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Hôtel

Variantes Singulier Pluriel
Masculin hôtel hôtels

Définitions de « hôtel »

Trésor de la Langue Française informatisé

HÔTEL, subst. masc.

A. − Demeure vaste et somptueuse.
1. Vx. ,,Résidence du roi et p. ext. de l'ensemble des personnes attachées au service du roi`` (Lep. 1948). Grand prévôt de l'hôtel; maître des requêtes de l'hôtel. Les fonctions publiques exercées par les bourgeois leur confèrent de l'autorité. Ils occupent des emplois à l'hôtel du roi, dans ses finances, dans diverses branches de son administration (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 60).
2. Vieilli en emploi abs. Bel immeuble, situé en ville et appartenant à un particulier titré ou fortuné. Hôtel particulier; vieil hôtel du xviies.; faire bâtir un hôtel. Il avait (...) dans la ville de Paris, un très-bel hôtel, comme plusieurs grands seigneurs de France en avaient aussi, afin d'être logés commodément lorsqu'ils y venaient passer quelque temps (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 46).La cousine que tout à l'heure j'ai nommée, (...) habitait, du temps de ma jeunesse rue de Bellechasse, le second étage d'un élégant hôtel particulier (Gide, Si le grain,1924, p. 527) :
1. L'hôtel de Nana se trouvait avenue de Villiers (...), dans ce quartier de luxe, en train de pousser au milieu des terrains vagues de l'ancienne plaine Monceau. Bâti par un jeune peintre, grisé d'un premier succès et qui avait dû le revendre à peine les plâtres essuyés, il était de style Renaissance... Zola, Nana,1880, p. 1347.
2. ... ce qui m'était apparu autour de Mmede Guermantes comme sa demeure, ç'avait été son hôtel de Paris, l'hôtel de Guermantes, limpide comme son nom (...). Comme l'église ne signifie pas seulement le temple, mais aussi l'assemblée des fidèles, cet hôtel de Guermantes comprenait tous ceux qui partageaient la vie de la duchesse... Proust, Guermantes 1,1920, p. 15.
SYNT. Hôtel magnifique, princier; appartements, salons d'un hôtel; hôtel d'un duc, d'un grand seigneur; acheter, louer, vendre un hôtel; hôtel entre cour et jardin; l'hôtel de Rambouillet.
Hôtel de Bourgogne. Ancienne résidence, à Paris, des ducs de Bourgogne, qui servit de théâtre, et où furent jouées la plupart des pièces de Corneille et de Racine. Les comédiens se livraient aux plus folles espérances. Ils rivalisaient en idée avec l'hôtel de Bourgogne et la troupe du Marais (Gautier, Fracasse,1863, p. 282).Il est malaisé, alors, pour un metteur en scène, de ne pas se soumettre aux tout puissants comédiens de l'hôtel de Bourgogne (Brasillach, Corneille,1938, p. 85).
Maître d'hôtel
a) Officier qui était préposé à la direction du service de la table chez un seigneur. Les maîtres d'hôtel du roi lui apportèrent une aiguière et une serviette qu'il toucha du bout des doigts (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 384).
b) P. ext.
Personne qui remplit cette fonction chez un particulier. Le premier maître d'hôtel lui-même, lequel avait été officier de la bouche de sa majesté Nicolas, donnait la serviette et découpait les pièces (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 90).
Personne qui dirige le service de table dans un restaurant. On leur avait adjoint, à propos de la fête, les glaciers, les cuisiniers et les maîtres d'hôtel du café de Paris (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 517).Le sommelier apporta une seconde bouteille de champagne, le maître d'hôtel proposa des desserts (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 57).
Sauce (à la) maître d'hôtel. Sauce à base de beurre fondu, de persil haché et de jus de citron. S'il [le plat] était froid, la porcelaine soustrairait tout le calorique de l'omelette, et il ne lui en resterait pas assez pour fondre la [sauce] maître-d'hôtel, sur laquelle elle est assise (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 317).
B. − Maison meublée qui possède des installations d'un certain confort, et assure aux voyageurs, moyennant rétribution, le logement, le service et parfois la nourriture. Synon. auberge, hôtellerie, relais de campagne.Hôtel de tourisme; chambre d'hôtel; descendre à l'hôtel. La vie d'hôtel garni lui pesait par son manque de liberté. Les domestiques ont une heure fixée pour faire la chambre; il n'est guère possible de rester dans une chambre où on fait un lit (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 96).Je retourne dans le quartier Saint-Martin, et rôde jusqu'à la nuit dans d'extraordinaires ruelles pleines d'hôtels borgnes ou louches (Gide, Journal,1902, p. 115) :
3. Quoi de plus triste qu'une chambre d'hôtel, avec ses meubles jadis neufs et usés par tout le monde, son demi-jour faux, ses murs froids qui ne vous ont jamais renfermé, et la vue dont on jouit sur des arrière-cours de dix pieds carrés, ornées aux angles de gouttières crasseuses, avec des cuvettes de plomb à chaque étage? Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 15.
4. ... la vie d'hôtel est la seule qui se prête véritablement aux fantaisies de l'homme. Paresseux, noctambule, excentrique, celui qui choisit de vivre à l'hôtel est d'abord un client, surtout en Amérique, et la loi, l'impératif est de se mettre à sa disposition sans manifester jamais d'étonnement, demanderait-il quelques grammes de radium ou un éléphant... Fargue, Piéton Paris,1939, p. 194.
SYNT. Hôtel confortable, luxueux, moderne, modeste, simple, sordide; hôtel (de) 2, 3 étoiles, de première classe, bon marché; hôtel borgne, mal famé; hôtel meublé, hôtel-restaurant; hôtel de bon confort, de luxe, de passe, de tourisme; café-hôtel; chaîne d'hôtels; chercher, choisir, retenir un hôtel; aller, loger, vivre à l'hôtel; gérer, tenir un hôtel; catégories, classes d'un hôtel; hall, réception, salle à manger d'un hôtel; note, registre d'hôtel; directeur, gérant, propriétaire d'un hôtel; clientèle, personnel, pensionnaires d'un hôtel; rat d'hôtel.
(Hôtel) garni. Cf. garni. I A.P. métaph. Je suis le frère en Dieu de tout ce qui vit, de la girafe et du crocodile comme de l'homme, et le concitoyen de tout ce qui habite le grand hôtel garni de l'univers (Flaub., Corresp.,1846, p. 271).
P. plaisant.
(Coucher, loger à l') hôtel de la belle étoile. Coucher dehors. Cf. étoile B 2.
Vx. Hôtel des haricots. Ancienne prison de la Garde nationale parisienne. Je vais à la prison de la Garde nationale, à l'Hôtel des Haricots (Goncourt, Journal,1862, p. 1061).
C. − Grand édifice destiné à une administration, à un organisme public.
1. Domaine de l'administration.Hôtel du ministère, de police, de la préfecture; hôtel de la Monnaie, des Postes; hôtel des Ventes. Chaque année les hôtels des Monnaies frappent de nouvelles pièces, qui contiennent tout le métal pur qu'elles doivent avoir (Say, Écon. pol.,1832, p. 298).Les ambassadeurs de Russie, de Prusse et d'Autriche venaient à l'hôtel des Affaires Étrangères bavarder sur l'Espagne (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 201) :
5. M. Polizzi me répondit qu'il ne pouvait disposer de cet objet [un manuscrit] qui ne lui appartenait plus, et qui devait être mis aux enchères, à l'hôtel des Ventes, avec d'autres manuscrits et quelques incunables. A. France, Bonnard,1881, p. 238.
Hôtel de ville [Dans une grande agglomération] Siège de la mairie, du conseil et des services municipaux. L'Hôtel de Ville. Celui de Paris. L'hôtel de ville d'Aix est, comme la chapelle, un édifice fait de cinq ou six autres édifices (Hugo, Rhin,1842, p. 79).Allocution prononcée par le général de Gaulle à l'Hôtel de Ville de Paris, le 25 août 1944 (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 709) :
6. Le 31 octobre éclatait une insurrection véritable à la tête de laquelle était Blanqui, vétéran de l'émeute. Le gouvernement, un moment prisonnier dans l'Hôtel de ville, fut dégagé non sans peine. Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 219.
2. Domaine de la santé publique
Hôtel de cure. Établissement où séjournent des malades présentant des formes bénignes ou peu évolutives de tuberculose pulmonaire (cf. Réadaptation, 1956, no30, p. 46).
Hôtel-Dieu. Hôpital de fondation ancienne dans certaines villes (notamment à Paris), qui recevait les indigents et qui était administré par l'Église. De tous les établissemens consacrés aux pauvres malades, chez toutes les nations de l'Europe, le plus ancien est l'Hôtel-Dieu de Paris (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 300).Le vieil hôpital, construit en partie au bord du fleuve, avait disparu. Un nouvel Hôtel-Dieu se dressait de l'autre côté de l'église (Bourget, Actes suivent,1926, p. 74) :
7. L'Hôtel-Dieu lui-même, où l'on soigne des malades et qui est le plus important des établissements d'assistance, tire ses moyens d'existence de dons ou de concessions sur quoi il est malaisé de fonder des prévisions certaines. Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 258.
Hôtel des Invalides. Édifice réalisé sous Louis XIV et destiné autrefois à recevoir les soldats blessés. Pauline l'avait conduit un jour à une vente de charité dans l'Hôtel des Invalides; sur le boulevard, c'était le printemps, des invalides assis dans leurs petites voitures lisaient leurs journaux au soleil (Nizan, Conspiration,1938, p. 27).
Hôtel maternel. Établissement hébergeant, durant un certain temps, les jeunes mères en difficulté et leur bébé afin de leur venir en aide matériellement et moralement (cf. Pages documentaires, 1955, no1, p. 56).
Rem. Hôtel entre comme 2eélém. de subst. composés désignant différents types d'hôtels de tourisme. Appartements-hôtels; building hôtel; châlets-hôtels; foyer-hôtel (Gilb. 1971).
Prononc. et Orth. : [otεl] ou [ɔ-]. [ɔ-] 1revar. ds Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968 s'explique par la position atone de la syll. L'accent circonflexe, vestige de l'anc. s, aide la prononc. [o] à se maintenir. Att. ds Ac. dep. 1694. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. hostel. Homon. autel. L's, graph. étymol. (il n'est plus prononcé depuis la fin du xiies.), n'est remplacé par l'accent circonflexe qu'en 1740. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 « hébergement, logement » (Alexis, éd. Chr. Storey, 225 : Lit ed ostel e pain e carn e vin); b) ca 1100 « lieu où l'on trouve accueil, hébergement » spéc. pour les gens de guerre, ici « campement » (Roland, éd. J. Bédier, 342); c) 1erquart xiiies. « auberge » (Courtois d'Arras, éd., E. Faral, 142); ca 1225 « logis des hôtes ds un monastère » (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 8867); d) 1260 Ostel Dieu de Paris (E. Boileau, Métiers, 39 ds T.-L.); 2. a) ca 1135 « (sa propre) maison » (Couronnement de Louis, 162, ibid. : son ostel); b) ca 1165 tenir ostel « avoir maison, table ouverte; mener un certain train de vie » (B. de Ste-Maure, Troie, 10461, ibid.); ca 1225 « Cour » mestre de l'ostel le rei (G. Le Marechal, 6467, ibid.); début xves. en l'ostel du duc de Bourbon (Hist. de J. de Boucic., liv. 1, p. 58 ds Littré); c) ca 1225 « palais royal » (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 9387); 4equart xives. « maison seigneuriale » (J. Froissart, Chron., éd. S. Luce, I, 672 : li princes de Galles... prist congiet et se retray à son hostel de Berkamestede); 1505 « maison de qualité » (Gringore, Folles entreprises I, 35 ds Hug. : pillent maisons, hostelz); d) 1478 ostel commun « maison commune, hôtel de ville » (Ord. des rois de France, xviii, 418 ds Bartzsch, p. 40); 1538 hotel de ville (Est. ds FEW t. 4, p. 495b). Du lat. hospitale [cubiculum], subst. « chambre destinée à recevoir les hôtes » à l'époque class. (Vitruve, 6, 7, 4 ds TTL s.v., 30, 34, 85 : domunculae constituuntur... uti hospites advenientes in ea hospitalia recipiantur); synon. de xenodochium, hospitium en b. lat. (ibid., 3035, 7); cf. aussi Loi salique, 1, 5, 2 (ibid. 3035, 5 : qui... ipsi... panem aut hospitalem dederit); v. aussi hôpital. Fréq. abs. littér. : 8 592. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 338, b) 16 242; xxes. : a) 11 499, b) 12 954. Bbg. Gerster (W.) Beitrag zur Geschichte einiger Bezeichnungen für Gasthaus. Vox rom. 1946/47, t. 9, pp. 57-151. - Henschel (B.). Qq. dat. nouv. du 18es. Fr. mod., 1969, t. 37, pp. 118-119. - Quem. DDL t. 4, 15, 17.

Wiktionnaire

Nom commun - français

hôtel \o.tɛl\ masculin

  1. Grande maison ou demeure d’un riche particulier.
    • Le duc de Guise reconduisit sa belle-sœur, la duchesse de Nevers, en son hôtel qui était situé rue du Chaume, en face de la rue de Brac, […]. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre II)
    • Recueilli par un de ses parents, le comte de Valqueyras, il vivait en parasite, mangeant à la table du comte, habitant un étroit logement situé sous les combles de son hôtel. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 90-91)
    • Depuis son installation, assez récente, à Paris, où il habitait un magnifique hôtel, avenue de Friedland, il avait fait venir au Havre son beau yacht, le dernier raffinement du suprême confort, […]. — (Félicien Champsaur, La Toison d'Or, chap. 2 de La Glaneuse, Paris : chez Simonis Empis, 1897, p. 16)
    • Le 2 juin 1791, jeudi de l'Ascension, son hôtel accueille à nouveau vingt-cinq convives à dîner. Pierre-Victor se sent peu bien, il reste dans ses quartiers, laissant à son fils Joseph-Alexandre de Ségur et sa chère Madame de la Suze le soin de mener la soirée. — (Jean-Jacques de Dardel, L'hôtel de Besenval: siège de l'ambassade de Suisse en France, Éditions Labor et Fides, 2013, p. 84)
  2. (Par extension) Maison où n’habite qu’une seule famille.
    • Un petit hôtel.
    • Un hôtel particulier.
  3. (Vieilli) La maison du roi.
    • Grand prévôt de l’hôtel.
    • Maître des requêtes de l’hôtel.
  4. Grands édifices destinés à des établissements publics.
    • Les écuries du roi et l’hôtel des gardes-du-corps devinrent pour eux un nouveau sujet de désordre; ils s’y précipitèrent en foule et jetèrent l’effroi parmi les valets d'écurie et les palefreniers. — (Anonyme, Histoire de la révolution française depuis l'année 1789, tome 1, Paris : chez Philippe, 1829, p. 164)
    • L’hôtel de la Monnaie.
  5. (Vieilli) Établissement hospitalier. Il n’a plus cette ancienne acception que dans :
    • Hôtel des invalides.
    • Hôtel-Dieu.
  6. Établissement où l’on loue pour une courte durée, qui se compte en nuits (ou en heures) une chambre pour y vivre et surtout y dormir.
    • J'ai vu, dans ma longue carrière d'ingénieur acousticien, bien des matières excellentes conductrices du son, mais jamais je n'en rencontrerai une seule comparable, même de loin, à celle dont sont pétris les murs de l’hôtel Terminus à Marseille. — (Alphonse Allais, Le petit loup et le gros canard, dans Deux et deux font cinq, Paris, Paul Ollendorff, 1895,)
    • Bert fut désigné comme brancardier, et il aida à transporter les blessés dans le plus proche des vastes hôtels qui faisaient face à la rive canadienne, […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 304 de l’édition de 1921)
    • À Saint-Georges, un hôtel possédait une magnifique piscine, où je vis plusieurs fêtes nautiques. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Mon hôtel, en façade sur l’une des principales voies, a vraiment noble allure : des portiers corrects gardent son huis. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Peu à peu, il agrandit son établissement, lui adjoignit un hôtel borgne où de savantes « passes » lui assurèrent de larges profits. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HÔTEL. n. m.
Grande maison, demeure d'un riche particulier. L'hôtel du duc de Lauzun. Hôtel de Nesmond. L'hôtel Mortemart, L'hôtel du président de la Chambre des députés. Par extension, il se dit d'une Maison où n'habite qu'une seule famille. Un petit hôtel. un hôtel particulier. Il se disait autrefois, absolument, de la Maison du roi. Grand prévôt de l'hôtel. Maître des requêtes de l'hôtel. Maître d'hôtel se disait d'un Officier préposé pour avoir soin de ce qui regarde la table d'un prince, d'un grand seigneur, ou de riches particuliers, et qui faisait servir sur table. Il se dit aujourd'hui de Celui qui dirige le service des tables dans un grand restaurant.

HÔTEL, se dit aussi de Certains grands édifices destinés à des établissements publics. L'hôtel de la Monnaie. L'hôtel de ville. Il signifiait autrefois Établissement hospitalier. Il n'a plus cette ancienne acception que dans Hôtel des Invalides. Hôtel-Dieu. Administrateur de l'Hôtel-Dieu. Chirurgien, médecin, aumônier de l'Hôtel-Dieu. Il se dit encore d'une Grande maison garnie où descendent les voyageurs. Venez me voir à mon hôtel. Tenir un hôtel, un hôtel garni. Hôtel Terminus. Hôtel de France. Le Grand Hôtel. Descendre à l'hôtel. Vivre à l'hôtel. Garçon d'hôtel. Chambre d'hôtel. Hôtel borgne. Hôtel de dernier ordre, de mauvaise apparence.

Littré (1872-1877)

HÔTEL (ô-tel) s. m.
  • 1Demeure somptueuse d'une personne éminente ou riche. Avoir un hôtel.

    Petit hôtel, s'est dit d'un petit bâtiment contigu à un hôtel et destiné au logement des officiers et à quelques usages subalternes.

    Aujourd'hui, petit hôtel, hôtel qui n'est pas grand. À louer un petit hôtel entre cour et jardin.

  • 2 Absolument. L'hôtel signifiait la maison du roi. Grand prévôt de l'hôtel. Maître des requêtes de l'hôtel. Comptes de l'hôtel des rois de France aux XIVe et XVe siècles, publiés par M. Douët d'Arcq.

    Autrefois, l'hôtel de la Comédie française, à cause que l'hôtel de Bourgogne servit longtemps aux représentations du Théâtre-Francais.

  • 3Maître d'hôtel, officier qui dirige le service de table d'un prince, d'un seigneur, d'un riche particulier. Premier maître d'hôtel du roi. Maître d'hôtel ordinaire du roi, de chez le roi.

    En parlant du premier maître d'hôtel du roi, on disait le premier maître de l'hôtel.

  • 4 Terme de pratique et de procès-verbal. Demeure d'un conseiller ou d'un autre officier de justice.
  • 5Autrefois, hôtel abbatial, la maison destinée au logement de l'abbé.
  • 6Grand édifice destiné à des établissements publics. Hôtel du ministère des finances.

    Hôtel des monnaies, l'établissement où l'on fabrique les monnaies.

  • 7Hôtel de ville, l'édifice où siége l'autorité municipale. Socrate dit qu'il croyait mériter d'être nourri le reste de sa vie dans l'hôtel de ville [prytanée], Fénelon, Socr. Il [Félibien] est le premier qui, dans les inscriptions de l'hôtel de ville, ait donné à Louis XIV le nom de grand, Voltaire, Louis XIV, Écrivains, Félibien. Le conseil général des dieux se tenait dans une grande salle à laquelle on allait par la voie lactée ; car il fallait bien que les dieux eussent une salle en l'air, puisque les hommes avaient des hôtels de ville sur la terre, Voltaire, Dict. phil. Ciel des anciens.

    Dans la révolution française. L'hôtel de ville, le pouvoir municipal.

    À Paris, hôtel de ville, siége de la préfecture du département de la Seine.

  • 8Hôtel-Dieu, nom du principal hôpital d'une localité (avec une H majuscule). La vertu n'a ni feu ni lieu Autre part que dans l'Hôtel - Dieu, Mainard, Épigr. dans RICHELET. Que la noblesse coure en poste à l'Hôtel-Dieu, Régnier, Sat. VI. J'ai bien peur, si le temps dure, qu'on n'en trouve [des gens de lettres] à l'Hôtel-Dieu de quoi faire une académie complète, Scarron, Épît. dédic. Œuv. t. I, p. 159. Vous avez dans Paris un Hôtel-Dieu où règne une contagion éternelle, où des malades entassés les uns sur les autres, se donnent réciproquement la peste et la mort, Voltaire, Lett. Paulet, 22 avr. 1768. Le roi lègue cent livres de compte à deux cents Hôtels-Dieu, Voltaire, Mœurs, 51. Paris s'accroît, l'Hôtel-Dieu est son infirmerie naturelle, il n'est plus de proportion entre la ville, ses environs et leur infirmerie, Tenon, Mém. sur les hôp. Préf. p. III. Nous citerons Desgodets, architecte des bâtiments du roi sous Louis XIV, le premier qui produisit un plan d'Hôtel-Dieu en rayons, ID. ib.

    Fig. L'amitié seule y donne place [dans une maison d'ami] ; Moi j'en ai fait mon Hôtel-Dieu, Béranger, M. de santé.

  • 9Maison garnie, auberge. Il est descendu à l'hôtel du Grand-Cerf. Un hôtel bien tenu. L'hôtel du Louvre.

REMARQUE

Hôtel-Dieu est un archaïsme pour hôtel de Dieu : dans l'ancien français, le rapport de possession se marquait, sans de, par le cas régime ; dieu était au sujet diex, et au régime dieu ; de la sorte hôtel-dieu représentait ce que nous dirions maintenant hôtel de Dieu.

SYNONYME

MAISON, HÔTEL, PALAIS, CHÂTEAU. Les bourgeois occupent des maisons ; les grands, les riches, à la ville, occupent des hôtels ; les rois, les princes, les évêques y ont des palais ; les seigneurs, les riches ont des châteaux dans leurs terres.

HISTORIQUE

XIe s. Tut te durrai [donnerai], boens hom, quanque m'as quis, Lit et ostel e pain e carn e vin, St. Alexis, XLV. Guenes li quens [le comte] s'en vait à son ostel, Ch. de Rol. XXVI.

XIIe s. Il avoit à hostel [chez lui] les messages [messagers] Carlon, Sax, XXII. Pese moi [il me pèse, je suis affligé] quant [je] fui onques en son ostel nourris, Puis qu'estre me convient [il faut] ses mortex enemis, ib. XXVI. Par chascun ostel est cil deniers par an pris, Où il a de cinc solz de vif aveir le pris, Th. le mart. 68. Li reis mandad Semeï, si vint devant lui, e il li dist : hostels te fai en Jerusalem, Rois, p. 232.

XIIIe s. Chascuns prist ostel tel come lui plot, car assés i en avoit, Villehardouin, CVII. Lors assemblerent li baron et li dus de Venise en un palais où li dus estoit à ostel, Villehardouin, LI. Il n'ont pas hostel en maison, Ains l'ont en un bel pavellon, Partonop. v. 7855. À lor ostiex [ils] s'en vont, chascuns est descendus, Berte, XXIV. Povre hostel ot la dame [Berte abandonnée dans la forêt], quant vint à l'anuitier, ib. XXXVIII. Quanque chascuns en vousist fere [du chevalier], En peüst fere entor ostel [dans la maison, dans la paix] ; Mès aus armes autre que tel Le trovissiez que je ne di, Estout et ireus et hardi, Lai de l'ombre. Ainz que part un an et demi, M'aurez vous fet si preu et tel Et aux armes et à l'ostel, ib. Nus [nul], s'il n'est moines ou hermites, Ne puet ceenz avoir ostel, Ren. 1024. S'il sun t à l'Ostel-Dieu porté, la Rose, 11441. Puis que li sergant dient qu'il firent le [la] semonse à lor persone meisme ou à lor ostel, Beaumanoir, II, 12.

XIVe s. Que nul ne nulle ne soustienne mauvais hostel [mauvais lieu], ne hourieur, ne houriere, jeu de dez, sur l'amende de soixante sols, Bouteiller, Sommerural, titre 88.

XVe s. Ainsi comme ils [des gens de guerre] passoient et qu'ils venoient prendre hostel en la ville de Vilvort…, Froissart, I, I, 78. Si entrerent les gens dedans [la ville de Haspre], et trouverent les gens, hommes et femmes, en leurs hostels (car n'estoient les gens en aucun doute, et on ne les avoit point avisés ni escriés de nulle guerre), Froissart, I, I, 100. Et si vous bien y advisez, Nous cuidons que appercevrez Et que vous voirrez par vos yeux Le feu bien près de vos hosteux, Monstrelet, I, 274. Vous qui estes encore ung paige, bien que soyez de bon hostel, Petit J. de Saintré, t. I, p. 127. Boucicaut, retenu de l'hostel du duc de Bourbon, cousin du roy, est fait depuis de la cour du roy, Hist. de J. de Boucic. liv. I, p. 58.

XVIe s. La belle chere amende beaucoup l'hostel, Cotgrave Qui tost vient à son hostel, mieux luy en est à son souper, Cotgrave

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Étymologie de « hôtel »

Bourguig. hoté, ôtau, maison ; franc-comtois, outeau ; wallon, osté, hosté ; provenç. hostal, ostal, ostau ; espagn. hostal ; ital. ostello ; du latin hospitalis, pris neutralement dans les langues romanes, au sens de demeure. Hospitalis vient de hospes (voy. HÔTE). L'italien ostello paraît plutôt venir d'une forme hospitallum. L'ancien français disait quelquefois hoste pour hôtel : Le seigneur de l'hoste, Lancelot du lac, t. III, f° 119. C'est à hoste pris en ce sens que répond le génevois outa, cuisine ; vaudois, outo, oito ; valais, outto.

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(XIe siècle) Du latin hospitale [cubiculum] (« [chambre] hospitalière (pour recevoir les hôtes) »). Au Moyen Âge, il a encore le sens de « lieu d’accueil pour les hôtes, hôpital » (voyez Hôtel-Dieu) avant de le perdre au profit de auberge sauf dans le monde monastique et désigne presque uniquement une « demeure noble ». Il s’écrit alors souvent ostel d’une part parce que le h latin est muet et sans doute par contamination avec ost (la noblesse est alors guerrière). Il perd son s, qui n’est plus prononcé depuis la fin du XIIe siècle, en faveur d’un accent circonflexe en 1740. Il reprend son sens initial au XIXe siècle et écarte progressivement le sens de « demeure noble ». À comparer avec hôte, hôpital
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Phonétique du mot « hôtel »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
hôtel otœl

Fréquence d'apparition du mot « hôtel » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « hôtel »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « hôtel »

  • Les Suisses ont su construire un très beau pays autour de leurs hôtels.
    George Mikes
  • Tu croises des gens qui dorment dehors, En bas des hôtels tout confort. Tu donnes des sous par ci, par là, Un emplâtre sur une jambe de bois.
    Louis Chedid — Courir Derrière
  • Les hôtels sont des refuges où le touriste soigne chaque soir son insatisfaction. D'ailleurs l'hôtellerie maintenant compte en lits, comme les hôpitaux.
    Jean Dutourd
  • On a tort d'introduire des questions d'argent dans les relations avec les patrons d'hôtel.
    Tristan Bernard — Le fardeau de la liberté - 1897.
  • L'amour est comme ces hôtels meublés dont tout le luxe est au vestibule.
    Paul-Jean Toulet — Le carnet de Monsieur du Paur
  • Les pauvres, quand ils sont à l'hôtel, ils font leur lit.
    Jean-Marie Gourio — Brèves de comptoir
  • L’activité de l’hôtel Regina a été ralentie par les grèves sur la réforme des retraites de fin d’année 2019 et début 2020. Depuis le 17 mars l’hôtel est totalement fermé à la vente ainsi que les espaces de restauration. Il devrait rouvrir ses portes à la clientèle en septembre.
    Les Hôtels Baverez : Information Trimestrielle 2e trimestre 2020 | Zone bourse
  • Hyatt ouvrira son premier resort-hôtel à Chypre en 2025
    Hospitality ON — Hyatt ouvrira son premier resort-hôtel à Chypre en 2025 | Hospitality ON
  • Il ne pouvait pas plus mal tomber. Tony Holmes, un Britannique âgé de 49 ans, a perdu la vie dans la nuit de vendredi à samedi à Marbella (Espagne), en chutant du balcon de sa chambre d’hôtel, et tué au passage une autre personne.
    Espagne : un touriste tombe du 7e étage de son hôtel et tue un autre homme dans sa chute
  • La vie d'hôtel est une vie fausse, toute de surface ; elle n'a rien de profond ni d'enviable, puisque le coeur semble ne pas y avoir de place.
    Adrienne Maillet — Un enlèvement
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Traductions du mot « hôtel »

Langue Traduction
Anglais hotel
Espagnol hotel
Italien hotel
Allemand hotel
Chinois 旅馆
Arabe الفندق
Portugais hotel
Russe гостиница
Japonais ホテル
Basque hotel
Corse hotel
Source : Google Translate API

Synonymes de « hôtel »

Source : synonymes de hôtel sur lebonsynonyme.fr

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Hôtel

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