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Bonheur
Sommaire
- Définitions de « bonheur »
- Étymologie de « bonheur »
- Phonétique de « bonheur »
- Fréquence d'apparition du mot « bonheur » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « bonheur »
- Citations contenant le mot « bonheur »
- Images d'illustration du mot « bonheur »
- Traductions du mot « bonheur »
- Synonymes de « bonheur »
- Antonymes de « bonheur »
- Combien de points fait le mot bonheur au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | bonheur | bonheurs |
Définitions de « bonheur »
Trésor de la Langue Française informatisé
BONHEUR, subst. masc.
Wiktionnaire
Nom commun - français
bonheur \bɔ.nœʁ\ masculin
-
État heureux causé par une complète satisfaction.
- Étymologiquement, le mot bonheur provient de deux mots latins : bonum et augurum. Le premier signifie « bon, positif, favorable » tandis que le deuxième se traduit par « augure, présage ou divination ». Le bonheur se définit par un état de contentement qui peut être permanent, sinon durable, et qui peut croître. — (Christine Michaud et Thomas De Koninck, Le Petit Prince est toujours vivant, Gallimard/Édito, 2020, p. 61)
- J’ai passé neuf ans près de toi, neuf ans d’un bonheur qui n’était pas fait pour ce monde ; c’est plus qu’aucun homme n’en a jamais obtenu. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
- Sentir un amour, un dévouement immense pour celui qu’on aime, et rencontrer dans son cœur, à lui, un sentiment infini où l’âme d’une femme se perd, et toujours ! dites, est-ce un bonheur ? — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
- Il est en nous un sentiment inné, développé d’ailleurs outre mesure par la Société, qui nous lance à la recherche, à la possession du bonheur. La plupart des hommes confondent le bonheur avec ses moyens, et la fortune est, à leurs yeux, le plus grand élément du bonheur. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
- Aussi s’était-elle, dès le premier moment, laissée aller avec un sentiment de bonheur indéfinissable, à la pente qui l’entraînait vers le Cœur-Loyal, et l’amour s’était installé en maître dans son âme. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
- Cet homme n’est pas heureux, et cependant j’envie son bonheur. Dites-moi ce qu’il y a à répondre à cela, sinon que le bonheur est en nous, en chacun de nous, et que c’est le désir de ce qu’on n’a pas ! — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
- Elle ne savait pas, jeune fille de dix-sept ans, depuis longtemps orpheline, que le bonheur n’est jamais pour nous qu’un visiteur furtif ; qu’il luit et s’évanouit comme l’éclair et laisse dans l’âme une saveur de cendre amère, des jonchées de ruines et d’illusions brisées. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
- Des souvenirs lui revenaient par bribes. Il se remémorait le bonheur qu’il avait découvert à marcher dans les champs ou à travers les bois. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
- Moi j’en ai rien à foutre d'être quelqu'un. Je suis un mec sans ambition. Moi mon bonheur, c'est la pêche et le pastaga. Tu vois, ça va pas chercher bien loin. — (David Thomas, Je n'ai pas fini de regarder le monde, Albin michel, 2012)
- " Le bonheur est un puzzle dont il convient de replacer les éléments chaque matin " (Yves Michallet le bonheur d'être vous)
-
Événement heureux.
- Il est toujours égal au milieu de tous les malheurs et de tous les bonheurs du monde.
- Il lui est arrivé plusieurs bonheurs en un jour.
-
Chance favorable.
- Il a eu le bonheur d’éviter ce danger.
- Il s’en est tiré par le plus grand bonheur du monde.
- Quel bonheur qu’il ne nous ait pas reconnus !
-
(Familier) Réussite, prospérité.
- Les immenses succès obtenus par la civilisation matérielle ont fait croire que le bonheur se produirait tout seul, pour tout le monde, dans un avenir tout prochain.— (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
- Avoir un bonheur insolent.
- Jouer de bonheur.
- Bon hasard, par des circonstances heureuses, dans les choses qu’on entreprend.
- Il a eu du bonheur toute sa vie.
- Avoir un bonheur constant.
- Résultat variable d’une action (généralement au pluriel).
- Plusieurs peintres de Venise, de Ferrare et de Brescia avaient utilisé avec des bonheurs divers de tels procédés. — (Georges Perec, Un cabinet d’amateur, 1979, Le Livre de Poche, page 96)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Félicité, état heureux, prospérité. Bonheur parfait, solide, durable. Bonheur sans mélange. Bonheur apparent. Goûter le bonheur. Jouir du bonheur de la vie. Rien ne trouble son bonheur. Le bonheur de l'État. Contribuer au bonheur de quelqu'un, faire son bonheur. Envier le bonheur d'autrui. Son plus grand bonheur est de... Il signifie aussi Événement heureux, chance favorable. Bonheur inespéré. Il lui est arrivé un grand bonheur. Prendre part au bonheur de quelqu'un. Un coup de bonheur. Il a eu le bonheur d'éviter ce danger. Il s'en est tiré par le plus grand bonheur du monde. Ô bonheur! Quel bonheur qu'il ne nous ait pas reconnus! Dans ce sens, il a un pluriel. Il lui est arrivé plusieurs bonheurs en un jour. Avoir du bonheur, Être favorisé par le hasard, par des circonstances heureuses, dans les choses qu'on entreprend. Il a eu du bonheur toute sa vie. Avoir un bonheur constant. Avoir plus de bonheur que de prudence. C'est avoir bien du bonheur. On dit dans un sens analogue Son bonheur parut l'abandonner. Il abuse de son bonheur, etc. On dit de même, aux Jeux de hasard, Jouer avec bonheur. Être en bonheur, etc. Fam., Avoir un bonheur insolent, se dit d'une Personne qui réussit constamment, malgré les fautes, les erreurs qu'elle commet. Fig. et fam., Jouer de bonheur, Réussir dans une affaire où l'on avait à craindre d'échouer. Fam. et pop., Au petit bonheur, Arrive ce qu'il pourra. Je fais ce marché au petit bonheur. Avoir le bonheur de. Façon de parler dont on se sert par civilité, par compliment. Il est trop heureux, puisqu'il a eu le bonheur de plaire. Depuis que je n'ai eu le bonheur de vous voir.
PAR BONHEUR, loc. adv. Heureusement. Par bonheur, je me trouvai avoir assez d'argent pour le payer. Par bonheur pour lui, je me trouvai là.
Littré (1872-1877)
-
1Événement heureux ; chance favorable.
Il a eu le bonheur que l'âge ne l'a point miné lentement et ne lui a point fait une longue et languissante vieillesse
, Fontenelle, Lahire.Le bonheur peut conduire à la grandeur suprême
, Corneille, Cinna, II, 1.Puisqu'il tient à bonheur d'être l'un de nous deux
, Corneille, Rod. IV, 1.J'ai craint un ennemi, mon bonheur me le livre
, Corneille, Héracl. IV, 4.Succès. Le bonheur des armes françaises.
Dans ce sens il s'emploie aussi au pluriel.
Il lui pourrait arriver tous les malheurs et tous les bonheurs du monde
, Vaugelas, Remarques.Depuis un certain temps il lui est arrivé des bonheurs de toutes sortes
, Th. Corneille, Remarques.Il est toujours égal au milieu de tous les malheurs et de tous les bonheurs du monde
, Chifflet, Grammaire, p. 35.De combien de petits bonheurs l'homme du monde n'est-il pas entouré !
Marivaux, dans LAVEAUX.Porter bonheur, annoncer, procurer bonne chance.
J'avais fait venir M. Bailli pour me porter bonheur
, Sévigné, 531.Avoir du bonheur, être favorisé par le hasard.
Jouer avec bonheur, être en bonheur, avoir la chance au jeu ; et figurément, jouer de bonheur, réussir contre toute espérance.
Familièrement. Au petit bonheur ! Arrive ce qu'il pourra !
Par bonheur, par bonne chance.
Un voyageur Qui s'était muni par bonheur Contre les mauvais temps…
, La Fontaine, Fabl. VI, 3.De bonheur, se dit dans le même sens.
De bonheur pour elle, ces gens partirent presque aussitôt
, La Fontaine, Psyché, II, p. 118. -
2État heureux, état de pleine satisfaction et de jouissance. Le comble du bonheur. Il n'est pas de plus grand bonheur. Après avoir joui d'un bonheur constant. La vertu fait le bonheur.
Le bonheur des méchants comme un torrent s'écoule
, Racine, Athal. II, 7.Je faisais le bonheur d'un héros tel que vous
, Racine, Mithr. IV, 4.… Le sort, qui toujours change, Ne vous a pas promis un bonheur sans mélange
, Racine, Iph. I, 1.Le bonheur a cela de la mer et du flux Qu'il doit diminuer sitôt qu'il ne croît plus
, Mairet, Sophon. IV, 1.Dieux puissants qui veillez au bonheur de la terre
, Brébeuf, Phars. VII.Le roi qui fait le bonheur de tant de peuples
, Fénelon, Tél. II.Je ferai votre bonheur, pourvu que vous sachiez en jouir
, Fénelon, Tél. I.Près du bonheur extrême est l'extrême infortune
, Chénier M. J. Œdipe roi, V, 4.Dans le cours de nos ans, étroit et court passage, Si le bonheur qu'on cherche est le prix du vrai sage, Qui pourra me donner ce trésor précieux ?
Voltaire, 2e Discours.Mais quel bonheur honteux, cruel, empoisonné…
, Voltaire, Orphel. III, 4.Que sont ces biens peu sûrs, près des plaisirs du cœur ? Tout l'univers vaut-il un instant de bonheur ?
Gilbert, Didon à Énée.Le vois-tu bien, là-bas, là-bas, Là-bas, là-bas ? dit l'espérance ; Bourgeois, manants, rois et prélats Lui font de loin la révérence ; C'est le bonheur, dit l'espérance
, Béranger, Bonheur.Car Dieu mit ces degrés aux fortunes humaines ; Les uns vont tout courbés sous le fardeau des peines ; Au banquet du bonheur bien peu sont conviés
, Hugo, F. d'automne, 32.Le bonheur éternel, la félicité des élus.
-
3Le bonheur de, avec un infinitif, c'est-à-dire la satisfaction intime, le bonheur. Il a eu le bonheur de conserver longtemps sa mère.
Toutes deux d'une si heureuse constitution, qu'elles semblaient nous promettre le bonheur de les conserver un siècle entier
, Bossuet, Marie-Thér.Le bonheur de lui plaire est le seul où j'aspire
, Racine, Brit. III, 8.Avoir le bonheur de, formule de civilité. Depuis que j'ai eu le bonheur de vous voir.
-
4Bonheur du jour, sorte de petit meuble où l'on serre les papiers et les petits objets auxquels on tient.
Parfois cependant il range à sa manière ; ce matin, par exemple, il a ouvert le bonheur du jour, et vidé les tiroirs
, Mme Reybaud, dans Rev. des deux mondes, 1er juillet 1859, p. 14.
SYNONYME
1. BONHEUR, FÉLICITÉ, BÉATITUDE. Bonheur veut dire proprement bonne chance, et, par conséquent, il exprime l'ensemble des circonstances, des conditions favorables qui font que nous sommes bien. Il a donc un caractère extérieur, objectif, qui en fait la nuance avec félicité. La félicité n'est point liée à ces conditions du dehors ; elle est plus propre à l'âme même ; aussi on ne dira pas : la félicité que les richesses procurent ; mais on dira : le bonheur qu'elles procurent. La béatitude, qui est du style mystique, est la félicité destinée, dans une autre vie, à ceux qui auront pratiqué la vertu dans celle-ci.
2. BONHEUR, CHANCE., Ce qui distingue ces deux mots, c'est que chance est tout à fait indéterminé, et que bonheur ne l'est pas. Le bonheur est la bonne chance ; tandis que la chance peut être aussi bien mauvaise que bonne.
HISTORIQUE
XIIe s. Et j'atendrai… Joie d'amour, se bon eür m'i maine
, Couci, XI.
XIIIe s. [Que] Dame Diex par sa grace lui renvoit bon eür
, Berte, XLI. Et miex vient de bon eür nestre, Qu'estre de bons [riches], c'est dit pieça
, Lai de l'ombre.
XVe s. Et prioit moult gracieusement que chacun se peinast de bien faire la besogne et garder son bonheur
, Froissart, I, I, 41.
XVIe s. Paoures humains, qui bon heur attendez
, Rabelais, Garg. I, 58. Si en allant en quelque voyage ils rencontrent une de ces bestes, ils le reputent de bon-heur
, Paré, XXIII, 27. Le pays à qui je dois Le bon-heur de ma naissance
, Ronsard, 431.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
BONHEUR. - HIST.XVIe s. Ajoutez : M'egarant par les champs, du bon-heur adressé, Je decouvre à mes pieds un jouvenceau blessé
, Desportes, Roland furieux.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
BONHEUR, s. m. (Morale.) se prend ici pour un état, une situation telle qu’on en desireroit la durée sans changement ; & en cela le bonheur est différent du plaisir, qui n’est qu’un sentiment agréable, mais court & passager, & qui ne peut jamais être un état. La douleur auroit bien plûtôt le privilége d’en pouvoir être un.
Tous les hommes se réunissent dans le desir d’être heureux. La nature nous a fait à tous une loi de notre propre bonheur. Tout ce qui n’est point bonheur nous est étranger : lui seul a un pouvoir marqué sur notre cœur ; nous y sommes tous entraînés par une pente rapide, par un charme puissant, par un attrait vainqueur ; c’est une impression ineffaçable de la nature qui l’a gravé dans nos cœurs, il en est le charme & la perfection.
Les hommes se réunissent encore sur la nature du bonheur. Ils conviennent tous qu’il est le même que le plaisir, ou du moins qu’il doit au plaisir ce qu’il a de plus piquant & de plus délicieux. Un bonheur que le plaisir n’anime point par intervalles, & sur lequel il ne verse pas ses faveurs, est moins un vrai bonheur qu’un état & une situation tranquille : c’est un triste bonheur que celui-là. Si l’on nous laisse dans une indolence paresseuse, où notre activité n’ait rien à saisir, nous ne pouvons être heureux. Pour remplir nos desirs, il faut nous tirer de cet assoupissement où nous languissons ; il faut faire couler la joie jusqu’au plus intime de notre cœur, l’animer par des sentimens agréables, l’agiter par de douces secousses, lui imprimer des mouvemens délicieux, l’enivrer des transports d’une volupté pure, que rien ne puisse altérer. Mais la condition humaine ne comporte point un tel état : tous les momens de notre vie ne peuvent être filés par les plaisirs. L’état le plus délicieux a beaucoup d’intervalles languissans. Après que la premiere vivacité du sentiment s’est éteinte, le mieux qui puisse lui arriver, c’est de devenir un état tranquille. Notre bonheur le plus parfait dans cette vie, n’est donc, comme nous l’avons dit au commencement de cet article, qu’un état tranquille, semé çà & là de quelques plaisirs qui en égayent le fond.
Ainsi la diversité des sentimens des philosophes sur le bonheur, regarde non sa nature, mais sa cause efficiente. Leur opinion se réduit à celle d’Epicure, qui faisoit consister essentiellement la félicité dans le plaisir. Voyez cet article. La possession des biens est le fondement de notre bonheur, mais ce n’est pas le bonheur même ; car que seroit-ce si les ayant en notre puissance, nous n’en avions pas le sentiment ? Ce fou d’Athenes qui croyoit que tous les vaisseaux qui arrivoient au Pirée lui appartenoient, goûtoit le bonheur des richesses sans les posséder ; & peut-être que ceux à qui ces vaisseaux appartenoient véritablement, les possédoient sans en avoir de plaisir. Ainsi, lorsqu’Aristote fait consister la félicité dans la connoissance & dans l’amour du souverain bien, il a apparemment entendu définir le bonheur par ses fondemens : autrement il se seroit grossierement trompé ; puisque, si vous sépariez le plaisir de cette connoissance & de cet amour, vous verriez qu’il vous faut encore quelque chose pour êre heureux. Les Stoïciens, qui ont enseigné que le bonheur consistoit dans la possession de la sagesse, n’ont pas été si insensés que de s’imaginer qu’il fallût séparer de l’idée du bonheur la satisfaction intérieure que cette sagesse leur inspiroit. Leur joie venoit de l’ivresse de leur ame, qui s’applaudissoit d’une fermeté qu’elle n’avoit point. Tous les hommes en général conviennent nécessairement de ce principe ; & je ne sai pourquoi il a plu à quelques auteurs de les mettre en opposition les uns avec les autres, tandis qu’il est constant qu’il n’y a jamais eu parmi eux une plus grande uniformité de sentimens que sur cet article. L’avare ne se repaît que de l’espérance de joüir de ses richesses, c’est-à-dire, de sentir le plaisir qu’il trouve à les posséder. Il est vrai qu’il n’en use point : mais c’est que son plaisir est de les conserver. Il se réduit au sentiment de leur possession, il se trouve heureux de cette façon ; & puisqu’il l’est, pourquoi lui contester son bonheur ? chacun n’a t-il pas droit d’être heureux, selon que son caprice en décidera ? L’ambitieux ne cherche les dignités que par le plaisir de se voir élevé au-dessus des autres. Le vindicatif ne se vengeroit point, s’il n’espéroit de trouver sa satisfaction dans la vengeance.
Il ne faut point opposer à cette maxime qui est certaine, la morale & la religion de J. C. notre Législateur & en même tems notre Dieu, lequel n’est point venu pour anéantir la nature, mais pour la perfectionner. Il ne nous fait point renoncer à l’amour du plaisir, & ne condamne point la vertu à être malheureuse ici-bas. Sa loi est pleine de charmes & d’attraits ; elle est toute comprise dans l’amour de Dieu & du prochain. La source des plaisirs légitimes ne coule pas moins pour le Chrétien que pour l’homme profane : mais dans l’ordre de la grace il est infiniment plus heureux par ce qu’il espere, que par ce qu’il possede. Le bonheur qu’il goute ici-bas devient pour lui le germe d’un bonheur éternel. Ses plaisirs sont ceux de la modération, de la bienfaisance, de la tempérance, de la conscience ; plaisirs purs, nobles, spirituels, & fort supérieurs aux plaisirs des sens. Voyez Plaisir.
Un homme qui prétendroit tellement subtiliser la vertu qu’il ne lui laissât aucun sentiment de joie & de plaisir, ne feroit assûrément que rebuter notre cœur. Telle est sa nature qu’il ne s’ouvre qu’au plaisir ; lui seul en sait manier tous les replis & en faire joüer les ressorts les plus secrets. Une vertu que n’accompagneroit pas le plaisir, pourroit bien avoir notre estime, mais non notre attachement. J’avoue qu’un même plaisir n’en est pas un pour tous : les uns sont pour le plaisir grossier, & les autres pour le plaisir délicat ; les uns pour le plaisir vif, & les autres pour le plaisir durable ; les uns pour le plaisir des sens, & les autres pour le plaisir de l’esprit ; les uns enfin pour le plaisir du sentiment, & les autres pour le plaisir de la réflexion : mais tous sans exception sont pour le plaisir. Consultez cet article.
On peut lire dans M. de Fontenelle les réflexions solides & judicieuses qu’il a écrites sur le bonheur. Quoique notre bonheur ne dépende pas en tout de nous, parce que nous ne sommes pas les maîtres d’être placés par la fortune dans une condition médiocre, la plus propre de toutes pour une situation tranquille, & par conséquent pour le bonheur, nous y pouvons néanmoins quelque chose par notre façon de penser. (C)
* Bonheur, Prospérité, (Gramm.) termes relatifs à l’état d’un être qui pense & qui sent. Le bonheur est l’effet du hasard ; il arrive inopinément. La prospérité est un bonheur continu, qui semble dépendre de la bonne conduite. Les fous ont quelquefois du bonheur. Les sages ne prosperent pas toûjours. On dit du bonheur qu’il est grand, & de la prospérité qu’elle est rapide. Le bonheur se dit & du bien qui nous est arrivé, & du mal que nous avons évité. La prospérité ne s’entend jamais que d’un bien augmenté par degrés. Le capitole sauvé de la surprise des Gaulois par les cris des oies sacrés, dit M. l’abbé Girard, est un trait qui montre le grand bonheur des Romains : mais ils doivent à la sagesse de leurs lois & à la valeur de leurs soldats, leur longue prospérité.
Étymologie de « bonheur »
Bon et heur (voy. ce mot). L'étymologie, appuyée en cela par la synonymie, montre que le sens propre et primitif est bonne chance, et que le sens qui se rapproche de félicité est secondaire.
Phonétique du mot « bonheur »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
bonheur | bɔnœr |
Fréquence d'apparition du mot « bonheur » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « bonheur »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « bonheur »
-
La musique est le refuge des âmes ulcérées par le bonheur.
Émile Michel Cioran — Syllogismes de l'amertume, Gallimard -
La nécessité de rechercher le véritable bonheur est le fondement de notre liberté.
John Locke — Essai sur l'entendement humain, II, 21 Essay on the Human Understanding, II, 21 -
Le bonheur est vide, le malheur est plein.
Victor Hugo — Tas de pierres, Éditions Milieu du monde -
La barque de Caron va toujours aux enfers. Il n'y a pas de nautonier du bonheur.
Gaston Bachelard — L'Eau et les Rêves, José Corti -
La réussite n'est souvent qu'une revanche sur le bonheur.
Bernard Grasset — Remarques sur l'action, Gallimard -
Je me tresse un bonheur comme un panier de jonc, et j'y mets un grillon, une nuit de septembre, le ciel bien lessivé par un matin tout blond, une fille endormie qui se mélange à l'ombre.
Claude Roy — Poésies, À regret , Gallimard -
Viser au bonheur, aspirer au bonheur, chercher le bonheur, c'est prendre pour cible un reflet dans la glace.
Jean-François Somaun — La Vraie Couleur du caméléon -
Ce n'est pas dans la science qu'est le bonheur, mais dans l'acquisition de la science.
Edgar Allan Poe — Tales of the Grotesque and Arabesque, The Power of Words -
La jouissance du bonheur amoindrira toujours le bonheur.
Honoré de Balzac — Massimilla Doni -
Pour l'amour et la beauté et le bonheur Il n'y a ni mort ni changement.
Percy Bysshe Shelley — La Sensitive The Sensitive Plant
Images d'illustration du mot « bonheur »
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Traductions du mot « bonheur »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | happiness |
Espagnol | felicidad |
Italien | felicità |
Allemand | glück |
Portugais | felicidade |
Synonymes de « bonheur »
- félicité
- joie
- béatitude
- bien-être
- satisfaction
- plaisir
- prospérité
- chance
- succès
- contentement
- ravissement
- extase
Antonymes de « bonheur »
- adversité
- anxiété
- catastrophe
- chagrin
- deuil
- disgrâce
- dommage
- douleur
- déboire
- déchirement
- dégoût
- désastre
- déveine
- ennui
- fléau
- guigne
- guignon
- inconvénient
- infortune
- inquiétude
- mal
- malchance
- malheur
- malédiction
- misère
- peine
- revers
- souffrance
- tribulation
- tristesse
- trouble
- échec
- écoeurement
- épreuve
- angoisse
- calamité
Combien de points fait le mot bonheur au Scrabble ?
Nombre de points du mot bonheur au scrabble : 12 points