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À

Définitions de « à »

Trésor de la Langue Française informatisé

À, prép.

I.− À dans le syntagme verbal (à sert à construire un complément du verbe)
A.− À introduit un complément unique
1. À introduit un compl. unique apr. un verbe à la forme active
a) À + subst. de l'animé ou de l'inanimé :
appartenir à céder à convenir à croire à déplaire à désobéir à échapper à échoir à importer à incomber à manquer à mentir à nuire à obéir à penser à plaire à recourir à en remontrer à renoncer à résister à ressembler à rêver à servir à sourire à succéder à survivre à tenir à
1. L'amour était un mot trop faible pour exprimer le torrent de feu qui le brûlait, dès qu'il pensait à elle. Ce n'était pas de l'amour, et c'était mille fois plus que l'amour... R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1379.
2. Il n'y a pas encore un an que ce rêve a pris fin et il me semble que j'ai déjà tout oublié de nos détresses. Je ne pense qu'à nos élévations, à nos enchantements, à notre joie. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 8.
3. Je crois en vous, comme je n'ai jamais cru à personne au monde. Je vous crois. Je crois en vous plus encore que je ne vous aime, par une sorte de nécessité, par un mouvement de l'être aussi fort, aussi spontané que l'instinct de conservation. G. Bernanos, Dialogues d'ombres,1928, p. 41.
Rem. 1. Oppos. à / -; à / de (cf. aussi hist. II A 1). − Certains de ces verbes admettent également la constr. dir. La différence de constr. va de pair avec une différenciation sém. : céder à qqn (ou qqc.), « ne plus résister » / céder qqc., « abandonner qqc. » (cf. manquer, penser, servir, tenir.) D'autres se construisent par ailleurs avec de + subst. (ou de + inf.) : convenir à qqn / convenir de qqc. (de + inf.) (cf. manquer, profiter, sourire, servir, tenir). Échapper à s'oppose à s'échapper de : la prép. de signifie l'éloignement d'un lieu concr. (s'échapper de prison). À marque au contraire que l'on s'est approché de si près du lieu (abstr.) signifié par le compl. circ. que l'on a manqué d'y être pris (échapper à la prison; échapper à « éviter de justesse »). L'idée d'éloignement n'est plus marquée dans ce cas que par le préf. é-. 2. Le verbe croire admet la constr. avec à et la constr. avec en. Cf. croire et ex. 3. 3. Certains des verbes cités peuvent être complétés aussi par à + inf. : penser à, renoncer à, servir à, suffire à, tenir à...
b) À + subst. de l'inanimé ou à + inf.
Verbes se construisant avec à + subst. de l'inanimé :
accéder à acquiescer à adhérer à applaudir à assister à atteindre à attenter à compatir à conclure à contrevenir à correspondre à déroger à émarger à faillir à forfaire à insulter à mordre à obtempérer à obvier à parer à préexister à présider à procéder à réfléchir à remédier à retoucher à satisfaire à souscrire à subvenir à succomber à suppléer à toucher à vaquer à
Pour (veiller) à ce que, cf. que.
4. La voici qui procède à une redistribution des rôles : ... P. Claudel, L'Échange,2eversion, 1954, p. 727.
Verbes se construisant soit avec un subst. de l'inanimé, soit avec un inf. :
aspirer à collaborer à concourir à consentir à contribuer à coopérer à équivaloir à jouer à participer à regarder à travailler à veiller à viser à
5. En attendant cette harmonie suprême, il est juste que ceux qui ne sont que propriétaires aspirent à devenir savants; ... Ch. Baudelaire, Salon de 1846,1846, p. 97.
6. Après un certain nombre d'années j'ai fini par comprendre que la nature des choses me faisait une loi d'aspirer à la mort. J. Bousquet, Traduit du silence,1936, p. 7.
Rem. Admettent par ailleurs une constr. dir. : aspirer qqc., consentir qqc., jouer qqc., travailler qqc., regarder qqn ou qqc., veiller qqn, viser qqn ou qqc.
Verbes se construisant avec à + inf. (ou exceptionnellement le subst. verbal corresp.) :
balancer à chercher à commencer à condescendre à consister à conspirer à continuer à exceller à hésiter à incliner à lésiner à marchander à peiner à persévérer à persister à prêter à renâcler à répugner à réussir à tarder à tendre à
7. Ils étaient vêtus de noir et cherchaient à se faire tout petits. Ils s'arrêtèrent, saisis, sur le pas de la porte, et le monsieur se découvrit machinalement. J.-P. Sartre, La Nausée,1938, p. 119.
être à + inf.signifie l'obligation, la destination... :
8. N'ayant pas le courage d'écarter de telles suppliques, je finis par écrire deux billets, l'un au signataire de la missive qui me parvint et l'autre, au couvent; plus, quelquefois, si des points sont à préciser, si des informations plus étendues sont nécessaires. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. X.
être à + inf.« être en train de », périphrase exprimant l'aspect duratif :
9. Tous deux devaient être à causer sous le hangar, lorsque lui s'était avancé pour appeler le sous-chef. É. Zola, La Bête humaine,1890, p. 59.
Rem. 1. Sens des verbes constr. avec à. − Les verbes qui se construisent avec à + inf. expriment gén. l'imminence de la décision ou l'hésitation (balancer à, condescendre à, consentir à, hésiter à, lésiner à...), l'effort en vue d'aboutir à un résultat (concourir à, conspirer à, contribuer à, peiner à, tendre à...). Équivaloir à et consister à impliquent un jugement dont le compl. représente l'aboutissement. Qq. verbes signifient sans plus divers stades de la réalisation du procès exprimé par l'inf. (commencer à, continuer à, réussir à...). Cf. aussi les verbes de mouvement ou de position, empl. dans leur signif. la plus abstr., qui ont obligatoirement pour compl. un subst. ou un inf. introd. par à - et qui expriment une idée d'aboutissement (aboutir à, (en) arriver à, parvenir à, (en) venir à, (en) rester à...) (cf. D 1). 2. Pour être à, cf. être. 3. Concurrence avec de (cf. aussi hist. I A 1). − La concurrence entre la prép. à et la prép. de n'est réelle que pour les verbes commencer et continuer. Certains verbes actuell. constr. avec à ont pu l'être avec de*. Cette constr. n'est plus vivante ou répond à une volonté d'arch. : aimer à / de balancer à / de consentir à / de hésiter à / de penser à / de réussir à / de songer à / de veiller à / de 2 verbes gén. constr. avec de le sont parfois avec à (p. arch.) : tâcher de / à et essayer de / à. Qq. verbes peuvent être constr. soit directement avec l'inf. soit avec à + inf. : adorer - / à aimer - / à penser - / à prétendre - / à 4. Insertion d'un compl. d'attrib. − Qq. verbes du type montrer ont pour obj. princ. à + inf. et admettent l'insertion d'un compl. d'attrib. : apprendre (à qqn) à + inf. enseigner (à qqn) à + inf. montrer (à qqn) à + inf. Cf. demander à + inf. / demander à qqn de + inf.
2. À introduit un compl. unique apr. un verbe à la forme pronom.
a) À + subst. de l'animé ou de l'inanimé
Constr. typiquement pronom. :
s'apparenter à(*apparenter qqn à...) s'appliquer à s'attacher à se confesser à se cramponner à se dévouer à se donner à s'égaler à se fier à se heurter à se joindre à se mesurer à s'offrir à s'en prendre à se raccrocher à se rendre à « se soumettre » : se rendre à ses arguments
10. C'était un procès gagné d'avance par les conditions écrites que j'ai; mais la situation du gérant de la presse était telle aux yeux du public qu'en le faisant j'aurais paru me joindre à ses ennemis. H. de Balzac, Correspondance,1838, p. 467.
11. Comme un aveugle qui a perdu son guide, je me suis heurté à tous les arbres de la route, et je m'en suis pris aux arbres au lieu de m'en prendre à ma cécité. M. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 271.
12. Mon Dieu! Que c'est bête, de s'attacher à un homme! Champfleury, Les Aventures de Mademoiselle Mariette,1853, p. 70.
Constr. pronom., issues de verbes à double constr. (cf. inf. B) :
s'arracher à qqn / qqc. < arracher qqn / qqc. à qqn / qqc. s'abandonner à s'annoncer à se comparer à se destiner à s'intéresser à se présenter à
13. C'était une occasion de me faire voyager et m'arracher à cette oisiveté dangereuse de la maison paternelle et des villes de province... A. de Lamartine, Les Confidences,1859, p. 135.
14. Je recommence à m'intéresser aux étalages. V. Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 177.
Cf. aussi le type dire qqc. à qqn/se dire qqc. (à soi-même) :
15. « Sent-elle la force de ce qu'elle dit, se demandait-il à lui-même ... » Stendhal, Lamiel,1842, p. 99.
16. « C'est bien dommage! se murmurait-il à lui-même... bien dommage! » A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines,1911, p. 2.
Rem. S'appliquer à, s'attacher à, se destiner à se construisent également avec à + inf.
b) À + subst. de l'inanimé
Constr. typiquement pronom. :
s'adonner à s'arrêter à s'attendre à s'élever à se monter à se porter à
17. J'avais compté sur les plus nobles promesses, je m'attendais à cette publication comme au lever du soleil. E. de Guérin, Lettres,1842, p. 454.
[S'attendre à se construit également avec l'inf. : s'attendre à trouver qqn]
Constr. issues de verbes à double compl. :
s'abonner à qqc. < abonner qqn à qqc. s'affilier à s'assimiler à s'étendre à s'intégrer à se limiter à se mélanger à se mêler à se plier à
[Se borner à, se limiter à, se préparer à admettent également la constr. avec l'inf.]
18. Il fut un temps où je n'avais souci de rien autre chose que de me préparer à la noble carrière où ma naissance et mes lumières naturelles me paraissaient appeler; ... O.-V. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 7.
c) À + inf. (éventuellement subst. d'action)
Verbes typiquement pronom.
[Verbes exprimant l'attrait]
se complaire à s'entendre à se laisser aller à se plaire à se prendre à se prêter à
19. La Cibot put d'autant mieux ôter le mouchoir où la clef du secrétaire était nouée, et qui se trouvait sous l'oreiller de Pons, que le malade avait exprès laissé passer son mouchoir dessous son traversin, et qu'il se prêtait à la manœuvre de La Cibot ... H. de Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 260.
[Verbes exprimant l'effort]
s'acharner à s'apprêter à s'évertuer à s'ingénier à s'obstiner à s'opiniâtrer à
20. Quelques heures lui restaient encore, que nul ne prenait au sérieux. Les quatre dernières, de trop, s'obstinaient à sonner tout de même, dans la nuit de samedi à dimanche, ... J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 1, 1933, p. 12.
[Verbes marquant l'engagement dans l'action]
s'aventurer à s'enhardir à s'essayer à se mettre à se résigner à se vouer à
21. Je m'approchai d'elles, et elles se mirent à pousser des cris aigus, en essayant de se sauver, comme si j'allais les tuer aussi. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Les Rois, 1887, p. 301.
Constr. pronom. issues de verbes à double compl., du type décider qqn à + inf. → se décider à
s'astreindre à s'autoriser à se contraindre à se décider à se destiner à se déterminer à s'entraîner à s'exercer à se forcer à s'habituer à s'initier à s'obliger à s'occuper à se préparer à
22. Après une longue résistance qui l'a mené jusqu'au bout du monde, il s'est décidé à y répondre. Menant en laisse sa volonté frémissante, il s'est présenté à l'autel, et c'est de Dieu même qu'il a reçu réponse. P. Claudel, Partage de midi,1reversion, préf., 1906, p. 983.
23. Depuis le retour d'Étretat, on s'occupait à tout changer dans l'appartement des Dandillot, et il ne s'agissait presque jamais que de contrarier les goûts du disparu. H. de Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1371.
Concurrence à / de1. Un certain nombre de verbes constr. avec de + inf. à la forme active se construisent avec à à la forme pronom. a) Verbes à compl. unique : attendre de faire qqc. « ne rien faire avant de » / s'attendre à qqc. « prévoir que cette chose arrivera » essayer de faire qqc. / s'essayer à faire qqc. hasarder de / se hasarder à oublier de / s'oublier à risquer de / se risquer à b) Verbes à double compl. : refuser à qqn de faire qqc. / se refuser à faire qqc. offrir à qqn de faire qqc. / s'offrir à faire qqc. Certains verbes à constr. simple avec de exigent à à la fois dans la forme pronom. et dans la double constr. : décider de faire qqc., décider qqn à faire qqc., se décider à faire qqc.
2. On notera d'autre part les oppos. : s'arrêter de faire qqc. / s'arrêter à qqc. s'amuser de qqc. / s'amuser à faire qqc. se délecter de qqc. / se délecter à faire qqc. se divertir de qqc. / se divertir à faire qqc. se fatiguer de qqc. / se fatiguer à faire qqc. s'occuper de qqc. / s'occuper à faire qqc.
3. De tient qqf. la place de à dans une lang. archaïsante : s'accorder de se contraindre de se décider de se forcer de s'obliger de s'offrir de se refuser de se résoudre de
4. Un certain nombre de verbes qui prennent auj. la prép. de ont pu se constr. avec à : s'efforcer à s'empresser à épargner à essayer à manquer à être obligé à être pressé à
24. Ces caractères [les tyrans d'Italie] donnent à l'histoire quelques anecdotes scandaleuses, mais lui épargnent à raconter la mort cruelle de vingt millions d'hommes. Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 1, 1817, p. 13.
25. Obligé à nourrir pour lui la chaleur agréable du foyer, il détourne de temps en temps la cendre qui s'amoncelle; il ranime d'un souffle léger une étincelle qui s'étend peu à peu sur un charbon prêt à s'éteindre, et finit par embraser toute sa noire surface. Ch. Nodier, Trilby ou le lutin d'Argail,1822, p. 132.
26. ... et, de bonne heure, elle fut accoutumée à ne jamais manquer à se rendre à la grande messe, à vêpres, complies, etc. H. de Balzac, Annette et le criminel,t. 1, 1824, p. 48.
27. Sur une habitation américaine que gouverne un maître humain et généreux, de nombreux esclaves s'empressent à recueillir la cerise du café; les enfants la précipitent dans des bassins d'une eau pure; ... [A noter que s'empresser à signifie ici « accourir en foule pour ».] F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 297.
28. Pour danser d'autres bals elle [la jeune fille] était encore prête Tant la mort fut pressée à prendre un corps si beau! V. Hugo, Les Orientales,1829, p. 177.
29. Elle partit dès le lendemain, et, sur le seuil, comme il essayait à la retenir, elle répliqua : ... G. Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 125.
30. En 1837, à Lausanne, j'ai côtoyé le calvinisme et le méthodisme, et j'ai dû m'efforcer à l'intéresser. Ch.-A. Sainte-Beuve, Pensées et maximes,1869, p. 48.
B.− À introduit le complément indirect dans une double construction
1. À + subst. de l'animé, compl. d'attrib. (le compl. dir. est gén. de l'inanimé)
a) Apr. des verbes signifiant « donner », « acheter », « promettre », « envoyer » ou leurs anton. :
abandonner qqc. à qqn accorder, acheter, adjuger, adresser, allouer, asséner, assigner, attribuer, bailler causer (causer des ennuis à qqn) céder, communiquer, compter, concéder, conférer, confier, consacrer, consentir, décerner, destiner, devoir, dispenser, disputer, donner, envoyer, expédier, fournir, garantir, infliger, inoculer, jeter, laisser, léguer, ménager, offrir, pardonner, payer, prêter, porter, procurer, prodiguer, promettre, racheter, rapporter, remettre, rendre, renvoyer, reporter, représenter, retourner, rétrocéder, rogner, sacrifier, servir susciter (susciter des ennuis à qqn) tendre, transmettre, Anton. : arracher, dérober, enlever, ôter, prendre, ravir, refuser, retirer, soustraire, voler
31. Je ne crois pas interrompre l'ordre de mon récit en consacrant encore quelques pages à mes amis. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 266.
32. Nommé curé de la paroisse Sainte-Croix-Saint-Ouen à Rouen, le Père Du Breuil y jouissait de l'estime et de l'affection universelles, lorsque cette malheureuse imprudence commise par d'autres, et dont il fut l'innocente victime, vint l'enlever à son troupeau. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 175.
33. ... son amitié pour Lamartine, son aptitude naïve à prêter de la noblesse à des politiciens radicaux. M. Barrès, Mes cahiers,t. 13, juin 1920-janv. 1921, p. 6.
Cf. avec un compl. dit « de prix » :coûter (des efforts à qqn) valoir (des soucis à qqn)
Rem. Les verbes signifiant « ôter » se construisent par ailleurs avec de suivi d'un subst. de l'inanimé : arracher qqc. de qqc., ôter qqc. de qqc.
b) Apr. des verbes signifiant « dire », « enseigner », « commander » ou leurs anton. :
affirmer,annoncer, apprendre, avancer, cacher, celer, certifier, commander, communiquer, confesser, confier, conseiller, crier, défendre demander, dérober, dévoiler, dire, dissimuler, écrire, enseigner, imputer, inculquer, insinuer, inspirer, interdire, jurer lire, mander, montrer, nommer, notifier, objecter, ordonner, pêcher, prédire, prescrire, prononcer, prouver, raconter, rappeler, réciter, redire, remémorer, répéter, reprocher, révéler seriner, signifier, souffler, soutenir, suggérer, télégraphier, téléphoner, témoigner, vanter
34. Elle te dit tout ce que doit dire une mère à une fille chérie. H. de Balzac, Correspondance,1821, p. 115.
35. Demande-le aux mères, qui n'osent plus laisser sortir seuls leurs fils lorsqu'ils ont un visage agréable; demande-le surtout à Abbas-Pacha qui, pendant mon séjour au Kaire, fit faire à Boulaq une razzia d'enfants. M. du Camp, Le Nil, Égypte et Nubie,1854, p. 40.
c) Apr. des verbes signifiant « fabriquer » ou son contraire :
briser, casser, confectionner, construire, fabriquer, faire
d) Dans la constr. verbe + à + qqn + de + inf. − A côté de la constr. verbe + qqc. à qqn, de nombreux verbes cités ci-dessus peuvent avoir la constr. verbe + à qqn + de + inf.; elle présente une nette anal. avec la précédente : de + inf. joue le rôle du compl. dir. de l'inanimé; seule est changée la position du compl. d'attrib. de l'animé introd. par à :
accorder qqc. à qqn / accorder à qqn de + inf. ommander qqc. à qqn / commander à qqn de + inf. conseiller qqc. à qqn / conseiller à qqn de + inf. crier qqc. à qqn / crier à qqn de + inf. défendre qqc. à qqn / défendre à qqn de + inf. demander qqc. à qqn / demander à qqn de + inf. devoir qqc. à qqn / devoir à qqn de + inf. dire qqc. à qqn / dire à qqn de + inf. écrire qqc. à qqn / écrire à qqn de + inf. garantir qqc. à qqn / garantir à qqn de + inf. inculquer qqc. à qqn / inculquer à qqn de + inf. interdire qqc. à qqn / interdire à qqn de + inf. jurer qqc. à qqn / jurer à qqn de + inf. mander qqc. à qqn / mander à qqn de + inf. notifier qqc. à qqn / notifier à qqn de + inf. offrir qqc. à qqn / offrir à qqn de + inf. ordonner qqc. à qqn / ordonner à qqn de + inf. pardonner qqc. à qqn / pardonner à qqn de + inf. prescrire qqc. à qqn / prescrire à qqn de + inf. promettre qqc. à qqn / promettre à qqn de + inf. redire qqc. à qqn / redire à qqn de + inf. refuser qqc. à qqn / refuser à qqn de + inf. reprocher qqc. à qqn / reprocher à qqn de + inf. seriner qqc. à qqn / seriner à qqn de + inf. signifier qqc. à qqn / signifier à qqn de + inf. suggérer qqc. à qqn / suggérer à qqn de + inf. télégraphier qqc. à qqn / télégraphier à qqn de + inf. téléphoner qqc. à qqn / téléphoner à qqn de + inf. valoir qqc. à qqn / valoir à qqn de + inf.
36. Mais à cinq heures, voyant le péril de Wellington, Blucher ordonna à Bulow d'attaquer et dit ce mot remarquable : « Il faut donner de l'air à l'armée anglaise. » V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 405.
37. Je reproche à Hugo de manquer de sens critique, de discipline critique, de goût de vérité, de besoin de propreté dans les choses historiques, ... M. Barrès, Mes cahiers,t. 12, 15 janv.-30 juin 1919, p. 4.
38. ... elle demanda à la comtesse De Coantré, sa mère, d'accompagner l'enfant Alban. H. de Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 385.
Rem. 1. Concurrence à / de. − Certains verbes présentent par ailleurs une constr. double avec de. La différence de constr. va de pair avec une différenciation sém. : dispenser qqc. à qqn « donner » / dispenser qqn de qqc. « exempter » fournir qqc. à qqn / fournir qqn de qqc. garantir qqc. à qqn / garantir qqn de qqc. payer qqc. à qqn / payer qqn de qqc. servir qqc. à qqn / servir de qqc. à qqn Qq. verbes de la forme pronom. constr. avec de admettent un compl. d'attrib. introd. par à : s'ouvrir à qqn de qqc. se plaindre à qqn de qqc. s'en prendre à qqn de qqc. se rapporter à qqn de qqc. se recommander à qqn de qqn
Rem. 2. Genre du compl. dir. − Le compl. dir. est gén. de l'inanimé. Un certain nombre de verbes, cependant, appellent indifféremment un compl. dir. de l'inanimé ou de l'animé : abandonner qqn (ou qqc.) à qqn adresser qqn (ou qqc.) à qqn annoncer qqn (ou qqc.) à qqn confier qqn (ou qqc.) à qqn envoyer qqn (ou qqc.) à qqn présenter qqn (ou qqc.) à qqn ravir qqn (ou qqc.) à qqn vanter qqn (ou qqc.) à qqn
2. À + subst. de l'animé, compl. d'agent dans une tournure factitive
a) [Apr. faire. − À l'emporte sur par apr. les verbes subjectifs ou dans des phrases où l'agent ne joue pas véritablement de rôle actif :]
(Personne) n'avait fait ressentir à Don Cesare (...) des sentiments aussi vifs.ces visions faisaient (...) désirer à tous la libération.Le déferlement de razzias ... faisait perdre aux Templiers leurs terres ...(des histoires) qui faisaient hocher la tête aux vieilles gens.Comment ferez-vous avaler cela à vos parents?(Elle) fait quitter le lycée à ses enfants.Tu fais boire ce jus de tomate à ton fils?(un grand seigneur) qui fait visiter ses domaines à un croquant.(Il) fait faire à son adversaire un merveilleux saut.
Except., l'agent est de l'inanimé :
... (Le danger que ce parti) faisait courir à l'unité de la nation.... (pour) faire rendre à la terre de nouvelles richesses.
Les manifestants ... font suivre aux machines le même chemin. (E. Spang-Hanssen, Les Prépositions incolores du français moderne, pp. 129-133).
b) [Apr. laisser, la tournure est arch.]
À + subst. de l'inanimé :
39. ... s'il ne fit pas arrêter Céluta, c'est qu'il se laissa fléchir aux larmes d'Adélaïde. F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, XX, p. 142.
40. Il avait son ordre secret pourtant; je me suis laissé un peu trop décevoir peut-être à sa pure grâce de causeur et d'écrivain : quelques points sont à reprendre. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 257.
À + subst. de l'animé :
41. ... mais j'étais trop timide d'un côté, trop exalté de l'autre, pour me laisser séduire à des filles de joie. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 164.
c) La tournure est également possible apr. les verbes de perception :
entendre dire à qqn que... voir faire la même chose à qqn
Cf. par et inf., hist. II A 3 a.
3. À + subst. de l'inanimé
a) [Apr. les verbes d'« attribution » :]
adjoindre qqc. à qqc.apporter qqc. à qqc.consacrer qqc. à qqc.donner qqc. à qqc.fixer un délai à qqc.
42. Le délai que je fixe à leur divulgation m'en est un assez sûr garant. P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 9.
43. Je veux adjoindre à nos efforts, mettre au service de la France les forces morales pour tenir en échec les forces économiques, les forces bestiales coalisées contre nous. M. Barrès, Mes cahiers,t. 13, juin 1920-janv. 1921, p. 3.
44. Quelque réponse qu'apporte la suite des événements à cette question passionnante, l'honneur de l'école française restera sauf. H. Bremond, Hist. du sentiment religieux en France, t. 3, 1921, p. 513.
45. Ils donnent à leur toilette les derniers soins. M. Achard, Voulez-vous jouer avec moâ,1924, I, 1, p. 23.
Cf. aussi intéresser qqn à qqc. :
46. ... pour intéresser un Anglais à une guerre, rien de tel que de lui suggérer qu'elle ressemble à un match de boxe. A. Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 10.
b) [Apr. les verbes signifiant « mettre », « poser », « unir », « comparer » :]
allier qqc. à qqc.annexer qqc. à qqc.assimiler qqc. à qqc.associer qqc. à qqc.comparer qqc. à qqc.confronter qqc. à qqc.coudre qqc. à qqc.fixer qqc. à qqc.incorporer qqc. à qqc.joindre qqc. à qqc.lier qqc. à qqc.mêler qqc. à qqc.proportionner qqc. à qqc.rapporter qqc. à qqc.réduire qqc. à qqc.relier qqc. à qqc.subordonner qqc. à qqc.substituer qqc. à qqc.
c) [Apr. les verbes :]
borner qqc. à qqc.limiter qqc. à qqc.objecter qqc. à qqc.répliquer qqc. à qqc.rétorquer qqc. à qqc.
47. Jusqu'ici, il avait su limiter sa curiosité à des tentatives prudentes, à des demi-avances qui n'engagent pas le partage de l'être. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 255.
4. À + inf. (ou subst. d'action), compl. de destination
a) Le compl. dir. est un subst. de l'animé : il est « suj. » de l'inf. ou éventuellement du subst. d'action
[Apr. des verbes exprimant l'appel à l'action :]
amener qqn à faire qqc.appeler qqn àautoriser qqn àconduire qqn àconvertir qqn àconvier qqn àdécider qqn àdestiner qqn àdéterminer qqn àencourager qqn àengager qqn àexciter qqn àexhorter qqn àgagner qqn àinduire qqn àinviter qqn àporter qqn àpousser qqn àvouer qqn à
48. Ceux qui conduisent les hommes à la conquête des choses n'ont que faire de la justice et de la charité. J. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 9.
49. Vous qui vivez auprès d'elle, vous savez combien je la vois rarement, combien sa présence m'enchante, et je suis touchée que vous m'invitiez à venir la voir. Colette, La Naissance du jour,1928, p. 5.
Cf. en emploi absolu :
50. − C'te question! fit-elle avec mépris, mais non d'une façon définitive, comme si elle eût tenté de lui imposer le silence. Au contraire, sa voix invitait à une réplique. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 10.
[Apr. des verbes exprimant la contrainte :]
assigner qqn à faire qqc.astreindre qqn àcommettre qqn à (arch.)condamner qqn àcontraindre qqn àemployer qqn àforcer qqn àobliger qqn àoccuper qqn àréduire qqn àrésoudre qqn àutiliser qqn à
51. ... ils me reprochaient la faute de ma mère, et voulaient me forcer à rougir d'elle ... G. Sand, La Petite Fadette,1840, XVIII (Rob.).
[Apr. des verbes exprimant la préparation à l'action :]
aider qqn à faire qqc.dresser qqn àendurcir qqn àentraîner qqn àexercer qqn àformer qqn àhabiliter qqn àhabituer qqn àinitier qqn àpréparer qqn àstyler qqn à
52. Je n'aiderai personne à contempler ce qui s'attache de splendeur, dans mon souvenir, aux cordons rouges d'une vigne d'automne que ruinait son propre poids, cramponnée, au cours de sa chute, à quelque bras de pin. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 8.
53. En effet, alors qu'on le préparait à sa première communion, Mmede Coantré avait donné à son petit-fils l'édition pour la jeunesse de Quo Vadis et depuis ce temps Alban était Romain. H. de Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 385.
[Apr. le verbe laisser. − Laisser est gén. suivi de l'inf. sans prép. (laisser qqn travailler). Cependant, quand l'inf. est un verbe d'entendement, la constr. avec à est possible :]
je vous laisse à imaginer l'étrange nouvelleje vous laisse à entendre ce que ...je vous laisse à penser la ...je vous laisse à deviner qui ...
b) Le compl. dir. (gén. de l'inanimé) est simultanément obj. du verbe et de l'inf.
Type avoir qqc. à faire :
il n'a pas encore grand effort à faireil avait une revanche à prendreAvez-vous d'autres informations à me demanderquand il a une colère à cuversi j'avais un conseil à vous donneravaient toutes leurs études à complétern'aurait jamais assez de jours à vivre pouril avait le tramway à prendrecomme si elle avait eu une faute à se faire pardonnerpeut-être aurons-nous du nouveau à raconterquand j'aurai de l'argent à dépenserqu'il a bien d'autres gens à haïrje n'ai plus que mon chapeau à il n'avait que la cour à traverservous n'avez qu'un mot à direje n'ai plus que ma robe à enfileril n'avait qu'un signe à faireil n'eut plus que sa femme de chambre à aimeril n'a que de mauvais coups à récoltercomme j'avais à le craindrej'ai exactement tout à apprendrej'avais encore tout à connaîtren'avoir rien de mieux à faire qu'àn'a pas autre chose à faireont toujours quelque chose à demandera quelque chose à faire savoir...
(cf. Sandf. t. 3, 1943, § 203).
Rem. Le compl. de l'inf., qui s'interprète aussi bien comme le compl. de avoir, peut se placer soit apr. avoir, soit apr. l'inf. Une nuance de signif. sépare cependant ces 2 types de constr. : avoir de l'argent à dépenser signifie « posséder de l'argent que l'on peut dépenser »; avoir à dépenser de l'argent signifie « devoir dépenser de l'argent ». La forme négative accentue cette oppos. : n'avoir pas d'argent à dépenser/n'avoir pas à dépenser d'argent.
Type trouver qqc. à faire :
elle trouva d'emblée la phrase à direpour trouver des noms à donner à ...
cf. mettre du linge à sécher/mettre à sécher du linge : le compl. dir. est « suj. » de l'inf.
Type laisser qqc. à faire (laisser à qqn qqc. à faire). Laisser admet la double constr. lorsqu'il signifie « laisser derrière soi, abandonner... » (sens concr.) :
elle ne laissait rien à direil laissait à louer cette propriétéavant de te laisser à développer en toi-même la leçon ...
Type donner qqc. à faire (avec insertion possible d'un compl. d'attrib. donner à qqn qqc. à faire) :
pour la donner à traduiredonner du fil à retordredonne-les-moi donc à porterdonne ça à composerdonnez-moi des pommes de terre à éplucheret donne son enfant à soignerje donnerais mon poing à couperdonner un os à rongerje donne à garder mon muletlui donnais à feuilleter mes brochuresavant de lui donner à lire deux lettreson lui donna juste à recopier quelques rapportsil donnait à entendre queil nous donne à penser que
c) Le compl. dir. est de l'inanimé; il n'est ni « suj »., ni obj. de l'inf. :
ils mettent leur élégance à ne pas se montreril mit pareille patience à parfaire ...il ne mettait donc aucune bonne volonté à fournir ...elle mettait tout son orgueil à faire reconnaître ...il mit tous ses efforts à me maintenir ...ils mettaient bien du temps à pousser ...il mit quelques instants à comprendreil mit plus de vingt ans à retrouver ...il mit une semaine à mourirconsacrer du temps à faire qqc.dépenser son existence à faire fortunedépenser une partie de son argent à décorer ...employer cette demi-heure à visiter ...utiliser ses connaissances à faire ...attacher le plus grand prix à démontrer ...
(cf. Sandf. t. 3, § 231).
54. Christophe avait passé la moitié de la nuit à achever un travail insipide de transcription musicale... R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1089.
d) Loc. avoir à, trouver à, donner à, laisser à (sans compl. dir)
Avoir à. − Marque l'obligation. (Empl. le plus souvent en tournure négative ou restrictive) :
j'ai à parler à qqnje puis avoir à parler à qqnje n'ai pas à entrer dans ces considérationsje n'ai plus qu'à revenirils n'ont pas à craindre une bévuevous n'aurez pas beaucoup à patienterelle a beaucoup à grandiron n'eut pas longtemps à attendreelle n'a pas longtemps à vivrequi avait encore deux ans à courirelle n'a que cinq minutes à resterj'ai quatre jours à rester absentqui ait encore eu bien longtemps à faire semblant dej'en ai pour trois nuits à rêver dej'en ai pour toute la journée à travailler
(cf. Sandf. t. 3, § 195-202).
55. Je vous dédie ce livre, mon cher maître, comme j'ai dédié « Lorely » à Jules Janin. J'avais à le remercier au même titre que vous. G. de Nerval, Les Filles du feu,1854, p. 491.
Trouver à (le compl. de l'inf. n'est pas compl. du verbe trouver) :
jamais elle ne trouvera à les marierelle avait trouvé à s'employerque vous trouviez à vous distraireelle trouva vite à se consolersi je trouvais à vendresi vous trouvez à conclureon n'avait jamais trouvé à dire sur ...il trouvait toujours à dire que
Donner à :
angoisses (qui) donnent trop à souffrirune livre (qui) donne fort à pensermieux que ces vers ne donnent à croirelui donne à choisir entreécrits qui donnent à rire ou à pleurernous donna beaucoup à réfléchirne lui donnait d'ailleurs à réfléchirqui donne à aimerqui donnent à dînerelle donnait à vivrem'a donné à penser
(cf. Sandf. t. 3, § 163).Pour donner à manger, donner à boire à qqn, donner à téter, cf. Sandf. t. 3, § 203.
Laisser à :
la solution laisse à désirerson attitude laisse à penser
C.− À entre dans la construction d'une locution verbale
1. Loc. verbales contenant la prép. à
a) À + subst. non actualisé :
à bail (avoir, mettre, prendre, tenir)à bout (être, mettre, pousser)à charge (avoir, être, prendre)à cœur (avoir, prendre)à cheval (être, monter, aller)à cran (être, mettre)à crime (imputer)à égalité (être, arriver)à faveur (avoir)à flot (être, mettre)à gage (avoir)à genoux (être, mettre)à honneur (avoir, tenir)à injure (tenir)à jour (mettre)à mal (tenir, tourner)à mépris (avoir, tenir)à part (être, mettre)à partie (prendre)à poil (être, mettre) (vulg.)à tâche (avoir, prendre)à terme (être, arriver, mener)
Pour aller à bicyclette / aller en bicyclette, cf. en.
56. ... nous n'abuserons pas de nos avantages, de peur qu'en pressant trop l'évidence, nous ne finissions par jeter les ennemis du Christianisme dans l'obstination, dernier refuge de l'esprit de sophisme poussé à bout. F.-R. de Chateaubriand, Le Génie du Christianisme,1803, p. 119.
b) À + subst. actualisé
[Apr. le verbe être :]
aux abois (être)à l'affût (être)aux anges (être)à l'article de la mort (être)à l'avenant (être)au beau (être)aux cent coups (être)au comble (être)au complet (être)aux côtés de (être)à la dérive (être)au diapason (être)à l'écoute (être)aux écoutes (être)à la hauteur (être)au mieux (être)à la mode (être)aux ordres de (être)au pain et à l'eau (être)au poil (être) (fam.)à la renverse (être)à la six quatre deux (être) (fam.)à l'unisson (être)
[Apr. le verbe être commutant avec mettre :]
à l'abri (mettre / être)à l'aise (mettre / être)à l'épreuve (mettre / être)au fait (mettre / être)à la page (mettre / être)à la porte (mettre / être)au supplice (mettre / être)à la charge de (mettre / être)au courant (mettre / être)à son aise (mettre / être)à son compte (mettre / être)à sa place (mettre / être)à sa merci (être / réduire)
57. S'il n'avait été engourdi par le sommeil, il eût mis l'homme à la porte; ... R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1090.
[Apr. mettre, prendre, tirer, etc. :]
à l'actif de (mettre, porter)au clair (mettre, tirer)au compte de (mettre, porter)à la courte paille (tirer)au défi (mettre)au dépourvu (prendre)à l'évidence (se rendre)à ses fins (arriver)au flanc (tirer) (fam.)aux mains (en venir)à l'ordre (rappeler)à la raison (appeler, mettre)à la rigolade (prendre) (fam.)au sérieux (prendre)au sort (tirer)à sa tête (en faire)aux voix (mettre)
2. À introduit le compl. d'une loc. verbale
a) À + subst.
Le subst. de la loc. verbale n'est pas actualisé :
avoir accès à qqc.avoir affaire à qqnavoir foi à qqc. (vx)ajouter créance à qqc.demander conseil à qqndemander pardon à qqndire adieu à qqndonner assaut à qqc.donner audience à qqndonner carrière à qqc.donner congé à qqndonner cours à qqc.donner ordre à qqnfaire affront à qqnfaire allusion à qqnfaire appel à qqnfaire attention à qqc.faire concurrence à qqnfaire confiance à qqnfaire crédit à qqnfaire honneur à qqnfaire mal à qqnfaire plaisir à qqnfausser compagnie à qqnporter bonheur à qqnprendre goût à qqc.prendre plaisir à qqc.prêter assistance à qqnrendre grâces à qqn
58. Il revint avec des bonds de cœur, en s'accusant d'avoir douté d'un frère, en priant pour sa conversion à l'entière vérité, en ayant foi plus que jamais à l'union définitive des hommes. Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 171.
59. La preuve en est que nul ne dépensait plus largement, quand l'intérêt du pays était en jeu. Au reste, faisant confiance à ses agents et leur demandant rarement des comptes. R. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 193.
Le subst. de la loc. est actualisé :
brûler la cervelle à qqnclouer le bec à qqncouper le chemin à qqndonner l'accolade à qqndonner l'assaut à qqc.donner le branle à qqc.donner le change à qqndonner la chasse à qqn, qqc.donner son compte à qqndonner un coup de main à qqndonner un coup d'œil à qqc., qqnfaire un accroc à qqc.faire son affaire à qqnfaire un affront à qqnfaire ses amitiés à qqnfaire la barbe à qqnfaire la charité à faire ses compliments à qqnfaire la conversation à qqnfaire la cour à qqnfermer la bouche à qqnmettre le comble à qqc.mettre le feu à qqc.renvoyer la balle à qqnriver son clou à qqn (fam.)rogner les ailes à qqnsouhaiter la bienvenue à qqntordre le cou à qqn
b) À + inf.
Le subst. de la loc. verbale n'est pas actualisé :
avoir avantage à refuseravoir mauvaise grâce à insisteravoir grand'peine à faire asseoiravoir intérêt à connaîtreavoir peine à croire queavoir plaisir à pardonneravoir propension à critiqueravoir scrupule à marcheravoir tendance à penserdonner matière à jaserprendre plaisir à observertrouver joie à parcourirtrouver matière à ne pas désespérer
60. Vous m'avouerez cependant que j'aurais bien mauvaise grâce à vouloir lutter d'agréments contre Sainval, par exemple, qui n'a pourtant que deux ans moins que moi. T. Leclercq, La Scène double,1835, I, p. 346.
61. Je goûte toujours grande joie à supprimer tout l'inutile. Mes corbeilles à papier s'emplissent de « repentirs » qui, maintenus, eussent paru du foisonnement; ... [plus cour. : goûter une grande joie à] A. Gide, Journal,1930, p. 963.
Le subst. de la loc. verbale est actualisé :
n'avoir pas de difficultés à se trouveravoir une disposition à s'enrhumeravoir des difficultés à passeravoir de la facilité à apprendreavoir une grande facilité à parlern'avoir plus de goût à joueravoir de la joie à mortifier ...avoir du mal à comprendreavoir beaucoup de mal à rejoindre ...avoir de la peine à croire ...avoir beaucoup de peine à faire qqc.avoir du plaisir à faire qqc.avoir une propension à mentiravoir de la propension à critiqueravoir une tendance à accepter ...avoir une certaine tendance à penser que ...avoir une petite tendance à prendre ...éprouver une joie à prendre possession de ...fournir un prétexte à ne rien fairemontrer un réel plaisir à accepterse réserver du plaisir à faire qqc.trouver de la joie à sentir ...
D.− introduit un complément de lieu (de nature ponctuelle)]
1. [Le compl. de lieu est indispensable au sens du verbe]
a) [Apr. des verbes marquant un déplacement (réel ou fig.) du suj.]
[Verbes constr. avec à (ou une prép. équivalente), mais excluant de]
aborder àaboutir àaccéder àaccoster àaller àconfiner àcourir àentrer àpasser àpénétrer àse cogner àse heurter àse réfugier àse rendre àtendre às'arrêter àatteindre au port (vx)avancer au combat (vx)marcher à la victoire
62. Partons maintenant, dit Corinne, et retournons à la ville. G. de Staël, Corinne,t. 2, 1807, p. 84.
63. Deux mois plus tard, par une après-midi grise et douce de novembre, MmeCaroline monta à la salle des épures, tout de suite après le déjeuner, pour se mettre au travail. É. Zola, L'Argent,1891, p. 219.
Rem. Parmi ces verbes, les uns expriment le mouvement sans plus, auquel la prép. à confère une direction (ex. passer). Les autres signifient par eux-mêmes le mouvement et le terme de ce mouvement, signification que à se borne à confirmer (ex. accéder à). Avec les verbes imperf. aller, courir..., à peut être renforcé par jusqu(e). Constr. avec la prép. de, approcher et se rapprocher constituent la seule exception à cette classe de verbes. Ils reflètent une représentation mentale qui consiste à poser l'idée d'un repère av. celle du mouvement qui y conduit, à l'encontre des verbes comme atteindre à qui envisagent d'abord le mouvement, et ensuite son terme. S'approcher de signifie un mouvement en direction d'un point, de manière à être près de ce point; la première idée est trad. par le préverbe a, la seconde par la prép. de (cf. sup. I A 1, rem. 1, l'analyse de échapper à).
[Verbes constr. tantôt avec à (ou une prép. équivalente), tantôt avec de. L'oppos. « approche »/« éloignement » est trad. par le jeu des prép. :
arriver à / departir à / derevenir à / des'en aller à / detomber à / de
b) [Apr. des verbes dits de « position ». − Ces verbes excluent de; la prép. à marque une réf. à l'espace, indépendamment de toute idée de direction]
demeurer àêtre àhabiter àrester às'arrêter à (au sens de « habiter »)vivre à
64. Très ennuyé, l'ancien beau résistait, lorsque Hourdequin, apprenant de Macqueron que plusieurs des conseillers municipaux étaient à la mairie, où ils l'attendaient depuis une demi-heure, dit en homme sans gêne : − C'est ça, allez donc voir l'église... É. Zola, La Terre,1887, p. 158.
c) [Apr. des verbes à double constr. marquant un déplacement ou l'accompagnement]
accrocher qqc. à qqc.accompagner qqn à la gareappliquer qqc. à qqc.attirer qqc. à soiconduire qqn à la gareétendre qqc. à qqc.placer qqc. à la banqueramener qqn à la maisonramener qqc. à soisuspendre qqc. à qqc.traîner qqn au supplice
65. Chacune de ces habitudes d'obéir exerce une pression sur notre volonté. Nous pouvons nous y soustraire, mais nous sommes alors tirés vers elle, ramenés à elle, comme le pendule écarté de la verticale. H. Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion,1932, p. 2.
Cf. en emploi absolu :
66. J'ai voulu que l'expérience conduise où elle menait, non la mener à quelque fin donnée d'avance. Et je dis aussitôt qu'elle ne mène à aucun havre (mais en un lieu d'égarement de non-sens). G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 17.
2. [Compl. circ. propr. dit] :
67. Plus loin, à l'orient, au bas de la montagne que domine la Wartbourg, et entre cette montagne et l'ancienne chartreuse consacrée à la Sainte en 1394, on voit se déployer une vallée charmante arrosée par un paisible ruisseau qui coule au milieu de prairies pleines de roses et de lis; ... Ch. de Montalembert, Hist. de Sainte Elisabeth de Hongrie,1836, p. 111.
68. Quelques personnes, au balcon et à l'orchestre, attendaient, perdues parmi les fauteuils de velours grenat, dans le petit jour du lustre à demi-feux. É. Zola, Nana,1880, p. 1095.
Rem. 1.− Concurrence à / en ou une autre prép. locale (cf. hist. I A 3). La prép. en n'alterne avec à que devant certains subst. fém. et qq. subst. masc. à initiale vocalique qui ne sont pas incompatibles avec l'idée d'intériorité. L'art. livre en combinaison avec à une valeur de détermination, celle de généralité étant fournie par en qui exclut l'art.; on notera que la prép. en figure essentiellement dans des syntagmes plus ou moins figés : il travaille à l'usine (de chez Renault) / il travaille en usine à l'appartement / en appartement à la Bourse / en Bourse à la campagne / en campagne à la cour / en cours d'assises à la face / en face à la faculté / en faculté à la gare / en gare à l'hôtel / en hôtel à la maison / en maison de à la mer / en mer à la place de / en place à la prison / en prison à la tête / en tête à l'usine / en usine à la ville / en ville On notera également l'oppos. à l'air / en l'air, où le maintien de l'art. apr. en fait exception à la règle et où en l'air s'oppose à sur le sol ou en mer, tandis que à l'air s'oppose à enfermé dans, à l'intérieur de. La présence de à dans les 2 ex. suiv. est tout à fait insolite; le sens « à l'intérieur de » entraîne normalement l'emploi des prép. en ou dans : 69. On se prêtait ces petits livrets; chacun transcrivait à la marge de son exemplaire les mots, les paraboles qu'il trouvait ailleurs... E. Renan, Vie de Jésus, 1863, p. LVI. 70. ... l'abbé se rappela qu'un jour il avait croisé les jambes, à la classe. É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1302. L'alternance de la prép. à avec des prép. de sens concr. telles que dans, sur, vers, contre, est possible, surtout dans l'expr. des relations spatiales les plus concr.; mais à tend à se maintenir devant les subst. précédés de l'art. sing. de la généralité, en partic. lorsqu'ils sont pris dans un sens abstr., et dans des groupes qui se situent à la limite de la loc. verbale : être à la rue / être dans la rue; à la cuisine / dans ma cuisine; à l'usine / dans cette usine; au cœur / dans mon cœur. Par arch., la prép. à apparaît dans des énoncés où l'on attendrait auj. des prép. de sens concr.; peut-être est-elle ressentie comme vieillie dès le xixes. : À pour dans : 71... les frères Almagrurins, de Lisbonne, pénétrèrent, dit-on aux terres les plus reculées de l'Occident. F.-R. de Chateaubriand, Voyage en Amérique, en France et en Italie, t. 6, préf., 1827, p. XLII. 72. Vous autres hérétiques, vous n'avez point foi aux reliques? P. Mérimée, Chronique du temps de Charles IX, 1829, p. 106. 73. Il [le cardinal de Retz] passait ses jours aux églises... F.-R. de Chateaubriand, Vie de Rancé, 1844, p. 127. 74. Ce bonhomme... ôta sa pipe de sa bouche... et le mettant à sa poche : − Si le curé risque sa peau, dit-il, je risque la mienne! O. Feuillet, Hist. de Sibylle, 1862, p. 97. À pour sous : 75. ... vous paraissez déterminée à passer une partie de l'hiver à notre beau soleil de Provence. P. Mérimée, Lettres à une autre inconnue, 1870, p. 53. À pour sur : 76. ... quand nous sommes assis en plein air autour du feu, les cheveux m'en dressent à la tête, des aventures qu'elle nous conte. P. Mérimée, Chronique du temps de Charles IX, 1829, p. 24. 77. ... il [Charles X] s'en est allé avec une ère entière du monde; la poussière de mille générations est mêlée à la sienne; l'histoire le salue, les siècles s'agenouillent à sa tombe... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 572. 78. La foule noire et serrée sur les perrons se dispersait aux trottoirs blancs... A. Daudet, Le Nabab, t. 2, 1877, p. 244. À pour vers : 79. La façade de la basilique de Tyr, construite vers l'an 313, était dirigée à l'orient. A. Lenoir, Architecture monastique, t. 1, 1852, p. 95.
Rem. 2. À / chez, auprès de, vers (cf. aussi hist. II A 3). − La prép. à ne construit pratiquement plus, dans le sens local, un subst. de l'animé. Cependant on trouve au xixes. : À pour chez (devant un subst. au plur.) : 80. Rien de tout cela aux peuples de la solitude : leur nom n'est point écrit sur les arbres;... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 308. 81. Un beau jour, il mourut subitement; on courut chercher son fils unique qui étudiait aux Jésuites. P. Mérimée, Portraits historiques et littéraires, 1870, p. 156. À pour auprès de : 82. Tenez, informez-vous à votre prédécesseur de ce que vous avez à faire. P. Mérimée, Théâtre de Clara Gazul, 1825, p. 379. 83. Les enfants (...) étaient demeurés tranquillement assis devant la table (...) MmeFaujas s'était arrêtée un instant à chacun d'eux, les dévisageant comme pour pénétrer d'un coup dans ces jeunes têtes. É. Zola, La Conquête de Plassans, 1894, p. 909. − À pour vers 84. L'inconnue ... courut à cet homme, qui parut la comprendre à demi-mot. P. Mérimée, Arsène Guillot, 1847, p. 87. À s'est maintenu dans la loc. envoyer au diable et, en lang. fam., dans aller au coiffeur (pour chez le coiffeur). Rem. 3. À introduit un topon. − Se construisent avec à : Les n. de pays (ou de régions du globe) masc. et à initiale consonantique (contrairement aux n. de pays fém. et aux n. de pays masc. à initiale vocalique qui se construisent avec en) : au Honduras, au Maroc, au Luxembourg, en France, au Monténégro, au Proche-Orient, en Espagne, en Israël, en Orient. Certains n. de régions (du masc. et à initiale consonantique) dont les locuteurs connaissent mal le statut pol. (par oppos. aux n. de provinces, de départements, etc. introd. par en ou par dans) : au Bénin au Biafra au Coromandel au Fayoum au Gandhara au Kasaï au Kashmir au Katanga au Texas H. Glättli (cf. bbg. op. cit. p. 137) note une tendance toute récente à mettre au devant les n. de provinces masc. restés d'un usage cour. (au Languedoc, au Périgord). Les n. de pays et d'îles au plur. : aux Antilles aux Baléares aux États-Unis aux Indes Qq. n. fém. de grandes îles précédés de l'art. déf. : à la Guadeloupe à la Martinique à la Nouvelle-Amsterdam à la Réunion Les n. d'îles empl. sans art. : à Bornéo à Ceylan à Chio à Cuba à Haïti à Java à Madagascar à Minorque à Noirmoutier à Nouméa à Ouessant à Terre-Neuve Pour l'île d'Elbe, de Ré, de Sein, on dit à l'île de (ou dans l'île de). Les n. de villes (empl. sans art., à moins que l'art. ne fasse partie du n. lui-même : La Rochelle, Le Mans) : à Paris à Florence à Londres Noter l'usage (région.?) en Avignon pour à Avignon. On trouve encore au xixes. à + art. fém. ou à + art. élidé au lieu de en devant des n. de pays (ou de régions du globe) : 85. Après l'insurrection de la Morée, en 1770, des familles grecques se réfugièrent à la Floride : ... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 335. 86. La peste noire du xivesiècle, connue sous le nom de la mort noire, prit naissance à la Chine : ... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 60. 87. Je ne croyais pas que l'on peignît si bien à la Chine... P. Mérimée, Lettres aux Grasset, 1870, p. 60. 88. Il l'enverra à l'hôpital et peut-être à l'Amérique. J'en suis fâché pour elle. C'était une jolie fille. A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 222. 89. J'étais le plus jeune et le plus turbulent; mon père disait, par plaisanterie, qu'il faudrait m'envoyer à l'Amérique faire le flibustier... Id., Les Dieux ont soif, 1912, p. 179. On notera aussi : 90. M. Eugène Delacroix, dans son voyage à Maroc... P. Mérimée, Études sur les arts au Moyen Âge, 1870, p. 16. Rem. 4. À dans les loc. adv. de lieu. − A la différence des autres compl. circ., les groupes sans art. introd. par à sont peu nombreux : à bord, à côté, à distance, à droite, à gauche, à main gauche, à bon port, à proximité, à quai, à terre, à table. Le poss. ou l'art. déf. peuvent s'introd. dans quelques-unes de ces loc. : à son bord, à son côté, à ses côtés, au côté de, etc. A noter les loc. adv. : bout à bout corps à corps face à face seul à seul terre à terre tête à tête vis à vis La prép. à sert à introd. de nombreuses loc. prép. de sens spatial : Rem. 5. La prép. à sert à introd. de nombreuses loc. prép. de sens spatial : à l'abri de à l'adresse de à l'approche de à la barbe de à l'encontre de au bout de au bras de au centre de au cœur de au coin de au dedans de au delà de à l'endroit de à l'entour de à l'entrée de à l'issue de au haut de au milieu de au pied de au sein de au sortir de aux yeux de à l'ombre de à la place de à la sortie de à la tête de au devant de au dos de aux environs de au fond de au fort de au front de Certaines connaissent l'alternance à sans art. / à + art. : à flanc de + subst. / au flanc de + art. + subst. à ras de + subst. / au ras de + art. + subst. à travers + subst. / au travers de + art. + subst. Cf. aussi sans art. à fleur de 91. Le soleil se couchait et nous marchions depuis longtemps dans l'ombre, lorsque enfin ma jeune guide m'indiqua du doigt, à flanc de coteau, une chaumière qu'on eût pu croire inhabitée, sans un mince filet de fumée qui s'en échappait, bleuissant dans l'ombre, puis bondissant dans l'or du ciel. A. Gide, La Symphonie pastorale, 1919, p. 878. Cf. à même : 92. Si je vous disais qu'à des moments, la nuit, quand j'ai réussi à m'assoupir et que je m'éveille pour le voir toujours à la même place, dans son coin d'ombre, ses pauvres fesses à même le carreau, je ne peux pas m'empêcher de le plaindre, je m'attendris, je le raisonne... G. Bernanos, Monsieur Ouine, 1943, p. 1503. Dans bon nombre de ces loc. prép., à s'oppose à la prép. d'éloignement de : au fond de / du fond de, au milieu de / du milieu de; à côté de marque le contact, tandis que du côté de localise de manière vague et signifie « aux alentours de ». Le fr. mod. dit des deux côtés de, de chaque côté, de tous les côtés. On trouve encore au xixes. aux deux côtés de : 93. La route de Nice, aux deux côtés de laquelle se trouve bâti le faubourg, était bordée, en 1851, d'ormes séculaires,... É. Zola, La Fortune des Rougon, 1871, p. 18. 94. ... au-dessus des portes, aux deux côtés de l'alcôve, des peintures laissaient encore voir les ventres et les derrières roses de petits amours ... Id., La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1316.
E.− introduit un complément circonstanciel de temps]
1. [Le compl. situe le procès dans le temps]
a) introduit un subst. rel. au temps]
à l'aubeà l'auroreà l'avanceau débutà cette époqueà l'heureà l'heure diteà l'heure fixéeà l'ère quaternaireà à cinq heuresau jour dità l'instantà midià minuità la minuteà ce momentà Pâquesà la Pentecôteà présentà la Saint-Glinglinà la Saint-Valentinà temps
95. J'en tiens la nouvelle de Jeannette la veilleuse qui au moment où Catherine entrait ... à l'hôpital, en sortait après y avoir été retenue pour un mal dont elle est guérie à st'heure ... A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque,1893, p. 278.
Par arch. au matin, au jour prochain :
96. ... premier baiser ignorant, cueilli comme un bouquet, au matin du mariage. É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1341.
97. Mais quoi! m'abandonner! je renierais mon service, je délaisserais le culte que je me dois! Il faut que je veuille et que je me tienne en main pour pénétrer au jour prochain dans un univers que je vais délimiter, approprier et illuminer ... M. Barrès, Un Homme libre,1889, p. 77.
b) introduit un subst. d'action ou un subst. signifiant un signal ou un repère; le compl. peut glisser insensiblement vers la valeur causale] :
à l'annonce deà son arrivéeà son avènementà ce dernier chiffreau commencementà la demande deà ces motsà la nouvelleà ces parolesà leur réveilau coup de siffletà votre dernier voyageà la vue deà première vue ...
98. Edmond demeura impénétrable; il ne sourit même pas à l'énumération des avantages qu'il eût partagés s'il eût pu quitter l'île; ... A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 298.
99. Au-dessus de ma tête une haute coupole où, par une ouverture, glisse de biais un rayon de soleil qui m'aveugle à mon entrée. J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem,1924, p. 5.
c) introduit un inf. à valeur temp.-causale]
100. Insensé qui perd sa force ainsi et qui ne sait pas que les mortels s'enflent d'orgueil à découvrir chaque matin sur leur oreiller les cheveux de Jupiter! G. Flaubert, La Tentation de Saint Antoine,1849, p. 461.
2. Le syntagme prép. marque une idée itér. ou distributive, grâce à la présence d'un élément nom. suggérant l'idée de retour ou d'intervalle :
à chaque coupà ses heuresà la quinzaineà maintes reprisesà son tourà temps perdu
101. Le mobilier est loué à la quinzaine chez Fitily, le tapissier des cocottes. A. Daudet, Le Nabab,t. 1, 1877, p. 196.
102. Un temps indéterminé s'écoule. − Profond silence. − On entend un coq chanter à deux reprises à longs intervalles. P. Claudel, La Jeune fille Violaine,2eversion, 1901, p. 571.
103. Pour ma part, je m'acquittais de ma tâche avec zèle et mon orgueil grandissait à chaque fil que je tirais. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 82.
104. L'homme c'est bien malaisé à définir. Admettons que ça reste un enfant, pas vrai, Monsieur? Gentil et câlin à ses heures, mais plein de vices − les dégoûtées n'ont qu'à rester filles. G. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1503.
On notera l'absence de prédéterm. dans : à coups répétés à heure(s) fixe(s) à intervalle(s) régulier(s) à longs intervalles
Rem. La loc. à la fois se rapproche de l'idée d'itér. par la présence obligée de plusieurs suj., attributs ou obj. À cette fois a été supplanté par cette fois, à + numéral + fois, par + numéral + fois : 105. Il fallut lui arracher la cape, autrement il se faisait tuer à cette fois. P. Mérimée, Mosaïque, 1833, p. 270. 106. Il [Rougon] m'a répété à trois fois qu'il ne voulait plus s'occuper de cette vilaine histoire. É. Zola, Son Excellence Eugène Rougon, 1876.
À entre dans un certain nombre de loc. adv. signifiant la progression : bout à bout, feuille à feuille, pas à pas, petit à petit, peu à peu.
3. [Le compl. marque une durée dont on vise le terme :]
à bref délaià échéanceà brève échéanceà courte échéanceà huitaineà termeà court termeà long termeà moyen termeà l'avenirà la finà la longueà cette date (en phrases négatives)à cette époque (en phrases négatives)à ce jour (en phrases négatives)
Cf. aussi à jamais et à la semaine prochaine, fam. à la prochaine.
107. Périodiquement revenaient des moments difficiles, où l'on était obligé de se serrer le ventre. On se dédommageait, en mangeant double ration, quand on avait de l'argent. Mais c'était, à la longue, un régime exténuant. Pour le moment, ils étaient dans la période des vaches maigres. R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1089.
Cf. à nuit « aujourd'hui » (région.) :
108. C'est que ... fit-il timidement ... enfin, si vous pouviez vous acquitter à nuit? ... O. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 80.
et, p. arch., au printemps « jusqu'au printemps » :
109. Il voulait attendre au printemps ... P. Mérimée, L'Abbé Aubain,1847, p. 158.
[La prép. peut se combiner avec un adv. de temps :] à bientôt, à demain, à tantôt. [Dans le parler pop., à peut introd. un compl. circ. constr. avec dans :] à dans quinze jours.
Rem. 1. L'oppos. à / zéro devant un subst. rel. au temps est révélatrice de la valeur de à (cf. aussi hist. I A 3 b) : à 10 h / le 10 août à la nuit (tombante) / la nuit parler à 5 h / parler 5 h À marque qu'il s'agit d'une date, d'un repère dans le temps, alors que le compl. dir. de temps délimite un espace temp. à l'intérieur duquel le procès se situe (il viendra le 10 août = « il viendra au cours de la journée du 10 août »), à moins qu'il ne signifie l'étendue de durée du procès lui-même (il a dormi cinq heures = « durant cinq heures »). 2. Oppos. à / en (ou dans). − À présente une valeur inchoative, en (dans) marque qu'on se situe à l'intérieur de l'espace de temps déf. par le subst. ou que cet espace est vu dans toute son étendue de durée; à l'automne signifie « au début de l'automne », en automne « l'espace de temps que dure l'automne ». Cf. à 8 h / en 8 h (durée) à ce moment / en ce moment aux premiers temps de la conquête / en ce temps-là À se substitue qqf. à en (dans des tours auj. arch.) : 110. ... les jardins des environs étaient à cette saison pleins de fleurs... G. de Maupassant, Contes et nouvelles, En famille, t. 1, 1881, p. 350. 111. O Violaine! Oubliez à ce moment, comme je les oublie, hier, demain, et comme un être intact et neuf, recueillie tout entière sur l'heure présente, accueillez cette parole inconnue dont je sens en moi le travail et la poussée. P. Claudel, La Jeune fille Violaine, 2eversion, 1901, I, p. 573. ou à pendant, au cours de : 112. Rancé eut le bonheur de rencontrer aux études un de ces hommes auprès desquels il suffit de s'asseoir, pour devenir illustre, Bossuet. F.-R. de Chateaubriand, Vie de Rancé, 1844, p. 9. Pour de nouveau / à nouveau, cf. nouveau.
F.− [À introduit un complément circonstanciel de manière, de matière, d'indice, de cause, de moyen, etc.]
1. À + subst. non actualisé (le plus souvent compl. de manière)
a) Le syntagme verbal a un caractère plus ou moins figé. Mais le compl. n'est pas aussi indispensable au sens du verbe qu'il l'est dans la loc. verbale proprement dite et le verbe de base n'a pas une ext. aussi considérable (cf. sup. C) :
à balle (charger, tirer)à bien (conduire, mener)à blanc (charger, tirer)à bloc (gonfler, serrer)à bras (porter) (arch.)à carreau (se garder, se tenir) (fam.)à clef (fermer)à composition (amener, venir)à conséquence (tirer)à crédit (acheter, vendre)à découvert (agir)à défaut (condamner, payer)à dessein (se tromper)à discrétion (avoir « posséder »)à facettes (tailler)à fond (aller, s'engager)à forfait (vendre)à égalité (se battre)à genoux (prier, tomber)à glace (geler)à intérêt (acheter, vendre)à loisir (s'entretenir)à merveille (aller)à patience (exhorter)à mort (foncer) (fam.)à outrance (se battre)à perte (travailler, vendre)à pic (arriver, couler, tomber)à pied (aller)à plaisir (répéter)à point (arriver, cuire)à profusion (avoir « posséder »)à rebours (compter)à résipiscence (arriver)à satiété (avoir, manger)à suffisance (avoir « posséder »)à tempérament (vendre)à terme (louer, mener)à tort (agir, considérer)à verse (pleuvoir)à vue (tirer)
113. ... il était grand amateur d'huîtres et se plaignait de n'en avoir jamais mangé à satiété, ou, comme il le disait : tout son soûl. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 91.
114. Ce vieillard était vêtu de son bel habit de taffetas épinglé, orné de larges boutons d'acier, taillés à facettes. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 46.
115. Il neigea ce jour-là. Dans les îles de la Manche, un hiver où il gèle à glace est mémorable, et la neige fait l'événement. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 55.
116. Il finit par glisser à genoux, comme on coule à pic. G. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 234.
à armes égales (lutter)à bâtons rompus (parler)à boulets rouges (tirer)à bout portant (tirer)à bras ouverts (recevoir)à bras raccourcis (tomber)à bride abattue (aller, arriver)à cœur ouvert (parler)à corps perdu (se lancer)à coup sûr (agir)à deniers comptants (payer)à fonds perdu (miser)à gorge déployée (rire)à livre ouvert (lire)à main armée (attaquer)à main levée (voter)à mains jointes (prier)à mots couverts (parler)à pas comptés (marcher)à pieds joints (sauter)à poings fermés (dormir)à point nommé (arriver)à tombeau ouvert (foncer)à voix haute (parler)
117. Il se décida enfin à me parler à cœur ouvert, comme autrefois : « Non. Je ne peux pas ... ». G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Un Sage, 1883, p. 918.
à belles dents (arracher, mordre)à bon compte (s'en tirer)à bon droit (agir, penser)à bon escient (agir)à bon marché (acheter, vendre)à bonne fin (mener)à bonne intention (agir)à chaudes larmes (pleurer)à double tour (fermer)à grand fracas (annoncer)à grand'peine (obtenir, réussir)à grande eau (laver)à grandes enjambées (avancer)à grands frais (obtenir)à grands pas (marcher)à haute et intelligible voix (parler)à juste titre (refuser)à longs traits (boire)à petit feu (cuire)à petit train (avancer)à petites journées (avancer)à pleine bouche (aspirer)à pleine voix (crier)à pleines mains (cueillir)à pleins bords (couler)à pleins gaz (rouler)à pleins seaux (verser)à première vue (considérer, penser)à ras bord (couler)à vil prix (vendre)
118. La représentation, annoncée à grand fracas par l'honorable Batulcar, devait commencer à trois heures, ... J. Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,1873, p. 132.
119. Il (...) se pencha hors du fauteuil de fer, aspira l'air à pleine bouche, physiquement suffoqué par son âme. H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 5.
à bout de bras (porter)à dos de mulet (porter)à perte de vue (s'étendre)à prix d'or (acheter, vendre)à tour de rôle (agir, se succéder)à vue d'œil (grandir, progresser)à bouche que veux-tu (embrasser)à bras le corps (prendre)à chaux et à sable (bâtir)à cœur joie (s'en donner)à cor et à cri (réclamer)
b) Certains compl. peuvent fonctionner comme loc. adv. de phrase, totalement indép. du verbe :
à coup sûrà point nomméà proposà juste titreà tort ou à raisonà tort et à travers
A la limite, certaines loc. adv. se rapportent à un adj. ou un part. : à peine levé à peine sensible
c) Les groupes du type à + subst. + de tendent à former des loc. prép. :
à bout deà charge deà condition deà coup(s) deà fin deà seule fin deà défaut deà force deà proportion deà propos deà raison deà tour de
120. Il n'aurait certes pas eu la force d'en dire davantage. Mais la justesse de sa comparaison lui faisait jouir la cervelle. Il but un coup, à seule fin de se féliciter. J. Romains, Les Copains,1913, p. 4.
Rem. Ces compl. circ. s'organisent parfois en champs sém. : − à souhait, à volonté, à discrétion, à foison, à profusion, à satiété, à suffisance − à cœur, à dessein − à crédit, à intérêt, à perte, à tempérament. Dans certaines tournures adv. au schéma syntaxique figé, la qualification adj. reste plus ou moins libre : à grands pas à menus pas à petits pas à pas précautionneux à pas pressés à pas traînants à menus gestes à gestes sacrés Cette organisation sém. assure une certaine productivité à ces types syntaxiques.
2. À + subst. actualisé
a) À introduit un compl. de manière (le syntagme verbal a un caractère plus ou moins figé) :
à l'aveuglette (avancer)à la baguette (mener)au change (gagner, perdre)à la criée (vendre)à ses dépens (apprendre)aux dépens (condamner)à la dérobée (regarder)aux éclats (rire)à l'esbroufe (agir) (fam.)à sa faim (manger)à la folie (aimer)au jugé (tirer)aux larmes (rire)au pair (loger)à la pièce (travailler)aux pièces (travailler)au ralenti (marcher, travailler)à la régalade (boire)à la renverse (tomber)à la rescousse (appeler, arriver)à la sauvette (vendre)à la tire (voler)aux trousses (courir)au vif (piquer)au vol (saisir)à la volée (jeter, semer)à la cloche de bois (déménager) (fam.)au doigt et à l'œil (mener, obéir) (fam.)à la force du poignet (réunir)à la fortune du pot (recevoir)à l'œil nu (observer)à deux mains (applaudir)à l'œil nu (observer)aux petits oignons (cuisiner)au pied levé (remplacer)à deux râteliers (manger)à la sueur de son front (gagner qqc.)à toute brideà tous crinsà toutes jambesà toutes les saucesà toute vapeurà tout ventà toute volée
Rem. Certains des compl. qui entrent dans la formation de loc. verbales (cf. sup. C 1) peuvent compléter par ailleurs des verbes de sens plein et fonctionner dans ce cas comme compl. circ. de manière, soit p. ex. :à l'affût (chasser) (être à l'affût)à l'aise (marcher) (être à l'aise)à l'unisson (chanter) (être à l'unisson)
b) À introduit un compl. de moyen, de manière, de matière..., libre à l'intérieur d'un certain champ sém. :
aboyer : à la lune, au voleur ...aller (se déplacer) : au galop, au pas, au trotappeler : à l'aide, au secourscrier : à l'assassin, à l'aide, aux armes, au martyre, à la rescousse, au scandale, au voleurjouer : aux billes, à la marellemarcher (fonctionner) : à l'essence, au fuel, à la vapeurmonter : à l'assaut, à l'attaquepasser (peindre, enduire) : à l'alcool, au bleupasser : au crible, à la critique, au peigne finpavoiser (orner) : aux couleurs de, aux initiales depeindre : à l'eau, à la gouache, à l'huile, au pinceau, au pistolet, au rouleause battre : au couteau, à l'épée, au revolverjouer : au plus fin, à l'innocent, au martyrpasser (tourner, virer) : à l'aigre, au jauneprendre (considérer) : à la légère, au sérieux, au tragique
121. Pour les âmes plus méfiantes de notre époque la légende dorée apparaît au moins encore, telle que l'un de ces purs vélins où de candides enlumineurs peignirent des figures de saintes, à l'eau de gomme ou au blanc d'œuf, sur des fonds d'or. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 9.
Un type particulièrement fréq. est fourni par la combinaison d'un verbe de comportement et d'un adj. substantivé − en partic. d'un adj. ethnique − empl. au fém. (avec une valeur souvent péj.) :
à l'allemande (saluer)à l'anglaise (filer)à l'espagnole (aimer)à la française (vivre)à la garçonne (s'habiller)à la hussarde (aimer)à la prussienne (combattre)à la russe (boire)
122. Nous n'étions pas élevés à la française, et, du reste, nous Français, nous n'étions qu'une bien faible minorité dans le collège; ... V. Larbaud, Fermina Márquez,1911, p. 10.
c) À introduit un compl. d'indice ou de cause
Le verbe de base est un verbe de perception ou d'entendement. Le compl. désigne un indice :reconnaître qqn au pas.
je vois ça à des tas de petits trucsdécouvrir le coupable à un indiceil s'apercevait à d'imperceptibles affleurements que ...il peut se dépister à un symptôme commun à ...tu le sens à un léger fourmillement de tout ton dosmais au mouvement de ses bras, je pouvais croire que ...on devinait, aux rides profondes qui se creusaient dans son visage, que ...à l'accent méprisant qu'elles avaient, ... la fille entendait qu'elles mentaientet je surpris d'ailleurs, au ton employé par lui, qu'il ...à cette colère, Jean vit que ...il comprit, à la description, que ...il se demanda, à la seule lecture de la lettre, si ...
123. La maison entière le sentait, l'oignon frit, cette bonne odeur qui rancit vite et qui pénètre les briques des corons d'un empoisonnement tel, qu'on les flaire de loin dans la campagne, à ce violent fumet de cuisine pauvre. É. Zola, Germinal,1885, p. 1234.
124. Cette après-midi de dimanche, le juge était assis, avec sa femme et la tante Sabine, dans le pavillon du jardin, quand ils le virent venir, montant péniblement la route; MmeSuzanne l'eut vite reconnu à son parasol vert; tout le monde fut étonné. Ch.-F. Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 9.
À + compl. de cause(cf. sup. E 1 b).− Cette valeur de à n'est guère possible que dans une lang. litt. :
125. On raconta aussi, mais ce fut plusieurs années après, qu'une pauvre femme possédée, ayant fait un pèlerinage à Notre-Dame-De-Lorette, fut miraculeusement délivrée de sept démons, et que l'un d'eux assura que le duc avait été assassiné à son instigation. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 263.
126. Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles ... V. Hugo, Les Orientales,1829, p. 171.
127. Vous [femmes riches] avec la beauté, vous avez l'ornement; La fête vous enivre à son bourdonnement ... V. Hugo, Les Chants du crépuscule,1835, p. 56.
128. Le calme, voilà le rêve de cette pauvre femme [MmeChèbe] agitée à toutes les tergiversations d'un compagnon incommode. A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 153.
129. La Vie Française avait gagné une importance considérable à ses attaches connues avec le Pouvoir. G. de Maupassant, Bel ami,1885, p. 290.
130. ... car le dernier lien qui unissait les deux sœurs, toujours près de se rompre, renoué toujours, s'était tellement aminci à l'usure des querelles quotidiennes, qu'il cassa net, pour ne plus jamais se rattacher, et à l'occasion d'une bêtise où il n'y avait vraiment pas de quoi fouetter un chat. É. Zola, La Terre,1887, p. 361.
131. Les routes parcourues avaient été pénibles, mais bientôt elle se ranimerait au sucre acidulé des myrtilles. F. Jammes, Clara d'Ellébeuse,1899, p. 49.
132. Ma douleur s'endormait aux teintes et aux sonorités, semblable à ce pâle extatique, plus pâle que son burnous, et qui s'hypnotisait aux grêles cris des fifres nasillards ... F. Jammes, Clara d'Ellébeuse,1899p. 283.
Cf. cependant dans l'usage mod. (on peut hésiter entre l'interprétation temporelle et l'interprétation causale) :
133. Dans cette nature nerveuse et sans équilibre, les sentiments sautaient aux extrêmes, à la moindre secousse. É. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 1038.
d) Certains compl. introd. par à tendent à devenir des loc. adv. :
à l'aiseau besoinau demeurantà l'envià l'excèsau hasardà la hâteà l'improvisteà l'inverseau justeau plus justeau plus malau mieuxà l'ordinaire (arch.)à la perfectionau resteà la rigueurà la véritéà son gréà sa guiseau petit bonheurà peu de choses prèsà son corps défendantà peu de fraisau bas motau dernier pointau plus haut pointà ses risques et périlsau vu et au su de ...à ce compteà ce compte-làà cet égardà certains égardsà ce prix-là
134. Vous y trouvez des républicains et des doctrinaires, des légitimistes et des philippistes, des parisiens, des banquiers, des colonels, des marins, des classiques et des romantiques; et tout cela joue des proverbes, tout cela se raconte à l'envi des histoires. A. de Musset, Revue des Deux Mondes,Chronique de la quinzaine, 31 déc. 1832, p. 104.
135. ... un printemps gai, charmant, exquis, tout frais débarqué de la nuit sans avoir averti de sa venue, en bon provincial qui arrive du midi, tombe sur les gens à l'improviste et s'amuse de leur surprise. G. Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-Cuir,1893, I, p. 20.
136. Il s'habilla à la hâte, monta dans une voiture, descendit en avance à la gare; ... J.-K. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 7.
e) Certains compl. tendent à devenir des loc. prép. :
à l'aide deà l'appui deà l'avis deau bénéfice deau détriment deà la différence deà l'égal deà l'égard deà l'encontre deà l'exception deà l'exemple deà l'exclusion deà la faveur deà seule fin deaux frais deà l'instigation deà la mode deau moyen deau nom deau nombre deà l'occasion deà l'opposé deà la garde deau hasard deà l'imitation deà l'instar deà l'insu deà l'intention deà l'inverse deau lieu deà la merci deau péril deà la place deau point deau préjudice deau prix deau profit deau reçu deau regard deà la requête deau risque deau sujet deau taux deà l'usage deau vu deaux yeux de
137. Votre amitié, que je n'avais pas prévue et que j'ai dû croire envoyée du ciel, est certainement une des rares merveilles qu'il m'aura été donné de voir sur la terre. À l'exception de notre grand peintre Henry De Groux, qui donc est descendu aussi profondément que vous et d'aussi bon cœur dans ma fosse noire? L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 5.
3. À + adj. :
à bas (jeter, mettre)à blanc (chauffer, tirer)à chaud (opérer)à cru (monter)à faux (porter)à froid (opérer, traiter)à jeun (être, rester)à neuf (mettre, remettre)à nu (être, mettre)à plat (être, mettre, tomber)à plein (fonctionner, tourner)à ras (couper)à sec (être, mettre)à vide (tourner, revenir)à vif (être, mettre)
138. Dans l'eau, dit-on, tu puisas ta rudesse; je n'en bois pas, et, censeur, plus joyeux, En moins d'un mois, pour loger ma sagesse, J'ai mis à sec un tonneau de vin vieux. P.-J. de Béranger, Chansons,t. 1, 1829, p. 141.
4. À + inf.
a) À + inf. a une valeur causale
Le verbe princ. est à la forme active :
je le taquine à lui dire ...ne rien perdre à le connaîtreon ne risque rien à le consulteron court des risques à se montreril blêmit de fureur à lire cette lettreprendre la maladie à courir les curésprendre de l'aplomb à être richesuis-je donc une pleutre à tomber ainsiil frissonna à voir ...tu m'amuses trop à être continuellement ...il m'agace à toujours nous traiter devous me gênez à être toujours làvous souffrez plus à lui résisterelle les effraye à passer toute seuleil eut chaud à seulement assujettir son ...tu me portes sur les nerfs à me regarder ainsine jouait-il pas un jeu dangereux à le mettre ...
139. Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux. V. Hugo, Les Feuilles d'automne,Lorsque l'enfant paraît, 1831, p. 756.
140. ... Je souffre extrêmement à vous résister en quoi que ce soit ... P. Mérimée, Arsène Guillot,1847, p. 128.
141. Un grand effort pour parler, mais la faiblesse pour trouver les mots. Et mes larmes coulent à voir cette affection qui voudrait, mais ne peut se répandre. A. Gide, Journal,1890, p. 14.
142. − On lui fait sa piqûre, souffle la sœur, debout derrière lui, et elle va se fatiguer à parler. Dieu sait! ... Ne l'écoutez pas trop longtemps. G. Bernanos, Madame Dargent,1922, p. 6.
Le verbe princ. est à la forme pronom. ou à la forme passive :
l'esprit s'aère à voyageril s'aigrit à rester enferméil s'excite à le regarderil s'épouvante à l'entendreje m'ennuierais à ne rien faireelle s'étonne à lui trouver l'air soucieuxelle va s'enrhumer à courir la nuitse proposer une tâche surhumaine à vouloir ...se sentir ému à découvrirêtre rassuré à le savoir
(Sandf. t. 3, § 241).
143. Je me rongeais de tristesse à produire continuellement pour une irrassasiable destruction. G. Flaubert, La Tentation de Saint-Antoine,1856, p. 625.
144. Pourtant vous êtes choqués à me lire : c'est par un certain souffle de révolte que vous distinguez dans mes écrits, et je suis un peu étonné qu'il vous impressionne à ce point, étant aujourd'hui très fréquent. M. Barrès, L'Ennemi des lois,1892, p. 21.
Rem. 1. Constr. appos. − Souvent à + inf. est séparé de la princ. par une virgule : ... vous ne manquez pas d'un certain aplomb, à nous interroger ainsi elle le prenait peut-être pour ..., à venir l'intimider avec ses histoires ... que tu es drôle, à faire ... tu n'es pas raisonnable, mon papa, à te désespérer toujours ainsi. Est-il ennuyeux, ce chien, à vous accompagner ... est-ce que tu nous prends pour des mendiants, à nous laisser ainsi. est-ce qu'ils se fichent de nous, à sonner quand il n'y a rien? (Cf. Sandf. t. 3, § 250). Rem. 2. On notera les constr. suiv. qui frisent l'incorrection (le « suj. » de l'inf. n'est pas le même que celui du verbe princ.) et appartiennent à la lang. parlée : ça vous amusera à regarder qui m'amusaient à écouter cette réponse m'assommait à écrire le ménage me convenait mieux à faire c'est une chose qui me dégoûte à penser une gerbe de fleurs qui semblait l'embarrasser à tenir en même temps que sa canne un sujet qui m'embarrasse un peu à traiter avec vous une affaire qui l'ennuyait à traiter même la photographie le gênait à regarder ça vous intéresse donc à savoir la description m'en plairait à faire par le détail son nom seul me salit la bouche à prononcer (Cf. Sandf. t. 3, chap. 4). Rem. 3. En incise ou en tête de phrase : à vaincre sans péril ... à ne plus boire de café, je ... à causer plus longuement, nous ... à bien considérer les choses, ... ce chant, à l'examiner de près, ... à bien peser chaque ..., et cependant, à y bien réfléchir, cette ... et cependant, à bien peser les choses, je ... à y bien songer, ... c'était fini ..., à en juger par ... mais à supposer que ... à tout prendre, ... à relire tout ce qui précède, je ... à en croire Étienne, ... rien qu'à regarder la ..., à parler franchement, ... il n'y a pas, à proprement parler, ... à vrai dire ... à commencer par moi ... (Sandf. t. 3, § 243-244).
b) À + inf. a une valeur conséquentielle ou finale :
avoir de l'argent à ne savoir qu'en faireavoir faim à manger de la terrefaire un bruit à casser les tuilesil fait une chaleur à cuire des œufsil pousse des cris à faire peuril pousse un juron à faire damner ...il exhale des soupirs à renverser un chênedanser à perdre haleines'ennuyer à périrrire à s'étrangleril tousse à faire pitiéengraisser à creverremercier à n'en plus finirla battre à la laisser morteaimer qqn à en mouriril sent le vin à tomber à la renverseelle sent le musc à s'en boucher le nezje sentais mon cœur battre à m'étoufferelle disait cela à faire peurils disent des choses écœurantes à taper dessusse frotter les épaules à les écorcherlui serrent le bras à le broyeril s'attardait à en être indiscretrecevoir qqn à lui faire perdre le goût deperdre presque tout, à en être réduit à ...je ne suis pas comme toi, à vouloir ...
(Sandf. t. 3, § 174-176).
145. Les conscrits dansaient, ils se balançaient bras dessus bras dessous, ils poussaient des cris à fendre les nuages, et frappaient la terre du talon en secouant leurs chapeaux, ... Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de1813, 1864, p. 44.
146. Une boîte de sardines apparut; elle se jeta dessus à croire que le fer blanc de la boîte lui-même y passerait; ... G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 323.
147. Elle se cassait des noix à pleines poignes ... de très haut, d'un coup colossal, à fendre tout le meuble en longueur. L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, p. 189.
II.− À dans le syntagme adjectival (à sert à construire un complément de l'adjectif)
A.− Adjectif + à + substantif
1. Apr. des adj. exprimant une idée de lieu ou de temps gén. liée à une idée comparative, à une idée de proximité ou de contiguïté :
adéquat àadhérent àadjacent àafférent àanalogue àantérieur àapplicable àassimilable àattenant àcoextensif àcomparable àconforme àconnexe àconsécutif àcontigu àcontraire àégal àéquivalent àextérieur àidentique àimmanent àinférieur àinhérent àirréductible àparallèle àpareil àperpendiculaire àpostérieur àpréalable àpréférable àproportionnel àréductible àrelatif àsemblable àsous-jacent àsupérieur àtangent à
148. Il était si petit que la basse glace du trumeau refléta sa pauvre mine, ses joues creuses, un nez long, au bout pointu, rouge et comme usé, pareil à ces sucres d'orge qu'amincissent, en les suçant, de patients garçons. F. Mauriac, Le Baiser au lépreux,1922, p. 147.
2. Apr. des adj. exprimant la possibilité, l'habitude, la facilité :
commun àdéfavorable àdommageable àétranger àfacile àfamilier àfavorable àfuneste àhabituel àimpossible àindispensable àinconnu àinutile ànaturel ànécessaire ànéfaste ànuisible àordinaire àparticulier àpossible àpréjudiciable àprofitable àpropre àspécial àspécifique àutile àune poésie difficilement accessible à qqn qui ...ce papotage est compréhensible aux seuls initiésdes dépressions invisibles à l'ennemiécrire dans une langue impénétrable aux humblescette idée-là est intolérable à une mèrequelque affreux mystère inconnu aux hommesinaccessible à toute divisionindispensable à ce résultatfamilière à ce publicun paysage propice à de patientes pensées
149. Son corps n'est étranger à aucune des parcelles de ce sol sec et pur ... P. Claudel, Sous le rempart d'Athènes,1927, p. 1126.
Rem. À introduit obligatoirement un compl. de l'inanimé apr. un certain nombre d'adj. :invulnérable aux coups, aux ballesimperméable aux arguments, à la pluieclair à l'espritune représentation assimilable à notre raisondes évidences sensibles au cœur
3. Apr. certains adj. marquant une appréciation affective, en partic. exprimant la sympathie ou l'hostilité
a) Qualifiant un subst. de l'inanimé :
agréable : un holocauste agréable à Dieubon : la vie est bonne à ces apprentischer : une félicité chère à Voltairedélicieux : un goût de péché délicieux à Edmonddouloureux : que l'attitude fût douloureuse à Kyo ...doux : une créature douce au cœur des opprimésintolérable : cette idée est intolérable à une mèreodieux : l'idée est odieuse au payspénible : cette lecture serait pénible à l'intéresséprécieux : la personne du Consul était précieuse au Pays
150. Il la pleura sans dissimulation, sans pudeur, indifférent à la douleur de sa femme qui ne lui parlait plus, ne le regardait plus, vivait seule, murée dans le dégoût, dans une colère révoltée, et priait Dieu matin et soir. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Pardon, 1882, p. 661.
b) Qualifiant un subst. de l'animé :
cher : il est cher à ses enfantsdur : dur aux infidèlesimpitoyable : impitoyable à leurs rivauxindulgent : indulgent aux humblesloyaux : loyaux à la Couronneodieux : il devient odieux à beaucoup d'officierspénible : il est pénible à tout son entourage
151. Allons donc! Il veut être attaqué de front, emporté de haute lutte, ce Paris gobeur et poltron, dur aux timides, tendre aux violents. E.-M. de Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 46.
B.− Adjectif + à + infinitif ou substantif d'action
1. À suggère une idée de destination. − L'adj. suggère l'idée d'une disposition, d'une aptitude ou d'une incapacité. :
Le subst. qualifié par l'adj. est « suj. » de l'inf.une femme adroite
à le retenirun enfant alerte à saisir ...une intelligence apte à tout comprendredes femmes ardentes à conquérir un ...une nature ardente à s'épancherdes natures avides à respirer (les grandeurs) / gén. avide dedocile à poser (sa tête)un caractère enclin à dominerenclin à se mêler dedes femmes énergiques à défendre leur ...enragés à passerexact à payerdes mains habiles à tailler leshardis à parlerimpropre à remplir ses fonctionsimpuissant à maîtriserinapte à gérer ses affairesingénieux à fabriquer ...inhabile à demanderinlassables à commentermaladroite à se conduirenégligent à écouterdes femmes perspicaces à deviner ...ponctuel à s'acquitterporté à faire qqc.puissants à subjuguer ...régulier à tenir paroleune fille savante à tromper les hommessubtile à lui tirer sa signatureun emploi suffisant à assurer ...sujet à boiresujet à se tromperunanimes à relater ...vif à se défendre
152. ... sans doute il s'était assis au bord de la route, plus tranquille d'être là, voyant venir le danger, tout prêt à rentrer d'un saut et à défendre sa maison. É. Zola, La Débâcle,1892, p. 164.
153. Au reste, sa honte le mettait dans un état désaccordé et douloureux très propre à la composition littéraire, et il est seulement à regretter qu'il ne s'en soit pas servi pour animer quelques-uns des chapitres de sa Zootechnie. M. Barrès, Mes cahiers,t. 14, févr.-juill., 1922, p. 4.
154. Bien que les médecins consultés fussent unanimes à affirmer que le gamin, tuberculeux jusqu'aux moelles, tuberculeux depuis l'enfance, n'avait jamais dû être curable, Barbazano se reprochait de s'être consacré trop tard à la santé de Michèle; ... R. Martin du Gard, Confidence africaine,1931, p. 1109.
Dans un certain nombre de ces constr., l'inf., indifférent à la voix, prend tantôt un sens actif, tantôt un sens passif :
un goût âpre à respirertu n'es plus bon qu'à mettre à l'asileun animal bon à rôtirune loque bonne ... à mettre dans un cerisierdes épingles bonnes à éborgnerelles ne sont bonnes qu'à être mises au feudes heures bonnes à vivredes terrains bons à bâtirdes fruits bons à mangerun vin prêt à boireun fruit prêt à cueillirun arbre prêt à être enlevéune lampe prête à allumerune chaîne prête à livrerun terrain propre à bâtir
155. Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort. Ch. Péguy, Le Porche du mystère de la 2evertu, 1911, p. 173.
2. À suggère une idée de conséquence. − L'adj., pris avec une valeur intensive, a pour conséquence le procès désigné par l'inf.; la prép. à est l'équivalent de si ... que, tellement ... que; l'adj. est appréc. ou dépréc.; ces tours appartiennent à une synt. affective :
une nuit belle à en être insolenteune femme belle à le faire décorer en six moisil est bête à manger du foinil est bête à pleureril est bête à réjouirdéplaisant à crierfou à charger de chaînesgentille à l'embrassergrosse à donner envie de pleurerdes herbes hautes à cacher qqc.idiot à pleurerinjuste à crierivre à tomberjolie à croquerlancinant à hurlerlarge à y coucher à troismaigre à donner des frissonspauvre à ne savoir que ...plein à craquerpleine à déborderreconnaissable à ne pouvoir s'y trompersale à ne pas être pris avec ...scintillantes à éblouirc'est sérieux à en être grotesquesolennel à périrc'est triste à en mourir
156. Son œil profond et sa vive pantomime promettent une personnalité forte, mais cet œil ardent flotte et rêve. Le regard est souvent mobile à faire peur; ... J. Michelet, Introduction à l'histoire universelle,1831, p. 445.
3. À suggère une idée de supposition ou d'éventualité. − Le subst. qui sert de support à l'adj. fonctionne gén. comme régime dir. de l'inf.
a) La qualité, fortement affective, est attribuée au subst. dans l'éventualité particulière suggérée par le verbe empl. à l'inf. Elle ne lui appartient pas de droit ou par nature, mais lui est conférée subjectivement par le suj. implicite (animé) de l'inf. :
visage dramatique à contempler (à le contempler, si on le contemple) (ce visage est dramatique)des soldats beaux à voir mourirune dondon comique à considérerun visage dramatique à contemplerune toux fausse à entendredes accents gais à entendreune salle glaciale à voirla somme est grosse à demanderune grille haute à sauterun escalier interminable à descendrejolie à regarderjolie à voir dormirlaides à voir grouillermélancoliques à entendrenostalgique à chérirune ville toujours nouvelle à découvrir
b) La qualité est attribuée en fait par la prép. à à l'inf., le subst. ne servant à l'adj. que de support syntaxique (mur facile à sauter / sauter ce mur est facile / il est facile de sauter ce mur) :
commode à excitercommode à transporterdes idées difficiles à exprimerdes postulations difficiles à se figurerde l'argent dur à gagnerun moment dur à passerdes noix dures à briserdes roueries dures à retrouverun conseil facile à exécuterde l'argent facile à gagnerun livre facile à mettre en pochede l'eau facile à se procurerun mur facile à sautercette France impossible à aimerune souffrance impossible à gagnerimpossible à faire voirqqc. d'impossible à pensersimple à comprendresimple à faire
157. Je serai couché sous un plafond pauvre, Dans un froid silence épais comme l'eau, Terrible à entendre. P.-J. Jouve, Les Tragiques,Livre de la nuit, 1922, p. 11.
Rem. Certains adj. pourraient se ranger dans les 2 catégories précédentes :c'est abject à direc'est affreux à direune personne agréable à fréquenterun village agréable à fréquenterune odeur agréable à savourercharmantes à voir batifolerc'est curieux à connaîtrecurieux à notercurieux à voirdangereux à traverserles plus dégoûtants à regarderdélicieux à noterun moment désagréable à passerdésespérant à attendreune écorce douce à caresserdrôle à raconterqqn d'embêtant à confesserépouvantable à supporterétonnantes à voir en détailétrange à direun poulet exquis à regarder rôtirdes litres gênants à porterc'est grotesque à diregrotesque à vouloirc'est honteux à voirc'est important à connaîtredes détails indispensables à connaîtreinsupportable à penserune douleur lourde à porterc'est malheureux à direrafraîchissants à entendreredoutable à humerune montagne scabreuse à escaladerun contrat terrible à signervoilà le plus troublant à penserun détail utile à connaître
On ajoutera un certain nombre de tournures dans lesquelles le subst. n'est ni le « suj. » de l'inf., ni son régime dir. (verbe empl. intransitivement ou verbe trans. ayant déjà un compl.) :une personne agréable à vivreune personne facile à vivreune route mauvaise à marcherla somme nécessaire à prendre le trainla tendresse nécessaire à supporter cette chosele jour nécessaire à bien voir le tableauun recoin propice à s'y glisserune occasion propice à montrer qqc.un temps propice à remettre qqc.
III.− [À dans le syntagme nominal (à sert à construire un complément de nom)]
A.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à est un substantif d'action
1. Il correspond à un verbe à compl. unique (cf. sup. I A 1)
a) Il correspond à un verbe actif :
accéder à la propriété / l'accession à la propriétéil aspire à réussir / son aspiration à réussir
À introduit un subst. :
son accession au trônel'acquiescement à sa propositionl'adhérence des pneus au solson adhésion aux thèses de Bergsonmon appartenance à la race blancheson aspiration à un monde meilleurl'assistance aux séancessa collaboration au journalson consentement à la médiocritésa contribution aux Mélanges Brunot,la croyance au malun manquement à la disciplinel'obéissance aux ordresla participation aux séancesun penchant à la mélancoliele recours à l'aidele renoncement à la violencela résistance à l'érosionla souscription à l'empruntsa tendance à la tristesse
158. ... il n'est de vraie faiblesse que dans l'intime consentement à l'illusion, non dans l'illusion elle-même : de celle-ci on se délivre, et on est fort. R. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 10.
Rem. Les subst. d'action sont rarement suivis de l'animé (le compl. introd. par à est qqf. un coll. ou un sing. à valeur de généralité ou désignant un être surnaturel) :la croyance au Diablela désobéissance aux parentsl'obéissance aux parentsla résistance à l'ennemile recours au médecin
À introduit un inf. :
son aspiration à réussirsa condescendance à refuserson consentement à n'être que ...son hésitation à répondreson inclination à bien faireson penchant à s'abîmer dans ...sa persistance à conserver les ...sa prétention à commanderla répugnance à laisserla tendance à critiquer ...
b) Le subst. d'action correspond à un verbe pronom. (cf. I A 2) :
sa résignation au mal / se résigner au malson obstination à refuser / il s'obstine à refuser
À introduit un subst. :
son adaptation au climatson application au travailson attachement à la religionsa conversion au catholicismesa résignation à l'injustice
159. Tu es digne de l'attachement que je te porte. Aussi vas-tu recevoir une haute récompense de ton application à mes affaires. H. de Balzac, César Birotteau,1837, p. 89.
À introduit un inf. :
cet acharnement à pervertirson application à ne pas quittersa complaisance à écoutercet entêtement à ne pas lui donnerson obstination à refuser
160. Mais d'après mon dilemme, j'étais tout à fait indifférent au résultat. Cependant, ma complaisance à me laisser donner tout ce qui pouvait empêcher l'effet de ce que je venais de faire dut persuader les spectateurs qu'il n'y avait rien de sérieux dans toute cette tragédie. B. Constant, Le Cahier rouge,1830, p. 41.
2. Le subst. d'action correspond à un verbe à double compl.
a) Le subst. correspond à un verbe à double constr. où à introduit un compl. d'obj. second. de l'animé appelé compl. d'attrib. (cf. sup. I B 1) :
l'annonce de la nouvelle aux invités / annoncer la nouvelle aux invitésl'abandon du fort aux ennemisl'application du traitement au maladel'assignation d'une résidence à un fonctionnairel'assujettissement d'un peuple à un autrel'attribution du prix à un Françaisl'aveu de sa faute à ses parentsla communication du dossier à la policela consécration d'un autel à la Viergel'enseignement des mathématiques aux enfantsl'envoi d'une lettre aux adhérentsl'expédition d'un colis aux vieillardsl'inoculation du virus à un animalla promesse d'un cadeau à l'enfant
b) Le subst. correspond à un verbe à double constr. où à introduit un compl. d'obj. second. de l'inanimé (cf. sup. I B 3) :
l'annexion de la Savoie à la Francel'assimilation de la vie à un songel'association du fils aîné au trônela condamnation du soldat à la prisonl'initiation des enfants aux mathématiquesl'objection d'un argument à sa manière de voirla préparation des élèves au baccalauréatla réduction des fractions à un dénominateur communla subordination des intérêts privés à l'intérêt général
3. Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. (cf. sup. I D, E et F)
a) Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. de lieu ou de but :
son arrivée à l'hôtella course au succèsle dépôt de la somme à la banquela descente aux enfersune entrée au ball'envoi d'un représentant à la firmel'expédition du paquet à la maisonses fiançailles à Parisla mise au tombeausa mort à Tombouctouson passage au théâtreune promenade à la campagneun séjour à la campagneune sortie au restaurantson travail à l'usinela vie à la campagneson voyage à la campagne
161. J'ai reconduit Poinsot à Bicêtre, le jour même de son entrée à l'internat. J. Michelet, Journal,1820, p. 75.
b) Il est suivi d'un compl. circ. de temps :
son arrivée à 5 h, à l'aubeson départ à la nuitson passage à midiune promenade à 5 h précises
c) Il est suivi d'un compl. circ. de manière, de moyen ...
Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. non actualisé :
achat à tempérament, à prix d'or, à crédit, ...action à court termearrivée à point nommébavardage à cœur ouvertchasse à courrecombat à outrancecompte à rebourscondamnation à défautconversation à bâtons rompuscourse à piedcuisson à petit feudépart à fond de traindéplacements à dos de ..., à bicycletteengagement à corps perduestimation à vue de nezgarde à vuelavage à grande eaumarche à piedmise à flot, à secpayement à crédit, à tempérament, à termeprêt à fonds perduprogression à petit train, à pas de louprenvoi du jugement à huitainereproches à voix hauterire à gorge déployéesaut à pieds jointstir à vue, à boulets rouges, à blanctransports à dos de ...travail à pertevente à crédit, à pertevote à bulletin secret, à main levéevoyage à dos de ...
162. Malheureusement on se trouve entraîné dans ce souffle de dénigrement à outrance... A. Gide, Journal,1910, p. 289.
Cf. aussi un duel à mort (se battre à mort) :
163. Ce fut avec la pensée d'un duel à mort qu'il proclama de nouveau son ban de guerre contre Hilperik, parmi les franks orientaux et les peuples d'outre Rhin. A. Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, p. 36.
Le subst. d'action est suivi d'un compl. circ. actualisé :
un appel au secoursun chant à l'unissonla chasse à l'affûtune condamnation aux dépensla mise à l'épreuvel'observation à l'œil nula peinture à l'huile, au pistoletun remplacement au pied levéla réussite à la force du poignetle tir au jugéle travail aux piècesune vente à la criée
164. L'expérience est la mise en question (à l'épreuve), dans la fièvre et l'angoisse, de ce qu'un homme sait du fait d'être. G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 18.
B.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à est un substantif qui entre dans une locution verbale suivie de à
1. Subst. + à + subst.
a) Le syntagme nom. obtenu correspond à un syntagme verbal trans. dir. :
l'accueil aux nouveaux / faire un bon - à / accueillir qqn, qqc.l'aide aux pays sous-développés / apporter son - à / aider qqnl'appui à qqn / donner son - à / appuyer qqnpour non-assistance à personne en danger / accorder son assistance à / assister qqnla caution à qqc. / apporter sa - à / cautionner qqc.ses compliments à qqn / faire des - à / complimenter qqnses conseils à qqn / donner des - à / conseiller qqnun défi au bon sens / lancer un - à / défier qqn, qqc.la visite aux Dupont / faire une - à / visiter qqc.
b) Le syntagme nom. obtenu ne correspond pas à un syntagme verbal :
l'adieu à qqc. / faire ses adieux àdes allusions à qqc. / faire allusion àson affront à qqn / faire affront àses avances à qqn / faire des avances àun clin d'œil à qqn / lancer un clin d'œil àses coups d'œil à qqn / lancer des coups d'œil àl'exception à qqc. / faire exception àdes signes à qqn / faire signe à
165. Nous ne savons qu'une exception à l'asservissement universel, et c'est à Rotrou qu'en appartient l'honneur. Ch.-A. Sainte-Beuve, Tableau hist. et crit. de la poésie française et du théâtre français au XVIesiècle, 1828, p. 259.
Cf. le mal à s'ouvrir / avoir du mal à s'ouvrir :
166. Plus bas, sur les moisissures des sous-bois, des papillons lourds et larges et bordés comme des « faire-part » tremblottent de mal à s'ouvrir et puis, plus bas encore, c'était nous, en train de patauger dans la boue jaune. L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 223.
Cf. la foi à / avoir foi à :
167. C'était encore la foi en la vie, en la santé, en la force, à l'éternel recommencement. É. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 171.
168. Notre dévouement, notre foi à une idée qui nous dépasse, nous confèrent une force que nous ne nous connaissions pas. M. Barrès, Mes cahiers,t. 13, juin 1920-janv. 1921, p. 8.
2. Subst. + à + inf. (ou subst. d'action)
a) Le syntagme nom. correspond au groupe mettre, éprouver, sentir ... + indéf., partitif ou poss. + subst. + à + inf. (en concurrence avec le groupe avoir + art. déf. + subst. + de + inf.) :
art : avoir l'- de / mettre son - à + inf. : son - à + inf.assurance : avoir l'- de / éprouver de l'- à + inf. : son - à + inf.générosité : avoir la - de / mettre sa - à + inf. : sa - à + inf.honte : avoir - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.ingéniosité : avoir l'- de / mettre de l'- à + inf. : son - à + inf.joie : avoir la - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.obligeance : avoir l'- de / mettre de l'- à + inf. : son - à + inf.plaisir : avoir le - de / éprouver du - à + inf. : son - à + inf.pudeur : avoir la - de / avoir de la - à + inf. : sa - à + inf.rage : avoir la - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.sincérité : avoir la - de / mettre sa - à + inf. : sa - à + inf.soin : avoir le - de / mettre son - à + inf. : son - à + inf.volupté : avoir la - de / éprouver de la - à + inf. : sa - à + inf.
169. ... tous les traits du méfiant naufragé des Grecs je les retrouvais en lui. L'expérience des choses publiques, des nations et des hommes (...) un soupçon général de tous les cœurs et un amer plaisir à se jouer des vanités; ... A. de Vigny, Mémoires inédits,1829, p. 109.
b) Le syntagme nom. est issu d'un groupe verbe + à + inf. (en concurrence avec verbe + de) :
affectation : affecter de ..., mettre son - à / son - à vouloirangoisse : être angoissé de ..., éprouver de l'- à / son - à demanderdégoût : être dégoûté de ..., éprouver du - à / son - à sortirembarras : être embarrassé de ..., éprouver de l'- à / son - à me répondreempressement : s'empresser de ..., mettre de l'- à / son - à acceptergêne : être gêné de ..., sentir de la - à / sa - à se montrerhâte : se hâter de ..., mettre de la - à / sa - à le rejoindrejouissance : jouir de ..., éprouver de la - à / une - à se mouvoirnégligence : négliger de ..., mettre de la - à / cette - à rejoindresatisfaction : se satisfaire de ..., éprouver de la - à / sa - à refuser
Rem. Est issu d'un groupe verbe + pour + inf. :son insistance à demander / insister pour
c) Certaines constr. s'expliquent par l'anal. avec les constr. précédentes :
son incurie à + inf.sa précipitation à + inf.sa propension à + inf.sa répulsion à + inf.son zèle à + inf.
C.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à correspond à un adjectif construit avec à
1. Subst. + à + subst. :
l'antériorité à l'ère quaternairela conformité à l'originalla conformité aux usages établisl'extériorité au mondesa fidélité à ses convictionsson hostilité à cette solutionl'identité au modèlel'infidélité à la parole donnéela loyauté au trônela postériorité à la Révolution
Rem. À construit très rarement un subst. de l'animé :sa fidélité au roi, à sa femme
2. Subst. + à + inf. ou subst. d'action
a) Le subst. correspond souvent à adj. + à + inf. :
son adresse à faire des robesson âpreté à refuserson aptitude à regarder ...une ardeur à vivreson assiduité à venirson attention à l'écouterson avidité à être admissa chaleur à accepter ...cette constance à se reproduirecette difficulté à croirecette facilité à se lirecette frénésie à jouircette impétuosité à ramener ...l'impossibilité à imaginer ...son impuissance à être heureuxson incapacité à comprendrecette indolence à se faire bellesa lenteur à s'éloignercette promptitude à adapter ...la rapidité à dire ...sa rudesse à vouloircette souplesse à endosser ...la spontanéité à expliquer ...sa témérité à ripostersa tiédeur à réprimer ...votre vigueur à défendre ...
170. Il ne croyait certes pas offenser Dieu par ce blasphème qui n'était que l'aveu de son impuissance à imaginer cette vie éternelle ... G. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1182.
171. ... tant de mes compagnons m'y ont aidé, soit par leur témoignage, soit par leur vigilance à préserver mes notes de l'inquisition allemande, que ces pages qui ne porteront que mon nom sont issues d'une véritable gestation collective. F. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 9.
P. anal. :
cette démence à jouirsa rigueur à tirerson élégance à accepter ...son orgueil à refuser ...sa paresse à sortirsa timidité à aborder la questionsa tranquillité à osersa pudeur à masquer ...sa vanité à vouloir ...
172. Il faudra donc que je surmonte ma paresse à écrire et que je ne fatigue plus ma mémoire; ... A. Chénier, L'Amérique,1794, p. 83.
b) Rare. Le subst. correspond à un adj. suivi de de :
sa fierté à constater / être fier de constatervotre impatience à vaincre / être impatient de vaincre
D.− Le substantif déterminé par le complément introduit par à est un substantif de sens concret (désignant des êtres inanimés ou des animaux)
1. À introduit un compl. de destination
a) À + subst. non actualisé :
arbre à painboîte à cigaresbrosse à chaussuresbrosse à dentscaisse à outilscorbeille à papiercornet à déscouteau à painépingles à lingeétui à lunettesfilm à suspensfourchette à escargotslivre à suitesmoulin à cafémontagne à vachespapier à lettre(s)papier à musiquepièce à scandalepièce à thèsepiège à sourisplateau à fromagepot à laitrobe à effetsac à mainsac à provisionsseau à champagnetable à ouvragetasse à thé / de thé : contenu /tête à claquesvache à laitverre à vin / de vin : contenu /
b) Rare. À + subst. actualisé :
l'assiette au beurre (pop.)la boîte aux lettres (néol. : boîte à lettres)la cruche au cidre (pop.)
c) À + inf.
« Qui sert à » (actif) :
air à dansercartes à jouerchambre à couchercouteau à découpercrème à raserfer à repasserfer à soudermachine à battremachine à écriremachine à lavermachine à voterpâte à reluirepoêle à frirepoil à grattersalle à mangerverre à boire
« Qui est à » (passif) :
bois à brûlercire à modeler, à cachetergomme à mâcherl'homme à abattremaison à vendretabac à priserterrain à bâtirvin à emporter
Cf. avec un verbe intrans. :
siècle à venir
2. À introduit un compl. indiquant le moyen par lequel fonctionne un instrument, un appareil ... (à + subst. non actualisé)
a) Le subst. introd. par à désigne la source d'énergie :
appareil à sousappareil à force humainearmes à feubriquet à gazchambre à gazfrein à mainfusil à air comprimélampe à huilelampe à pétrolemachine à système musculairemachine à vapeurmoteur à essencemoulin à ventpoêle à charbon
b) Le subst. introd. par à désigne l'élément spécifique du fonctionnement :
armoire à glacebateau à voileboîte à casiersbombe à ailettesinstruments à cordeslampe à arcmoteur à hélicemoulin à aubespatins à roulettes
c) Le subst. introd. par à marque la spécificité du fonctionnement :
avion à réactionbombe à retardementfauteuil à basculemoteur à explosion, à réactionsystème à échappement libre
173. ... cette bombe à retardement était déjà montée avec une minutie dont j'étais fier ... F. Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 14.
3. À introduit un compl. d'accompagnement.− À signifie « avec », « qui a » :un char à banc« avec bancs / qui a des bancs » :
a) À + subst. non actualisé :
un arbre à feuilles conifèresles bêtes à cornesun bonnet à poilla bourgeoisie à talentun chapeau à fleursle char à bancun chinois à bedaineune femme à barbeune femme à cheveux brunsun habit à queueun homme à femmesun homme à moustachesun homme à talentsune moquette à fleursdes rentiers à lorgnonsune robe à carreauxun serpent à lunettesdes souliers à talons
174. Vous autres femmes à principes, vous avez des idées singulières. Vous voudriez qu'un homme vînt au monde tout raisonnable, et que, jusqu'au moment où il se marie, il n'eût connu l'amour que dans les romans. T. Leclercq, Proverbes dramatiques,La Scène double ou Il ne faut pas badiner avec le feu, 1835, 1, p. 348.
175. Mais, cousine Bette, je donnerais bien, c'est-à-dire je dépenserais bien cinquante mille francs pour enlever à ce grand bel homme sa maîtresse, et lui prouver qu'un gros père à ventre de chef de bataillon et à crâne de futur maire de Paris ne se laisse pas souffler sa dame sans damer le pion ... H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 112.
176. Les vantaux du portail tapèrent, rabattus comme par un coup de vent fou, et des hommes à grands chapeaux de paysans se jetèrent dans la cour. H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 6.
b) À + subst. actualisé :
une Bible à la tranche vert choula chambre nue aux persiennes closesl'Europe aux anciens parapetsune femme aux yeux de braisela fille aux yeux d'orun garçon à l'air tristeun homme à l'œil fixel'homme à l'oreille casséela mère au frais sourireles routes aux vieux calvairesun vieillard au gilet mal ferméla vieille aux regards fatidiquesla Vierge à l'enfant
177. Il y a même des gens, presque aussi inconnus de nous que du public, qui disent nous admirer. Il y a dans tout ce monde un beau jeune homme, au gilet en cœur, à la chemise en échelle, au revers d'habit noir en velours, ... E. et J. de Goncourt, Journal,févr. 1868, p. 406.
178. Cet enfant d'une extrême beauté, aux yeux bleu vif, aux cheveux blonds bouclés, à teint délicat, montrait une inquiétude morale bien extraordinaire chez un homme de son rang ... A. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 6.
4. À introduit un compl. de manière.− À signifie « qui est à » :un rôti à point(« qui est à point ») :
a) À + subst. non actualisé :
un chasseur à piedcet homme à chevalune langue à partune plaie à nu, à vifdes racines à nuun rocher à picun rôti à point
179. Cette personne n'avait rien d'ailleurs que de naturel et d'ouvert; jeune encore, d'une taille robuste, d'un embonpoint marqué, mais plein d'aisance; une de ces physionomies qui préviennent par un mélange de distinction et de rondeur; l'accent agréable, l'œil à fleur de tête, clair et résolu. Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 205.
180. Cette fois, j'étais de la louée des foulaisons à Marigrate, un gros ménage sur les bords de Durance, une campagne avec des blés à perte de vue, des bois chasseurs, des vignes, tout le tremblement. J. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 9.
b) À + subst. actualisé :
un bateau à la dériveune carpe à la Chambordune choucroute à l'alsacienneune crème à la vanilleune femme à l'aise partoutun jardin à la françaiseun jugement à l'emporte-pièceun jugement à leur honneurun livre à mon goûtun nez à la Cléopâtredes œufs à la coqueun ouvrier à la tâchedes pâtes à l'italienneune pelouse à l'anglaiseune pose à la Napoléonune robe à la modeune tarte aux pommesdes théories à l'état naissantun tuyau à la noix (arg.)
181. Mobilier disparate et démodé, qui contraste avec les vestiges somptueux du cadre, et témoigne qu'ici, depuis un demi-siècle, on « fait des affaires », non seulement sans aucun souci d'élégance, mais sans même utiliser de classeurs à l'américaine. R. Martin du Gard, Un Taciturne,1932, p. 1245.
182. Ce coquillage que je tiens et retourne entre mes doigts, et qui m'offre un développement combiné des thèmes simples de l'hélice et de la spire, m'engage, d'autre part, dans un étonnement et une attention qui produisent ce qu'ils peuvent : remarques et précisions tout extérieures, questions naïves, comparaisons « poétiques », imprudentes « théories » à l'état naissant ... P. Valéry, Variété 5,1944, p. 12.
Rem. Le subst. de base est except. un subst. abstr. :
183. Qu'importe son mérite! Si une chambre composée de demi-sots s'amuse de ses quolibets et prend ses conversations de tribune pour l'éloquence à haute portée d'un véritable homme d'état, que vous importe? Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 337.
184. Un bourdonnement à mille pétillements et crépitements lui emplit les oreilles. Des fumées, qu'une rougeur éclairait d'en dessous, filaient sur le toit du hangar. H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 6.
5. À introduit un compl. de lieu ou de temps
a) À + subst. non actualisé :
185. Le théâtre représente une salle du château de M. de Bremont; porte et deux croisées au fond; deux portes latérales. La porte à gauche de l'acteur est celle de la chambre d'Édouard; ... E. Scribe, A.-F. Varner, Le Mariage de raison,1826, I, 1, p. 384.
b) À + subst. actualisé :
186. L'aiguille a fait son tour. Votre tâche est finie; comme un pâle vieillard le siècle à l'agonie se lamente et se tord. T. Gautier, La Comédie de la mort,1838, p. 22.
187. J'aime à vingt-trois ans cette ride de rien, presque invisible, ce pli à votre beau front, entre vos deux sourcils. G. Bernanos, Dialogues d'ombres,1928, p. 41.
6. À introduit un inf. d'obligation ou un inf. conséquentiel
a) L'inf. a pour obj. le subst. de base du syntagme :
le but à atteindrela conduite à tenirun coup à fairecinq enfants à nourrirquarante gamins à instruireun ordre à donnerun os à rongerune réclamation à satisfaireune résolution à la route à suivrela suite à donnerun tour à jouer
b) À + inf. n'a pas pour obj. le subst. de base du syntagme (verbe intrans. ou verbe trans. ayant déjà un obj.) :
une bouche à rendre jalousedes contes à dormir deboutdes cris à faire peurdes épaules à démolir les portesune injustice à crierun nom à coucher dehorsun sourire à damner tout un concileune tête à tourner toutes les autresune tête à vendre des camembertsle type d'affaire à tout casser
188. Bref, elle m'adorait. C'était des cajoleries, des mamours, des p'tits noms de chien, un tas d'gentillesses à me donner des réflexions. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Histoire vraie, 1882, p. 336.
189. ... puis, c'étaient des fêtes à tout casser, chaque trimestre, quand le notaire lui versait sa rente de trente-sept francs cinquante. É. Zola, La Terre,1887, p. 322.
190. A mon arrivée, il achevait la lecture d'un journal qu'il jeta sur la table, comme s'il se débarrassait d'une couleuvre, avec cet air d'ennui suprême et ce sourire à donner des engelures que vous lui connaissez, ... L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 275.
Rem. 1. À + subst. de l'animé marquant l'appartenance (cf. hist. II B). − La constr. n'existe plus que dans le parler pop. ou paysan (le cousin à ma femme), sauf dans qq. expr. qui appartiennent au lang. fam. ou hypocoristique (un fils à papa). 2. Un certain nombre de syntagmes nom. correspondent, en emploi appos., à un syntagme verbal du type avoir le sourire aux lèvres : un couteau à la main la joie au cœur le poignard au côté le sourire aux lèvres le stylo au poing 191. Vers trois heures de l'après-midi, dans le mois d'octobre de l'année 1844, un homme âgé d'une soixantaine d'années, mais à qui tout le monde eût donné plus que cet âge, allait le long du boulevard des Italiens, le nez à la piste, les lèvres papelardes, comme un négociant qui vient de conclure une excellente affaire, ... H. de Balzac, Le Cousin Pons, 1848, p. 1. Cette prép. a un sens si éloigné de toute donnée concr. et se prête, selon les cont., à des différenciations sém. si nombreuses qu'il est hasardeux de procéder à une classification des « sens », qui ne serait autre qu'une classification sém. des cont. dans lesquels cette prép. peut apparaître. Certes, par oppos. à la prép. d'éloignement de (venir de Paris, être de Paris), à signifie la direction vers un point (qu'il s'agit d'atteindre) (aller à Paris) ou la coïncidence avec un point (considéré comme une limite sans idée de dépassement) (être à Paris) Mais ces valeurs fondamentales (« direction vers » et « coïncidence ») se prêtent aux exploitations les plus diverses : L'idée de « direction vers » se perçoit plus ou moins confusément dans bon nombre de verbes à constr. indir. : aspirer à tendre à s'abandonner à qqc. s'adonner à la boisson s'attacher à qqc. se complaire à ou dans les adj. constr. avec à : (terrain) bon à bâtir; enclin à dominer. C'est elle qui prédomine dans les doubles constr. : donner qqc. à qqn entraîner qqn à agir forcer qqn à faire qqc Elle permet à la prép. à de fournir, avec les verbes de mouvement l'idée de direction ou de destination (aller à, se rendre à), et, sur le plan temp., à constr. qq. loc. qui signifient le parcours d'une certaine étendue de durée (à vie, à brève échéance, à l'avenir ...). Elle donne lieu, enfin, à l'idée de finalité dans le syntagme nom. (moulin à café, machine à coudre). L'idée de « coïncidence » (ou de « situation ») connaît de son côté les exploitations les plus variées : . elle apparaît non seulement au sens local avec les verbes dits « de position » (se trouver, être à Paris) ou, plus gén. dans le compl. « circ. » de lieu (qui n'est pas indispensable au sens du verbe : se promener à la campagne) et, au sens temp., pour situer dans le temps un procès répété ou non (à huit heures, à chaque fois); . mais elle permet aussi à la prép. à d'exprimer des notions comme le moyen (peindre à l'huile), la manière (vendre à crédit), l'indice (reconnaître au pas), la conséquence (s'ennuyer à mourir) et même l'hyp. ou la cause (à lire ce texte avec attention, on ...). Cette diversité dans l'usage sém. de la prép. à, à quoi s'ajoute le fait que dans bon nombre de cas, le sens de à paraît si ténu qu'il en est quasiment insaisissable (pourquoi atteindre à mais s'approcher de, s'échapper de mais échapper à? cf. cependant sup. I A 1, rem. I et I D 1 a, rem.) conduit le lexicographe à préférer pour son étude un cadre proche des données syntaxiques. À fonctionne tantôt dans le syntagme verbal : atteindre à (I), dans le syntagme adj. : apte à (II), dans le syntagme nom. : moulin à café (III). Dans le 1er, il sert à constr. bon nombre de verbes actifs (atteindre à) ou pronom. (s'attendre à) ou de verbes à double constr. (reprendre qqc. à qqn) dans lesquels : . le compl. est à place fixe (apr. le verbe); . le compl. est indispensable au sens du verbe; . à n'est pas commutable avec une autre prép. (sauf, except., avec de); . le compl. est commutable avec y lorsqu'il est de l'inanimé mais non avec où (il aspire à /... à quoi aspire-t-il et non *où aspire-t-il?). Ainsi le compl. d'obj. indir. introd. par à s'oppose avec netteté au compl. circ. (compl. de lieu commutable avec et y; compl. de temps, de moyen, de manière commutable ni avec où, ni avec y). Toutefois les compl. de certains verbes « déterminés » (aller à Paris), tout en se rapprochant du compl. circ. en ce sens qu'ils expriment un lieu et qu'ils sont commutables avec et y, restent cependant apparentés au compl. d'obj. indir. par le fait que, nécessairement postposés, ils sont indispensables pour l'achèvement de la phrase : je vais au théâtre à Paris / à Paris je vais au théâtre mais non, * au théâtre je vais à Paris (au théâtre : compl. déterminé de lieu du verbe aller, proche du compl. indir.; à Paris : compl. circ. de lieu propr. dit, libre du verbe). D'autre part, à + compl. circ. fonctionne fréquemment dans des expr. plus ou moins figées (vendre à crédit, lutter à armes égales). Dans le syntagme adj., à appartient de même à certains adj. qui se construisent régulièrement avec lui (enclin à, apte à ...); avec d'autres il introduit un compl. proche du compl. circ. (curieux à regarder). Enfin, dans le syntagme nom., il convient de distinguer : . les subst. issus de verbes ou d'adj. constr. avec à (l'abandon à; l'aptitude à ...); . les syntagmes issus de certaines constr. doubles (lancer un défi au bon sens > le défi au bon sens); on mettra en évidence l'autonomie du syntagme nom. par le fait qu'il peut fonctionner comme suj. ou comme compl. prép. (à cause de ce défi au bon sens ...); . le syntagme nom. propr. dit (machine à coudre).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [a]. Oppos. phonol. / a / − / ɑ / dans à / a (nom de la lettre). Enq. : / a /. 2. Homon. : à / a, as (verbe avoir). La plupart des dict. ne tenant pas compte de l'aspiration et de la différence de timbre ajoutent à cette série les interj. ah et ha, et a subst. masc. − Rem. Darbois 1830 note également la forteresse de Hâ et Ath, ville belge que Warn. 1968 pourtant transcrit [at]. 3. Hist. des formes. − La forme graph. mod. à avec un accent grave apparaît dans les dict. dep. Nicot 1606. Pour l'introd. des accents dans les manuscrits lat. du Moy. Âge, cf. Beaul. t. 2 1927, pp. 5-6, et pour l'adoption de l'accent grave sur a par Montflory en 1533, cf. Id., ibid., p. 29 et 31. Dès les plus anc. textes, on trouve les formes concurrentes suiv. : a) Ab et ad empruntées au lat. (cf. étymol.), encore attestées, d'apr. les dict., l'une au xiiies., l'autre au xves. (cf. Gdf.). Dans les textes anc. (Eulalie, Saint Alexis), les formes en ad sont empl. devant initiale vocalique et les formes en a devant initiale consonantique. Cf. ex. étymol. : ad a deu ...; ad un comte, ad une spede; a la mer; a mangier; a cels dis ... Cf. aussi Fouché Phonét. 1952, p. 660. Dans les textes plus tardifs, ad est employé indifféremment devant voyelle ou consonne. Cf. Gdf., xiiies. : Ad us et ad coustumes ..., xves. : ... Ad ce mon cœur allume. b) Les formes contractées al > au, als > as et aus, aux, issues de a le, a les. Dans les formes aus, l's sera remplacé par x par suite de la confusion graph. faisant de x, graph. cour. de us, un simple succédané de s. Pour la question de x empl. pour us, cf. Beaul. t. 2, pp. 78-84 et 195. Les formes mod. en au(x) l'emportent à partir du xiiies. − Rem. En a. et m. fr., a peut s'agglutiner au mot qui suit, provoquant le redoublement de la consonne initiale : a + subst. afforfait, a + adj. aggree, a + adj. poss. asson, a + verbe assaveir (cf. Gdf.). On rencontre encore de nombreux cas d'agglutination au xvies., sans qu'il y ait cependant redoublement de la consonne initiale, ex. : acoup, acertes, atout (cf. Hug.). Une trace de cette agglutination reste dans le mot assavoir* que Littré met encore en vedette (expr. faire assavoir); il précise cependant que l'on écrit maintenant faire à savoir.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : prov., ital., esp., cat., port., roum. a. I.− Attestations. − [1reattest. 842, Serm. cf. inf. C1]. A.− Notions se rattachant à ad : mouvement, direction, instrument, etc. 1. a) Mil. xies. Mouvement vers un lieu (Alexis, éd. Paris et Pannier 16a ds T.-L. : vint ... dreitement a la mer); ca 1100, vers une pers. (Rol., éd. Bédier, 70 : Seignurs baruns a Carlemagnes irez); emploi fig. : notion de finalité (Alexis, 10e ds T.-L. : de tot en tot ad a deu son talent); doner a + inf. (ibid., 51e, ibid. : as plus povres le donet a mangier); b) mil. xies. constr. prép. avec valeur : de datif lat. : parler a (ibid., 34d, ibid. : parler al visitor), doner a (cf. sup. Alexis, 51e); de génit. lat. (ibid., 9b ds Gdf. : Filie ad un comte de Rome ...). 2. Notion de situation : 881, dans le temps (Eul., 12 ds Meyer ds Gdf. : Chi rex eret a cels dis sovre pagiens); mil. xies., dans un lieu (Alexis, 34d ds T.-L. : serveit a l'alter). 3. Notions : a) d'instrument : 881 (Eul., 22 ds Gdf. : ad une spede li roverent tolir le chief); b) de manière : ca 1100 (Rol., éd. Bédier, 1276 : L'escut li freinst, Ki est ad or e a flurs); c) de rapport : mil. xies. (Alexis, 5e ds T.-L. : Enfant nos done qui seit a ton talent), tenir a (ibid., 14a ds Gdf. : celui tien ad espos, Qui ...); d) de compar. : ca 1100 (Rol., éd. Bédier, 1598 : Beste nen est Ki poisset curre a lui [qui puisse courir comme lui]). B.− Notions se rattachant à ab : séparation, orig., etc. 1. Mil. xies. prendre congiet a (Alexis, 120c ds T.-L. : prenent congiet al cors saint Alexis). 2. 1172-1174, notion d'orig. (G. de P. Sainte-Maxence, S. Thomas, éd. Hippeau, ibid. : a ses clers prist conseil); 1176 (Chrétien de Troyes, Clig., éd. Micha, 2824 : Que ses oncles li mande Qu'a lui pes ne trives n'atande). 3. Av. 1167, notion d'agent (Marie de France, Lais, éd. Roq., Laustic, 225 ds Gdf. : Ki se faiseit amer a tus). C.− Notions se rattachant à apud : relation, accompagnement. 1. 842, notion de relation (Serm., Bartsch ds Gdf. : Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai). 2. 2emoitié xes., notion d'accompagnement (Pass., éd. Avalle, 428 : Castel Emaus ab elz entret, Ab elz ensemble si sopet); id. (St Léger, ds Förster et Koschwitz, 8 : Primos didrai uos dels honors Quae il auuret ab duos seniors). II.− Étymologie. − A.− Du lat. ad exprimant les notions de mouvement, de direction : vers un lieu (dep. Liv. Andr., 28 ds TLL s.v., 485, 40; fréq. chez Plaute, ibid., passim; maintenu en lat. médiév. ds Mittellat. W. s.v., 148, 10 sq.); vers une pers. (fréq. ds Plaute, ds TLL, 478, 65 sq.); constr. verbe de mouvement + ad + inf. : dare ad manducare [class. dare + inf.], Itala, Johan., 6, 52, cod. vercellensis ibid., 559, 62. Constr. prép. alterne surtout en lat. vulg. − avec datif : Plaute, Epid., ibid., 475, 15 : ad hostes exuvias dabit (cf. 741-744, Lex Baiuv., 1, 1 ds Mittellat. W., 149, 38 : alodem suam ad ecclesiam ... donare), d'où donner à, Horace, Satirae, 2, 6, 90 ds Väänänen, Lat. vulg., § 249 : tandem urbanus ad hunc ... inquit (cf. Trad. ratisb., 25 ds Mittellat. W., 153, 69, ad ipsum abbatem loqui), d'où parler à; voir G. De Poerck et L. Mourin, Réflexions sur la prép. ad, Vox rom., XIII, 279-281; − avec le génit. : Itala, Aggaeus, 2, 23 ds TLL, 558, 47 : unusquisque in gladio ad fratrem suum (cf. fin vies., Form. andec., 28 ds Mittellat. W., 153, 39 : terra ad illo homine). De la notion de mouvement, celle de proximité, puis de situation (sans mouvement) : dans le temps, dep. Pacuv., (Trag., 363 ds TLL, 556, 50 : terra exhalat auram ad auroram humidam; cf. début ixes., Annal. Einh. ds Mittellat. W., 150, 66 : anno 771, ad II nonas dec.); dans un lieu, dep. Plaute, (Truc., 281 ds TLL, 522, 15 : quid apud [ad A] nostras negoti ... est aedis tibi?). De la notion de proximité, celles : − d'instrument : dep. 1ers. ds TLL, 551, 50 sq. (cf. avec 3 a : Vég., Mil., 3, 24, ibid., 77 : ad latiores lanceas ... beluas occidebant); − de manière (cf. avec b : Pline, Epist., 5, 6, 13, ibid., 551, 42 : formam aliquam ad eximiam pulchritudinem pictam); − de rapport (dep. Plaute, ibid., 80 sq.; cf. avec c : ixes., Sangall., p. 81, 5 ds Mittellat W., 152, 59 : ad mensura egrotantis); tenir a « considérer comme », cf. anno 774, Concilium Suess, can. IX ds Bourc. 1956, § 236 b : nullus sacratam feminam ad mulierem habeat; − de compar. (cf. avec d : Cic., De Orat., éd. Courbaud, 2, 25 : sed nihil ad Persum). B.− Du lat. ab exprimant les notions : − de séparation, dep. lat. arch. : discedere ab « se séparer de (qqn) » dep. Plaute, ds TLL s.v. discedere, 1278, 80 sq.; cf. avec 1 : − d'orig. avec verbe « espérer », « craindre », « attendre » + nom de pers. (Tite-Live, 21, 13, 3, ibid., s.v. ab, 31, 59, d'où 2; exprimant l'agent (dep. Plaute, passim ibid., 28, 71 sq.), d'où 3, cf. aussi hyp. de H. Fr. Müller, Orig. et hist. de la prép. « à » dans les loc. du type « faire faire qqc. à qqn » (cr. par Rübel ds Z. rom. Philol., XXXVIII, 371-373) qui y voit la trace d'un dativus graecus compl. de l'inf. passif puis actif, remplacé par le tour prép., opinion reprise par Gam. Synt. 1957, § 85, et Spitzer ds Z. rom. Philol., XLIII, 279 sq. C. − Du lat. apud (Fouché Phonét. 1952, 659, rem. IV), par l'intermédiaire de *abu, hyp. confirmée par forme ab des Serments; prép. apud, fréq. à partir vies., surtout en Gaule, pour exprimer notions de relation et d'accompagnement; cf. avec 1 : Merov., 70, p. 62, 51 ds Mittellat. W., s.v., 832, 23 : quod exinde socer suos [e. suus] concammio apud ipso Magnoaldo fecisset; cf. avec 2 : anno 726-727, Hist. Franc., 10, 252 ds Mittellat, W., s.v., 832, 27 : rex omnem exercitum suum apud [cum ds Greg. Turon.] armorum apparatu jussit venire; cf. a. fr. o(d). A partir de l'époque mérov., confusion fréq. entre a(b) et ad (cf. TLL, s.v. ad, 558, 78 sq.; Mittellat. W., s.v. ad, 155, 12 sq.) et entre ad et apud (cf. TLL, s.v. apud, 344, 35-54; Mittellat. W., s.v. apud, 832, 1-17) ce qui explique la triple orig. de l'a. fr. a. HIST. − En a. fr. la prép. à, dont les orig. lat. sont très diverses (cf. étymol.), a un emploi beaucoup plus large qu'en fr. mod. Au cours de l'hist. de la lang., à ne cesse de lutter contre des prép. concurrentes anc. (en, de, pour) ou de création plus récente (chez, dans, avec), le mouvement gén. étant un mouvement de recul, en partic. devant un subst. de l'animé. I.− Emplois stables. − Dep. l'a. fr., la prép. à a exprimé le mouvement vers (ou jusqu'à) une limite non franchie, tant au sens concr. qu'au sens fig. Cette stab. ne va pas sans fluctuations de détail au cours de la longue période considérée. A.− Dans le syntagme verbal. 1. Constr. indir. simple. − À noter une concurrence à / de devant l'inf. (cf. I A 1 b, rem. 3). En a. fr., à s'emploie apr. des verbes auj. suivis de de : souffrir à, jurer à, menacer à (T.-L.). Au xviies. : oublier à; manquer à; prescrire à; rechercher à; risquer à; omettre à; retarder à; se proposer à; il est aisé à; avoir accoutumé à; prendre garde à; etc. (Haase 1914, pp. 327-331). − Rem. 1. Inversement de a pu s'employer apr. des verbes suivis auj. de à. Citons, au xvies. : apprendre de; chercher de; s'offrir de (Goug. Gramm. 1951, p. 154). 2. À noter aussi la constr. en a. fr. à + inf., là où le fr. mod. a la constr. dir. : Alerent a veoir Costantinople. Villehardouin, 192 (T.-L.). 2. Verbes à double constr. Concurrence des prép. à / de devant l'inf. dans le type inviter qqn à + inf. (cf. I B 4 a) : au xvies. de s'emploie là où l'usage mod. est de mettre à : convier qqn de; inciter qqn de (Goug. Gramm., p. 154). 3. Dans le compl. circ. a) Dans le compl. circ. de lieu (cf. I D, rem. 1 et 3) Concurrence à / en. Ses causes : . les orig. lat. de à, qui lui donnaient les valeurs de en < in et notamment celles du locatif, avec idée de pénétration. − On sait que le lat. class. opposait esse in urbe « être en ville » ou « à la ville », d'une part à ire in urbem « aller en ville » (avec franchissement d'une limite et pénétration) et d'autre part à ire ad urbem « aller vers la ville » ou « à la ville » (avec tout au plus atteinte de la limite mais sans pénétration). Il est évident que la prép. ad s'imposait quand la pénétration était inconcevable : cas d'obj. n'ayant pas d'intériorité accessible (ire ad januam « aller vers la porte » ou « à la porte »; cas des pers. (ire ad aliquem « aller vers qqn » ou « à qqn »)). Le lat. vulg. avait simplifié ce système d'oppos. trop subtiles et avait fini par dire indifféremment d'une part, ire in ou ad urbem « aller vers la ville », « à la ville », « en ville » (sans considération de limite approchée, atteinte ou franchie) et d'autre part, esse in urbe ou ad urbem « être en ville » ou « à la ville » (sans considération de mouvement); cette ext. à l'expr. du locatif avait été facilitée par des tours class. exceptionnels, comme stare ad januam « se tenir à la porte », d'où l'idée de mouvement est exclue; . un accident phonét. − On sait que phonétiquement *à le donne au, mais que de même *en le donne el, eu, ou et risque ainsi de se confondre avec au. C. Fahlin (cf. bbg., op. cit., pp. 62-63) cite comme 1erex. de la confusion ainsi créée, Merlin (fin du xiiies. ou début du xive) où l'on trouve simultanément : (... il n'a el monde chastiel (I, 198); (...) c'est la chose ou monde (I, 11); (...) canques il voit au monde (II, 179). Ses manifestations : . devant les subst. masc. à initiale vocalique (enfer) et les subst. fém. (forêt) qui appellent une prép. ayant le sens de « à l'intérieur de », en s'est imposé au prix du sacrifice de l'art., tandis que au supplantait apparemment en − qu'en fait il contient − devant les subst. masc. à initiale consonantique : cf. en forêt, en enfer, mais au bois, au paradis; . devant les subst. masc. à initiale vocalique (hôtel) ou les subst. fém. (maison, tête) devant lesquels la prép. peut signifier soit l'approche, soit la pénétration, l'alternance en / à est possible : à la maison / en maison de; à la tête / en tête; à l'hôtel / en l'hôtel; devant les subst. masc. à initiale consonantique au supplante en : au logis, au visage; . même phénomène pour les noms de pays et de provinces : en a. fr. la prép. usuelle est en, à étant très rare. Or devant ces noms, précédés ou non de la prép., s'introduit l'usage de l'art., rare encore au xiiies. puis avec une fréquence croissante jusqu'au xvies., la tendance étant ensuite à l'élimination de l'art. Aussi trouve-t-on en devant les noms de pays masc. à initiale vocalique et les noms fém. (l'élimination totale de à la ou à l' au profit de en sans art. ne date que du xixes. où l'on trouve les dernières attest. de à la Chine, à la Floride). Devant les noms de pays masc. au < *en le ou *à le est resté, même devant les noms très anc. (au Portugal, au Danemark); . devant les noms de ville, à concurrence en, qui devient rare, dès les xiieet xiiies. sauf dedant les noms de villes bibliques ou lointaines. Aux xiveet xves. à cède parfois la place à en (ou à dedanz) quand on veut souligner qu'on est à l'intérieur de la ville. D'autre part en semble se réintroduire devant les noms de ville à initiale vocalique (cf. C. Fahlin, op. cit., pp. 137-145). Au xviies. on trouve encore en Damas, en Florence, en Paris et en Alexandrie, en Épidaure, etc. (Haase, p. 341). Pour en Avignon, cf. sup. I D 1, rem. 3. . Au suj. de l'oppos. au printemps / en été, en automne, en hiver, les grammairiens sont divisés. Beaucoup, tels Bally et Wartburg, la justifient par l'absence de l'art. devant été, automne, hiver − s'agissant de véritables noms propres l'art. était inutile − et par sa présence (dans au) devant printemps < primum tempus, à l'orig. simple nom commun ayant donc besoin d'un déterm. (sur cette question controversée cf. C. Fahlin, op. cit., pp. 107-111-114-116 et W. v. Wartburg, Problèmes et méthodes de la linguistique, pp. 113-114). . Au xviies. à est encore concurrencé par en devant déterm. On trouve a) s'intéresser en ma conversation, en leurs maux; avoir quelque part en vos bonnes grâces; se confier en la bonne fortune; croire en les livres de Moïse; b) mourir en la peine; mettre en la place de; être en la disposition de, etc. (Haase, pp. 341-343). Concurrence à / dans, sur, vers : . La prép. dans s'impose vers le mil. du xvies. (cf. C. Fahlin, op. cit., p. 159) et tend à supplanter à devant les subst. ou apr. des verbes appelant une prép. signifiant « à l'intérieur de ». Mais au xviies. l'anc. état de lang. est encore abondamment attesté par des tours comme : se baigner au sang d'un frère; renfermer qqn à de petites choses; se jeter à d'autres desseins; être blessé à une attaque; tomber au désespoir; laisser qqn au besoin; entrer au détail; tremper au complot (Haase, pp. 313-317). − Rem. Inversement l'usage a imposé à là où le xviies. employait dans : s'intéresser dans les affaires; abandonner qqn dans sa folie; pousser les choses dans les dernières violences; trouver du goût dans la vie; oublier sa dignité dans la vue de; être attaché dans cette bienheureuse terre (Haase, pp. 346-347). . La prép. à a été concurrencée également par d'autres prép. de sens concr. Pour le xviies., citons : à supplanté par sur : rétablir qqn au trône; trouver le diable à son chemin; insister toujours aux mêmes principes (Haase, p. 314); à supplanté par vers : se frayer un chemin à la foi (Haase, p. 321). b) À concurrencé par le degré zéro dans le compl. circ. de temps (cf. I E 3, rem. 1). − Des compl. circ. auj. constr. sans prép., étaient souvent, en m. fr., précédés de la prép. à : au lendemain matin, à ce matin, au soir (Goug. Gramm., p. 185). c) Concurrence à / pour dans le compl. de but. − La prép. à avec une valeur finale a perdu du terrain au profit de pour, comme en témoignent les emplois suiv. : au xvies. : Et aultres instruments requis a bien arboriser. Rabelais, Gargantua, 23. Au xviies. : avoir des appuis à se soutenir; se servir de ses mains à faire qqc.; se faire un prétexte de qqc. à ne pas ...; chercher la solitude à cacher qqc.; s'en prévaloir à éviter qqc.; n'avoir rien à rendre content; faire son possible à (Haase, p. 331). − Rem. Inversement à a été parfois préféré à pour dans l'usage mod. : être destiné pour posséder qqc.; se tuer pour remarquer toutes ces choses (Haase, p. 363). B.− Dans le syntagme nom. − Le syntagme nom. présente dès l'a. fr. les caractères mod. du syntagme nom. dont le subst. déterminé est un subst. concr. 1. À marquant la destination (cf. III D 1). À + subst. sans art. : à est suivi normalement d'un subst. non actualisé : boîtes a ongement. Meng. Rag., 1849 (T.-L.). Cependant à + art. + subst. est plus répandu qu'en fr. mod. : fourche au fiens. Jub. N. Rec., II, 164, (T.-L.). 2. À marquant l'accompagnement (cf. III D 3). À + subst. sans art. : à est suivi normalement d'un subst. non actualisé : chape a manches. Men. Reims, 145, (T.-L.). 3. À introduisant un compl. qui exprime le moy. par lequel fonctionne un appareil ex. roue à aubes (cf. III D 2), semble ne pas avoir existé en a. fr. II.− Emplois en régression. − A.− Dans le syntagme verbal. 1. Constr. indir. simple (cf. I A 1 a, rem. 1). Recul du compl. indir. à + subst. de l'animé, certains verbes qui ont maintenant un régime dir. de l'animé s'étant constr. au xvies. avec à + subst. de l'animé : aider à qqn; assister à qqn; satisfaire à qqn; favoriser à qqn; rencontrer à qqn; supplier à qqn; éclairer à qqn (Goug. Gramm., pp. 149-150). 2. À devant l'attribut de l'obj. (cf. I C 1 pour les emplois mod. qui subsistent). La prép. à a reculé au profit de pour et comme. En a. fr., à est la prép. normale apr. les verbes avoir, prendre, vouloir : Rochebrune a a non. Bast., 87 (T.-L.). La concurrence à / pour existe dès l'a. fr. : Ne vos taing or mie por sage ne por cortois / Ne vos an taing or mie a sage ne por cortois. R. Charr., 140 (T.-L.). Au xviies., on trouve encore largement à devant des subst. abstr. : réputer, recevoir à faveur; compter à grand malheur; tenir à bonheur, à infamie; interpréter à mal; avoir à mépris; devenir à rien (Haase, p. 315). 3. Dans le compl. circ. a) Recul de à devant un subst. de l'animé (cf. I D, rem. 2) au profit de chez, vers, sur : en a. fr., à sert très couramment à indiquer le mouvement vers une pers. : . à signifiant « envers » : a li n'a pas häine. Berte, 1377, (T.-L.); . à signifiant « sur » : traoient as noz. Villehardouin, 218 (T.-L.); . à signifiant « vers, chez » : a vos m'anvoie. Ch. lyon, 5072 (T.-L.). Au xviies. à est encore largement empl. devant l'animé : . « chez » : souffrir qqc. à un homme comme vous. (Haase, p. 315); . « vers » : (se) tourner à un officier. (Haase, p. 314); . « sur » : se lancer à lui. (Haase, p. 314). Recul de à devant un subst. de l'animé au profit de avec, contre, pour exprimer l'accompagnement, la relation. . En a. fr. : à lui se vuet asseyer. Rich., 2217 (T.-L.). Tobie a sa fame ne jut. Tob., 1011 (T.-L.)... de cumbatre as Turs avoient grant ardour. Bast., 170 (T.-L.). Et va a chascun(s) demandant Qui est li sire a cui il vont Et cil lors respondu li ont Qu'il vont au seignor de Cocagne. Joufr., 1370 (T.-L.). « Je tire a vous de l'erbalestre » c'est-à-dire : « Je tireray avec vous de l'erbalestre ». Fabri, Art. de Rhetor, I, 13 (Hug.). . Au xviies. : Tu suis mes ennemis, t'assembles à leur bande. Malh., I, 7, 89 (Haase, p. 320). Je m'amuse a votre fille. Sev., II, 444 (Haase, p. 320). . A noter, en fr. mod., l'alternance à / avec / contre apr. se battre, se mesurer. Recul de à marquant l'intérêt. − En a. fr., le tour suiv. est fréq. : Au conte ocïent son cheval. G. Gui. I, 5404 (T.-L.). Aux xviieet xviiies., on hésite entre à et pour : On fait pour Camille un crime de sa flamme. Corneille, Othon, IV, 1, 1206 (Haase, p. 363). Ce n'est pas un petit avantage à un homme ... de n'avoir point à faire de guerre à sa patrie. Balzac, Dissert. chrét., V (Haase, p. 335). D'autre part la prép. à continue en a. fr., la prép. lat. ab marquant l'orig. : prent cungé a ses freres. S. Brand., 145 (T.-L.). Apprenneiz a mi, ke ... S. S. Bern., 17, 25 (T.-L.). A cui marceant l'acaterent. Fl. et Bl., 511 (T.-L.). Cette constr. a été éliminée par de et des loc. adv. comme auprès de, de la part de. L'agent (apr. un inf. dépendant de laisser ou faire à la voix pronom.) a cessé de pouvoir être constr. avec à (cf. I B 2) : La Grèce ne lui a point reproché de s'être laissé gouverner à Nestor. Balzac, De la Cour. disc. I (Haase, p. 337). b) Recul de à devant un subst. de l'inanimé. Recul de à au profit de avec, pour exprimer la manière, la circonstance (cf. I F 1). Troverent le conte Loeys a grand plenté de bons chevaliers. Villehardouin, 498 (T.-L.). Noter dans les ex. suiv. la cœxistence de avec ou od + subst. de l'animé et de à « avec » + subst. de l'inanimé : Tut li altre passerent od le rei l'ewe de Cedron a plainte, a duleur e a plur. Rois, II, XV, 22 (Gdf.). Revenoient avec leurs peres ... a mains d'avoir et a plus de pechiez. L. Mest., 236 (T.-L.). En fr. mod. à subsiste encore dans des compl. circ. figés : à foison, à grands cris, etc. Recul de à au profit de par, de, pour exprimer une circonstance explicative (cf. I F 2 c) : Al sanc qu'il ot perdu et al caut quil destraint se pasma quatre fois. R. Alix., 188, 1 (T.-L.). A l'orgueil de ce traître De mes ressentimens je n'ai pas été maître. Molière, Tart. V, 3, 1709 (Haase, p. 324). − Rem. Pour à par, symétrique de de par, cf. par. B.− Dans le syntagme nom. − Une modification fondamentale se produit dans le syntagme nom. : la prép. à a cessé d'introd. le compl. d'appartenance et a été remplacée par de. On disait en a. fr. la nef à cil saint home; la terres as dous freres; la mere au roi; l'amor au saint home; la coe au lion, etc. (d'apr. T.-L.) : Se jo ne sui fille de roi Si sui je fille a rice conte. Parton., 10216, Crapelet (Gdf.). − Rem. Dans ce dernier ex. on notera la coexistence des 2 prép. à et de. En m. fr. à + subst. de l'animé est encore fréq., mais de est devenu la constr. usuelle : La bauge du sanglier, du cerf la reposee, La ruche de l'abeille et la loge au berger. D'aubigné, Trag. II, 1525 (Goug., p. 211). Auj. la constr. ne survit plus que dans la lang. pop. et fam. : la cousine à Germaine; un fils à papa (cf. III D 6 b, rem. 1).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 396 290. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 2 023 201, b) 2 054 474; xxes. : a) 1 830 617, b) 2 010 176.
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CHEVAUCHONS, (À), loc. adv.

Vx. Synon. de à califourchon, à cheval.Il y était encore à chevauchons quand une voix gouailleuse lui cria : − Bravo! (Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 19).
Prononc. et Orth. Seule transcr. ds Land. 1834 et Littré : che-vô-chon. Ds Ac. 1694-1740. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. (Dit de Flourence ds Nouv. Recueil Fabliaux, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 116); qualifié de ,,bas`` par Ac. 1694, de ,,vieux`` par Ac. 1740; supplanté par à califourchon*. Composé de la prép. à* et de chevauchons, dér. de chevaucher*, suff. -ons*.

Article lié : « A » ou « à » ?

Wiktionnaire

Préposition - français

à \a\

  1. Introduit un complément circonstanciel de lieu.
    1. avec déplacement vers l’endroit cité
      • Je vais à la plage.
      • Arriver à bord.
      • Il vient à nous.
      • Tournez à droite, puis à gauche.
      • J’irai jusqu’à tel endroit.
      • La route de Paris à Versailles.
    2. sans déplacement
      • Il commence avec l'installation au pouvoir, tant à Ottawa qu’à Québec, du parti libéral de Wilfrid Laurier. — (Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec: 1896 à 1960, tome 4, Septentrion, 1995)
      • Mettre pied à terre.
      • Conseiller à la Cour de cassation.
      • Avocat à la Cour d’appel de Paris.
      • Travailler à la mairie.
  2. Introduit un complément circonstanciel indiquant la provenance.
    • Puiser de l’eau à une fontaine.
    • Prendre à un tas.
    • La poésie grecque commence à Homère.
  3. Introduit un complément circonstanciel de temps.
    • À la nuit, on apprit que la division de Forton avait eu un engagement sérieux, du côté de Mars-la-Tour. — (Paul et Victor Margueritte, Le Désastre, p.184, 86e éd., Plon-Nourrit & Cie)
    • Il se termine avec la mort de Maurice Duplessis, à l'aube de ce qu'on appelle la Révolution tranquille. — (Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec: 1896 à 1960, tome 4, Septentrion, 1995)
    • Les cloches sonnent à midi.
    • À ma mort, il héritera de cette maison.
    • À la troisième sommation, ils se retirèrent.
    • Louer à l’année.
    • À bientôt.
  4. Introduit un complément circonstanciel de manière.
    • Ils sont partis à l’anglaise.
    • Aller à la débandade.
    • À la hâte.
    • À l’improviste.
    • À merveille.
    • À la légère.
    • À la diable.
  5. Introduit un complément circonstanciel de moyen, et peut se remplacer par « au moyen de ».
    • Pêcher à la ligne.
    • Jouer à la paume.
    • Se battre à l’épée, au pistolet.
    • Mesurer à l’aune, au mètre.
    • Dessiner à la plume.
    • Tracer au crayon, au compas.
    • Travailler à l’aiguille. On dit de même par ellipse Des bas à l’aiguille, au métier, etc.
  6. Introduit un complément circonstanciel d’agent. Dans ce cas, à équivaut à par ou de.
    • Et vous me dites que votre mère – une vraie musicienne, elle, j’en suis sûre – a fait acheter à votre père un piano exprès pour vous ? — (Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, Babel, page 140)
    • J’ai bien entendu dire tout à l’heure à une dame que vous aviez une fièvre cérébrale. — (George Sand, Le Secrétaire intime, La Bibliothèque électronique du Québec, page 177)
  7. Introduit un complément d’attribution.
    • Ce livre est à moi.
    • Cette ferme appartient à mon père.
    • Rendez à César ce qui est à César.
    • Il a un style, une manière bien à lui.
    • Donner une bague à quelqu’un.
    • J’ai prêté ce livre à mon frère.
    • Enseigner la géographie à un enfant.
  8. Introduit un complément d’objet indirect.
    • Écrire à son ami.
    • Obéir à la loi.
    • Il demande à sortir.
  9. Suivi d’un nombre, indique une action faite conjointement par plusieurs personnes.
    • Louer une maison à trois.
    • Être à deux de jeu.
  10. Introduit un complément du nom,
    1. indiquant la destination ou l’usage.
      • Moulin à farine.
      • Pot à eau.
      • Maison à vendre.
      • Chambre à coucher.
      • Vache à lait.
      • Prendre quelqu’un à témoin.
    2. indiquant l’accompagnement, et peut se remplacer par « avec ».
      • Table à tiroir.
      • Canne à épée.
      • Voiture à deux roues.
      • Clou à crochet.
    3. indiquant la possession
      1. devant un pronom.
        • C’est un ami à moi.
      2. familièrement, devant un nom. En langage plus soutenu, on utilise la préposition de.
        • Ça, c’est la maison à mon père.
        • Tu vois qui c’est, la sœur à Marion ?
  11. Introduit une locution adverbiale
    1. comme synonyme de selon, suivant.
      • À mon gré.
      • À sa fantaisie.
      • À sa manière.
      • À mon choix.
      • À votre avis.
      • À ma gauche.
      • À leur jugement.
      • Chapeau à la mode.
      • Habit à ma taille.
      • Parler à son tour.
      • Marcher à son rang.
      • À la rigueur, on pourrait admettre cette opinion.
      • À votre compte, je serais votre débiteur.
      • À ce que je crois, vous voulez partir.
      • Boire à sa soif.
      • Manger à sa faim.
      • Dieu fit l’homme à son image.
      • Il voulut, à l’exemple de son père… à la vérité, à plus forte raison, etc.
    2. pour indiquer un prix.
      • Dîner à trente francs par tête.
      • Emprunter à gros intérêts.
      • Placer ses fonds à cinq pour cent.
      • Les places sont à dix francs.
      • Acheter du drap à vingt francs le mètre.
      • Vendre à bon compte.
      • Donner une marchandise à vil prix, à bon marché, etc.
      • Vivre à peu de frais.
    3. pour introduire un infinitif.
      • À le voir, on juge de son état. → En le voyant, on juge de son état.
      • À le bien prendre.
      • À tout prendre.
      • À voir les choses de sang-froid.
      • À compter de ce jour.
      • À partir de telle époque.
      • À dire la vérité, à vrai dire, à parler franc, à ne rien dissimuler → pour dire la vérité
      • À l’en croire, à l’entendre → S’il faut l’en croire.
      • À ne considérer que telle chose → En ne considérant que telle chose ou Si on ne considère que telle chose.
    4. pour compléter un adjectif.
      • Facile à dire. → que l’on dit facilement
      • Bon à manger. → que l’on mange avec plaisir
    5. pour compléter un nom avec le sens de capable de, qu’il faut, que l’on peut.
      • Vin à boire → vin bon à boire.
      • C’est un ouvrage à recommencer → qu’il faut recommencer.
      • C’est un avis à suivre → qu’il faut suivre.
      • C’est un homme à récompenser.
      • C’est un livre non seulement à lire, mais à relire souvent.
      • C’est une affaire à vous perdre → qui pourra vous perdre.
      • C’est un procès à n’en plus finir.
      • C’est un conte à dormir debout → que l’on ne peut pas croire.
      • Il est homme à se fâcher → capable de se fâcher.
      • Cette place est à prendre.
      • C’est un homme à pendre.
  12. Devant le pronom relatif qui, sert à former des locutions elliptiques qui expriment une sorte de rivalité, de concurrence.
    • Ils dansaient à qui mieux mieux.
    • C’est à qui ne partira point.
    • Tirons à qui fera, à qui jouera le premier.
    • Ils s’empressaient à qui lui plairait davantage.
    • Disputer à qui obtiendra une faveur.
  13. Dans certaines phrases elliptiques, marque la consécration ou le renvoi à une personne.
    • À Dieu très bon et très grand.
    • Hymne à Vénus.
    • À Monsieur le Ministre des finances…
    • À moi ! À l’assassin ! Au secours !
  14. S’emploie dans quelques locutions elliptiques servant à désigner par son enseigne un hôtel ou un magasin.
    • Au Cheval blanc.
    • À la Boule d’or.
  15. Dans l’expression avoir à, signifie devoir.
    • Le temps que j’ai à vivre → pendant lequel je dois vivre.
    • L’argent que j’ai à dépenser → que je peux ou que je dois dépenser.
  16. Avec certains verbes, forme une ellipse de quelque chose à.
    • Elle s’enjoyait des après-midi à leur courir après, jouer avec eux dans le parc, leur donner à manger, les dorloter. — (Céline Chevet, La fille qui tressait les nuages, Éditions du Chat Noir, 2018, chap. 4)
    • Verser à boire.
    • Il n’a pas à manger.
    • Il ne trouve pas à s’occuper.
    • Il y aurait à craindre.
    • Trouver à redire.
    • Il n’y a pas à balancer.
    • N’avoir rien à répliquer, ne trouver rien à répondre, ne trouver rien à redire.
  17. Placé entre deux noms répétés,
    1. indique l’opposition, et prend le sens de « contre ».
      • Dos à dos.
      • Corps à corps.
      • Face à face.
    2. indique la succession ou la progression, et prend le sens de « après ».
      • Goutte à goutte → l’une après l’autre.
      • Démonter une pendule pièce à pièce.
      • Pas à pas.
      • Mot à mot.
      • Sou à sou.
      • Peu à peu.
      • Deux à deux.
  18. Entre deux nombres ou deux grandeurs, exprime une approximation ou un intervalle.
    • Cinq à six lieues.
    • Vingt à trente personnes.
    • Quinze à vingt francs.
  19. Jusqu’à.
    • Il est amoureux à la folie.
    • Je suis malade à garder le lit.
    • Souffrir à crier.
  20. Introduit des locutions diverses.
    • Il en est plus à craindre.
    • Il n’en est que plus à estimer.
    • Vous n’avez qu’à parler, qu’à vouloir, etc.
    • Cela n’est pas à dédaigner → on doit en tenir compte.
    • Je suis encore à savoir comment… → J’ignore comment…
    • Je suis ici à l’attendre.

Pronom personnel - français

à \a\

  1. (Québec) (Familier) Elle.
    • — Pourquoi qu'à m'en veut, dit-il, avec une larme dans le coin de l'oeil, j'y ai rien fait, moé? — (Rodolphe Girard, Marie Calumet, Montréal, 1904, ch. X)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

À. préposition
. Lorsque À précède l'article masculin suivi d'une consonne ou d'un h aspiré, il se contracte en au. Il fait au pluriel aux. Il exprime cinq rapports différents : 1ø Possession; 2ø Tendance, direction vers un lieu, vers un objet; 3ø Situation, manière d'être; 4ø Provenance; 5ø Espèce, qualité. Il a en outre un grand nombre de significations diverses. -

À sert à marquer Possession, appartenance. Ce livre est à ma sœur. Cette ferme appartient à mon père. Avoir une maison à soi. Rendez à César ce qui est à César. Il a un style, une manière à lui. C'est un homme de mérite, un ami à moi, que je vous recommande vivement. Quelquefois il forme avec son complément une sorte de pléonasme qui donne plus de force à l'idée de possession. C'est mon opinion, à moi. Sa manie, à lui, c'est de croire que... Votre devoir, à tous, est de lui obéir. C'est à vous à parler, Votre tour de parler est venu. On dit aussi C'est à vous de parler, C'est à vous qu'il convient de parler. IIø -

À sert à marquer Tendance ou Direction. Aller à Rome, à l'église, à l'armée. Marcher à l'autel. Arriver à bord. Il vient à nous. Envoyer à l'école. Tourner à droite, à gauche. Retourner à la ville. Rentrer au logis. Un voyage à Naples, à la campagne. La route de Paris à Versailles. Mettre pied à terre. S'élancer au plus fort de la mêlée. Revenir à la charge. Se mêler à la foule. Conduire un homme au supplice, à la mort. Atteler à la charrue. Tendre les mains au ciel. Se prosterner aux genoux de quelqu'un. Ils se prirent aux cheveux. Jeter au feu. Atteindre au but. Quelquefois on l'unit à la préposition jusque, qui marque plus précisément le Terme ou le but. J'irai jusqu'à tel endroit. En ce sens, il s'emploie Devant les noms. Écrire à son ami. Obéir aux lois. L'obéissance, la soumission aux lois. Renvoyer une affaire au lendemain. Atteindre à la perfection. En venir à des injures. Pousser à bout. Réduire au tiers. Servir à tel usage. Tirer à sa fin. Tourner à la louange de quelqu'un. Toutes nos actions doivent tendre à la gloire de Dieu. Boire à la santé de quelqu'un. - Devant les infinitifs. Il demande à sortir. Il aime à lire et à écrire. Il vise, il tend à vous supplanter. Il aspire à vous plaire. Je parvins à le persuader. Quel empressement à le servir! Il s'est abaissé à le prier, jusqu'à le prier. Elle s'est emportée à lui dire, jusqu'à lui dire que... Tous s'accordent à le louer. Je me décidai à partir. J'aviserai à le faire. Inviter à dîner. Obliger à fuir. Il désigne la Destination, l'usage. Avec un nom. Terre à blé. Marché à la volaille. Moulin à farine, à poudre, à papier. Cuiller à pot, à soupe, à café. Pot à l'eau. Bouteille à l'encre. Boîte à thé. Sac à ouvrage. Plat à barbe. Pierre à fusil. - Avec un infinitif. Fille à marier. Maître à danser, à chanter. Bois à brûler. Tabac à fumer. Maison à vendre, à louer. Verre à boire. Table à jouer. Chambre à coucher. Fer à repasser. Pierre à aiguiser. On peut rapporter à cette acception les phrases telles que : Prendre quelqu'un à témoin, Invoquer son témoignage; Prendre à tâche, S'attacher à faire une chose, ne perdre aucune occasion de la faire; Tenir à honneur, à injure, Regarder comme un honneur, comme une injure. Il sert particulièrement à former le complément d'attribution de certains verbes transitifs. Donner une bague à quelqu'un. J'ai prêté ce livre à mon frère. Enseigner la géographie à un enfant. Dire un mot, faire un salut à quelqu'un. Par extension, À forme le complément d'objet indirect de quelques verbes transitifs comme Nuire à autrui. Obéir à quelqu'un. Il aime à écrire. Il demande à sortir. Dans certaines phrases elliptiques, À marque Consécration, dédicace, envoi à une personne. À Dieu très bon et très grand. Au Dieu inconnu. Aux dieux lares. Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Un tel à un tel, salut. Hymne à Vénus. Épître de Boileau à Racine. C'est dans ce sens qu'on l'emploie encore aujourd'hui pour la suscription ou l'adresse de certaines lettres, À Monsieur le Ministre des Finances... À Monsieur le Directeur de l'Assistance publique... Quelques autres phrases elliptiques offrent un emploi analogue de la même préposition. Honneur aux braves! Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté! Malheur aux vaincus! Haine à la tyrannie! Honte à la bassesse, à la lâcheté! On doit rapporter encore à cet emploi de À certaines phrases elliptiques exprimant un Appel, un avertissement bref, une imprécation, un souhait, etc. À moi! À nous! Au feu! Au voleur! À l'assassin! Au secours! À la garde! Aux armes! À bas! À l'eau! Au diable! À d'autres! À votre santé! À votre aise! À revoir! Au revoir! IIIø -

À sert à marquer la Situation, la manière d'être, pour le lieu ou pour le temps. Nous habitons à l'entrée du bois, au bord de la rivière. Sa maison est au faubourg Saint-Germain. À portée de fusil. Être à sa place. Demeurer à Paris. Vivre au fond des forêts. Mourir à l'étranger. À l'intérieur des villes. Manger à l'auberge. Il y avait beaucoup de monde à ce bal. Elle a passé la matinée à l'église. Passer l'été à la campagne. Être au jeu, à la parade, etc. Au couchant, au levant, etc. Être au-dessus, au-dessous, au bas, au haut, etc. Restez à ses côtés, à côté d'elle. Il est à nos trousses. L'argent à la main. L'épée au côté. Les larmes aux yeux. Le diadème au front. Sentir une douleur au côté. Avoir une blessure à l'épaule, à la cuisse. Marquer au front. Ils se parlaient à l'oreille. S'arrêter à chaque pas. Se prendre au piège. Être consigné à la porte. Notaire à Paris, fabricant à Lyon. À la face, à la vue de l'ennemi, En présence même de l'ennemi. On dit en des sens analogues Il fut battu aux yeux de la foule. La chose s'est faite au vu et au su de tout le monde. À son nez et à sa barbe. Au grand jour. À la face du soleil. Coucher à la belle étoile. À genoux. À pieds joints. À tâtons. À reculons. Attacher, fixer à la muraille, atteler à la charrue. Saisir quelqu'un aux cheveux, aux oreilles, à l'épaule. À regret. À dessein. À toute force. À tort ou à raison. Il pleut à verse. À feu et à sang. À l'abri. À la française. Il sert à désigner l'Institution, l'établissement auquel une personne est attachée. Conseiller à la Cour de cassation. Avocat à la Cour d'appel de Paris. Professeur au Collège de France.

À s'emploie dans quelques locutions elliptiques servant à désigner par son enseigne un Hôtel, un magasin. Au Cheval blanc. À la Boule d'or. Au Gagne-petit.

À s'emploie lorsqu'on veut indiquer le Temps, l'époque, la circonstance. Au commencement de l'été. À la fin du mois. Au jour indiqué. À l'aube du jour. Au matin. Au soir. Se lever à six heures. Rentrer à une heure indue. Nous arrivâmes à la même heure. Je l'attends à tout moment, à toute heure. À l'heure qu'il est. Tout à l'heure. À présent. Au temps où nous sommes. Il mourut à l'âge de quatorze ans, à quatorze ans. Il fut tué au siège de telle place. Je le ferai à mon premier loisir. On l'accueillit fort bien à son arrivée. À l'instant où j'allais sortir, il vint chez moi. On dit elliptiquement, dans un sens analogue, à une personne que l'on quitte, À demain, à ce soir, à dimanche, etc. Il sert encore, dans quelques locutions, déterminer un Espace de temps, une durée. Payer au mois. Louer à l'année. Travailler à la journée. Pension à vie. Rente à perpétuité. À jamais. À la vie et à la mort. À la longue, tout s'use. Il s'emploie pour désigner le Rapport de deux faits entre eux. À ma mort, il héritera de cette maison. Au premier coup de canon, la ville capitula. À la troisième sommation, ils se retirèrent. Partir au premier signal. On accourut à ses cris. IVø -

À marque la Provenance. Puiser de l'eau à une fontaine. Prendre à un tas. La poésie grecque commence à Homère. Les Latins ont beaucoup emprunté aux Grecs. Il peut désigner par suite Ce qu'on détache de quelqu'un ou de quelque chose. Ôter ses vêtements à quelqu'un. Enlever la ville aux ennemis. Vø -

À marque encore l'espèce, la qualité caractéristique. Vache à lait. Canne à sucre. Instrument à cordes. Machine à vapeur. Indépendamment de ces significations générales, À en a beaucoup d'autres, qui forment des idiotismes, et dont on ne peut énumérer que les plus importantes.

À, suivi d'un infinitif, prend des sens très différents. À le voir, on juge de son état. En le voyant, etc. À ne considérer que telle chose, En ne considérant que telle chose ou Si on ne considère que. À le bien prendre. À tout prendre. À voir les choses de sang-froid. À compter de ce jour. À partir de telle époque. Facile à dire. Bon à manger. À l'en croire, à l'entendre, etc., S'il faut l'en croire, etc. À dire la vérité, à vrai dire, à parler franc, à ne rien dissimuler, etc., Pour dire la vérité, etc. à la paume. Vin à boire, Vin bon à boire. C'est un ouvrage à recommencer, Qu'il faut recommencer. C'est un avis à suivre, Qu'il faut suivre. C'est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n'en est que plus à estimer. C'est un homme à pendre. C'est un livre non seulement à lire, mais à relire souvent. On dit dans un sens analogue Vous n'avez qu'à parler, qu'à vouloir, etc. C'est une affaire à vous perdre, Qui pourra vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir. C'est un conte à dormir debout, Qui pourrait faire dormir debout. Il est homme à se fâcher, Capable de se fâcher. Cela n'est pas à dédaigner, Cela n'est pas méprisable. Cette place est à prendre. Je suis encore à savoir comment... J'ignore comment... Devant un infinitif, il peut quelquefois s'expliquer par De quoi. Verser à boire. Il n'a pas à manger. Il ne trouve pas à s'occuper. Il y aurait à craindre. Trouver à redire. Il n'y a pas à balancer. On dit dans un sens analogue Le temps que j'ai à vivre, Pendant lequel je dois vivre. L'argent que j'ai à dépenser, Que je puis ou que je dois dépenser. N'avoir rien à répliquer, ne trouver rien à répondre. Il se place encore devant l'infinitif des verbes, dans divers autres sens. Ainsi on dit Je suis ici à l'attendre.

À, suivi d'un nom, signifie Au prix de. Dîner à trente francs par tête. Emprunter à gros intérêts. Placer ses fonds à cinq pour cent. Les places sont à dix francs. Acheter du drap à vingt francs le mètre. Vendre à bon compte. Donner une marchandise à vil prix, à bon marché, etc. Vivre à peu de frais. De telle ou telle façon. Aller à la débandade. À la hâte. À l'improviste. À merveille. À la légère. À la diable, etc. Au moyen de. Pêcher à la ligne. Jouer à la paume. Se battre à l'épée, au pistolet. Mesurer à l'aune, au mètre. Dessiner à la plume. Tracer au crayon, au compas. Travailler à l'aiguille. On dit de même par ellipse Des bas à l'aiguille, au métier, etc. Selon, suivant. À mon gré. À sa fantaisie. À sa manière. À mon choix. À votre avis. À ma gauche. À leur jugement. Chapeau à la mode. Habit à ma taille. Parler à son tour. Marcher à son rang. À la rigueur, on pourrait admettre cette opinion. À votre compte, je serais votre débiteur. À ce que je crois, vous voulez partir. Boire à sa soif. Manger à sa faim. Dieu fit l'homme à son image. Il voulut, à l'exemple de son père... À la vérité, à plus forte raison, etc. Jusqu'à. Il est amoureux à la folie. Je suis malade à garder le lit. On dit aussi avec un infinitif Souffrir à crier. Avec. Table à tiroir. Canne à épée. Voiture à deux roues. Clou à crochet. Contre. Dos à dos. Corps à corps. Face à face. Quelquefois il se rapproche de la signification d'Après. Goutte à goutte, une Goutte après l'autre. Démonter une pendule pièce à pièce. Pas à pas. Mot à mot. Sou à sou. Peu à peu. Deux à deux. Il s'emploie quelquefois quand on veut exprimer un Nombre approximatif. Cinq à six lieues. Vingt à trente personnes. Quinze à vingt francs.

À suivi d'un nom de nombre, indique une action faite conjointement par deux ou plusieurs personnes. Louer une maison à trois. Être à deux de jeu. Quelquefois À, devant le relatif qui, sert à former des locutions elliptiques qui expriment une Sorte de rivalité, de concurrence. Ils dansaient à qui mieux mieux. C'est à qui ne partira point. Tirons à qui fera, à qui jouera le premier. Ils s'empressaient à qui lui plairait davantage. Disputer à qui obtiendra une faveur.

Littré (1872-1877)

À (a) prép.

Lorsque "à" précède l'article masculin suivi d'une consonne autre que l'h muette, on les contracte en au pour à le ; lorsqu'il précède l'article pluriel des deux genres, on les contracte en aux pour à les.

    REMARQUE

    Ces formes proviennent de l'ancienne langue : à le se disait al, qui devant une consonne se prononçait ordinairement au, comme on le voit dans autre, écrit anciennement altre et venant du latin alter. Pour le pluriel, à les se contractait en as ou aus ; d'où notre forme aux.

    À exprime trois rapports différents : direction, aller à Paris ; repos, résider à Paris ; extraction, prendre à un tas. Quand, partant de ces trois significations fondamentales, on examine les acceptions telles qu'elles se comportent dans le langage, on rencontre une variété extrême de nuances, qui rend très difficile le classement des sens. Un mot aussi petit et aussi employé que à est devenu très indéterminé, de manière à se prêter à une foule d'emplois différents. Comme toute préposition, il exprime un rapport, et ne peut être bien apprécié indépendamment des deux termes qu'il lie, aussi bien l'antécédent que le conséquent. Au lieu de la classification par significations, on peut adopter une classification d'après les deux termes du rapport où à figure, le sens étant aussi bien déterminé, en beaucoup de cas, par le mot qui précède que par le mot qui suit. En conséquence, on peut considérer à dans les positions suivantes :

  • 1Entre un substantif et un substantif ou un pronom. Séjour à Paris. Habitation à la campagne. La vie aux champs. Retour à la ville. L'ascension au haut du pic. L'orientation au nord. La remise à un autre temps. Le recours au juge. Le discours au roi. La réponse à une lettre. L'élévation aux dignités. La disposition à la plaisanterie. La préparation à la communion. La contribution au fonds commun. La légèreté à la course. Le lion à la gueule menaçante. Terre à potier. Vases à huile. Marché aux bœufs. Cruche à anses. Chaise à porteurs. Terre à blé. Tunique à manches. L'emprunt au banquier. L'achat au marchand. La demande au professeur. La suspension au plancher. L'arrachement à toutes les affections. La répugnance au mariage. Le manquement au devoir. L'obéissance au maître. Il n'est rien de cela aux exemples des payens ; nous n'avons pas de liaison à eux, Pascal, Pens. II, 17. Je méditais ma fuite aux terres étrangères, Racine, Baj. III, 2.
  • 2Entre un substantif et un pronom, construction où à exprime la possession. Un ami à moi. C'est un ami à moi ; je vous le recommande. Il a un style à lui. Vous avez une manière à vous.
  • 3Entre un substantif et un verbe. L'exhortation à combattre. L'encouragement à bien vivre. La disposition à plaisanter. La promptitude à faire. L'habileté à parler. La facilité à comprendre. La répugnance à venir. Le plaisir à obéir. La fermeté à soutenir la vérité. La honte à mentir. Quelque effort que l'on fasse à rompre vos beaux nœuds, Corneille, Her. I, 4. Il n'a pas de peine à se rendre, La Fontaine, Fab. VIII, 7, 4. Les biais qu'on doit prendre à terminer vos vœux, Molière, l'Étourdi, IV, 1.
  • 4Entre un adjectif et un substantif ou un pronom. Exposé au midi. Porté à la violence. Enclin au mal. Prêt au combat. Parti hostile au gouvernement. Obéissant à la loi. Nuisible à la santé. Plaisant à l'œil. Important à l'État. Habitué aux théâtres. Utile à tous, propre au travail. Affable aux petits. Semblable au loup. Égal aux plus grands. Sa mort fut conforme à sa vie. Attaché à ses habitudes. Rebelle à l'autorité. Répugnant aux sens. Il est loisible à tout homme de… Il était naturel à Adam et juste à son innocence, Pascal, édit. Cousin. Ils étaient cruels à ceux qui leur résistaient, Bossuet, Hist. III, 6.
  • 5Entre un adjectif et un verbe. Disposé à médire. Prêt à partir. Enclin à ne rien faire. Facile à apprendre. Important à comprendre. Chose honteuse à dire. Charmant à contempler. Agréable à faire. Inutile à dire. Le dernier à fuir. Le premier à s'élancer. Prompt à se mettre en colère. Habile à parler. Propre à supporter les fatigues. C'est bientôt le premier à prendre, La Fontaine, Fab. VIII, 7. … Les riches grossiers N'ont pas une âme ouverte à sentir les talents, Chénier, 26.
  • 6Entre un adverbe et un nom ou un pronom. Conformément à ce que vous dites. Semblablement aux feuilles des arbres, les générations humaines se succèdent sur la terre.
  • 7Entre le même mot répété sans article, indiquant que personnes ou choses se suivent ou se touchent. Un à un. Trois à trois. Il passèrent un à un. On les compta trois à trois. Goutte à goutte. Seul à seul. Tête à tête. Ils s'introduisirent homme à homme. Pas à pas. Mot à mot. Traduire mot à mot. Corps à corps. Lutte corps à corps. Bec à bec. Bout à bout. En termes de jeu, nous sommes fiche à fiche, dix à dix, nous avons chacun une fiche, dix points ; et même, elliptiquement, nous sommes fiche à, dix à.
  • 8Entre un verbe ayant à pour complément indirect et un substantif ou un pronom. Se rendre à la ville. Reléguer aux champs. Recevoir au camp. Aller à Rouen, à la campagne. Monter au ciel. Envoyer un livre à quelqu'un. Monter à cheval. Être tourné à l'est. être exposé au danger. Jeter quelqu'un à terre. Jeter à l'eau. Revenir à soi. J'en viens à un autre objet. Courir à sa perte. Appeler aux armes. Exhorter au travail. Recourir au juge. Descendre aux dernières prières. S'adresser à ses amis. Réduire à l'extrémité. Arracher quelqu'un à son opinion. Élever au rang suprême. Courir au danger. Se préparer au combat. Lever les mains au ciel. Accorder la récompense au mérite. Devoir de l'argent à quelqu'un. Exposer au péril. Se rendre à César. Écrire à quelqu'un. Enseigner les lettres aux jeunes gens. Ajouter à quelque chose. Imputer à crime. Assister au jugement. Plaire à quelqu'un. Il importe à tout le monde. Elle pense à moi. Il s'accoutume à l'obéissance. Ce vêtement sied bien aux hommes âgés. Il convient à chacun. Ce livre appartient à mon frère. Se joindre à une compagnie. Mettre une chose à sa place. Associer sa cause au salut public. Faire part de sa gloire à quelqu'un. Mêler de l'huile à de la chaux. Comparer Aristote à Platon. Répondre à l'amour. Répugner à certaines démarches. Le chien ressemble au loup. Conformer sa vie aux préceptes de la sagesse. Condamner à mort, aux galères. Puiser de l'eau à une fontaine. Boire à la source. Prendre au tas. Demander quelque chose à quelqu'un. Allumer une chandelle au feu. Acheter du drap au marchand. Emprunter de l'argent à un ami. Dire une parole, un mot à quelqu'un. Commencer à dormir. Suspendre au plafond. Arracher aux arbres leurs fruits, un fils à sa mère. Dérober au danger. La marcotte a été prise à un bon cep. Dépouilles enlevées à l'ennemi. Retirer sa confiance à quelqu'un. Manquer à son devoir, à ses amis. Toucher à quelque chose. Toucher au terme, au port. La vérité était contraire à vos fins ; il a fallu mettre votre confiance au mensonge, Pascal, Prov. 16. Pensez-vous… Et quand nous nous mettons quelque chose à la tête, Que l'homme le plus fin ne soit pas une bête ? Molière, Éc. des M. I, 2. Moi-même la cherchant aux climats étrangers, Racine, Baj. III, 4. Enfin je viens à vous, Racine, Phèd. I, 2. Mais enfin à l'autel il est allé tomber, Racine, Andr. V, 3. On dit même qu'au trône une brigue insolente Veut placer Aricie et le sang de Pallante, Racine, Phèd. I, 4. Et Phèdre au labyrinthe avec vous descendue, Racine, ib. II, 5. Mettons le sceptre aux mains dignes de le porter, Racine, ib. II, 6. J'aurais trop de regrets, si quelque autre guerrier Au rivage troyen descendait le premier, Racine, Iphig. I, 2. Le comte d'Harcourt, fortifié par les troupes qui avaient joint son armée, se résolut de marcher à M. le Prince, La Rochefoucauld, Mém. 202. Cours, assemble au drapeau nos braves combattants, Voltaire, Scyth. IV, 4. À ce fatal berceau l'instinct m'a rappelé, Voltaire, Orphel. II, 3. S'il y a une autorité dans le monde à laquelle la raison doive céder, c'est à celle de la religion chrétienne, Massillon, Vérité. Elle est donc plongée au tombeau ! Gilbert, à la Reine. Et je le donnerais à bien d'autres qu'à moi De se voir sans chagrin au point où je me voi, Molière, Sgan. 16. Voilà un homme qui veut parler à vous, Molière, Mal. imag. II, 2. Il est ce que tu dis, s'il embrasse leur foi ; Mais il est mon époux, et tu parles à moi, Corneille, Poly. III, 2. L'hypocrisie est un hommage Que rend le vice à la vertu, Aubert, II, 10. J'ai conclu que la recherche de la vérité était une folie, parce que, quand on la trouverait, on ne saurait à qui la dire, Bernardin de Saint-Pierre, Ch. ind.
  • 9Entre un verbe et un verbe. Exhorter à faire. Inviter à venir. Condescendre à traiter. Il en est venu à nous dire. Réduire à capituler. Forcer à mourir de faim. Il incline à prendre ce parti. Se préparer à partir. Apprendre à lire. Enseigner à s'exprimer correctement. Cela contribue à augmenter le patrimoine. Ce discours le portait à céder. Se décider à comparaître. Sa démarche l'exposait à périr. Il se plaît à étudier. Il pense à exécuter son projet. S'accoutumer à obéir. Aimer à donner. Condamner à faire amende honorable. Chercher à comprendre. Donner à copier une lettre. Donner à porter un fardeau. Il reste à finir le travail. Demander à être reçu. Manquer à venir. Répugner à travailler. On l'exhorta à avoir courage, Scarron, Rom. com. II, 12. Et je me vois réduit à chercher dans vos yeux une mort qui me fuit, Racine, Phèd. II, 2. Essayez un peu, par plaisir, à m'envoyer des ambassades, à m'écrire secrètement de petits billets doux, à épier les moments que mon mari n'y sera pas, Molière, G. Dand. I, 6. Manquez un peu, manquez à le bien recevoir, Molière, Sgan. I. Depuis assez longtemps je tâche à le comprendre, Molière, ib. III, 1. L'œil ébloui se perd dans leur foule innombrable [des insectes] ; Il en faudrait un monde à faire un grain de sable, Lamartine, Joc. IV, 34. C'est une chose grande et que tout homme envie, D'avoir un lustre en soi qu'on répand sur sa vie, D'être choisi d'un peuple à venger son affront, Hugo, F. d'aut. 13.
  • 10Absolument, devant un nom ou un pronom, exprimant une circonstance, à la façon d'un adverbe ou d'une locution adverbiale. À Paris. À la ville. Aux champs. Au midi. Au nord. À terre. À l'entrée de l'église. À l'armée. Au feu. À l'ombre. Au soleil. À table. Au doigt. Porter une bague au doigt. Au front. Blessé au front. À l'oreille. Mal à l'oreille. Je vous dirai cela à l'oreille. À tout âge. À l'âge de trente ans. Au temps que les bêtes parlaient. À neuf heures. À midi. Au jour fixé. À échéance. Payer à échéance. Au commencement. À la fin de l'année. Au printemps. À l'année. Louer une maison à l'année. Pension à vie. Travailler à la journée. À la longue. Au point du jour. Au mois de mai. À toutes les heures. À chaque fois. À quelques jours de là. À de longs intervalles. À mon arrivée. À l'approche de Xerxès. À cette vue. À ce récit. Au bruit de sa mort. À la nouvelle que… À la vue du bourreau. À la prière. À l'instigation des ennemis. À grandes journées. Venir à grandes journées. À la façon des Grecs. À pleines mains. À genoux. À pied. Au toucher. Au goût. À dessein. À souhait. À l'huile. Manger des légumes à l'huile. À l'épée. Se battre à l'épée. À l'aiguille. Broder à l'aiguille. À la paume. Jouer à la paume. À voiles et à rames. À toute vapeur. À la main. Fait à la main. Au poids. À la mesure. À prix d'argent. À bon marché. À un prix élevé. À vingt sous la livre. À gros intérêts. À sept kilomètres de Paris. À dix lieues environ. À une journée de marche. À mon avis. À l'exemple des autres. À ce que je vois. À ce que je sais. À l'enseigne du Lion d'argent. Au Veau qui tette. À la Boule d'or. À la cour de cassation. Conseiller à la cour de cassation. Avocat à la cour d'appel. Commis au ministère de la guerre. Tu reviens seul, Hémon ; ô sinistre présage ! Que je lis d'infortune aux traits de ton visage ! Rotrou, Antig. III, 2. Viens, suis-moi, va combattre et montrer à ton roi Que ce qu'il perd au comte, il le retrouve en toi, Corneille, Cid, III, 6. Et n'est-ce pas depuis ce temps-là qu'Escobar a tant été imprimé de fois en France et aux Pays-Bas ? Pascal, Prov. 11. Cette pratique est juste ; elle est autorisée aux Pères de l'Église, Pascal, ib. À demi-lieue de là, L'Étoile commença de se plaindre, Scarron, Rom. com. II, 12. Cet usage du mot sceptre se trouve à toutes les pages de l'Écriture, Bossuet, Hist. II, 2. Aux bords que j'habitais, je n'ai pu vous souffrir, Racine, Phèd. II, 5. … Ainsi tout mon espoir N'est plus qu'au coup mortel que je vais recevoir, Racine, Iphig. V, 2. Mais ma force est au dieu dont l'intérêt me guide, Racine, Athal. IV, 3. Trempa-t-elle au complot de ses frères perfides ? Racine, Phèd. I, 1. De vous laisser au trône où je serais placée, Racine, Britann. IV, 2. Vous qui gardant au cœur d'infidèles amours, Racine, Mithrid. IV, 4. Qu'est-ce qu'un nom, pour immortel qu'il soit, s'il n'est écrit au livre de vie ? Fléchier, t. I, p. 53. Si quelques mariages se faisaient à mon voisinage, Rousseau, Ém. IV. D'Assas, capitaine au régiment d'Auvergne, Voltaire, S. de L. XIV, chap. 34. Zamore vit encore au cœur de son amante, Voltaire, Alz. I, 4. C'est avec éclat Que je veux aujourd'hui me venger au sénat, Voltaire, Catil. II, 3. Pour languir aux déserts de l'antique Arabie, Voltaire, Zaïre, III, 1. Unis pour le butin, divisés au partage, Voltaire, Cat. III, 1. Les mendiants groupés dans l'ombre des portiques Ont moins de haine au cœur et moins de flamme aux yeux, Hugo, Voix, 1. Et tout ce peuple ingrat pour qui je périrai, Viendra, la joie au front, sourire à mes tortures, Delavigne, V, Sicil. II, 6. Les choses qui se pratiquaient aux siècles passés, Descartes, Méth. C'était au temps même que le roi de Prusse vers la Saxe et le prince de Conti vers le Rhin empêchaient que les forces autrichiennes ne pussent secourir l'Italie, Voltaire, S. de L. XIV, III, 302. On fit mourir au même mois soixante-dix personnes, Voltaire, ib. III, 389. On vit encore à cette journée quelle était l'inimitié naturelle entre les Suédois et les Danois, Voltaire, Hist. de Russ. II, 4. Ô ciel ! qu'aux châtiments ta justice est sévère, Et qu'il est dangereux d'exciter ta colère ! Rotrou, Antig. III, 9. … à l'orgueil de ce traître, De mes ressentiments je n'ai pas été maître, Molière, Tart. V, 3. Je n'en serai point cru à mon serment, et l'on dira que je rêve, Molière, G. Dand. II, 8. À mon serment l'on peut m'en croire, Molière, Amph. II, 1. Aux événements de la guerre il faut…, Hamilton, Gramm. 121. Mme de La Tour, à cette scène, venant à se rappeler l'abandon où l'avaient laissée ses propres parents, ne pouvait s'empêcher de pleurer, Bernardin de Saint-Pierre, P. et Virg. Les gardes, sans tarder, l'ont ouverte à genoux, Racine, Baj. III, 8. Les emportant aux dents, dans les bois se retirent, La Fontaine, Fab. III, 13. À toute peine, il regagna le bord, La Fontaine, ib. VI, 17. Les mauvais effets qui en germent à milliers, Montesquieu, Lett. pers. 85. Cette déclaration est suivie d'un prompt courroux qui paraît à notre rougeur, Molière, Préc. 5. Ce grand cœur qui paraît au discours que tu tiens, Corneille, Cid, II, 2. À ce que je puis voir, vous avez combattu, Prince, par intérêt plutôt que par vertu, Corneille, Nic. II, 3. À ce que je voi, Chacun n'est pas ici criminel comme moi, Racine, Théb. I, 5. L'échange en était fait aux formes ordinaires, La Fontaine, Fab. III, 13. Faire sa ronde ainsi qu'à l'ordinaire, La Fontaine, ib. IV, 22. Croyant que ces propositions pouvaient être prises au sens de la grâce efficace, Pascal, Prov. 17. Pour faire croire que nous les soutenons au même sens qu'ils ont exprimé par leurs écrits, Pascal, ib. Condamner ces propositions au sens de Jansénius, Pascal, ib. Il s'est fait un miracle à une religieuse de Pontoise, Pascal, ib. 6. À ton ordre suprême, ils se rendent ici, Voltaire, M. de Cés. I, 2. Abandonner mon camp en est un [crime] capital, Inexcusable en tous et plus au général, Corneille, Nic. II, 2. Aux rebelles vaincus il usait de douceur, Régnier, Ép. I. Lâches aux dangers et perfides dans l'occasion, Perrot D'Ablancourt, Tac. 450. Ils s'engagèrent, à peine de la vie, à…, Bossuet, Hist. I, 9.
  • 11Absolument, devant un pronom interrogatif. À qui cela ? à quoi bon ? à quelle fin ? à quelle utilité ? La Fontaine, Fab. II, 13. À quoi vos jours, vos années se sont-elles écoulées ? Massillon, Conv.
  • 12Absolument, devant un verbe exprimant une circonstance à la façon d'un adverbe ou d'une locution adverbiale. À vrai dire. À ne pas mentir. À en croire Homère. À y bien regarder. À tout prendre. À compter de ce jour. À partir de telle époque. Que gagnerai-je à vous tromper ? Perdre son temps à jouer. Il passe le temps à se lamenter. Il s'arrête à lire les affiches. Le bon sens n'est pas à penser sur les choses avec trop de sagacité, Vauvenargues, Bon Sens. Guzman, du sang des miens ta main déjà rougie Frémira moins qu'une autre à m'arracher la vie, Voltaire, Alz. III, 5. Ils triomphent à montrer là-dessus la folie du monde, Pascal, Pens. div. 7. Et que deviendra lors cette publique estime, Qui te vante partout pour un fourbe sublime, Et que tu t'es acquise en tant d'occasions à ne t'être jamais vu court d'inventions ? Molière, l'Étourdi, III, 1. L'allégresse du cœur s'augmente à la répandre, Molière, Écol. des F. IV, 6. La curiosité qui vous presse est bien forte, Ma mie, à nous venir écouter de la sorte, Molière, Tart. II, 2. Il faut avec vigueur ranger les jeunes gens, Et nous faisons contre eux à leur être indulgents, Molière, Éc. des F. V, 7. À parler franchement, Molière, l'Étourdi, I, 9. À vous dire la vérité, Molière, D. Juan, I, 3. Imitez son exemple à ne pardonner pas, Malherbe, VI, 5. J'entreprendrais sur elle à l'accepter de vous, Corneille, Rod. III, 4. J'en ferais autant qu'elle à vous connaître moins, Corneille, ib. V, 4. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire, Corneille, Cid, II, 2. À les défendre mal je les aurais trahis, Corneille, ib. v. Je deviendrais suspect à parler davantage, Corneille, Cinna, I, 4. À raconter ses maux souvent on les soulage, Corneille, Poly., I, 3. … J'aurais en mon malheur Quelque contentement à flatter ma douleur, Régnier, Sat. X. À commencer par leur fils Hinyas, Bossuet, Hist. III, 4. Les apôtres, à les regarder par les yeux humains…, Bossuet, ib. II, 11. À remonter à la source, c'était…, Bossuet, ib. II, 12. À l'entendre, rien n'était difficile, Fénelon, Tél. XVI. Cette prétendue règle, à la prendre sans restriction, est évidemment fausse, D'Olivet, Prosod. fr. Il est faux qu'à s'en abstraire par vertu l'on se fasse mépriser, Rousseau, Hél. I, 57. J'avilirais le sceptre à venger mon injure, Delavigne, V, Sicil. III, 2.
  • 13Absolument, devant un nom de nombre ou devant un pronom suivi d'un nom de nombre. À quatre. Ils soulevèrent ce fardeau à quatre. À lui seul. À moi seul. Médée, à elle seule, bravait une armée. Ignominie qui, à elle seule… À trois que nous étions, nous ne pouvions soulever ce fardeau.
  • 14Absolument, avec un adverbe de temps. À quand ? à quand le rendez-vous ? à demain. À demain, je vous attends. À demain les affaires. À jamais. Événement à jamais déplorable. À toujours. Soyez prêt à demain, Corneille, Cid, IV, 5.
  • 15Elliptiquement, devant un nom ou un pronom. Au secours ! à moi, citoyens ! Au voleur ! Au feu ! à la porte, l'insolent ! à table, messieurs ! à l'ennemi, soldats ! à votre santé ! à monsieur un tel (sur une adresse). À Jupiter, très bon, très grand. Au revoir (revoir est ici un substantif). À ce soir. À dimanche. À la vie, à la mort. À perpétuité. Concession à perpétuité dans un cimetière. À moi, comte, deux mots, Corneille, Cid, II, 2. Holà, gardes, à moi ! Racine, Iphig. IV, 7.
  • 16Elliptiquement, entre un substantif et un verbe (équivalent à bon, propre). Chose à dire. Lettre à écrire. Homme à pendre. Je ne vous crois pas homme à faire cela. Occasion à ne pas laisser échapper. Affaire à perdre un homme. Procès à ne pas finir. Conte à dormir debout. Chambre à coucher. Pierre à aiguiser. Arbres à transplanter. Compte à revoir. Travail à refaire. Lettre à porter. Par abréviation : à revoir, à refaire, à porter. Un voile à couvrir d'autres flammes, Molière, Dépit am. I, 1. Un cœur qui jamais n'a fait la moindre chose à mériter l'affront où ton mépris l'expose, Molière, Sgan. 16. La couronne n'a rien à me rendre content, Molière, D. Garc. V, 5. Cherchons une maison à vous mettre en repos, Molière, l'Étourdi, V, 3. Je me sens un cœur à aimer toute la terre, Molière, D. Juan, I, 2. Je n'ai point un courroux à l'exhaler en paroles vaines, Molière, ib. I, 3. Si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusqu'au soir, Molière, ib. I, 1. Sous quel astre ton maître a-t-il reçu le jour ? Sous un astre à jamais ne changer son amour, Molière, l'Étourdi, I, 4. De taille à se défendre hardiment, La Fontaine, Fab. I, 5. C'était une clameur à rendre les gens sourds, La Fontaine, ib. VIII, 12. Ce n'était pas un homme à conquérir des royaumes, Voltaire, S. de L. XIV, IV, 155.
  • 17Elliptiquement, devant un verbe. Demain, à recommencer. Après-demain, à dîner. À revoir, monsieur. Finissons ; mais demain, muse, a recommencer, Boileau, Sat. VII.
  • 18Locutions avec le verbe être. Cela est à moi. Tout était à l'ennemi. C'est à vous de prendre garde. Ce n'est pas à nous d'examiner. On ne peut être à soi un seul instant. Cet homme est à lui-même une énigme. C'est bien fait à vous. C'est à un bon consul de prévoir ce qui arrivera. C'est à faire à lui. C'est folie à vous de croire. Cinq est à quinze comme vingt est à soixante. À cette partie de trictrac, nous étions cinq trous à dix. Dans cette partie de billard, nous sommes quatre à six. Je suis ici à l'attendre. Je suis encore à savoir comment. Cet homme est à craindre. Avec ellipse de soit : Honneur aux braves, c'est-à-dire honneur soit aux braves, et ainsi pour les exemples suivants : Gloire à Dieu dans le ciel ! Guerre aux châteaux et paix aux chaumières ! Malheur aux vaincus ! Les fureurs de la terre Ne sont que paille et que verre à la colère des cieux, Malherbe, II, 2. L'amour que J'ai pour vous est tout à votre gloire, Corneille, D. Sanche, II, 2. Qui n'est point au vaincu ne craint pas le vainqueur, Corneille, M. de Pomp. I, 1. C'était bien dit à lui ; j'approuve sa prudence, La Fontaine, Fab. III, 18. L'homme est à lui-même le plus prodigieux objet de la nature. Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-même, Pascal, édit. Cousin. Elle était à la conversation comme si elle n'avait eu autre chose à faire, Rousseau, Hél. VI, 11. Chaque juge est un homme à moi, Béranger, M. du S. E. Elle revint longtemps après ; J'étais à chanter sous la treille, Béranger, Print. et Aut. Les clameurs des soldats par la crainte étouffées Sont un faible rempart au chef audacieux, Qui brave le courroux d'un ministre des cieux, Delavigne, Paria, I, 1. La bonne grâce est au corps ce que le bon sens est à l'esprit, La Rochefoucauld, Réflex. 67. C'est bien à vous, infâme que vous êtes, à vouloir faire l'homme d'importance, Molière, Préc. 14. Il est encore à revenir, Sévigné, 212. Est-ce donc une chose à dire gaiement ? et n'est-ce pas une chose à dire, au contraire, tristement, comme la chose du monde la plus triste ? Pascal, Pens. II, 2.
  • 19Locutions avec avoir. Avoir affaire à quelqu'un. Il y a de la folie à croire que… Je n'avais rien à vous écrire. Vous n'avez qu'à parler. J'ai à vous entretenir. Il y aurait à craindre. Le temps que j'ai à vivre. L'argent que j'ai à dépenser. Ils eurent un peu à souffrir sous ses successeurs, Bossuet, Hist. II, 5. Si c'était une paysanne, vous auriez maintenant toutes vos coudées franches à vous en faire la justice à bons coups de bâton, Molière, G. Dand. I, 3.
  • 20Locutions avec faire suivi d'un infinitif. J'ai fait faire un habit à mon tailleur. Il a fait accepter un cadeau à son ami. Faire prendre les armes à la troupe. Ils l'ont fait recevoir [la bulle] au clergé, Pascal, Prov. 16.
  • 21Locutions avec se laisser et un infinitif. Se laisser séduire aux voluptés. Se laissant conduire à leurs inclinations et à leurs désirs. Ne nous laissons pas abattre à la tristesse, Pascal, édit. Cousin. J'avance cette opinion ; mais, parce qu'elle est nouvelle, je la laisse mûrir au temps, Pascal, Prov. 6. Ce peuple se laissait conduire à ses magistrats, Bossuet, Hist. III, 7. On se laissait dominer à l'amour, Bossuet, ib. II, 11. Et ne vous laissez pas séduire à vos bontés, Molière, Femmes sav. V, 2. Et que j'aurais cette faiblesse d'âme De me laisser mener par le nez à ma femme, Molière, ib. V, 2. Vous vous laissez tenter à l'envie de causer, Sévigné, 402. Quand je vous écris, je me laisse conduire à ma plume, Guez de Balzac, liv. XV, lett. X. Ne vous laissez point abattre à la douleur, Fénelon, Tél. XXIII. Ne vous laissez point vaincre à votre malheur, Fénelon, ib. II. … Ce héros Laisse aux pleurs d'une épouse attendrir sa victoire, Racine, Iphig. IV, 4.
  • 22Locutions avec ouïr dire, voir faire, entendre dire, etc. J'ai ouï dire à des vieillards.

    REMARQUE

    Des lexicographes ont critiqué cette locution, comme étant amphibologique et pouvant signifier : j'ai entendu qu'on disait à des vieillards ; ils voulaient que l'on mît : " J'ai ouï dire par des vieillards. " Mais ce scrupule est excessif ; ouï dire est une locution inséparable et on ne peut jamais intercaler quelque chose entre ouï et dire, ni supposer, j'ai ouï quelqu'un dire à des vieillards. Cela étant impossible, le sens de la locution ne prête à aucune amphibologie. On dira de même : j'ai entendu dire à votre frère que vous viendrez, c'est-à-dire j'ai entendu votre frère qui disait : j'ai vu faire à ces hommes une action généreuse, c'est-à-dire j'ai vu ces hommes faisant. Mais il n'en serait plus de même si un pronom intervenait au lieu d'un nom : je lui ai entendu dire ; je lui ai vu faire ; je lui ai vu donner ; l'amphibologie commence, et il y a à distinguer deux cas :

    1° si le verbe à l'infinitif ne peut avoir de régime indirect avec à, la locution est bonne, l'amphibologie n'existe pas : je lui ai vu franchir le fossé : on ne dit pas franchir à quelqu'un ; le cas n'est pas douteux ; je l'ai vu franchissant le fossé ; je lui ai vu faire une action généreuse ; on ne dit pas faire à quelqu'un ; le sens est donc, je l'ai vu faisant.

    2° Si le verbe à l'infinitif peut avoir un régime indirect avec à, l'amphibologie commence réellement : je lui ai vu donner un soufflet pourrait également signifier, je l'ai vu donnant un soufflet, et j'ai vu qu'on lui donnait un soufflet. On évitera donc cette tournure.

  • 23Locutions avec attendre. J'ai attendu à vous parler que tout le monde fût sorti. Elle… Attend l'ordre d'un père à choisir un époux, Corneille, Cid, I, 1. Qu'attendons-nous à nous soumettre ? Bossuet, Hist. II, 13. Attendez à les lui donner quand il aura assez de force, Fénelon, Tél. XX. Le feu demeure caché dans les veines des cailloux, et il attend à éclater jusqu'à ce que le choc d'un autre corps l'excite, Fénelon, Exist. de Dieu, 15.
  • 24Locutions avec trouver. J'ai trouvé à votre ami un air soucieux. Trouver à dire. Écoutez si vous trouvez l'air à votre goût, Molière, Préc. 10.
  • 25Devant de. Rien ne plaît à des gens malades. Répondez avec fermeté à de telles prétentions. Il se livre à des extravagances. À de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre, Corneille, Cid, I, 3. La nature, féconde en bizarres portraits, Dans chaque âme est marquée à de différents traits, Boileau, Art. Poét. III. Cette locution s'explique par la construction partitive (voy. DE).
  • 26De… à. De Paris à Rouen il y a trente lieues. D'eux à moi il y a cette différence. D'homme à homme. Elliptiquement : vingt à trente, dix à douze, pour de vingt à trente, de dix à douze. Du matin au soir. De la tête aux pieds. Du jour au lendemain. De vous à moi. De nation à nation. Vivre de pair à compagnon. Traiter de Turc à More. De gré à gré.
  • 27Locution à qui. C'était à qui partirait le premier. Ils se disputent à qui sera préféré à l'autre. Tirons à qui jouera le premier. Eh bien ! gageons nous deux à qui plus tôt aura dégarni les épaules Du cavalier, La Fontaine, Fab. VI, 3. Hélène adorée vit les peuples et les dieux combattre à qui la posséderait, Courier, I, 39.
  • 28Locutions par pléonasme. à est suivi d'un pronom personnel reproduisant le pronom possessif qui précède. C'est mon opinion à moi. Votre devoir à vous, est de partir. Sa manière à lui, c'est de parler par sentences. Leur gain à eux est de cent francs.
  • 29Locution populaire, la barque à Caron. Cette tournure n'est plus usitée que dans cette locution, et ce serait une faute que de s'en servir autre part. Pourtant elle n'est qu'un archaïsme, et, aujourd'hui encore, on dit parmi les ouvriers et les gens de campagne : la femme à Jean, la fille à Thomas, la sœur au bedeau.

REMARQUE

À étant entre deux substantifs où le conséquent détermine l'antécédent, le conséquent doit-il prendre le pluriel, quand l'antécédent change de nombre, ou quand le conséquent peut représenter une pluralité ? En d'autres termes, si l'on écrit fruit à noyau, faut-il écrire, au pluriel, fruits à noyau ou à noyaux ; et faut-il écrire arbre à fruit ou à fruits ? Il y a quatre cas :

1° L'antécédent est au singulier ou au pluriel, et le conséquent n'est pas susceptible de pluralité ; alors on met toujours le singulier : pomme à cidre et pommes à cidre ; mouche à miel et mouches à miel ; machine à vapeur et machines à vapeur ; une arme à feu, des armes à feu ; un moulin à eau, des moulins à eau ; une rente à perpétuité, des rentes à perpétuité ;

2° l'antécédent est au singulier ou au pluriel, et le conséquent indique la pluralité : une bête à cornes, des bêtes à cornes ; un serpent à sonnettes, des serpents à sonnettes ; un homme à projets, à préjugés ;

3° le conséquent est nécessairement singulier ; alors quand l'antécédent est mis au pluriel, on peut maintenir le conséquent au singulier, attendu qu'il est unique pour chaque antécédent, ou le mettre au pluriel en considérant qu'il y en a autant que d'antécédents : une comète est un astre à queue ; les comètes sont des astres à queue ou à queues ; manchette à dentelle, manchettes à dentelle ou à dentelles ; couteau à ressort, couteaux à ressort ou à ressorts ; cuiller à pot, cuillers à pot ou à pots. L'usage le plus ordinaire est de mettre le singulier ; mais, comme on voit, le pluriel n'est pas une faute ;

4° le conséquent, bien que multiple, peut être considéré comme un nom collectif, par exemple, fruit, feuille, fleur, puisqu'on dit le fruit de cet arbre, la fleur du poirier, la feuille de l'acacia. Dans ce cas, on peut mettre le nombre que l'on veut, que l'antécédent soit au singulier ou au pluriel : arbre à fruit ou à fruits, arbres à fruit ou à fruits ; mais si le conséquent ne se prend pas habituellement au sens collectif, il faut toujours le mettre au pluriel. Ainsi on ne dira pas fleur à pistil, mais à pistils, fruit à noyau, mais fruit à noyaux, à moins, bien entendu, que la fleur n'ait qu'un pistil, le fruit qu'un noyau. Considérer ces mots-là comme collectifs se peut à la rigueur ; mais c'est leur attribuer un usage qu'ils n'ont pas, et dès lors il vaut mieux suivre l'idée naturelle, qui est celle du pluriel.

2. On lisait dans l'avant-dernière édition du Dictionnaire de l'Académie : il y avait sept à huit personnes dans cette assemblée. La dernière édition et tous les grammairiens modernes condamnent cette locution. On ne peut employer la préposition à qu'entre deux nombres qui en laissent supposer un intermédiaire ou qu'entre deux nombres consécutifs, quand il s'agit de choses qu'on peut diviser par fractions. Mais, dans l'exemple cité, il faut la conjonction ou, parce qu'une personne ne se divise pas. Les bons auteurs ont reconnu la règle donnée ici. On a pris ou tué aux Allemands sept à huit cents hommes, Racine, Lett. à Boil. XLI. Les deux jeunes bergères assises voyaient, à dix pas d'elles, cinq ou six chèvres, La Fontaine, Psyché. Il y avait dans la maison du paysan où je logeais cinq ou six femmes et autant d'enfants qui s'y étaient réfugiés, Bernardin de Saint-Pierre, Études, 13. Je fus étonné de voir jusqu'à sept ou huit personnes se rassembler sous ce même toit, La Bruyère, 13. La faute vulgaire provient d'une extension non raisonnée du cas où la locution convient, sept à huit livres, au cas où elle ne convient pas, sept à huit hommes.

3. C'est à lui à qui on en veut. Dites c'est à lui qu'on en veut, ou c'est lui à qui on en veut. L'usage actuel condamne la répétition de à ; et c'est en effet un pléonasme. Ainsi on trouve une faute dans ce vers de Boileau : C'est à vous, mon esprit, à qui je veux parler, Sat. IX. Mais si Boileau y avait vu une faute, il lui était bien facile de l'éviter, en mettant : Oui, c'est vous, mon esprit, à qui je veux parler. Le fait est que de son temps cela n'était pas considéré comme une faute. Ses contemporains ne se font aucun scrupule de répéter à. Que de son cuisinier il s'est fait un mérite, Et que c'est à sa table à qui l'on rend visite, Molière, Misanth. II, 5. Ce sera à vos oreilles à qui j'ajusterai la cadence de mes périodes, Guez de Balzac, liv. VII, lett. XX. Les auteurs plus anciens usent également de cette façon de parler. Aujourd'hui on rejette absolument ce pléonasme.

4. On dit, à Paris, à Bordeaux, quand il s'agit de la demeure, soit fixe, soit passagère. Il est à Paris, il réside à Paris, il passera quelques jours à Paris ; autrement, on peut dire dans : il y a douze cent mille habitants dans Paris

5. À devant les noms de lieux. 1° On se sert toujours de à devant les noms de villes ou de villages : aller ou résider à Paris, à Meudon, à Saint-Cloud ; 2° de en devant les noms de continents, de pays, de provinces, quand ils sont féminins. Aller ou résider en France, en Afrique, en Algérie, en Angleterre, en Normandie ; 3° de à, s'ils sont masculins : aller ou résider au Japon, au Mexique, au Canada, au Perche, au Maine : Cependant on dit : en Portugal, en Danemark, en Béarn, bien qu'ils soient masculins ; 4° autrefois la distinction entre l'emploi de à et celui de en n'était pas faite, et l'on disait aller à l'Amérique. L'un des trois jouvenceaux Se noya dès le port, allant à l'Amérique, La Fontaine, Fab. XI, 8. Solon passa à Chypre, Fénelon, Solon. De cet ancien usage il est resté, à la Chine : aller à la Chine ; mais on commence à dire de préférence, en Chine.

6. C'est à vous à faire cela ; c'est à vous de faire cela. Ces deux tournures s'emploient l'une et l'autre et sont équivalentes ; il est impossible de fixer entre elles une nuance réelle et fondée sur l'usage. C'est au prince à juger de ses ministres, Perrot D'Ablancourt, dans BOUHOURS. Ce n'est pas à vous d'élire quelle charge et quelle fonction vous devez faire, Régnier, dans BOUHOURS. C'était à lui à vous faire entendre…, Bossuet, Hist. II, 6. Ces deux tournures, autorisées par l'usage, n'ont pas un titre égal devant la grammaire. C'est à vous de parler s'explique grammaticalement : de parler est à vous. Mais c'est à vous à parler ne s'explique pas ; il faut y voir une incorrection causée par l'oreille, que le premier à décida à en vouloir un second.

7. On doit répéter la préposition à devant chacun de ses compléments : il écrit à Pierre et à Jean, et non, il écrit à Pierre et Jean ; il aime à lire et à écrire, et non à lire et écrire. Ainsi on n'imitera pas ces exemples de Molière : On sait bien que Célie A causé des désirs à Léandre et Lélie, Molière, l'Étourdi, V, 3. Comme si j'étais femme à violer la foi que j'ai donnée à mon mari et m'éloigner jamais de la vertu, Molière, G. Dand. II, 10. Exceptions : Parmi tous les romans de l'antiquité, je donne la préférence à Théagène et Chariclée, parce que ces deux mots Théagène et Chariclée, étant le titre d'un ouvrage, ne font qu'une expression unique. Par la même raison on dira, il aime à aller et venir, parce qu'aller et venir forment une locution. On pourra semblablement supprimer à quand deux verbes placés l'un à côté de l'autre ressembleront à une locution ; ce qui est délicat à apprécier. On pourra encore supprimer à, du moins en poésie, quand la phrase est longue, comme ici : Pour de l'esprit, j'en ai, sans doute, et du bon goût à juger sans étude et raisonner de tout, à faire aux nouveautés, dont je suis idolâtre, Figure de savant sur les bancs d'un théâtre, Y décider en chef et faire du fracas à tous les bons endroits qui méritent des ah ! Molière, Misanth. III, 1. Supprimer à n'est point une faute contre la logique ou la grammaire ; c'est seulement une faute contre un usage qui, dans le fait, est favorable à la clarté. C'est avec cette remarque que l'on appréciera les phrases suivantes de bons auteurs : Moïse qui m'a dit que j'étais fait à l'image et ressemblance de Dieu, Bossuet, Connaiss. de D. IV, 8. La disposition qu'a le corps, dans les passions, à s'avancer ou se reculer, Bossuet, ib. IV, 3. Il ne songe plus qu'à vivre et avoir de la santé, La Bruyère, 8. Une animosité qui commençait à aigrir et troubler votre cœur, Massillon, Profes. relig. Serm. 4.

8. À se répète avec l'un et l'autre. Cela convient à l'un et à l'autre, et non à l'un et l'autre. Cependant, en poésie, la règle ne s'observe pas. À l'une ou l'autre enfin votre âme à l'abandon Ne lui pourra jamais refuser ce pardon, Corneille, Perth. IV, 1.

9° Locut. vic. Le fils à Guillaume. Loc. corr. Le fils de Guillaume. Le rapport d'origine n'est plus marqué par la prép. à. Ne dites pas non plus, la maison à mon père. Loc. vic. Je suis l'aîné à mon frère qui est à Paris. Loc. corr. Je suis l'aîné de mon frère qui est à Paris. Loc. vic. Je suis cousin à votre apothicaire. Loc. corr. Je suis cousin de votre apothicaire. Loc. vic. Sept ôtés de dix, reste à trois. Loc. corr. Sept ôtés de dix, reste trois ; comme s'il y avait, il reste trois. Loc. vic. Il demeure à la grande rue. Avez-vous votre mouchoir à la poche ? Loc. corr. Il demeure dans la grande rue. Avez-vous votre mouchoir dans votre poche ?

HISTORIQUE

IXe s. Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, Serment.

Xe s. Chi [qui] rex eret à cels dis sovre pagiens, Eulalie. Ad une spede [épée] li roverent tolir le chief, ib. Jonas propheta habebat mult laboret e mult penet à cel populum, Fragm. de Valenc. p. 468. Dunc si rogavit Deus ad un verme que percussist cel edre [lierre], ib. p. 468.

XIe s. Car fut l'espée à moult noble vassal, Ch. de Roland, LXXXVI. Trahi vous a, qui à garder vous ot, ib. XCI. Or je sai bien, n'avons gueres à vivre, ib. CXLI. Sire, à pied estes, et je sui à cheval, ib. CLVII. Conseillez moi à dreit et à honur, ib. CLXXIV. Puis il s'escrie à sa voiz grant et haute : Baron franceis as chevals et as armes ! ib. CCXII. Seigneur baron, à Charlemagne irez, ib. V. Sa coustume est qu'il parole à loisir, ib. X. Que nous seions conduit à mendier, ib. III. Quand [il] le dut prendre, si lui cheït [tomba] à terre, ib. XX. Tant vous [mon épée] [je] aurai en court à rei portée, ib. XXXIII. En France ad Ais s'en doit ben repairer [aller], ib. III. XIIe s. La nuvele vint al rei Salomun que Adonias fud al tabernacle, Rois, p. 26. David parla à nostre Seigneur al jur qu'il l'out delivred de tuz ses enemis, ib. p. 205. E sis peres le fist al ostel porter, ib. p. 317. Entrer vuel [je veux] en sa terre à [avec] mon barnage fier, Sax. 6. Qui donc veïst le duc sor un cheval gascon, Poindre parmi les rues, à sa main un baston…, ib. 8. Quant li dux fu ocis à duel et à tourment, ib. 12. … il ot fait asembler Touz les princes qu'il pot à sa terre trover, ib. 13. Et si escrie : Or à eux [allons sur eux], chevalier, Ronc. p. 57. À ces paroles [ils] font les grailles [trompettes] sonner, ib. p. 57. Au duel [deuil] qu'il ot, li cuens [comte] cheït pasmé, ib. p. 93. À icest mot l'a Roland coneü, ib. p. 93. Vous fustes fils au bon comte Reynier, ib. p. 99. À voiz escrie : Car chevauchez, baron, ib. p. 71. Freins à or, ib. p. 5. À toute vostre vie, ib. p. 11. À honte et à vilté, ib. p. 16. À une lieue erent [étaient] jà li glouton, ib. p. 47. À [avec] mil franzois [il] s'est de Rolant partis, ib. p. 57. Vers le palais qui fut au roi Gibon, ib. p. 120. Garez en vous, gentils fils à baron, ib. p. 140. Si estes suer [sœur] al marquis Olivier, ib. p. 161. [Il] mit jambe à terre du bon destrier corant, ib. p. 152. Las ! quel amour à duel est departie ! ib. p. 163. À Marsile en alai, ad enviz ou de gré, ib. p. 199. À ces paroles li saint anges descent, ib. p. 173. Ne m'i laissez mourir à tel tourment, Couci, X. Car vostre [je] sui, et serai à tous dis [jours], ib. XVII. Et nule riens [chose] n'est tant à mon desir, ib. XI. Ou cil qui aime du cuer à son pooir, ib. X. À la douçor du tens qui raverdoie, Chantent oisel et florissent verger, ib. XX. Mais il convient qu'à sa volenté [je] soie, ib. XX. Que me partir [je] n'en pourroie à nul jor, ib. XVII. Tuit [tout] mi penser sont à ma dame amie, ib. II. Vous pouvez bien savoir par ma chanson Et à mes diz, que je n'aim se vous non, ib. II. Tant s'est amors afermée En mon cuer à long sejor, ib. I. Or à mari autre que vous n'aurai, Romancero, p. 72.

XIIIe s. Là trouverent il le comte Looys à moult plenté de bone gent et de moult bone chevalerie, Villehardouin, XXXII. Il s'agenoilla tout plorant et leur jura sur sains que il à bonne foi tenroit les convenances [conventions], ib. XI. Quar à si grant chose convient moult à penser, ib. XII. Et sachez qu'il n'avoient viandes entre aus [eux] tous à plus de trois semaines, ib. LXXIV. Et les gens du païs vindrent à merci au fil de l'empereur de Constantinople, et tant lui donnerent que paix firent à lui, ib. LX. Adonc issi li empereres Alexis par une autre porte, à [avec] toute sa force, ib. LXX. Au roy [ils] aporterent divers joiaus à present, Joinville, 279. Je te donrai victoire de desconfire l'empereur de Perse, qui se combatra à toi à tout [avec] trois cent mille hommes, Joinville, 264. À un coup je ferai la teste trebucher, Berte, XI. À ses mains [elle] avoit trait [tiré] un petit [peu] de fougere, ib. X. Me gardez que [je] ne soie prise à [par] beste cuiverte [malfaisante], ib. XXXVI. À l'issue d'avril, un temps dous et joli, ib. I. Car nuls ne vient à vie, ne conviene [qui ne doive] finer [finir], ib. III. À Pepin [ils] orent guerre qu'avez ouï conter, ib. III. Car il ne plot à Dieu, qui tout a à garder, ib. III. À tous se fit aimer Berte, tant vous en di, ib. LXIX. Que jamais ne dirai que soie fille à roi, ib. XLIII. Mais de lui vous lairons ore à parler ici, ib. LIX. Les dismes furent establies et donées anciennement à sainte eglise soustenir, Beaumanoir, XI, 39.

XIVe s. Mais à ce que je voy… N'estes pas asseür [en sûreté], du Guesclin, 8455. Et à ceux qui sont en eage moyen, amis leur sont necessaires à leurs bonnes actions acomplir, Oresme, Éth. 229. À ce que dit est s'acorde ce que disoit un philosophe appellé Eudoxus, Oresme, ib. 28.

XVe s. Le duc de Bourgogne y [à Aire] establit à demeure le vicomte de Meaux, Froissart, II, II, 1. Le roi de France, qui tint à bonne et belle ceste chevauchée…, Froissart, II, II, 1. Edouard II, qui fut pere au gentil roi Edouard, Froissart, I, I, 2. Quand ils eurent bien considéré toutes leurs besognes et la dure guerre qu'ils avoient aux Anglois, Froissart, I, I, 75. Messire Thomas avoit escrit aux seigneurs qu'ils ne vinssent à Bordeaux à [avec] toute leur puissance, Froissart, II, II, 4. Il leur avoit donné à capitaine un moult gentil prince, Froissart, I, I, 34. Les Hainuyers se logerent assez près de la ville et considererent au quel lez [côté] elle estoit plus prenable, Froissart, I, I, 102. Ils furent moult esbahis : neanmoins ils se mirent à defense, Froissart, I, I, 110. Il l'appela et dit : Sire de Maubuisson, parlez à moi, Froissart, I, I, 119. Ils sentoient le comte de Foix à trop cruel… Mieux leur valoit à estre ses prisonniers que là mourir honteusement par famine, Froissart, II, III, 7. Une treve fut accordée à durer quatre mois tant seulement, Froissart, I, I, 159. Volontiers il eust attendu à bataille le roi d'Angleterre, Froissart, I, I, 164. Là il monta en mer, et cinglerent tant au vent et aux estoiles qu'ils arriverent au havre de Bayonne, Froissart, I, I, 216. Et il atourneroit tel le pays que, à quarante ans après, il ne seroit pas recouvré, Froissart, I, I, 202. Monseigneur mon frere et madame la comtesse de Hainaut vous recevront à grand joie, Froissart, I, I, 14. Et souvent y avoit des chevauchées, des rencontres et des faits d'armes des uns aux autres, Froissart, I, I, 113. Et fit dire à sa sœur qu'elle vuidast tost et hastivement son royaume, ou il l'en feroit vuider à honte, Froissart, I, I, 11. Le roi Philippe de France, qui avoit grands alliances au roi d'Escosse, Froissart, I, I, 304. À saillir un fossé, le coursier trebucha et rompit à son maistre le col, Froissart, I, I, 325. Et à ce temps là, les Escots [Écossais] aimoient et prisoient assez peu les Anglois, et encore font ils à present, Froissart, I, I, 34. Les Escots n'ont que faire de chaudieres ne de chaudrons, car ils cuisent bien leur chair au cuir des bestes memes, quand ils les ont escorchées, Froissart, I, I, 34. C'est à vous à qui je boy, Basselin, XX. Par la croix où Dieu s'estendy, C'est à vous à qui je vendy Six aunes de drap, Me P. Patelin. Cherchant rompre le dit voyage à leur pouvoir [autant qu'ils pouvaient], Commines, V, 17. Il pourroit sembler au lecteur que je disse ces choses pour quelque haine particuliere que j'aurois à eux, Commines, VII, 11. Il preschoit que l'estat de l'Eglise seroit reformé à l'espée, Commines, VIII, 2. Ceste povre et jeune princesse, car ainsi se povoit elle bien appeller, non point seulement pour la perte qui… mais à se trouver entre les mains des persecuteurs de sa maison, Commines, V, 17. Et n'estoient point les trous entre les barreaux plus grans que à y bouter ung bras à son aise, Commines, IV, 9. À peu de defense fut desconfit le dit duc et mis en fuite, Commines, V, 3. La quelle chose lui fut à très grant prejudice et desplaisir, Commines, V, 7. Et aux paroles d'hommes insensés il delibera d'attendre la fortune, Commines, V, 8. La joie fut très grande au roi de se veoir au dessus de tous ceux qu'il hayoit [haïssait], Commines, V, 12. À ceste cause tindrent conseil les dits Pisans, Commines, VII, 7. Au temps que le roi Henri regnoit, Commines, I, 2. Ce povre rey de Portugal, qui estoit très bon et juste, mist à son imagination qu'il yroit devers le duc de Bourgogne, Commines, V, 17. À toute diligence, Commines, I, 3. Il se mettoit à chemin, Commines, I, 3. Il avoit esté dit que l'on se reposeroit deux fois au chemin pour donner haleine aux gens de pied, Commines, I, 3. Les autres ont trop d'amour à leurs biens, à leurs femmes et à leurs enfants, Commines, IV, 11. Il avoit eu à espouse et à femme la sœur du dit roi Ferrand, Commines, VII, 11. Ceulx qui sont aux grans auctoritez vers les princes doivent beaucoup craindre…, Commines, III, 11. Les langages dont ils devront user à ceux qui les enquerront, Commines, I, 9. Il estoit né et marié au dit pays de Guyenne, Commines, II, 15. À ceste fois, Commines, III, 7.

XVIe s. À ce qui me peut souvenir, Fut un bruit comme l'empereur Devoit vers Pesquiere venir, Marot, J. V, 164. … en leur faisant à cognoistre et sentir que…, Marot, J. V, 298. J'attends à ce soir M. de Villars et ma niece, Marguerite de Navarre, lett. XCVII. Pensant vous voir à ces pasques, ai attendu à vous escrire, Marguerite de Navarre, lett. CVII. Le comte de Carman, à ce que j'ai entendu, vous mene une bande de bons hommes et bien esperimentés, Marguerite de Navarre, lett. CXIV. Le roy de Navarre, lequel je pense estre à chemin…, Marguerite de Navarre, lett. CXXIII. Si est-ce qu'il se resolut d'en avoir raison, à peril que ce fust, Marguerite de Navarre, Nouv. 44. Elles estoient belles à l'œil et delitieuses on goust, Rabelais, Pant. II, 1. À les veoir, eussiez dit que c'estoient…, Rabelais, ib. II, 1. Donnez dessus à [avec] vostre mast, Rabelais, ib. II, 29. Puis à tout son baston de croix, guaigna…, Rabelais, Garg. I, 27. Toutes les langues ont esté formées d'un mesme jugement à une mesme fin, Du Bellay, J. I, p. 3, verso. Je laisserai cest argument choisir Aux plus savants et aux plus de loisir, Du Bellay, J. VII, p. 29, verso. Afin qu'à son retour le malheureux se voye Manger aux avocats, Du Bellay, J. VIII, p. 50, verso. Il n'y a jour auquel les personnes soient si tristes qu'à celui-là, Amyot, Numa, 18. Il fut si effrayé qu'il se partit à la plus grande diligence qui luy fut possible, Amyot, Thém. 32. Subjuguant toutes les nations qui par avant ne recognoissoient point les Romains à seigneurs, Amyot, Cés. 14. Il se teint sans rien entreprendre dedans sa maison, comme personne qui se deliberoit de vivre à soy petitement, sans plus s'entremettre d'affaires quelconques, Amyot, Gracq. 32. Ilz ne pensoient à autre chose qu'à prendre les plus precieux meubles qu'ilz eussent pour s'enfouir à touz es deserts de la Scythie, Amyot, Crass. 40. Il ne fut pas si tost retourné à Sparte que Aratus lui prit à son dos la ville de Caphyes, Amyot, Agés. et Cléom. 28. C'est à Dieu, auquel il faut avoir tout son recours, Lanoue, 30. À ceux qui cheminent encore par les sentiers des doctrines estranges, ils leur donnent des noms ignominieux, Lanoue, 71. Il suffit donc, à ce que [pour que] quelqu'un soit nostre prochain, qu'il soit homme, Lanoue, 72. À ceux qui plus sont despourvus des facultés de nature, c'est à ceux-là auxquels il faut plus adjouster d'art, Lanoue, 112. J'ai assez dit : c'est à vous à penser, Lanoue, 156. Les hommes brûlés à centaines dedans les granges, D'Aubigné, Hist I, 66. À cachettes, Montaigne, I, 4. Blecé à mort, Montaigne, I, 16. Un homme à qui chascun avoit veu bien faire en la meslée, Montaigne, I, 8. À jamais, Montaigne, I, 270. À celui qui en estoit requis, c'estoit titre de gaing, Montaigne, I, 15. Au hasard du combat, Montaigne, ib. Un tabourin à porter à la guerre, Montaigne, I, 15. Reverence à la religion, Montaigne, I, 17. Les choses mortes ont encore des relations occultes à la vie, Montaigne, I, 20. À belles dents, Montaigne, I, 21. À pleine bouche, Montaigne, I, 24. À tort ou à droit, Montaigne, I, 21. À ce compte, Montaigne, I, 25. À peine est-il en son pouvoir de…, Montaigne, I, 227. À la vérité, Montaigne, I, 22. À l'abri des coups, Montaigne, I, 25. A l'exemple des Thraces, Montaigne, I, 23. Au royaume de Ternate, Montaigne, I, 24. À l'advenir, Montaigne, I, 230. À nage, Montaigne, I, 277. Les moyens qu'ils ont à y employer, Montaigne, I, 24. À quoi faire voulez vous…, Montaigne, I, 85. Il l'envoya subjuguer le monde à tout [avec] seulement 30000 hommes, Montaigne, I, 180. Les yeux me troublent à monter [quand je monte], Montaigne, I, 224. À parler en bon escient, Montaigne, I, 227. Il le somma de sortir à parlementer, Montaigne, I, 16. Estre deslogé à force, Montaigne, I, 26. Ne craindre point a mourir, Montaigne, I, 69. C'est à Dieu seul à qui gloire appartient, Montaigne, III, 10. Ce n'est pas moi que l'on abuse ainsi : Qu'à quelque enfant ces ruses on employe, La Boétie, 445. De m'effrayer depuis ce presage ne cesse ; Mais j'en consulterai sans plus à ma maistresse, La Boétie, 505. Sœur de Pâris, la fille au roy d'Asie, Ronsard, 106.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

À.
29Ajoutez : Pour l'emploi populaire et archaïque de à au sens possessif, on peut citer : épouvantail à chènevière, et cet exemple de La Fontaine : … car le greffe tient bon, Quand une fois il est saisi des choses : C'est proprement la caverne au lion, Oraison.

Joinville disait comme nos paysans : La comtesse Marie qui fut sœur au roi de France, édit. de la Bibl. nat. p. 17.

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Étymologie de « à »

(Préposition) (Fin IXe siècle) Du moyen français à, de l’ancien français a, du latin ad (« dans la direction de, vers ») et du latin ab (« de, du côté de, loin de, depuis, par, contre »).[1]
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Ad et ab qui se sont confondus ; bourguig. ai ; provenç. espagn. et ital. a.

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Phonétique du mot « à »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
à a

Fréquence d'apparition du mot « à » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « à »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

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    LaRepubliqueDesPyrenees — Faits divers : les 8 infos en bref à retenir ce samedi matin - La République des Pyrénées.fr
  • Pologne : ce qu’adhérer à l’UE veut dire
    Le Monde.fr — Nouvelles atteintes à la liberté d’expression en Chine
  • Florent, candidat de la 14e saison de Pékin Express, et Mehdi, candidat des saisons 11 et 12, ont fait étape à Rioz. Les deux aventuriers se sont lancés dans un « Pets Tour ». Depuis le 25 septembre, ils parcourent la France à pied, en ayant 1 € par jour et en se logeant chez l’habitant, pour récolter des fonds pour l’association « Un gîte, une gamelle » située à Rivesaltes (66).
    Haute-Saône. Florent et Mehdi, candidats de Pékin Express, font étape à Rioz pour la cause animale

Traductions du mot « à »

Langue Traduction
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Synonymes de « à »

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