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Public

Variantes Singulier Pluriel
Masculin public publics
Féminin publique publiques

Définitions de « public »

Trésor de la Langue Française informatisé

PUBLIC1, -IQUE, adj.

A. − D'État, qui est sous contrôle de l'État, qui appartient à l'État, qui dépend de l'État, géré par l'État. Établissement public; économie, prospérité publique; recettes, subventions, publiques. Comme on présumait que le revenu public proportionnellement réduit, ne serait plus que de 73,000 livres sterlings au lieu de 700,000, on mit un impôt additionnel sur les fenêtres comme taxe de commutation (Monopole et impôt sel, 1833, p. 29).L'attribution de ressources est effectuée par le moyen des finances publiques. C'est, en fait, la dépense publique, au sens large, englobant les dépenses budgétaires de l'État et les dépenses de certains organismes publics ou semi-publics (Sécurité Sociale), qui est affectée directement ou indirectement à un emploi, satisfaisant un besoin (Univers écon. et soc., 1960, p. 46-14).
Domaine* public, secteur*, service*, trésor* public; administration*, assistance*, chose*, dette*, fonction* publique.
Affaires, charges publiques. Ensemble des activités et des occupations du Gouvernement. L'état de siège était décrété, l'Assemblée dissoute, et une partie des représentants du peuple à Mazas. Les affaires publiques le laissèrent indifférent, tant il était préoccupé des siennes (Flaub.,Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 273).Tout au plus ceux qui avaient des rentes sur l'État − et c'était déjà une première forme de propriété anonyme − achetaient-ils les journaux pour savoir quels contre-coups la marche des affaires publiques aurait sur leur fortune privée (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. 260).Il était indispensable de former (...) des « militants » laïques, capables d'assumer les charges publiques et d'être aux places de l'État qui pourraient être favorables au progrès et à l'épanouissement des idées nouvelles (Encyclop. éduc., 1960, p. 14).
École publique; enseignement public. École, enseignement gratuit, pris en charge par l'État. Synon. vieilli instruction* publique; anton. école, enseignement libre*.Éducation publique. Les parents peuvent cependant confier leurs enfants à une école privée ou les faire instruire dans la famille. L'enseignement primaire public est donc caractérisé par ces trois mots qui résument les « lois laïques »: il est gratuit, laïque et obligatoire (Encyclop. éduc., 1960, p. 96).Son cercle parisien, créé en 1868, va jouer un rôle de premier plan pour la conquête de l'école publique, gratuite, obligatoire et laïque (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, p. 41).
Droit public. ,,Droit qui règle l'organisation de l'état et les rapports dans lesquels il entre en jeu`` (Cap. 1936). La plus répandue [des classifications] est celle qui divise le droit en droit public et en droit privé; le premier est censé régler les rapports de l'individu avec l'État, le second ceux des individus entre eux (Durkheim,Divis. trav., 1893, p. 33).Le lien unissant l'État à son employé est considéré au début du XIXesiècle comme un contrat de droit privé puis ultérieurement comme un contrat de droit public (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 234).
En partic. [En parlant d'une pers. ou d'un ensemble de pers.] Qui exerce des fonctions au sein de l'État, qui est payé par l'État. Il faudrait par ailleurs que les particuliers puissent eux-mêmes poursuivre devant les juridictions pénales tous ceux, personnes privées ou agents publics, qui ont commis des fautes leur faisant grief (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 46):
1. En ce qui concerne les instituteurs publics, il [le Conseil départemental] est obligatoirement consulté et dispose d'un droit d'avis pour certaines sanctions qui sont prononcées par l'autorité administrative... Encyclop. éduc., 1960, p. 122.
Fonctionnaire*, ministère* public; fonction* publique; pouvoirs publics (v. pouvoir).
Autorité publique. Ensemble des personnes prenant part au gouvernement. Le rôle de l'autorité publique devant se limiter à assurer la libre expression par l'individu de ce qu'il tient pour tel (Lesourd, Gérard,Hist. écon., 1968, p. 19).
Force* publique. Agent de la force publique. Une des choses qui me paraissent avoir le plus étonné les travailleurs, au cours de ces dernières années, a été la timidité de la force publique en présence de l'émeute (Sorel,Réflex. violence, 1908, p. 94).En quelques cas, survinrent des exécutions sommaires par la foule ameutée. Pour les prévenir, le déploiement de la force publique ne suffit pas toujours (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 414).
Homme public. Homme qui exerce des fonctions officielles (administratives, politiques ou autres). J'ai dîné chez M. Portal, conseiller d'État, avec qui j'ai eu une conversation très intéressante sur la politique, l'esprit de la Chambre et l'opinion la plus générale en France. M. Portal, riche négociant, homme public, est un de ces représentants de l'opinion réelle en France (Maine de Biran,Journal, 1816, p. 207):
2. La distinction fondamentale est donc ici celle de l'homme public et du simple particulier. Il va sans dire, d'ailleurs, que la preuve n'est jamais autorisée, même à l'encontre de l'homme public, que lorsqu'il s'agit des actes de sa fonction ou de son mandat; en tant qu'individu privé, il se trouve placé dans la même situation que tout autre particulier. Civilis. écr., 1939, p. 44-12.
Officier public. V. officier2.
P. méton. Qui émane d'une personne ayant une fonction officielle. DR. Acte public. Acte dressé par une autorité publique. Synon. acte authentique*; anton. acte sous seing privé*.Le mandat peut être donné ou par acte public, ou par écrit sous seing privé, même par lettre. Il peut aussi être donné verbalement (Code civil, 1804, art. 1985, p. 357).
Existence, vie publique. Vie, conduite d'une personne dans l'exercice de ses fonctions officielles. Anton. vie privée*.Lucie et lui m'engagent à me préparer à la vie publique; ils entendent, sur ce point, les choses autrement que je ne le faisais. Je croyais suffisant de me laisser nommer à une position quelconque, soit par les électeurs, soit par le Gouvernement (Gobineau,Pléiades, 1874, p. 86).Je crois à la nécessité de quelque chose de nouveau, et je quitterai la vie publique si ce quelque chose n'apparaît pas (Barrès,Cahiers, t. 11, 1915, p. 131).
B. − Qui concerne tout un peuple, l'ensemble de la population. Bonheur, ordre public; morale publique; mœurs publiques; contributions publiques; hygiène publique; travaux d'utilité publique. Le grand malheur dont les radicaux menacent la Suisse, c'est de mettre la main, sous prétexte d'intérêt public, sur les biens particuliers des bourgeoisies (Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 107).Devant tout événement triste qu'on n'eût pu prévoir autrefois, (...), quelque calamité publique, une épidémie, une guerre, une révolution, ma mère se disait que peut-être valait-il mieux que grand'mère n'eût rien vu de tout cela (Proust,Fugit., 1922, p. 660):
3. ... l'ingénieur des Ponts et Chaussées Crouzet (...) sut rapidement s'assimiler à la région, s'y fixer par les liens familiaux qu'il s'y créa et par son ardeur à la rénovation d'un territoire qui lui permit de donner toute la mesure de son activité, de son dévouement au bien public et de sa vive intelligence. Forêt fr., 1955, p. 32.
Accusateur* public (dr.); ennemi* public; salut* public; santé* publique; sécurité* publique; travaux* publics (v. travail); libertés* publiques (v. liberté).
En partic. Relations publiques (comm. public). Ensemble de méthodes, de techniques visant à favoriser les intérêts d'une entreprise ou d'un groupement, en soignant le caractère de sa publicité et de ses rapports avec le public (d'apr. Rey-Gagnon Anglic. 1980). Relations publiques internes, externes; service de(s) relations publiques, chargé(e) des relations publiques:
4. Dans ses contacts avec l'opinion, l'administration développe, inégalement selon les secteurs, le sens des relations publiques et commence à se soumettre à la nécessité d'expliquer: le développement au sein des ministères et des préfectures de cellules d'information qui sont chargées d'assurer les relations avec les corps élus, les organes consultatifs, la presse (voire le grand public) en est une manifestation. Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 140.
En appos. Cette station, intitulée Europe n o1, diffuse des programmes commerciaux en français. En fait, cette nouvelle venue révolutionna en quelques mois l'univers des ondes. Trois facteurs contribuèrent à son succès: son ton, son esprit très « relations publiques », son sens de l'information (Weinand,Public. radioph., 1964, p. 35).
DR. ROMAIN. Crime public. ,,Cas intéressant la société toute entière, et dans lequel tout citoyen pouvait se constituer accusateur`` (Lar. 19e).
DR. Action publique. ,,Poursuites engagées au nom de la société, à la requête du Procureur de la République, contre l'auteur d'un crime ou d'un délit, en vue de traduire l'intéressé devant un tribunal répressif`` (cida 1973). L'action civile en recouvrement des cotisations ou des majorations de retard dues par un employeur ou un travailleur indépendant, intentée indépendamment ou après extinction de l'action publique, se prescrit par cinq ans à compter de l'expiration du délai imparti (Réforme Sécur. Soc., 1968, p. 41).
C. − Qui est connu, notoire.
1. Qui n'est pas secret, qui a lieu, qui se passe devant plusieurs témoins. Affront, débat, éclat, éloge, scandale public; assemblée, confession, délibération, discussion, explication, réunion, séance publique; rendre un hommage public. Sans quitter son sourire, il approcha sa bouche de mes lèvres. Ce baiser public m'a déconcertée (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 311).Cependant, avant tout vote ou scrutin public, le bureau peut être prié de s'assurer (ce qu'il est obligé de faire si le scrutin public doit avoir lieu à la tribune) que la majorité est présente (Lidderdale, Parlement fr., 1954, p. 150).
En partic. La vie publique (du Christ). Les années vécues parmi de nombreuses personnes. Trente ans de vie privée et trois ans de publique, (il avait mis sa vie privée avant sa vie publique...) (Péguy,Myst. charité, 1910, p. 122).Tout au début de sa vie publique, Jésus, retiré au désert fut tenté par Satan (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 331).
2. Qui est porté à la connaissance de tous, ou au moins du plus grand nombre de personnes. Un fait public. « Savez-vous comment notre nouvel évêque a mangé hier au soir sa fondue? − Eh! oui, je le sais; il l'a mangée avec une cuiller. Je le tiens d'un témoin oculaire, etc. » La ville transmit le fait à la campagne; et après trois mois il était public dans tout le diocèse (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p. 361).Je me souviens qu'après avoir lu cet appel insensé je regagnai le bloc des réfractaires plein d'idées sombres, et m'attendant au pire pour le moment où il serait rendu public (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 342).
Vieilli. Feuilles publiques; papiers publics. Journal. Je vois qu'on ne s'occupe plus que de guerre dans les papiers publics; ainsi je ne vous demande point comment va la littérature (Chateaubr.,Corresp., t. 1, 1803, p. 99).Enfin le distributeur de feuilles publiques passa le paquet attendu par l'ouverture du carreau, et la bonne femme tendit à Duroy La Plume grande ouverte (Maupass.,Bel-Ami, 1885, p. 155).
Il est de notoriété publique que + prop. Tout le monde sait que. Chandelier allait jusqu'à envier et haïr des particules qu'il savait postiches, comme celle de châtelains voisins, dont il était de notoriété publique que le grand-père était bonnetier (Montherl.,Célibataires, 1934, p. 884).
D. − Qui est général, commun à tous.
1. Accessible, ouvert à tous; qui est à l'usage de tous, et dont la gestion, l'entretien revient à l'État ou plus particulièrement aux collectivités locales ou régionales. Les noms des voies publiques, places, monuments, etc., sont indiqués à côté de chacun d'eux (P. Lavedan,Urban., 1926, p. 139).Pour chaque bâtiment public: mairie, église, bureau de poste, salle des fêtes, etc., on recherchera l'année de construction, l'état actuel, et on notera quelques éléments concernant la description du bâtiment (Fonteneau,Cons. munic., 1965, p. 39).V. cabine ex. 2:
5. L'architecture de notre temps (...) est un art qui appartient à tous puisqu'il est, s'il s'agit de monuments publics, payé par tous, il doit donc se conformer aux mœurs, non d'une coterie, non d'un public, mais du public. Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 213.
SYNT. Édifice, établissement, passage, téléphone public; décharge, promenade, propriété, salle publique; bains, hôpitaux, hospices, transports publics; constructions, fontaines publiques.
Jardin* public; bibliothèque* publique.
DR. Domaine public.,,Portion de territoire affecté à l'usage du public et non susceptible de propriété privée`` (cida 1973).
[En parlant d'une œuvre, d'une invention] Tomber dans le domaine public. M. Stangerson, qui eût pu (...) gagner des millions de dollars en exploitant ou en faisant exploiter deux ou trois de ses découvertes chimiques (...), avait toujours répugné à faire servir à son intérêt propre le don merveilleux d'inventer (...); mais il ne pensait point que son génie lui appartînt. Il le devait aux hommes, et tout ce que son génie mettait au monde tombait, de par cette volonté philanthropique, dans le domaine public (G. Leroux,Myst. ch. jaune, 1907, p. 21).
2. Auquel tout le monde peut participer, prendre part. Bal, culte, spectacle public; exposition, manifestation publique; cérémonies, fêtes, prières, réjouissances publiques. Des doigts de fée travaillaient sans relâche à de petits ouvrages de broderie destinés à une vente publique dans l'intérêt des inondés (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 199).La propagande par réunions est libre. Le nombre des réunions publiques que peuvent tenir les candidats n'est pas limité (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 364).
3. De tout le monde; qui émane de tous ou du plus grand nombre de personnes. Regard public; bêtise, charité publique. Il me semble, à moi, très présomptueux et assez stupide de vouloir attirer l'attention publique pendant tout le temps que les Misérables paraîtront (Flaub.,Corresp., 1861, p. 455).De naissance modeste, très instruit, très lettré, sans que l'on sût comment, il s'était pour la première fois signalé à la curiosité publique par son mariage avec Mademoiselle Bargerel, fille unique de gros marchands de tissus. Il n'apportait rien (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 308).
Cri* public; clameur*, opinion* (synon. vieilli esprit* public), rumeur* publique.
4. En partic. [En parlant d'une pers.] Qui exerce une activité qui concerne autrui; dont les services s'adressent à autrui. Crieur*, écrivain* public.
Femme, fille publique. Femme, fille, aux mœurs libres, faisant commerce de son corps. Les voleurs, les fraudeurs, les escrocs, les recéleurs, les filles publiques et leurs amants (...) forment un total (...), qui, (...) fait monter à plus de soixante-trois mille individus de tout âge et de tout sexe cette armée du mal que Paris contient et alimente (L. Blanc,Organ. trav., 1845, p. 24).
REM.
Publicisme, subst. masc.,rare. État de femme publique. V. pornographe ex. de Lar. 19e.
Prononc. et Orth.: [pyblik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) α) 1238 « qui concerne le peuple dans son ensemble, la collectivité » (doc. ds Tailliar, Rec. d'actes en lang. rom. wall., p. 101: paix et utilité publique); β) 1362 bien publique (Miracles de Nostre Dame par personnages, XX, 6, éd. G. Paris et U. Robert, t. 3, p. 189); 1443 bien publicq (doc. ds Coutumes de Lille, p. 203 ds T.-L.); b) 1585 charges et fonctions publiques (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel ds Æuvres, éd. J. Assézat, t. 1, p. 239); 2. 1330 « qui est connu de tous » (Girart de Roussillon, éd. E. B. Ham, 5314: la renummee populaire et publique); 3. a) α) 1390 « qui exerce une activité en faveur de tous (d'une personne) » (doc. ds Gdf. Compl.: notaire publique); β) 1539-49 femme publicque « prostituée » (doc. ds Gdf. Compl., s. v. marche2); 1771 fille publique (Trév.); b) α) 1538 « qui est commun, à l'usage de tous » (Est., s.v. publicus); β) 1538 place publicque (ibid.); 4. a) 1549 personne publique « personne revêtue d'une partie de l'autorité publique, qui exerce quelque magistrature » (Est., s.v. personne); b) 1690 homme public (Fur.). Empr. au lat.publicus « qui concerne le peuple ou l'État; d'un usage public; commun à tous », adj. corr. au subst. populus, mais sans rapport étymol. (V. Ern.-Meillet, p. 522), v. peuple. La forme masc. public est tirée de publique en usage, pour les 2 genres, jusqu'au xviies. Bbg. Quem. DDL t. 8. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970], pp. 297-298.

PUBLIC2, subst. masc.

A. −
1. L'ensemble de la population, la masse des gens, la foule. Mettre qqc. à la disposition du public; bureau ouvert au public; interdit au public. Le seul commerce de vin vole au public de France annuellement cinquante millions de francs, sur la vente de l'eau, en mixtion d'eau pure avec variantes, eau de bois d'Inde pour les vins rouges, eau de réglisse pour les vins blancs (Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p. 64).Il y a une tentation, ma chère Geneviève, contre laquelle tu dois lutter de toutes tes forces: c'est la tentation du placement à tout prix, si enracinée dans le public français (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 306).À 9 heures, lorsque les guichets seront accessibles au public, le personnel aura été prendre aux coffres-forts du trésor les provisions d'espèces, les titres et les autres valeurs devant sortir dans la journée (Baudhuin,Crédit et banque, 1945, p. 133).
Locutions
Le gros du public. La majeure partie des gens. Il y a un fonds de bon sens et de droiture − j'allais dire d'honnêteté − dans notre pays, qui répugne à ce rôle de dupeurs et de dupés. Le gros du public passe indifférent devant les tréteaux des uns et l'ébahissement des autres; on se contente de lever les épaules (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 398).
Le grand public, le gros public. La masse des gens dont les goûts et les idées ne sont pas très précis, qui manque généralement de culture et de finesse d'esprit. Les idées qui ont cours, dans le grand public, au sujet de la violence prolétarienne, ne sont point fondées sur l'observation des faits contemporains et sur une interprétation raisonnée du mouvement syndical actuel (Sorel,Réflex. violence, 1908, p. 133).Mais le public visé (...) doit être une petite fraction du grand public, qu'on se sera donné la peine de préparer: un public expérimental, lui aussi (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p. 199).V. gros ex. 27.
En public (loc. adv.). Devant tout le monde, en présence de nombreuses personnes. Synon. publiquement, officiellement; anton. en privé, en particulier.Parler, paraître en public; outrager qqn en public. L'amiral Collingwood, qui, en public, me traitait avec tant de bienveillance, ne m'avait parlé qu'un instant en particulier (Vigny,Serv. grand. milit., 1835, p. 173).Le Gouvernement avait dit que les séances secrètes étaient nécessaires parce qu'il y avait des inconvénients à dire certaines choses en public, et que pourtant il faut des explications entre le Gouvernement et le Parlement (Barrès,Cahiers, t. 11, 1916, p. 191).
2. [Précédé de l'art. indéf.] Catégorie de personnes de même tendance, de même goût, ou de même couche sociale. Le tricot à lui seul retient un public et achalande plusieurs revues (Civilis. écr., 1939, p. 34-5).Une opinion assez répandue prétend que la publicité ne convient qu'aux produits bon marché ou à ceux qui s'adressent à un public populaire (Brunerie,Industr. alim., 1949, p. 205).
Au plur. Certaines catégories de personnes réunies ou non, diverses couches de population. Son funeste journal [le Constitutionnel, journal du parti libéral], qui eut alors l'esprit d'être aussi plat, aussi calomniateur, aussi crédule, aussi niaisement perfide que tous les publics qui composent les masses populaires, a peut-être commis autant de ravages dans les intérêts privés que dans l'Église (Balzac,Paysans, 1844, p. 151).Certaines écoles d'équitation l'ont réhabilité [le polo], encouragé; il continuera d'enthousiasmer tous les publics (Jeux et sports, 1967, p. 1614).Plus on voudra toucher des publics peu scolarisés, avec eux plus qu'avec tout autre, les méthodes pédagogiques ayant échoué, il faudra être inventif et l'élément dominant des efforts devra donc être l'interrogation pédagogique (B. Schwartz,Pour éduc. perman., 1969, p. 79).
B. − En partic.
1. L'ensemble des gens intéressés, touchés par une manifestation intellectuelle ou artistique. Un vaste public; un public cultivé, populaire. Ce sont d'autres raisons que des raisons d'esthétique qui ont fait la fortune des Rougon-Macquart: ce que goûte le public dans M. Zola, c'est beaucoup moins l'artiste que le descripteur sans vergogne (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 82).La Storia do Mogor, un livre d'une telle nouveauté par son sujet qu'il mit l'orientalisme à la mode, à la Cour et à la ville, et eut un tel succès à Paris et parmi le public lettré de toute l'Europe qu'il n'eut pas moins de six éditions en France et à La Haye (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 14).
Au plur. Ce sont les publics (les publics intelligents bien entendu) qui sont romantiques, tandis que les maîtres (même les maîtres dits romantiques, les maîtres préférés des publics romantiques) sont classiques (Proust,Past. et mél., 1919, p. 267):
Mieux vaut parler de sociologie des publics, car dès que l'on a essayé de cerner la notion de public, elle éclate à travers la morphologie sociale et à travers la durée. L'objet littéraire est rarement un objet de valeur simultanément pour tous les publics à la fois. Il peut avoir un public aux contours bien affirmés, fidèle et reconnaissant... Traité sociol., 1968, p. 312.
[Précédé d'un adj. poss.] Catégorie de personnes qui apprécie habituellement un artiste, un auteur, ou que l'artiste, l'auteur souhaite atteindre. Goethe, le plus insouciant de tous les hommes, parce qu'il est sûr de gouverner son public, ne s'est pas donné la peine de mettre sa pièce en vers (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 29).Comme Le Potomak, en 1913, ce livre a été écrit, en 1939, la veille de la guerre (...). C'est donc sous cet éclairage fatal que le livre doit être lu. Notre vrai public est aux armées. Il exige de la lecture (Cocteau,Fin Potomak, 1940, p. 7).[Dickens] se déprécie à mes yeux lorsqu'il cherche à flatter son public par un déploiement de sensibilité facile (Gide,Journal, 1943, p. 256).
2. L'ensemble des personnes qui assistent à un spectacle, à une manifestation artistique, culturelle ou sportive. Applaudissements du public. Savez-vous ce qu'il faut pour le succès aux Boulevards? C'est que le public devine tout ce qui va arriver. Je me suis trouvé une fois à côté de deux femmes qui, de scène en scène, racontaient la scène suivante: elles faisaient la pièce à mesure (Goncourt,Journal, 1860, p. 685).À la représentation, on avait cru bon d'avertir le public que l'artiste qui interprétait le rôle de l'enfant avait dix-sept ans révolus. L'essentiel est qu'elle en paraissait onze (Breton,Nadja, 1928, p. 43).V. aficionado ex. 2.
[Précédé de l'art. indéf.] Une certaine catégorie de spectateurs. La mise en scène mise nécessairement sur un public, sinon sur le public. Un style de théâtre doit rencontrer un public qui lui soit accordé (Serrière,T.N.P., 1959, p. 175).
Un public de + subst.[Le compl. prép. indique de quelle catégorie de personnes il s'agit] Nous avons voulu avoir un public de bourgeois pour juger de l'effet naïf de l'œuvre (Flaub.,Corresp., 1863, p. 121).Au fond, je constate que ma bouffonnerie est accueillie assez froidement; mais on veut bien me dire qu'il en est ainsi de toutes les pièces jouées dans les salons, et devant un public de femmes qui n'osent pas manifester leurs sensations (Goncourt,Journal, 1894, p. 560).
Empl. attribut. Être bon public. Être bien disposé à applaudir, aimer, apprécier un spectacle sans songer à le critiquer. Quand on a disséqué des animaux vivants, on n'est plus guère sensible aux cris de la chair palpitante. J'aurais été bon public dans un combat de gladiateurs (About,Roi mont., 1857, p. 42).Chevalier disait très drôlement le Duel dans la Savane. Il m'a beaucoup amusé ce soir-là. Il est vrai que je suis bon public. J'adore le théâtre (A. France,Hist. comique, 1903, p. 124).Je suis très bon public. Au théâtre, au cinématographe, je pleure ou je ris sans que mon esprit critique se mette en branle. Rien ne me dégoûte si une force me bouscule, me fait toucher des épaules, m'oblige à me laisser aller (Cocteau,Diff. d'être, 1947, p. 167).
P. anal. Les personnes devant lesquelles on parle, les personnes présentes à un moment donné. Je suis descendu exprès pour te dire bonjour; j'espérais que le beau monde serait parti. C'est devant ça que tu as parlé et que Claudie veut que je parle? − Ce n'est pas un mauvais public, dit Volange qui s'était rapproché d'un pas nonchalant. Il distribua à la ronde un petit sourire hautain (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 267).
Fam., en empl. adj. avec valeur attributive. [Souvent précédé d'un intensif très, plus] Être public, faire public. Agréable au public, qui attire le public (d'apr. Giraud 1956). Quelques-uns (des films de Louis Delluc) ne sont, effectivement, pas du tout publics (Daniel-Rops,C.M., 1925, p. 233 ds Giraud 1956).
Prononc. et Orth.: [pyblik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1320 en public « devant un certain nombre de personnes » (doc. ds Gdf. Compl.); b) 1391 le publique « les gens » (doc., ibid.); de nouv. 1626 public (A. Hardy, Scédase, 1142 d'apr. FEW t. 9, p. 507b); 2. 1559 [éd.] « État, nation » (Amyot, Vie des hommes illustres gr. et romains, f oa II); 3. a) 1671 donner un livre au public (Pomey); b) 1751 [éd.] « ensemble des personnes réunies en un lieu pour assister à un spectacle, à une réunion, à une manifestation » (Duclos, Considérations sur les mœurs, p. 120). Empl. subst. de public1; cf. aussi le lat. publicum « domaine public, propriété de l'État; intérêt public; foule », neutre subst. de publicus, v. public1.
STAT.Public1 et 2. Fréq. abs. littér.: 14 737. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 28 963, b) 20 274; xxes.: a) 20 511, b) 14 758.

Wiktionnaire

Nom commun - français

public \py.blik\ masculin

  1. Masse de gens non structurée.
    • Une presse complaisante jusqu’à la servilité répandait dans le public, depuis les salons jusqu'aux mansardes, les idées les plus fausses et les plus dangereuses. — (Général Ambert, Récits militaires : L’invasion (1870), Bloud & Barral, 1883, page 240)
    • Nous n’avons pas d’idée de cela à Paris ; nous vivons dans un petit cercle de sceptiques instruits et spirituels ; nous ne voyons pas le gros public, la grosse France. — (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
    • Nul n’oserait contester que, depuis 1918, les spéculations sur les denrées alimentaires ont été générales et sans frein. Le public se doute bien un peu qu’on l’affame et que les hauts prix maintenus malgré toutes les tentatives sont factices. Mais qui accuser ? — (Albert Noret, Les Féodaux du blé, E. Figuière, 1930, page 110)
    • Le bruit courut que les trois frères avaient été empoisonnés, et le public n’eut pas besoin de savoir le latin pour chercher à découvrir le coupable par l’application du vieil axiome « is fecit cui prodest ». — (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des hautes études marocaines, Les Éditions de la Porte, Rabat, 1947, page 121)
    • Cet opuscule n’a la prétention ni d’être original […] C’est avant tout aux paysans qu’il s’adresse, mais aussi au grand public qui désire connaître la méthodologie mitchourinienne à propos de cas précis. — (Claude-Charles Mathon, La Pomme de terre ; La dégénérescence vaincue et l’amélioration des variétés : Avertissement, Les Éditeurs Français Réunis, 1953)
    • J’ai tout essayé pourtant pour sortir du nombre
      J’ai chanté l’amour, j’ai fait du comique et d’la fantaisie
      Si tout a raté pour moi, si je suis dans l’ombre
      Ce n’est pas ma faute mais celle du public qui n’a rien compris
      — (Charles Aznavour, Je m’voyais déjà)
  2. Ensemble des personnes qui s’intéressent à une œuvre intellectuelle, littéraire, artistique, etc.
    • Le succès lui venant du public des galeries, c’était à lui qu’elle s’adressait. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • En général, les intellectuels arabes musulmans, y compris ceux de gauche, ne sont pas parvenus à rappeler à leur public que la laïcité en politique était à l’ordre du jour dans l’histoire islamique après Mahomet ou après ses prophéties, contrairement aux mythes de l’historiographie islamique […] — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, page 109)
    • Les enfants aiment les pommes vertes, et les pommes vertes leur font du mal. Il doit en être de même pour le mélodrame, qui indigestionne le public, quand il s’en gorge. — (Émile Zola, La Critique naturaliste, 1881)
    • Lorsqu’elle a donné à son public ce qu’il attendait d’elle, elle pivote impérieusement, lance un dédaigneux regard dans sa direction avant de regagner de façon tout aussi déterminée le monde à part dans lequel ne vivent que les tops, les créateurs et les millionnaires. — (Mark Tungate, Le Monde de la mode : Stratégies (et dessous) des grandes marques, traduit de l’anglais par Anne Confuron et Alexandra Friedrich, Dunod, 2009, page 11)
    • De tous les pianistes soviétiques, Sofronitzki fut sans doute le plus adulé du public : Gilels et Richter eux-mêmes le vénéraient et ne manquaient pas ses récitals. — (Alain Lompech, Vladimir Sofronitzki (1901-1961), chapitre 22 de Les Grands pianistes du XXe siècle, version enrichie, Éditions Buchet-Chastel, 2013)
  3. Ensemble des gens qui fréquentent les commerces, les administrations, les transports publics, etc., en général les services qui, précisément, sont ouverts au public.
  4. État ou secteur public.
    • Travailler pour le public.
  5. Ellipse de enseignement public.
    • On a mis notre fils dans le public.

Adjectif - français

public \py.blik\ masculin

  1. Qui appartient au peuple dans son entier.
    • Pour mon compte, je n'ai pas manqué une occasion de dénoncer au bon sens public ces escroqueurs de renommée. — (Anatole Claveau, Les snobs, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e édition, page 37)
    • L’intérêt public.
    • Les revenus publics.
    • Les fonds publics.
    • Le bien public.
    • La voix publique est pour lui.
    • Il jouit de l’estime publique.
    • Il brave la clameur publique.
    • Le bonheur public est son ouvrage.
    • Soulager la misère publique.
    • Ceux qui ont été dans les emplois publics, dans les charges publiques.
    • Exercer des fonctions publiques.
    • Esprit public, L’opinion, le sentiment du public.
    • Une personne (homme, femme) publique, une personne revêtue d’une partie de l’autorité publique, qui exerce quelque emploi, quelque magistrature. Ne pas confondre avec ci-dessous (3).
  2. Qui appartient à l'État ; étatique.
    • Ainsi la télévision publique est-elle un thème de débat, une posture obligée, une rhétorique de salon qui mériterait de figurer dans les mythologies des couches cultivées. — (Monique Dagnaud, L’État et les Médias: Fin de partie, Éditions Odile Jacob, 2000)
    • Les pouvoirs publics, les organes de l’autorité publique.
    • Officier public, fonctionnaire public, Celui qui exerce quelque charge ou fonction publique.
    • Charges publiques, Les impositions que tout le monde est obligé de payer pour subvenir aux dépenses et aux besoins de l’état.
    • Édifices publics, édifices employés aux différents services publics.
  3. Qui est commun ; à l’usage de tous.
    • D'où mon irritation contre ceux qui pratiquent le « ne pas se gêner », soit en fumant malgré l'affiche qui l'interdit, soit en se tenant avec leur compagne dans un lieu public comme s'ils étaient dans le même lit, […]. — (Julien Benda, Mémoires d'infra-tombe, collection La Nef/éd. René Julliard, 1952, p. 34)
    • Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics,
      Bancs publics, bancs publics,
      En se disant des « Je t’aime » pathétiques,
      Ont des petits gueules bien sympathiques !
      — (Georges Brassens, « Bancs publics », in Le Vent, 1953)
    • Fille publique : prostituée.
  4. Qui est manifeste, su, connu de tout le monde.
    • C’est une nouvelle qui est déjà publique.
    • La chose n’est pas secrète, elle est publique, tout le monde la sait.
    • Cela est de notoriété publique.
  5. Ce qui a lieu en présence de tout le monde.
    • Audience publique.
    • Débats publics.
    • Affront public.
  6. (Programmation) Se dit d’une variable dont la portée n’est pas restreinte, et qui est donc visible depuis tout le programme.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PUBLIC, IQUE. adj.
Qui appartient à tout un peuple, qui concerne tout un peuple. L'intérêt public. Le trésor public. Les revenus publics. La dette publique. Les fonds publics. Toutes les révoltes ont ordinairement pour prétexte le bien public. Le salut public. Le service public. Les services publics. La voix publique est pour lui. L'opinion publique s'est déclarée en sa faveur. Il jouit de l'estime publique. Il brave la clameur publique. Le bonheur public est son ouvrage. Soulager la misère publique. Ceux qui ont été dans les emplois publics, dans les charges publiques. Exercer des fonctions publiques. Esprit public, L'opinion, le sentiment du public. Une personne publique, Une personne revêtue d'une partie de l'autorité publique, qui exerce quelque emploi, quelque magistrature. Les pouvoirs publics, Les organes de l'autorité publique. Vie publique, Les actions d'un homme revêtu de quelque dignité, ou chargé de quelque emploi, en tant qu'elles ont rapport à cette dignité, à cet emploi; par opposition à Vie privée, La vie particulière et domestique. Il cherche, dans les douceurs de la vie privée, un dédommagement aux soucis de la vie publique. Ministère public, Magistrature établie près de chaque tribunal, pour y veiller aux intérêts publics et y requérir l'application des lois. Il s'emploie aussi pour désigner le Magistrat qui, dans les causes civiles ou criminelles, porte la parole au nom de la société. Officier public, fonctionnaire public, Celui qui exerce quelque charge ou fonction publique. Charges publiques, Les impositions que tout le monde est obligé de payer pour subvenir aux dépenses et aux besoins de l'État. Droit public, Science qui fait connaître la constitution des États, leurs droits, leurs intérêts, etc. Édifices publics, Édifices employés aux différents services publics.

PUBLIC signifie aussi Qui est commun, à l'usage de tous. La voie publique. Une place publique. Une promenade publique. Les lieux publics. Les jardins publics. Femmes publiques, filles publiques, Les prostituées.

PUBLIC signifie aussi Qui est manifeste, qui est connu de tout le monde. C'est une nouvelle qui est déjà publique. Apprendre une nouvelle par le bruit public. Rendre une chose publique. Le cri public s'élève contre lui. La chose n'est pas secrète, elle est publique, tout le monde la sait. Il fait profession publique de vous être dévoué. Cela est de notoriété publique. Il se dit particulièrement de Ce qui a lieu en présence de tout le monde. Audience publique. Séance publique. Cours public. Débats publics. Affront public.

PUBLIC s'emploie aussi substantivement et se dit du Peuple en général. Travailler pour le public. Servir le public. Se sacrifier pour le public. L'intérêt du public doit être préféré à celui des particuliers. Cela s'est fait aux dépens du public. Il s'est répandu dans le public que... Que dit-on dans le public? Avis au public. Donner un ouvrage au public. Il se dit, particulièrement, d'un Nombre plus ou moins considérable de personnes, réunies pour assister à un spectacle, pour voir une exposition, etc. Le public a mal accueilli cette tragédie. Satisfaire le goût du public. Les suffrages d'un public éclairé. Un public sévère. Un public indulgent. Un public d'élite. Ce conférencier a son public qui lui est fidèle.

EN PUBLIC, loc. adv. En présence de tout le monde, à la vue de tout le monde. Paraître en public, Se montrer en public. Parler en public.

Littré (1872-1877)

PUBLIC (pu-blik, bli-k') adj.
  • 1Qui appartient à tout un peuple, qui concerne tout un peuple. Le péril dont Rodrigue a su nous retirer, Et le salut public que vous rendent ses armes, Corneille, Cid, IV, 2. Le bien public, Corneille, Nicom. III, 2. Quoi ! sur l'illusion d'une terreur panique Trahir vos intérêts et la cause publique ! Corneille, Cinna, I, 4. Le prince est un bien public que chacun doit être jaloux de se conserver, Bossuet, Polit. VI, I, 4. Si le prince n'est ponctuellement obéi, l'ordre public est renversé, et il n'y a plus d'unité, par conséquent plus de concours ni de paix dans un État, Bossuet, ib. VI, II, 1. L'espérance publique frustrée tout à coup par la mort de cette princesse, Bossuet, Duch. d'Orl. Il est temps de nous joindre aux prières publiques, Racine, Athal. II, 1. Et ne suffit-il pas, seigneur, à vos souhaits Que le bonheur public soit un de vos bienfaits ? Racine, Brit. IV, 3. De la reine et de moi que dit la voix publique ? Racine, Bérén. II, 2. Le cardinal [Mazarin]… accablé de soins et de maladies, comblé de trésors dont il ne savait que faire, et raisonnablement chargé de la haine publique, Hamilton, Gramm. 5. Leurs mœurs [des grands] forment bientôt les mœurs publiques, Massillon, Pet. carême, Exemples des gr. Il me semble que la voix publique donne la préférence à ses fables sur ses contes [de la Fontaine], Voltaire, Mél. hist. Lett. de la Visclède.

    On peut quelquefois le mettre avant son substantif, mais surtout en poésie et dans le style élevé. Lui seul [un médecin] v fit longtemps la publique misère, Boileau, Art p. IV. Et mes malheurs encor font la publique joie, Voltaire, Mérope, IV, 5. Que m'importe à présent ce peuple et son outrage…, Et la publique voix que je n'entendrai pas ? Voltaire, Tancr. V, 3. Les publiques rumeurs Souvent aux souverains annoncent leurs malheurs, Voltaire, Sophon. III, 1. Dans la publique paix, c'est le seul ennemi, Voltaire, Zadig, 4.

  • 2Morale publique, l'ensemble des préceptes que doivent observer les hommes à l'égard de leurs semblables. Où trouver la moindre apparence, le moindre soupçon d'offense à la morale publique, dans un écrit dont le public non-seulement approuve la morale, mais la juge même trop rigide pour le train ordinaire du monde ? Courier, Procès.

    Pudeur publique, sentiment de retenue qui affecte la masse des individus comme si elle ne faisait qu'un seul homme.

  • 3Puissance publique, la puissance du peuple, de la nation.

    Autorité publique, l'ensemble des fonctionnaires et des magistrats chargés de l'administration publique.

    La chose publique, l'État. Bien qu'un tel refus soit un acte héroïque, Il vous rend inutile à la chose publique, Delavigne, la Popular. I, 8.

  • 4Personnes publiques, personnes revêtues de l'autorité publique. On voit, dans le monde, des personnes publiques, des familles d'un grand nom…, Massillon, Carême, Pardon. Si vous êtes homme public, l'usage injuste de votre autorité, tous les maux que vous faites et tous les biens que vous ne faites pas…, Massillon, Carême, Vocat. Je voudrais que tout homme public, quand il est près de faire une grosse sottise, se dît toujours à lui-même : l'Europe te regarde, Voltaire, Lett. d'Alemb. 28 août 1765.

    On dit dans un sens analogue : professions publiques. Ce n'est pas qu'il faille… négliger ces professions publiques qui fournissent aux besoins de la société, Massillon, Carême, Vocat.

    Vie publique, actions d'un homme revêtu de quelque autorité publique, par opposition à vie privée.

  • 5Charges publiques, impositions que tout le monde doit payer pour subvenir aux dépenses de l'État.

    Services publics, les diverses branches de l'administration des affaires de l'État.

  • 6Ministère public, magistrature établie près de chaque tribunal, pour y requérir l'exécution et l'application des lois.

    La partie publique, le magistrat qui, dans les causes civiles ou criminelles, porte la parole et requiert au nom de la société. Il n'y avait point alors [chez les anciens] de partie publique, d'accusateur public, de vindicte publique, Lévesque, Instit. Mém. scienc. mor. et pol. t. IV, p. 175.

    Officier public, fonctionnaire public, celui qui exerce quelque charge ou fonction déléguée par la société.

    Droit public, science qui fait connaître la constitution des États, leurs droits, etc.

  • 7Commun, à l'usage de tous. La voie publique. Et lui-même marchant en habits magnifiques Criât à haute voix dans les places publiques : Mortels, prosternez-vous, Racine, Esth. II, 5. La femme qui lui plaît le rencontre partout ; Dans les jardins publics…, Delavigne, Éc. des vieill. II, 3.

    Édifices publics, édifices employés aux différents services publics.

    Terme de pratique. Marchande publique, femme qui tient boutique ouverte, et qui, à cause de son commerce, peut s'obliger sans l'autorisation de son mari. La femme ne peut ester en jugement sans le consentement de son mari, quand même elle serait marchande publique, Cod. Nap. art. 215.

  • 8Femmes publiques, filles publiques, les prostituées.
  • 9Qui est dans la bouche de tout le monde. Je voudrais que vous nous entendissiez quelquefois mêler notre critique aux admirations publiques du P. Bourdaloue, Sévigné, 9 avr. 1683.
  • 10Qui est manifeste, connu de tout le monde, répandu de toutes parts. Cette nouvelle est déjà publique. Un bruit public. Paraissez donc, ô vérité sainte, faites la censure publique des mauvaises mœurs, Bossuet, Sermons, Prédication, Préambule. Il est public que Mme de Jouarre a donné un placet, Bossuet, Lett. abb. 138. Trop heureux, si, par sa douleur et par sa confusion publique, elle peut obtenir la grâce qu'elle lui demande ! Fléchier, I, 213. Mais avec qui daignez-vous aujourd'hui me recevoir, après qui vous fais-je ce public remercîment ? La Bruyère, Disc. à l'Acad. fr. Il était public dans Rome que les Espagnols pressaient le pape de réaggraver ses excommunications contre le roi de France, Anquetil, Ligue, III, 319. Ce que je dis ici, partout je le dirai, C'est que l'honneur, monsieur, vous fut toujours sacré, Et qu'en le proclamant par un public hommage Je venge la vertu dans sa plus noble image, Delavigne, la Popular. V, 6.
  • 11Qui a lieu en présence de tout le monde. Cours public. Débats publics. Je me suis un peu arrêté sur Boindin, parce que c'est le seul de l'Académie des belles-lettres dont on n'ait point parlé à la séance publique qui suivit sa mort, Duclos, Œuv. t. x, p. 60.
  • 12 S. m. Le peuple pris en général. Mais le bien du public est une faible loi Que l'on respecte peu quand chacun craint pour soi, Du Ryer, Scévole, I, 3. Vivez pour le public, comme je meurs pour lui, Corneille, Œdipe, II, 4. Ils étaient de ceux-là qui vivent Sur le public, et, craignent peu les coups, La Fontaine, Fabl. VIII, 7. Ô vous ! dont le public emporte tous les soins, Magistrats, princes et ministres, La Fontaine, ib. XII, 27. Le public paraît content, c'est beaucoup : car on est si sot que c'est quasi sur cela qu'on se règle, Sévigné, à Bussy, 4 déc. 1668. Après tout, mon ami le public fait toujours bien : il loue quand on fait bien ; et, comme il a bon nez, il n'est pas longtemps la dupe, et blâme quand on fait mal, Sévigné, 19 juill. 1671. Quand je me vis donnée au public et répandue dans les provinces [il s'agit du portrait satirique de Mme de Sévigné par Bussy], je vous avoue que je fus au désespoir, Sévigné, à Bussy, 28 août 1668. Je rends au public ce qu'il m'a prêté : j'ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage, il est juste que… je lui en fasse la restitution, La Bruyère, les Caractères. Où il s'agit de l'intérêt et des commodités de tout le public, le particulier est-il compté ? La Bruyère, x. Ni son génie ni l'habitude de réussir ne lui avaient inspiré de confiance, et il n'avait jamais cessé de craindre ce même public qui avait tant de vénération pour lui, Fontenelle, Bernoulli. Que dites-vous, en tout genre, de ce monstre énorme qu'on appel le public, et qui a tant d'oreilles et de langues, étant privé des yeux ? Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 10 sept. 1773. … Être né dans un siècle dégoûté qui ne veut plus que des drames et des doubles croches… le public est à table depuis quatre-vingts ans ; il boit enfin de mauvaise eau-de-vie sur la fin du repas, Voltaire, Lett. Condorcet, 18 juill. 1774. Qui du public s'est fait le serviteur Peut se vanter d'avoir un méchant maître, Voltaire, Guerre Gen. IV. Qu'on se figure cinq cents miroirs se renvoyant l'un à l'autre la lumière qu'ils réfléchissent, ou cinq cents échos le même son ; c'est l'image d'un public ému par le ridicule ou par le pathétique, Marmontel, Œuv. t. IX, p. 176. Le public ? combien faut-il de sots pour faire un public ? Chamfort, Caractères et anecdotes. Le monde ne s'abuse point, et les sentences des magistrats ne sont flétrissantes qu'autant que le public les a confirmées, Courier, Procès.
  • 13Nombre plus ou moins considérable de personnes réunies pour assister à un spectacle, à une cérémonie, à une réunion, etc. Je connais mon public. Il n'y a personne qui n'ait son public, c'est-à-dire une portion de la société commune dont on fait soi-même partie ; voilà le public dont on doit attendre le jugement, sans le prévenir ni même le solliciter, Duclos, Consid. mœurs, 16. Tel [comédien] que le public applaudit comme homme de talent, nous l'estimons comme honnête homme, Delavigne, les Coméd. Prologue. Toi, prépare, Laurent, les vers et la couronne Que le public charmé doit jeter de ta main à l'acteur de Paris qui paraîtra demain, Delavigne, ib. I, 8.

    Se donner au public, assister aux réunions, cérémonies, etc. Je comprends le plaisir que vous faites à ce cordon bleu [M. de Grignan] de vous donner au public de si bonne grâce… il craignait ici que vous ne fussiez toujours cachée et chagrine, Sévigné, à Mme de Grignan, 25 févr. 1689.

  • 14Le public, l'intérêt public, la chose publique (vieilli en ce sens). Le peuple laissera entre les mains de ses supérieurs la liberté, la religion et le public, Guez de Balzac, liv. VIII, lett. 45.
  • 15En public, loc. adv. En présence de tout le monde, à la vue de tout le monde. Prenons part en public aux victoires publiques, Corneille, Hor. IV, 7. Eschyle… Sur les ais d'un théâtre en public exhaussé Fit paraître l'acteur d'un brodequin chaussé, Boileau, Art p. III. En public, en secret, contre vous déclarée, J'ai voulu par des mers en être séparée, Racine, Phèdre, II, 5. On sait que, chez les Athéniens, les auteurs jouaient souvent dans leurs pièces, et qu'ils n'étaient point déshonorés pour parler avec grâce en public devant leurs concitoyens, Voltaire, Vie de Molière.

    En demi-public, en ne se montrant et ne se cachant qu'à moitié. Les visites journelles en demi-public du roi à son ancienne maîtresse [Mme de Montespan] faisaient un contraste fort ridicule avec son assiduité chez celle qui l'avait servie, Saint-Simon, 413, 188.

HISTORIQUE

XVe s. De toutes ces paroles, ces dons, ces desheritances et heritances, on fit instruments publics et authentiques, Froissart, II, II, 50. Les combattre [les Anglais] en bataille publique [rangée], Monstrelet, t. I, ch. 147, dans LACURNE. Le bien publicque, Commines, I, 2.

XVIe s. Faire montre d'une chose en public, Montaigne, I, 119. Renverser la paix publicque, Montaigne, I, 122. Un debvoir publicque, Montaigne, I, 167. Il en provenoit des fruicts très utiles au privé et au public, Montaigne, I, 211. Qu'une femme ne puisse porter robbe enrichie de broderies, si elle n'est publicque et putain, Montaigne, I, 337. ès gouvernemens des choses publiques [républiques], Amyot, Agésil. 11.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PUBLIC. Ajoutez :
13Dans le langage des bureaux, un public, un individu qui se présente à la caisse centrale du trésor, au mont-de-piété, etc. L'individu qui se présente au mont-de-piété pour emprunter s'appelle un public ; presque toutes les administrations ont ainsi à leur usage une série de vocables avec lesquels le dictionnaire de l'Académie n'a rien de commun, et qui sont nés des obligations mêmes du service, qu'ils facilitent singulièrement, Maxime du Camp, Rev. des Deux-Mondes, 15 janv. 1873, p. 317.

REMARQUE

Balzac a dit monsieur le public : Le public est un mauvais interprète et glose sur tout ; à vous dire le vrai, je ne pense pas qu'il songe à moi, et je suis trop caché et trop obscur, pour être vu ni remarqué de ce Monsieur le public, Guez de Balzac, Lett. inédites, LXXVI, éd. Tamizey-Larroque.

HISTORIQUE

Ajoutez : XIVe s. Jehan Sabulette, clers puble, notaire par l'auctoriteit apostolike et imperial… par maniere de instrument puble…, Testament de Robert de Namur, communiqué par M. Caffiaux. (Puble est la forme régulière et bien accentuée de públicus). Aussi sachiez qu'il avenra Pour voir [pour vrai], ains le derrenier jour, Que li publique pecheour Ou [au] regne Dieu seront avant Mis que vous, je le vous creant, Miracles de Nostre Dame, par personnages, Paris, 1876, p. 235.

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Étymologie de « public »

Provenç. public ; anc. cat. public ; espagn. publico ; ital. pubblico ; du lat. pūblicus, de populus, peuple (voy. PEUPLE). L'ancienne forme est poublicom dans les monuments, puis poblice ; l'o ou l'u long indique une contraction : pūblicus pour populicus.

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Pour l’adjectif, du latin publicus (« qui concerne l'État, qui intéresse le public ») ; pour le nom, du latin publicum (« intérêt public ») tous deux dérivant - avec l’ajout du suffixe adjectival icus - de poplicus issu de populus (« peuple ») avec l’influence, par proximité phonétique et sémantique, de pubes (« adulte »).
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Phonétique du mot « public »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
public pyblik

Fréquence d'apparition du mot « public » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « public »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « public »

  • Il est contre la bienséance de reprendre en public.
    Proverbe oriental
  • Afin d'éviter un rebond de l'épidémie, de nouveaux lieux viennent compléter à compter du 20 juillet 2020 la liste des espaces publics où le port du masque est obligatoire. Quels sont-ils ? Qui est concerné ? Y aura-t-il des sanctions ? Le point avec Service-public.fr et le ministère des Solidarités et de la santé.
    Épidémie de Coronavirus (Covid-19) -Obligation du port du masque dans les espaces publics clos : quels sont les lieux concernés ? | service-public.fr
  • On doit se dévouer à l'intérêt public.
    Cicéron
  • Qui conçoit en secret accouche en public.
    Proverbe turc
  • Le public, c'est le suffrage universel en art.
    Jules Renard
  • Le public aime souffrir par procuration.
    Charlie Chaplin — Ma vie
  • On fait son public comme on fait sa troupe.
    Charles Dullin
  • Ce que trois personnes savent est public.
    Proverbe français
  • Ne pleurez pas en public.
    Lautréamont — Poésies
  • Un grand penseur est un bienfaiteur public.
    Victor Hugo — Moi, l'amour, la femme
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Traductions du mot « public »

Langue Traduction
Anglais public
Espagnol público
Italien pubblico
Allemand öffentlichkeit
Chinois 上市
Arabe جمهور
Portugais público
Russe общественности
Japonais 公衆
Basque publiko
Corse publicu
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Synonymes de « public »

Source : synonymes de public sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « public »

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Public

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