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Peine
Sommaire
- Définitions de « peine »
- Étymologie de « peine »
- Phonétique de « peine »
- Fréquence d'apparition du mot « peine » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « peine »
- Citations contenant le mot « peine »
- Images d'illustration du mot « peine »
- Traductions du mot « peine »
- Synonymes de « peine »
- Antonymes de « peine »
- Combien de points fait le mot peine au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Féminin | peine | peines |
Définitions de « peine »
Trésor de la Langue Française informatisé
PEINE, subst. fém.
Wiktionnaire
Nom commun - français
peine \pɛn\ féminin
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Punition, sanction ou châtiment infligé(e) pour une faute commise, pour un acte jugé répréhensible ou coupable.
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(Droit) Punition pour une infraction à la loi et prononcée par un jugement.
- Les peines ne sont pas faites pour tourmenter les coupables, mais pour prévenir le crime par la crainte de les encourir. — (Robespierre, Discours sur la peine de mort, le 30 mai 1791 au sein de l’Assemblée constituante.)
- Si cette peine, compliquée des aggravations successives pour les tentatives d’évasion, ne finissait pas par être une sorte d’attentat du plus fort sur le plus faible, un crime de la société sur l’individu, un crime qui recommençait tous les jours, un crime qui durait dix-neuf ans. — (Victor Hugo, Les Misérables, Tome I - Fantine, Livre deuxième - La chute)
- La Révolution abolit la peine du pilori que, quelques années plus tard, le Code pénal remplaça par celle de l’exposition. Elle-même fut abolie en 1848. — (Le pilori des Halles, dans Hippocrate revue d'humanisme médical, janvier 1949, n° 1, page 32)
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(Religion) Sanction de l’Église pour une faute morale.
- Les jours de jeun sont comptés. [...] Ceux qui, pouvant supporter l'abstinence, la rompront, auront pour peine expiatoire la nourriture d’un pauvre. — (F.F. Brunet, Parallèle des religions, Troisième partie - Le Mahométisme, 1792)
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(Religion) Châtiment après la mort pour expier ses péchés et ses fautes durant sa vie terrestre.
- Aussitôt après la mort, [les âmes] des méchants ne subissent pas encore les mêmes peines qu’elles souffriront après le jugement — (R.P. Mauduit, Dissertations sur l’Apocalypse, Dissertation X)
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(Droit) Punition pour une infraction à la loi et prononcée par un jugement.
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Souffrance physique ou morale, sentiment de quelque mal dans le corps ou dans l’esprit.
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Douleur, affliction, chagrin, déplaisir.
- Vous comprenez que de si sensibles obligations et une si longue habitude font souffrir une cruelle peine, quand il est question de se séparer pour jamais. — (marquise de Sévigné, Lettre de madame de Sévigné, au comte de Bussy-Rabutin, Lettre LXXXVII, 2 septembre 1687)
- Son ami Miguel Caballero dit avoir « beaucoup de peine » et trouve « injuste que quelqu’un qui avait le cœur sur la main attrape la COVID apparemment dans des mauvaises conditions ». — (Nicolas Saillant, COVID-19: le préposé aux bénéficiaires décédé s'est éteint seul chez lui, Le Journal de Québec, 5 janvier 2021)
- Les dernières nouvelles que j’ai reçues me mettent fort en peine.
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Souci, embarras.
- Ça pouvait lui faire arriver de la peine, ce soldat tué près de chez lui. — (Alphonse Daudet, Le Prussien de Bélisaire, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, réédition Le Livre de Poche, 1974, page 70)
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Douleur, affliction, chagrin, déplaisir.
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Difficulté ; empêchement.
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Travail, fatigue, effort qui coûte.
- Travaillez, prenez de la peine : c’est le fonds qui manque le moins. — (Jean de La Fontaine, Le laboureur et ses enfants, Fables, Livre V, 9)
- L’entaille n’était pas assez profonde. Je dus me replacer sur le dos et reprendre la besogne, ce qui me coûta beaucoup de peine. — (Émile Zola, La mort d’Olivier Bécaille, 1884)
- En raison du changement d’heure, survenu la même nuit, la déposante hésitait : elle avait, en se mettant au lit, retardé sa pendule pour s’épargner la peine d’y penser le lendemain, […]. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
- Sa peine n’a pas été inutile, n’a pas été infructueuse.
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Difficultés et obstacles que l’on trouve à quelque chose.
- Peu préparé à la politique, mais d’opinions légitimistes , il se révèle politicien sans horizon. Les de Broglie et Cie n'ont pas de peine à le circonvenir. — (Alexandre Zévaès, Histoire de la Troisième République 1870 à 1926, Éditions Georges-Anquetil, 1926, page 108)
- Je voudrais vous épargner cette peine.
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Répugnance d’esprit qu’on a à dire ou à faire quelque chose.
- J’ai de la peine, j’ai peine à lui annoncer une si fâcheuse nouvelle.
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Travail, fatigue, effort qui coûte.
- Salaire d’un artisan.
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Souffrance infligée pour une faute commise; châtiment, punition. Il a commis la faute, il en portera la peine. Ce bannissement est la peine de son crime. On ordonne cela sous peine de la vie. Peine corporelle, capitale, afflictive, infamante, pécuniaire. Prononcer, appliquer, infliger une peine. Subir une peine. Proportionner les peines aux délits. Établir, déterminer des peines. Condamner à une peine. Encourir une peine. Il y a peine de mort contre ceux qui contreviendront à cet ordre. L'abolition de la peine de mort. Cela est défendu sous peine d'une amende, sous peine d'amende. La peine du talion. Le maximum de la peine. En termes de Jurisprudence, Sous les peines de droit, Sous les peines portées par la Loi. La réimpression de ce livre avait été défendue sous les peines de droit. En termes de Théologie, La peine du sens, Les douleurs que les damnés souffrent par les tourments de l'enfer. La peine du dam, Ce que la privation de la vue de Dieu leur fait souffrir. Les peines éternelles, Ce que les damnés souffrent en enfer. Les peines du purgatoire, Ce que les âmes souffrent dans le purgatoire. Âme en peine, Âme qui subit les peines de l'enfer ou du purgatoire. Fig. et fam., Il est comme une âme en peine, c'est une âme en peine se dit d'un Homme fort inquiet, très tourmenté de quelque chose.
PEINE signifie aussi Douleur, affliction, souffrance physique ou morale, sentiment de quelque mal dans le corps ou dans l'esprit. Peines de cur. Les peines de la vie. C'est de lui que sont venues mes plus grandes peines. Je n'ai jamais éprouvé une peine si cruelle. Il m'a fait une grande peine, bien de la peine. Cela fait peine. Cela fait peine à voir. Adoucir, partager les peines de quelqu'un. Consoler quelqu'un dans la peine. Cacher ses peines. Être dans la peine, Être dans l'affliction. Il signifie aussi Être dans le besoin, dans une grande pénurie.
PEINE signifie encore Inquiétude d'esprit. J'étais fort en peine de ce qu'il était devenu. Vous m'avez tiré de peine. Me voilà hors de peine. On est extrêmement en peine de lui. Je suis en peine de n'avoir point de ses nouvelles. Les dernières nouvelles que j'ai reçues me mettent fort en peine. Il ne se met guère en peine de ce qui peut lui arriver.
PEINE signifie aussi Travail, fatigue, effort qui coûte. Il n'a pas fait cela sans peine. Il n'a ouvert cette porte qu'avec peine. Sa peine n'a pas été inutile, n'a pas été infructueuse. Puisque je vous ai obligé, je ne regrette pas ma peine. Je voudrais vous épargner cette peine. Prendre, se donner de la peine, bien de la peine. Il ne se donna pas la peine d'y penser. Cela ne demande pas, n'exige pas beaucoup de peine. Vous n'aurez pas grande peine à faire cet ouvrage. Je n'y ai pas eu grand-peine. Prov., Toute peine mérite salaire. À chaque jour suffit sa peine. Faire une chose sans peine, La faire facilement et, par extension, La faire de bon cur. Mourir à la peine, Mourir après avoir travaillé jusqu'au bout au succès d'une uvre ou d'une entreprise. Il est mort à la peine avant d'avoir vu l'achèvement de l'uvre à laquelle il s'était consacré. Fig., Je réussirai dans cette entreprise, ou je mourrai à la peine, Je ne veux point me désister de ce que j'ai entrepris, rien ne m'y fera renoncer. Perdre sa peine, ses peines, Travailler inutilement à quelque chose. On dit dans le même sens : C'est peine perdue. Plaindre sa peine. Voyez PLAINDRE. En être pour sa peine, Ne pas réussir dans un travail, dans une entreprise. Voilà pour votre peine se dit à Quelqu'un à qui l'on donne un pourboire. Pour la peine, En récompense, en remerciement, en dédommagement. Par politesse, Prenez la peine, donnez-vous la peine de faire cela, Je vous prie de faire cela. Il a pris la peine de venir me voir, Il est venu me voir. Fam., La chose en vaut bien la peine, La chose mérite qu'on ne néglige rien afin d'y réussir. On dit dans le sens contraire : Cela n'en vaut pas la peine, ce n'est pas la peine. Ce n'est pas la peine d'attendre si longtemps pour si peu de chose. Fam., Cela ne vaut pas la peine d'en parler, se dit d'une Chose qui est peu importante, ou à laquelle on veut paraître attacher peu d'importance. Il se dit aussi ironiquement pour souligner l'importance de la chose dont on parle. Il ne lui a volé qu'un million; c'est un rien : ce n'est pas la peine d'en parler. En valoir la peine se dit aussi des Personnes. Presque tous les auteurs étrangers qui en valent la peine ont été traduits en français. Vous avez tort de vous occuper de lui, il n'en vaut pas la peine. Un homme de peine, des gens de peine, Celui, ceux qui gagnent leur vie en exécutant de gros ouvrages.
PEINE se dit aussi des Difficultés, des obstacles que l'on trouve à quelque chose. Il aura bien de la peine à gagner ce procès. Il a eu beaucoup de peine à faire sa fortune, à venir à bout de cette tâche. Il aura de la peine à me convaincre. J'ai peine à voir clair dans tout ceci. Je n'ai pas de peine à vous croire. Avoir de la peine à parler, Avoir de la difficulté à parler par quelque empêchement naturel. On le dit aussi figurément. Répondez donc; vous avez bien de la peine à parler. Avoir de la peine à marcher, Se servir difficilement de ses jambes. On dit figurément : Cette affaire; cette entreprise a bien de la peine à se mettre en train.
PEINE se dit encore de la Répugnance d'esprit qu'on a à dire ou à faire quelque chose. J'ai de la peine, j'ai peine à lui annoncer une si fâcheuse nouvelle.
À PEINE, Locution adverbiale qui a différentes significations, selon les différentes façons de parler avec lesquelles on l'emploie. Elle sert à désigner Le peu de temps qui s'est écoulé, depuis que la chose dont on parle est arrivée. À peine est-il hors de son lit, à peine il est hors du lit; À peine sommes-nous entrés, Il ne fait que sortir du lit; Il n'y a qu'un moment que nous sommes entrés. À peine le soleil est-il levé, on se met en marche. Dans ce cas, on met quelquefois que au commencement du second membre de la phrase. À peine le soleil était-il levé, à peine le soleil était levé qu'on aperçut l'ennemi. On s'en sert aussi dans la signification de Presque pas; on dit, par exemple : À peine est-il jour, à peine a-t-il le nécessaire, à peine sait-il lire, Il n'est presque pas encore jour, il n'a presque pas le nécessaire, il ne sait presque pas lire. On dit de même : Cela est à peine indiqué, à peine esquissé. Il a à peine touché à ce point dans son discours. Il nous regarde à peine.
À PEINE signifie aussi Difficilement. On peut à peine passer dans cet étroit couloir. À peine y voit-on assez pour se conduire. On trouverait à peine de l'eau pour boire. À peine si on peut le comprendre. À grand-peine, Très difficilement. À grand-peine lui persuaderez-vous cela.
Littré (1872-1877)
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1Ce qu'on fait subir pour quelque chose jugée répréhensible ou coupable.
Les dieux ne tardèrent guère à faire payer la peine de ce crime à celui qui en était l'auteur
, Vaugelas, Q. C. III, 13.Tu redoubles ta peine avec cette insolence
, Corneille, Médée, V, 7.Vous qui savez son crime, ordonnez de sa peine
, Corneille, Nicom. V, 7.Enfin je l'ai fait fuir, et sous ce traitement De beaucoup d'actions il a reçu la peine
, Molière, Amph. I, 2.Il [Jésus-Christ] a porté en sa personne la peine de mes iniquités
, Pascal, Prière.Les hommes portèrent la peine de s'être soumis à leurs sens
, Bossuet, Hist. II, 2.Pour y subir la peine de leur infidélité
, Bossuet, ib. II, 9.Où a-t-on pris que la peine et la récompense ne soient que pour les jugements humains, et qu'il n'y ait pas en Dieu une justice dont celle qui reluit en nous ne soit qu'une étincelle ?
Bossuet, Anne de Gonz.Il est essentiel que les peines aient de l'harmonie entre elles, parce qu'il est essentiel que l'on évite plutôt un grand crime qu'un moindre, ce qui attaque plus la société que ce qui la choque moins
, Montesquieu, Esp. VI, 16.Les peines pécuniaires ne peuvent-elles pas se proportionner aux fortunes, et enfin ne peut-on pas joindre l'infamie à ces peines ?
Montesquieu, ib. VI, 18.Lorsque la peine est sans mesure, on est souvent obligé de lui préférer l'impunité
, Montesquieu, ib. VI, 13.L'expérience a fait remarquer que, dans les pays où les peines sont douces, l'esprit du citoyen en est frappé, comme il l'est ailleurs par les grandes
, Montesquieu, ib. 12.Un juge qui, autorisé par la loi à punir d'une moindre peine, prononce la peine de mort, est un assassin et un barbare
, Voltaire, Pol. et lég. Relat. mort chev. de la Barre.J'étais plein de la lecture du petit livre des Délits et des Peines, qui est en morale ce que sont en médecine le peu de remèdes dont nos maux pourraient être soulagés
, Voltaire, Pol. et législ. Comm. sur délits et peines, Occasion.Quand M. Beccaria fut applaudi pour avoir démontré que les peines doivent être proportionnées aux délits
, Voltaire, Dictionnaire philos. Supplices.Je ne lui dissimulai pas [à Beccaria, auteur du livre des Délits et des Peines] que je n'étais pas de son avis sur la conclusion qui tend à proscrire la peine de mort pour quelque crime que ce puisse être
, Duclos, Œuv. t. VII, p. 201.Courir à sa peine, courir au châtiment.
Qui se venge à demi court lui-même à sa peine
, Corneille, Rodog. V, 1.Peine arbitraire, celle dont l'application est laissée à l'arbitrage du juge.
Peine arbitraire, se dit aussi de celles qu'on fait subir par abus d'autorité, et sans qu'elles soient prononcées par une loi.
En théologie, peine du sens, les douleurs que souffrent les damnés dans l'enfer. Peine du dam, celle que la privation de la vue et de la jouissance de Dieu fait souffrir.
Les peines éternelles, les peines de l'enfer, celles que les damnés souffrent en enfer ; les peines du purgatoire, celles que les âmes souffrent dans le purgatoire.
Âme en peine, âme qui souffre dans l'enfer ou dans le purgatoire.
Hé ! ne nous faites point de peur, monsieur ; si votre âme est en peine…
, Dancourt, Diable boit. SC. 17.Familièrement. Il est comme une âme en peine, il est très inquiet.
Il avait l'air d'un homme dont l'âme est en peine ; il descendait d'un pas mal assuré
, Marivaux, Pays. parv. part. 2.Sous peine de, en encourant la peine de. Sous peine d'amende, d'une amende.
Un arrêt qui défendait à César, sous peine de punition, de faire aucune libéralité contraire aux lois
, Vertot, Révol. rom. XIV, 313.Fig.
Un poëte dramatique est obligé sous peine de chute…
, D'Alembert, Œuv. t. V, p. 429.Sous peine de la vie, en encourant la perte de la vie.
On ordonnait sous peine de la vie à tous les citoyens de sortir en armes hors de leurs maisons
, Voltaire, Louis XV, 21.Sous peine de mort, même sens. Cela fut défendu sous peine de mort.
Fig.
Leur ordonner, sous peine de mort, la participation à votre corps et à votre sang
, Massillon, Carême, Communion.En jurisprudence, sous les peines de droit, en encourant les peines portées par la loi.
Sur peine, dans le même sens (locution qui n'est plus aussi usitée que sous peine).
On ne doit de rimer avoir aucune envie, Qu'on n'y soit condamné sur peine de la vie
, Molière, Misanthr. IV, 1.On les a obligés, sur peine de péché mortel…
, Pascal, Provinc. v.Voulez-vous savoir des nouvelles de Rennes… on a chassé et banni toute une grande rue, et défendu de les recueillir [les habitants] sur peine de la vie
, Sévigné, 30 oct. 1675.À peine de, même sens.
Vous avez obligé les prêtres à les absoudre sur une opinion probable, à peine de péché mortel
, Pascal, Prov. VI.Quand on les voulut forcer à y souscrire, à peine de perdre leurs prébendes…
, Pascal, ib. XIX.Les parties contestèrent devant le roi, et s'engagèrent de part et d'autre, à peine de la vie, à justifier leurs prétentions par les termes de la loi de Moïse
, Bossuet, Hist. I, 9.En peine de, sous peine de (inusité aujourd'hui).
Le péril en est grand, courons-y toutefois ; Une prison si belle est trop digne d'envie ; Puissé-je vous devoir plus que je ne vous dois, En peine d'y languir le reste de ma vie !
Corneille, Poés. div. Madrigal.Familièrement. et fig. Pour peine de, en châtiment de (avec une nuance de plaisanterie).
Il faut un peu que je vous dise des nouvelles de nos états pour votre peine d'être Bretonne
, Sévigné, 5 août 1671. -
2Souffrance physique ou morale. Les peines du corps, de l'esprit.
Ses chagrins le rendaient pourtant méconnaissable… Tant la peine et l'amour l'avaient défiguré !
La Fontaine, Filles de Minée.Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à penser De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines
, La Fontaine, Fabl. IX, 2.Mon cœur souffre, à vous voir, une peine incroyable
, Molière, Amph. II, 6.Il faut ces deux choses pour sanctifier, peines et plaisirs
, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 6.Je me repens de vous avoir écrit mes douleurs ; elles vous donneront de la peine quand je n'en aurai plus
, Sévigné, 21 juin 1671.J'ai mes peines, j'ai les vôtres encore bien vivement
, Sévigné, 13 oct. 1688.C'est toujours un bien De changer de peine
, Quinault, Proserp. II, 1.Toute votre peine C'est de voir que la paix rend votre attente vaine
, Racine, Théb. I, 5.Peines à la campagne, peines à la ville, peines partout ; celui qui ne connaît pas la peine n'est pas à compter parmi les enfants des hommes
, Diderot, Mém. t. I, p. 209, dans POUGENS.Ne trouves-tu pas que ses longues peines et l'habitude de les sentir ont rendu sa physionomie encore plus intéressante qu'elle n'était autrefois ?
Rousseau, Hél. IV, 9.Il n'y a de sûr que la peine, il n'y a qu'elle qui tienne impitoyablement ce qu'elle promet
, Staël, Corinne, XVIII, 5.Levez donc vos regards vers les célestes plaines, Cherchez Dieu dans son œuvre, invoquez dans vos peines Ce grand consolateur
, Lamartine, Méditat. I, 7.Ici-bas la douleur à la douleur s'enchaîne, Le jour succède au jour, et la peine à la peine
, Lamartine, ib. I, 2.Faire peine, causer une souffrance physique ou morale.
On peut tirer du fruit de tout ce qui fait peine
, Corneille, Pulch. III, 1.La seule comparaison que nous faisons de nous au fini fait peine
, Pascal, Pens. I, 1, éd. HAVET.Il [Adam, après la chute] se fait peine à lui-même, lui qui s'était tant aimé
, Bossuet, Hist. II, 1.Impersonnellement.
Il me fait peine de… je souffre à… Il nous fait peine à présent d'admettre de petites divinités là où nous ne voyons que de grands espaces
, Chateaubriand, Génie, II, V, 3.Faire quelque peine, causer du déplaisir, déplaire.
Que, dans tout le Thibet, on pense qu'il existe un homme immortel, cela peut faire quelque peine à un philosophe
, Voltaire, Lett. chinoises, X.Par politesse et exagération.
Si je ne me faisais une peine de vous importuner trop souvent
, Rousseau, Lett. au curé d'Amberieu, 15 déc. 1763.Faire peine, en parlant des personnes, exciter une compassion profonde. Ce pauvre homme a l'affliction sur la figure, il me fait peine.
Faire de la peine à quelqu'un, lui susciter des difficultés, des embarras, lui faire subir des vexations.
On m'a dit qu'il y a un certain M. Nicolas, qui est procureur du roi de la commission : il vaudrait mieux lui donner double taxe, et qu'il ne nous fit point de peine
, Corneille, Lett. à Jacques Goujon.Être dans la peine, être dans le besoin.
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3 En termes de galanterie, les souffrances des amants.
…Que sent-on [dans l'amour] ? Des peines près de qui le plaisir des monarques Est ennuyeux et fade : on s'oublie, on se plaît Toute seule en une forêt
, La Fontaine, Fabl. VIII, 13.… J'ai couru partout où ma perte certaine Dégageait mes serments et finissait ma peine
, Racine, Andr. II, 2. -
4Inquiétude, souci, embarras.
Je suis fort en peine de savoir que c'est qui fait aujourd'hui soupirer tous les gens de bien
, Guez de Balzac, liv. IV, lett. 18.Voilà, mes chers amis, ce qui me met en peine
, Corneille, Cinna, II, 1.C'est mettre un jaloux hors de peine
, Corneille, Sertor. IV, 2.…Ce n'est pas, seigneur, ce qui me tient en peine
, Corneille, ib. IV, 3.Ne saurais-tu trouver quelque moyen pour me tirer de peine ?
Molière, Fourber. III, 2.Ne soyez point en peine où je vais vous mener
, Molière, Éc. des f. V, 3.Je suis en peine du jugement que vous ferez de moi
, Molière, Princ. d'Él. IV, 1.Il m'ôta de peine en disant…
, Pascal, Prov. IX.La question de fait dont je ne me mets guère en peine
, Pascal, ib. I.Ne vous mettez point en peine jamais de me faire réponse
, Sévigné, 4.Ils lisaient dans ma pensée, et trouvaient que j'étais en peine de vous ; et de quoi veulent-ils donc que je sois en peine ?
Sévigné, 333.Je suis en peine de vous savoir à Aix, à cause de la petite vérole qui y était
, Sévigné, 118.Je suis en peine du paquet dont vous me parlez
, Sévigné, 20.Elle a été dans des peines de votre santé qui ne sont pas concevables
, Sévigné, 6 août 1670.Telle était l'agréable histoire que nous faisions pour Madame ; et, pour achever ces nobles projets, il n'y avait que la durée de sa vie dont nous ne croyions pas devoir être en peine
, Bossuet, Duch. d'Orl.Sans se mettre en peine si…
, Fénelon, Tél. X.Ne soyez point en peine, je ne dirai rien que de vrai
, Fénelon, ib. XI.Je suis en peine de la santé de M. d'Alembert
, Voltaire, Lett. la Harpe, 4 juin 1777. Être en peine que, avec le subjonctif, craindre que.Je ne suis point en peine que vous ne fassiez tout ce qui sera nécessaire pour nous empêcher de tomber dans le panneau
, Sévigné, 13 août 1687.J'étais en peine qu'une petite demoiselle représentât le roi [à Saint-Cyr, dans Esther] : on dit que cela est fort bien
, Sévigné, 28 janv. 1689.Être en peine, ne savoir où prendre.
Nous étions en peine d'ornements pour notre chambre
, Rousseau, Ém. II.Être en peine de sa personne, être fort embarrassé de ce que l'on deviendra.
On me laissa sur le perron, où je demeurai fort en peine de ma personne
, Lesage, Guzm. d'Alf. I, 5. -
5Travail, fatigue.
Travaillez, prenez de la peine, C'est le fonds qui manque le moins
, La Fontaine, Fabl. V, 9.Toute peine, dit-on, est digne de loyer
, La Fontaine, ib. XII, 22.Il est vrai qu'il y a de la peine en entrant dans la piété ; mais cette peine ne vient pas de la piété qui commence d'être en nous, mais de l'impiété qui y est encore
, Pascal, Pens. XXIV, 61 ter, éd. HAVET.Rien n'est égal à l'étendue de ses soins, aux peines qu'il prend
, Sévigné, 531.Approche donc et viens ; qu'un paresseux t'apprenne, Antoine, ce que c'est que fatigue et que peine
, Boileau, Ep. X.Quand il [Pygmalion] trouvait un homme faux et corrompu, il ne se donnait pas la peine d'en chercher un autre
, Fénelon, Tél. III.Quelle horrible peine à un homme qui est sans prôneurs et sans cabale… de se faire jour à travers l'obscurité où il se trouve, et de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
La Bruyère, II.Voilà pour votre peine, se dit à un homme de peine, à un ouvrier à qui on donne une gratification.
Être en peine de faire, s'occuper à faire (emploi qui a vieilli).
Je veux croire que la Seine Aura des cygnes alors Qui pour toi seront en peine De faire quelques efforts
, Malherbe, VI, 30.Perdre sa peine, ses peines, travailler inutilement à quelque chose.
J'essayai d'expliquer pourquoi cette union si convenable ne me convenait pas ; j'y perdis ma peine
, Staël, Corinne, XIV, 2.C'est peine perdue, se dit dans le même sens.
Aussi tout ce qu'elle fit à cet égard fut-il, peu s'en faut, peine perdue
, Rousseau, Confess. V.C'est peine perdue que l'éloge ou la satire d'un homme en place
, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 17 nov. 1762.En être pour sa peine, ne pas réussir.
Mourir à la peine, mourir avant de recueillir le fruit d'un travail long et pénible.
L'homme vertueux qui, sur le trône, a passé sa vie à faire le peu de bien qui dépendait de lui, meurt à la peine, sans avoir jamais su s'il avait un ami sincère
, Marmontel, Bélis. VIII.Il se dit aussi, par exagération, de quelque projet qu'on a en tête.
Ah ! je jure que nous en serons vengées, ou que je mourrai en la peine
, Molière, Préc. 18.Plaindre sa peine, voy. PLAINDRE.
La chose en vaut bien la peine, elle mérite qu'on ne néglige rien afin d'y réussir.
Ironiquement.
Cela valait bien la peine de la déshonorer
, Sévigné, 420.En sens contraire, cela n'en vaut pas la peine, ce n'est pas la peine, cela ne mérite pas qu'on en tienne compte.
Viens donc ; et de ce bien, ô douce volupté, Veux-tu savoir au vrai la mesure certaine ? Il m'en faut tout au moins un siècle bien compté, Car trente ans, ce n'est pas la peine
, La Fontaine, Psyché, II, p. 217.Cela ne vaut pas la peine d'en parler, voy. PARLER, n° 7.
En valoir la peine, se dit aussi des personnes.
Il faut rendre service aux hommes tant qu'on le peut, bien qu'ils n'en vaillent guère la peine
, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 10 oct. 1760.Les auteurs d'entre les modernes qui en valent la peine ont été traduits dans notre langue
, Diderot, Lett. sur la chirurg.Par politesse. Prenez la peine de vous asseoir, c'est-à-dire asseyez-vous, je vous prie.
Prenez la peine, monseigneur, de relire l'endroit que vous m'objectez
, Bossuet, Rép. à quatre lettres, 23.Il a pris la peine de venir me voir, il est venu me voir.
- 6Homme de peine, gens de peine, homme, gens qui, sans avoir un métier déterminé, gagnent leur vie par des travaux pénibles de corps.
- 7Salaire du travail d'un artisan. Il ne faut pas retenir la peine du mercenaire.
-
8Difficulté, empêchement.
Avec fort peu de peine Un flux de pleine mer jusqu'ici les amène
, Corneille, Cid, II, 7.On a eu toutes les peines du monde à empêcher Monsieur de passer les nuits à la tranchée, et d'y être à toute heure
, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 203, dans POUGENS.Comment ? il semble que vous ayez peine à me reconnaître ?
Molière, Pourc. I, 6.Je n'aurai pas grande peine à m'en défendre
, Pascal, Prov. XVII.Vous aviez donc ce joli visage que j'aime tant ; conservez-le tout le plus que vous pourrez : vous auriez peine d'en trouver un pareil
, Sévigné, 24 juillet 1675.Le maître de la maison malade d'une fièvre dont le quinquina a eu toutes les peines du monde à le tirer
, Sévigné, 12 juillet 1691.Elle avait tellement perdu les lumières de la foi, que, lorsqu'on parlait sérieusement des mystères de la religion, elle avait peine à retenir ce ris dédaigneux…
, Bossuet, Anne de Gonzague.Quand mon rang fut venu, je n'eus pas de peine à répondre, parce que je n'avais pas oublié ce que Mentor m'avait dit souvent
, Fénelon, Tél. v.On eut bien de la peine à empêcher qu'elle ne fût déchirée
, Fénelon, ib. VIII.Les hommes ont tant de peines à s'approcher sur les affaires
, La Bruyère, XI.Le maréchal de Villeroy avait consenti avec grande peine à un conseil de guerre
, Saint-Simon, 159, 87.Avoir de la peine à parler, parler difficilement, en raison de quelque empêchement naturel.
Il se dit aussi au fig. Répondez donc, vous avez bien de la peine à parler.
Avoir de la peine à marcher, se servir difficilement de ses jambes.
Il se dit aussi au fig. Cette affaire, cette entreprise a de la peine à marcher.
Telle chose me fait peine à comprendre, j'ai peine à la comprendre (locution vieillie).
Ta libéralité me fait peine à comprendre ; Tu parles de donner quand tu ne fais que rendre
, Corneille, Héracl. I, 2.Faire peine à, avec un nom de chose pour sujet, permettre difficilement de (locution vieillie).
Mais dessus ce vieillard plus je porte les yeux, Plus je crois l'avoir vu jadis en d'autres lieux ; Ses rides me font peine à le bien reconnaître
, Corneille, Œdipe, IV, 4. -
9Manque de disposition à, de volonté pour.
On a peine à haïr ce qu'on a bien aimé
, Corneille, Sertor. I, 3.Si contre lui j'ai peine à croire ces témoins
, Corneille, Nicom. III, 8.Nous avons considéré, à l'égard des valets, la peine qu'ils ont, quand ils sont gens de conscience, à servir des maîtres débauchés
, Pascal, Prov. VI.J'ai peine à contempler son grand cœur [de Charles Ier] dans ces dernières épreuves
, Bossuet, Reine d'Anglet.Il eut une peine extrême à m'aborder
, Fénelon, Tél. X.Je n'aime point les gens qui renversent les lois de leur patrie : mais j'aurais de la peine à croire que César et Cromwell fussent de petits esprits
, Montesquieu, Déf. Espr. lois, part. 1.On a de la peine à croire que le parlement, en 1621, défendit, sous peine de mort, de rien enseigner de contraire à Aristote
, Voltaire, Mœurs, 180.Faire de la peine, se dit d'une chose qui déplaît.
Si l'on eût été moins religieux à le donner tel qu'on le trouvait [le texte de la Bible], et qu'on eût pris la liberté d'y corriger ce qui faisait de la peine
, Bossuet, Hist. II, 13.Ses fréquentes contradictions [de Rollin dans son Traité des Études] font de la peine au lecteur attentif
, L'Abbé Desfontaines.On dit en termes familiers et avec une nuance d'ironie à quelqu'un qui dit ou fait une sottise : Vous me faites de la peine.
-
10À peine, loc. adv. Depuis peu, depuis un moment.
À peine le soleil fait ouvrir les boutiques
, Boileau, Sat. VIII.À peine son sang coule et fait rougir la terre, Les dieux font sur l'autel entendre le tonnerre
, Racine, Iphig. V, 6.Seigneur, à peine sur le trône, La crainte, le soupçon déjà vous environne
, Voltaire, Mérope, III, 6.La vie eut bien pour moi de volages douceurs ; Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs
, Chénier, Élég. VII.Quelquefois le second membre de phrase prend que.
À peine est-il amant qu'il est amant heureux
, Quinault, Rol. III, 6.Pharnace entrait à peine, Qu'il courut de ses feux entretenir la reine
, Racine, Mithr. II, 3.À peine une résolution était-elle prise, que…
, Fénelon, Tel. XVI.À peine, presque pas. À peine est-il jour. Il a à peine le nécessaire.
À peine parle-t-on de la triste Octavie
, Racine, Brit. I, 1.Elle tombe et ne vit plus qu'à peine
, Racine, Bajaz. IV, 3.À peine est-elle jolie au premier aspect, mais plus on la voit et plus elle s'embellit
, Rousseau, Ém. v.À peine, tout juste, peu s'en faut.
Ma sœur, l'heure s'avance, et nous serons à peine, Si nous ne retournons, au lever de la reine
, Corneille, Clit. I, 9.Elle [Isabelle de France] avait à peine quarante-deux ans, quand l'Espagne la pleura
, Bossuet, Mar.-Thér.Le poëme tragique vous serre le cœur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer et le temps de vous remettre
, La Bruyère, I.À peine, difficilement.
La victoire entre eux deux n'était pas incertaine ; L'Albain percé de coups ne se traînait qu'à peine
, Corneille, Hor. IV, 2.Ils furent à peine arrachés des mains du peuple
, Bossuet, Hist. II, 12.Je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur
, Racine, Bérén. I, 3.Je vous donne un conseil qu'à peine je reçois
, Racine, Iphig. IV, 4.Télémaque suivait à peine, regardant toujours derrière lui
, Fénelon, Tél. VII.À grand'peine, très difficilement (voy. pour l'apostrophe GRAND ,° 22).
Il rappelle un amour à grand'peine banni
, Corneille, Polyeucte, III, 5.À grand'peine, presque pas, tout au plus.
Hélas ! qu'avez-vous fait de cette amour parfaite Que vous me souhaitiez et que je vous souhaite ? S'il vous en reste encor, n'êtes-vous point jaloux Qu'à grand'peine chrétien, j'en montre plus que vous ?
Corneille, Poly. II, 6. -
11Sans peine, aisément, sans regret.
Toutes les dignités que tu m'as demandées, Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées
, Corneille, Cinna, V, 1.Vous consentez sans peine à ne me plus revoir
, Racine, Phèdre, V, 1.Apprends donc que ton fils, non sans peine, protége Tes remparts impuissants que le Rutule assiége
, Delille, Énéide, x.Avec peine, à regret, difficilement.
Il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune
, Fléchier, Duc de Mont.À toute peine, très difficilement.
Mme de Maintenon obtint à toute peine, que la princesse d'Harcourt, qui allait toujours à Marly, n'en fût pas exclue le lendemain
, Saint-Simon, 64, 71.
PROVERBES
Peine de vilain n'est comptée pour rien.
À chaque jour suffit sa peine.
Nul bien sans peine.
Quelquefois la peine passe le plaisir.
HISTORIQUE
XIe s. Mult [ils] ont eu et peines et ahans
, Ch. de Rol. XI. L'olifan [il] sone à dolur et à peine
, ib. CXXXIII. Las est li reis, car la peine est mult grant
, ib. CLXXX.
XIIe s. Moult m'a amors atornée Douce poine et biau labor
, Couci, I. Toute leur paine [ils] ont mise en moi trahir
, ib. XII. À paine [je] suis sans mourir eschapés
, ib. XI. Grans fust ma joie et ma poene legere
, ib. XVIII.
XIIIe s. Et li baron en furent si lié [joyeux], que il ne le pooient croire se à peine non
, Villehardouin, LXXX. Moult orent li baron de peine toute la nuit et toute cele semaine, et li dus de Venise aussi, pour faire la pais
, Villehardouin, L. Car de paine [douleur] [elle] clochoit com cheval qu'on encloe
, Berte, XXXIII. À painnes ert [était] dont [donc] nus preudom Ki conneüst Diu ne son nom
, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 43. Et si n'en reprendrés plus ma parole, car ce seroit paine perdue
, Chr. de Rains, p. 56. Li maistres perd sa poine toute, Quand li disciples qui escoute Ne met s'entente au retenir
, la Rose, 2063. Resons est que noz parlons des seurtés qui sunt fetes por arbitrages tenir, c'on apele paine
, Beaumanoir, XLII, 1. Cascune justice doit metre paine que li testament qui sont à droit fet, soient tenu et aempli
, Beaumanoir, XII, 27.
XIVe s. Les poines que l'en impose à ceulx qui pechent et font mal
, Oresme, Eth. 38.
XVe s. Et veux bien que chacun sache que jamais la mer en Angleterre ne repasserai, tant que je aurai ma pleine suffisance du royaume de Castille ; ou je mourrai en la peine
, Froissart, II, III, 33. Si que nous vous prions et conseillons que vous y veuilliez mettre peine [vous efforcer], et pourchasser son accord pour notre paix et honneur, et nous y mettrons peine avec vous à notre loyal pouvoir
, Froissart, I, I, 73. Avoit alors en la ville de Peronne grant garnison de gens du roy Charles… et faisoient assez paine aux gens du duc Jehan
, Fenin, 1417.
XVIe s. Sous peine de damnation eternelle
, Calvin, Instit. 945. Il feit crier que ung chascun, sus poine de la hart…
, Rabelais, Garg. I, 26. Madame, attendez moy icy, je les voys querir moy mesme, n'en prenez la poine
, Rabelais, Pant. II, 21. Calvin se conduisit tellement au gouvernement de l'Eglise, qu'il mit peine que rien ne demeurast en arriere
, Bèze, Vie de Calvin, p. 54. Espoir de gain diminue la peine
, Leroux de Lincy, t. II, p. 298. Mettre en peine ses amis [leur donner de l'inquiétude]
, Montaigne, I, 95. Il ne se pouvoit garder, s'il passoit prez d'une boutique où il y eust chose de quoy il eust besoin, de la desrobber, en peine de [quitte à] l'envoyer payer aprèz
, Montaigne, II, 72. Ils estoient si durcis à la peine [fatigue]…
, Montaigne, II, 96. Il vouloit voir le soleil de prez, peine d'en estre bruslé soubdainement
, Montaigne, I, 243. À peine [difficilement] me feroit on accroire que…
, Montaigne, II, 246. Vostre lettre par où j'ay sceu de vostre santé m'a esté ung merveilleux plaisir, pour autant que j'en estois en peyne
, Marguerite de Navarre, Lett. 4. Madame a esté merveilleusement malade ; vous povez penser la paine et l'ennuy que ce nous a esté !
Marguerite de Navarre, ib. 11. De sorte que jà à male peine pouvans soustenir ceulx qu'ilz avoient sur les bras…
, Amyot, Marcel. 15. Il y avoit plusieurs autres signes et presages celestes, qui d'ailleurs le tenoient en peine
, Amyot, ib. 46. Il en jetta l'ung dedans les carrieres où l'on mettoit les criminels et serfs de peine
, Amyot, De la tranq. d'âme, 25. Nul pain sans peine
, Cotgrave †
Étymologie de « peine »
- De l’ancien français paine, peine (« douleur, peine »), du latin poena (« peine, punition »).
- Note : L’adverbe à peine est issu du latin paene (« presque, à peu près »).
Bourg. pone ; picard, peigne, poine ; wallon, pônn ; Berry, poine ; prov. esp. et ital. pena ; du lat. pœna ; grec ποίνη, suivant les uns du même radical grec (avec aspiration) que φονός, meurtre : proprement le prix du sang ; suivant d'autres, tenant au sanscrit pū, purifier.
Phonétique du mot « peine »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
peine | pɛn |
Fréquence d'apparition du mot « peine » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « peine »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « peine »
-
Je passais au bord de la Seine Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s'écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine.
Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire — Alcools, Marie , Gallimard -
Ce n'était pas la peine Non pas la peine assurément De changer le gouvernement.
Louis François Nicolaïe, dit ClairvillePaul SiraudinVictor Koning — La Fille de Madame Angot (musique de Charles Lecocq) -
Ici-bas, la douleur à la douleur s'enchaîne. Le jour succède au jour, et la peine à la peine.
Alphonse de Prât de Lamartine — Premières Méditations poétiques, l'Homme -
La joie comme la peine se mesurent au centigramme.
Benjamin Péret — Le Grand Jeu, As de pique , Gallimard -
La joie venait toujours après la peine.
Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire — Alcools, le Pont Mirabeau , Gallimard -
« Oh ! ne parlez pas de ma peine, » dit la Duchesse ; « je vous fais cadeau de tout ce que j’ai dit jusqu’à présent. » « Voilà un cadeau qui n’est pas cher ! » pensa Alice. « Je suis bien contente qu’on ne fasse pas de cadeau d’anniversaire comme cela ! » Mais elle ne se hasarda pas à le dire tout haut.
Lewis Carroll — Alice au pays des merveilles -
L’être ou le néant, voilà le problème. Monter, descendre, aller, venir, tant fait l’homme qu’à la fin il disparaît. Un taxi l’emmène, un métro l’emporte, la tour n’y prend garde, ni le Panthéon. Paris n’est qu’un songe, Gabriel n’est qu’un rêve (charmant), Zazie le songe d’un rêve (ou d’un cauchemar) et toute cette histoire le songe d’un songe, le rêve d’un rêve, à peine plus qu’un délire tapé à la machine par un romancier idiot (oh ! pardon)...
Raymond Queneau — Zazie dans le métro -
La peine emporte le profit.
Proverbe québécois -
Les adversaires de la peine de mort guillotineraient volontiers les partisans de la peine de mort.
René Barjavel -
Toute peine mérite salaire.
Proverbe français
Traductions du mot « peine »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | pain |
Espagnol | dolor |
Italien | dolore |
Allemand | schmerzen |
Chinois | 痛 |
Arabe | ألم |
Portugais | dor |
Russe | боль |
Japonais | 痛み |
Basque | mina |
Corse | dolore |
Synonymes de « peine »
- affligé
- malheureux
- fâché
- triste
- marri
- chagrin
- affliction
- douleur
- détresse
- amertume
- déchirement
- désolation
- malheur
- misère
- mal
- souffrance
- tourment
- tristesse
- blessure
- inquiétude
- effort
- besogne
- labeur
- effet
- châtiment
- correction
- damnation
- fustigation
- punition
- sanction
- amende
- pénalité
- pénitence
- supplice
- absolution
- condamnation
- éreintement
- faiblement
- guère
- leçon
- peu
- souci
- talion
- tracas
- travail
- gage
- vaguement
- vengeance
- consigne
- fatigue
Antonymes de « peine »
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Nombre de points du mot peine au scrabble : 7 points