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Propre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin propre propres

Définitions de « propre »

Trésor de la Langue Française informatisé

PROPRE1, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. − Qui appartient exclusivement ou en particulier à (une personne ou une chose).
1. [L'adj. est gén. postposé]
a) [En parlant d'une pers., de l'un de ses attributs ou d'une chose rel. à la pers.] Synon. intrinsèque, original, personnel.Beauté, caractère, destinée, énergie, être, grandeur, idée, identité, individualité, langue, oeuvre, perfection, qualité, rythme, tempérament, valeur, vie, volonté propre. La femme apporte sa nature propre, et son rôle reste très spécial, très différent de celui de l'homme (Durkheim, Divis. trav., 1893, p.23).Le génie propre de La Fontaine fut sans doute en ceci qu'il était comme absent de lui-même, et sans aucun mélange de sa pensée avec ses actions (Alain, Propos, 1921, p.253):
1. N'avoir pas d'intérêt propre en dehors de sa patrie, de son parti, de son idéologie, réduire peu à peu sa vie individuelle jusqu'à ne plus exister qu'en fonction de la chose publique, ce n'est la vocation que d'un très petit nombre d'hommes. Mauriac, Journal occup., 1944, p.319.
En partic.
Amour-propre*.
Loc. En main(s) propre(s). V. main 1reSection I D 1 b α.
b) [En parlant de caractéristiques d'une collectivité, d'un groupe organisé] Fête, gouvernement, loi propre. Chaque espèce de gouvernement a son caractère propre. Le caractère de la démocratie est une mobilité continuelle (Lamennais, Religion, 1825, p.34).La plèbe se donnait des institutions propres. La dualité de la population romaine devenait de jour en jour plus manifeste (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p.387):
2. ... l'école est une société d'un certain genre, bien distincte de la famille, bien distincte aussi de la société des hommes, et qui a ses conditions propres et son organisation propre, comme aussi son culte et ses passions propres. Alain, Propos, 1925, p.664.
Budget propre, crédits propres. Budget, crédits spécialement affecté(s) à un service. Les unités d'enseignement et de recherche non dotées de la personnalité juridique disposent d'un budget propre intégré dans le budget de l'établissement dont elles font partie (Loi orient. enseign. sup., 1968, p.17).
c) [En parlant de caractéristiques de choses] Le pouce a deux extenseurs propres. Le long (cubito sus-phalangien) (...). Le court (cubito sus-onguien) (Cuvier, Anat. comp., t.1, 1805, p.322).L'arc-en-ciel est un objet matériel, teint de couleurs propres, occupant dans le ciel une place déterminée (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.10).
d) Empl. techn.
α) ASTRON. Mouvement propre à un astre. Mouvement particulier à un astre indépendamment des mouvements réels ou apparents des autres astres ou corps célestes. Les étoiles ont des mouvements propres individuels. Un catalogue d'étoiles fondamentales contient les positions et les mouvements propres (c'est-à-dire les coordonnées équatoriales et leurs variations annuelles) d'un petit nombre d'étoiles brillantes (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.133).
β) DR. Biens propres. Biens personnels apportés par la femme ou le mari et n'entrant pas dans la communauté. Corneille avec ses biens propres, ses gratifications, les revenus de ses pièces, menait une vie fort honorable et pourvut sans peine à l'entretien de ses quatre fils et de ses trois filles (Brasillach, Corneille, 1938, p.395).
γ) LINGUISTIQUE
GRAMM. Nom propre (p.oppos. à nom commun). V. nom III.Syntaxiquement, les noms propres présentent des propriétés particulières; ils sont autodéterminés, ce qui entraîne souvent l'absence d'article défini dans l'emploi courant (Jean, Dupont, Paris) ou bien la présence obligatoire du seul article défini (Le Brésil, la France) (Ling.1972).
SÉM. Sens propre. Sens ou signification qui constitue la propriété fondamentale du mot en se référant à la nature de l'objet auquel le mot s'applique. Synon. sens littéral*, p.oppos. à sens figuré, sens dérivé.Expressions qui, passant ensuite d'un sens propre à un sens général, d'un sens physique à un sens moral, causèrent, par leurs équivoques et leurs synonymes, une foule de méprises (Volney, Ruines, 1791, p.240).L'intelligence n'est point faite pour penser l'évolution, au sens propre du mot, c'est-à-dire la continuité d'un changement qui serait mobilité pure (Bergson, Évol. créatr., 1907, p.164).
δ) LITURG. CATH. Préface propre. V. préface B.
ε) MATH. [En algèbre linéaire et en calcul matriciel] Vecteur propre. On appelle vecteur propre de A un vecteur V non nul dont l'homologue dans l'application linéaire de matrice A est de la forme λV; le nombre λcorrespondant est appelé valeur propre (ou valeur caractéristique) (J. Bouteloup, Calcul matriciel élém., 1978, p.118).
2. [Suivi de la prép. à] Particulier à, spécifique de.
a) Propre à + nom de pers. (ou animal) ou coll.Il n'y a pas qu'un langage propre à une époque. Il y a un langage propre à chaque écrivain de génie (A. France, Vie littér., 1888, p.253).La suite ne fit que les confirmer en me révélant, en outre, l'éloquence propre à M. Churchill et l'usage qu'il savait en faire (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.47):
3. ... les espèces, leur origine, leur nombre, leur nature sont des données irréductibles. Les caractères qui leur sont communs ne suppriment pas ceux qui leur sont propres, et les uns ne sont pas plus que les autres explicables par des causes étrangères. Ce sont les formes primitives de l'unité variée, ou de la variété unie. Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.144.
b) Propre à + nom de chose.Pour bien rendre le portrait de M. Granet, il [M. L. Cogniet] a imaginé d'employer la couleur propre aux tableaux de M. Granet, −laquelle est généralement noire, comme chacun sait depuis longtemps (Baudel., Salon, 1846, p.163).Un de ces escaliers naturels propres aux falaises de granit, dont les marches peu commodes exigent quelquefois des enjambées de géants ou des sauts de clowns (Hugo, Travaill. mer, 1866, p.174).
3. [Avec une valeur affaiblie, précédé de]
a) [un adj. poss., avec effet de redondance, pour renforcer l'idée de possession; propre est antéposé]
α) [L'adj. propre peut être supprimé] Elle prit soin d'elle comme de sa propre fille (Barante, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.304).Chaque rédacteur ne lisait que ses propres articles, et le public n'en lisait aucun (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p.683).Voici ce que j'ai entendu de mes propres oreilles et vu de ma propre vue (A. France, Pt Pierre, 1918, p.146):
4. Un autre signe caractéristique du généralat de Napoléon, c'est l'habileté, l'énergie, la pureté de son administration; sa haine constante pour les dilapidations, le mépris absolu de ses propres intérêts. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.105.
SYNT. et LOC. (Ma, mon...) propre chair, famille, fils, maison; (mon, mes...) propre(s) bien(s); (mon, mes...) propre(s) enfant(s); (ma, mon, mes...) propre bouche, coeur, main, yeux; (ma, mon, mes...) propre bonheur, expérience, génie, idée(s), intérêt(s), pensée(s), sentiment(s); travailler pour son propre compte; se prendre à (être pris à) son propre jeu; être entraîné par son propre poids.
[Dans une phrase répétitive] J'avais vu Larsan, de mes propres yeux, oui, oui, de mes propres yeux vu (G. Leroux, Parfum, 1908, p.31).Mordre dans mon coeur, mon propre coeur, le coeur, ce fruit rouge de ma vie (Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p.236).
Ce sont ses propres mots (termes, paroles). Ce sont les mots qu'il (elle) a prononcés exactement. Synon. textuel.Mais oui, Honoré, mais oui! Ce sont les propres mots que tu as dits tout à l'heure. Tu as dit: «Je m'en fous complètement» (Pagnol, Fanny, 1932, i, 1ertabl., 9, p.33).
β) [L'adj. propre ne peut être supprimé] De ma (ta, sa...) propre autorité (v. autorité A 1 c); de ma (ta, sa...) propre initiative; de son propre mouvement; de son propre aveu; se laisser prendre à son propre piège. Le malade a choisi infirmière et médecin, il a donc fait un acte essentiellement personnel, individuel, il n'a agi que de sa propre autorité et sous sa seule responsabilité (Biot, Pol. santé publ., 1933, p.11).Je partirai très loin... Je m'en irai tout seul... par mes propres moyens!... Tu verras! (Céline, Mort à crédit, 1936, p.408).
Voler de ses propres ailes. V. aile III B 1 c.
b) [un pron. poss., propre est postposé] Il se promet d'aimer l'enfant comme il aimerait le sien propre (Gide, Faux-monn., 1925, p.1201).
4. [Avec une valeur adv.] Fam. Synon. proprement.Le vrai bout [de la route], hé Madame, ça doit être une chose qu'on peut vous dire à vous, à parler propre, c'est la mort (Giono, Bout route, 1937, i, 3, p.28).
B. − [En parlant des choses] Qui convient particulièrement à.
1. [Sans compl.] Synon. approprié, adéquat.Moyen(s) propre(s); remède(s) propre(s).
Employer le mot, le terme propre. Employer le mot qui convient à l'usage ou à l'expression de l'idée que l'on veut développer. Synon. juste; anton. impropre.Ne vaut-il pas mieux: clouant les gueules du canon, ou fermant les gueules, ou étouffant les voix du canon? Mais gueule est le mot propre, et le mot propre est toujours le plus fort (Lamart., Corresp., 1830, p.74).
En propres termes. Dans un langage approprié. N'ayez pas peur, dit mon père, ce genre de moteur s'appelle, en propres termes, moteur à explosions. S'il pète, c'est qu'il va marcher (Duhamel, Terre promise, 1934, p.84).
2. Propre à.Adapté à un certain usage.
a) Propre à + subst.C'est de la Louisiane qu'ils [les Espagnols] tirent les bois propres à la construction (Baudry Des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p.220).Six cents hectares de terre, dont une moitié labourable, et l'autre propre à la culture de la vigne et de l'olivier (Tharaud, An prochain, 1924, p.244).
Propre pour (vieilli). Cette toile, qui réunit la souplesse et la solidité des nôtres, est très-propre pour les voiles de leurs pirogues (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.229).
Rendre propre à. Rendre une chose apte à un usage précis. Pour faire du chocolat, c'est-à-dire pour le rendre propre à la consommation immédiate, on en prend environ une once et demie pour une tasse (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.121).
b) Propre à + inf.
[En parlant d'une chose concr.] Apte à, bon(ne) pour. Un couteau propre à couper une tête d'homme (Nodier, J. Sbogar, 1818, p.87).Outil propre à percer le bois (Nosban, Manuel menuisier, t.2, 1857, p.270).Eau (...) propre à être bue (Claudel, Cantate, 1913, p.338).
[En parlant de choses abstr.] Les humanités classiques sont-elles seules propres à former l'élite directrice d'un pays moderne? (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p.250).Je cherchais des sujets de conversation propres à la distraire (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p.146):
5. Parmi les conditions que Bismarck avait posées, il en était une qui était grave (...). Il avait exigé pour les troupes allemandes une entrée solennelle dans Paris. Rien n'était plus propre à surexciter les Parisiens, après les souffrances et l'énervement du siège... Bainville, Hist. Fr., t.2, 1924, p.223.
[L'inf. qui suit n'a pas pour suj. le subst. qualifié par propre] Je vis beaucoup d'ombrages (...) et (...) un rempart de montagnes toujours couvertes de neiges. J'en conclus que c'était là un lieu très propre à passer le mois d'août (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1809, p.797).
C. − [En parlant d'une pers.] Apte à, fait pour.
1. Propre à + subst.L'oisif studieux sait qu'il vieillit, mais le sent peu; il est toujours également propre à ses études (Joubert, Pensées, t.1, 1824, p.218).Il me faut faire cent choses auxquelles je ne suis guère propre (Mérimée, Lettres Antiq. Ouest, 1870, p.208):
6. [La duchesse Josiane à Barkilphedro]: −Ne rien faire. C'est en effet la place qu'il te faut. Tu es bon à cela. −Vous voyez que je suis propre à quelque chose. −Ah çà! tu bouffonnes. Hugo, Homme qui rit, t.2, 1869, p.18.
En partic. Propre à rien. Qui n'est bon à rien (v. propre(-)à(-)rien). Maman, elle se demandait tout de même, si ça se voyait pas sur mon nez, que j'étais (...) un garnement propre à rien (Céline, Mort à crédit, 1936, p.186).
Proverbes. Bon à tout, propre à rien; qui est bon (propre) à tout n'est propre (bon) à rien. Le comte Maxime de Trailles est un être singulier, bon à tout et propre à rien (Balzac, Gobseck, 1830, p.406).
2. Propre à + inf.Il était plus propre à porter l'épée qu'à bêcher la terre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.4, 1859, p.107).Un homme peu propre à donner de la douceur et des manières à M. votre fils (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p.144).
II. − Substantif
A. − Ce qui appartient exclusivement ou en particulier (à). Le propre de
1. Le propre de + subst. désignant un ou plusieurs animés.Ce qui caractérise exclusivement ou principalement un être vivant, une personne, un groupe de personnes ou une espèce et permet de la (le) distinguer d'un(e) autre. Le propre de l'adolescence est (...) la force illimitée, et l'ardeur sans bornes (Amiel, Journal, 1866, p.221).Cette étonnante économie des moyens de l'art qui est le propre de Racine (Valéry, Variété IV, 1938, p.42):
7. Il y a une belle vengeance dans le rire, contre le respect qui n'était pas dû. C'est le plus bel accord du jugement et de la vie. Rien ne réconcilie mieux l'esprit et le corps; car, dans les mouvements du sublime, le corps est toujours timide un peu. C'est pourquoi il est profondément vrai que le rire est le propre de l'homme, car l'esprit s'y délivre des apparences. Alain, Beaux-arts, 1920, p.156.
2. Le propre de + inanimé
a) abstr. C'est le propre du génie de découvrir les rapports lointains des choses, et d'opérer une synthèse plus simple (...) avec plus d'éléments disséminés (Blondel, Action, 1893, p.236):
8. ... c'est le propre de l'éducation de développer les facultés, le propre de l'esclavage c'est de les étouffer; c'est le propre de l'éducation de diriger les facultés développées vers l'utilité sociale, le propre de l'esclavage est de rendre l'esclave ennemi de la société. Laclos, Éduc. femmes, 1803, p.429.
b) concr. Propriété exclusive ou particulière d'une chose. Le propre du poumon est de constituer une masse spongieuse particulière, composée de cellules plus ou moins nombreuses (Lamarck, Philos. zool., t.1, 1809, p.168).
B. − Empl. techn.
1. DR., gén. au plur. Biens qu'un des deux époux possède à titre personnel avant le mariage ou qu'il a acquis par succession ou donation pendant le mariage et qui ne font pas partie des acquets (v. supra I A 1 d β). Aujourd'hui, qu'est-ce que la banque quand on la commence? C'est la licence de se ruiner. Une femme qui se couche millionnaire peut se réveiller réduite à ses propres (Balzac, Cous. Pons, 1847, p.96).
[Au Moy. Âge] ,,Domaines héréditaires appartenant en toute propriété et sans bien de vassalité, à un maître de la terre`` (Fén. 1970). Des privilèges particuliers se trouvant attachés aux concessions du prince, les leudes imaginèrent de changer leurs propres ou leurs alleux en bénéfice, c'est-à-dire, de donner leur propriété au roi, pour la recevoir ensuite de sa main (Chateaubr., Disc. et opin., 1826, pp.37-38).
2. LING. Le propre. Le sens propre.
Au propre. Au sens propre. Anton. au figuré.Nous avons le coeur faible, dans notre famille. (Je parle au propre, naturellement) (Arland, Ordre, 1929, p.57).Le Figaro devait perdre, au propre et au figuré, de nombreuses plumes dans l'affaire Dreyfus (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p.22).
3. LITURG. CATH. Le propre. Ensemble des offices spécifiques au temps de l'année liturgique où l'on se trouve (propre du temps), aux fêtes des saints (propre des Saints) ou au calendrier particulier à un lieu (propre d'un lieu, d'un diocèse), p.oppos. à l'ordinaire* et le commun*. Nous possédons aussi un propre des saints spécial; nous célébrons la commémoration de bienheureux de notre ordre qui ne figurent pas dans vos livres (Huysmans, En route, t.2, 1895, p.131).L'allégresse ou la douleur (...) sont, en somme, les deux sujets dont traitent les services de l'Église, selon le propre du temps (Huysmans, Oblat, t.2, 1903, p.40).
4. PHILOS. SCOLAST. Qualité de ce qui appartient à une espèce définie, mais qui n'est un trait ni essentiel, ni permanent; il se distingue ainsi du genre, de l'espèce, de la différence et de l'accident qui constituent avec lui les cinq universaux. L'énumération des propres et des accidents ne constitue pas une définition, dans le vrai sens du mot, mais une description; en sorte que les individus peuvent être décrits, mais non définis (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.339).
C. − Loc. adv. En propre. À titre personnel. Appartenir, avoir, posséder (qqc.) en propre
1. [La possession est d'ordre matériel] Vous avez un oncle puissant et riche; vous possédez en propre une fortune considérable (...) vous ferez un beau mariage (Mérimée, Théâtre Cl. Gazul, 1825, p.33).Le bois de la Gélise était le dernier lopin qui appartînt en propre à tante Sophie (Vogüé, Morts, 1899, p.96).
2. [La possession est d'ordre intellectuel ou moral] Comme il n'a point d'idées en propre, il s'arrange de celles des autres (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p.291).Je fis le bilan très-clair de mon savoir (...) et de mes dons (...) je pesai ce qui appartenait à tout le monde et le peu que j'avais en propre (Fromentin, Dominique, 1863, p.248).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔpʀ ̭]. Att. ds Ac. dep. 1694.

PROPRE2, adj.

[L'adj. est toujours post-posé]
A. − Qui est bien lavé, bien tenu.
1. [En parlant d'une pers.] Qui a fait une toilette minutieuse, dont l'aspect extérieur est soigné, net. Synon. convenable; anton. sale, négligé.Son salaire (...) lui permettait (...) de tenir ses petits frères plus propres et mieux vêtus et de les envoyer à l'école (Lamart., Confid., Graziella, 1849, p.222).Il se négligeait, lui qui était toujours propre sur soi comme un marin (Pourrat, Gaspard, 1930, p.228):
1. De partout, on voyait sortir les matelots, bien propres dans leur tenue des dimanches, s'époussetant d'une main empressée, s'arrangeant les uns aux autres leur grand col bleu, et vite, d'un pas alerte, gagnant les portes, s'élançant dans Brest. Loti, Mon frère Yves, 1883, p.261.
[En parlant d'une pers. ou d'un animal] Qui a des habitudes de propreté naturelles ou instinctives; en partic., qui tient sa maison avec beaucoup de soin. Une bête si propre [la chatte], délicate au point de ne pas sortir par un temps humide, et qui se vautrait quatre fois l'an dans la boue de tous les ruisseaux (Zola, Joie de vivre, 1884, p.1119).Êtes-vous très propre?... Moi, je suis exigeante sur la propreté... Je passe sur bien des choses... Mais sur la propreté, je suis intraitable (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.28).
[En parlant d'une partie du corps] Qui est bien lavé, bien entretenu. Avoir les mains (les pieds) (bien, très) propres. Le visage brun et ridé, sous des cheveux blancs très propres (Camus, Peste, 1947, p.1383).
En partic. [En parlant d'un jeune enfant] Qui a acquis le contrôle de ses fonctions naturelles. Un enfant propre avant ce stade [la marche] ne l'est que par réflexe conditionné (Lar. Méd.t.31972).
2. [En parlant d'un vêtement, d'une pièce de linge ou de vaisselle] Qui a subi un nettoyage rigoureux, qui ne présente aucune tache ou trace de poussière. Assiette, mouchoir, pyjama, veste, vêtement propre. Il la respira toute, elle et son parfum de beurre frais, de petite très bien lavée, en linge propre et tiède encore du repassage (Adam, Enf. Aust., 1902, p.282).Sa chemise était propre, mais pas repassée, avec un col qui, n'étant pas un «col tenant», ne tenait pas (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.187):
2. Un interne disait que dans les hôpitaux, pour les malades misérables, le bain, la chemise blanche, les draps propres, le seul passage de la saleté à la propreté amenait une amélioration médicalement constatée. Goncourt, Journal, 1872, p.864.
P. ext. Convenable, correct. Une paire de gants: cinq francs. Une cravate: cinq francs (et qu'est-ce que je trouverai de propre pour ce prix-là?) (Gide, Caves, 1914, p.725).
Empl. subst. (p.ell. du subst.). Le propre. Ce qui est propre. Séparer le propre du sale.
3. [En parlant d'un lieu] Qui est bien tenu, rangé, nettoyé rigoureusement. Synon. soigné, entretenu.Pièce, rue propre. [Valladolid] est une ville propre, calme, élégante, et se ressentant déjà des approches de l'Orient (Gautier, Tra los montes, 1843, p.62).Le jardin très propre, avec ses petites allées, ses carrés de fleurs et de légumes entourés de buis, se reflétait dans une grosse boule de verre étamé (Zola, L'OEuvre, 1886, p.348):
3. La blonde du 36 m'a encore fichu des cochonneries dans le trou, grogne-t-elle. Jamais, elle n'aura le courage de descendre ses ordures aux poubelles, celle-là! Tant qu'on aura des ménages au troisième, on ne tiendra jamais la maison propre. Dabit, Hôtel Nord, 1929, p.118.
Empl. subst. à valeur de coll. La propreté, tout ce qui est propre. Comment la vieille s'y était-elle prise pour avoir tout remis en ordre, tout lavé, après les allées et venues de ces messieurs? La maison sentait le propre, le savon (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p.128).
4. P. anal.
a) Ciel propre. Ciel clair, net, débarrassé de tout nuage. Il y avait du bel air dans cette matinée: un air jaune tout doré, à moitié chaud, à moitié froid (...) le ciel était bien propre (Giono, Gd troupeau, 1931, p.127).
b) Travail propre
Travail fait correctement. Synon. soigné. (Dict. xixeet xxes.).
P. méton. Travail qui permet de rester propre (Dict. xixeet xxes.).
Au fig. Travail net, sans bavure, qui ne laisse pas de traces ou de preuves compromettantes. Assassin perfide et tenace! Oh! Rien à dire, c'est du travail très propre. Pas de sang versé, rien de compromettant (Montherl., J. filles, 1936, p.1024).
5. Locutions
a) Propre comme un sou (neuf)
[En parlant d'une pers. ou de sa toilette] Bravida (...) un tout petit homme, propre comme un sou (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p.133).
[En parlant d'un lieu] Ni dans le laboratoire, ni dans le vestibule qu'étaient propres comme un sou neuf, on n'a retrouvé ses pas (G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p.31).
Var. Propre comme un louis neuf (About, Nez notaire, 1862, p.9).Propre comme un ducat neuf (Balzac, Gobseck, 1830, p.396).
b) Empl. subst. Mettre, recopier au propre. Recopier d'une manière soignée un texte dans sa version définitive. Je prépare longuement le discours où j'intercale à propos quelques citations latines. Sans fausse modestie, j'en suis satisfait. Je le recopie au propre sur une grande feuille de papier (Renard, Poil Carotte, 1894, p.166).
6. Empl. techn. mod.
a) PHYS. NUCL. Énergie propre; bombe propre. Dont les retombées radio-actives sont faibles. On trouvera bientôt une source d'énergie «propre» (au sens nucléaire du mot, c'est-à-dire ne laissant pas traîner de résidus radioactifs (...)) (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p.183).
b) TECHNOL. Non polluant. Automobile, industrie, moteur propre. L'usine propre analyse ses procédés de fabrication, traque le gaspillage, observe son environnement (Le Monde, 20 déc. 1975ds Gilb. 1980).
B. − Au fig.
1. [En parlant d'une chose] Convenable, conforme aux règles de la morale ou de la bienséance. C'est drôle, murmura-t-elle enfin, j'ai certainement vu cette tête-là quelque part. Où? je ne sais plus. Mais ça ne devait pas être dans un endroit propre (Zola, Nana, 1880, p.1299).
2. [En parlant d'une pers.] Qui jouit d'une bonne réputation, dont la conduite est irréprochable. Synon. intègre, honnête, probe.Agir en homme propre. Ah! que les gens nés légitimement, les gens à la vie pure, au passé sans tache, les gens propres, respectables, dont il n'y a rien à dire depuis la naissance, ne rencontrent jamais cette fortune! (Goncourt, Journal, 1874, p.965).L'homme marié était tabou, une femme propre ne couche pas avec un homme marié (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.163).
[En parlant d'un acte ou de paroles] Comme il avait une si drôle de tête et qu'on me rapportait des choses pas propres, je mettais davantage mon nez dans ses registres, j'épluchais ses écritures (Zola, Cap. Burle, 1883, p.12).
Loc. Avoir, garder les mains propres. Rester pur et honnête en toutes circonstances ou dans une circonstance particulière. Ils n'étaient pas [les nobles], en principe, hostiles aux bourgeois, fussent-ils républicains, pourvu qu'ils eussent les mains propres et allassent à la messe (Proust, Guermantes 1, 1920, p.100).
C. − P. antiphr. et iron.
1. [P. antiphr. du sens propre, en parlant d'une pers., d'un animal, d'une tenue, d'un intérieur, d'un objet, pour exprimer le contraire] Synon. sale, malpropre, mal tenu.En le voyant si minable, si fini, elle éprouva un dernier apitoiement. −Eh bien! Tu es propre, mon pauvre chien! (Zola, Nana, 1880, p.1283).
2. [P. antiphr. du sens fig.] Le premier goujat venu pouvait les insulter? Merci, il était propre, lui aussi; c'était complet (Zola, Nana, 1880, p.1252).
3. Expr. fam.
a) Me (te, nous...) voilà propre(s), on est propre(s). Être dans une situation difficile et embarrassante. Synon. être frais, dans de beaux draps.Va te faire fiche, on est propre! Si les hommes savaient, on serait perdue avant qu'ils ne croient que c'est possible! (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.156):
4. Ne t'ai-je pas assez prévenue? Qu'elles nous foutront sur la paille! Toutes tes ouvrières!... Ah! Suppose que moi, tiens, je fasse seulement le quart d'une erreur à la «coccinelle»!... Ah! Je me vois propre au bureau! L'hypothèse était si horrible qu'il se sentait déjà perdu!... Céline, Mort à crédit, 1936, p.155.
Arg. Être bon pour la prison. Si on m'entoile, y a pas d'erreur, je suis propre (Bruant1901, p.131).
b) Empl. subst. C'est du propre !
[P. antiphr. du sens propre] De fameux galopins! Tenez, regardez Giraudat. Il a mis les oisillons dans sa chemise. Ils ont fait là-dedans ce qu'ils ont voulu. C'est du propre! (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p.189).
[P. antiphr. du sens fig.] C'est une chose inadmissible, qui mérite réprobation. Synon. c'est du beau, c'est du joli!Ah! c'est du joli! c'est du propre! Toi, la fille d'un roi! Donnez-vous du mal, donnez-vous du mal pour les élever! Elles sont toutes les mêmes (Anouilh, Antig., 1946, p.140).
Prononc. et Orth. V. propre1. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) 1130 «qui appartient à quelqu'un» (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 17: en soun propre chastel); b) 1155 (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 79: Silvius fu si propre nuns); c) 1549 nom propre (Est.); 2. ca 1265 «qui convient» (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 44, p.355: mos propres, biaus et acoustumés); 3. a) ca 1280 «net, soigné» (Clef d'amour, 322 ds T.-L.), att. seulement épisodiquement jusqu'au xviies.; b) 1640 «bien lavé, bien entretenu» (Oudin: propre comme une escuelle à chat); 4. ca 1280 marque expressément qu'il s'agit bien de la chose en question (Clef d'amour, 867); 5. a) 1370 «qui est apte à, capable de» (Oresme, Ethiques, I, 3, note 5, éd. A. D. Menut, t.1, p.107: propre auditeur de politiques); b) ca 1485 propre à, propre pour (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 48486, 11892). B. Subst. 1. a) 1213 «bien propre» (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 728, 27); b) ca 1350 vivre sans propre «vivre sans rien posséder» (Gilles Le Muisit, Poésies, I, 143 ds T.-L.); 2. 1534 «caractère essentiel de (quelqu'un, quelque chose)» (Rabelais, Gargantua, Aux lecteurs, éd. M.-A. Screech, p.7: Pource que rire est le propre de l'homme); 3. 1718 relig. Propre des Saints (Ac.); 4. 1791 p.antiphr. ce sera du propre! (Le Véritable P. Duchesne, Conseil pacifique du Père Duchesne, p.4 ds Quem. DDL t.19). Empr. au lat. proprius «qui appartient en propre» et «spécial, caractéristique»; le sens 3 est une ext. du fr., prob. à partir du sens de «qui convient bien, convenable», et se répand au xviies. parallèlement à malpropre* (v. FEW t.9, p.458 et p.461, note 7).
STAT.Propre1 et 2. Fréq. abs. littér.: 20570. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 30657, b) 22537; xxes.: a) 21642, b) 36234.
BBG.Chautard Vie étrange Argot 1931, p.583. _ Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p.228, 236. _ Lalande (J.-N.). Ét. lexico-sém. du mot propriété ds les principaux dict. ... Grammatica. 1979, no7, pp.19-20; p.27. _ Quem. DDL t.18, 19.

Article lié : « En main propre » ou en « mains propres » ?

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

propre \pʁɔpʁ\ masculin

  1. Qualité particulière qui désigne un sujet et qui le distingue de tous les autres.
    • On me signale de toutes parts les maux qu'engendrent ces mariages d'argent par quoi s'opère entre les sexes une sélection à rebours substituant de hideux calculs à cet enthousiasme courageux qui est le propre des jeunes amours. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Le propre de la culture antique est sa tournure foncièrement laïque. — (Louis Rougier, Histoire d'une faillite philosophique: la Scolastique, 1966)
  2. Ce qui convient particulièrement à chaque profession, à chaque caractère, à chaque âge, etc.
    • Le propre de l’esprit scientifique est la curiosité et l’amour du vrai.
    • C’est le propre des jeunes gens d’être entiers dans leurs jugements.
  3. Ce qui appartient en particulier à quelqu’un.
    • Posséder un bien en propre.
    • Les religieux n’ont rien en propre.
  4. (Droit) Par élision de bien propre. Se dit par rapport à la communauté conjugale, des biens du mari ou de la femme qui n’entrent pas dans la communauté de biens.
    • Quant à ma personne, et quant à mes propres, comme disent les Normands, rassurez-vous, je suis au moins aussi belle que la petite personne (heureuse sans le savoir) sur qui vos regards se sont arrêtés, et je ne crois pas être une pauvresse,….
  5. (Liturgie catholique) Série des offices spéciaux.
    • Propre des saints, série des offices spéciaux pour les différentes fêtes.
    • Propre de certains diocèses, série des offices spéciaux pour certains lieux.
  6. (Grammaire) Par élision de sens propre. Se dit par rapport au sens figuré → voir au propre.
    • Le propre et le figuré.
    • Au propre, cette expression signifie que…

Adjectif - français

propre \pʁɔpʁ\ masculin et féminin identiques singulier

  1. Qui est particulier à une personne ou à une chose (exclusivement ou non).
    • RueduCommerce lance ses propres tablettes tactiles sous la marque Clust. Le site de commerce électronique veut profiter de l’engouement pour les tablettes. Il propose désormais sa propre ligne de produits dans la catégorie « moyen de gamme ». — (Gérard Clech , ITespresso.fr, 18 septembre 2013)
    • Une fois qu’ils eurent perdu leur force militaire propre […], la nature de leur système politique se transforma, au point de devenir méconnaissable. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, p.42)
    • Les magistrats acquirent bientôt la conviction que l’empoisonneur était... une empoisonneuse : la propre mère du petit Henri, Charlotte Lamarche, […]. — (Jules Mary, Les filles de la Pocharde, 1897-1898)
    • Fille d’Hécube et de Priam, respectivement reine et roi de Troie, Polyxène interroge Achille, le colérique guerrier grec, au sujet du sacrifice de sa propre personne. — (Cajetan Larochelle, « Le Sacrifice de Polyxène », dans L’Autre Visage de la guerre de Troie, Presses de l’Université Laval, Québec (QC), 2006, page 23)
  2. Réel par opposition à figuré ou apparent.
    • Le sens, la signification propre d’un mot.
    • Le mouvement propre d’un astre, le mouvement réel d’un astre, par opposition au mouvement apparent.
  3. Exact.
    • Le mot, l’expression, le terme propre, le mot, l’expression, le terme qui seul rend exactement l’idée.
    • Cette langue n’a pas de mot propre, de terme propre pour désigner telle chose, elle n’a pas de mot qui soit particulièrement destiné à désigner telle chose.
    • Le lendemain était le propre jour de la Toussaint ; je n'ai pas manqué cette occasion de distraction et d'étude. — (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
  4. Même ; semblable.
    • Il a dit cela en ces propres termes.
    • C’est, en propres termes, ce qu’il a répondu.
    • Je vous rapporte ses propres paroles.
  5. Apte ; bon.
    • Si l’on admet que, pour végéter, la plante doive retirer du sol les principes minéraux qui lui sont nécessaires, il n’y a plus d’espèces préférantes ni indifférentes, mais uniquement des espèces propres à tel ou tel sol. — (Bulletin de la Société Botanique de France, vol.5, page 73, 1858)
    • Avant, comme après la teinture, on opère plusieurs trancanages ou dévidages afin d'émonder la soie et de la rendre propre aux diverses opérations de la fabrication. — (Louis Strauss, La Chine, son histoire, ses ressources, Bruxelles : Office de publicité & Paris : chez Auguste Ghio, 1874, p. 326)
  6. Convenable à quelqu’un ou à quelque chose.
    • Il n’a aucune des qualités propres au commandement.
    • Ce bois est propre à la construction.
    • Le calme de la campagne est propre à calmer les nerveux.
    1. Avec la négation : fâcheux, nuisible.
      • Ce remède n’est propre qu’à le rendre encore plus malade.
  7. Nettoyé ; lavé ; bien tenu.
    • Émile vit dans une ville, petite, quiète, une ville aux rues propres, aux trottoirs nets et les façades des maisons rénovées, excepté quelques-unes dans les ruelles au nord. Le balayeur n'oublie pas la plus minime impasse, […]. — (Marcelle Gay, Profil perdu, L'Âge d'Homme, 1984, page 38)
    • Cette chambre, cet escalier n’est pas propre.
  8. Se dit d’un enfant qui contrôle ses fonctions naturelles.
    • Après quelques mois, les nouveau-nés marchaient tout seuls. Ils devenaient propres, au grand soulagement de leurs mamans. — (Paul Guimard, L’Age de Pierre, page 98)
  9. (Figuré) Clair.
    • Cette affaire n’est pas propre.
  10. (Mathématiques, Topologie) Se dit d’une application entre espaces topologiques telle que la préimage de toute partie compacte soit compacte.
  11. (Mathématiques) (Théorie des ensembles) Se dit d'un sous-ensemble différent de l'ensemble dans lequel il est inclus.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PROPRE. adj. des deux genres
. Qui appartient exclusivement à une personne ou à une chose. C'est son propre fils. Il y a mis son propre bien. Ses propres amis étaient contre lui. Il n'entend pas ses propres affaires, ses propres intérêts. Je l'ai vu de mes propres yeux. Je l'ai entendu de mes propres oreilles. Je le sais par ma propre expérience. Écrire de sa propre main. Remettre quelque chose à quelqu'un en mains propres. Il a fait cela de son propre mouvement. On ne peut être juge dans sa propre cause. La poésie a son charme propre. La prose a une cadence qui lui est propre. J'en fais mon affaire propre. Dans cette dernière phrase, il est employé par une sorte de redondance pour donner plus d'énergie à la phrase. En termes de Grammaire, Nom propre, Nom qui ne convient qu'à une seule personne ou à une seule chose; il est opposé à Nom commun. Les noms de famille, de pays, de fleuves, de montagnes, etc., comme Buffon, Paris, la Seine, les Alpes, etc., sont des noms propres. Le sens, la signification propre d'un mot, Le sens réel d'un mot, à la différence du Sens figuré, Celui qu'un mot ne reçoit que par métaphore. Dans le sens propre, ce mot signifie telle chose et dans le sens figuré telle autre. On dit aussi absolument et substantivement : Le propre. Le propre et le figuré. Prendre un mot au propre. Le mot, l'expression, le terme propre, Le mot, l'expression, le terme qui seul rend exactement l'idée. Il s'est servi du mot propre. Trouver l'expression propre, le mot propre. Cette langue n'a pas de mot propre, de terme propre pour désigner telle chose, Elle n'a pas de mot qui soit particulièrement destiné à désigner telle chose. En termes d'Astronomie, Le mouvement propre d'un astre, Le mouvement réel d'un astre, par opposition au Mouvement apparent. Amour-propre. Voyez ce mot à son rang alphabétique.

PROPRE signifie encore Même, exactement semblable. Il a dit cela en ces propres termes. C'est, en propres termes, ce qu'il a répondu. Je vous rapporte ses propres paroles.

PROPRE se dit des Personnes et signifie Qui a l'aptitude, les qualités, les talents nécessaires pour réussir en quelque chose. Propre à la guerre. Substantivement et familièrement, Un propre à rien. Prov., Quand on est propre à tout, on n'est propre à rien ou, simplement, Propre à tout, propre à rien.

PROPRE se dit aussi des Choses et signifie Qui est convenable à quelqu'un ou à quelque chose. Rien n'est plus propre à les réunir que votre présence. Il n'a aucune des qualités propres au commandement. Il signifie spécialement Qui peut servir, qui est d'usage à certaines choses. Ce bois est propre à la construction. Cette herbe est propre aux usages médicinaux. Le calme de la campagne est propre à calmer les nerveux. Il s'emploie encore en parlant de Ce qui peut produire un effet fâcheux, nuisible. Ce remède n'est propre qu'à le rendre encore plus malade. Il signifie quelquefois non seulement Convenable, mais encore Seul convenable. Le sable est le terrain propre de cette plante.

PROPRE signifie aussi Qui est bien nettoyé, bien lavé, bien tenu. Cet enfant est très propre, n'est pas propre. Avoir les mains propres. Mettre une chemise propre. Être propre sur soi. Cette chambre, cet escalier n'est pas propre. Fig., Cette affaire n'est pas propre.

PROPRE s'emploie encore comme nom masculin et se dit de la Qualité particulière qui désigne un sujet et qui le distingue de tous les autres. C'est le propre de notre espèce de penser et de parler. Rire est le propre de l'homme. Il se dit aussi de Ce qui convient particulièrement à chaque profession, à chaque caractère, à chaque âge, etc. Le propre de l'esprit scientifique est la curiosité et l'amour du vrai. C'est le propre des jeunes gens d'être entiers dans leurs jugements. Il se dit encore de Ce qui appartient en particulier à quelqu'un. Posséder un bien en propre. Les religieux n'ont rien en propre. Il se dit, en termes de Jurisprudence, des Biens qu'une personne tient de ses parents. Les propres paternels et maternels. Les propres du côté du père, du côté de la mère. Propres anciens, Les biens immeubles qui étaient déjà des propres dans la main de celui à qui on succède. Propre naissant, Bien qui faisait partie des acquêts de celui dont on hérite.

PROPRE se dit également, par rapport à la communauté conjugale, des Biens du mari ou de la femme qui n'entrent pas en communauté. Cette femme demande le remplacement de ses propres, que son mari a aliénés. En termes de Liturgie catholique, Propre du temps, Série des offices spéciaux pour les différents temps de l'année. Propre des saints, Série des offices spéciaux pour les différentes fêtes. Propre de certains diocèses, Série des offices spéciaux pour certains lieux. Le propre du diocèse.

PROPRE s'emploie encore comme nom masculin dans l'expression ironique et familière : C'est du propre, dont on se sert pour donner son sentiment sur une chose malpropre matériellement ou figurément.

Littré (1872-1877)

PROPRE (pro-pr') adj.
  • 1Qui appartient exclusivement à une personne, à une chose (en ce sens il se met d'ordinaire avant son substantif). Et de quel front, seigneur, prend-il une couronne, S'il ne peut disposer de sa propre personne ? Corneille, Sophon. V, 7. Sganarelle : Je veux savoir de vous si je ferai bien de me marier. - Géronimo : Qui, vous ? - Sganarelle : Oui, moi-même en propre personne, Molière, Mar. forcé, 2. Mais enfin je veux songer pour la première fois de ma vie à mes propres intérêts, Sévigné, 410. Les Juifs vivent en paix et en liberté sous la puissance des rois de Syrie, et ils n'avaient guère goûté une telle tranquillité sous leurs propres rois, Bossuet, Hist. II, 5. Vous allez voir une reine qui, à l'exemple de David, attaque sa propre grandeur, Bossuet, Mar.-Thér. Le meurtre de Virginie, que son père aima mieux tuer de sa propre main que de la laisser abandonnée à la passion d'Appius, Bossuet, Hist. I, 8. Tellement qu'elle a perdu pour son propre bien cette puissance qu'elle avait pour le bien des autres, Bossuet, Reine d'Anglet. Une reine fugitive à qui sa propre patrie n'est plus qu'un triste lieu d'exil, Bossuet, ib. Et qui vont tous les jours, d'une importune voix, T'ennuyer du récit de tes propres exploits, Boileau, Disc. au roi. Je prétends vous traiter comme mon propre fils, Racine, Athal. II, 7. Notre raison est ce qui nous est le moins propre, et ce qu'on doit croire le plus emprunté, Fénelon, Exist. 56. Crispin : Est-ce là M. Oronte, mon illustre beau-père ? - La Branche : Oui, vous le voyez en propre original, Lesage, Crispin rival, 8. Préparez-vous à voir ces oppresseurs Dans les accès de leur rage ennemie Vous barbouiller de leur propre infamie, Rousseau J.-B. Ép. I, 6. Quand on a bien cherché le bonheur, on ne le trouve jamais que dans sa propre maison, Voltaire, Lett. Elie de Beaumont, 7 juin 1771. On ne voit dans le Nord aucune femme régner de son chef jusqu'à Marguerite de Valdemar, qui gouverna quelques mois en son propre nom, vers l'an 1377, Voltaire, Dict. phil. Loi salique. Un de ces vaisseaux avait été construit de ses propres mains [le czar Pierre], Voltaire, Charles XII, 7.

    Il se met aussi quelquefois après son substantif. Soyez tranquille sur le succès de votre demande, j'en fais mon affaire propre. Les deux lettres que j'aurai soin de rendre en main propre, Bossuet, Lett. abb. 8. Dieu demande-t-il de vous que vous commenciez par corriger les passions d'autrui, ou par pleurer vos passions propres ? Massillon, Carême, Pâques. Un zèle qui cherche les périls n'est pas un zèle du salut d'autrui, mais une indifférence criminelle pour son salut propre, Massillon, ib. Les rois de France avaient alors pour revenus leurs biens propres et non ceux des peuples, Voltaire, Mœurs, 58.

    On dit aussi : le caractère propre, la valeur propre, les qualités propres, le mérite propre, etc. d'une chose. On remarque, dans l'Écriture sainte, que Dieu donne aux maisons royales certains caractères propres, Bossuet, Mar.-Thér.

    Se rendre propre, s'approprier une chose. Plusieurs écrivains qui ne sont plus, ou qui se distinguent parmi les modernes, ont chacun un caractère que notre langue s'est peu à peu rendu propre, Condillac, Conn. hum. II, I, 15.

    Amour-propre, voy. AMOUR.

  • 2Nom propre, voy. NOM, n° 16.
  • 3Le sens, la signification propre d'un mot, le sens naturel et primitif d'un mot, par opposition à sens figuré.
  • 4 Terme d'astronomie. Le mouvement propre d'un astre, le mouvement réel d'un astre, par opposition à son mouvement apparent.

    Terme de géographie ancienne. La Grèce propre, la partie de la Grèce, dite par les Romains Achaïe, et qui comprenait l'Attique, la Béotie, la Phocide, la Locride, l'Étolie et l'Acarnanie.

    La Grèce propre signifie aussi la Grèce proprement dite, par opposition à la Grande Grèce et aux autres colonies grecques situées hors de la mère patrie.

  • 5Exactement semblable, même ; en ce sens, il s'emploie par énergie, et se met avant le substantif. Vous demeurez dans la propre maison où il logeait. Avant ce jour fini, ces mains, ces propres mains Laveront dans mon sang la honte des Romains, Corneille, Hor. III, 6. Ce sont ses propres mots, Molière, Éc. des mar. II, 11. Voilà l'aventure de mon pauvre fils [danger couru à la bataille de Senef, livrée lorsque la paix était déjà faite] ; et c'est ainsi que l'on en usa le propre jour que la paix commença, Sévigné, 23 août 1678. C'était un samedi, c'était le propre jour de la disgrâce de ce pauvre homme, Sévigné, 29 nov. 1679. Le pape [Grégoire VII] était alors dans la forteresse de Canosse sur l'Apennin avec la comtesse Mathilde, propre cousine de l'empereur, Voltaire, Ann. Emp. Henri IV, 1077. Cet ancien auteur phénicien avoue en propres mots qu'il a tiré une partie de son histoire des écrits de Thaut, Voltaire, Déf. de mon oncle, 21.
  • 6Particulier. La poésie et la prose ont chacune une harmonie qui leur est propre. Nous y trouvons des choses que l'esprit propre qui nous fait agir n'y a pas formées, Pascal, dans COUSIN. Autant admirateur du mérite, que s'il lui eût été moins propre et moins familier, La Bruyère, II. Les passions, qui d'ordinaire sont la source des dégoûts de la vertu, ont cela de propre que plus on les réprime, plus elles deviennent dociles, Massillon, Carême, Dégoûts.

    Sucs propres, sucs colorés qui appartiennent à certains végétaux seulement, et vaisseaux propres, les espaces qui les renferment.

    Pédoncules, pétioles propres, dernières divisions d'un pédoncule et d'un pétiole communs, formant le support immédiat de la fleur et de la feuille.

  • 7Convenable à quelqu'un ou à quelque chose. Les qualités propres au commandement. Cela est propre à toutes sortes de gens. Quand on songe que c'est une affaire qui dépend de M. Colbert, on tremble, en sorte que, si je trouvais un autre hasard qui nous fût propre, je le prendrais, Sévigné, 14 juill. 1677. Aimez-moi tous deux, car votre amitié est pour moi une chose admirable ; je vous renvoie vos mêmes paroles, je les ai trouvées très propres pour ce que je pense, Sévigné, à M. et Mme de Guitaut, 21 sept. 1675. Elle [la fille aînée de Mme de Grignan] serait abbesse ; cette place est toute propre aux vocations un peu équivoques : on accorde la gloire et les plaisirs, Sévigné, 9 juin 1680. Ce texte [tout est vanité], qui convient à tous les états et à tous les événements de la vie, par une raison particulière devient propre à mon lamentable sujet, Bossuet, Duch. d'Orl. Quelle autre créature fut jamais plus propre à être l'idole du monde ! Bossuet, ib. Les hommes, par leurs soins et par de bonnes lois, ont rendu la terre plus propre à être leur demeure, Montesquieu, Esp. XVIII, 6. Si on avait eu un théâtre libre, propre pour l'action, tel qu'il est chez toutes les autres nations de l'Europe, Voltaire, Sémiram. Dissert. sur la tragéd. part. 2.

    Seul convenable à, réservé à. Le midi est l'exposition propre de cet arbuste. Le sable est le terrain propre de cette plante.

  • 8En parlant des personnes, qui a l'aptitude, les qualités nécessaires pour quelque chose. Un homme de votre âge, de votre humeur, si propre à la société et à rendre une femme heureuse, Sévigné, 25 sept. 1689. Je ne songe point encore au voyage de Nantes ; j'y fais exécuter des gens qui me doivent : je serais peu propre à ces sortes de choses, Sévigné, 26 juin 1689. Je vous écris peu de nouvelles… d'ailleurs je n'en sais point ; je serais toute propre à vous dire que M. le chancelier a pris un lavement [Séguier, qui n'allait jamais au conseil sans avoir pris un lavement], Sévigné, 13 mars 1671. Durant douze ans qu'elle fut dans le monastère, on lui voyait tant de modestie et tant de sagesse, qu'on ne savait à quoi elle était le plus propre, ou à commander, ou à obéir, Bossuet, Anne de Gonz. Un enfant est peu propre à trahir sa pensée, Racine, Ath. II, 6. Descartes les jugeait [les femmes] plus propres que nous à la philosophie, et une princesse malheureuse a été son plus illustre disciple, D'Alembert, Lett. à J. J. Rouss. Œuv. t. v, p. 351, dans POUGENS. On pensa à moi pour une place ; mais par malheur j'y étais propre, Beaumarchais, Mar. de Fig. v, 3.

    PROVERBE

    Qui est propre à tout n'est propre à rien, ou, simplement, propre à tout, propre à rien.
    Il est propre à tout, disent ses amis ; ce qui signifie toujours qu'il n'a pas plus de talent pour une chose que pour une autre, ou, en d'autres termes, qu'il n'est propre à rien, La Bruyère, II. Un de ces esprits indéterminés qui ne sont propres à tout que parce qu'ils ne sont propres à rien, Dubos, Réfl. poés. et peint. II, 6. Quand on veut tout savoir, que peut-on savoir bien ? Qui se croit propre à tout, souvent n'est propre à rien, Picard, Entrée dans le monde, I, 2.

    S. m. Populairement. Un propre à rien, un homme qui n'a d'aptitude ni de goût pour aucune sorte de travail.

  • 9Qui peut servir à. Ce bois est propre à bâtir. Ce remède est propre à telle maladie. C'est [Port Royal des Champs] un vallon affreux, tout propre à faire son salut, Sévigné, 26 janv. 1674. Les Rochers sont tranquilles et tout propres à vous conserver votre chère mère pour vous revoir, Sévigné, 24 juill. 1689. La presse n'est pas grande à soupirer pour elle [la charge de Ch. de Sévigné], quoiqu'elle soit propre à faire soupirer, Sévigné, 12 avr. 1680. Vous aurez M. de Coulanges… Grignan est tout propre pour le charmer, Sévigné, 15 juin 1680. Le bec de la frégate, très propre à la proie, puisqu'il est terminé par une pointe perçante et recourbée, Buffon, Ois. t. XVI, p. 160.

    Propre à, suivi d'un verbe actif avec le sens passif. Cet avis est plus propre à donner à la reine, Corneille, Nicom. III, 3.

    Il se dit aussi, en mauvaise part, de ce qui peut produire un effet fâcheux. La conduite de son fils est propre à lui causer un violent chagrin. Ce remède est propre à augmenter la maladie.

  • 10Mal propre, qui n'est pas propre à, qui ne convient pas (locution tombée en désuétude à cause de la confusion de sens, mal propre signifiant sale aussi). Et nous parlons peut-être avec trop d'imprudence Dans un lieu si mal propre à notre confidence, Corneille, Cinna, II, 2. Monsieur, je suis mal propre à décider la chose, Molière, Mis. I, 2. Je me sens mal propre à bien exécuter ce que vous souhaitez de moi, Molière, Am. magn. I, 2.
  • 11Le mot propre, l'expression propre, le mot, l'expression qui seule convient et rend précisément la pensée. L'on doit avoir une diction pure, et user de termes qui soient propres, il est vrai ; mais il faut que ces termes si propres expriment des pensées nobles, vives, solides, La Bruyère, I. Le grand malheur de tant d'auteurs est de n'employer presque jamais le mot propre ; ils sont contents pourvu qu'ils riment ; mais les connaisseurs ne sont pas contents, Voltaire, Pauvre diab. note. Que le mot propre est rare, mais qu'il est nécessaire ! Voltaire, Comm. Corn. Rem. Héraclius, II, 6. Les mots propres, répondit Euclide, forment le langage de la raison ; les expressions figurées, celui de la passion, Barthélemy, Anach. ch. 58. D'où vient que les malheureux trouvent avec tant de facilité le secret d'attendrir et de déchirer nos âmes ? c'est que leurs accents et leurs cris sont le mot propre de la douleur, Barthélemy, ib. ch. 27.

    Cette langue n'a point de mot propre, de terme propre, pour désigner telle chose, elle n'a point de mot, de terme qui soit particulièrement destiné à désigner telle chose.

  • 12Bien soigné, bienséant, bien arrangé (par une extension facile à concevoir du sens de convenable). Comment, monsieur Jourdain, vous voilà le plus propre du monde ! Molière, Bourg. gent. III, 4.

    Populairement. Il est propre, il est dans de mauvaises affaires.

    Il se dit aussi des choses. Ses habits sont toujours fort propres. Je fis mon lundi gras avec la princesse : un petit dîner aussi bon, aussi délicat, aussi propre qu'il est possible, Sévigné, 7 mars 1685.

    On dit de même : Son écriture est propre et bien rangée.

    Par dénigrement. C'est quelque chose de propre que vous m'offrez là.

    Substantivement et dans le même sens de dénigrement, le peuple dit : C'est du propre ! En voilà du propre !

  • 13Net, par une extension facile du sens de bien rangé, de soigné ; il est opposé à sale. Cet escalier n'est pas propre.

    Propre sur soi, dont la personne est très nette ainsi que le vêtement. Quoique très pauvre, il [Socrate] se piquait d'être propre sur soi et dans sa maison, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 355, dans POUGENS.

  • 14 S. m. Qualité distinctive. Le propre des os est de tenir le corps en état, et de lui servir d'appui, Bossuet, Conn. II, 7. Le propre de ce spectacle [l'opéra] est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement, La Bruyère, I. C'est le propre des grands hommes d'avoir de méprisables ennemis, Voltaire, Louis XIV, écrivains, Fontenelle. Si le propre du génie est de créer en grand, celui de l'esprit dans les petits ouvrages est d'imaginer, celui du talent est de mettre en œuvre, et celui du goût de mettre en place, D'Alembert, Éloges, Saint-Aulaire. Les définitions et les analyses sont proprement des périphrases dont le propre est d'expliquer une chose, Condillac, Art d'écr. II, 3. Le propre des hommes est de s'instruire beaucoup plus par l'épreuve des maux que par la jouissance des biens, Raynal, dans GIRAULT-DUVIVIER.

    Ce qui appartient particulièrement à… Le propre des jeunes gens est d'être légers. Si c'est le propre des rois de juger les peuples, il n'est pas moins vrai que c'est le propre de Dieu de juger les rois, Bourdaloue, Jugem. dern. 1er avent, p. 49. Le propre de la justice est de conformer le châtiment à l'offense, Bourdaloue, Serm. 19e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. IV, p. 164.

  • 15Le propre, le sens primitif, naturel d'un mot. Prendre un mot au propre. Le propre et le figuré. Il parle ordinairement au propre et seulement pour être entendu, Rousseau, Ém. IV.
  • 16 Terme de jurisprudence. Immeuble qui appartient à une personne par succession. Ce bien était un propre. Clagny, bâti par Mme de Montespan en son propre, passa à M. le duc du Maine, Saint-Simon, 410, 151. Ainsi s'établit, malgré la disposition du droit romain et de la loi salique, cette règle du droit français : propres ne remontent point, Montesquieu, Esp. XXXI, 34. Dans un pays où une coutume locale a disposé des propres, Bodin dit très bien qu'il ne faudrait confisquer que les acquêts, Montesquieu, ib. V, 15.

    Fig. Ma nièce, monsieur, ne peut s'aliéner ; C'est comme un propre ; enfin on va vous chicaner, Dufrény, Réconc. norm. IV, 5.

    Propre ancien, bien immeuble qui vient de l'aïeul ou au-dessus.

    Propre naissant, bien immeuble qui faisait partie des acquêts de celui dont on hérite.

    Il se dit aussi des biens du mari ou de la femme qui n'entrent pas en communauté. Il serait bon que les femmes sussent ce que c'est que propre, ce que c'est que communauté, Fénelon, t. XVII, p. 99.

    Propres par stipulation, se dit, par exemple, d'une dot qui consiste en argent, ce qui se nomme aussi propre fictif.

  • 17Dans le langage général, ce qui appartient à quelqu'un. Qu'ils ont comme leur propre en leur grange entassé ! Régnier, Sat. III. Ils ne possèdent point de biens en propre, Bossuet, Var. 11. Gnathon… oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie ; il se rend maître du plat, et fait son propre de chaque service, La Bruyère, XI. Le roi… lui conta que l'extrême besoin de ses affaires l'avait forcé à de furieux impôts… qu'à la fin il s'en était ouvert au P. Tellier, qui lui avait demandé quelques jours pour y penser, et qu'il était revenu avec une consultation des plus habiles docteurs de Sorbonne qui décidait nettement que tous les biens de ses sujets étaient à lui en propre, Saint-Simon, 284, 110. Sans compter la jument Borac sur laquelle il [Mahomet] monta au ciel ; mais il ne l'avait que par emprunt, elle appartenait en propre à l'ange Gabriel, Voltaire, Dict. phil. Alcoran. La première idée qu'il faut lui donner [à l'enfant] est moins celle de la liberté que de la propriété ; et, pour qu'il puisse avoir cette idée, il faut qu'il ait quelque chose en propre, Rousseau, Ém. II.

    Fig. Cette louange [du courage, en Louis XIV, vieux et malheureux] eut du moins le mérite que n'avaient pas eu tant d'autres ; elle appartenait en propre au monarque, et n'était ni basse, ni exagérée, D'Alembert, Éloges, Saint-Aulaire.

    Fig. De son propre, de son propre fond, de sa propre intelligence, connaissance, etc. Je n'entreprendrais pas de vous porter ce secours [consolations] de mon propre, Pascal, Lett. sur la mort de son père.

  • 18 Terme de liturgie catholique. Le propre du temps et le propre des saints forment la division des fêtes de l'année liturgique de l'Église romaine. Le propre du temps est l'ensemble des offices qui se font conformément à l'esprit du temps où l'on se trouve. Le propre du temps se divise en cinq grandes époques appelées : le temps de l'Avent, le temps de Noël et de l'Épiphanie, le temps de la Septuagésime et du Carême, le temps pascal et les dimanches après la Pentecôte. Le propre des saints est l'ensemble des offices qui se font conformément à l'esprit des fêtes que l'Église a instituées en l'honneur des mystères de la sainte Vierge et des saints ; on le divise en trois classes de fêtes : les fêtes de la sainte Vierge ; les fêtes des anges ; les fêtes des saints.

    Propre de certaines églises, ce qui ne se dit qu'en certains lieux.

  • 19Dans la scolastique, le propre ou la propriété était un des cinq universaux.
  • 20Propres s'est dit au pluriel, au sens de proches, de parents. M. Vautier qui n'a jamais fait de bien à personne, pas même à ses propres, Patin, Lett. t. II, p. 603.

REMARQUE

1. Les propres termes sont les mêmes mots sans y rien changer. Des termes propres sont des mots qui expriment bien et selon l'usage de la langue ce que l'on veut dire.

2. Il a été dit que, dans le sens du 1°, propre se met d'ordinaire avant son substantif. Le fait est que jadis il n'y avait point d'usage à cet égard, et que propre se mettait, suivant l'oreille, tantôt avant, tantôt après. Mais à mesure que le sens de net s'est davantage attaché à propre, l'usage a montré de la tendance à le mettre avant son substantif, au sens du 1°. Cependant l'on doit dire qu'on peut user de l'ancienne liberté, toutes les fois qu'il n'y aura pas lieu à une confusion ridicule avec le sens de net.

3. Dans le sens de net, propre suit le substantif : un habit propre, une femme propre.

HISTORIQUE

XIe s. Li burgeis qui ad en soun propre chatel [un bien, un avoir] demi marc vailant, Lois de Guill. 18.

XIIIe s. Et sor tout ce doit li parleres [l'orateur] user moz propres biaus et acostumez, Latini, Trésor, p. 521. Trestuit pareil [égaux] estre soloient, Ne riens propre avoir ne voloient, la Rose, 8486. C'est la coutume au roi de France que, s'il va en ost sour aucun baron, çou qu'il conquest par force li demeure propre à tous jors, Chr. de Rains, 195.

XIVe s. Il dit en aucuns textes que le jeune de aage ou de meurs n'est pas propre auditeur de polithiques, Oresme, Eth. 1111.

XVe s. Malgré le proprel roi et tous ses aidans, Froissart, I, I, 22. Les fruits et feuilles et fleurs furent si proprement faitz, qu'ils sembloient proprement arbres et propres fruits, et les faisoit très beau voir, De la Marche, Mém. II, p. 583, dans LACURNE. Comme luy mesmes propre m'a compté, Commines, III, 5.

XVIe s. Si je me veux monstrer innocent, ma bouche propre me condamnera, Calvin, Instit. 596. Voire contre sa propre creance, Montaigne, I, 21. L'argument le plus propre au temps et au lieu, Montaigne, I, 41. Elle estoit cousue à un ruban propre à rattacher soubs le menton, Montaigne, I, 95. Le propre jour que le roy mourut…, Montaigne, I, 202. Le roy François fut au propre [à même] d'eslire, ou de… ou de…, Montaigne, I, 235. Que ne plaist il un jour à nature nous faire veoir au propre ses moyens ? Montaigne, II, 279. Le mari ne pouvant directement ou indirectement obliger les propres de sa femme, Loysel, 114. Le premier des noms que portoient les Romains, comme Caius, estoit leur propre : le second, comme Martius, estoit le nom de la famille et maison, Amyot, Cor. 15.

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Étymologie de « propre »

Bourg. prôpe ; provenç. propri ; espagn. propio ; ital. proprio ; du lat. proprius, qui se rattache à prope : ce qui approche, ce qui touche. Propre a passé de son sens primitif à celui de con venable, puis, devenant tout à fait spécial. À celui de net ; cette dernière acception ne paraît pas ancienne ; on en trouvera un exemple du XVIe siècle à l'historique de proprement.

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Du latin proprius (« personnel, particulier ») composé de pro- (« pour ») et de privus (« particulier », « individuel », « propre à chacun », « chaque », « chacun »). Est dit propre ce qui relève d'une appartenance particulière, d'un bien « pour chacun », contrairement au bien public ou aux biens familiaux.
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Phonétique du mot « propre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
propre prɔpr

Fréquence d'apparition du mot « propre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « propre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « propre »

  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • Chaque homme est sa propre île déserte.
    Brigitte Aubert — La Rose de fer
  • Quand on arrive à la plage du Grau du Roi, avec les serviettes, avec le parasol, on est content parce que tout est propre, nickel.  
    France Bleu — Une plage propre
  • L’homme est son propre démon.
    Proverbe indien
  • Chacun est tourmenté par sa propre malhonnêteté.
    Cicéron
  • Une cravate propre attire inévitablement les aliments.
    Loi de Murphy
  • Soyez à vous-même votre propre flambeau.
    Bouddha
  • Le monde est sa propre magie.
    Seijun Suzuki
  • Un vrai homme est son propre père.
    Jean Anouilh — La foire d'empoigne
  • Soyez à vous-mêmes votre propre refuge. Soyez à vous-mêmes votre propre lumière.
    Bouddha — Dhammapada
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Traductions du mot « propre »

Langue Traduction
Anglais clean
Espagnol limpiar
Italien pulito
Allemand reinigen
Chinois 清洁
Arabe نظيف
Portugais limpar \ limpo
Russe чистый
Japonais 掃除
Basque garbi
Corse pulita
Source : Google Translate API

Synonymes de « propre »

Source : synonymes de propre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « propre »

Combien de points fait le mot propre au Scrabble ?

Nombre de points du mot propre au scrabble : 10 points

Propre

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