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Demeure

Variantes Singulier Pluriel
Féminin demeure demeures

Définitions de « demeure »

Trésor de la Langue Française informatisé

DEMEURE, subst. fém.

I.− Vieilli. [L'idée dominante est celle de retard]
A.− Fait de tarder à faire quelque chose, retard. Faire qqc. sans demeure. Je ne restai pas en demeure, et je rompis contre le champion une seconde lance mort-née (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 42).
DROIT
1. Il y a péril en la demeure. ,,Le moindre retard peut causer du préjudice`` (Ac.). Il est tenu de même d'achever la chose commencée au décès du mandant, s'il y a péril en la demeure (Code civil,1804, art. 1991, p. 358).P. ext. Je vois péril en la demeure Et je vais sur-le-champ aviser nos amis De fuir (Augier, Diane,1852, II, p. 106).
2. État d'un débiteur en retard dans l'exécution de son obligation :
1. ... l'obligation est éteinte si la chose a péri ou a été perdue sans la faute du débiteur et avant qu'il fût en demeure. Code civil,1804, art. 1302, p. 234.
B.− P. ext. Obligation imposée à quelqu'un de mettre fin à son retard.
1. Loc. verbale. Mettre (qqn) en demeure (de). Le sommer d'exécuter son obligation sans tarder :
2. 1929. Le dépositaire n'est tenu, en aucun cas, des accidens de force majeure, à moins qu'il n'ait été mis en demeure de restituer la chose déposée. Code civil,1804, p. 348.
P. ext. L'obliger à faire une chose sans retard. On le verrait demain si quelque événement la mettait en demeure de choisir (Barrès, Cahiers,t. 5, 1906-07, p. 230).
Emploi pronom. réfl., rare. Se mettre en demeure.S'imposer de. Elle (...) se mit en demeure de déshabiller Paul (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 37).
2. Loc. subst. Mise en demeure. ,,Sommation signifiée par le créancier au débiteur d'avoir à se libérer (sans retard)`` (Cap. 1936).
P. ext. Demande impérative, ordre :
3. − Si j'ai bien saisi, dit enfin Léonard avec un sourire d'ironie, c'est une mise en demeure. Vous désirez être de moitié dans mon enseignement. (...) Non, aucune mise en demeure : simplement (...) le conseil de votre vieux directeur, qui, (...) ne s'en intéresse pas moins à la bonne santé de votre âme. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 199.
II.− [L'idée dominante est celle de s'attarder, de rester dans un lieu]
A.− Fait de s'attarder, de rester (longuement) quelque part sans intention d'en bouger
Loc. adv. À demeure. De manière durable, permanente. Je pense que les bas-reliefs doivent être scellés à demeure dans l'église (Mérimée, Lettres Grasset,1870, p. 180).L'évêque ne réussissait pas à découvrir un prêtre qui osât s'expatrier à demeure dans les bourrasques et les tempêtes (Queffélec, Recteur,1944, p. 225).
Spéc. AGRIC. ,,Labourer à demeure. Donner le dernier labour avant de semer`` (Ac.). ,,Semer à demeure. Répandre la semence dans un lieu où la plante ne doit pas être transplantée`` (Ac.). On sème à demeure le persil, le cerfeuil (Ac.). DR. À perpétuelle demeure :
4. Les glaces d'un appartement sont censées mises à perpétuelle demeure lorsque le parquet sur lequel elles sont attachées fait corps avec la boiserie. Code civil,1804, art. 525, p. 97.
B.− P. ext.
1. Fait de demeurer, de rester dans un lieu; séjour. Il n'a pas fait longue demeure à sa campagne (Ac.).
2. P. méton., littér. Lieu où l'on habite, habitation. Choisir, établir sa demeure quelque part (Ac.). Bientôt, c'est la télévision qui dans chaque demeure apportera sa présence agissante (Huyghe, Dialogue avec visible,1955, p. 383).
P. métaph. La dernière demeure. Le tombeau. Conduire qqn jusqu'à sa dernière demeure. La jeune morte n'alla point à sa dernière demeure dans le corbillard des pauvres (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 81).La demeure des morts. Le cimetière. Il [le vieux pasteur] sort de son presbytère, bâti tout auprès de la demeure des morts (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 311).
Spéc. Lieu où vivent habituellement certains animaux (cf. Duchartre 1973). À la Guyane, les demeures de termites sont d'énormes monticules de quinze pieds de haut (Michelet, Oiseau,1856, p. 299).Des pluviers et des vanneaux à la recherche des lombrics exilés de leur demeure par l'inondation (Michelet, Oiseau,1856p. 313).
Prononc. et Orth. : [dəmœ:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 « certain laps de temps » (Ph. de Thaon, Comput, 2484 ds T.-L. : demure de tens), sens isolé; 2. 1176-81 demore « retard » (Chr. de Troyes, Chevalier lion, éd. M. Roques, 5799); 1273 dr. estre en demore « être en retard pour s'acquitter d'une obligation » (Cart. de l'év. d'Autun, 1rep., XIV, Charmasse ds Gdf.); 1835 mettre en demeure (Ac.); 3. 1erquart xiiies. demeure « lieu où l'on séjourne » (Lancelot du Lac, éd. H. O. Sommer, t. II, p. 20 ds IGLF). Déverbal de demeurer*. Fréq. abs. littér. : 3 050. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 490, b) 3 461; xxes. : a) 4 756, b) 4 428. Bbg. Archit. 1972, p. 159. − Rog. 1965, p. 235.

Wiktionnaire

Nom commun - français

demeure \də.mœʁ\ féminin

  1. Habitation, domicile.
    • Le jour est tombé, et dans la nuit sans lune les misérables relais avec leur lampe fumeuse apparaissent tout d'un coup comme la demeure du veilleur des morts. — (Hippolyte Taine, Voyage en Italie, vol.2, 1866)
    • Cette demeure me rappelait tout à fait celle des paysans canariens : elle se composait de deux petites pièces éclairées par des lucarnes qui ne s'ouvraient point; […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 66)
    • C’était la première demeure qui offrit l’invite hospitalière d’une porte ouverte, […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 370 de l’édition de 1921)
    • Rares et maigres, pauvres et silencieuses étaient les localités traversées et, dans celles-ci, nombreuses étaient les demeures manifestement abandonnées, les bicoques délabrées où tout en fait des ruines. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Nous étions loin des igloos de neige, demeures primitives des Groenlandais. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  2. (Droit) Retard, temps qui court au-delà du terme où l’on est tenu de payer ou de faire quelque chose.
    • Être en demeure de livrer une chose.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DEMEURE. n. f.
Habitation. domicile. Choisir, établir sa demeure quelque part. Changer sa demeure. Changer de demeure. Il se dit, en termes de Jurisprudence, du Retard, du temps qui court au-delà du terme où l'on est tenu de payer ou de faire quelque autre chose. Être en demeure de livrer une chose. Mettre quelqu'un en demeure de, Faire, par sommation ou autrement, qu'une personne soit avertie que le terme où elle doit remplir une certaine obligation approche ou est passé, en sorte qu'elle ne puisse en alléguer l'oubli ou l'ignorance. On dit dans le même sens Mise en demeure. Il se dit aussi figurément, d'une façon plus générale, de Toute espèce de sommation. Il m'a mis en demeure d'exécuter ma promesse. Il y a péril en la demeure, Le moindre retard peut causer du préjudice. Ne vous hâtez pas trop, il n'y a pas péril en la demeure.

À DEMEURE, loc. adv. De manière à rester dans le même endroit, dans le même état, à demeurer stable, à n'être pas déplacé. Il n'avait fait jusqu'ici que des séjours dans notre ville : il y est maintenant à demeure. Un châssis, un vitrage à demeure. On dit aussi, en termes de Jurisprudence, À perpétuelle demeure. En termes d'Agriculture, Labourer à demeure, Donner le dernier labour avant de semer. Semer à demeure, Répandre la semence dans un lieu d'où la plante ne doit pas être transplantée. On sème à demeure le persil, le cerfeuil.

Littré (1872-1877)

DEMEURE (de-meu-r') s. f.
  • 1Retard, délai. Oui, sans plus de demeure, Pour l'intérêt des dieux je consens qu'elle meure, Corneille, Théod. III, 6. Le ciel ne veut point de demeure, Lamotte, dans DESFONTAINES. Son temps venu, [il] ne fait longue demeure, La Fontaine, Berc. Sans plus longue demeure, Il lui dit en deux mots…, La Fontaine, Fianç. Vous êtes cause qu'en demeure Je me trouve présentement, La Fontaine, Cord.

    Être en demeure envers quelqu'un, être en retard de bons offices. Je n'étais pas en demeure de ce côté-là, Bossuet, Lett. quiét. 455. Je me trompe en doutant de tout, et je suis en demeure à l'égard de la vérité qui se présente à moi, Fénelon, Exist. 240.

    Il y a péril en la demeure, le moindre retardement peut causer du préjudice.

  • 2 Terme de procédure. Retardement, le temps qui court au delà du terme où l'on est tenu de faire quelque chose.

    Mettre quelqu'un en demeure de, le sommer de remplir une obligation, un engagement. Mise en demeure, sommation de faire telle ou telle chose.

  • 3Durée de la résidence. Je ne ferai pas longue demeure en cette maison.
  • 4 Par extension, habitation, domicile. Mais qu'eussent-ils gagné par un siècle d'années, Ou que leur avint-il en ce vite départ, Que laisser promptement une basse demeure Qui n'a rien que du mal, pour avoir de bonne heure Aux plaisirs éternels une éternelle part ? Malherbe, I, 4. Ce que je trouve admirable, c'est qu'un homme qui s'est passé, durant sa vie, d'une assez simple demeure, en veuille avoir une si magnifique pour quand il n'en a plus que faire, Molière, D. Juan, III, 7. Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous demeurons assujettis au changement, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c'est la loi du pays que nous habitons, Bossuet, Duch. d'Orl. Elle va descendre à ces sombres lieux, à ces demeures souterraines, pour y dormir dans la poussière avec les grands de la terre, Bossuet, ib. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père, Sacy, Bible, Év. St Jean, XIV, 2. Il y a dans les sciences plusieurs places honorables, comme il y a, si l'on en croit l'Évangile, plusieurs demeures dans la maison du Père céleste, D'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 1er mars 1765. Ils pénètrent en foule à la demeure auguste…, Voltaire, Orphel. I, 2.
  • 5Lieu de résidence. Samos est leur patrie et Rhodes leur demeure. Loin du monde elle fait sa demeure et son gîte, Régnier, Sat. XII. Où la cour faisait sa demeure ordinaire, Bossuet, Hist. III, 5. Au delà de ces lieux gardez-vous d'avancer ; C'est des ministres saints la demeure sacrée, Racine, Athal. III, 2. Tivoli, qui fut la demeure de tant d'hommes célèbres, de Brutus, d'Auguste, de Mécène, de Catulle, mais surtout la demeure d'Horace, Staël, Corinne, VIII, 4.

    Fig. Dieu y avait établi sa demeure, Bossuet, Hist. II, 8. En ce temple où tu fais ta demeure sacrée, Racine, Athal. III. Cœur où Dieu seul avait fait sa demeure, Massillon, Av. Jug.

    Terme de chasse. Endroit fourré de bois où se retirent les cerfs. Bonne demeure, demeure bien fourrée. Demeure douce, taillis de 5 ou 6 ans.

  • 6 Terme de rhétorique. Sorte de figure appelée plus souvent commoration, épimone, insistance, qui consiste, comme l'indique ce dernier mot, à insister sur quelque raison.
  • 7À demeure, loc. adv. De manière à ne pas changer de résidence. Que j'étais déjà assez dupe d'avoir si mal employé mes quarante écus, et que je ne le serais pas au point de lui céder à demeure la bonne place, Marmontel, Mém. X.

    Par extension. Quand je retrouvais dans la poussière des bibliothèques d'Italie les chefs-d'œuvre de l'antiquité grecque, je n'étais pas à demeure [domicilié] dans ces bibliothèques, Courier, I, 250.

    En parlant des choses, de manière à n'être pas déplacé, ôté. Établir un châssis à demeure. Objets attachés à un fonds à perpétuelle demeure.

    Labourer à demeure, donner le dernier labour avant de semer. Semer à demeure, répandre la semence dans un lieu d'où la plante ne doit pas être transplantée.

HISTORIQUE

XIIe s. [Il] saisi l'espié, puis monte sanz demor, Ronc. p. 54. Comment que longue demeure [interruption] [j'] Aie faite de chanter, Ore est bien raison et heure Que [je] m'i doie retourner, Couci, IV.

XIIIe s. Il avoient mandé [le marchis] par tant de messages que à paine que il ne diervoient [désespéraient] por sa demeure [retard], H. de Valenciennes, XX. La longueur de la demorre du terme ne tolt au seignor son poeir, Ass. de Jér. 221. [Dieu] Qui Jonas garda en la mer Par grant amor, Les trois jors qu'il i fist demor, Rutebeuf, 203. Grans biens ne vient pas en poi d'hore ; Ains convient metre demore, la Rose, 4196. Et un pou après mons. Jehan de Waleri revint, qui blasma le roy et son conseil de ce que il estoient en demeure, Joinville, 227.

XVe s. De Messine se partit le mareschal sans y faire longue demeure, Bouciq. I, ch. 30.

XVIe s. En ses sommations, delay aulcun et demoure aulcune il n'admet, Rabelais, Pant. IV, 57. Elle nous commenda de ce lierre chascun de nous se faire ung chappeau albanoys ; ce que fut faict sans demoure, Rabelais, ib. V, 34. Ne pense pas, que l'amour et vrai zelle, Que te portons, jamais finisse et meure Pour ta trop longue et fascheuse demeure, Marot, II, 28. Il est certain qu'au milieu d'elle Dieu fait sa demeure eternelle, Marot, IV, 91. Icy je fais pour tousjours ma demeure, Amyot, Ant. 91. Pompeius uy respondit avec quelque demeure [délai], et d'une parole mal asseurée, que…, Amyot, Pomp. 86. Ils [les indigènes d'Amérique] ont je ne sçay quels prebstres et prophetes, qui se presentent bien rarement au peuple, ayants leur demeure aux montaignes, Montaigne, I, 238.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DEMEURE.
2Ajoutez : Et que ceux qui seraient en demeure [retard] de payer dans lesdits délais, demeureraient déchus de ladite diminution et contraints au payement total…, Arch. des financ. Arrêts du Cons. d'État du 9 mai 1702.
8 Fig. La dernière demeure, la sépulture. Conduire quelqu'un à sa dernière demeure.
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Étymologie de « demeure »

Voy. DEMEURER ; provenç. demora, s. f. et demor, s. m. ; espagn. demora ; ital. dimora. L'ancien français, outre demore et demor, avait demorance ; Berry, demeurance, demourance.

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De demeurer, dérivé de la notion de durée, mora en latin.
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Phonétique du mot « demeure »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
demeure dœmœr

Fréquence d'apparition du mot « demeure » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « demeure »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « demeure »

  • Même quand la blessure guérit, la cicatrice demeure.
    Publius Syrus — Sentences
  • Il faut que tout change pour que tout demeure.
    Lampesuda
  • Où la guêpe a passé, le moucheron demeure.
    Proverbe bourbonnais
  • L'heure fuit, le droit demeure.
    Anonyme — Inscription latine gravée sur un cadran solaire
  • Tout passe et se succède. Moi seul je demeure.
    Anatole France — Les pensées de Riquet
  • On ne devient pas pervers, on le demeure.
    Sigmund Freud
  • La matière demeure et la forme se perd.
    Pierre de Ronsard — Elégie contre les bûcherons de la forêt de Gastine
  • La mode change, le cul demeure.
    Marc Gendron — Louise ou la nouvelle Julie
  • Toute beauté est joie qui demeure.
  • La vie est ton navire et non pas ta demeure.
    Alphonse de Lamartine
Voir toutes les citations du mot « demeure » →

Traductions du mot « demeure »

Langue Traduction
Anglais abode
Espagnol morada
Italien dimora
Allemand aufenthalt
Chinois 居留权
Arabe مسكن
Portugais morada
Russe обитель
Japonais 住む
Basque egoitza
Corse dimore
Source : Google Translate API

Synonymes de « demeure »

Source : synonymes de demeure sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « demeure »

Combien de points fait le mot demeure au Scrabble ?

Nombre de points du mot demeure au scrabble : 10 points

Demeure

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