La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « aller »

Aller

Variantes Singulier Pluriel
Masculin aller allers

Définitions de « aller »

Trésor de la Langue Française informatisé

ALLER1, verbe.

I.− Emplois comme verbe intrans.
A.− [Le verbe marque un déplacement depuis un point de l'espace jusqu'à un autre] Se mouvoir, se déplacer.
1. Emploi indéterminé. [Le terme du déplacement n'est pas indiqué]
a) [Le suj. est un subst. désignant une pers. ou un animal] :
1. Elle marchait devant moi dans le sable, avec un pas déterminé et un mélange si charmant de délicatesse féminine et de témérité enfantine, que je m'arrêtais pour la regarder à chaque instant. Il semblait, une fois lancée, qu'elle eût à accomplir une tâche difficile, mais sacrée; elle allait devant comme un soldat, les bras ballants, et chantant à tue-tête; tout d'un coup elle se retournait, venait à moi et m'embrassait. A. de Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 252.
2. Le couloir où Jean Valjean cheminait maintenant était moins étroit que le premier. Jean Valjean y marchait assez péniblement. Les pluies de la veille n'étaient pas encore écoulées et faisaient un petit torrent au centre du radier, et il était forcé de se serrer contre le mur pour ne pas avoir les pieds dans l'eau. Il allait ainsi ténébreusement. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 531.
Par métaph. :
3. 21 octobre assez bien travaillé, mais je vais lentement. B. Constant, Journaux intimes,oct. 1811, p. 367.
Littér. [Aller suivi d'un part. prés. marquant un procès qui accompagne l'action d'aller] :
4. Comme il [le passant] tendra l'oreille aux rumeurs indécises! Comme il ira rêvant des figures assises Dans le buisson penché ... V. Hugo, Les Voix intérieures,1837, p. 244.
Laisser aller qqn. Lui permettre de s'en aller, le relâcher :
5. ... quand j'ai vu qu'après mes livres on allait saisir ma personne, (...), et qu'on me livrait aux Italiens, me voyant enfin la corde au cou, j'ai dit comme j'ai pu ce que j'avais à dire pour qu'on me laissât aller. P.-L. Courier, Lettres de France et d'Italie,1810, p. 840.
b) [Le suj. est un subst. désignant un moyen de locomotion] :
6. Le tilbury allait bon train, mais le boulevard était encombré de voitures, et souvent il était forcé de ralentir sa marche, ce qui permit au cabriolet de régie de le suivre à courte distance. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 309.
Rem. Dans son emploi indéterminé, aller est gén. accompagné d'un adv. ou d'une loc. adv. ou d'un compl. circ. indiquant les modalités du mouvement, soit : a) la vitesse d'exécution du mouvement aller vite, lentement, doucement, bon train, grand train. Plus particulièrement, si le suj. est une pers. aller à grands pas; si le suj. est un animal (un cheval) aller au trot, au galop, au/le pas, aller l'amble; si le suj. est un bateau aller à pleines voiles; b) la nature de la direction du mouvement aller droit, tout droit, à reculons, au hasard; c) le moy. utilisé pour le mouvement aller à pied, en voiture, à cheval, en bateau; d) l'endroit par où passe le mouvement aller par terre, par mer, à travers champs, par le chemin le plus court, par un chemin de traverse; e) l'endroit où a lieu le mouvement aller sur (la) terre, en plaine, sur l'eau, dans les airs; en avant, en arrière, devant, derrière, à côté, à droite, à gauche de qqn; en syntagme avec se laisser : se laisser aller contre un mur, sur le dos d'un fauteuil; f) la manière dont se fait le mouvement, relativement à d'autres agents de l'action (accompagnement) aller ensemble, de compagnie, côte à côte, en troupe, (tout) seul, à la file les uns derrière les autres, de front.
Aller et venir. Marque un mouvement de balancement, un mouvement alternatif (surtout quand le suj. est une chose). [Quand le suj. est une pers.] Faire les cent pas. Cf. aussi aller de long en large.
c) P. anal. [En parlant du temps] :
7. 18 janvier travaillé. Les événements vont si vite que mon livre n'aura plus le mérite de l'audace. Allons toujours. B. Constant, Journaux intimes,janv. 1814, p. 397.
d) Emplois fig. Aller avec qqn, aller ensemble. Fréquenter quelqu'un, avoir des relations avec quelqu'un.
Aller de pair avec qqn.
Aller (droit) son chemin et expressions similaires : aller son (petit) bonhomme de chemin, aller vite en besogne :
8. Je me suis engagé, par sentiment du devoir, dans une rude voie. Je dédaigne les insultes, et je vais droit mon chemin. On me jugera quand on saura ce que j'ai à dire. G. Clemenceau, L'iniquité,1899, p. 8.
Se laisser aller. S'abandonner, se négliger.
2. Emploi déterminé. [Le terme du mouvement est envisagé; aller peut éventuellement être accompagné d'un adv. ou d'un compl. circ. indiqué dans la rem. supra]
a) [Le suj. désigne gén. une pers.; le terme du mouvement est indiqué par un subst. désignant une pers.]
Aller chez, auprès de, vers. Se rendre auprès de quelqu'un. Aller chez le coiffeur, chez le dentiste. (Fam. ou pop. Aller au coiffeur, au dentiste).
Aller au-devant de. Se porter au-devant de.
Fig. Aller contre (à l'encontre de) qqn. S'opposer à quelqu'un :
9. ... il faut aller au-devant du pauvre, du même mouvement par lequel on allait primitivement au martyre ... Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 312.
Littér. Aller à qqn. S'adresser à, se tourner vers :
10. Si un jour vous avez profondément besoin d'un autre être, (...) irez-vous à celui qui a souillé d'un hochement de tête un acte généreux ou simplement une tendance pure? Peut-être étiez-vous de ceux qui l'approuvèrent; mais dans ce moment grave où c'est la vérité qui frappe à votre porte, vous vous tournerez vers cet autre qui a su s'incliner et aimer. M. Maeterlinck, Le Trésor des humbles,1896, p. 255.
[Except. le suj. est une chose] Être destiné à, être pour :
11. La tante, fidèle à l'idée fixe de toute sa vie, laissait son million à leur premier né, avec la jouissance de la rente aux parents jusqu'à leur mort. Si le jeune ménage n'avait pas d'héritier avant trois ans, cette fortune irait aux pauvres. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Un Million, 1882, p. 392.
b) [Le terme du mouvement est indiqué par un mot (subst. précédé d'une prép., ou adv.) désignant un lieu]
[Le suj. est un subst. désignant une pers. ou un moy. de locomotion] Se rendre à. Aller à Paris, aller ailleurs :
12. Il me dit comment. après avoir obtenu une place sur un vaisseau qui allait aux Indes, au milieu des délices que lui faisait éprouver son voyage, il s'était réveillé la nuit, croyant voir sa mère en rêve, qui lui reprochait son départ... B.-J. de Krüdener, Valérie,1803, p. 212.
13. ... voici ce qu'il faut faire : (...) demain, au point du jour, tu monteras dans ton char, tu te feras conduire sur le bord de la mer. Tu iras jusques aux premiers rochers du Carmel, et tu ne les auras pas dépassés que tu seras sauvée. MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 224.
14. ... malgré toute sa science, le postillon douta de pouvoir arriver à Durantal. Aux premières maisons du village, le postillon fut contraint de s'arrêter; car il n'étoit pas possible d'aller plus loin. H. de Balzac, Annette et le criminel,1824, p. 247.
15. Mess Lethierry alla à la fenêtre, l'ouvrit, la referma, revint à la table, prit les trois bank-notes, les plia, posa la boîte de fer dessus, se gratta les cheveux, saisit la ceinture de Clubin, la jeta violemment contre la muraille, et dit : − Il y a quelque chose. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 419.
16. Il faut aller au-dessus des lignes. Il faut survoler les troupes françaises et les troupes allemandes ... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 681.
Rem. Constr. et syntagmes fréq. aller à, en (dans), jusqu'(à), où aller?, y aller; aller vers, aller dans la direction de, aller du côté de; aller en haut (de), en bas (de); aller au-dessus de; aller dehors, dedans; aller au bord de; aller à une certaine distance, aller près (de), aller loin (de).
Aller à.
Aller à la ligne (au cours de la rédaction d'une page). Changer de ligne en commençant la ligne suivante selon la norme d'un début de paragraphe.
P. méton. et fam. Aller au diable, à tous les diables, au diable Vauvert, au diable vert. Aller loin (de manière à disparaître de la vue de quelqu'un).
Au fig. Aller à la gloire; (ne pas) aller loin (trop avant) dans la voie du devoir; aller jusqu'au bout (de qqc.); aller trop loin (dans un certain domaine), aller plus loin, avant d'aller plus loin (dans un raisonnement); aller au devant de ces objections, les prévenir; ne pas aller à la cheville de qqn, ne pas le valoir; aller jusqu'à une certaine somme, accepter de la dépenser.
Laisser aller qqn à sa pente naturelle. L'abandonner à lui-même.
[Avec indication du point de départ] Aller de... à... :
17. Après leur dîner, Lucien et Coralie allèrent à pied de la rue de Vendôme au Panorama-Dramatique, par le boulevard du Temple du côté du café Turc, qui, dans ce temps-là, était un lieu de promenade en faveur. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 429.
Au fig. Aller d'une chose à une autre :
18. Il y a deux sortes de modulations : l'une par laquelle on va d'un ton à un autre ton qui lui est relatif; l'autre qui consiste dans le passage à un ton éloigné de son antécédent [en musique]. M.-G.-A. Savard, Cours complet d'harmonie théorique et pratique,1853, p. 92.
Aller sur. [Pour indiquer l'âge d'une pers.] Aller sur ses [nombre cardinal] ans. Approcher de ... ans. Il va sur ses soixante ans.
Loc. proverbiale. Aller sur les brisées de quelqu'un. Empiéter sur son domaine (en termes de vén., et au fig.).
[Le suj. est un subst. désignant une chose qui sans être douée elle-même de mouvement, le permet] Aboutir à :
19. L'aorte droite (...) fournit, peu à-près sa naissance, de petites artères qui vont à une glande orbiculaire, placée au-devant de la base du cœur... G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 4, 1805, p. 284.
[Avec indication du point de départ] Aller de... à... Partir d'un lieu et aboutir à un autre :
20. Cherchez-moi, je vous prie, un logement rue de Bourbon ou de l'Université ou Saint-Dominique ou de Varenne, ou dans une des rues qui vont de la rue Saint-Honoré aux Champs-Élysées, fenêtres sur un jardin au midi, silence partout. A. de Lamartine, Correspondance,1833, p. 354.
P. anal. [En parlant d'un espace de temps] :
21. Je ne saurais nier en effet que je ne sois, depuis le début de janvier en particulier, le lieu d'un sourd malaise − qui, depuis juillet, m'avait de temps à autre effleuré de son aile (et fait plus que cela dans l'atroce période qui alla du 15 août au 23 septembre), mais qui maintenant implore solution. Ch. Du Bos, Journal,1928, p. 33.
Au fig. [Le suj. est un subst. désignant une chose, en partic. une chose abstr. (sentiment, action...)] Atteindre de manière à faire impression. Ces paroles me sont allées à l'âme, au cœur.
Aller jusqu'à. [Pour marquer l'aboutissement dans une gradation ou une progression] Monter à, atteindre :
22. Les beautés qui peuplent la montagne Sainte-Geneviève, et se partagent les amours des écoles, lui inspiraient une sorte de répugnance qui allait jusqu'à l'aversion. A. de Musset, Mimi Pinson,1845, p. 216.
23. Le cétacé, profondément engagé dans la vaste baie de l'Union, la sillonnait rapidement depuis le cap Mandibule jusqu'au cap Griffe, poussé par sa nageoire caudale prodigieusement puissante, sur laquelle il s'appuyait et se mouvait par soubresauts avec une vitesse qui allait quelquefois jusqu'à douze milles à l'heure. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 306.
P. anal. [En parlant d'une pers. ou de la durée de sa vie] :
24. Elle ne put guérir. Les poumons atteints profondément donnaient des inquiétudes pour sa vie. « Si elle reste ici, elle n'ira pas jusqu'aux froids », dit le médecin. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Première neige, 1883, pp. 419-420.
Aller au delà de. Dépasser :
25. Louis XVI (...) quitta Versailles, et ce fut un grand événement. Dans ces temps-là, un roi ne quittait jamais sa demeure; ses excursions n'allaient pas au delà d'une partie de chasse... E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 884.
Aller loin :
26. Les gens connaissaient la Poule-Courte, son crédit n'allait pas loin. H. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 169.
Rare. [En parlant du montant d'une somme d'argent] Aller dans. S'élever à :
27. « Que gagne votre fille avec ses leçons? ... » (...) Justement elle [la mère] était en train d'examiner leurs petits comptes. Cette année, ça irait dans les quatre mille francs. A. Daudet, L'Évangéliste,1883, p. 137.
c) [Le terme du mouvement est indiqué par un subst. désignant le lieu où se déroule une activité ou bien par un subst. d'action ou un subst. équivalent; aller est suivi de la prép. à, plus rarement de en et dans ce dernier cas avec subst. sans art.] Aller au théâtre, aller en voyage :
28. ... à 8 h et demie, j'ai été à une séance du comité de l'intérieur où j'ai resté dans un grand état de malaise jusqu'après 11 h. Rentré chez moi; j'ai renoncé à aller à une soirée de M. Suard. Maine de Biran, Journal,1817, p. 12.
29. Moi, je me suis marié et j'ai eu des enfants, et il a fallu que j'aille aux champs. J'étais pas fait pour ce travail-là, j'ai mon certificat. Et ces gueux de propriétaires ne vous laissent rien. P. Claudel, Tête d'or,2eversion, 1901, p. 262.
30. Shelley pensa que le séjour de Londres, par les tentations qu'il offrait, était cause de tout le mal; il eut cette idée, si naturelle aux amants qui sentent dans le couple un trouble encore obscur, d'aller revoir les lieux où leur amour a été le plus vif. La fameuse voiture de Harriet fut équipée; (...) et, escortés par Eliza, ils allèrent en pèlerinage à Keswick et à Édimbourg. A. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 148.
31. Les enfants grandissaient et Jonas était heureux de les voir gais et vigoureux. Ils allaient en classe, et revenaient à quatre heures. A. Camus, L'Exil et le royaume,1957, p. 1644.
Rem. Syntagmes notés aller à la messe (à l'église), au bal, (au spectacle, au concert, au cinéma), à la chasse (à la pêche), au café, au bagne, à l'hôtel, au bureau (à son travail), au paradis; aller au bain, au marché; aller aux renseignements (aux nouvelles); aller aux urnes; aller à confesse; aller à la guerre, au combat, à l'assaut, au feu; aller à l'échafaud, au supplice, à la mort, à sa perte; aller à la découverte de, à la rencontre, au secours de qqn; aller en prison (mais au bagne), en pélerinage, en enfer (mais au ciel), en quête de (mais à la recherche de).
Aller au(x) cabinet(s), aller à la selle, aller.
Proverbe. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse.
[En parlant de poteries ou de plats qui ont la propriété de ne pas se détériorer au feu] Être mis dans :
32. Les hygiocérames (...) que l'on fait sous le nom de poteries de santé jouissent éminemment de la propriété d'aller au feu. A. Brongniart, Traité des arts céramiques,1844, p. 291.
Au fig. Aller au plus pressé, aller (droit) au but, au fait. Se laisser aller à un état, un sentiment, une action. S'abandonner à :
33. Il s'agit de voir si la vie me permettra de travailler avec intensité et si aussi, dans l'hypothèse qu'elle me le permette, je serai de mon côté assez sage pour ne me laisser aller à nul découragement. Ch. Du Bos, Journal,oct. 1924, p. 193.
[Avec l'adv. y désignant l'action dont il est question, et un adv. ou une loc. circ. précédant ou suiv. le verbe pour en indiquer la manière] Y aller. Entreprendre une action d'une certaine manière. Ne pas y aller par quatre chemins; ne pas y aller avec le dos de la cuiller; y aller à tour de bras; y aller doucement, fort; (y) aller au culot; comme vous y allez! :
34. le chiffonnier. − Oui, elle a raison, la petite dame. Je lui donnerais vingt sous, au sourd-muet, vingt francs, vingt millions... vous voyez, j'y vais carrément. J. Giraudoux, La Folle de Chaillot,1944, II, p. 148.
Fam. Y aller de qqc. Entreprendre une certaine action :
35. Lacretelle me disait : « Allez-y! Nommez-vous. Allez-y d'une dédicace... » A. Gide, Journal,1930, p. 966.
3. [Aller est suivi d'un inf. marquant le but, le plus souvent non précédé de la prép. pour; avec éventuellement un adv. ou un compl. de lieu entre aller et l'inf.] Se mettre en mouvement pour faire quelque chose. Aller voir un ami :
36. Il (...) ne revenait pas de sa surprise en apprenant que ces malheureux sortaient tous les jours de leur hospice, situé dans le fond du faubourg Saint-Antoine, traversaient Paris pour aller au Palais-Royal faire de la musique au café des aveugles, et retournaient chez eux, à minuit, sans guide et sans accident. V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 259.
[Avec la prép. pour devant l'inf.] :
37. Quand Marthe rentra, elle trouva son mari pâle et sérieux. − Qu'as-tu? − fit-elle, et elle alla pour l'embrasser. E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 329.
Rem. Dans ce dernier ex. la valeur du tour n'est pas loin de celui qui est signalé infra II C 1 a rem. 2).
Au fig. N'aller qu'à + inf. Ne tendre qu'à :
38. Ils (vos prêtres, dit Balkis à Soliman) ne vont à rien moins qu'à tout immobiliser, qu'à ternir la société dans les langes... G. de Nerval, Voyage en Orient,t. 3, 1851, p. 149.
4. Emplois techn.
a) ESCR. Aller à l'épée. S'ébranlant sur un appel d'escrime, faire de trop grands mouvements avec l'épée et attaquer en étant découvert.
b) JEUX. Y aller, prendre part au jeu (en misant); s'en aller d'une carte, s'en défaire, la jouer, l'écarter.
c) MAN. Aller de l'oreille, faire une inflexion de tête à chaque pas; aller étroit, aller large, s'approcher ou s'éloigner du centre du manège.
d) VÉN. Aller au bois, aller en quête (ou faire le bois). Se rendre au bois la veille ou de bon matin avec le limier pòur y détourner une bête.
[En parlant d'une bête] Aller de hautes erres, être passé il y a plusieurs heures; aller de bon temps, être passé il y a peu de temps; n'aller plus de temps, être passé depuis un ou deux jours; aller d'assurance, aller au pas, sans crainte; aller sur soi, revenir sur ses pas, sur ses erres en reprenant le même chemin.
[En parlant d'un chien de chasse] Aller au vent. Aller le nez haut, le nez au vent.
B.− [Le verbe marque un mouvement, sans idée de déplacement d'une point à un autre]
1. [En parlant d'un mécanisme, d'un train de maison, etc.] Fonctionner, accomplir son mouvement ou son activité propre. Cette pendule va juste.
Faire aller. Faire fonctionner. Faire aller la maison; faire aller (la cuisson d'un aliment) à feux doux, à petit feu...
Laisser aller qqc. L'abandonner à son mouvement propre, ne pas s'en préoccuper.
JEUX. [Pour indiquer la fin des mises] Les jeux sont faits, rien ne va plus :
39. ... tant pis pour les traînards, il n'y a plus de cartons [de loto], le jeu est fait, rien ne va plus, commençons. L. Vidal, J. Delmart, La Caserne, mœurs militaires,1833, p. 284.
Au fig. Les langues vont bon train. Elles sont intarissables, en particulier pour dénigrer.
2.
a) [En parlant d'affaires, d'une entr., gén. avec un adv. qualificatif] Se dérouler :
40. À l'Impératrice, à Mayence. Géra, le 13, à 2 heures du matin, 1806. Je suis aujourd'hui à Géra, ma bonne amie; mes affaires vont fort bien, et tout comme je pouvais l'espérer. Napoléon Ier, Lettres à Joséphine,1806, p. 108.
Aller (ne pas aller) tout seul; aller (ne pas aller) sans difficulté.
Au fig. [En parlant d'une chose qui, parce qu'évidente ou spontanée, n'a pas besoin d'être établie ou soulignée] Aller de soi, aller sans dire :
41. ... à côté des multiples inconvénients qui vont de soi, et trop évidents pour qu'on en traite, il n'y a pour l'homme et pour la femme (...) qu'un avantage − mais réel − à être « du monde », je veux dire à y être né, à y avoir été élevé... Ch. Du Bos, Journal,juin 1928, p. 131.
[En parlant d'une chose et parfois d'une pers.] (C'est) va comme je te pousse, il va comme je te pousse. Cela se fait, il agit au hasard, sans direction :
42. [Madame Gruget] : − (...) Eh! bien non, ça vient, ça vous câline, ça vous dit : « Bonjour, ma mère. » Et voilà deux devoirs remplis envers l'auteur de ses jours. Va comme je te pousse. H. de Balzac, Ferragus,1833, p. 110.
b) P. anal. [En parlant d'une pers. envisagée du point de vue de sa santé]
Aller (bien, mal, médiocrement, etc.). Se porter bien, mal, etc. :
43. Il [Richard] rendait compte de tout cela à Joseph Quesnel, qui allait mieux, les coliques passées, mais que diverses complications tenaient encore à la chambre. (...). La chance allait couci-couça. L. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 433.
Expr. proverbiale. Ne plus aller que d'une aile, que d'une (seule) patte. Avoir une santé fort compromise.
c) Fam. [En parlant de la marche des affaires ou de la santé d'une pers.] Comment ça va?; comment ça va-t-il? Ça va (bien, mal, médiocrement, etc.). Ça va (sans adv.). Cela va convenablement.
3. [Le verbe marque un rapp. de convenance entre le suj. et un obj. second. personnel, ou un compl. introd. par la prép. avec] Être (bien, mal) adapté, convenir à une chose ou à une personne :
44. En arrivant à Longwood, il [l'Empereur] a quitté son petit uniforme vert de la garde; il n'a plus alors porté qu'un habit de ses chasses, dont on avait ôté le galon; il lui allait assez mal et commençait à être fort usé : on s'inquiétait déjà comment on le remplacerait. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 458.
Familier
[En parlant d'une chose] Au propre et au fig. Cela (ça) me va. Cela me convient. Cela me va comme un gant. Cela me convient parfaitement.
[En parlant de 2 ou de plusieurs pers. ou choses] Aller (bien, mal) ensemble, aller ensemble. Être dans un (certain) rapport de convenance réciproque :
45. ... il est impossible de rien voir de plus jeune [que l'Accordée de village de Greuze] (...) et de plus coquettement virginal, si ces deux mots peuvent aller ensemble. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 185.
Absol., fam. Ça va, ça peut aller. Cela paraît suffisant et satisfaisant, ce n'est pas la peine de continuer.
II.− Emplois gramm. spéc.
A.− Emplois impers.
1. Il va de soi, il va sans dire que + ind. (cf. supra I B 2 a). Il est évident, il est manifeste que :
46. ... il va sans dire qu'il [Dietrich] reste bien loin de son prototype [Rembrandt], car le serviteur marche derrière le maître, comme disait Michel-Ange. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 155.
2. Il en va de même (ou ainsi) de (ou pour), il en va (tout) autrement (de ou pour + nom de pers.). La situation est la même ou tout autre (pour telle personne) :
47. ... qu'un sacristain s'installe dans un presbytère abandonné, la belle affaire! Cela ne gêne personne! Il en irait autrement si François dénonçait l'enterrement du grand-père et comme quoi les îliens se confessaient à Thomas et comme quoi Thomas disait secrètement la messe avec les enfants de chœur! ... H. Quéffelec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 183.
Rem. Pour l'expr. va pour (cf. infra II B 1).
3. Il y va de + nom de chose. Ce qui est en cause, c'est... :
48. L'accusation de trahison se trouve corroborée par des lettres ignobles où le même individu, laissant couler sa haine, déverse sur la France et sur son armée des outrages sans nom. Le misérable nia d'abord l'authenticité de ces documents, comme il fallait s'y attendre, et, chose étrange, ses juges militaires, tout en proclamant qu'il y allait de « l'honneur de l'armée » que la lumière fût faite sur cette affaire, s'abstinrent de tout effort pour découvrir la vérité. G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 380.
B.− Emplois exclam. [Pour exprimer des mouvements d'humeur, diversifiés par le ton]
1. À l'ind., fam.
a) [Dans le dialogue, pour indiquer avec vivacité ou iron. au partenaire qu'il a assez parlé, qu'on l'a assez entendu] Ça va! arrêtez! (cf. supra I B 3).
b) [Pour exprimer une résignation condit.] À la forme impers. sans il. Va pour + nom de chose, va pour + nom de pers.Cela est admissible pour (telle personne), mais pas pour telle autre!
2. À la forme positive de l'impér.
a) Allons, allez. Formule d'exhortation : allons, courage!
Ou formule d'impatience : allons, pressons (-nous)!
Ou formule d'agacement :
49. Allons, le voilà qui s'emporte, Comme à son ordinaire! J.-F. Collin d'Harleville, Le Vieux célibataire,1792, IV, 9, p. 108.
b) Va. Formule soulignant une constatation à laquelle on se soumet par résignation forcée :
50. M'avoir laissé cinq ans avec cette conviction que mon ami Jack était un voleur! ... Canaille, va! ... A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 149.
c) Pop. Va donc. Formule introduisant généralement une injure : va donc, espèce de...
d) Fam. Impératif de locutions expressives pour exprimer l'impatience, la colère. Allez au diable, à tous les diables; qu'il aille au diable; allez vous promener; va te faire prendre ailleurs.
3. À la forme négative de l'impér. [Pour détourner d'une opinion erronée] N'allez pas, (ne va pas) croire (penser, conclure) que... :
51. De ce que je crois reconnaître un ordre, des lois, n'allez pas conclure que je crois en Dieu... R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 285.
C.− Emplois comme auxil. de mode
1. [Aller suivi d'un inf.]
a) Pour exprimer un fut. proche ou imminent.
[Au prés. marquant l'action achevée] Je vais avoir fini dans un instant :
52. ... j'ai lu avidement toute la pièce, surtout le milieu, que je ne connaissais pas. Mais je me dépêchais; j'avais peur d'être dérangé. C'était dans ma chambre de Rouen. Quand je vais avoir fini cette lettre, je vais m'y mettre et la prochaine fois je t'enverrai mes observations. G. Flaubert, Correspondance,1846, p. 348.
Rem. 1. Comme le fut. simple, ce fut. périphrastique peut exprimer un ordre (particulièrement énergique à cause de l'imminence de la réalisation) :
53. ... vous allez me parler raisonnablement, ou, morbleu! Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 309.
Rem. 2. Aller pour + inf. s'emploie pour marquer une action qu'on se dispose à faire dans l'immédiat mais qui n'est pas sûre d'aboutir. Elle va pour sortir (P. Valéry, Mon Faust, 1945, III, 7).
b) [À l'imp.; le plus souvent pour signifier l'action imminente manquée, ou empêchée par la survenance d'une autre] Il allait sortir quand (tout à coup)... :
54. Cécile était seule, dans le salon de musique. Elle se tenait assise, tête basse, devant un grand clavecin et tournait le dos à la porte. − Je te dérange, murmura Laurent. Peut-être allais-tu jouer? Peut-être viens-tu de jouer? G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 249.
c) [À l'imp., précédé de si cond.-interr. (pour marquer une action imminente redoutée)] :
55. ... pour remonter sans chandelle, si j'allais me tromper de porte? H. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 240.
Rem. 1. Ces emplois sont en principe différents des emplois signalés supra I A 3; cf. cependant des cas limites signalés en I A 3 rem. 2. Dans le syntagme aller chercher qqn ou qqc. « se rendre dans un endroit pour en ramener quelqu'un ou en rapporter quelque chose », aller joue le rôle d'un réducteur sém. qui fait perdre à chercher son sens ordinaire.
2. [Aller suivi de la forme inv. en -ant, d'un verbe indiquant une idée de développement ou de progression (positive ou négative)]
a) Littér. [La forme en -ant n'est pas précédée de la prép. en] Aller croissant :
56. ... comme ce ciel qui te paraissait d'en bas obscurci par les nuées, toujours ton Dieu gardait dans l'ombre la plus grande partie de lui-même; car, pour l'accorder à ta tendresse, tu le décorais de tant de vertus que tu allais ramenant l'infini aux proportions de ta nature, tandis que ton âme, s'embourbant à part dans les préoccupations du salut, perdait de plus en plus le fil mince qui la rattachait à l'idée; ... G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine,1849, p. 413.
b) Usuel. [La forme en -ant est précédée de en; le suj. est gén. un inanimé] Aller en s'accroissant, en diminuant, en augmentant, en (s') élargissant, en (s') affaiblissant, en grandissant :
57. Chacun désirait le retour du duc de Bourgogne; mais il ne voulait revenir que lorsque le roi aurait recouvré quelque santé. Les souffrances de ce malheureux prince allaient toujours s'aggravant. Les bons intervalles devenaient chaque année plus rares et plus courts... P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-1824, p. 276.
58. Les paysans connaissaient Manuel depuis la propagande de Ramos dans la Sierra. Ils éprouvaient pour lui une sympathie prudente, qui allait s'accentuant au fur et à mesure qu'il était plus mal rasé et que ce visage de Romain un peu alourdi, aux yeux vert clair sous des sourcils très noirs, devenait une tête de matelot méditerranéen. A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 481.
III.− S'en aller.[Une limite initiale de l'action est envisagée; le terme du mouvement est parfois implicite] Partir du lieu où se trouve le sujet en question (pour se rendre dans un autre lieu).
A.− [Le suj. désigne une pers. ou un moy. de locomotion]
1. [Avec indication du point de départ] S'en aller de :
59. Ce cher frère me donne bien des sollicitudes, mais aussi beaucoup d'affection de son côté, ce qui paye au centuple. Il me veut à son mariage; je veux y être et je ne puis partir, m'en aller d'ici, laisser ma sœur, mon père pour longtemps. Cela attriste, attriste et me fait dire non. On convient qu'il faut que j'y aille, mais je ne sais qui pourra m'arracher d'ici. E. de Guérin, Lettres,1838, p. 181.
2. [Sans indication du point de départ] :
60. Dans les larges bassins, fermés par une clôture de planches les bateaux attendaient le moment où ils s'en iraient, le long des chemins de halage, au frémissement des sonnailles suspendues au cou des chevaux. É. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 48.
3. [Suivi d'un inf. marquant le but] :
61. Les bains nocturnes sont en honneur à Tahiti; au clair de lune des bandes de jeunes filles s'en vont dans les bois se plonger dans des bassins naturels d'une délicieuse fraîcheur. P. Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 45.
Fam. [Suivi d'un inf. pour exprimer un fut. proche] :
62. Je m'en vais te faire une confidence ... G. Flaubert, Correspondance,1850, p. 202.
Rem. Ce dernier emploi se distingue de la constr. aller + inf. (cf. supra II C 1) en ce qu'il est plus fam., se limite à la 1repers. du sing., et souligne la continuité entre le moment actuel et le moment futur.
4. [Suivi d'un verbe à la forme en -ant pour souligner l'aspect duratif du procès exprimé par ce verbe] :
63. ... − Quand il [l'artiste] s'en va cherchant Ces pensers de hasard que l'on trouve en marchant, ... Il retrouve, attristé, le regret morne et froid Du passé disparu, du passé quel qu'il soit. V. Hugo, Les Feuilles d'automne,1831, p. 790.
Par euphémisme. Quitter ce monde, mourir :
64. La pauvre Marthe Roux est morte dimanche dernier, voici quatre jours. Un peu avant de s'en aller, n'ayant plus sa tête, elle disait : « Comme c'est joli, ces enfants qui jouent là-bas! » Que voyait-elle? J. Green, Journal,1944, p. 106.
Fam. S'en aller de la poitrine. Être mortellement malade de la poitrine.
B.− [Le suj. désigne une chose] Disparaître progressivement, décliner (en parlant du jour); s'écouler (en parlant du temps); s'échapper (en parlant d'un liquide en ébullition), etc. :
65. Ne survit-il pas, dans notre siècle d'impiété, assez de catholicisme pour qu'une âme d'enfant s'imprègne d'amour mystique avec une inoubliable intensité? La foi s'en ira, mais le mysticisme, même expulsé de l'intelligence, demeurera dans la sensation. P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,1883, p. 6.
66. Du jour qui s'en allait, à peine s'il restait un incertain reflet, là-bas vers le couchant, avec un nuage tout noir d'un côté, qui se dédorait et qui s'écaillait, − et c'était tout à fait la nuit. Ch.-F. Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 230.
[Avec un compl. de manière ou de résultat] S'en aller à feu et à sang; s'en aller en ruine.
Au fig. [En parlant d'un projet] S'en aller en fumée.
Rem. 1. Aux temps composés, en précède normalement l'auxil. : je m'en suis allé; je me suis en allé est familier. 2. Pour l'emploi littér. il s'en fut, au lieu de il s'en alla, cf. être.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ale], (je) vais [vε]. Enq. : /ve1(D)/, zéro (prés. 1); /va/, zéro (prés. 2, 3, impér. 2); /võ/, zéro (prés. 6); /aj/, zéro (subj. 1, 2, 3, 6); /al/, /õ, e1, e1(D); iõ, ie1/; /i/, /ʀe1, ʀa, ʀõ, ʀe1(D), ʀiõ, ʀie1/; inf. /ale1/; part. /alã, ale1/. 2. Homon. : haler (terme de mar.). 3. Forme graph. − Je vais, nous allons; j'allais; j'allai; je suis allé; j'irai; j'irais; que j'aille, que nous allions; que j'allasse; va, allons; allant; allé. − Rem. a) L'impér. va prend un s euphonique lorsqu'il est suivi de y : vas-y; mais il s'écrit sans s, lorsque y est suivi d'un inf. : ,,va y chercher mes papiers`` (cf. Ortho-vert 1966). Dans le parler fam. : vas-y voir, sans doute anal. de allez-y voir. b) On écrit va-t'en, t étant suivi d'une apostrophe, mais allez-vous-en, avec un trait d'union. 4. Hist. − a) Fér. 1768 et Ac. 1798 : je vais ou je vas; Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,Ménage décide nettement qu'il faut dire je vais, et non pas je vas, et moins encore, je va comme M. de Vaugelas soutenait que toute la cour disait``; Ac. 1835 : ,,L'expression je vas ne s'emploie que rarement et dans le langage familier.`` Littré cite encore les formes je vais ou je vas avec la rem. : ,,Celui-ci est beaucoup moins usité que je vais.`` b) Ac. 1798 : j'allois, j'irois; Ac. abr. 1832 : j'allais, j'irais.
Étymol. ET HIST. − a) Fin xies. « se diriger vers un but » (Alexis, st. 65eds Gdf. Compl. : il vat avant la maisun aprester); b) ca 1100 (Rol., 3723, ibid. : Alde la bele est a sa fin alee); c) av. 1188 pronom. « partir » (Parton., B.N. 19152, fo152 d, ibid. : Atant li dit : Vos en iroiz). Paradigme composite, dér. de 3 verbes lat. : ambulare propr. « se promener », ire « aller, marcher », vadere « id. ». Le lat. ambulare dont le sens était devenu « aller » dès l'époque class. dans la lang. milit., puis fam., s'est réduit, moins vraisemblablement en passant par une forme *ambitare à *aner puis à aler par dissimilation dans l'expr. « nos nos en *anons », devenue « nos nos en alons » (voir Dauzat 1968), plus prob. par l'intermédiaire d'une forme expr. de commandement militaire où ambulate « en avant, marche! » se serait contracté en a al(l)ate (voir Bl.-W.5et EWFS2). La forme alare est plusieurs fois attestée dans les Gloses de Reichenau au viiies. dans le sens d'aller. La lang. a empr. certaines formes à ire (fut. et condit.) et à vadere (1re, 2e, 3eet 6epers. de l'ind. prés.), réalisant ainsi une conjug. à rad. variable (EWFS2; FEW t. 1, s.v. ambulare, t. 4, s.v. ire, t. 14, s.v. vadere).

ALLER2, subst. masc.

A.− Action de parcourir un espace pour se rendre d'un lieu à un autre. Anton. retour :
1. Comme nous revenions, (...), d'un dîner à la Raspelière et que les Cambremer, qui avaient déjeuné chez des amis à Harambouville, avaient fait à l'aller une partie du trajet avec nous : « Vous qui aimez tant Balzac et savez le reconnaître dans la société contemporaine, avais-je dit à M. de Charlus, vous devez trouver que ces Cambremer sont échappés des scènes de la vie de province. » M. Proust, À la recherche du temps perdu,Sodome et Gomorrhe, 1922, pp. 1090-1091.
Au fig. :
Vx. À long aller. À long terme :
2. C'est encore la structure de l'économie en voie de développement que l'on rencontre nécessairement lorsqu'on considère les changements à long terme, imposés par l'évolution de la technique dans les industries qui utilisent les produits de base. À long aller, des matières de remplacement et substituts synthétiques sont obtenus par les soins des grands pays industriels et dépendent des changements techniques désirés par eux, en vue d'abaisser leurs coûts et de livrer des produits nouveaux. F. Perroux, L'Économie du XXesiècle,1964, p. 572.
Pis-aller (cf. pis); laisser-aller (cf. laisser).
B.− TRANSP. Billet d'aller, billet d'aller et retour :
3. Pour cet itinéraire donc je calcule que le billet d'aller doit valoir : (de Bourges à Bordeaux Bastide) 24 fr. 40 et celui d'aller et retour à peu près : 38 francs (maximum). J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., juill. 1907, p. 226.
Par ell. Un aller, un aller et retour, un aller-retour :
4. Il faut que tu prennes deux allers (à moins que − cas excessivement improbable − la validité des aller-retour soit en ce moment prolongée à cause de fêtes quelconques...) J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., juill. 1907, p. 226
Étymol. ET HIST. − Ca 1190 aler « action d'aller » (Couci, XVIII ds Littré : Aller 2. Ses ieuz, son vis, qui de joie sautele, Son aler, son venir, Son beau parler et son gent maintenir). Inf. substantivé de aller1*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 154 315. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 187 230, b) 257 597; xxes. : a) 236 375, b) 216 341.
BBG. − Alessio (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 161-162. − Artola (G. T.), Eichengreen (W. A.). Alare and ambulare in the Reichenauer Glosses. Mod. Lang. Notes. 1956, t. 71, pp. 357-359. − Assmann (W.). Die Nicht-futurische Umschreibung des französischen Verbums durch aller + Infinitiv, unter besonderer Berücksichtigung des sogenannten « erfolgreichen aller ». Naumburg/S., 1913, 98 p. (Diss. Göttingen. 1913). − Aubert de La Rüe (E.). Le Français parlé aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Vie Lang. 1969, no208, p. 403. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Banque 1963. − Bar 1960. − Barber. 1969. − Bastin (J.). Glanures grammaticales. Namur, 1893, pp. 91-92. − Baudr. Chasses 1834. − Behrens D. 1923, pp. 88-89. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Canart (P.). Homonymics : French Walloon and Chinese. A.U.M.L.A. 1954, no2, p. 35. − Caput 1969. − Chautard 1937. − Clédat (L.). L'Impératif du verbe aller (En marge des grammaires). R. de philol. fr. et de litt. 1928, t. 42, pp. 1-5. − Cohen 1946, p. 35. − Dauzat (A.). Andare- aller d'après les atlas linguistiques. In : [Mélanges Grandgagnage (C.)]. Paris, 1932, pp. 121-130. − Dauzat Ling. fr. 1946, pp. 176-178, 181-187. − Dem. 1802. − De Poerck (G.). Aller. Essai de définition sémantique et d'étymologie. In : [Mélanges Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1958, pp. 567-580. − Dup. 1961. − Éd. 1967. − Esn. 1966. − Falgairolle (P.). Une Ancienne locution proverbiale (Aller au diable de Vauvert − Faire le diable de Vauvert − C'est le diable de Vauvert). R. du Midi. 1911, t. 25, no3, pp. 129-141. − Fér. 1768. − Fouché (P.). Aller, andare, andar, anar. In : [Mélanges Huguet (E.)]. Paris, 1940, pp. 78-87. − Franck (C. D.). En aller à la Moutarde. P.M.L.A. 1910, t. 25, pp. 97-113. − Georgin (R.). Le Français au Canada. Déf. Lang. fr. 1969, no47, p. 44. − Goosse (A.). Un Futur remarquable du français aller. Romania. 1952, t. 73, pp. 497-501. − Gottsch. Redens. 1930. − Goug. Lang. pop. 1929, p. VI, 47; pp. 114-116, 185-186. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 257-260. − Gougenheim (G.). Verbes déterminés et verbes indéterminés en français. Fr. mod. 1961, t. 29, no3, pp. 161-167. − Gruss 1952. − Guillaume (G.). De la Répartition des trois radicaux du verbe aller entre les formes de la conjugaison française. Fr. mod. 1941, t. 9, pp. 171-180. − Guiraud (P.). Le Champ morpho-sémantique du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, no1, pp. 96-109. − Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, no2, p. 47. − Guiraud (P.). Pier, argot. Cah. Lexicol. 1968, t. 12, no1, p. 89. − Guizot 1864. − Hanse 1949. − Henrichsen (A.-J.). Aller pour + infinitif. In. : [Mélanges Blinkenberg (A.)]. Copenhagen, 1963, pp. 45-53. − Horning (A.). Lateinisch ambitus im Romanischen. Z. rom. Philol. 1905, t. 29, pp. 542-551. − Jal 1848. − Kold. 1902. − Kuhn 1931, p. 27, 29. − Laf. 1878. − Lanly (A.). Encore andar(e) − anar − aller. R. Ling. rom. 1960, t. 24, pp. 390-391. − Lanly (A.). La Série andar(e) − anar − aller. R. Ling. rom. 1959, t. 23, pp. 112-130. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Lav. Diffic. 1846. − Le Breton Suppl. 1960. − Le Roux 1752. − Manning (W. F.). A Proposed etymology : aller < *aditerare. Language. Baltimore. 1937, t. 13, no3, pp. 186-193. − Martin (E.). Est-ce bien s'exprimer, en faisant une division, que de dire : « En tant combien de fois tant? Il y va tant? ». Courrier (Le) de Vaugelas. 1868/69, t. 1, p. 59. − Martin (E.). Est-il vrai [...] que le participe allé ne puisse pas s'employer sans être accompagné d'un auxiliaire? Courrier (Le) de Vaugelas. 1873, t. 4, p. 44. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 143, 148. − Meier (H.). Neue vulgärlateinische Verben der Bewegung. Rom. Forsch. 1965, t. 77, pp. 247-258. − Mellot (J.). Sur les côtes de Palerme ... Vie Lang. 1957, pp. 134-136. − Michel 1856. − Orr (J.). De Quelques survivances dans le français populaire. Comment va? In : Congrès International de Philologie moderne. 1951. 10-13 sept. Liège. Paris, 1953, pp. 221-225. − Paton (D. A.). On the origin of aller. In : [Mélanges Pope (M. K.)]. Manchester, 1939, pp. 299-303. − Pichon (É). De l'Accession du verbe aller à l'auxiliarité en français. R. de philol. fr. et de litt. 1933, t. 45, pp. 65-108. − Pope 1961 [1952]. − Regula (M.). A propos du problème andar, anar, aller. R. Ling. rom. 1960, t. 24, pp. 112-115. − Remig. 1963. − Rice (C. C.). Romance etymologies. 1. It. andare, Prov. annar, F. aller : a rejoinder. P.M.L.A. 1911, t. 26, no2, pp. 333-338. − Rigaud (A.). Voyages symboliques. Déf. Lang. fr. 1967, no40, pp. 11-13. − Rigaud (A.). La Vraie cour des miracles. Vie Lang. 1969, no206, p. 273. − Rog. 1965, p. 36, 90, 129, 160, 165, 166, 178, 237. − Sandry-Carr. 1963. − Sandry-Carr. Aviat. 1963. − Sandry-Carr. Courses 1963. − Sandry-Carr. Peintres 1963. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Synon. 1818. − Tappolet (E.). Das Futurum von aller, ein Studienerlebnis. Z. fr. Spr. Lit. 1930, t. 53, pp. 281-283. − Thomas 1956. − Timm. 1892. − Titz (K.). Aller. R. de philol. fr. et de litt. 1924, t. 36, pp. 45-47. − Tournemille (J.). Au jardin des locutions françaises. Vie Lang. 1953, pp. 349-350. − Vinc. 1910. − Will. 1831. − Yvon (H.). Aller et être. Fr. mod. 1949, t. 17, pp. 17-23.

Wiktionnaire

Nom commun - français

aller \a.le\ masculin

  1. Titre de transport permettant de se rendre à un autre endroit.
  2. Trajet pour se rendre à un autre endroit.
    • Durant l’aller j’ai eu un compartiment pour moi tout seul, mais au retour j’ai dû voyager debout.
  3. Dans un championnat, le premier des matchs entre deux équipes qui jouent chacune successivement à domicile.

Verbe - français

aller \a.le\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Se déplacer jusqu'à un endroit.
    • Un autre dimanche, ils allèrent à Joinville-le-Pont et ils y allèrent à pied en traversant le bois de Vincennes. Là, ils canotèrent encore sur la Marne, en compagnie de tous les Parisiens venus dans l'île pour manger des barbillons. — (Edgar Monteil, Les Trois du Midi, Paris : chez Charavay, Mantoux & Martin, 1893, chapitre 3)
    • Aller de ville en ville.
    • Ce cheval va bon train.
    • Le vaisseau allait à pleines voiles.
    • Tous les fleuves vont à la mer.
  2. Suivi d’un infinitif, il sert de semi-auxiliaire pour conjuguer un verbe au futur proche, indiquant que quelque chose est sur le point d’avoir lieu.
    • […] : pour peu qu'il y eût de l'électricité dans l'air ou que Och eût joué des parties du Vaisseau Fantôme, les Teutes s'assombrissaient, d'autres tentaient de s’aller coucher et chassées par l’insommie revenaient en peignoir dans le petit salon des veillées. — (Joséphin Peladan, La décadence latine (Éthopée), tome IX : La Gynandre, Paris : chez Dentu, 1891, page 237)
    • Ils vont partir.
    • J’allais me coucher quand il est enfin arrivé.
    • Il espéra que l’affaire allait se terminer à son avantage.
  3. Fonctionner, en parlant d’un mécanisme, d’un projet ou de la santé de quelqu'un.
    • Comment allez-vous ?
    • Il va beaucoup mieux.
    • – Alors, comment ça va-t-il ? a demandé M. Martinet.
      – Hé, a dit papa, comme ça peut aller !
      — (Colette Vivier, La maison des petits bonheurs, 1939, éd. Casterman Poche, page 119)
    • Je vois pourquoi ça ne va pas : le ressort est cassé.
    • Le petit commerce ne va pas fort en ce moment.
  4. Indique la façon dont une chose sied à quelqu'un ou à quelque chose d’autre : convenir, être assorti.
    • Les deux routiers sont attablés, occupés à exterminer en silence un plateau de fromages et les deux kils de rouge qui vont avec. — (Pascal Perbet, Tribu Vivaldi, Éditions Julliard, 2015, chapitre 1)
    • Ces couleurs vont bien ensemble… — Cette chemise ne va pas avec ce pantalon. — Ce chapeau ne lui va pas.
  5. Indique l’étendue de certaines choses.
    • Cette parcelle va de la route jusqu’à la rivière.
  6. Marque la destination d’un chemin, la direction des choses.
    • Ce sentier va à la fontaine.
    • Ce piquet va à l'arrière de la tente.
    • (Figuré) Cet enfant va sur quatre ans, il les aura en juin.
    • (Figuré) La vérité est que mon oncle le curé, qui va sur soixante-dix, a parlé de me faire son héritier, et il demande à m’avoir près de lui pendant les vacances. — (Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)
  7. (Figuré) Évolution, progrès de quelque chose.
    • Il insiste aussi sur la nécessité d’inclure les jeunes dans les négociations, eux qui seront les premières victimes du changement climatique. Il constate d’ailleurs que leur engagement va croissant depuis dix ans, avec la multiplication d’associations pour la défense de l’environnement. — (Marie de Vergès, Théa Ollivier, Liza Fabbian et Mathilde Boussion, Les nouveaux visages de la lutte pour le climat en Afrique, Le Monde. Mis en ligne le 4 novembre 2021)
    • Son imagination va si loin qu’elle se perd.
    • Cette vengeance est allée trop loin.
  8. Désigne l'objectif, le résultat de quelque chose.
    • Tous ses vœux vont à la paix.
  9. Manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses, et, dans cette acception, on l’emploie souvent avec la particule y.
    • Vous allez vite en besogne.
    • Ces ouvriers vont bien lentement.
    • Vous y allez un peu fort.
  10. (Vieilli) (Jeux de hasard) Ce que l’on mise au jeu.
    • De combien allez-vous ? J’y vais de cinq francs.
    • Rien ne va plus.
  11. Se joint au gérondif d’un verbe pour exprimer, avec l’idée d’une progression, celle d’une certaine durée de l’action.
    • Un ruisseau qui va serpentant.
    • Sa santé va en déclinant.
  12. À l’impératif, sert également à faire des souhaits, des exhortations ou des menaces et à marquer de l’indignation.
    • Allez, nous en viendrons à bout.
    • Va, misérable !
    • En vieillissant, il ne tolérait même plus qu’elle eût mauvaise mine, qu’elle fût malade. Il lui jetait des « Allons ! allons ! » comme à un cheval qu’il avait seul le droit de surmener. Et elle allait — (Colette, Sido, 1930, Fayard, page 70)
  13. À l’impératif, invitation à continuer, à poursuivre ce qui était en cours.
    • Veillez bien à ne pas vous le laisser voler, ni… Qu’avez-vous, mon cher abbé Cave ? Vous semblez nerveux.
      Allez toujours.
      — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
  14. Joint à l'adverbe y et employé comme verbe impersonnel, sert à marquer ce qui est mis en cause, de quoi il s’agit.
    • Songez qu’il y va de votre fortune.
    • Il y va de l'avenir de notre pays.
  15. Joint à l'adverbe en et employé comme verbe impersonnel, sert à exprimer une comparaison. Il en va de même / ainsi / tout autrement pour suivi d'un complément signifie Il en est de même / tout autrement pour, La même chose s'applique à / ne s'applique pas à.
    • Le prix du pétrole augmente ; il en va de même pour le prix du gaz. Il en va pour le prix du gaz comme pour le prix du pétrole.
  16. Déféquer (sous-entendu, aller à la selle).
    • Le remède qu’il a pris l’a fait aller cinq ou six fois.
    • — Le personnel des politiques est divisé en deux camps : ceux qui vont et ceux qui ne vont pas… vous m’entendez ! 89 va à peu près, 93 pas du tout, 1830 entre les deux. Il y a un ancien disciple de Pierre Leroux — par exemple, je ne vous dis que ça !
      C’est qu’il touche juste, le pharmacien, et qu’il a mis le doigt où il fallait !
      — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
    • Ce n’est pas vrai que j’aie besoin d’être purgée. Je vais facilement. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 148)
  17. Aller à la rencontre, aller au combat, aller à l’affrontement.
    • La vache va au taureau.
    • « Hein, garçon, comme tu irais aux Prussiens, si tu étais grand ! » — (Alphonse Daudet, L’enfant espion, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, réédition Le Livre de Poche, 1974, page 31)
  18. Continuer à vivre, survivre.
    • — Elle n’ira pas vingt-quatre heures, demain elle sera morte… — (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893, chapitre IX)
    • — L’autre jour, vous m’avez examiné. Pensez-vous que je puisse aller un an encore ? — (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893, chapitre XII)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ALLER. (Je vais, tu vas, il va; nous allons, vous allez, ils vont. J'allais. J'allai. Je suis allé. J'irai. J'irais. Va. Que j'aille, que tu ailles, qu'il aille; que nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent. Que j'allasse. Allant. Allé. On dit quelquefois Je fus, j'ai été, j'avais été, j'aurais été, pour J'allai, je suis allé, je serais allé. Voyez le verbe ÊTRE.) v. intr.
Se mouvoir, se transporter; être mû, transporté d'un lieu à un autre. Il s'applique aux personnes et aux choses et s'emploie soit seul.Ne faire qu'aller et venir. Marchez, allez donc. Ce pauvre homme ne peut plus aller, tant il est fatigué. Soit suivi d'un complément. Aller à Rome, en Espagne, aux Indes. Aller à la ville, à la campagne. Aller d'un lieu à un autre. Aller de ville en ville. Y va-t-il? Vas-y. Les fleuves vont à la mer. Aller près. Aller loin. Je vais à deux pas. Aller vite. Aller doucement. Aller clopin-clopant. Aller comme le vent. Ce cheval va au trot, au galop; il va le pas, l'amble, le grand galop; il va bon train. Le vaisseau allait à pleines voiles. Aller en avant, en arrière. Aller à tâtons. Aller devant soi, droit devant soi. Aller contre le courant de l'eau. Aller contre vent et marée. Aller sur la terre. Aller sur l'eau. Aller par monts et par vaux. Aller par terre, par eau, par mer. Aller par le chemin le plus court, par un chemin de traverse. Aller par la grande route, par un sentier. Aller à travers les bois, à travers champs. Aller à pied, à cheval, à âne, à bicyclette, en voiture, en automobile, en bateau, par la diligence. Aller sur un pied ou à cloche-pied. Ces bâtiments vont à voile et à rame. Les girouettes vont selon le vent. Aller à la file les uns des autres. Aller les uns après les autres. Aller de compagnie. Aller en troupe. Aller par troupes. Souvent, le complément d'ALLER indique le Motif ou la Fin de l'action. Aller à la messe, au sermon, à confesse. Aller à la promenade, au bal, au spectacle. Aller à la guerre, à l'armée, à un siège. Aller à la chasse, à la pêche, en vendange. Aller en ambassade, en pèlerinage. Aller au-devant de quelqu'un, à la rencontre de quelqu'un. Aller aux nouvelles. Aller à la découverte. Aller au supplice, à la mort. Aller au combat, S'avancer pour combattre. Aller à l'ennemi, aux ennemis, S'avancer vers les ennemis pour les combattre, pour les charger. Aller au feu, S'exposer au feu des ennemis. Ce soldat va au feu gaiement. Aller au bois, à l'eau, etc., Aller en quelque endroit pour s'y pourvoir de bois, d'eau, etc. On dit de même Aller à la provisio n. Aller au ministre, à l'évêque, etc., S'adresser au ministre, à l'évêque, etc. Pour cela il vous faut aller au ministre. Cette affaire s'en va au diable, à tous les diables, se dit d'une Affaire qui tourne mal, qu'on regarde comme manquée, comme perdue. Allez au diable, à tous les diables, est une expression d'impatience, de colère, une sorte d'imprécation. Aller à la diable, Très mal. Aller aux opinions, aux voix, Recueillir les opinions, les voix. On dit de même Aller aux avis. Aller aux renseignements sur quelqu'un, S'adresser à ceux qui peuvent donner des renseignements sur quelqu'un. Aller aux informations. Aller au plus pressé, S'occuper d'abord de l'affaire qui souffrirait le plus d'un retardement. Ce vase va au feu, Il résiste à l'action du feu, on y peut faire cuire ou chauffer quelque chose sans craindre qu'il se casse, qu'il éclate. On dit dans un sens analogue Cette étoffe va à la lessive, etc. Aller de pair, Être égal, être pareil. Il va de pair, pour la dépense, avec les gens les plus riches. Cicéron va de pair avec Démosthène. Ces deux avocats vont de pair. En termes d'Escrime, Aller à la parade, Parer un coup. L'infinitif présent qui suit ALLER peut exprimer aussi le Motif ou la Fin de l'action. Aller se promener. Aller travailler. Aller étudier. Aller le trouver. J'irai lui parler. Va l'en informer. Va en savoir des nouvelles. Allez me chercher cela. Allez vous promener, qu'il aille se promener, se dit lorsqu'on s'impatiente contre un importun, lorsqu'on se met en colère contre quelqu'un.

ALLER, suivi d'un infinitif, sert encore à marquer qu'une Chose est sur le point d'être faite, d'avoir lieu. Nous allons voir ce qu'il dira. Ils vont partir. Je vais y aller. Elle va chanter, danser. Allez-vous recommencer vos doléances? Le jour va finir. Un homme qui va mourir. Le sermon va commencer. On va se mettre à table. J'allais me coucher quand il est venu. La contestation allait finir lorsque vous êtes parti. Il jugea que l'affaire allait se terminer heureusement.

ALLER se joint au gérondif d'un verbe pour exprimer, avec l'idée d'un mouvement, Celle d'une certaine durée de l'action. Un ruisseau qui va serpentant. Ce tour a vieilli. Fig., Le mal, l'inquiétude, etc., va croissant, va toujours croissant, Croît de plus en plus. On dit aussi Aller en augmentant, en diminuant, en déclinant, etc. Par analogie,

ALLER signifie aussi Marcher, fonctionner en parlant d'un mécanisme. Une montre qui va trente heures. Cette horloge va bien, va mal. Ce ressort, cette machine ne va plus. Faire aller un moulin. Il y a quelque chose qui empêche la roue d'aller. On dit dans un sens analogue Son pouls va bien, Le mouvement de son pouls est bien réglé. Il se dit pour marquer l'Écoulement du temps qui a été employé à quelque chose. Ces ouvriers vont bien lentement. Ce bâtiment-là est allé fort vite. Cet enfant va sur quatre ans, sur ses quatre ans, Il aura bientôt quatre ans. Il se dit aussi pour marquer l'Étendue de certaines choses. La forêt va depuis le village jusqu'à la rivière. Son manteau va jusqu'à terre. Il sert également à marquer où mène un chemin, où il aboutit. Ce sentier va à la fontaine. Ce chemin va droit à la ville. Il sert de même à indiquer la Direction des choses. Cette allée va en pente, va en montant. Cette pièce de terre va en pointe. Cette étoffe va de biais. Il se dit quelquefois pour indiquer à quoi se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. Les nouvelles levées vont à trente mille hommes. La dépense ira plus loin qu'on ne croit.

ALLER sert aussi à marquer, tant au propre qu'au figuré, le Progrès, en bien ou en mal, des personnes ou des choses. Cela va. Cela ira. Vous n'allez pas. Il n'y a point d'homme dont l'esprit aille jusque-là. Son imagination va si loin qu'elle se perd. Le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. Cette vengeance est allée trop loin. Son amour va jusqu'à la folie. Il ira loin. Cette affaire ira plus loin qu'on ne pense. Cela va de mal en pis. Il va de mieux en mieux. Cette chose va de suite, elle doit aller de suite, Elle est la conséquence naturelle, nécessaire de telle autre chose. On dit aussi Cela va de soi.

ALLER sert particulièrement à désigner la Fin, le résultat de quelque chose. Tous ses vœux vont à la paix, vont au bien de l'État. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. Cette affaire peut aller à vous perdre. Cela va à vous déshonorer. Il se dit également en parlant de l'État bon ou mauvais des personnes ou des choses. Comment va votre santé? Comment allez-vous? Il va bien. Tout va bien. Le commerce ne va pas, ne va plus. Ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien. Sa digestion va bien, va mal. Le feu va. Cet homme va encore. Ce cheval ne peut plus aller.

ALLER signifie encore Manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses, et, dans cette acception, on l'emploie souvent avec la particule y. Aller vite en besogne. Il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. Il n'y faut pas aller si rudement. La chose est bonne en elle-même, mais il faut y aller avec de grandes précautions. Il y va de bonne foi. Aller contre la volonté, contre les intentions, les ordres de quelqu'un. Aller à la fortune par des voies honorables, par de mauvaises voies. Aller aux grands emplois par la faveur. Aller d'abord aux grands desseins. C'est un homme qui va droit en tout. Il va au fait. Aller droit au fait. Aller au but. Aller droit au but. C'est un homme fait pour aller à tout, C'est un homme qui, par son mérite, par ses talents, est fait pour arriver aux plus hauts emplois ou aux plus grands honneurs.

ALLER sert en outre à marquer la Manière dont une chose est faite, est mise, est disposée, la manière dont elle sied à quelqu'un, et alors il se dit surtout de Ce qui regarde l'habillement. Un chapeau qui va mal. Cet habit ne va pas bien. Cette couleur va aux blondes, ne va pas bien aux brunes. Sa perruque lui va mal. Ces choses vont bien ensemble, vont bien l'une avec l'autre, Elles s'accordent bien ensemble. Le bleu et le rose vont bien ensemble. Ces deux couleurs vont bien l'une avec l'autre. Cette couleur va bien avec telle autre. Ces deux chevaux vont bien ensemble. Cette chose va bien à telle autre, sur telle autre, Mise, appliquée sur telle autre, elle y produit un effet agréable. Cette garniture va bien à cette robe. Ce ruban va bien à votre chapeau. Cette broderie va très bien sur ce fond-là. Cette chose va à telle autre signifie aussi Elle s'y adapte, elle s'y ajuste bien. Cette clef va, ne va pas à cette serrure. On dit de même Ces bottines me vont, ne me vont pas. Ces choses vont ensemble, se dit de Certaines choses qui sont appariées et qui ne se vendent point, qui ne s'emploient pas séparément. Ces deux gants-là vont ensemble. Ces deux bas vont l'un sur l'autre. Ces quatre estampes vont ensemble. Cela va par-dessus le marché, se dit d'une Chose donnée gratuitement, en considération d'un marché conclu, d'une vente faite.

ALLER, mis à l'impératif, sert également à Faire des souhaits, des exhortations ou des menaces et à marquer de l'indignation. Allez en paix. Allons, enfants, courage. Va, malheureux. Va, misérable. Allez, n'avez-vous point de honte? Allez, vous me faites horreur! Allez, je vous retrouverai. Il sert quelquefois à Affirmer avec plus de force. Ainsi on dit : Allez, nous en viendrons à bout. Il fera votre affaire, allez. N'allez pas vous imaginer, n'allez pas croire, Ne vous imaginez pas, ne croyez pas.

ALLER se dit, en termes de jeux de Cartes, en parlant de Ce que l'on hasarde au jeu. De combien allez-vous? J'y vais de cinq francs. Il y va de son reste. Rien ne va plus. Va tout. Cette locution s'emploie comme nom. Il joue son va-tout.

ALLER, joint à l'adverbe y et employé comme verbe impersonnel, sert à marquer de quoi il s'agit, de quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devrait y aller de tout mon bien. Songez qu'il y va de votre fortune. C'est une affaire où il y va de l'intérêt public. Dans cette affaire il n'y allait pas moins que de son honneur et de sa vie. Souvenez-vous qu'il y va du salut éternel. Lorsque, dans cette signification, l'on se sert du temps Irait, on supprime, pour l'euphonie, l'adverbe y. Quand il irait de tout mon bien, quand il irait de ma vie; et, en général, dans tous les sens du verbe Aller, la particule y se supprime devant les temps Irais et Irai. Avez-vous été à Paris? J'irai. Ira-t-il à Rome? Il ira.

ALLER s'emploie aussi comme impersonnel, étant précédé de l'adverbe en. Ainsi on dit Il en va de cette affaire-là comme de l'autre. Il n'en ira pas de cela comme vous pensez. Il signifie quelquefois Faire ses nécessités naturelles. Le remède qu'il a pris l'a fait aller cinq ou six fois. Aller par haut, Vomir. Un remède qui fait aller par haut et par bas.

ALLER, précédé du verbe Laisser, forme une locution qui signifie Ne pas empêcher d'aller, ou simplement Ne plus retenir, lâcher. Je le laisse aller où il veut. On a laissé aller le prisonnier. Je vais crier, si vous ne me laissez aller. Laissez-la donc aller. On les a toutes laissées aller. Laissez aller cette corde. Laisser tout aller sous soi, Ne pouvoir retenir ses matières intestinales. Ce malade, cet enfant laisse tout aller sous lui. Fig. et fam., Laisser tout aller, Négliger entièrement ses affaires, ou la gestion, l'administration dont on est chargé. Se laisser aller, Ne pas faire la résistance qu'on pourrait ou qu'on devrait faire, s'abandonner. Se laisser aller à l'entraînement de la coutume. Se laisser aller au torrent. Se laisser aller à la tentation. Se laisser aller aux mauvais exemples. Se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au désespoir. Je me suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présents. Elle s'est laissée aller à sa passion. Absolument, Cet homme se laisse aller, C'est un homme facile et on fait de lui tout ce qu'on veut. Cela se dit aussi d'un homme qui se néglige, qui ne prend aucun soin de sa personne.

ALLER, précédé du verbe Faire, forme une locution qui signifie Leurrer quelqu'un par des promesses illusoires; quelquefois Obtenir des services qu'il ne doit pas. Il s'entend à faire aller son monde. Il m'a bien fait aller. Comme elle le fait aller! Il est familier.

S'EN ALLER signifie Partir, sortir d'un lieu. Il s'en va. Ils s'en iront bientôt. Il s'en est allé. Elles s'en sont allées. Il faut que tout le monde s'en aille. Allez-vous-en. Allons-nous-en d'ici. Va-t'en. Va-t'en porter ma lettre. Il s'emploie aussi en parlant des choses et signifie S'écouler, se dissiper, s'évaporer. Ce tonneau de vin s'en va, Le vin qui est dans ce tonneau s'écoule, s'enfuit. Tout le vin s'en ira par là, si on n'y prend garde. La fumée s'en va par la chambre. Si l'on ne bouche bien cette fiole, tout l'esprit-de-vin s'en ira. Il se dit pareillement de Tout ce qui commence à se passer, à s'effacer. On ne croit pas que sa fièvre s'en aille sitôt. Son mal s'en va peu à peu. Son rhumatisme s'en est allé par les sueurs. Sa beauté s'en va. L'éclat de son teint commence à s'en aller. Il se dit également de Tout ce qui se dissipe, se consume, s'use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s'en va en procès. Tout son temps s'en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s'en va. Il se dit de même en parlant du Déclin de la vie, des approches de la mort. Cet homme est bien mal, il s'en va, il s'en ira avec les feuilles. Ce malade s'en va. On dit dans le même sens Cet homme s'en va mourir, s'en va mourant. Fam., Faire en aller (avec ellipse du pronom personnel), Faire que quelqu'un ou quelque chose s'en aille. Faire en aller les punaises, les rousseurs, la fièvre. Un acide pour faire en aller les taches. En termes de jeu de Cartes, S'en aller d'une carte, Se défaire d'une carte, la jouer. Allez-vous-en de votre carreau. Je m'en suis allé de mon roi de pique. S'en aller des plus hautes cartes.

ALLER s'emploie dans diverses phrases proverbiales et familières. Fig., Aller son chemin, Poursuivre son entreprise, ne pas se détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir. Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement et sans éclat. Aller son grand chemin, N'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit. Aller le droit chemin, Procéder avec sincérité, sans nulle tromperie. Fig., Il ne faut pas aller par quatre chemins, Il faut s'expliquer franchement, il ne faut pas chercher tant de détours. Aller vite en besogne, Agir avec précipitation. Fig., Aller aux nues, Avoir un succès éclatant. Cette tragédie, cette comédie est allée aux nues. Fig. et prov., Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse, Une action hasardeuse, souvent répétée, finit par devenir funeste. Tous chemins vont à Rome, Divers chemins mènent au même endroit; et, figurément, Divers moyens conduisent à la même fin. Fig., Il va comme on le mène, Il n'est pas capable de prendre une résolution de lui-même. Fig., Il s'en est allé comme il était venu, Il n'a rien obtenu de ce qu'il désirait. Cela va tout seul, La chose est aisée, elle n'offre point, elle ne souffre point de difficulté. Cela va comme il plaît à Dieu, C'est une affaire négligée, mal menée, dont on ne prend aucun soin. Tout va à la débandade, Tout va en désordre. Cela va sans dire, Cela va de soi, C'est une chose tellement certaine, incontestable, ou tellement claire, naturelle, qu'il est inutile d'en parler, de la dire, de l'expliquer. On dit dans le même sens Il va sans dire que... Fig., Tout s'en est allé en fumée, On n'a obtenu aucun résultat. Fig., Tout y va, la paille et le blé, On n'y a rien épargné. N'y pas aller de main morte, Frapper rudement; et, au figuré, Mettre de la rudesse, de la violence dans une discussion verbale ou par écrit. Y aller rondement, y aller de franc jeu, y aller bon jeu, bon argent, Parler, agir sans détour, franchement, loyalement.

ALLER se prend comme nom dans quelques locutions. L'aller et le retour. Un billet d'aller et de retour. Prov., Au long aller, petit fardeau pèse, Il n'y a point de charge si légère qui ne devienne pénible à la longue. Le pis aller, Le pis qu'il puisse arriver, le moindre avantage qu'on puisse avoir. S'il ne réussit pas dans sa nouvelle carrière, son pis aller sera de rentrer dans celle qu'il a quittée. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller. Au pis aller se dit adverbialement du Plus grand mal ou du moindre avantage qui puisse résulter de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.

Littré (1872-1877)

ALLER (a-lé) v. n. et irrég.

Je vais ou je vas (celui-ci est beaucoup moins usité que je vais, qui est seul admis dans la forme interrogative : où vais-je ?), tu vas, il va, nous allons, vous allez, ils vont ; j'allais ; j'allai ; j'irai ; j'irais ; va, qu'il aille, allons, allez, qu'ils aillent ; que j'aille, qu'il aille, que nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent ; que j'allasse ; allant, allé, allée ; il prend l'auxiliaire être dans ses temps composés.

Résumé

  • 1° Marcher, s'avancer.
  • 2° Marcher, au figuré.
  • 3° Se diriger vers, en parlant des personnes.
  • 4° Même sens, mais figuré.
  • 5° Marcher, en parlant des choses ; avoir un mouvement, se diriger vers, s'étendre jusqu'à, aboutir, s'élever à [un prix].
  • 6° Avancer, faire des progrès en bien ou en mal, s'avancer jusqu'à un certain point.
  • 7° Aller à l'âme, toucher.
  • 8° Être configuré de telle ou telle manière.
  • 9° Être dans tel ou tel état, se trouver bien ou mal.
  • 10° Impersonnellement, il en va… la chose se fait, se passe…
  • 11° Marcher, opérer, fonctionner, en parlant d'un mécanisme.
  • 12° S'adapter, convenir, résister.
  • 13° Durer, vivre.
  • 14° Aller contre, s'opposer.
  • 15° Ne point aller sans, être nécessairement accompagné de, au propre et au figuré.
  • 16° Aller au-devant, aller à la rencontre, et, au figuré, prévenir, s'opposer.
  • 17° Aller bon pas.
  • 18° Évacuer par bas.
  • 19° Aller, suivi d'un infinitif, être sur le point de, se disposer à.
  • 20° N'aller pas, suivi d'un infinitif, s'abstenir de.
  • 21° Aller, suivi d'un participe présent, exprimant la continuité.
  • 22° Emploi particulier de l'impératif, pris comme une interjection.
  • 23° Y aller, faire une chose d'une certaine manière.
  • 24° Y aller, en terme de jeu, mettre au jeu une certaine somme.
  • 25° Impersonnellement, il y va de, il s'agit de, on court le risque de.
  • 26° Laisser aller, ne pas retenir, ne pas empêcher ; se laisser aller à, s'abandonner, se livrer.
  • 27° Faire aller, attraper.
  • 28° S'en aller, s'éloigner, partir pour.
  • 29° S'en aller, mourir.
  • 30° S'en aller, s'écouler, se dissiper, se flétrir, disparaître, en parlant des choses.
  • 31° S'en aller, avec un participe passé, exprimant que la chose va être faite prochainement.
  • 32° Suivi d'un participe présent, marquant progrès, continuité.
  • 33° Il s'en va temps, il est temps de.
  • 34° En termes de jeu, s'en aller d'une carte, s'en défaire, la jouer.
  • 35° S'en aller, suivi d'un infinitif, indique les motifs, la fin, le prochain accomplissement d'une action.
  • 36° Locutions diverses et proverbiales.
  • 37° Vénerie.
  • 38° Manége.
  • 39° Escrime.
  • 1Aller et revenir promptement. Va, cours et reviens. Aller au soleil. Nous irons à grands pas. Aller à pied, à cheval, par terre, par eau, par mer. Aller en avant, en arrière. Ces bâtiments vont à la voile, à la vapeur. Il ne fait qu'aller et venir. Ce cheval va bien. Il va, vêtu d'une façon extravagante, Molière, Méd. m. lui, I, 5. [Elle] va, vient, fait l'empressée, La Fontaine, Fab. VII, 9. Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, La Fontaine, ib. VII, 10.
  • 2 Fig. Aller bien, mal, être dans la bonne, la mauvaise voie.

    Aller de bon cœur, se porter volontiers à une chose.

    Aller aux voix, aux opinions, les recueillir.

    Aller aux informations, aux renseignements, se renseigner.

    Aller au plus pressé, s'occuper de l'affaire qui admet le moins de retard.

    Aller de pair avec quelqu'un. L'espoir va encore plus vite que la crainte. Le temps va toujours. Il ne faut qu'aller simplement pour connaître le devoir, Massillon, Salut. Comme ces trois puissances [exécutive, législative et judiciaire], par le mouvement nécessaire des choses, sont contraintes d'aller, elles seront forcées d'aller de concert, Montesquieu, Esp. XI, 6.

    Aller vite, aller lentement, faire une chose vite, lentement. Ce copiste va vite. Cet orateur va bien lentement.

  • 3Aller à la campagne. Nous irons en Italie, en Angleterre. Ce malade est allé en des climats plus chauds. Aller chez quelqu'un. Allez-vous chez votre médecin ? On va dans une antique forêt. Partout où il allait. Où va-t-on ? On y va. Aller à l'ennemi. Aller au feu, aller où la bataille est engagée, et où l'on échange des coups de fusil et des coups de canon. Aller à la mort, en exil. Aller en justice, avoir affaire devant les tribunaux. Aller au bois, aux vivres, aller faire provision de bois, de vivres. Aller voir la fête. J'irai dîner chez vous. Il ordonna à son régiment d'aller attaquer la redoute. L'armée alla prendre ses quartiers d'hiver. Allez annoncer. Qu'à père André l'on aille de ce pas, La Fontaine, Alix. Ils ne veulent aller au maître que par Troïle, La Bruyère, 5. Tessé fut déclaré plénipotentiaire du roi à Rome, et général des troupes, s'il y en allait, Saint-Simon, 207, 34. Aller à Jésus-Christ comme ce peuple charnel, non parce qu'il a les paroles de la vie, mais parce qu'il multiplie un pain terrestre, Massillon, Conf. État ecclés. J'allai, selon ma coutume, errer parmi les ruines, Chateaubriand, Itinér. 1re partie.
  • 4Aller d'une autorité à l'autre. Les hommes vont à la gloire par la vertu. Il me paraît qu'il allait au bien [Gracchus] et qu'il haïssait toute sorte d'injustice, Saint-Évremond, II, 83. Il [Auguste] allait toujours au bien des affaires, mais il voulait que les affaires allassent au bien des hommes, Saint-Évremond, ib. 97. Quand on va du mal au bien, Sévigné, 64. Qui n'allât de vie à trépas, La Fontaine, Fab. III, 6. Vous voulez aller à la foi et vous n'en savez pas le chemin, Pascal, Édit. Cous. Qu'il aille de lui-même à Dieu, Pascal, ib. Allant à Dieu par la docilité de son cœur, Fléchier, Dauph. Il ne va pas à moins qu'à vous déshonorer, Molière, Tart. III, 5. Il n'a pas voulu se décrier [Poncet, un des juges de Fouquet] et aller à [voter] la mort sans nécessité, Sévigné, 19 déc. 1664. Mais certes, c'en est trop d'aller jusqu'à la joie, Corneille, Hor. I, 1. Quoi ! même vous allez jusques à faire grâce ? Corneille, Nicom. III, 2. Pourquoi n'allait-il pas après la victoire qu'il avait remportée ? Fléchier, Serm. II. Ah ! maître sot, vous allez d'abord aux remontrances, Molière, le Festin, III, 1.
  • 5Le feu va où sa nature le porte. Le système du monde va d'un mouvement uniforme. Les cours d'eau qui allaient à la mer. Cette région va jusqu'au Rhin. L'artère pulmonaire va du cœur au poumon. La ville où va ce chemin. L'eau leur allait aux genoux. Sa robe allait jusqu'à terre. Ce domaine ira à cent mille francs. Si l'on dit que la rivière fait aller la roue, Bossuet, Lib. arb. Les citoyens en Perse payent une taxe qui ne va pas à un écu par an, Voltaire, Mœurs, 158. Toute la différence ne va qu'à quelques titres de plus ou de moins, Fléchier, Mont.
  • 6Aller bien dans une étude, y faire des progrès. S'il en est ainsi, tout ira de soi-même. Cela va sans dire. Maladie qui va de mal en pis. L'impudence de l'adulation alla si loin que… Aller jusqu'au bout, pousser les choses à l'extrême. Je n'irai pas plus loin, je n'en dirai pas davantage. Il irait jusqu'à payer cent mille francs. J'ai forcé ma colère à te prêter silence, Pour voir à quel excès irait ton insolence, Corneille, Héracl. I, 2. Lorsque la valeur ne va point dans l'excès, Corneille, Cid, IV, 3. Tout beau ! que votre haine en son sang assouvie N'aille point à sa gloire, il suffit de sa vie, Corneille, Pomp. III, 2. Peut-être on vous a tu jusqu'où va son courroux, Corneille, Rodog. III, 4. Mais sa fureur ne va qu'à briser nos autels, Corneille, Poly. I, 3. Je sais que c'est sa sœur à qui va cet hommage, Corneille, Agésil. II, 7. Ne m'apprendrez-vous point où vont ses sentiments ? Corneille, Sertor. IV, 1. Mon dessein ne va qu'à vous faire justice, Corneille, D. Sanche, III, 3. Sa haine ira toujours plus loin que son amour, Racine, Mithrid. I, 5. Sa poursuite obstinée allant à l'insolence, Th. Corneille, D. César, I, 1. Lorsque l'injure a une fois éclaté, notre honneur ne va point à vouloir cacher notre honte, mais à faire éclater notre vengeance, Molière, Fest. III, 5. On ne peut voir aller plus loin l'ambition d'un homme mort, Molière, ib. III, 7. Non, mais il faut savoir que tout cet artifice Ne va directement qu'à vous rendre service, Molière, l'Étour. I, 10. Je gagerais presque que l'affaire va là, Molière, Fest. I, 1. J'entends à demi-mot où va la raillerie, Molière, Sgan. 6. Tous les soins que je prends ne vont pas où tendent les autres, Molière, Princ. d'Él. II, 4. Il ne faut mettre ici nulle force en usage, Messieurs, et si vos vœux ne vont qu'au mariage, Vos transports en ce lieu se peuvent apaiser, Molière, Éc. des mar. III, 6. Et, comme je vous dis, toute l'habileté Ne va qu'à le savoir tourner du bon côté, Molière, Éc. des f. IV, 8. Tout ce qu'on fait ne va qu'à…, Molière, D. Garc. II, 1. Tous ses soins vont au ciel, Molière, Tart. I, 1. De quelque manière qu'il pallie ses maximes, celles que j'ai à vous dire ne vont en effet qu'à favoriser les juges corrompus, les usuriers, les banqueroutiers, les larrons, les femmes perdues, Pascal, Prov. 8. Pour voir jusqu'où irait une si damnable doctrine, Pascal, Prov. 7. Le bon air va à avoir complaisance pour les autres, Pascal, Préf. gén. Son injustice [du monde] va plutôt à outrer leurs obligations [des justes] qu'à justifier leurs faiblesses, Massillon, Concept. de la Vierge. Votre disposition va à ne compter pour rien le péché en tant qu'il est offense de Dieu et qu'il lui déplaît, Massillon, Car. Justice, tiédeur. Nos premières vues ne vont pas à examiner si nous serons utiles, mais si nous serons applaudis, Massillon, Conf. Scandales. Cette sage et modeste retenue qui va à cacher ses propres dons et à manifester ceux des autres, Massillon, Myst. Nouvelle vie. Le second [préjugé] va dans un autre excès, Massillon, Car. Pécheresse. Si l'on venait vous assurer de sa part [de Dieu] que cette infirmité n'ira point à la mort, Massillon, Impénit. finale. Ces murmures allaient à une sédition tout ouverte, Vaugelas, Q. C. 242. Estimant que la gloire d'autrui allait à la diminution de la sienne, Vaugelas, ib. 335. Une patience dans les fatigues à lasser tout le monde et qui allait presque dans l'excès, Vaugelas, ib. 569. Toutes ces différences vont à faire voir dans la dernière chute de Jérusalem une justice plus rigoureuse et plus déclarée, Bossuet, Hist. II, 8. Ces expressions vont à attaquer l'erreur, Bossuet, Var. Préf. Les transgressions qui iraient à péché mortel, Bossuet, Lett. Corn. 58. La haine qu'elles avaient allait jusqu'à la fureur, Bossuet, Hist. II, 8. Arts pernicieux qui ne vont qu'à amollir et qu'à corrompre les mœurs, Fénelon, Tél. XIX. Les questions qui vont à établir des maximes générales, Fénelon, ib. XXIII. Le grand désintéressement de Fabricius et de Curius, qui allait à une pauvreté volontaire, Saint-Évremond, t. II, p. 30. Toutes vos inclinations vont à la grandeur, Guez de Balzac, t. I, p. 189. Tout va à procurer le royaume des cieux à des âmes rachetées du sang de Jésus-Christ, Fléchier, Serm. II, 293. Toute la grâce que Dieu fait aux justes ne va qu'à tempérer l'ardeur de leur convoitise et à réprimer leurs passions déréglées, Fléchier, t. I, p. 84. Hérode s'amuse à des recherches qui ne vont à rien, Fléchier, Serm. I, 215. Leur goût n'allait [ne prétendait] qu'à laisser voir qu'ils aimaient, La Bruyère, 12. La chose allant à se battre et à renverser la nacelle, si Caron n'eût mis le holà à coups d'aviron, La Fontaine, Psyché, liv. II, p. 180. Des péchés atroces qui vont à la mort, Bourdaloue, Carême, Éloignement de Dieu, t. II, p. 444. À quoi va cette pernicieuse maxime ? à deux choses également dangereuses, Bourdaloue, ib. Prédestinat. t. I, p. 363. L'horreur qu'il avait des scandales… irait à exterminer les scandaleux, Bourdaloue, ib. Zèle, t. II, p. 168. Les avis les plus violents allaient à prendre les armes sur-le-champ, Vertot, Révol. rom. t. II, p. 193. Les desseins de César allaient à la tyrannie, Vertot, ib. XIII, p. 265. Aller à bien, réussir ; aller à mal, avoir un mauvais succès. La chose allait à bien par son soin diligent, La Fontaine, Fabl. VII, 10.
  • 7Aller à l'âme, toucher. Cette musique va à l'âme. Ses paroles bienveillantes m'allaient au cœur. Comme elle allait à l'âme, cette invocation du pauvre matelot à la mère de Dieu ! Chateaubriand, Génie, I, V, 12.
  • 8Le terrain allait en pente. Chemin qui va en montant. Pyramides qui vont en pointe.
  • 9La chose commence à bien aller. Les choses ne peuvent aller ainsi. Tout va parfaitement chez vous. Le commerce va bien, ou, simplement, le commerce va. Il faut toujours dire que tout va bien, Fénelon, Tél. XXIII. Mon fils, tout ira bien, pourvu que promptement Vous voyiez Arténice, Racan, Bergeries, Polys. I, 1. J'espère que tout ira bien, Sévigné, 4. Voilà qui va bien, leur dis-je, Pascal, Prov. 1. Ainsi tout alla mal, La Fontaine, Belph. Puisqu'ainsi va, mettons-nous en prière, La Fontaine, l'Herm. Or est le cas allé d'autre façon, La Fontaine, Cal. Les choses iraient en apparence suivant le premier établissement, Hamilton, Gramm. 4. Eusèbe a peut-être cru que cette exception n'était rien, mais cela ne va pas ainsi, Fontenelle, Oracles, 2e part. chap. 1.

    Aller bien, aller mal, être en bonne, en mauvaise santé. Aller mieux, se rétablir de maladie. Comment allez-vous ? Comment cela va-t-il ? Cela va-t-il bien ? Comme vous en va ? Molière, Am. méd. I, 1.

  • 10 Impersonnellement. Il ne doit pas en aller ainsi. Et vous verrez comme tout en ira, La Fontaine, Rich. Il en alla tout autrement, Hamilton, Gramm. 6. En ce temps-là il n'en allait pas en France comme à présent, Hamilton, Gramm. 2. Vous croyez qu'il en va dans ce pays-ci comme dans le vôtre, Hamilton, ib. 4. Parmi les généreux il n'en va pas de même, Corneille, Nicom. V, 7. Il n'en va pas de même ici, Corneille, Ex. de Poly. 1. Il n'en va pas ainsi du combat de D. Sanche, Corneille, Ex. du Cid. Et il en va de même des autres planètes, Fontenelle, Mondes, 1er soir. Il en irait donc de la même manière que…, Fontenelle, ib. Il en allait tout autrement, Vaugelas, Q. C. 272. Il n'en va pas ainsi parmi nous, Rousseau, III, 127. Il n'en va pas ainsi, mon bel ami, Rousseau, Hél. I, 20. Il n'en ira pas de même, Bourdaloue, Carême, I, Aum. 163. D'où vient donc qu'il n'en va pas ainsi ? Bourdaloue, ib. Jug. dern. 259. Maître renard croyait qu'il en irait de même Que le jour qu'il tendit de semblables panneaux, La Fontaine, Fab. XII, 23.
  • 11Cette machine va mal. Ce ressort ne va plus. Ma montre n'allait plus. Les fontaines de Paris vont nuit et jour. Je ne vous demande pas si votre montre va bien, Sévigné, 373.
  • 12Croyez-vous que l'habit aille bien ? Ce collet, ce manteau va mal. Cette clef va à la serrure. Ces couleurs vont bien ensemble. Ces bottes ne me vont pas. Ce vase va au feu, résiste à l'action du feu. Cette proposition me va, elle me convient. Cela va bien dans un vers. Le climat ne lui va pas. La colère ne va pas à l'orateur. Malheureusement ce mot ne nous va plus, Rousseau, Ém. III. On peut avoir le sens droit, et ne pas aller également à toutes choses, Pascal, Pensées, part. I, art. 10.
  • 13Cet habit est vieux ; il n'ira pas jusqu'à l'hiver prochain. Ce vieillard va toujours. Je suis assurée qu'il n'ira pas loin, Sévigné, 367.
  • 14Aller contre, s'opposer. Je ne veux pas aller contre le jugement du public, Corneille, Exam. de Pomp. Contre sa fortune allez à force ouverte, Corneille, Pomp. IV, 1. N'allez pas contre deux vertus qui vous sont si naturelles, Voiture, Lett. 17.
  • 15Ne pas aller sans, au propre et au figuré. Cet aveugle ne va pas dans les rues sans un chien. Ce malheur ne va pas sans quelque consolation. De pareils changements ne vont point sans miracle, Corneille, Poly. V, 6. Nos plaisirs les plus doux ne vont point sans tristesse, Corneille, Hor. V, 1.
  • 16Allez au-devant de votre père. Il alla au-devant des objections. Admirez, messieurs, la sagesse de nos pères, qui, dans un siècle plein d'innocence, n'ont pas laissé d'aller au-devant de la moindre corruption, Maucroix, 4e Verrine.
  • 17Aller bon pas, marcher d'un bon pas. Aller grand train, marcher très vite. L'âne allait son pas doucement, Port-Royal, Phèdre, I, 15. Il va doucement son train, Perrot D'Ablancourt, Lucien, t. II. Et va ton train, Gai boute-en-train, Béranger, Désaug.

    Fig. Aller grand train, faire beaucoup de dépenses. Aller le droit chemin, procéder, agir franchement. Il ne faut pas prendre, dans ces locutions, aller pour un verbe actif. Une préposition est sous-entendue : Aller de bon pas, de grand train, suivant le droit chemin.

  • 18Aller à la selle ou à la garde-robe, ou, simplement, aller, évacuer par bas. Faire aller, procurer une selle. Ce purgatif le fit bien aller.

    Fig. L'envie de lui voir [à l'abbé Caudelet] un si bel évêché et la rage de n'en avoir point firent aller au P. de La Chaise les plus noires calomnies contre l'abbé Caudelet, Saint-Simon, 54, 154.

  • 19Il va venir. Les Perses allaient livrer bataille. Je ne condamne plus un courroux légitime, Et l'on vous va, seigneur, livrer votre victime, Racine, Andr. II, 4. La paix va refleurir, les beaux jours vont renaître, Racine, ib. Leur haine va donner un père au fils d'Hector, Racine, Andr. IV, 1. Écoute, et tu te vas étonner que je vive, Racine, Iph. II, 1. Je vais donc vous déplaire et vous m'allez haïr, Corneille, Cinna, III, 4. Va marcher sur leurs pas où l'honneur te convie, Corneille, Cinna, I, 3. Et le Rhin de ses flots ira grossir la Loire, Avant que tes faveurs sortent de ma mémoire, Boileau, Lutr. II. Nous nous connaissons il y a longtemps, et, entre amis, on ne va pas se piquer pour si peu de chose, Molière, Préc. 15.
  • 20Ne va pas t'exposer au froid et à l'humidité. N'allons pas nous commettre avec ces gens. Je n'irai pas vous fournir un prétexte. Je n'irais pas faire cette sottise. Je ne suis pas allé faire l'expérience. Par de nouveaux refus n'allez pas l'irriter, Racine, Mithr. IV, 21.
  • 21Il allait criant par la ville. Languissait un pauvre malade D'un long mal qui va consumant, Millevoye, Priez pour moi. Et, certes, je vais avouant que…, Millevoye, Poés. 90. Les opinions probables vont toujours mûrissant, Pascal, Prov. 12. Qu'elle considère Que je me vas désaltérant…, La Fontaine, Fab. I, 10. Comme le nombre d'œufs, grâce à la renommée, De bouche en bouche allait croissant…, La Fontaine, Fab. VII, 12. De telle sorte pourtant Que les fous vont l'emportant, La mesure en est plus pleine, La Fontaine, ib. IX, 1.
  • 22Va, allons, allez, s'emploient comme locutions interjectives. Allez maintenant, et parlez-moi de vos hauts faits. Va, tu es un honnête garçon. Va, je ne te hais point…, Corneille, Cid. III, 4. Pour peu qu'il vous appuie, allez, l'affaire est sûre, Corneille, Pulch. I, 3. Allez, vils combattants, inutiles soldats, Boileau, Pass. du Rhin.
  • 23Y aller, faire une chose d'une certaine manière. Allez-y doucement. Vous y allez trop brusquement. Il n'y va pas de main morte, il frappe violemment, il agit sans mesure.
  • 24 Terme de jeu. J'y vais de vingt francs, mon enjeu est de vingt francs.
  • 25 Impersonnellement. Il y va de votre fortune. Il y allait de sa vie. Il y va de la perte ou du salut du reste, Corneille, Hor. V, 2. Ainsi que de ta vie il y va de ta gloire, Corneille, Cid, V, 1. Il y va de ma gloire, il faut que je me venge, Corneille, ib. III. Un péril où il y va de tout l'État, Corneille, Ex. d'Hor. Il y va, seigneur, de votre vie, Racine, Brit. V, 1. Il y va tant de votre intérêt, Que…, La Fontaine, Rich. Si notre esprit a besoin, dans les questions où il y va du salut, d'être fixé et déterminé par quelque autorité certaine…, Bossuet, Hist. II, 13. Il y allait de sa vie à fuir, Bossuet, ib. III, 6. Il y va de votre conscience de les remettre en leur lieu, Bossuet, Lett. abb. 20. Une dispute où il y va du tout pour la religion, Bossuet, II, Écrit. Les difficultés qui pourraient m'empêcher de faire réussir un dessein que j'ai pris sur moi-même et où présentement il y va de ma gloire, Pellisson, Conversat. de Louis XIV devant Lille, p. 54. Je vois qu'il n'y va pas de la foi, Pascal, Prov. 17. Ici où il va de tout, Pascal, Car. 14. Procès où il ne va jamais moins que de sa vie, Sévigné, 58.
  • 26Laisser aller, ne pas retenir. Je le laisse aller où il veut. Laisse aller tes soupirs, laisse couler tes larmes, Corneille, Héracl. III, 3. Pour laisser aller ses sentiments en liberté, Corneille, Ex. du Cid. Si je retiens mon bras, je laisse aller ma plainte, Corneille, Rodog. II, 4. Il n'y a qu'à laisser les choses aller leur cours naturel, et vous mourrez tel que vous êtes, Massillon, Car. Fauss. conf.

    Familièrement. Laisser tout aller, abandonner le soin de toutes choses.

    Laisser aller sous soi, laisser tout aller sous soi, se dit d'un malade qui n'a plus sa connaissance et qui rend involontairement l'urine et les excréments.

    Se laisser aller à, s'abandonner à. J'ai une pente particulière à me laisser aller à tout ce qui m'attire, Molière, Fest. III, 7. Ils nous accoutument à nous laisser aller tranquillement à nous-mêmes, Massillon, Inconst. On se laisse aller aux appas d'une passion, Fénelon, Tél. VII. On s'est laissé aller au péché par la vue de ces femmes, Pascal, Prov. 10. Comment vous laissez-vous aller à dire que…, Pascal, ib. 2.

    Absolument. Se décourager. Pourquoi vous laisser aller ainsi ?

  • 27Faire aller, attraper. Ce drôle nous a fait aller. Familier et populaire. S'EN ALLER.
  • 28Ils s'en vont. Allez-vous-en. Va-t'en d'ici. Je vous ordonne de vous en aller. Ils s'en sont allés en France. Je m'en irai en Amérique. Monsieur, je m'y en vais, Sévigné, 24. Elle s'y en alla la première [dans une chapelle], et don Carlos la suivit, Scarron, I, 52.
  • 29 Fig. Ce malade s'en va, il se meurt. Ma tante est plus mal, elle s'en va tous les jours, Sévigné, 140. M. de Jouarre s'en va tout de bon, Bossuet, Lett. abb. 56.
  • 30Ce tonneau s'en va. Son mal s'en va peu à peu. Son argent s'en va. Tout s'en est allé en fumée, rien n'a réussi. La chose s'en va faite, elle est sur le point d'être achevée. Notre rigueur s'en va éteinte, Vaugelas, Q. C. 510. La Thrace s'en allait perdue, et la Grèce même avait reçu un grand choc, Vaugelas, ib. 549. Mais aujourd'hui que mes années Vers leur fin s'en vont terminées, Malherbe, III, 3. La conjuration s'en allait dissipée, Corneille, Cinna, III, 4. Comme ce rôti s'en allait cuit, arrive un autre homme à cheval, pour dîner dans ce cabaret, Saint-Simon, 100, 64.
  • 31Le fleuve s'en allait grossissant. L'hérésie s'en va croissant.
  • 32Gallicisme. Il s'en va midi. Il s'en va temps que je reprenne Un peu de force et d'haleine, La Fontaine, Fabl. VI, Épilogue. Il s'en va temps, monsieur, que je parte, Courier, II, 298.
  • 33Aux jeux de cartes. Vous avez eu tort de vous en aller de votre as. En écartant, vous vous en êtes allé de vos plus belles cartes.
  • 34Ils s'en vont chercher des nouvelles. Je m'en allais vous trouver. Ce malade s'en va mourir. Il ne s'agit pas de plaire aux hommes dans un temps où je m'en vais répondre à Dieu, Fléchier, Serm. I, 127. Avec beaucoup de peines On s'en va la [la mort] chercher en des rives lointaines, La Fontaine, Fab. VII, 12. M'en irai-je, moi seul, rebut de la fortune, Essuyer l'inconstance aux Parthes si commune ? Racine, Mithrid. III, 1. Cambyse embrassant Nitétis l'appelait du nom de son père, et elle s'en va lui dire : ô roi, tu ne vois pas qu'on te trompe, Courier, II, 132. Je m'en vais réparer l'erreur que j'ai commise, Molière, l'Étour. I, 10. Je m'en vais voir ce qu'elle m'en dira, Molière, la Princ. d'Él. III, 2. Le voici qui s'en va venir, Molière, Sicil. sc. 18. Le jour s'en va paraître, Molière, Éc. des f. V, 1. Je m'en vais la traiter du mieux qu'il me sera possible, Molière, Sicil. 19. Elle [une comédie] s'en allait être conduite à bonne fin quand le diable s'en mêla, Scarron, I, 5. Tout le trouble poétique à Paris s'en va cesser, Boileau, Épig. 29. Avec la liberté Rome s'en va renaître, Corneille, Cinna, I, 3. Par de feintes raisons je m'en vais l'abuser, Racine, Iphig. IV, 10. Je m'en vais vous unir, Racine, Mithr. III, 5. Et ce triomphe heureux qui s'en va devenir L'éternel entretien des siècles à venir, Racine, Iphig. I, 5. Un cruel (comment puis-je autrement l'appeler ?) Par la main de Calchas s'en va vous immoler, Racine, ib. III, 6. Je m'en vais t'étonner : cette belle Monime…, Racine, Mith. I, 1. Apprends à mépriser le néant de la vie ; Songe qu'au moment que je veux Enseigner l'art de vivre heureux, Elle s'en va m'être ravie, Chaulieu, S. la mort. Il semble qu'il est en vie et qu'il s'en va parler, Molière, Fest. III, 7. Je m'en vais t'étonner : son superbe courage…, Voltaire, Zaïre, I, 1. Je m'en vais vous mander un petit secret, Sévigné, 91.
  • 35Locutions. C'est un las d'aller, c'est un paresseux.

    Aller son petit bonhomme de chemin ; vaquer tout doucement à ses affaires.

    Aller son grand chemin ; n'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit.

    Il ne faut pas aller par quatre chemins ; il faut s'expliquer franchement.

    À force de mal aller, tout ira bien ; il faut espérer que le malheur se lassera, et que des circonstances heureuses surviendront.

    On va bien loin depuis qu'on est las ; il ne faut pas se laisser aller au découragement.

    Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse ; à force de s'exposer, on finit par succomber.

    Tous chemins vont à Rome ; il y a différents moyens pour atteindre un but.

    Les premiers vont devant ; les plus diligents ont l'avantage.

    On l'a bien hâté d'aller ; on lui a fait une rude réprimande.

    Tout va, la paille et le blé ; on n'a rien épargné.

    Il s'en est allé comme il est venu ; c'est-à-dire il sort d'une affaire comme il y était entré. Jean s'en alla comme il était venu, Mangeant le fonds avec le revenu, La Fontaine.

    Dites-lui cela, et puis allez vous chauffer à son feu ; osez lui reprocher en face sa faute, et puis demandez-lui quelque service !

    Toujours va qui danse ; c'est-à-dire une chose se fait bien ou mal.

    Aller à tout vent ; se laisser influencer par le premier venu, par toutes sortes de personnes. Vous allez à tout vent. Rien de si dangereux que d'aller à tout vent.

  • 36 En termes de vénerie, la bête va de bon temps, c'est-à-dire est passée depuis peu de temps.

    N'aller plus de temps, être passé depuis un ou deux jours.

    Aller au vent, se dit d'un chien qui va le nez haut.

    Aller de hautes erres, se dit d'une bête passée il y a plusieurs heures.

    Aller sur soi, se dit de la bête qui revient par le même chemin qu'elle avait pris.

  • 37 En termes de manége, se dit en parlant du cheval : Aller le pas, l'amble, le trot, le galop, le grand trot, le grand galop.

    Aller de l'oreille, se dit d'un cheval qui fait une inclination de tête à chaque pas.

    Aller étroit, s'approcher du centre du manége.

    Aller large, s'éloigner du centre du manége.

  • 38 En termes d'escrime, aller à l'épée, se dit d'un tireur qui s'ébranle et fait de trop grands mouvements avec son épée. Aller à la parade, parer un coup.

REMARQUE

1. Le pronom réfléchi complément d'un verbe peut se mettre avant le verbe aller placé lui-même devant ce verbe : Aller se battre, ou s'aller battre ; il est allé se promener, ou il s'est allé promener. Plus le vase versait, moins il s'allait vidant, La Fontaine, Phil. et Baucis.

2. À l'impératif, seconde personne du singulier, on écrit va-t'en, avec une apostrophe après le t, indiquant ainsi que t' est pour te, pronom personnel. En effet à la première et à la seconde personne du pluriel, le pronom reparaît dans ces expressions : allez-vous-en, allons-nous-en.

3. Loc. vic. Je me suis en allé. Dites : Je m'en suis allé. Dans la conjugaison du verbe s'en aller, la particule en doit toujours être placée immédiatement après le second pronom personnel, comme dans ces phrases : Nous nous en sommes allés ; vous vous en étiez allés ; ils s'en seront allés ; et non, nous nous sommes en allés, vous vous étiez en allés ; ils se seront en allés. Une autre locution vicieuse, c'est de redoubler en : Mon maître, Dieu me sauve, ne fut jamais qu'un traître, il s'en est en allé, Scarron, Jodelet maître valet, V, 1. Dans les temps simples, lorsque la particule y entre dans la phrase, y se met devant en : Je m'y en vais ; nous nous y en allons ; je m'y en allais ; je m'y en irai ; nous nous y en irions, s'il le fallait ; il voulait que je m'y en allasse. L'impératif va-t'y en, qui est tout à fait régulier, est peu usité. Au reste, on ne se trompera pas sur la conjugaison du verbe s'en aller, si l'on remarque qu'il se conjugue exactement comme les verbes réfléchis formés de même, s'en flatter, s'en informer, etc. et que il s'est en allé est aussi barbare que le serait il s'est en informé ; si l'on remarque en outre que, dans les verbes, y se met toujours devant : il y en faut, j'y en apporte, et que c'est pour cela que la locution populaire je m'en y vais est fautive.

4. Lorsque la deuxième personne de l'impératif va est suivie de en ou de y, on l'écrit vas : Vas-en savoir des nouvelles ; vas-y ; et l'on prononce va-z-en, va-z-y. Des grammairiens ont contesté cet usage ; ils ont dit que vas-y n'était admissible que dans les cas où ce pronom n'est pas immédiatement suivi d'un verbe ; ils veulent bien qu'on écrive : Vas-y toi-même ; vas-y pour me faire plaisir ; mais ils veulent qu'on écrive : Va y porter mes livres ; va y chercher ta mère ; et condamnent par conséquent : Vas-en savoir des nouvelles. Mais cela est arbitraire ; du moment que vas-y est bon, comme il n'est fait que pour l'oreille, la règle euphonique s'applique à y même suivi d'un infinitif et à en.

5. Locut. vic. Il a plusieurs endroits à aller. Dites : Il lui faut aller en plusieurs endroits. En effet, on ne peut dire aller un endroit, aller plusieurs endroits.

6. L'Académie admet la locution : Cette essence fait en aller les taches. Elle a partout consacré cette ellipse par laquelle le langage populaire supprime le pronom personnel ; disant : Je l'en ferai souvenir, vous le faites enfuir, etc. Mais, bien entendu, la locution régulière reste toujours avec le pronom personnel : je l'en ferai se souvenir, vous le faites s'enfuir.

7. Aller au-devant. Voici comme il se faut servir de cette phrase ; par exemple il faut dire : Il est allé au-devant de lui ; il faut aller au-devant de lui ; et non pas : il lui est allé au-devant ; il lui faut aller au-devant.

8. Va croissant, va faisant. " Cette façon de parler avec le verbe aller, dit Vaugelas, est vieille, et n'est plus en usage aujourd'hui, ni en prose ni en vers. On n'emploie plus aller que quand il y a un mouvement local. Ainsi on dira bien d'une rivière : elle va serpentant. " Cette remarque de Vaugelas, heureusement, n'a pas prévalu ; et l'on dit très bien : Le mal va croissant.

SYNONYME

1° ÊTRE ALLÉ, AVOIR ÉTÉ. Ces deux expressions font entendre un transport local ; mais la seconde le double. Qui est allé a quitté un lieu pour se rendre dans un autre ; qui a été, a de plus quitté cet autre lieu où il s'était rendu. Tous ceux qui sont allés à la guerre n'en reviendront pas. Tous ceux qui ont été à Rome n'en sont pas meilleurs.

2° ALLER, VENIR., " Aller se dit du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas ; venir se dit, au contraire, du lieu où l'on n'est pas à celui où l'on est. Par exemple, si je suis à Paris, je dirai qu'un courrier est allé de Paris à Rome en deux jours, et qu'il est venu de Rome à Paris dans le même temps. Vaugelas, dans sa traduction de Quinte-Curce, a dit néanmoins : Alexandre vint mettre le siége devant Célène : il semble qu'il fallait dire, alla mettre le siége, Quinte-Curce, qui parle, n'étant pas à Célène lorsqu'il écrivait l'histoire d'Alexandre. Notre règle ne reçoit aucune exception à l'égard du mot aller ; mais, à l'égard de celui de venir, elle en reçoit plusieurs : 1° Ce mot se dit aussi du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, lorsqu'on est près de quitter ce lieu où l'on est ; par exemple, si je suis sur le point de quitter Paris pour aller en Anjou, je dirai à quelqu'un qui pourrait avoir dessein de faire le même voyage : Voulez-vous venir en Anjou avec moi ? 2° Il se dit encore du lieu où l'on est à celui où l'on n'est pas, quand on parle de celui où l'on demeure ; ainsi, je dirai à quelqu'un que j'aurai rencontré dans la rue : Voulez-vous venir demain dîner chez moi ? " MÉNAGE. En général, la différence entre aller et venir étant que aller indique le mouvement seul, et que venir considère aussi l'arrivée, on pourra mettre venir partout où l'idée d'arrivée sera impliquée.

HISTORIQUE

Xe s. Aler in Niniven, Fragm. de Valenc. p. 467.

XIe s. E s'il à la terce fiée [fois] ne pot dreit aver, alt [qu'il aille] à conté, L. de Guill. 42. Alez en est en un verger souz l'ombre, Ch. de Rol. II. Franc s'en irrunt en France la lur terre, ib. IV. Dist à ses homes : Seignur, vous en ireiz, ib. VI. Li empereres s'en vait dessouz un pin, ib. XI. Mais il me mande que en France m'en alge [aille], ib. XII. [Il] vait s'apuier souz le pin à la tige, ib. XXXVI. Enz au verger s'en est allez li reis, ib. XXXVII. Beste [cheval] n'i a qui encontre lui alge [aille], ib. CXIII. Seigneur, dist-il, mout malement nous vait, ib. CLIV. Ainz qu'en alast un seul arpent de champ…, ib. CLXIII. Jointes ses mains [il] est alét à sa fin [est mort], ib. CLXXIII. Qu'il ainz [aille] ad Ais où Charles seult plaider [tenir le plaid], ib. CLXXXIX. Je vous comant qu'en Saragoce algez [aillez], ib.

XIIe s. Je vei [vais] mostrer, Ronc. p. 2. Aut s'en [qu'il s'en aille] en France, ib. p. 3. Or, baron, de l'aler [heure est d'aller], ib. p. 6. Ne s'en voudra aler, ib. p. 8. Se il i vait, ib. p. 13. François vont disant, ib. Irez à l'amirant, ib. N'alez mie atardant, ib. p. 14. Qu'alez ici disant, ib. p. 20. [Il] s'en va seoir, ib. p. 25. Va s'en li jors, si revint la vesprée, ib. p. 33. N'i a franzois [qui] sur lui ne soit alant, ib. p. 35. Contre le ciel vait mout bien torniant Son fort espié, ib. p. 37. Granz quinze lieues en est la voix [du cor] alée, ib. p. 84. L'escu au col [il] lait [laisse] le cheval aler, ib. p. 51. Quant [il] eut alé la monte d'un arpent, ib. p. 100. De maintes choses [il] se va lors remembrant, ib. p. 106. Dist Baligans : car en alez, baron, ib. p. 120. Droit en sa chambre [elle] en est courant alée, ib. p. 146. Oliviers voit la mort le vait hastant, ib. p. 92. En la montaigne où je m'en fu allez, ib. p. 94. Conquerre [j'] allai d'Espaigne le païs, ib. p. 180. Le destrier [il] broche [pique], mout le fait tost aler, ib. p. 75. Le plus fort membre qui m'alloit soutenant, ib. p. 151. Qui à saint Jacques en vont le droit chemin, ib. p. 155. Vez-ci mon gage, je veuil qu'il aille avant, ib. p. 181. [Nef] qui va là où vent l'empraint, Couci, III. Ainz que j'aille outremer, ib. VI. Ne je ne veuil tout le siecle [m'] ennuier, Ou aler m'en [m'en aller] mourant, ib. VIII. Chançon, va-t'en là où mes cuers t'envoie, ib. XVI. Je m'en vois, dame ; à Dieu le creator [je] Commant vo cors [votre personne], en quel lieu que je soie, ib. XXII. Cestui veulent [les dames] et à cestui s'otroient, Cestui tiennent, cestui laissent aler, Quesnes, Romancero, p. 87. Vostre clairs vis [visage] qui sembloit fleur de lis, Est si alés ore de mal en pis, Qu'il m'est avis que me soiez emblée, ib. p. 107. Lasse, fait-ele, or m'y va malement ; Livrée [je] sui à une estrange gent, ib. p. 70. Guiteclins va par terre o sa grant baronie, Sax. VII. Vousirez à Cologne la fort cité garnie, ib. Quant fu fais li services [divin], si sunt alé laver, ib. XII. Si servez vo [votre] seigneur, où qu'il vait ne quel part, ib. XI. Mais onc homme n'allerent si perilleusement, ib. XX. Ardant irons ses viles, ses chastiax et ses bors, ib. XVII. Mais arriere [qu'ils] s'en aillent ainsi com sont venu, ib. XXVIII. Respundi li evesches : ne t'apelai pas, mais va arriere dormir, Rois, p. 11. E quant tu serras del siecle aled, beaus sire reis…, ib. 223. L'arcevesque Thomas tut avant s'en ala ; La cruiz arceveskal il meïsmes porta, Th. le Mart. 39. Là ù sist sur le banc, entre lui e le rei, Alouent [allaient] li barun, dui e dui, trei e trei, ib. 40. L'escrierent en haut à hu e à desrei : Li traïstres s'en vait, veez lei, veez lei, ib. 46. Et cil du païs vont et viennent Et enz e fors à lor plaisir, la Charrette, 1908. … à sen annar Là verreiz tant baron por lui plorar, Gérard de Ross. p. 294. Quant sera au mostier, annaz en lai [allez-vous-en là], ib. p. 363.

XIIIe s. De là s'en alla-il vers le roi Phelipe d'Alemaigne, qui sa serour avoit à fame, Villehardouin, XLII. Le conte Gautier de Briene qui s'en aloit en Puille conquerre la terre sa femme, Villehardouin, XX. Et se nus en voloit aler encontre, vos li aideriez encontre ceus qui contre li seroient, Villehardouin, CX. Et quant notre gent virent ce, si commencierent à aler le petit pas emprès les batailles des Grieus, Villehardouin, LXXXII. S'il aloient seur crestiens, il iroient contre la loi de Rome, Villehardouin, LII. Qu'à Saint-Denis [j'] iroie pour prier Dieu merci, Berte, I. Qui aloient jouant sur l'herbe qui verdie, ib. II. Vers le lion [il] s'en va, ou soit sens ou folie, ib. Le roy Charle Martel convint à fin aler [mourir], ib. III. Il meïsmes ala trois serjans apeler, ib. XVII. Ha sire Diex ! fait-elle, voirs est qu'ainsi alla [qu'ainsi les choses se passèrent], ib. XX. Et li autre moururent, sachez qu'ainsi ala, ib. CVIII. Que mon afaire va toujours de mal en pis, ib. XX. Car je sai vraiement, morte sui et allée [perdue], ib. XLVI. Pere de paradis, or est ma vie alée [finie], ib. Quant elle eut, une piece, la sentelette alée, ib. Laissez tout ce aler, n'en soit parole dite, ib. LIV. À ma mere [je] m'en vois courant, lui monstrerai, ib. LVII. [Que] Dame Dieu la consaut [conseille], quele part qu'ele voise, ib. LXI. Amis, vous en irez en la vostre contrée, ib. LXVIII. Que li rois s'assenti à ce qu'ele y voïst [allât], ib. II. Je veuil qu'o vous s'en voist [aille] noble chevalerie, ib. LXXII. [Je] ne veuil pas que aillez à petite maisnie, ib. II. Je lo [conseille] en bonne foy que nous nous en aillons, ib. LXXVII. Quant Tybers et les serve voient qu'il va ainsi, ib. LXXXIX. Mais contre jugement ne veuil-je mie aler, ib. XCVII. Tant [ils] ont par leur journées alé et pourseü, Que sont droit en Hongrie leur païs revenu, ib. CI. Tantost connut [elle reconnut] sa mere, as piés lui est alée, ib. CXXVI. Endementiers, li desloiaus rois Henris ala tant entour la damoisiele qu'il fut carnelement à li, Chr. de Rains, p. 13. Mes qu'est alé n'est à venir, Lai du conseil. Or n'a peür que nus le voie ; Seürement s'en va sa voie, Ren. 7432. Li criz qui après lui engraingne Le fist aler plus que le pas, ib. 1913. Bien savoit le bois tot entier, Que mainte foiz l'avoit allé, ib. 4891. Onques n'i quist ne sel ne sauge ; Encor ançois que il s'en auge, Getera-il son ameçon, Il n'en est mie en soupeçon, ib. 840. Mès comment qu'il viegne ne aut, à grant poine s'en est estors, ib. 24652. Lors dist Poncet : au Deu plesir ; Nos alomes la messe oïr ; Tuit alomes vers le mostier, ib. 12582. Et la dame et le chevalier Tantost commande appareillier Les chevax, et tost enseler, Contre son pere veult aler [à la rencontre], ib. 22644. Que vous iroie-ge flatant ? la Rose, 6557. Or aut si cum aler porra, Or face Amor ce qu'il vorra, ib. 4207. N'il n'est nus qui cele part voise, Que tous li cuers ne li renvoise [devienne plus gai], ib. 4027. Li tens qui s'en va nuit et jor, Sans repos prendre et sans sejor, Et qui de nous se part et emble, ib. 361. Les roses overtes et lées [larges] Sunt en ung jor toutes alées [passées], ib. 1654. Tout li monde vait ceste voie, ib. 4355. Li fondement tout à mesure Jusqu'au pié du fossé descent, Et vait amont en estrecent [se retrecissant], ib. 3822. Et se tu os [entends] nul mesdisant Qui aille fames desprisant, Blasmele, et dis qu'il se taise, ib. 2128. La sentence de la grignor partie et de la plus seine veit avant, Liv. de Just. 29. Li baillif, segont l'ordre de droit, augent [aillent] avant ou [au] plet, ib. En tel saisine et en tel teneure come le pere ou la mere avoient quant il alerent de vie à mort, Ass. de Jér. I, 246. Ains en seroient tuit coupable cil qui seroient alé en l'ayde du fet, Beaumanoir, XXX, 58. Et por ce pot on, en tix cas qui sunt apert, aler avant par voie de denonciation, Beaumanoir, LXI, 2. On ne me porroit pas dire que je allasse contre le jugié, Beaumanoir, VII, 7. Nous sommes alé contre le commandement Mahommet, qui nous commande que nous gardons le nostre Seigneur aussi comme la prunelle de nostre œil, Joinville, 248. Le grant roy des Commains li bailla unes lettres qui aloient à leur premier roy, Joinville, 266. Seigneurs, madame la royne ma mere m'a mandé et prié tout comme elle peut, que je m'en voise en France, Joinville, 254. Le roy feust moult volentiers alé avant, sans arester, en Egypte, Joinville, 210. Mon cheval s'agenoilla pour le fez [faix] que il senti, et je en alé outre parmi les oreilles du cheval, Joinville, 225. Seigneurs, vous ne fetes pas bien ; car nous sommes là où en [on] nous a commandé, et vous alez outre commandement, Joinville, 277. Mestre Geffroy, alez dire à la royne que le roy est esveillé, et qu'elle voise vers li pour li apaisier, Joinville, 287. Je li requis que je et ma gent alissiens jusques hors de l'ost, Joinville, 217. Il n'ot guieres alé [il n'avait guère fait de chemin] quant il ot plusieurs messages du conte de Poitiers son frere, du conte de Flandres, etc. Joinville, 227.

XIVe s. En tele maniere que tu devies et vaises hors de verité, Oresme, Eth. 163. Et celui qui est incontinent, il est et va hors de raison, Oresme, ib. 192. Bertran à l'aprochier ung petit l'enclina : Or avant ! dit li princes, Bertran, comment vous va ? Guesclin. 1300. La dilacion m'est greveuse, Et la demeure trop ennuyeuse ; Car j'ay trop plus chier la bataille Que le trecté, que qu'il en aille [quoi qu'il en arrive], Liv. du bon Jehan, 1228. … Ainsin va de la guerre ; On voit sovent fortune torner en petit d'ore, Girart de Ross. V. 2260.

XVe s. Il me plait bien que cette ordonnance voise ainsi ; mais…, Froissart, I, I, 234. Messire Gautier de Mauny s'en issit hors [du châtel] atout cent ou cent vingt compagnons, et en alloient par outre la riviere de leur costé fourrager, Froissart, I, I, 260. Si vous disons que nous conseillons mon seigneur, qui cy est, qu'il s'en voise en France veoir le roy san cousin, Froissart, I, I, 51. Sitost qu'il vit le duc, il [Jean de Norvich] osta son chaperon et le salua. Adonc lui demanda le duc : Jean, comment va ? vous voulez vous rendre ? Froissart, I, I, 255. Le diable alla entrer au corps de ce Jacques, Froissart, II, II, 30. Nous ne pouvons faire meilleur exploit que de aller ce chemin que nos ennemis sont allés, Froissart, II, II, 237. Le duc… bien savoit que il faisoit mal et point n'y pourveoit, mais souffroit les choses aller à l'aventure, Froissart, III, IV, 24. Il seroit bon que par la riviere nous alissions visiter nos ennemis, Froissart, II, II 75. De ces responses fut le comte de Hainaut tout grigneux, et dit qu'il n'iroit pas ainsi, Froissart, I, I, 119. Ils estoient si foibles et si fondus et si affamés qu'à peine pouvoient ils aller en avant, Froissart, I, I, 44. Gautier, vous en irez à ceux de Calais, et direz au capitaine que…, Froissart, I, I, 320. Les nouvelles vinrent au roy de France de la besogne comment elle estoit allée, Froissart, I, I, 134. Et ces brigands brisoient maisons, coffres et escrins, et prenoient quanqu'ils trouvoient, puis s'en alloient leur chemin, chargés de pillage, Froissart, I, I, 324. Beau frere, dit messire Henri, il ne va point ainsi, Froissart, I, I, 151. Si allerent à conseil ensemble, Froissart, I, I, 219. Je ne dy riens que tous ne vont disant, Orléans, Bal. 9. Tant vale pot à l'eau qu'il brise, Orléans, Rond. Donc il advint… que il ouït dire que un chevalier d'Angleterre… s'alloit vantant qu'il avoit traversé tout le royaume de France, mais oncques n'avait peu trouver chevalier qui eust osé jouster à luy, Bouciq. I, ch. 13. Si advint que un des escuyers qui chevauchoit devant luy, la vit par une fenestre, et va dire : Ô que voilà beau chef ! ib. IV, ch. 7. Et du faict du roy d'Angleterre ne leur challoit au demourant comment il en allast, Commines, IV, 7. Mais alla ledit duc de Bourgongne de nouveau sur les Lyegeois, Commines, II, 3. Un an ou deux avant qu'allisions en Italie, Commines, VII, 2. Et qui ne fust allé à la bonne foy, c'estoit ung très dangereux chemin, Commines, IV, 9. Voulez vous que je voisse toute nue ? Louis XI, Nouv. LXVIII.

XVIe s. Comment te va ? Marot, I, 198. Et par les champs ne voy aucun berger Qui pour la nuit ne s'en voise heberger, Marot, I, 319. Mal t'en ira, Marot, II, 14. Or t'en va, quand et où il te plaira, Marot, II, 183. Il s'en va nuict, et des hauts monts descendent Les umbres grands, qui parmi l'air s'espandent, Marot, IV, 7. Et alissiez vous à tous les dyables, je proteste jamais ne vous laisser, Rabelais, Pant. II, 9. Les chemins cheminent comme animaulx. Et veidz que les voyaigiers demandoyent où va ce chemin ? Rabelais, ib. V, 26. Qu'ils voisent maintenant, et facent un bouclier de leurs allegories, Calvin, Instit. 489. Il va bien que presomptueux qui voudroit imposer loy à Dieu, n'est point arbitre en ceste cause, Calvin, ib. 580. Mais d'affermer cela, et principalement en telle hardiesse qu'ils y vont, qu'est-ce autre chose, que…, Calvin, ib. 701. L'Escriture condescent à nostre petitesse, comme une mere à l'infirmité de son enfant, quand elle le veut apprendre d'aller, Calvin, ib. 738. Ne vous ennuyiés de souvent faire savoir comme il vous va à celle que toujours trouverés vostre, Marguerite de Navarre, Lett. 3. Et encores demain s'en va ma tante de Nemours en Savoye, Marguerite de Navarre, ib. 8. Je m'esclatay la peau dessus le genou de près d'ung empan, mais cela s'en va gary, Marguerite de Navarre, ib. 47. Et pensés, voyant vos affaires aller sy bien, en quel contentement et louange de Dieu s'en va priant pour vostre prosperité, vostre…, Marguerite de Navarre, ib. 127. Elle alloit s'amollissant, Montaigne, I, 4. Se laisser aller à toute sorte de conseils, Montaigne, I, 196. Si elle feust toujours allée ce train, Montaigne, I, 232. Ils s'y en allerent avecques leurs femmes et enfants, Montaigne, I, 233. Ils vont nus par devotion. Aller la teste couverte, Montaigne, I, 259. Allez vous y en, Montaigne, I, 296. Je m'en vais clorre ce pas par un verset ancien, Montaigne, I, 336. Je m'en voys quant et vous, Montaigne, III, 183. Et qu'elles ne se voisent pas coucher de si bonne heure, Despériers, Cymbal. 127. Les Lacedaemoniens le regretterent fort quand il s'en fut allé, Amyot, Lyc. 7. Il prouvoira mieulx à son faict, quand il verra qu'il y ira de sa vie et de son estat ensemble, Amyot, Thém. 32. Autrement, les affaires des Carthaginois s'en alloient ruiner, Amyot, Fab. 12. Remporte donc ton or et ton argent, et t'en va, Amyot, Cimon, 17. Toute la ville s'en alloit deserte sans l'accident qui arriva à la citadelle, D'Aubigné, Hist. II, 326. Le roi qui s'en alloit execrable à son peuple, se rendit inimitable aux devotions, D'Aubigné, 330. Pour aller trop tes beaux soleils aimant, Ronsard, 7. Et de ces yeux qui me vont devorant, Ronsard, 19. Voicy les fleurs où son pied va marchant, Quand à soy mesme elle pense seulette, Ronsard, 85. Quelque part où je voise…, Ronsard, 215. Que ne pensoy-je, alors que j'estoy belle, Ce que je vay pensant ? Ronsard, 455. Ainsi tout va par fraudes et par fainte, Ronsard, 649. T'embrassant en mon sein pour la derniere fois : Car là bas aux enfers, Adonis, tu t'en vois, Ronsard, 796. S'il se laissent trop aller à prendre plaisir d'en deviser, Lanoue, 137.

REMARQUE

La conjugaison d'aller se complète avec deux autres radicaux, savoir celui du futur et du conditionnel, qui se rapporte au verbe latin ire (voy. IRAI pour l'étymologie), et celui de je vais, tu vas, il va, ils vont, dérivé du verbe latin vadere (voy. VAIS pour l'étymologie). Autrefois, je vais avait un subjonctif, que je voise, conservé dans le picard, que je m'en voiche. Marg. Buffet, Observ. p. 79, 1668, dit qu'à Paris la bourgeoisie se sert ordinairement de cette locution : vous voulez que je voise, et que c'est une des plus barbares.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

ALLER de l’avant, (Marine.) c’est marcher par l’avant ou la proue du vaisseau.

Aller en droiture. (Marine.) Voyez Droiture.

Aller à bord. (Marine.) Voyez Bord.

Aller au cabestan. (Marine.) Voyez Cabestan.

Aller à la sonde. (Marine.) Voyez Sonde.

Aller à grasse bouline, (Marine.) c’est cingler sans que la bouline du vent soit entierement halée. Voyez Bouline grasse.

Aller au plus près du vent, (Marine.) c’est cingler à six quarts de vent près de l’aire ou rumb d’où il vient ; par exemple, si le vent est nord, on pourroit aller à l’ouest-nord-ouest, & changeant de bord à l’est-nord-est.

Aller proche du vent, approcher le vent, (Marine.) c’est se servir d’un vent qui paroît contraire à la route, & le prendre de biais, en mettant les voiles de côté par le moyen des boulines & des bras.

Aller de bout au vent, (Marine.) se dit d’un vaisseau qui est bon boulinier, & dont les voiles sont bien orientées, de sorte qu’il semble aller contre le vent, ou de bout au vent. Un navire travaille moins ses ancres & ses cables, lorsqu’étant mouillé il est de bout au vent, c’est-à-dire qu’il présente la proue au lieu d’où vient le vent.

Aller vent largue, (Marine.) c’est avoir le vent par le travers, & cingler où l’on veut aller sans que les boulines soient halées.

Aller entre deux écoutes, (Marine.) c’est aller vent en poupe.

Aller au lof, (Marine.) Voyez Lof.

Aller à la bouline. (Marine.) Voyez Bouline.

Aller à trait & à rame. (Marine.) Voyez Rame.

Aller à la dérive. (Marine.) Voyez Derive & Deriver. Se laisser aller à la dérive ; aller à Dieu & au tems ; à mâts & à cordes ou à sec, c’est serrer toutes les voiles & laisser voguer le vaisseau à la merci des vents & des vagues ; ou bien c’est aller avec toutes les voiles & les vergues baissées à cause de la fureur du vent.

Aller avec les huniers, à mi-mât. (Marine.) Voyez Hunier.

Aller terre à terre, (Marine.) c’est naviger en côtoyant le rivage. Voyez Ranger la coste. (Z)

Aller en traite. Voyez Traite.

Aller à l’épée, (Escrime.) on dit d’un escrimeur qu’il bat la campagne, qu’il va à l’épée, quand il s’ébranle sur une attaque, & qu’il fait de trop grands mouvemens avec son épée pour trouver celle de l’ennemi. C’est un défaut dans un escrimeur d’aller à l’épée, parce qu’en voulant parer un côté, il en découvre un autre.

Aller, (Manége.) se dit des allures du cheval ; aller le pas, aller le trot, &c. Voyez Allures. On dit aussi en terme de Manége, aller étroit, lorsqu’on s’approche du centre du Manége : aller large, lorsqu’on s’en éloigne : aller droit à la muraille, c’est conduire son cheval vis-à-vis de la muraille, comme si l’on vouloit passer au-travers. On dit en termes de Cavalerie, aller par surprise, lorsque le cavalier se sert des aides trop à coup, de façon qu’il surprend le cheval au lieu de l’avertir ; aller par pays, signifie, faire un voyage, ou se promener à cheval ; aller à toutes jambes, à toute bride, à étripe cheval, ou à tombeau ouvert, c’est faite courir son cheval aussi vîte qu’il peut aller. On dit du cheval, aller par bonds & par sauts, lorsqu’un cheval par gaieté ne fait que sauter, au lieu d’aller une allure réglée. Cette expression a une autre signification en terme de Manége. Voyez Sauter. Aller à trois jambes, se dit d’un cheval qui boite ; aller de l’oreille, se dit d’un cheval qui fait une inclination de tête à chaque pas. (V)

Aller de bon tems, terme des Véneurs ; l’on dit les véneurs alloient de bon tems, lorsque le Roi arriva, ce qui signifie qu’il y avoit peu de tems que la bête étoit passée.

Aller d’assurance, se dit de la bête, lorsqu’elle va au pas, le pié serré & sans crainte.

Aller au gagnage, se dit de la bête fauve, (le cerf, le dain, ou le chevreuil) lorsqu’elle va dans les grains pour y viander & manger ; ce qui se dit aussi du lievre.

Aller de hautes erres, se dit d’une bête passée il y a sept ou huit heures ; ce lievre va de hautes erres.

Aller en quête, se dit du valet de limier lorsqu’il va aux bois pour y détourner une bête avec son limier.

Aller sur soi, se sur-aller, se sur-marcher, se dit de la bête qui revient sur ses erres, sur ses pas, en retournant par le même chemin qu’elle avoit pris.

Aller en galée, terme d’Imprimerie. Voyez Galée.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « aller »

Bourguig. aulai, ailai ; provenç. et catal. anar ; espagn. et portug. andar ; ital. andare ; ital. ancien, d'après Castelvetro, anare. Ici se présente une première question : aller et andare sont-ils un seul et même mot ? Diez paraît l'avoir résolue d'une façon satisfaisante. Il rapporte un vers de Tristan : Que vos anez por moi fors terre ; et un vers de la chronique de Benoît : Si qu'en exil nos en anium. A la vérité Burguy, Gramm. t. I, p. 286, pense que anium est une mauvaise leçon, et qu'il faut aujun (comp. qu'il aut, qu'il aille), se fondant sur ce que la forme aner ne peut appartenir au dialecte normand dans lequel Benoît a écrit. Mais je trouve dans la chanson de Roland, qui est aussi un texte normand, qu'il ainz, pour qu'il aille ; ainz vient d'aner. L'objection de Burguy ne subsiste donc pas, et il faut admettre que, dans l'ancien français, à côté de aller, il y a eu une forme aner, parallèle aux autres formes romanes. La permutation de l'n en l n'est aucunement sans exemple dans le français : témoin orphenin et orphelin, venin et velin, entre lesquels la langue a hésité. Si l'on admet que les verbes romans viennent d'un mot latin (l'allemand wallen, aller, qu'on a cité, aurait donné gualer), le français et le provençal aner, anar, supposent adnare ; l'espagnol andar suppose ambitare ou aditare ; l'italien andare suppose aditare, avec l'intercalation d'une nasale. Diez remarque que ambitare, fréquentatif d'ambire, aller autour, a pu très bien donner l'espagnol andar, mais que la syllabe amb ne se rend pas en italien par and, et qu'il faut l'exclure, à moins d'admettre que le mot italien dérive du mot espagnol ; dérivation que, historiquement, rien ne justifie. Excluons donc ambitare. Diez s'attache à aditare, fréquentatif d'adire, et employé quelquefois par les Latins eux-mêmes dans le sens d'aller ; il fait voir que aditare a pu faire andare en intercalant une nasale ; ce qui arrive, voyez rendere, de reddere. Le fait est que l'italien andito est l'aditus latin, et témoigne que le verbe adire a laissé des traces. Maintenant entre adnare fourni par anar, aner, et andare fourni par aditare, quel choix faire ? Aditare donnerait en français atter ou ander, en provençal andar, mais non aner ou anar ; pour le faire prévaloir, il faudrait admettre qu'ils viennent de l'italien, ce qui n'a dans l'histoire de ces langues aucune preuve. Adnare, qui donne aner et anar, fournira probablement l'espagnol andar, bien que je ne connaisse pas de combinaison dn qui en espagnol donne nd ; mais fournirait en italien annare, et non andare. À la vérité Diez remarque que le catalan supprime souvent le d, disant manar pour mandar ; que c'est le catalan qui a fait anar de andar, et que de là la forme sans d s'est étendue dans la langue d'oc et dans la langue d'oïl. Mais c'est là un pas que l'on ne peut franchir sans autre exemple que celui-là même qui est en question : le d en cette position ne disparaît pas dans ces deux langues. Diez a prouvé pleinement, je crois, que andare peut venir de aditare ; mais il n'a pas prouvé comment aditare aurait donné anar et aner. Il se présente deux solutions de cette difficulté : ou admettre qu'il y a eu deux formations : l'une, de andare, qui vient de aditare ; l'autre, de anar, aner, qui vient de adnare. Adnare est cité dans le Glossaire de Papias, avec le sens de venir ; Virgile a dit en parlant de Dédale : Insuetum per iter gelidas enavit ad arctos, Aen. VI, 16 ; et adnare pour aller n'est qu'une métonymie comparable à celle de adripare dit pour arriver. Cette solution est la seule qui satisfasse aux exigences de la dérivation dans les langues romanes ; mais elle pèche contre une exigence considérable, à savoir l'exigence historique : d'ordinaire la formation est analogue dans les quatre grands embranchements ; aner, andare, andar et anar sont trop voisins de forme et de sens pour qu'on ne pense pas qu'ils émanent d'une même création. Le problème étymologique en est là : trouver comment anar ou aner s'accommode avec andare, si c'est aditare qui est le radical ; ou comment andare s'accommode avec anar ou aner, si c'est adnare qui est le radical ; ou enfin trouver comment il se fait qu'il y ait eu une double formation pour un mot si usuel ; s'il faut prendre adnare pour les langues cisalpines, et aditare pour les langues hispano-italiques ; ou bien enfin, dans l'incertitude qui reste, si quelque autre mot encore inexploré n'est pas l'origine.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Ce verbe supplétif est fait à partir de trois verbes distincts :
  1. le latin eo, is, ii (ivi), itum, ire (j’irai) pour les formes en ir- ;
  2. et le latin vado, vadis, vadere (je vais) pour les formes en v- ;
  3. une origine incertaine pour les formes en all- et aill-, lesquelles ont fait l'objet de nombreuses hypothèses parmi lesquelles :
  1. le latin ambulo, ambulas, ambulare, ambulavi, ambulatum (je marche), bien que cette étymologie soit difficilement convaincante phonétiquement ;
  2. d'un verbe populaire *allare formé à partir du participe passé allatum de adfero (j'apporte) ; ce participe passé, couramment employé dans une tournure passive allatum esse (« être transporté à », « être allé à ») bien attesté durant la période classique, aurait été détaché du verbe adfero auquel il appartenait (il est à noter que la dissemblance évidente entre les radicaux adfer- et allat- de ce verbe a pu grandement faciliter ce phénomène) pour devenir une forme orpheline mais d'usage courant à partir de laquelle on se basa pour former un infinif *allare régulier selon les verbes du 1er groupe latin (amatum > amare), ce nouvel infinitif *allare servant de supplétif au verbe aller en bas-latin local au moment où les formes en i- commençaient à être abandonnées. Cette explication, phonétiquement plus convaincante, manque cependant d'être étayée par quelques traces écrites (en particulier d'un usage commun en latin populaire de Gaule de la locution allatum esse avec une dérivation de son sens être transporté à vers être allé à).
Ces verbes avaient des sens assez proches et souvent synonymes. Seul un verbe fut conservé pour chacune des formes conjuguées. Cet usage étant extrêmement courant et très large, les différentes formes verbales sont devenues totalement synonymes. Ces formes verbales ont subi d’importantes mutations phonétiques pour faciliter les distinctions (notamment avec d’autres verbes très courants non synonymes tels les formes conjuguées de avoir), abréger et faciliter la prononciation. Ceci explique la grande irrégularité de la conjugaison actuelle de ce verbe. On retrouve les racines initiales dans les verbes dérivés avec un préfixe tels que déambuler ou évader qui eux sont restés réguliers.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « aller »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
aller ale

Fréquence d'apparition du mot « aller » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « aller »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « aller »

  • Aller en vacances avec sa femme, c'est comme aller au restaurant avec ses tartines.
    Frédéric Deville
  • Avec une langue, on peut aller à Rome.
    Proverbe québécois
  • Il ne faut pas aller par quatre chemins.
    Proverbe français
  • Jeunesse et bon sens Ne peuvent aller ensemble.
    Proverbe français
  • La stratégie est un système de pis-aller.
    Helmut von Moltke — Essai sur la stratégie
  • L'autorité doit aller de pair avec la responsabilité.
    James O. McKinsey
  • Il ne faut pas aller plus vite que le violon.
    Proverbe québécois
  • Se mettre en ménage, c’est aller fatalement au surmenage.
    Jacques Sternberg
  • Il ne faut jamais aller plus vite que sa vitesse.
    Philippe Labro — Manuella
  • Aller jusqu'au bout, ce n'est pas seulement résister, mais aussi se laisser aller.
    Albert Camus — Carnets, Gallimard
Voir toutes les citations du mot « aller » →

Images d'illustration du mot « aller »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « aller »

Langue Traduction
Anglais go
Espagnol ir
Italien andare
Allemand gehen
Portugais ir
Source : Google Translate API

Synonymes de « aller »

Source : synonymes de aller sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « aller »

Combien de points fait le mot aller au Scrabble ?

Nombre de points du mot aller au scrabble : 5 points

Aller

Retour au sommaire ➦

Partager