte] vit et entendit lor mauvais cuers et lor mauvais respons, si ot tout le cuer pierdu, Chr. de Rains, 183. Quant ton tens perdu i auras, la Rose, 4632. Qui ne pense neant des choses alées [passées] a sa vie perdue, Latini, Trésor, p. 349. Vos choses visitez sovent… quar li sages dist que celly qui sovent veyt son desert, se rien ne gaigne, rien ne pert, Bibl. des chartes, 4e série, t. II, p. 375. Se nous ne nous croisons, nous perdrons le roy ; et se nous nous croisons, nous perdrons Dieu ; que [car] nous ne nous croiserons pas pour li, Joinville, 299. Et il me vit, et estandi ses bras, et me dit : A ! seneschal, j'ai perdue ma mere, Joinville, 281.

XIVe s. Se je perdi ier soir, je doi hui recouvrer, Baud. de Seb. VIII, 483. Et se tu prens gens de nient, Tu te pers tout à escient, Machaut, p. 112.

XVe s. Y [il] ne fault qu'un coup pour tout perdre, Ou pour estre victorieux, Myst. du siége d'Orléans, p. 761. Le pays me sembla moult estrange ; et me tinsse pour perdu ou en très grande aventure, si ce ne fust la compagnie du chevalier, Froissart, II, III, 9. Si nous estions pris à force, nous perderiemes nos corps et le nostre, Froissart, II, III, 38. Par voies tortes et obliques et par chemins perdus, Froissart, II, III, 7. Ce fut peine perdue, Monstrelet, II, 151. Les Anglois estoient en adventure de perdre une grant perte, Lefevre de St-Remy, Hist. de Charles VI, p. 84, dans LACURNE. Et furent contraintz de passer parmi nous, aucuns eschapperent, et le plus se perdirent, Commines, I, 4.

XVIe s. Qui pert et recoeuvre ne sçait qu'est dueil, G. Cretin, p. 192, dans LACURNE. Je me perds en cette contemplation, Rabelais, Pant. III, 4. Si mes ans les plus beaux, hélas ! trop mal perdus Au volage appetit d'amour et d'une dame, Desportes, Œuvres chrestiennes, sonnets, 8. Dieu des hommes perdus [Amour], sera-ce jamais fait ? Seray-je tousjours butte aux douleurs incurables ? Desportes, Diane, II, 53. L'ame qui n'a point de but estably, elle se perd, Montaigne, I, 32. Perdre un procez, Montaigne, I, 130. En cecy perdoi-je mon latin, Montaigne, I, 139. Il se jecta à corps perdu dans la presse des ennemis, Montaigne, I, 254. Toute l'Asie se perdit et se consomma en guerres pour le macquerellage de Paris, Montaigne, II, 188. Il joua contre luy un soupper : il perdit, paya son soupper…, Montaigne, II, 272. Qui diable vous a dit cela en ce païs perdu ? je pensois qu'aussi bien que les Bretons, vous ne sçussiez nouvelle du mariage des rois qu'au basteme de leurs enfans, D'Aubigné, Faen. II, 3. Au milieu des deux estoit à l'ancre la caraque bien chargée de lest, qui avec des couleuvrines tiroit à coups perdus dans la ville, D'Aubigné, Hist. II, 41. …pour l'extreme jalousie du mari, qui ne la perdoit non plus que son ombre, D'Aubigné, ib. II, 331. La honte se perdit, vostre cœur fut taché De la pasle impudence, en aimant le peché, D'Aubigné, Tragiq. Princes. C'estoit un homme escervelé et furieusement espris et perdu de convoitise de regner, Amyot, Timol. 4. Peu après il s'apperceut bien qu'il s'estoit ruiné luy mesme, et avoit quant et quant perdu la liberté de son païs, Amyot, Cicéron, 58. Toutes les fois qu'ilz jouoient aux dez, Antonius perdoit tousjours, Amyot, Anton. 40. Perdit le boire et le manger, Marguerite de Navarre, Contes, p. 394, dans LACURNE. À gens de bien on ne perd rien, Cotgrave Argent fait perdre gent, Cotgrave Asseurement chante qui n'a que perdre, Cotgrave Assez gaigne qui malheur perd, Cotgrave Il ne perd rien qui ne perd Dieu, Cotgrave On ne doit point querir brebis qui se veut perdre, Cotgrave Par trop presser l'anguille on la perd, Cotgrave Qui ne retire de sa vache que la queue ne perd pas tout, Cotgrave Chose perdue est lors cogneue, Cotgrave Tout est perdu ce qu'on donne à fol, Cotgrave Tout ce qui gist en peril, n'est pas perdu, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PERDRE. Ajoutez :
34 S. m. Le perdre, l'action de perdre. Ce n'est point le perdre qui nous afflige, c'est l'opinion seule d'avoir perdu, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.
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Étymologie de « perdre »

(Siècle à préciser) Du latin perdere (« détruire, ruiner, corrompre ; faire une perte »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, pied ; Berry, parde ; bourg. pardre ; les paysans dans la comédie, pardre ( Ils m'ont fait pardre, Molière, Don Juan, II, 1. ) ; prov. perdre ; cat. perdrer ; esp. perder ; ital. perdere ; du lat. perdere, de per, et dare, donner.

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Phonétique du mot « perdre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
perdre pɛrdr

Fréquence d'apparition du mot « perdre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « perdre »

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Citations contenant le mot « perdre »

  • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
    Sacha Guitry — Beaumarchais
  • Quand on n'a rien à perdre, on peut bien tout risquer.
    Jean Louis Laya — L'Ami des lois
  • Il faut perdre son âme. Mais comment ?
    Robert Charbonneau — Aucune créature
  • J'ai perdu ma force et ma vie, Et mes amis et ma gaîté ; J'ai perdu jusqu'à la fierté Qui faisait croire à mon génie.
    Alfred de Musset — Poésies, Tristesse
  • Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends.
    Jean Racine — Andromaque, III, 7, Pyrrhus
  • Pouvais-je souffrir qu'une femme fût perdue pour moi sans l'être par moi ?
    Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses
  • Comme rien n'est plus précieux que le temps, il n'y a pas de plus grande générosité qu'à le perdre sans compter.
    Marcel Jouhandeau — Journaliers, Gallimard
  • Les révolutions font perdre beaucoup de temps.
    Henry Millon de Montherlant — Malatesta, I, 4, Porcellio , Gallimard
  • Ce qu'elle prend avec philosophie. "Ces blessures ont changé énormément de choses pour moi, explique la championne. J’ai appris à relativiser, à perdre, ce qui n’était pas le cas avant où je détestais perdre, tout simplement. Donc ça m’a même renforcé. J’ai appris aussi à me faire confiance parce que ça faisait un bout de temps que j’avais mal et on me disait 'mais non c’est dans ta tête'. Des fois, il faut apprendre à s’écouter."
    RMC SPORT — VTT: « Avec les blessures, j'ai appris à relativiser et à perdre », confie Ferrand-Prévot
  • Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle.
    Évangile selon saint Jean, XII, 24-25 André Gide : Si le grain ne meurt
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Traductions du mot « perdre »

Langue Traduction
Anglais to lose
Espagnol perder
Italien perdere
Allemand verlieren
Chinois 失去
Arabe لتخسر
Portugais perder
Russe терять
Japonais 失う
Basque galdu
Corse perde
Source : Google Translate API

Synonymes de « perdre »

Source : synonymes de perdre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « perdre »

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