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Changer

Définitions de « changer »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHANGER, verbe.

Faire ou devenir autre.
I.− Emploi trans. dir. [Le changement affecte le compl. d'obj.] Faire autre, faire que quelque chose ou quelqu'un soit autre.
A.−
1. [Sans compl. second. prép.]
a) Rendre plus ou moins différent, transformer, modifier. Changer ses projets; changer le sens d'un texte; le fard change son visage. − Comment avez-vous pu la changer [ma fille], à ce point? (Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 148):
1. Maintenant elle croyait voir M. Delaunay jouant pour la cent vingtième fois le cinquième acte d'une pièce à succès. Il fallait changer ses effets. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Rendez-vous, 1889, p. 1113.
2. Sur ces entrefaites, il tomba malade, d'une fluxion de poitrine. Cela changea le tour de ses pensées. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 180.
P. brachylogie, MAR. Changer la barre. Modifier (la position) de la barre. De même : changer les voiles, les écoutes.
Rem. Avec des déterminants du verbe indiquant le degré de la transformation. Changer complètement, partiellement, etc.
b) Remplacer, renouveler, mettre à la place quelque chose de différent mais de même nature ou fonction. Changer l'air; changer les rideaux, les draps :
3. Son nom de baptême est Radégonde. − Je n'aime pas beaucoup (...) changer, comme c'est l'usage, le nom des serviteurs. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 201.
4. ... Justin, pressé par la vérité, n'a pensé, pas même un instant, à regrouper les traits, à changer les noms propres, à recomposer les événements, à se livrer enfin à la véritable besogne du romancier. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 8.
P. ell. Changer un bébé, un malade. Leur mettre du linge propre :
5. [La princesse :] − ... Moi, je ne voyais que mon fils, je vivais avec mon fils, je ne laissais pas sa gouvernante l'habiller, le déshabiller, le changer. Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan,1839, p. 353.
Rem. 1. Avec des déterminants de l'obj. indiquant l'étendue du renouvellement : changer tous les rideaux. 2. La langue dispose de plusieurs moyens d'expression pour indiquer qui est intéressé au changement. a) La pers. intéressée est le suj. : adj. poss. changer ses habitudes; pron. réfl. ind. je me change les idées. b) La pers. intéressée n'est pas le suj. : changer (à) + pron. ou nom désignant la pers. cela me changera les idées.
2. [Avec un compl. second. précisant l'aboutissement du changement]
a) Emplois prép.
[Le changement est une transformation, une mutation affectant la substance de l'obj.] Changer qqc. en + subst. (indiquant la forme ou la nature nouvelle de l'obj.).Rendre autre. Changer le plomb en or :
6. Votre maison possède une propriété merveilleuse, celle de changer les perles en diamants. A. Dumas Père, Piquillo,1837, II, 3, p. 234.
7. Si le paysan changeait son champ en pré, il privait le curé de sa dîme; ... Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 1, 1870, p. 11.
Rem. La construction arch. changer au (au = en le). « Vous, Marie-Augustine! ô ma fille et ma sœur!... Vous changez le nom d'Ève au saint nom de Marie... » (A. France, Poésies, Les Noces corinthiennes, Paris, Calmann-Lévy, 1876 [1925], p. 387).
[Le changement est une modification de la manière d'être de l'obj.]
Changer qqc. ou qqn de + subst. (indiquant la nouvelle manière d'être de l'obj.).Changer un objet de place. Déplacer un objet. Changer qqn de poste. Placer sur un autre poste − quelqu'un :
8. Notre-Dame de Bétharram (...) est un des lieux d'excursion les plus connus des pèlerins qui vont y passer quelques heures, afin de changer leur piété de place. Huysmans, Les Foules de Lourdes,1906, p. 7.
Changer le fusil d'épaule. Placer sur une autre épaule − le fusil. Fig. Changer son fusil d'épaule. Adopter une autre manière d'agir, de penser.
Changer qqc. à qqn ou qqc.Ne rien changer à rien; changer les idées à quelqu'un :
9. − Faudra que tu viennes passer quelque temps avec moi, à l'île de Grâce, ça te changera les idées. G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 265.
[Le changement est un échange qui affecte l'obj., une substitution à l'identique affectant l'obj.] Changer qqn, qqc. pour/contre + subst. (indiquant ce qui est substitué à ce que désigne le compl. d'obj.) :
10. Dans une ville d'Andalousie, une comédienne aux membres maigres, pour qui il [don Quichotte] avait mangé les trois quarts de sa terre, l'avait changé contre un plus riche, en riant de lui. P.-J. Toulet, Le Mariage de Don Quichotte,1902, p. 22.
11. ... il en [des lapins] mange tant qu'il veut et il en met de côté, à sa cave, pour les changer, après, contre des pommes de terre, avec ce vieux fou des Bourettes. Giono, Regain,1930, p. 53.
Proverbe. Changer son cheval borgne pour un aveugle. Échanger une chose mauvaise contre une plus mauvaise encore.
BANQUE. Changer des dollars contre des francs. Convertir des dollars en francs.
b) Emplois abs. [Avec ell. du compl. d'obj. dir.]
Ceci me change [les idées, mes habitudes] :
12. simon. − Alors, le genre, chez vous, est d'aimer les maîtres? mariette. − Oui, mon cher; si ça ne vous va pas... simon. − Oh! ça m'est égal... Ça me change! E. Augier, Lions et renards,1870, VI, p. 156.
Changer des francs. Les convertir dans une autre monnaie (cf. supra banque).
Fam. Faire de la monnaie :
13. Avant de lâcher l'argent nécessaire à leur subsistance journalière, la Sauviat fouillait dans ses deux poches cachées entre sa robe et son jupon, et n'en ramenait jamais que de mauvaises pièces rognées, des écus de six livres ou de cinquante-cinq sous, qu'elle regardait avec désespoir avant d'en changer une. Balzac, Le Curé de village,1839, p. 7.
B.− Emplois pronom.
1. Absol. Ôter ses vêtements pour en mettre d'autres :
14. − Envoyez Moan se changer, avait-il [le capitaine] dit. Et Moan, quatre à quatre, était monté se mettre en toilette de ville... Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 110.
2. [Constr. trans.] Se changer les idées. Se distraire :
15. MmeRosenthal tapota la main de MmeKamenskaia et MmeLyons dit que la comtesse devrait bien chanter des choses russes pour se changer les idées; ... Nizan, La Conspiration,1938, p. 147.
3. [Constr. prép.] Se changer en
a) Réfl. Se transformer en :
16. Elle l'attendait, elle n'était pas surprise de le voir enfin se changer en prince. Zola, Le Rêve,1888, p. 120.
b) Passif. Être transformé en :
17. ... Ce métal [l'or] si pesant, quand il s'associe d'une fantaisie, prend les vertus les plus actives de l'esprit. Il en a la nature inquiète. Son essence est de fuir. Il se change en toutes choses, sans être changé lui-même. Valéry, Eupalinos,1923, p. 136.
II.− Emploi abs. [Le changement affecte le suj. animé ou inanimé] Devenir autre, être fait autre.
A.− [Le verbe en dehors de ses déterminations] Tout change, le monde change, les gouvernements changent; j'ai changé :
18. Sinon l'équipe gouvernante changera peut-être, mais l'oppression et l'injustice renaîtront d'elles-mêmes. B. Cacérès, Hist. de l'éduc. pop.,1964, p. 116.
P. antiphrase. Pour changer! (fam. iron.). Comme d'habitude :
19. Je crois même que Boulanger M'enthousiasme, pour changer! Et la Femme donc, dieux cléments! Verlaine, Les Épigrammes,1894, p. 256.
Rem. L'opposition j'ai changé/je suis changé : procès dans son déroulement/état résultant de ce déroulement :
20. carr, amèrement. Ah! qu'Olivier est changé! Un vieux républicain fait tache en son cortège! Broghill, − un cavalier, − chez Cromwell me protège! Hugo, Cromwell,1827, p. 128.
21. madame de vertpré. − Mais les circonstances politiques sont bien changées! de vertpré. − Changées, changées... A. Dumas Père, Le Mari de la veuve,1832, 9, p. 258.
B.− [Les déterminations du verbe] Devenir différent. Il a changé en bien, en mal; il a beaucoup changé; il a changé du tout au tout. « Il fait trop chaud. Regardez à la girouette si le vent ne change point » (A. France, La Leçon bien apprise,Paris, Calmann-Lévy, 1908 [1930], p. 75):
22. Comme les choses changent! changeons aussi, mon amie, désabusons-nous du monde, des créatures, de tout. E. de Guérin, Lettres,1839, p. 302.
23. Quatre ans seulement après Hiroshima, le rapport des forces dans le monde changea brusquement à nouveau. Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 82.
Rem. Les déterminations sont de 2 ordres a) internes, précisant l'étendue, la fréquence, les modalités du changement (changer beaucoup, vite, complètement, lentement, etc.); b) externes, précisant l'aboutissement du changement (changer en mieux, en mal), la nature du changement : changer de + subst., indiquant une manière d'être du suj. Changer de couleur, de caractère (cette dernière constr. se confondant avec la constr. analysée sous II).
III.− Emploi trans. indir. [Le changement affecte le suj. et l'obj.] Changer + de + subst.
A.− [Rapport du verbe avec le suj.]
1. [Le suj. est à l'origine du fait qu'il a provoqué] Changer de voiture. Acquérir une autre voiture. Changer d'assiettes.
En partic. Changer de disque. Remplacer un disque par un autre sur le plateau du tourne-disque. Au fig. Cesser de répéter toujours la même chose.
Changer d'air. Quitter une région pour une autre dont le climat est plus tonique. Au fig. S'en aller vivre ailleurs (cf. également changer de crémerie) :
24. − Nous tiendrons le coup cette fois encore, dit-il d'une voix qui s'affermissait à mesure. Mais je devrais changer d'air. Hein? répondez donc! Un changement d'air me ferait du bien, hé?... Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 914.
Changer de train, et p. ell., changer. Quitter un train pour prendre une correspondance :
25. − Nous allons changer de train dans dix minutes. Comment faire pour le chat? Il ne voudra jamais se laisser enfermer. Colette, Sept dialogues de bêtes,1905, p. 49.
a) MAN. Changer de main. ,,Porter la tête du cheval d'une main à l'autre, pour le faire aller à droite ou à gauche`` (Littré).
b) TECHNOL. Changer de vitesse. Passer d'une vitesse à une vitesse inférieure ou supérieure dans la conduite d'un véhicule automobile.
2. [Le suj. subit le fait]
Changer de couleur. Laisser, malgré soi, percevoir son trouble :
26. Je sentis que je changeais de couleur... Fromentin, Dominique,1863, p. 175.
Changer de visage. Perdre contenance :
27. ... Que dites-vous? Ah! ciel! quel adieu! quel langage! Prince, vous vous troublez et changez de visage. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 201.
3. [Le suj. est témoin du fait] Nous avons changé de gouvernement.
B.− [Rapport du verbe avec l'obj. Celui-ci est nouveau mais appartient à la même catégorie que l'ancien; le compl. désigne cette catégorie dont les plus usuelles sont : une personne familière, un objet d'usage courant (changer de directeur, de livres), un lieu (changer de maison, de train), une occupation, un état (changer de profession, d'état), un comportement moral, intellectuel, affectif (changer de conduite, de manière)] :
28. Ce prototype de tous les charlatans nés et à naître, échappé d'Angleterre, où il avait été condamné à être pendu, changea en quelques années de pays, de religion, d'état et de fortune; ... Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 143.
29. lord ormond [à Broghill] ... Moi, j'ai changé d'habits, mais toi, de cœur et d'âme. Hugo, Cromwell,1827, p. 53.
30. Les Grecs sont ainsi faits; ils n'aiment rien tant que changer de place. About, La Grèce contemporaine,1854, p. 20.
Rem. 1. Dans l'oppos. changer de rythme, changer de manière et changer son rythme, changer sa manière il faut voir que dans le premier cas l'obj. n'est pas déterminé, l'accent est mis sur le changement alors que dans le second cas l'obj. est déterminé, l'accent est mis sur l'obj. que l'on change. 2. Changer de... avec (rare). Ils changent de nom avec eux (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, 1814, p. 313). Ah! si vous vouliez changer de peau avec moi! (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 32).
Prononc. et Orth. : [ʃ ɑ ̃ ʒe], (je) change [ʃ ɑ ̃:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) [1ertiers du xiies. franco-prov. trans. « rendre autre, modifier » (Albéric de Pisançon, Alexandre ds Bartsch Chrestomathie, 7, 52, p. 13)]; 1160 « id. » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6196); 1580 changer en (Montaigne, Essais, 1, 61 ds Littré) d'où 1668 « modifier les dispositions de qqn » (J. de La Fontaine, éd. H. Regnier, IV, 476); b) ca 1175 pronom. « se transformer » (Benoit, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 1077); c) 1172-75 intrans. « devenir différent » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 4368); 2. 1155 trans. « remplacer quelque chose par une autre chose de même nature » (Wace, Brut, Paris, éd. I. Arnold, 1938, 3196); a) 1580 changer de (Montaigne, Essais, I, 298 ds Littré : Changer d'advis); b) 1798 changer, pour changer de linge (Ac.), d'où changer un enfant (ibid.); 3. 1155 intrans. « changer les monnaies en cours contre des valeurs équivalentes » (Wace, St Nicholas, 675 ds Keller, s.v. tolneu, p. 171); 1165-70 changer à « troquer contre » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 1637); 1165-70 changer por (Id., Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 2437). Issu du lat. tardif cambiare « troquer », attesté dep. Apulée ds TLL s.v., 200, 71. Mot prob. d'orig. celt. qui a remplacé progressivement l'anc. muer*. Fréq. abs. littér. : 11 095. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 17 162, b) 13 352; xxes. : a) 13 273, b) 17 404.
DÉR.
Changeable adj.Qui peut être changé. Le caractère d'une nation, modifiable très-lentement à travers les siècles, toujours très-particulier, est moins changeable encore que celui d'un individu, lequel lui-même ne se change guère (Sainte-Beuve, Portraits littér.,t. 2, 1844-64, p. 163). [ʃ ɑ ̃ ʒabl̥]. 1resattest. 1170 « changeant » [valeur active] (Benoit, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 28327) − xves. ds Gdf. Compl.; d'où mil. xiiies. « sujet au changement » [valeur passive] (Pierre d'Abernun, Secré de secrez, B.N. 25407, fo180bds Gdf. Compl.); de changer, suff. -able*.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 52, 110, 114; pp. 200-201. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 66. − Keller (H.-E.). Notes étymol. gallo-romane et romane. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 240. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, pp. 241-243. − Moura Santos (M. J. de). R. port. Filol. 1962-63, t. 12, no2, p. 654. − Quem. Fichier.

Wiktionnaire

Verbe - français

changer \ʃɑ̃.ʒe\ 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se changer)

  1. (Intransitif) Devenir autre.
    • Plus ça change, plus c'est la même chose. — (Alphonse Karr, Les Guêpes, janvier 1849)
    • Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change. — (Guiseppedi Tomasi di Lampedusa, Le Guépard, 1958)
    • L’attitude de l’occupant vis-à-vis de l’occupé évolue aussi. Elle change même du tout au tout. La poigne de fer de l’hitlérisme, relâchée les premiers mois, se resserre brutalement. — (Robert Bailly, Les feuilles tombèrent en avril, Paris, Éditions sociales, 1977)
    • Choisir un roi jeune, beau et bien portant n'empêchait pas qu'il vieillît, enlaidît, tombât malade, ni qu'il perdît ses vertus, ses qualités morales – bref, qu'il changeât et cessât d'être adéquat. — (Jean-Paul Roux, >Le Roi: Mythes et symboles, Fayard, 1995)
    • Il dégèlera si le vent change.
    • Son visage a bien changé.
    • (Figuré) Vos sentiments ont bien changé, sont bien changés.
    • Comme tout est changé!
    • Changer en bien.
    • S’il est honnête homme, il a bien changé.
    • Ce jeune homme est changé à son avantage.
  2. (Intransitif) Avoir de l’inconstance dans ses projets, ses goûts, ses affections, en parlant d’une personne.
    • C’est un homme qui change aisément, on ne peut se fier à lui.
    • Aimer à changer.
    • Un amant jure de ne jamais changer.
  3. (Transitif) Échanger une chose contre une autre.
    • Quand Napoléon III fut empoigné à Boulogne pour avoir donné une seconde représentation du débarquement à Cannes, on le jeta au cachot et on l'emmena à Paris sans lui donner le temps de changer de chemise. — (Arsène Houssaye, Les Confessions, tome IV : Souvenirs d'un demi-siècle 1830-1880, tome 4, Paris : chez E. Dentu, 1885-1891, chap. 4)
    • Au Tchad, nous changerons nos chevaux de réquisition (qui sont d’insignes rosses) et nos bêtes de somme contre des chameaux pour continuer notre route dans la zone désertique d'Agadem. — (Louis Alibert, Méhariste, 1917-1918, Éditions Delmas, 1944, page 23)
    • Il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. — (Francis Blanche, Les Pensées de Francis Blanche, Le Cherche Midi , 2011)
    • (Absolument) Je ne veux pas changer avec lui.
  4. (Transitif) Remplacer une personne ou une chose par une autre.
    • Ce rappel à la réalité quotidienne et aux occupations usuelles change momentanément le cours de mes pensées. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Cet intérieur de célibataire, tout de même, ça manquait de ménage. Cette table de bois nu, jamais lessivée sans doute, et ce papier des murs méritait d’être changé. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Si l'on suit les magazines de mode, la garde-robe de la fashion victim devrait changer toutes les semaines en passant d'un extrême à un autre, du rose au bleu canard qui seront complètement démodés dans un mois. — (Bénédicte Régimont, La very stylish girl, Éditions Open Way, 2005)
  5. (Transitif) Rendre une personne ou une chose différente de ce qu’elle était, transformer, modifier.
    • La tentation d’être un chef juste et humain est naturelle dans un homme instruit ; mais il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l’exerce ; et cela ne tient pas seulement à une contagion de société ; la raison en est dans les nécessités du commandement, qui sont inflexibles. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 235)
    • Changer sa manière de vivre.
    • On a changé l’ordre.
    • Il a changé toute sa maison.
    • Cet événement allait changer la face des affaires.
    • Rien ne peut changer les lois de la nature.
    • Cela ne change rien à mes résolutions.
  6. (Transitif) (Par hyperbole) Devenir méconnaissable.
    • Cet homme est changé, bien changé, changé à ne pas le reconnaître : Il a le visage bien changé, soit par l’âge, soit par la maladie.
    • (Figuré) Il a changé entièrement de mœurs et de conduite.
  7. Remplacer des vêtements ou du linge par d’autres.
      • Changer d’habit, de chemise, de linge.
    • Il avait changé sa cotte de mailles contre une veste de soie pourpre foncé, garnie de fourrures. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • (Par interversion de complément)Changer quelqu’un, changer le linge qu’il a sur lui.
    • 'Ce malade a assez transpiré, il est temps de le changer.'
    • ''Il faut changer la couche du bébé.
    • − Envoyez Moan se changer, avait-il [le capitaine] dit. Et Moan, quatre à quatre, était monté se mettre en toilette de ville. — (Pierre Loti, Pêcheur d’Islande, 1886)
  8. (Transitif) (Sens propre) ou (Figuré) Convertir une chose en une autre.
    • Il est bien probable que ce scélérat de Lycaon que dans son propre palais Jupiter prit la peine de changer en loup, fut un des premiers et sera toujours le plus célèbre des loups-garous anciens et modernes. — (Louis Du Bois, Recherches archéologiques, historiques, biographiques et littéraires sur la Normandie, Paris : Dumoulin, 1843, p.297)
    • N’empêche que c’est essentiel. Accepter ce qu’on ne peut pas changer. Changer ce que l’on peut. Et faire la différence entre les deux. — (Claude Villeneuve, Occupons-nous de ce qu’on peut contrôler, Le Journal de Québec, 9 janvier 2021)
    • Il se vantait de pouvoir changer toutes sortes de métaux en or.
    • L’eau se change en glace par l’action du froid.
    • Mes soupçons se changèrent en certitude.
  9. (Transitif) Quitter une chose pour une autre.
    • Un magnifique paquebot danois, le « Oscar II », couvert de monde, nous rattrapa et changea de route pour passer à proximité de Rockall. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • En général, quand une femme change de coiffure, c’est qu’elle est en train de changer d’homme. — (Claude Lelouch, La Bonne Année, 1973)
    • Changer d’appartement, de place, d’air, de pays.
    • Changer de nature.
    • Changer d’état, de forme.
  10. (Transitif) (En particulier) Convertir des billets en une somme égale en petite monnaie.
  11. (Finance) Convertir des devises.
    • Changer des dollars contre des francs.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHANGER. v. tr.
Céder une chose contre une autre. Il a changé ses tableaux contre des meubles. Absolument, Je ne veux pas changer avec lui. Prov. et fig., Changer son cheval borgne contre un aveugle. Voyez AVEUGLE. Il signifie particulièrement Convertir des pièces de monnaie en une somme égale de pièces ou de billets de valeur différente. Changer un billet de cinq cents francs. Il signifie aussi Remplacer une personne ou une chose par une autre ou Rendre une personne ou une chose différente de ce qu'elle était. Changer de domestiques. Changer son personnel. Ne nous changez pas notre vin. Il faudra changer cet ameublement. Il a changé son bien de nature. Changer sa manière de vivre. On a changé l'ordre. Il a changé toute sa maison. Cet événement allait changer la face des affaires. Rien ne peut changer les lois de la nature. Cela ne change rien à mes résolutions. Prov., Il faut qu'il ait été changé en nourrice, se dit d'un Enfant qui ne ressemble point à ses parents pour les traits, pour le caractère.

CHANGER EN signifie Convertir une chose en une autre et se dit tant au propre qu'au figuré. Dans le sacrement de l'Eucharistie, le pain est changé au corps de Notre-Seigneur. Aux noces de Cana, JÉSUS-CHRIST changea l'eau en vin. La femme de Loth fut changée en une statue de sel. Daphné fut changée en laurier. Il se vantait de pouvoir changer toutes sortes de métaux en or. L'eau se change en glace par l'action du froid. Mes soupçons se changèrent en certitude.

CHANGER DE signifie, tant au propre qu'au figuré, Quitter une chose pour une autre. Changer d'habit, de chemise, de linge. Changer d'appartement, de place, d'air, de pays. Changer de maître. Changer de nature. Changer d'état. Changer de forme. Vous avez changé de couleur. Cette étoffe change de couleur. À cette menace, il a changé de visage. Changer de vie, de conduite. Changer de religion. Changer de parti. Changer de résolution, d'avis. Changer de ton, de langage. Absolument, en parlant des vêtements ou du linge qu'on remplace par d'autres. Je suis rentré chez moi pour changer. On dit, par interversion de complément, Changer quelqu'un, Changer le linge qu'il a sur lui. Ce malade a assez transpiré, il est temps de le changer. Il faut changer cet enfant. En termes de Manège, Changer de main, Porter la tête du cheval d'une main à l'autre pour le faire aller à droite ou à gauche. Fig. et fam., Changer de batterie, ses batteries. Voyez BATTERIE. Fig. et fam., Changer de note, Changer de façon d'agir ou de parler. Il s'emploie souvent aussi intransitivement et signifie Devenir autre. Rien n'est stable en ce monde, tout change. Le temps va changer. Il dégèlera si le vent change. Son visage a bien changé. Fig., Vos sentiments ont bien changé, sont bien changés. Comme tout est changé! Changer en bien. Changer en mal. S'il est honnête homme, il a bien changé. Ce jeune homme est changé à son avantage. Changer du tout au tout, Changer entièrement. Cet homme est changé, bien changé, changé à ne pas le reconnaître, Il a le visage bien changé, soit par l'âge, soit par la maladie; ou, figurément, Il a changé entièrement de mœurs et de conduite. Dans le premier sens on dit aussi Il change à vue d'œil. Il se dit encore de l'Inconstance dans les projets, les goûts, les affections. C'est un homme qui change aisément, on ne peut se fier à lui. Aimer à changer. Un amant jure de ne jamais changer.

Littré (1872-1877)

CHANGER (chan-jé ; le g prend un e après lui devant a ou o : nous changeons, je changeais) v. a.
  • 1Céder une chose pour une autre, prendre en échange. Changer son habit pour celui d'un autre. Changer du vin contre de l'huile. Il y a des maladies qui viennent de ce qu'on change un bon air contre un mauvais, Montesquieu, Lett. pers. 131.

    Fig. Changer son cheval borgne contre un aveugle, changer une mauvaise chose pour une pire.

  • 2Donner un billet, une pièce, pour avoir de la monnaie. Je n'ai qu'un billet, que de l'or ; il faut que je le change pour vous payer. Changer une pièce de cinq francs en petites pièces, en sous.

    Absolument. Il faut que je change, j'ai besoin de petite monnaie.

  • 3Remplacer un objet par un autre, prendre un autre, quitter pour un autre ; placer ailleurs. Changer le certain pour l'incertain. Dans sa vieillesse il changea certaines choses à sa doctrine. Il changea sa résidence. L'os est changé de place. Il faut changer les aiguilles de main.
  • 4Modifier une personne, une chose, la rendre différente de ce qu'elle était. Changer ses habitudes. Il n'y a rien à changer à cette disposition. Cela change bien les affaires. Mais nous pouvons changer un destin si funeste, Corneille, Cinna, I, 3. Puisqu'il change mon cœur, il veut changer l'État, Corneille, ib. V, 3. Alexandre allait à Jérusalem, résolu de se venger ; mais il fut changé à la vue du souverain pontife qui vint au-devant de lui avec les sacrificateurs, Bossuet, Hist. I, 59. Vois ces sphères de feu, ces globes de lumière, Rien n'interrompt leur course ou change leur carrière, Brébeuf, Phars. II. La résolution qu'avait prise M. le cardinal d'aller sur le Rhône a été changée sur ce qu'il vit avant-hier un bateau chargé de soldats qui courut très grand hasard de se perdre, Voiture, Lett. 127. Un moment a changé ce courage inflexible, Racine, Esth. II, 9. Mais croyez qu'en mourant mon cœur n'est point changé, Voltaire, Catil. V, 7. Il agit secrètement dans les cœurs par son Saint-Esprit, il les change, il les renouvelle, Bossuet, la Vallière. Un de ces esprits remuants et audacieux qui semblent être nés pour changer le monde, Bossuet, Reine d'Anglet. Tienne qui voudra pour sentence Que les honneurs changent les mœurs ; Je crois pour moi que les honneurs Mettent les mœurs en évidence, Pons, (de Verdun), Poésies.
  • 5Convertir en. Circé changea en bêtes les compagnons d'Ulysse. Changer le reproche en éloge, la discussion en dispute. … Et vous allez au temple Y changer l'allégresse en un deuil sans pareil, Corneille, Rodog. V, 5. Une condition meilleure Change en des noces ces transports, La Fontaine, Fabl. VI, 21. L'intempérance des hommes change en poisons mortels les aliments destinés à conserver leur vie, Fénelon, Tél. XVII. Qui changera mes yeux en deux sources de larmes Pour pleurer ton malheur ? Racine, Athal. III, 7. L'audace d'une femme arrêtant ce concours En des jours ténébreux a changé ces beaux jours, Racine, ib. I, 1. L'adulation change en source de vices des penchants qui étaient en eux [les grands] des espérances de vertu, Massillon, Petit carême, Tentations.

    Changer à est dans cette phrase consacrée : Dans le sacrement de l'eucharistie le pain est changé au corps de Notre-Seigneur. Cette tournure se trouve aussi dans la poésie et dans la prose élevée. Et qu'il ait, sans espoir d'être mieux à la cour, à son long balandran changé son manteau court, Régnier, Sat. XI. Cependant l'humble toit devient temple, et ses murs Changent leur frêle enduit aux marbres les plus durs, La Fontaine, Phil. et Bau. Peut-être avant la nuit, l'heureuse Bérénice Change le nom de reine au nom d'impératrice, Racine, Bér. I, 3. Et des rois les plus grands m'offrît-on le pouvoir, Je n'y changerais pas le bien de vous avoir, Molière, Mélic. II, 3. Je changerais mon sort au sort d'un braconnier, Hugo, M. Delorme, IV, 6. Bossuet, dans la même phrase, après avoir employé en, a employé à : Leur félicité [des anges] fut changée en la triste consolation de se faire des compagnons dans leur misère, et leurs bienheureux exercices au misérable emploi de tenter les hommes, Bossuet, dans GIRAULT-DUVIVIER.

  • 6Changez ce malade, cet enfant, changez les draps, la chemise, les vêtements de ce malade, de cet enfant.
  • 7 Terme de manége. Changer un cheval, tourner ou porter sa tête d'une main à l'autre.
  • 8 Terme de marine. Changer la barre du gouvernail, la faire passer de tribord à bâbord, et réciproquement.
  • 9 V. n. Avec la préposition de, au propre et au figuré, quitter une chose pour une autre. Changez d'habits avec moi. Il changea de ton, de résolution. Est-il donc vrai, madame ? et changeons-nous de sort ? Corneille, Héracl. V, 8. On peut changer d'amant, mais non changer d'époux, Corneille, Hor. I, 3. On change avec le temps d'âme, d'yeux et de cœur, Corneille, Agés. V, 8. J'ai changé de couleur, je me suis écriée, Corneille, Nicom. I, 5. Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeant, Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue, La Fontaine, Fab. II, 5. Vous vous troublez, madame, et changez de visage, Racine, Brit. II, 3. Pyrrhus m'a reconnu, mais sans changer de face, Racine, Andr. V, 3. Il changera de mœurs en changeant de fortune, Voltaire, M. de César, I, 1.

    Fig. et familièrement. Changer de batterie, recourir à de nouveaux moyens.

    Fig. Changer de note, changer de façon d'agir ou de parler. Je te ferai changer de note, chien de philosophe enragé ! Molière, Mar. f. sc. 8. Leur ennemi changea de note, Sur la robe du dieu fit tomber une crotte : Le dieu, la secouant, jeta les œufs à bas, La Fontaine, Fab. II, 8.

    Absolument, faire un troc. Oh ! je ne saurais plus, dit-elle, y résister ; Changeons, ma sœur l'aragne, La Fontaine, Fabl. III, 8.

    Terme de manége. Changer de main, porter la tête du cheval d'une main à l'autre, pour le faire aller à droite ou à gauche.

    Terme de marine. Changer d'amures, les prendre à l'autre bord lorsqu'on louvoie. Changer devant, changer derrière, virer vent devant, en faisant tourner toutes les voiles d'un mât ensemble.

  • 10Elliptiquement, changer se dit pour changer de lieu. Point de coup de balai qui l'oblige [l'araignée] à changer, La Fontaine, Fabl. III, 8.

    Changer de linge, d'habits. Je suis trempé, il faut que je change. Il n'a pas de quoi changer. Le roi changeait devant le très peu de gens distingués qu'il plaisait au premier gentilhomme de la chambre de laisser entrer, Saint-Simon, 417, 10.

    Changer, v. n. dans les sens des nos 9 et 10, se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 11Devenir autre, éprouver un changement. Combien les mœurs ont changé. Tout change. Voyez comme les choses ont changé. Le vent venant à changer. Mais il n'est pas moins vrai que cet ordre des cieux Change selon les temps comme selon les lieux, Corneille, Cinna, II, 1. Nous ferons bien changer ce courage indompté, Corneille, Nicom. III, 1. L'Angleterre a tant changé, qu'elle ne sait plus elle-même à quoi s'en tenir, Bossuet, Reine d'Anglet. Elle avait appris par ses malheurs à ne changer pas dans un si grand changement de son état, Bossuet, Reine d'Anglet. À Raguse, le chef de la république change tous les mois, Montesquieu, Espr. II, 3. La fortune est changée, Racine, Baj. IV, 3. Mais les temps sont changés aussi bien que les lieux, Racine, Iph. II, 2. Tandis que vous vivez, le sort qui toujours change Ne vous a pas promis un bonheur sans mélange, Racine, ib. I, 1,

    Fig. Changer du blanc au noir, devenir tout autre. On dit dans le même sens, changer du tout au tout.

    Le raisin change, il prend une autre couleur.

    Se corriger, et quelquefois se gâter, prendre une mauvaise conduite. Ce jeune homme a bien changé, c'est-à-dire sa conduite est devenue régulière, ou il est devenu bien mauvais sujet, si ce qui précède le représente comme ayant auparavant satisfait tout le monde.

    Prendre une autre apparence, en parlant des personnes. Comme ce jeune homme a grandi ; comme il est changé ! Il n'était point du tout changé [défiguré], Sévigné, 483. Vous n'êtes presque point changé [vieilli] depuis tant d'années, Fénelon, Tél. IX.

    Être inconstant. Tâchez de ne pas changer. Je n'ai nullement changé. Cet homme aime à changer. Un amant jure de ne jamais changer. Et qui change une fois peut changer tous les jours, Corneille, Tois. d'or, IV., 3. Leurs alliés qui avaient changé avec la fortune, Vertot, Rév. rom. II, 199.

    Changer, v. n. dans les sens du n° 11, se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand il s'agit d'une action, d'un fait : La fortune a changé en cette journée ; Cet homme a beaucoup changé par sa dernière maladie. Il se conjugue avec l'auxiliaire être, quand il s'agit d'un état : La fortune est changée depuis cette journée ; Cet homme est bien changé depuis sa maladie.

  • 12Se changer, v. réfl. Être remplacé par, faire place à. Comme toute cette joie s'est promptement changée en deuil !
  • 13Être converti en. Par le feu l'eau se change en vapeur. Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? Racine, Ath. III, 7.
  • 14Être modifié, devenir différent. Je ne puis me changer. Se changer en mal. Se changer en bien.

    Il faut se changer, se corriger. On croit se convertir quand on se change, et quelquefois on ne fait que changer de vice, Bossuet, Pensées chrét. 7.

  • 15Changer de vêtements. Vous êtes bien mouillé, changez-vous.

    PROVERBE

    Il faut qu'on l'ait changé en nourrice, se dit d'un enfant qui ne ressemble en rien à ses parents, et aussi d'une personne qui est dépourvue d'intelligence.

HISTORIQUE

XIIe s. Au deuil qu'il ot, [il] a la color changée, Roncisv. 91. Or quidout [cuidoit] qu'il fust tels cum il l'out ainz veü : Trestut esteit changiez ; Sainz Espris en lui fu, Th. le mart. 39.

XIIIe s. De la paeur qu'ele a, [elle] cuide le sens changier, Berte, X. Bien [il] s'aperçoit coment Berte lui fut changie, ib. X. Mais il n'a pas tant de difference ès pois comme il a ès mesures, car il ne se changent pas en tant de liex, Beaumanoir, XXVI, 16.

XVIe s. La peur change des roseaux en gentsdarmes, Montaigne, I, 61. Changer d'advis, Montaigne, I, 298. Changeray-je pas pour vous cette belle contexture des choses ? Montaigne, I, 85. L. Cossitius, de femme changé en homme, Montaigne, I, 92. Changer de visage, Montaigne, I, 115. Il ne change, pour hyver et temps qu'il face, le mesme bonnet qu'il porte au couvert, Montaigne, I, 260. Le premier article, ce feut que chascun changeroit plustost la mort à la vie, que les loix persiennes aux leurs, Montaigne, I, 297. Si la cour ne changeoit point, elle auroit changé, nous n'en avons jamais veu ni leu autre chose, D'Aubigné, Faen. I, 13. Ilz furent très contens de changer de place aux [avec les] Lacedaemoniens, Amyot, Arist. 37. Ainsi donques estoient les Grecs occupez à changer en diligence l'ordonnance de leur bataille, Amyot, ib. 38. La fortune ne dure pas toujours une, ains va se changeant, Amyot, Flamin. 44. Il feit aussi changer de maniere de vivre aux Arabes, Amyot, Lucull. 38. Et leur ayans osté leurs bastons et leurs armes de soudards, furent bien aises de les changer à ceulx de gladiateurs, Amyot, Crassus, 14.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHANGER. - ÉTYM. Ajoutez : M. d'Arbois de Jubainville (Revue celtique, t. II, p. 128) remarque qu'il pourrait être à propos de dire que, suivant le glossaire gaulois publié par Endlicher, cambiare est gaulois, et que cette assertion du glossateur inconnu paraît justifiée par le verbe breton armoricain kemma, qui équivaut à cambiam.

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Étymologie de « changer »

Bourguig. cheingeai ; picard, canger ; wallon, cangî ; anc. wallon, cambgier, chambger ; Berry et génev. sanger ; provenç. cambiar, camjar ; espagn. cambiar ; ital. cambiare ; bas-latin, cambiare, dérivé du latin cambire, formé du grec ϰάμϐειν, ϰάμπτειν, courber, plier.

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(XIIe siècle)[1] Du latin cambiare (« échanger »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « changer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
changer ʃɑ̃ʒe

Fréquence d'apparition du mot « changer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « changer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « changer »

  • S’adapter : changer son fusil d’épaule.
    Michel-Antoine Burnier et Patrick Rambaud — Le Journalisme sans peine
  • Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous.
    Gandhi
  • Changer de boulot occasionne un décalage horaire plus important que de changer de continent.
    Roland Topor — Pense-bêtes
  • A force de changer de femme, on finit par changer soi-même !
    Sacha Guitry — Quadrille
  • On ne se lasse pas de changer les institutions, ne pouvant changer les hommes.
    Jean-Lucien Arréat — Réflexions et maximes - 1911
  • Changer d'avis c’est changer de vie.
    Anonyme
  • Quand on ne peut pas changer le monde, il faut changer le décor.
    Daniel Pennac — La Petite Marchande de prose
  • Changer de nom, c’est changer de destin.
    Marek Halter — Evene.fr - Octobre 2006
  • Nous ne pouvons pas toujours changer le monde, mais nous pouvons changer d'idée.
    Gérald Jampolsky
  • Le feu se peut changer de place.
    Jean de Sponde — Premier recueil de poésie
Voir toutes les citations du mot « changer » →

Traductions du mot « changer »

Langue Traduction
Anglais change
Espagnol cambiarse
Italien cambiare
Allemand ändern
Portugais mudar
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Synonymes de « changer »

Source : synonymes de changer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « changer »

Combien de points fait le mot changer au Scrabble ?

Nombre de points du mot changer au scrabble : 13 points

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