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Définitions de « de »

Trésor de la Langue Française informatisé

DE1, prép.

I.− De prend une valeur sémantique en corrélation avec celle du mot subséquent.
A.− De exprime le point de départ.
1. [Orig. spatio-temporelle.] Le point de départ se situe dans l'espace ou dans le temps (s'oppose à la prép. à, parfois à en, plus rarement à jusqu'à), par rapport à un point d'aboutissement dans l'espace ou dans le temps.
Spéc. [En corrélation et en oppos. avec la prép. à ou en]
a) De... à.Synon. depuis... jusqu'à.
α) Dans l'espace. [Pour indiquer les deux limites d'une étendue, le point de départ et le point d'aboutissement d'un mouvement, d'une distance] Des tropiques aux pôles, ou des pôles aux tropiques (Nodier, Trésor fèves,1833, p. 49).Comme part de ta dot, je te suivis, ô Reine, De ta Sparte natale au palais de Mycène (Moréas, Iphigénie,1903, p. 209) :
1. Toute l'après-midi se passa dans l'attente. Les heures s'écoulaient, le vicomte n'arrivait pas. Laure avait changé trois fois de toilette. M. Levrault, en costume de gentilhomme campagnard, allait du perron à la grille, de la grille au perron, et, comme ma sœur Anne, ne voyait rien venir. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 8.
Rem. De... à est parfois employé avec de... en. Enveloppée de crêpe, elle [la reine] errait de château en château, de Windsor à Osborne, d' Osborne à Balmoral (Maurois, Disraëli, 1927, p. 234).
Parfois de... jusqu'à.La route qui part du vieux pont de Poserna et s'étend jusqu'à Lutzen et à Leipzig (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 107).
En partic. [Pour suggérer l'idée d'une mesure complète, d'une totalité] D'un bout à l'autre, des pieds à la tête, de la cave au grenier.
[Pour indiquer le passage d'une chose à une autre, d'une pers. à une autre] De bouche à oreille. Platonicien par état, j'allais du savoir à son objet (Sartre, Mots,1964, p. 39):
2. L'invisible lien, des racines aux sèves, Des sèves aux parfums, et des parfums aux sons, Monte, et fait sourdre en nous les sources de nos rêves Parfois pleins de sanglots et parfois de chansons. Dierx, Les Lèvres closes,1867, p. 128.
Rem. Cf. les loc. fig. du tac au tac, de la coupe aux lèvres, etc.
[Pour indiquer les limites d'une énumération, d'une série complète] :
3. Chaque petite joie de la vie, du sorbet à la danse, prenait à Aix valeur de volupté, car elle s'accordait à l'amour. Giraudoux, Pour Lucrèce,1944, I, 2, p. 22.
P. ext. [Pour indiquer une relation intime entre deux pers.] De vous à moi, d'égal à égal, de pair à compagnon. Cette fièvre était un mal contagieux, et transmissible d' individu à individu (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 132).Nulle antipathie d' eux à nous (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 359).De toi à moi, l'expérience de la mort comme événement final ne passe pas (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 433).
En partic. D'homme à homme. Quand il s'agit de deux hommes. Ceci (est) de vous à moi. Ceci soit dit entre nous, en secret.
β) Dans le temps. [Pour indiquer les étapes ou les limites d'une durée, la fréquence] De temps à autre, du matin au soir, du début à la fin, de la sixième au baccalauréat. Richard, le casino t'attendra de huit à onze (H. Bataille, Maman Colibri,1904, II, 2, p. 15).Car je tiens à le dire, de quatre à huit ans, j'étais un saint (H. Bazin, Vipère,1948, p. 21):
4. De 1432 à 1440, c'est-à-dire pendant les huit années comprises entre la retraite du maréchal et sa mort, les habitants de l'Anjou, du Poitou, de la Bretagne, errent, en sanglotant sur les routes. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 9.
[Pour marquer l'imminence] Du jour au lendemain, d'un moment à l'autre, d'une minute à l'autre.
Loc. D'ici à... [Pour indiquer une distance ou un laps de temps (à venir)] D'ici à huit jours, à peu, à ce soir.
[L'omission de à est fréq.] D'ici là, d'ici peu, d'ici la fin de l'année (cf. Grev. 1969, § 916) :
5. − Mais, monsieur, je ne demande pas que vous receviez ma grand'mère, vous comprendrez après ce que je veux vous dire, elle est peu en état, je vous demande au contraire de passer d' ici une demi-heure chez nous, où elle sera rentrée. Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 314.
De là à... :
6. Maintenant que cette condition est réalisée, la classe ouvrière de l'Europe, et particulièrement la classe ouvrière de France, a le chantier et l'outil. De là à l'achèvement de l'œuvre, il y a loin. Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 42.
Au fig. [Pour indiquer un changement d'état, une transformation] Passer de la tristesse à la joie (Ac. 1878). Biberon passait sans délai du profond sommeil à une grande agilité. Courir et dormir, c'était sa profession. La course, puis tomber de fatigue (Hamp, Champagne,1909, p. 81).Il a bien le sentiment que ce dernier paragraphe peut changer du tout au tout mon point de vue (Martin du G., Barois,1913, p. 472) :
7. Il [le facteur] ne se hâtait guère, il regardait décacheter chaque enveloppe, et chaque nouvelle passer du secret à un jour aveuglant. Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 7.
En partic. [Pour indiquer un changement numérique, une différence de quantité, de nombre] La division, réduite de huit mille hommes à quinze cents (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 208) :
8. Par ses carreaux, elle contemple un Londres qui a doublé depuis Chaucer et a passé de cinquante à cent mille habitants. Morand, Londres,1933, p. 18.
[Pour indiquer les limites d'une mesure estimative, approximative] Synon. entre... et (elliptiquement pour allant de... à).Un superbe garçon de huit à dix mois (Nodier, Trésor fèves,1833, p. 31).Des sommes allant de dix à mille livres sterling (Morand, Londres,1933p. 274) :
9. Après avoir subi pendant cinq ans leurs instances, il consentit à se retirer avec le produit de son fonds, et les bénéfices de ces dernières années, capital que Madame Vauquer, chez laquelle il était venu s'établir, avait estimé rapporter de huit à dix mille livres de rente. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 105.
Rem. 1. L'omission de la prép. de est très fréq. dans ce cas. [Les courses de lévriers] attirent dans toute l'Angleterre vingt à trente millions de spectateurs (Morand, Londres, 1933, p. 142). 2. L'omission de la prép. de est automatique lorsque la mesure est exprimée par un compl. déterminatif lui-même normalement introduit par la prép. de : Je vous taillerai sur le bras un lambeau triangulaire de quinze à seize centimètres de longueur sur dix ou onze de largeur (About, Nez notaire, 1862, p. 92) ou de compl. de l'adj. : L'art égyptien, plus âgé de cinq à six mille ans (Fromentin, Voy. Égypte, 1869, p. 150). Ces mutations sont responsables de un à trois millions de cas anormaux (Goldschmidt, Aventure atom., 1962, p. 221). 3. De ... à peut être remplacé par ou. Deux ou trois livres.
b) De... en.[Pour indiquer les limites d'une étendue, les étapes d'une progression]
α) Dans l'espace. De bas en haut, de long en large, du haut en bas :
10. ... grand'mère restait encore le chef branlant, agité d'un mouvement méditatif de haut en bas; on la voyait ruminer la nouvelle dans une sorte de mastication à vide qui ravalait et gonflait tour à tour ses molles gifles ridées. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 377.
[Pour indiquer les étapes d'une progression dans l'espace] De proche en proche, de loin en loin, de place en place, de cep en vigne, de bouche en bouche. Côtes élevées, grandes montagnes escarpées, déchirées, séparées par de larges vallées, et d' étage en étage et de plan en plan se rattachant à d'imposants sommets vers le centre de l'île (Fromentin, Voy. Égypte,1869p. 41:
11. ... au loin, par intervalles, on entendait les sourds mugissements de la cataracte du Niagara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert et expiraient à travers les forêts solitaires. Chateaubriand, Journal sans date,in Voyage en Amérique, 1827cité ds Lagarde et Michard 19es., p. 47.
Au fig. :
12. Que n'eût pas été notre enfance si l'on nous avait laissés faire! Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs. Mais voici qu'un obstacle surgissait, ni visible ni tangible : une interdiction. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 1.
Rem. L'expr. peut être au plur. [Il] crut à quelque féerie lorsqu'il entra dans une loge de face, et qu'il se vit le but de toutes les lorgnettes concurremment avec la vicomtesse, dont la toilette était délicieuse. Il marchait d' enchantements en enchantements (Balzac, Goriot, 1835, p. 140).
En partic., loc. [Pour suggérer la totalité d'une mesure] De bout en bout, de point en point, de part en part, de fond en comble, de pied en cap. Le terrible combat du blond Filandre avec le More terrible, celui-ci qui tenait l'autre embroché de part en part (Sand, Beaux MM. du Bois-Doré,t. 1, 1858, p. 66).La fraîcheur le traverse [le sanglier] d' outre en outre, de son ventre à son échine (Giono, Colline,1929, p. 11) :
13. L'ennemi n'a pas cessé de reculer devant eux. Ils ont senti à leur tête un commandement lucide et ferme dont le plan a été réalisé de point en point. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 268.
β) Dans le temps. [Pour indiquer une progression dans le temps, une fréq., une périodicité] De temps en temps, de jour en jour, d'âge en âge, de génération en génération. Les cris se font encore entendre pendant deux ou trois minutes, plus perçants de seconde en seconde (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 169).Le frais clapotis de l'eau qui, de dix minutes en dix minutes (...) venait se briser sous la fenêtre entrebâillée (A. France, Lys rouge,1894, p. 303) :
14. Tout en mangeant, il lisait un bouquin ouvert devant lui, et sur lequel il faisait de temps en temps des annotations avec un crayon qu'il portait à l'oreille. Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 32.
[Pour indiquer les limites d'un laps de temps, lorsque l'on désire fixer une date] D'aujourd'hui en huit, de demain en quinze. Synon. mod. aujourd'hui en huit, demain en quinze :
15. − Attendez-vous donc qu'on vous demande en mariage? C'est à l'homme à parler, morbleu! Le petit duc de Lignant, un vrai gentilhomme et un bon, n'a pas attendu que je lui offrisse ma fille, lui! Il est venu, il a plu, c'est conclu. d' aujourd'hui en huit, nous signons le contrat. About, Le Nez d'un notaire,1862, p. 188.
[Pour indiquer une progression numérique] Compter de deux en deux. Marie Legagneux monta le prix du lot de dix francs en dix francs et l'enleva à six cents (Hamp, Marée,1908, p. 24).
[Pour indiquer les étapes d'une progression, d'une transformation, d'un changement d'état] De plus en plus, de mal en pis :
16. Pauline, cependant, allait de mieux en mieux. Son grand plaisir, lorsqu'elle put se tenir debout et s'accouder à la fenêtre, fut de suivre, au loin, la construction des épis. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 936.
Rem. Cf. aussi les loc. fig. : de but en blanc, de fil en aiguille, de Charybde en Scylla, etc.
2. Le point de départ se situe dans l'espace.
a) De marque le lieu d'où l'on vient, le point de départ d'un mouvement.
Verbe + de introduisant un compl. circ. de lieu[l'adv. interr. corresp. est d'où? et le pron. adv. est en]
α) Verbe + de + subst. ou pron. représentant un lieu.Venir de Paris, de la campagne; sortir de chez soi, de sa maison, de table. MmeChanteau (...) ramenait ce jour-là de Paris leur petite cousine Pauline Quenu, une orpheline de dix ans (Zola, La Joie de vivre,1884p. 807).Le planton sortit du hall et se dirigea vers l'escalier (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 759) :
17. N'était-ce pas de Cluny qu'étaient parties, avec le grand mouvement de pèlerinages du onzième siècle, les premières expéditions pour délivrer du joug musulman les chrétientés espagnoles? Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 1.
Verbe + de + pron.M. Lacroix du reste continue à ne pas m'écrire. Rien ne me vient de lui (Hugo, Corresp.,1869, p. 180).
β) Verbe + de + adv. de lieu.D'où venez-vous? De loin, de dehors, de là-bas, de dessous, d'en haut, etc. Palewski part d' ici en avion, mercredi, pour le Caire (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 398) :
18. − D'où venez-vous? L'errant à la vie sans hâte lui parla longuement : − De la Marne. Il n'y a pas d'ouvrage là-bas. Le mildiou mange tout. Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 113.
γ) De + prop. sub. rel.Un paquet blanc d' où sortaient des gémissemens (Borel, Champavert,1833, p. 31).
Part. passé-adj. + de.Le pain tombé du ciel pour le peuple au désert (Jammes, Géorgiques,Chant 1, 1911, p. 13).Des caravaniers venus d' Alep, de Damas ou du Caire (Grousset, Croisades,1939, p. 194).
Subst. + de introduisant un compl. déterminatif.Depuis mon renvoi du collège, j'étais non seulement sans amis, mais sans camarades (Montherl., Olymp.,1924, p. 221).
b) De marque la séparation, la privation, l'origine, la provenance.
Verbe + de.Le canon tonne encor des créneaux de Saint-Ange (Barbier, Iambes,1840, p. 118).La foule des voyageurs qui sortaient du funiculaire (Sartre, Mots,1964, p. 16).
Rem. De peut se construire avec une autre prép. pour introduire le compl. circ. de certains verbes. Sortir de chez qqn; divorcer d'avec qqn (cf. rompre avec qqn). Jacques, revenu en courant de chez Packmeli (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 901). L'Étranger. − Jeune fille, même si tu ne retirais pas ta main d' entre mes doigts, je saurais que nous sommes arrivés (Claudel, Rempart Ath., 1927, p. 1125).
En partic. [En parlant de pers. ou de choses] Être de + nom géogr. (pour indiquer l'origine, la provenance) :
19. jean. − Mais ça ne fait rien... nous sommes tout de même du même pays... La France! ... Pourquoi limiter à une province la joie de se retrouver! elle. − Oui, mais enfin, c'est moins extraordinaire que nous soyons tous les deux Français... que si nous étions de la Gascogne... ou du Poitou... Guitry, Le Veilleur de nuit,1911, I, p. 6.
Part. passé ou adj. + de.Absent de, distant de, exempt de, natif de, libre de, détaché de, etc. Un Espagnol, sorti il y a deux jours de Barcelone (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 169) :
20. ... le charbon de terre issu des cheminées de huit millions d'habitants lui [Westminster] vaut déjà une patine de huit siècles. Morand, Londres,1933, p. 221.
Subst. + de
Déverbal + de.La séparation d' avec autrui ne fait que prolonger la discontinuité du temps émotionnel (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 186).
Subst. concr. + de + lieu de provenance, d'origine.Vent du nord; nougat de Montélimar; vin d'Alsace; fromage de Hollande :
21. L'esprit des Guermantes (...) était une réputation comme les rillettes de Tours ou les biscuits de Reims. Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 458.
Adv. + de.Indépendamment de. Charpentier qui, indépendamment d' autres dettes, aurait perdu une grosse somme sur les mines d'or (Goncourt, Journal,1896, p. 922) :
22. Une attention spéciale doit être donnée à André Chénier qui paraît accorder consciemment une valeur à la forme indépendamment du fond, écrivant dans ses notes : « Commencer un poème par tel mot », « faire un sort à telle association de sons, à telle image », « amener le nom de telle déesse ». Benda, La France byzantine,1945, p. 170.
c) De marque l'extraction. Sucres d'orge, pastilles de menthe. J'ai coûté la vie à ma mère en venant au monde; j'ai été tiré de son sein avec le fer (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 418).De son éternelle serviette de cuir noir, Laurent venait de tirer un cahier (Duhamel, Cécile,1938, p. 213).
Spéc., CHIM. [En parlant de la dér. d'un corps] :
23. Il parlait (...) de séparer et de livrer, à l'état de pureté parfaite, les bromures, les iodures de sodium et de potassium, le sulfate de soude, d'autres sels de fer et de manganèse, de façon à ne laisser aucun déchet de la matière première. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 863.
d) De marque la distinction, la différenciation (d'une chose, d'(avec) une autre ou d'un être). ,,On ne peut dissocier cette question du problème général`` (J. Dubois, R. Lagane, Nouv. gramm. du fr.,Paris, Larousse, 1973, p. 114).Distinguer un hibou d' avec une chouette (Dumas père, Hamlet,1848, II, 3, p. 202).Je savais reconnaître, du premier coup d'œil, la Chine de l'Arizona (Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 412) :
24. Maxence avait une âme. Il était né pour croire, et pour aimer, et pour espérer. Il avait une âme, faite à l'image de Dieu, capable de discerner le vrai du faux, le bien du mal. Psichari, Le Voyage du centurion,1914, p. 5.
Adj. + de.Distinct de, différent de, etc.
e) [De marque la direction séparative, la situation, le point de vue où l'on se place ]
De marque la direction séparative, la situation, le point de vue où l'on se place pour percevoir quelque chose. [Après un verbe de perception ou d'intellection] Du café où il s'asseyait quelquefois, en face de la blanchisserie, il lui était impossible d'apercevoir la jeune fille (Green, Léviathan,p. 38 ds E. Spang-Hanssen, Les Prép. incolores du fr. mod., Copenhague, G.E.C. Gade Forlag, 1963, p. 100).De la rue on entendait grincer le soufflet de la forge (Alain-Fournier, Meaulnes,p. 14, ds E. Spang-Hanssen, Les Prép. incolores du fr. mod., Copenhague, G.E.C. Gade Forlag, 1963, p. 100).L'homme cria quelque chose, que l'on ne comprit pas du bateau, à cause du bruit des machines (Robbe-Grillet, Le Voyeur,p. 33, ds E. Spang-Hanssen, Les Prép. incolores du fr. mod., Copenhague, G.E.C. Gade Forlag, 1963, p. 99).
De marque la direction séparative, la situation, le point de vue où l'on se place pour énoncer un jugement. [Avec un verbe d'énonciation] Synon. mod. depuis :
25. ... il aperçut Nana penchée anxieusement à une fenêtre; et il lui cria du trottoir que le petit n'était pas mort, et qu'on espérait même le sauver. Alors, elle sauta tout de suite à une grande joie; elle chantait, elle dansait, trouvait l'existence belle. Zola, Nana,1880, p. 1447.
Spéc. [Point de départ d'un raisonnement] Déduire bqc. de qqc. :
26. Mais votre conception de la condition et de la liberté est liée à une certaine définition des objets dont il faut dire un mot. C'est même de cette idée du monde des objets, de l'ustensilité, que vous tirez le reste. Sartre, L'Existentialisme est un humanisme,1946, p. 122.
De marque la direction séparative, la situation, le point de vue où l'on se place pour faire quelque chose. [En parlant d'une action autre qu'un mouvement] Des fenêtres du premier étage, les policiers assiégés lançaient des grenades (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 248).
f) [De dans un compl. déterminatif de lieu (espace neutralisé)]
Subst. + de.Les pyramides d'Égypte; porcelaines de Saxe; la Chine du Nord; le concile de Trente. Les habitants de Paris, la bataille d'Austerlitz (Ac.1835-1932).Le froid que je sentais à la figure, la vue de ces vitres et le grand silence du dehors me donnaient le frisson d'avance (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 16).Les fleurs aux balcons de Paris penchent comme la tour de Pise (Apoll., Alcools,1913, p. 59).Il connaissait plusieurs sanas des Alpes, du Jura, des Vosges (Martin du G., Confidence afric.,1931, p. 1109) :
27. Une même considération affectait ces êtres rassemblés par le hasard. Les deux locataires du second ne payaient que soixante-douze francs par mois. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 17.
Rem. V. aussi l'origine, la provenance (supra) et, p. ext. (en parlant d'un animal) la race. Christine (...) était moins encombrante qu'un chien de Terre-Neuve (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 4).
P. ext. [Point de départ d'une distribution dans l'espace] De par, loc. prépositive.
α) Vx. De la part de, au nom de, sur l'ordre de. De par le roi, de par la loi :
28. Si les royalistes de l'ouest ont des armes, si on les leur demande de par le roi, ils les abandonneront, puisqu'ils ne les ont prises que pour le roi. Chateaubriand, Mél. hist.,1827, p. 389.
β) Moderne
[Cause] Par l'effet de, à cause de. De par sa nature, de par ses fonctions :
29. Il [Hubert] appartenait, de par son éducation et de par sa nature à la race de ceux qui acceptent les données officielles de la vie... Bourget, Cruelle énigme,1885, p. 54.
[Lieu] De par le monde. Çà et là dans le monde, en plusieurs points du globe, à travers le monde.
[Lieu par où l'on passe] Poupelin (...) alla de par le monde, recueillant partout des certificats en son honneur (Vallès, Réfract.,1865, p. 73).
[Lieu où l'on est répandu] Il existe de par les chemins une race de gens qui... (Vallès, Réfract.,1865p. 4) :
30. Regarde, enfant, regarde! ... Il est de par le monde Des êtres inondés de volupté profonde; Il est de beaux jardins plantés de lauriers verts, Des grands murs d'orangers où mille oiseaux divers, (...) Des merles, des serins jaunes comme de l'or, Chantent l'amour, et l'air plus enivrant encor. Barbier, Iambes et poèmes,Il pianto, 1840, p. 109.
[Lieu d'où l'on vient] Très fam. ou pop. De par chez nous. De chez nous; de nous. Tout ce qui venait de par chez moi était son butin préféré (Claudel, Soulier,1944, p. 1077).
3. Le point de départ est un moment du temps.
a) De marque le point de départ d'un laps de temps (de signifie à partir de, à compter de, depuis, dès). De ce moment, de ce jour. Du jour où je vous ai vu pour la première fois, je suis à vous (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 224).Monsieur de Peyrehorade nous dit (...) de déraciner un vieil olivier qui était gelé de l'année dernière (Mérimée, Vénus Ille,1841, p. 245) :
31. Un favori vint lui dire que dans une petite maison de sa capitale vivait cachée cette Bianca Capello dont la beauté et la disparition singulière avaient fait tant de bruit à Venise. De ce moment François [de Médicis] eut une nouvelle existence... Stendhal, Hist. de la peint. en Italie,t. 1, 1817, p. 21.
b) De marque une date, une époque. De nos jours; du temps de...; ce n'est pas d'aujourd'hui; de naissance; d'aussi loin que je m'en souvienne; dater de, partir de, être de, à compter de. Une proclamation datée du 12 octobre 1780 (Borel, Champavert, 1833, p. 101). d' aussi loin qu'il fait revenir sa mémoire (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 205).Le piano les occupa. L'instrument datait de 1810 (Zola, Joie de vivre,1884, p. 839) :
32. Ici, jadis, du temps des Celtes, la déesse Rosmertha sur la pointe de Sion faisait face au dieu Wotan, honoré sur l'autre pointe à Vaudémont. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 74.
De mon temps. Quand j'étais jeune :
33. − Je sais bien, Suzette, que ton métier n'est pas un métier comme les autres. Tout change. De mon temps, jamais une demoiselle de la bonne société n'aurait voulu devenir actrice. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 187.
Vx. [Pour indiquer la date, devant le nom du mois] Le six de mars. Le six mars. Il [Michel-Ange] vint au monde en 1474, le 6 de mars, quatre heures avant le jour, un lundi (Stendhal, Hist. peint. It.,t. 2, 1817, p. 159).
Rem. De demain en huit, d'aujourd'hui en quinze (cf. supra de... en).
c) De dépend d'un terme exprimant la durée. À quelque temps de là; il y a longtemps de cela (cf. cela, ex. 12).
Locutions
D'ici là, d'ici peu. [En parlant d'un avenir plus ou moins proche] Cf. aussi supra ex. 5 :
34. Il appartiendra aux savants et aux philosophes futurs de confirmer, de divulguer, répandre et populariser ces lointaines conquêtes que notre esprit ne fait aujourd'hui qu'entrevoir. d' ici là, une contradiction intime continuera à paralyser le système dont la révolution se réclame. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 302.
De longue date, de longue main, de longtemps, de la vie, de ma vie, de toujours, de toute éternité, de son vivant, de mémoire de. Pour moi c'était de toute éternité devant toi que devait prendre fin cette succession d'énigmes (Breton, Nadja,1928, p. 151) :
35. Elle avait de tout temps recherché l'ombre et le silence, comme d'autres l'éclat et le bruit. Elle était femme à vivre heureuse sous un toit de chaume; mais pour son aimable ami, elle ne pensait pas pouvoir trop exiger. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 38.
Spéc. De dépendant d'une négation (de signifie pendant, pendant tout). De ma vie je n'ai tant ri; je ne l'ai pas vu de la journée. Il [Jack] ne quitta pas Cécile d' une minute (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 182).Elle [la librairie] ne désemplissait pas de tout le jour (Martin du G., Confid. afric.,1931, p. 1111) :
36. ... maman, qui s'était ingéniée à me procurer ce camarade, y voyait un double avantage : faire profiter du bon air de la campagne un enfant peu fortuné qui sinon n'aurait pas quitté Paris de tout l'été, et m'arracher aux trop contemplatives joies de la pêche. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 466.
d) P. ext. De précise le moment où se déroule l'action (cf. infra).
e) De introduit un compl. déterminatif de temps pouvant exprimer toutes les nuances ci-dessus énumérées.
En partic.
[Temps, époque] Les institutions du Moyen Âge, les hommes d'à présent, d'aujourd'hui (Ac. 1932). Nous souhaitons les uns et les autres préparer la paix de demain en réalisant aujourd'hui l'union nationale (Sartre, Mains sales,1948, 4etabl., 4, p. 150) :
37. ... une vie nouvelle chassait le deuil de la maison, les rires d' autrefois réveillaient les chambres, montaient allégrement l'escalier sonore. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 997.
[Date] Du vin de telle année, le départ de samedi, le lundi de Pâques, le jour d'aujourd'hui, le mois de mai, les giboulées de mars, la première quinzaine d'octobre; un lièvre de trois jours (d'il y a trois jours).
[Saison] Robe d'été, collections d'automne, soirée d'hiver, mode de printemps, fruits de saison.
[Heure] Soleil de minuit, démon de midi, goûter de quatre heures, repas du soir. Le Train de 8 h 47 (œuvre de Courteline). Je pars pour la promenade d' onze heures et demie (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 234) :
38. Quand il eut essayé ses habits du soir, il remit sa nouvelle toilette du matin qui le métamorphosait complètement. − Je vaux bien Monsieur de Trailles, se dit-il. Enfin j'ai l'air d'un gentilhomme! Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 133.
[Durée] Une guerre de vingt ans, un travail de dix années :
39. ... ils demandent la journée de dix heures : Mais elle est inconciliable dans le système capitaliste avec les exigences de la production; ... Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. XLVI.
4. Le point de départ est une personne.
a) De marque la provenance. Recevoir qqc. de qqn :
40. − Pourrais-tu prouver le nombre des baisers que tu as reçus de moi? Autant vouloir compter les papillons qui s'envolent dans un soir d'été! Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,La Reine Ysabeau, 1883, p. 265.
De vous à moi. Cf. supra de... à.
b) De marque la descendance, la filiation; l'origine. Jésus-Christ qui pour le salut de tous les hommes est né de la très Sainte Vierge Marie (Claudel, Poés. div.,1952, p. 834) :
41. De son père, ingénieur opticien, fournisseur du roi, emporté par le même mal avant sa trentième année, il tenait un esprit juste et appliqué. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 6.
Rem. Cf. aussi infra appartenance, dépendance, relation familiale ou sociale.
c) De marque la séparation, la distinction, la distance, la différence. Se séparer de, se défendre de. En sortant d' avec M. Bail, je demandai à ma sœur Eulalie (Montherl., Port-Royal,1954, p. 990).
Adj. + de.Distinct de, différent de, etc.
d) Faire qqc. de qqn. Cf. infra moyen, et aussi point de départ d'une transformation et obj. second d'un verbe trans. (compl. d'obj. indir.).
5. Le point de départ est une situation antérieurement donnée.
a) Le point de départ est une situation concrète. Réveiller qqn du milieu du sommeil; sortir d' une séance de travail. De ce mariage étaient issus de vrais géants (Loti, Mariage,1882, p. 28).
En partic. Point de départ d'une évolution, d'une transformation (passage d'un état à un autre, d'une qualité à une autre). De commis, il devint directeur; de pauvre il devint riche (Littré). De vingt pièces de quatre ans, il m'en reste dix-huit (Hamp, Champagne,1909, p. 120).Les hommes s'activaient pour faire vin blanc du raisin noir par pressurage du fruit très frais (Hamp, Champagne,1909p. 141) :
42. Le mythe de la « création » nous séduit à vouloir faire quelque chose de rien. Je rêve donc que je trouve progressivement mon ouvrage à partir de pures conditions de forme, de plus en plus réfléchies... Valéry, Variété III,1936, p. 65.
43. On devait faire de nous des apôtres, des gens dont le royaume n'est pas de ce monde. Et nous y tenions, à ce monde, nous y tenions par des fibres secrètes. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1507.
Rem. Cf. aussi les loc. fig. faire d'une pierre deux coups, faire de nécessité vertu, etc.
Au fig.
De + subst. concr.Je dis du fond du cœur qu'il m'est affreux d'être en sûreté pendant que toi et mes amis sont exposés (Staël, Lettres div.,1793, p. 418).Elle savait donc, de source sûre, que la famille du duc s'intriguait (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 171).De temps en temps il surveille du coin de l'œil le travail du chauffeur (Romains, Knock,1923, I, p. 4) :
44. « Toutes ces pierres suent la douleur, je le sais. Je ne les ai jamais regardées sans angoisse. Mais, du fond du cœur, je sais que les plus misérables d'entre vous ont vu sortir de leur obscurité un visage divin. C'est ce visage qu'on vous demande de voir. » Camus, L'Étranger,1942, p. 1207.
De + subst. abstr.L'homme est malheureux par ses passions qui l'écartent de la saine raison (Bonald, Législ. primit.,t. 1, 1802, p. 322).D'où vient qu'à peine seul, mon cœur s'est éveillé, Lentement, par degrés, de sa longue atonie? (Dierx, Lèvres cl.,1867, p. 198).Dégager de toute notion connexe la définition de l'activité qui nous servira de critère (Mounier, Traité caract.,1946, p. 395).
b) Le point de départ est une situation abstraite. Il résulte de tout cela que...; de ces prémisses on peut conclure que... :
45. Ainsi comme l'homme le plus fort et le plus adroit est celui qui développe le mieux les organes qu'il a reçus avec la vie, le plus grand génie est celui qui tire le plus de conséquences des premières instructions qu'il a reçues. Bonald, Législ. primit.,t. 1, 1802p. 329.
6. Le point de départ est un tout dont on tire une partie.
a) Verbe + de.Donner de son temps (de « un peu, une partie de »).
b) Subst. + de.De a une valeur partitive, proche de celle de l'article partitif. Cf. de2et des II (en parlant d'une partie, d'un ensemble, d'un élément d'un tout).
α) [En parlant d'un tout partageable]
[Le compl. est un subst. non déterminé] Tranches d'ananas; filets de sole; branche d'arbre.
[Le compl. est un subst. déterminé] La façade nord du transept de la cathédrale; marcher sur la pointe des pieds. Piccadilly Circus, nombril de Londres (Morand, Londres,1933, p. 173).Au pied du troisième platane de l'allée du pont (H. Bazin, Vipère,1948, p. 9).
En partic. [En parlant d'un extrait, d'un morceau choisi, d'une œuvre littér.] Les stances du Cid.
β) [En parlant d'un tout nombrable, en partic. un subst. coll.] Une troupe d'enfants; un couple de rossignols; des escouades de motocyclistes. L'âpre essaim des corbeaux voraces (Hugo, Légende,t. 3, 1877, p. 30).
c) Être de + subst.Faire partie de (le pron. pers. correspondant est en). Nous sommes du jury. Nous attendons le président (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 1, p. 9).Il faut, dit gaiement Joseph, que vous preniez du fromage, puisque vous êtes de la famille (Duhamel, Cécile,1938, p. 179) :
46. La beauté d'Hélène faisait beaucoup rechercher Monsieur et Madame Walstein; ils étaient de toutes les fêtes, de toutes les réunions; Hélène trouvait sa nouvelle situation fort heureuse, Walstein se montrait le plus respectueux des hommes. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 218.
47. Du reste, il était de ceux qui ne se plaignent pas et dont l'ambition est satisfaite, lorsqu'ils ont du pain à manger et de l'eau à boire. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 991.
Spécialement
α) De marque la fraction d'une totalité
dans une alternative. De deux choses l'une; lequel des deux. Des serpents étouffés par Héraklès avaient fait connaître lequel des deux frères était de la race des dieux (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 117).
dans une comparaison. C'était de tous les consommateurs le seul qui avait pu résister au vacarme effroyable que faisaient les bohémiens (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 123).
dans une fraction numérique proprement dite. Pauline, inquiète pour l'enfant, lui avait, comme marraine, fait le cadeau des deux tiers de ce qu'elle possédait (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1110).L'énorme horloge du Ministère de la Guerre sonnait la demie de deux heures (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., 1, p. 20) :
48. Deux phares pointèrent vers le trottoir, m'aveuglèrent une fraction de seconde, puis, virant court, s'estompèrent dans un froissement de lumière sur le pavé gras. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 9.
[En parlant de pers., d'une partie d'un groupe] Le citoyen Dupont aîné, l'un des douze du Comité de surveillance (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 4).Six de ses hommes entraient derrière lui, un à un, en silence (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 233).S'il arrivait que l'un d' eux fût emporté par la maladie, c'était presque toujours sans qu'il pût y prendre garde (Camus, Peste,1947, p. 1279).
[En parlant d'une série d'obj. concr. ou abstr.] :
49. Il était dans un de ces jours où tout le poids de la vie semblait accabler ses épaules, et l'interrogation tragique lui hantait le cœur. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 385.
β) De introduit le compl. du superl.
[Le compl. du superl. rel.] Le premier du mois, le dernier de tous, la plupart du temps. La comtesse Anastasie de Restaud, grande et bien faite, passait pour avoir l'une des plus jolies tailles de Paris (Balzac, Goriot,1835, p. 43) :
50. georget. − Pour les uns, c'est amour; pour les autres, c'est patrie, et ainsi de suite... Le plus beau mot de la vie varie selon les gens. H. Bataille, Maman Colibri,1904, I, 12, p. 12.
[Le compl. du superl. abs. exprimant une intensité forte] Des plus + adj. = Parmi les plus + adj. L'entreprise, sans nul doute, était des plus délicates (Milosz, L'Amour. initiation,1910, p. 196).
7. Le point de départ est une entité à partir de laquelle on évalue, par comparaison, une autre entité. Ils sont plus de deux (cf. infra la différence numérique).
[Après un adj. au compar. ou à sens compar.] Aîné de, plus âgé de, etc.
[Après un superl. rel.] Il est le plus âgé de trois ans.
a) De marque le superl. de construction hébraïque exprimant l'excellence, le degré parfait, par le redoublement du subst. ou de l'adj.; d'où les loc. bibliques ou formées sur ce modèle (presque toujours au plur.).
Adj. substantivé redoublé. Le saint des saints, le Juste des Justes. Au lieu d'être les premiers, nous serons les derniers des derniers (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 37).Cette immensité du Pacifique, − immensité des immensités de la terre, qui s'en va tout droit jusqu'aux rives mystérieuses du continent polaire (Loti, Mariage,1882, p. 79).Cette élégance de Mauss il y faut renoncer. Ce fin du fin, ce fin profil, ce regard noble, assuré (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 669).
P. ext., adj. (exclamatif ou non). Vrai de vrai. Pour la dernière des dernières fois, j'entrai dans ce jardin (Loti, Roman enf.,1890, p. 313).
Rem. Pour la loc. substantivée du blanc de blanc (du vin blanc de raisin blanc), cf. blanc ex. 31.
Subst. redoublé. Le Roi des Rois, le Cantique des Cantiques, vanité des vanités, les siècles des siècles. De cet accord, charme des charmes, Dans le sourire ou dans les larmes Naissent la grâce et la beauté (Lamartine, Harm.,1830, p. 371).Il n'y a pas de raison pour que ce voyage finisse dans tous les siècles des siècles (Nodier, Trésor fèves,1833, p. 49).
P. ext., fam. À la fin des fins, l'as des as.
Pron. redoublé. Rien de rien. Je ne vois rien de rien... (Montherl., Songe,1922, p. 112).
P. anal.
[Dans des exclam. fam. ou pop., des interj., des injures] Zut de zut! tonnerre de tonnerre! etc. Bigre de bigre, ça ne lui allait pas le mariage! (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Hist. vraie, 1882, p. 339).Bon Dieu de bon Dieu! qu'est-ce qu'on va devenir? (Zola, Rêve,1888, p. 84).
[Avec un qualificatif d'injure] Menteuse des menteuses! (Colette, Cl. école,1900, p. 239).Richard. − Ah! la grue des grues! (H. Bataille, Maman Colibri,1904, I, 7, p. 8).
b) Devant le second terme d'une comparaison exprimée par
plus de, moins de + un nombre.Le coup tomba sur l'épaule et la lui brisa plus d' à moitié (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 264).Nous n'avons pas le temps de rester plus de deux heures à Royan (H. Bazin, Vipère,1948, p. 162).
(il en est) de... comme de + subst. ou pron. :
51. Mon Dieu, il en est peut-être du péril comme de l'eau froide qui d'abord vous coupe le souffle et où l'on se trouve à l'aise dès qu'on y est entré jusqu'au cou? Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 1ertabl., 2, p. 1574.
B.− De marque la condition préalable d'un procès ou du résultat d'un procès matériel ou moral.
1. [La condition préalable est une matière] Faire qqc. de rien.
a) Verbe + de.
[Pour indiquer un matériau de fabrication] Ô regards qui roulez aux bords des cils un sable Fait de nacre, d' azur et d' or! (Dierx, Lèvres cl.,1867, p. 202;cf. aussi supra A 5 a).
Loc. fig. Faire flèche de tout bois, etc.
b) Subst. + de + subst. : le compl. déterminatif.Concurrence de/en : de est plus littér. et s'emploie surtout dans des loc. au fig.Épingles d'or; bulles d'air; pièces d'argent; casaques de drap d'or; bancs de pierre ou de bois; fauteuils de fer; manteau de loutre; un lit de feuilles mortes et de fougères :
52. Un vitrail en verre dépoli, le plus souvent un simple rideau d'indienne, sert de porte et défend contre les curiosités indiscrètes. Du Camp, En Hollande,1859, p. 18.
Au fig. Alors commencent ces hémorragies effrayantes, qui font de tous ces malades autant de fontaines de sang (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 100).
Loc. figées. Images exprimant la qualité. La douceur des arbres vert pâle sur le ciel blanc de lait! (Montherl., Songe,1922, p. 47).
Loc. Un teint de lait; un ciel de plomb; un cœur de pierre; un visage de marbre; un cœur d'or; un regard de feu; un bras de fer; etc.
c) Adj. + de.Noir de jais, noir d'encre, etc.
Rem. La juxtaposition sans de a valeur d'enseigne et peut qualifier une mode, un style, etc. Sa main, sur le drap rouge du bureau Louis XVI, battit un rappel énervé (Bernanos, Imposture, 1927, p. 314).
d) Verbe d'état + de/en.Sa robe est du plus beau satin, et son voile de la plus fine dentelle (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 149) :
53. Dans la pénombre, sur l'oreiller blanc, son profil de prince persan se découpait avec la finesse d'une matière ciselée; il eût semblé de marbre ou de vermeil si la chair du visage, restée soyeuse, transparente et dorée, n'avait gardé je ne sais quelle apparence de jeunesse et de vie. Martin du Gard, Confidence africaine,1931, p. 1108.
Rem. Hérald. Emploi spéc. de la prép. + nom de matière et de couleur dans la terminol. du blason. D'or, d'azur (« émail bleu des armoiries »). Les armoiries des Créquy : d' or au créquier de gueules (Du Camp, Hollande, 1859, p. 31).
2. [Dans un compl. déterminatif (genre, espèce)]
a) [En parlant d'animés ou d'inanimés concr. (races d'animaux, variétés de plantes, essences d'arbres, espèces, etc.)] Bleu de Perse (cf. bleu I A). Des cochons de Barbarie; lapins de garenne; vin de Champagne; orgue de Barbarie; pomme de reinette; fruits de l'arbre à pain; chaises de jardin. Cf. aussi supra A 2 f :
54. ... bois d'aloès et de sandal, qui sembloient prêts à s'affaisser sous le poids des pâtisseries et des confitures... Nodier, Trésor des fèves et Fleur des pois,1833, p. 51.
b) [En parlant d'inanimés abstr.] Toutes les fois que la personnalité est opprimée, que la liberté individuelle n'a pas son équitable manifestation, il y a crime de lèse-humanité (Du Camp, Hollande,1859, p. 248) :
55. Le roman, entend-on couramment répéter, se sépare actuellement en deux genres bien distincts : le roman psychologique et le roman de situation. D'un côté, ceux de Dostoïevski, de l'autre, ceux de Kafka. Sarraute, L'Ère du soupçon,1956, p. 9.
3. [Le compl. désigne un contenu] Tasse de café, de thé; verre de vin, d'eau; dé à coudre de moka; deux cuillerées de potage. Il faut prendre, pour le parfum, un petit verre de mirabelle (Duhamel, Cécile,1938. p. 182).Il s'agissait ce jour-là d'achever un pot de mirabelles, un peu moisies par quatre ans de buffet (H. Bazin, Vipère,1948, p. 10).
P. métaph. Il croyait voir une mare de sang devant lui (Balzac, Goriot,1835, p. 195).
4. [Le compl. désigne la totalité d'un ensemble, des parties composant un ensemble] Les trois maisons du hameau, ébranlées par le souffle des obus, ne s'étaient pas écroulées mais cabossées (Montherl., Songe,1922, p. 159).Les trois personnes de la Trinité qui sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Claudel, Poés. div.,1952, p. 833).
5. [La condition préalable est la matière d'un propos] Dire qqc. de qqn; instruire qqn d'une affaire; remercier qqn de qqc., de faire qqc. (cf. aussi la cause).
De signifie « quant à », « en ce qui concerne », « au sujet de », « à propos de », « pour ce qui est de », « relativement à ».
a) Verbes ou loc. verbales d'énonciation ou de jugement + de
Verbes d'énonciation. Nous ne pouvons nous empêcher de dire deux mots des campagnes qui entourent Paris (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 193).Ah! Orso, j'aurais bien des choses d' elle à vous conter (Mérimée, Colomba,1840, p. 160) :
56. ... ils causaient du temps, du printemps qui venait, de l'état de la glace sur le lac Saint-Jean et sur les rivières, de leurs affaires et des nouvelles de la paroisse, en hommes qui ne se voient guère qu'une fois la semaine à cause des grandes distances et des mauvais chemins. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 7.
Verbes de connaissance et de jugement. Si vous savez quelque chose des motifs de la translation de M. de Lafayette à Glatz (Staël, Lettres div.,1794, p. 568).Aux époques les plus françaises c'est toujours de l'homme et jamais du Français qu'il est question (Du Bos, Journal,1926, p. 9).Écoute, Hugo : je ne crois pas un mot de ce que tu m'as raconté (Sartre, Mains sales,1948, 1ertabl., 1, p. 21) :
57. Car de chaque conquête l'homme découvre qu'elle l'a trompé quand il use de l'objet conquis, ayant confondu la chaleur de la création avec le goût de l'usage de l'objet qui ne lui apporte plus rien. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 623.
Adj. ou part. passé-adj. + de.Alarmé de, inquiet de, etc. (cf. la cause et le compl. d'agent du passif).
Verbes de sentiment. Si (...) je pleurais de cette déesse ou de moi, je ne l'ai jamais su (Maurras, Chemin Paradis,1894, p. 88).Tout est oublié des anciennes rigueurs (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 18) :
58. Je suis dans la plus mortelle inquiétude de M. de Fontanes. La France perdrait en lui le dernier talent qu'elle possède, et moi un ami comme il n'y en a plus. Chateaubriand, Corresp. gén.,t. 2, 1789-1824, p. 213.
Rem. On peut considérer aussi ce compl. comme le compl. d'obj. indir. d'un verbe trans. Parler de qqn, de qqc., penser qqc. de qqc. ou de qqn, être d'accord de/sur qqc. (obj. unique, ou obj. second dans le cas de verbes trans. à double constr. dir. et indir.). Ne vous a-t-on jamais parlé de cette femme autrefois qui vivait seule dans les roches du Géyn? (Claudel, Annonce, 1948, p. 135).
b) Gallicismes
Dire d'un, puis d'un autre (cf. Grev. 1969, § 922, 7o).
Et ainsi de nous :
59. Il se souvenait de son frère Georges, − de celui que les Tahitiens appelaient Rouéri, qui avait emporté de ce pays d'ineffaçables souvenirs, − et il sentait qu'il en serait ainsi de lui-même. Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 73.
Rem. Pour les verbes de sentiment, la distinction est délicate entre l'obj., ou la cause du sentiment. Être désespéré de « de, par ou à cause de ».
c) Subst. + de.De signifie « qui traite de ».
[Dans le domaine de la pensée] Je suis au collège. J'ai quinze ans. Je résous avec patience mon problème de géométrie (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 265) :
60. − Allons! Qu'as-tu à me dire? Cela ne te ressemble pas de tourner autour du pot. Je me lance, très satisfait de ce compliment indirect. − Papa, il faut que je vous avoue une chose : dans l'affaire du placard, nous sommes tous solidaires. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 174.
[Dans le domaine de la parole, de l'écriture, en parlant du contenu d'un ouvrage] Un livre de souvenirs; un traité du coup d'État (Camus, Caligula,1944, I, 2, p. 12) :
61. ... c'était sur les ouvrages de médecine laissés dans l'armoire, qu'elle passait des journées entières, les yeux élargis par le besoin d'apprendre... Zola, La Joie de vivre,1884, p. 854.
Au fig. Une lettre d'aveux, d'injures.
P. ell. De + contenu d'un ouvrage (dans l'énoncé du titre, elliptiquement pour chapitre, livre qui traite de...).De l'Allemagne (Staël); De l'Amour (Stendhal).
6. [La condition préalable est un moyen à partir duquel une chose a ou peut avoir lieu] De marque le moyen, l'instrument ou l'intermédiaire. Il signifie « à l'aide de » et entre en concurrence avec par et avec.
a) [Le compl. désigne une pers.] De signifie « par l'intermédiaire de; par le truchement de; avec l'aide de; par l'entremise de; avec le concours de; grâce à, etc. »
Loc. verbale. Faire qqc. de qqn (cf. supra point de départ d'une transformation).Au fig. Payer de sa personne (cf. aussi infra les compl. de manière).
b) [Le compl. désigne une partie du corps] .
Verbe + de
Verbes d'action. Travailler de ses mains. Une grande vilaine bête, lourde à soulever des genoux (Hamp, Marée,1908, p. 25).Du pouce et de l'index [il] éjecta le mégot à distance appréciable (Queneau, Pierrot,1942, p. 8).Il m'a regardé de ses yeux clairs (Camus, Étranger,1942, p. 1126) :
62. Dans sa hâte, elle s'était embarrassée, elle tâtonna, de la main gauche, pour saisir la rampe, qui trembla un peu. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 2.
Loc. verbales exprimant le moyen et la manière, souvent au fig. Cligner de l'œil, effleurer du doigt, faire non de la tête, frapper du pied, jouer des coudes, montrer du doigt, partir d'un bon pied, pousser du coude, se lever du pied gauche, voir d'un bon œil; chercher qqn des yeux, écouter d'une oreille, foudroyer qqn du regard, lacérer qqc. de ses griffes, suivre des yeux, etc.
Verbes d'état :
63. − Ainsi parlant, elle frappa la terre du pied et tomba suspendue des deux bras à deux tiges penchantes qui s'inclinèrent et se relevèrent sous elle, en semant ses cheveux des débris de leurs fleurs parfumées. Nodier, Trésor des fèves et Fleur des pois,1833, p. 46.
c) [Le compl. désigne une chose] De sa dot j'achèterais les bois de la Falsetta (Mérimée, Colomba,1840, p. 63).Si du bout de mon gant je gratte le givre de vos carreaux, en une seconde ce sera Saint-Nicolas partout en Allemagne (Claudel, Soulier,1929, 3ejournée, 1, p. 769) :
64. Une colonie de petites hirondelles grises avaient, à l'intérieur, tapissé de leurs nids les parois du rocher; elles voltigeaient par centaines, un peu surprises de notre visite, et s'excitant les unes les autres à crier et à chanter. Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 125.
[Pour exprimer un moyen de subsistance] Vivre de, dîner de, se nourrir de + subst.; avoir de quoi boire, de quoi manger, de quoi vivre. Je mangeais d'un pâté de Chartres, qui seul ferait aimer la patrie (A. France, Bonnard,1881, p. 325).
Au fig. Je n'ai vécu que de Bach et de Mozart, de Haendel et de Couperin (Duhamel, Cécile,1938, p. 72) :
65. Là dort dans son espoir celle dont le sourire Cherchait encor mes yeux à l'heure où tout expire, Ce cœur source du mien, ce sein qui m'a conçu, Ce sein qui m'allaita de lait et de tendresses, Ces bras qui n'ont été qu'un berceau de caresses, Ces lèvres dont j'ai tout reçu! Lamartine, Harmonies,Le Tombeau d'une mère, 1830, p. 421.
[Pour préciser un instrument de mus.] Jouer de + subst. déterminé.Jouer de la flûte :
66. ... Italien de Venise, il parlait, jouait du piston, du violon et faisait des tours de force : danses de corde, sauts sur des chevaux, exercices avec des anneaux. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 362.
[Pour indiquer un matériau de fabrication] Dans son berceau fait de chêne et de plomb (Dierx, Lèvres cl.,1867, p. 196).Cf. aussi matière supra B 1 a.
Locutions
locutions verbales. Faire qqc. de rien (cf. supra point de départ d'une transformation).Au fig. (de + subst. abstr.).Combler de joie, s'armer de patience, se repaître d'illusions, user d'adresse, etc.
locutions adj., au fig. Couvert de gloire, ivre de joie (enfer), pavé de bonnes intentions, etc.
Rem. Lorsque le compl. est un subst. abstr., on peut hésiter entre la cause, le moyen et la manière. La forêt, de ses mille rumeurs printanières, le ravissait (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 34).
d) Le compl. n'est plus senti comme moyen, mais comme obj.
[Compl. d'obj. indir. d'un verbe trans. à double constr.] Remplir qqc. de, combler, dépouiller qqn de qqc. Malheur! car ils verront le monstrueux reptile, Gonflant de noirs venins sa poitrine subtile (Barbier, Iambes,1840, p. 249).Heureux (...) et ponctuant chaque phrase du maître d' un soupir chargé de toute la nostalgie du monde (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 170) :
67. Gisèle avait paré la place de Jacques d'un bouquet de mauves, qui donnait à la table familiale un air de fête. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 904.
[Compl. d'obj. indir. second. d'un verbe pronom.]
Verbe pronom. réfl. Elle se chargeait des fleurs les plus odorantes; elle s'entourait de vases pleins de syringa, de jasmin, de verveines, de roses (Borel, Champavert,1833, p. 142).S'enveloppant les épaules d'un fichu, elle le suivit (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 243).
Verbe pronom. réciproque. Les adversaires (...) s'aspergent d' un vinaigre de politesses (Cocteau, Poésie crit. 2,Monologues, 1960, p. 14).
Verbe pronom. passif. Vos lèvres s'irisaient de vin de Moselle (Moréas, Les Syrtes,1884, p. 21).Les bourgeois quittent leurs habits bruns ou noirs, se couronnent de pampres (Morand, Londres,1933, p. 16).
Verbe essentiellement pronom. Elle s'empara du télégramme. « Oh! Émile, le petit de Renée est mort! » (Dabit, Hôtel Nord,1929p. 136).
[Compl. d'un verbe d'état ou d'un verbe passif exprimant un état] Son nez seul était privé des bienfaits de la saison et des bontés de la nature (About, Nez notaire,1862, p. 152).Il était habillé d' une jaquette de lasting, d' un pantalon noir et blanc à carreaux et d' une chemise en flanelle (Ramuz, A. Pache,1911, p. 10).
[Compl. d'un part. passé-adj. ou d'un adj.] Absent de, affecté de (qqc.), assisté de (qqn); cf. le compl. d'agent infra B 7; contraint de (faire qqc.), décoré de, détaché de, garni de, rempli de (cf. le compl. de moyen et de matière), suivi de, etc.; une épingle montée d'un diamant. Rameau rebouté, étayé d' une petite éclisse de carton (Colette, Sido,1929, p. 13).Son pied chaussé de la courte chaussette blanche (Claudel, Poés. div.,1952, p. 739).
[Compl. déterm. d'un subst. déverbal (très souvent indéterminé)] Battement de cil; coup d'archet, de bâton, de frein; crissement de pneu; échange de balles, de bons procédés; flexion du genou; inclinaison de la tête; mouvement des bras; serrement de mains; signe de tête; trait de plume, etc.
Rem. Dans ces cas, le compl. n'est plus senti comme moyen (faire signe avec la tête), ni comme obj. (échanger des balles), ni comme suj. (le genou fléchit), mais comme simple compl. déterminatif.
7. [La condition préalable est un agent ou un auteur]
a) [De introduit le compl. d'agent d'un verbe à la voix passive (cf. aussi les prép. à et par).] Être aimé de Dieu.
[De, plus littér. que par, sert de variante styl.] Une auberge hantée des esprits ou habitée par des voleurs (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 280).Ces pavés seront battus des pluies de l'automne (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848p. 307) :
68. Tout ce que nous avons donc remarqué de Paris à Blois, c'est que la route, quelque peu qu'elle ait duré, dura trop encore, agacés que nous sommes toujours de ce monde aride de locomotion et fort ennuyés, d'ailleurs, par la société de deux marchands de grains... Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 165.
De exprime plutôt une action intérieure, ou le résultat de l'action, l'état, la situation. L'état général ou public de société, qui est formé de plusieurs sociétés particulières ou domestiques (Bonald, Législ. primit.,t. 2, 1802, p. 74).La façade (...) noire, obscure, rongée de mites (Flaub., Par les champs et par les grèves,1848, p. 276).Pris d' une quinte de toux, il secoua la tête, se courba comme s'il allait vomir ses poumons (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 155):
69. Peut-être étiez-vous envoyé de Philogène pour m'avertir qu'elle ne pouvait se trouver au rendez-vous? Peut-être est-elle malade? Borel, Champavert,Passereau l'écolier, 1833, p. 211.
[De se rencontre après des verbes de sentiment.] Être aimé de, respecté de, estimé de, craint de (qqn). Touché des malheurs de son neveu, l'oncle Monetti promit d'améliorer sa position (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 61).Carpaccio, nous disent les historiens, fut pleuré de ses concitoyens (Barrès, Barbares,1888, p. 197) :
70. ... nous arrivâmes à Roosendaal, où nous quittions la Belgique pour entrer en Hollande. Je ne saurais vous dire combien j'ai été charmé de la politesse, je dirai plus, de l'exquise courtoisie des douaniers hollandais; ... Du Camp, Hollande,1859, p. 4.
[De se rencontre après des verbes de perception, d'intelligence, de volonté.] Être vu, entendu, su, connu, compris, ignoré, oublié de (qqn). J'embrassai par la fenêtre sa petite main qu'elle me tendait, et l'incident passa inaperçu du public (Loti, Mariage,1882, p. 220).Les monologues de celui-ci [Montaigne] n'ont pas été ignorés du prince Hamlet (Valéry, Variété V,1944, p. 221).
[De est fréquent avec des verbes d'accompagnement marquant une situation (d'où l'emploi courant du part. passé-adj.).] Accompagné de, entouré de, précédé de, suivi de, etc. Quantité de marins du bord étaient entrés dans les cases tahitiennes, entourés de bandes joyeuses de jeunes femmes (Loti, Mariage,1882p. 188) :
71. Les Horseguards en tuniques d'or, précédés du grand timbalier aux bras croisés, se rendaient de leur caserne à Buckingham Palace, les jours de gala. Morand, Londres,1933, p. 123.
[De peut introduire un compl. désignant une chose.] Un refus pur et simple, un « non » péremptoire et de nulle explication accompagné (Claudel, Part. midi,1906, p. 983).D'une autre pièce, un cri du gosse vint jusqu'à eux, suivi des confuses paroles de la mère qui s'efforçait de le calmer (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 331).Un article accompagné de nombreux documents photographiques (Duhamel, Cécile,1938, p. 50).
[Le compl. peut être une idée; le verbe est alors employé au fig. ou est un verbe de sentiment et le subst. n'est pas toujours déterminé] Être accablé de soucis, pénétré de bonheur, pris de fièvre, saisi de crainte, etc. Cependant mon père fut atteint d' une maladie qui le conduisit en peu de jours au tombeau (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 420).Amélie accablée de douleur, étoit retirée au fond d'une tour (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803p. 421).Brisé de tant d'émotions contraires (Laforgue, Moral. légend.,1887, p. 120) :
72. C'est alors que « M. Pascal le jeune, se trouvant à Paris, fut touché du désir de le voir, et il eut la satisfaction de l'entretenir aux Minimes, où il avait eu avis qu'il pourrait le joindre... » Valéry, Variété II,1929, p. 11.
Rem. Le compl. devient dans certains cas un simple compl. d'obj. indir. ou un compl. de l'adj. Je suis accablé de soucis par ma charge (M. Arrivé ds Fr. mod. no32, 1964, p. 245, note 5).
Plus rarement, [de introduit le compl. d'un verbe pronom. réfl. de sens passif.] Elle [la nappe grise] se piqua de points aveuglants (Bernanos, Imposture,1927, p. 482).Depuis vingt ans il appliquait son intelligence à se faire aimer des hommes en les justifiant (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 209) :
73. On raconte que Léonard (...) prenait plaisir à se laisser charmer (...) des aspects touchants ou sublimes que la nature offre à chaque pas dans sa chère Lombardie. Stendhal, Hist. de la peint. en Italie,t. 1, 1817, p. 234.
74. − Dans toutes ces boissons, dit-elle, continuant son épais marivaudage, il faut de la poudre de mandragore. Moi, je peux me faire aimer de qui je veux, car j'ai un mandragore. Radiguet, Le Bal du Comte d'Orgel,1923, p. 46.
Emploi du part. passé-adj. (l'agent est encore senti). Ô le petit corps dévoré de pustules (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 198).Ses deux arpents de vigne attaqués du mildiou (Hamp, Champagne,1909, p. 112) :
75. En vieille blouse grise, chaussé de sabots, le prêtre bêchait lui-même un carré de choux; et, le visage tanné par l'air âpre de la mer, la nuque brûlée de soleil, il ressemblait à un vieux paysan, courbé sur la terre dure. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 990.
Rem. De est couramment employé a) Dans des ,,expressions de caractère locutionnel`` (Wagner-Pinchon 1962, p. 463). Il est aimé de tout le monde (Ac. 1798). Il est respecté de tous (Ac. 1835-1932). b) Dans des loc. adj. figées. Piqué des vers, mangé des mites, battu des vents. Battus de tous les vents, (...) nous sommes, nous passons dans une crise (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 808).
b) P. ext. [De introduit le compl. d'un part. passé en fonction adj. (le compl. d'agent n'est plus senti comme tel, il s'agit de part. d'un verbe d'état, c'est le simple compl. de l'adj.).] Couvert de, entouré de, rempli de, etc. Une route bordée de gros arbres (A. Daudet, Arlésienne,1872, I, tabl. 1, 1, p. 363).L'école du docteur Cogan était une vieille maison couverte de lierre (Maurois, Disraëli,1927, p. 21).Tous les miliciens étaient pointillés de soleil (Malraux, Espoir,1937, p. 600) :
76. Il avait les bras chargés des objets les plus divers, pour chacun desquels il cherchait, d'un œil perplexe, une place appropriée. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 753.
En partic., lorsque le part. passé-adj. est pris au sens plein ou au fig. Il proposait des promenades, dont on rentrait grisé de grand air (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1026).Son cœur pétri de durs souvenirs se gonflait de chagrin (Guèvremont, Survenant,1945, p. 102).Cf. aussi pénétré de bonheur/pénétré par la fraîcheur; épuisé de fatigue/épuisé par le chagrin; transi de froid/ transi par le froid.
Rem. Le compl. peut exprimer a) La cause. Il éleva légèrement le bras droit, stupéfait du silence qui continuait à l'entourer (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 182). La tête renversée, je n'aperçois aucun des oiseaux enivrés de leurs propres roulades (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 108). b) Le moyen ou la manière. Chaussé de neuf et ganté de clair (Courteline, Linottes, 1897, I, p. 163).
c) [De introduit un compl. déterminatif précisant l'auteur d'une œuvre littér. ou artistique.] Un nocturne de Chopin. La toile fameuse du Greco, « l'Enterrement du comte d'Orgaz » (Barrès, Greco,1911, p. 6).La foule reflue vers le grand autel baroque du Bernin (Green, Journal,1935, p. 10); cf. aussi infra C 5 appartenance) :
77. ... les idylles de Théocrite, les bucoliques de Virgile, les pastorales de Gessner, sont entre elles dans les mêmes rapports que les épopées d'Homère, de Virgile et du Tasse. Bonald, Législ. primitive,t. 2, 1802, p. 212.
Spéc. [De introduit un compl. désignant l'auteur d'une action.] Subst. déverbal subjectif + de.Le retour d'Ulysse.
8. [La condition préalable est une cause, un motif; lorsque le compl. est un subst., celui-ci est souvent indéterminé]
a) [Le compl. est un subst.]
[non déterminé]
Verbe + de.Pleurer de joie, mourir de soif (Dub.). Voilà une terrible lettre politique. Je l'ai écrite de colère (Chateaubr., Corresp.,t. 2, 1789-1824, p. 246).Haussant les épaules de dédain, il lacéra et jeta au feu tous ses livres (Borel, Champavert,1833, p. 230).Sur une marche de Soho Square, s'assit Quincey défaillant de faim, tandis qu'Anne courait lui chercher un cordial (Morand, Londres,1933, p. 189) :
78. Pour délirer de joie, il me suffisait de contempler les gravures en couleurs qui ornaient les couvertures. Buffalo Bill, à cheval, galopait dans la prairie, tantôt poursuivant, tantôt fuyant les Indiens. Sartre, Les Mots,1964, p. 180.
Loc. verbale. C'est de ma faute. Synon. arch. et affecté (et dans la langue liturgique) c'est ma faute.
En partic., en début de phrase (le compl. est inversé). De désespoir, il [Jack] la laissait pendre [sa main] à côté de lui (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 159) :
79. Tchen commença à courir. « Au voleur! » cria l'antiquaire. Des marchands parurent. Tchen comprit. De rage, il eut envie de s'enfuir avec cette plaque, de la lancer n'importe où. Malraux, La Condition humaine,1933, p. 308.
Part. passé ou adj. + de.Accablé de, content de, fier de, malade de, soucieux de (en partic., avec les adj. exprimant un sentiment). Le pauvre garçon était confus de tant de bontés (About, Nez notaire,1862, p. 169).Je suis ravi de ta bonne santé (Hugo, Corresp.,1868, p. 113).On voit sous la table, ses pieds nus, noirs de crasse et de boue (Pagnol, Marius,1931, I, 1, p. 10) :
80. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 414.
Rem. Souvent le compl. fait corps avec l'adj. et la valeur causale (p. ex. le motif du sentiment) n'est plus sentie. Le soleil caresse la terre, toute rose de bruyères fleuries (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 294). Et, fort de sa raison, il demanda avec énergie : − Que peut-on répondre à cela? (A. France, Anneau améth., 1899, p. 260). Quelle est la douleur des ténèbres dans l'être frappé de cécité! (Milosz, Amour. initiation, 1910, p. 60).
[déterminé]
Verbe + de.Il [le Camarade] dit que s'il boit, c'est du chagrin de ne pas trouver d'ouvrage (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 266).Un camarade meurt de la poitrine (Green, Journal,1949, p. 247) :
81. Et, encore une fois, ne m'en veuillez pas plus de mon incroyance que je ne vous en veux de votre croyance. Ne pas avoir le même chimisme cérébral n'a jamais empêché deux hommes de cœur de s'aimer et de s'estimer... Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 58.
Adj. verbal + de.J'étais là (...) pâle de fatigue, l'oreille saignante du coup que m'avait donné le guide (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1582) :
82. Lazare ne douta plus, c'était fini. Alors, défaillant, il s'assit au bord de la table, il attendit au fond de cette ombre, sans savoir ce qu'il attendait, les oreilles sonnantes du grand silence qui venait de se faire. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 978.
Adj. qualificatif + de (notamment s'il exprime un sentiment, une émotion).Elle [la pension Vauquer] est cossue, elle est belle de son abondance, elle est fière d' être le manoir momentané d'un Rastignac (Balzac, Goriot,1835, p. 171).Le père est inconsolable du départ de son fils (Claudel, Sagesse,1939, p. 1107) :
83. Lorsqu'il rentrait avec Louise, elle les forçait à raconter leur promenade, heureuse de leur animation, du grand air qu'ils rapportaient dans leurs cheveux. Zola, La Joie de vivre,1884p. 935.
[Le compl. est un pron. pers.] Elle est partie hier. Suis-je pas triste d'elle? (Laforgue, Poésies compl.,1887, p. 86).
b) [Le compl. est un verbe] De signifie « par le fait que; du fait que ».
[En compl. d'un verbe conjugué] Remercier qqn d'avoir fait qqc. (cf. aussi supra le compl. de propos « au sujet de »).Ortègue étouffait de se taire (Bourget, Sens mort,1915, p. 259).La passion de l'individu s'avive de se sentir ainsi attenante à des milliers de passions semblables à elle (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 13).
[Il complète le sujet] Il [le marquis] ne se permettait jamais de dicter une dépêche sans avoir revêtu le costume brodé (...). Il eût cru manquer de respect d' en agir autrement (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 15).
[Il complète l'objet] :
84. Les filles du chenal boudaient ostensiblement le Survenant de s'être dérobé, la veille, à la visite du jour de l'an ainsi qu'aux compliments d'usage et aux doux baisers. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 120.
Rem. Le tour littér. de + inf. temp.-causal (gérondif) est très vivant.
De + inf. compl. d'une loc. verbale.Avoir honte de, avoir pitié de, avoir de la peine de (faire) qqc.
[En appos. du suj. ou de l'obj.; la mise en relief peut être produite]
α) [par la virgule.] Ils avaient faim, d' être allés si loin à pied (Zola, Germinal,1885, p. 1216).
β) [par l'antéposition, principalement en début de phrase (style littér.); souvent repris par ce ou cela; cet infinitif est senti également comme un suj. réel (cf. infra l'inf. suj. introduit par de; de signifie « le fait de »).]
Loc. causales
Rien que de + inf.[Pour énoncer un fait particulier] (cf. infra de + inf. suj., repris par ce ou cela).
Loin de + inf.Loin de lui en vouloir, je ne l'en aime que davantage, d' avoir eu un si noble soin de sa dignité (Péladan, Vice supr.,1884, p. 36).
De + inf. compl. d'un verbe d'état ou d'un part. passé-adj.;de indique la cause :
85. Encor tout interdit d'être ainsi pauvre et nu, (...) Encor tout engourdi d'être ainsi remembré, (...) Encor tout alourdi d'être réintégré, (...) Péguy, Ève,1913, p. 753.
[De ce que (du fait que) introduisant une prop. sub. causale, après des verbes ou des loc. verbales exprimant un sentiment.] Il dit qu'il s'étonne beaucoup de ce que l'on verse ainsi tant de pleurs, pour un acte d'une telle insignifiance (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 310).
Rem. Le mode subj. exprime l'état subjectif du fait envisagé, tandis que l'indicatif énonce son aspect réel.
c) De introduisant un inf. suj.;de signifie « le fait de », en parlant d'un fait particulier, ce tour littér. est assez répandu (cf. infra II B 1).
C.− De marque une circonstance qui précise (et parfois conditionne) une modalité d'existence ou d'action.
1. La modalité est un moment du temps; de précise le moment où se déroule l'action. De jour, de nuit, de bon matin, de grand matin, de bonne heure, de suite (vx, région. ou fam.) « tout de suite », d'abord, de prime abord, d'emblée :
86. Nous rentrions de nuit à Londres, aux rayons défaillants des étoiles, submergées l'une après l'autre dans le brouillard de la ville. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 90.
P. ext. [Pour exprimer la date, l'époque, le moment, l'heure, etc. (la question correspondante est de quand?)] Le grand silence de deux heures du matin; le coup d'État du Deux Décembre. Sauter dans le train de cinq heures trente-sept (H. Bazin, Vipère,1948, p. 203).
2. La modalité est une mesure, une évaluation (nombre, quantité, poids, dimension, âge, mensuration, distance, prix, etc.), la question correspondante est de combien?
a) Adj. + de + nombre.Long de, large de, haut de, profond de, âgé de, etc. Un cailloutis en cuvette, large d' une toise (Balzac, Goriot,1835, p. 8).La prise de cinquante centimètres nécessaire à lever la canne longue d' un mètre soixante mettait leur figure à rôtir (Hamp, Champagne,1909, p. 82).
b) Subst. + de + nombre.
Subst. abstr. ou concr. Une largeur de deux pieds et demi; une longueur de quarante arpents. Dans l'intervalle de deux ondées (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 302).À l'allure de cinq kilomètres par jour (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 323).
Rem. À peut entrer en concurrence avec de, p. ex. dans l'expr. du prix, de la valeur marchande. Un timbre de/à quatre-vingts centimes.
[Âge.] Un fœtus de six semaines; des petits garçons de dix ans. Il n'y a rien de plus poétique, dans la fraîcheur de ses passions, qu'un cœur de seize années (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 419).Le bon vermicellier de soixante-deux ans qui ne paraissait pas en avoir quarante (Balzac, Goriot,1835, p. 38).
[Mensuration.] Un beau colonel de cinq pieds six pouces; un col de dix centimètres.
[Poids.] Pain de deux livres; une rascasse de deux kilos.
[Capacité, contenance.] Un foudre de dix hectolitres.
[Durée.] Une absence de cinq semaines; une période géologique de plusieurs millions d'années :
87. Depuis 1821, j'étais étroitement uni de cœur avec Lamartine. Cette amitié de cinquante ans subit aujourd'hui l'éclipse momentanée de la mort. Hugo, Correspondance,1869, p. 173.
[Nombre, pluralité.] Les ossements de cinq millions d'hommes; une ville de trente mille âmes; des tirages de deux cent mille exemplaires.
[Longueur.] Une grande lettre de quatre pages.
[Valeur, estimation.] Une robe de cinquante-trois francs; un appartement de cinq mille francs; une pièce de cinq francs; un chèque de cinq mille francs; un diamant de quatre carats.
Au fig. [Pour exprimer une intensité] :
88. − Où donc est-il allé, ce chinois-là? dit Madame Vauquer en plaçant les assiettes. − Est-ce qu'on sait? Il fait des trafics des cinq cents diables. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 51.
c) Nombre + de + subst.
[Durée.] Douze heures de route; deux années de médecine; dix ans de patience forcenée; cinq ans de prison :
89. Toutes les capitales du monde ont leur jour de liesse ou leur nuit de folie : la semaine du Carnaval à Rio de Janeiro; les trois jours de la San-Pedro à Mexico; la nuit du Nouvel An à New-York et à Pékin... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 246.
[Longueur.] Un kilomètre de chemin de fer.
[Prix.] Vingt-cinq francs de pourboire.
En partic.
[Pour exprimer une quantité, une pluralité; cf. aussi infra l'appartenance] Une quinzaine de siècles.
Rem. De remplace l'art. indéf. plur. des devant un adj. plur. Des enfants, de bons enfants (cf. des, de3).
[Pour exprimer la distribution, la proportion; de peut entrer en concurrence avec par ou avec une simple juxtaposition] Vingt francs de l'heure/par heure/l'heure; gagner tant de l'heure, de la journée, de la semaine. Trois fois du jour notre table se chargeait de mets fort délicats (Milosz, Amour initiation,1910, p. 78).Je le voyais deux ou trois fois de la semaine (Milosz, Amour initiation,1910p. 220).
Rem. La langue parlée emploie la constr. dir. ,,Cela vous reviendra à cent francs le kilo`` (Wagner-Pinchon 1962, p. 460). Et comment ferai-je, à dix mètres du sol, et à cinq cent trente kilomètres-heure, pour vous repérer les positions? (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 269).
[Pour exprimer une différence numérique, p. ex. dans l'espace, dans le temps, dans la quantité ou l'intensité] Il avait vieilli de six ans; il allongeait son chemin de deux lieues; s'amoindrir d'un degré; être en retard de cinq minutes; il s'en écartait de deux mètres. Tout à l'heure, nous étions trop de deux; maintenant nous ne sommes pas assez d'un (Dumas père, Reine Margot,1847, I, 2, p. 5) :
90. Je navigue à sept cent cinquante mètres d'altitude sous le plafond de lourds nuages. Si je m'élevais de trente mètres, Dutertre, déjà, serait aveugle. Saint-Exupéry, Pilote guerre,1942p. 335.
α) [Une différence exprimée en fraction, en pourcentage] Je ne veux pas vous augmenter mes prix de cinquante pour cent. Cette année je hausse de cinquante centimes par bouteille (Hamp, Champagne,1909, p. 176).À 5.000 m., la pression de la colonne d'air a déjà diminué de moitié (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 23).
β) [Après un adj. au comparatif ou à sens comparatif.] Il est mon aîné de deux ans (cf. aussi supra A 7 la comparaison).
Part. passé-adj. + de.[Souvent l'adj. est à la forme comparative] Plus âgé de deux ans. Défigurés, vieillis de quinze ans, elle pire qu'à écouter du Beethoven, lui pire que sur le parapet pour l'attaque, ils ne se fussent pas reconnus dans la rue (Montherl., Songe,1922, p. 208).
γ) [Avec un superl. rel.] L'U.R.S.S. se trouvait alors avoir l'armée de beaucoup la plus forte d'Europe (Goldschmidt, Aventure atom.,1962, p. 58).
Subst. déverbal + de.Le prix : sept francs cinquante gare Reims, l'étonna par cette augmentation de cinquante centimes (Hamp, Champagne,1909, p. 176) :
91. La mère expliqua que le mariage ne pouvait avoir lieu avant deux ans (...). Ce délai de deux ans consterna Pauline; ... Zola, La Joie de vivre,1884, p. 874.
Loc. adv. de quantité. De combien? de peu, de beaucoup, d'autant; il s'en faut de beaucoup (cf. beaucoup III ex. 40 à 43).
Loc. prépositives dans l'expr. de la compar. Plus de « plus que »; moins de « moins que »; Ils étaient plus de dix.
3. La modalité est une destination habituelle ou occasionnelle d'une pers., d'un animal ou d'une chose (but, fin, usage); de signifie pour et introduit un compl. déterminatif (cf. aussi caractérisation, genre, espèce, qualité, etc.).
Subst. + de + subst. (presque toujours indéterminé).
a) Pour qqn (destination attributive, de « à »; « pour »). Elle se bat en duel sous les réverbères pour le sonnet d'Uranie contre le sonnet de Job (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 5).L'action a pour cadre une institution de jeunes filles (Breton, Nadja,1928, p. 36).
b) Pour qqc.
α) Destination locale. La salle de réunion, la salle des expositions. On devrait l'appeler salle des beaux-arts (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 15).
Spéc. [Pour indiquer la destination, la direction, le lieu où l'on va] Le train de Paris. Synon. moins équivoque le train pour Paris (pour éviter l'ambiguïté entre la provenance et la destination); l'autoroute du Sud; la ligne de Cherbourg.Nous nous disposâmes pour notre expédition du Finistère dont nous devions parcourir la côte à pied jusqu'à Brest (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 301).S'ils n'ont pas trouvé la route du Cathay, ils ont découvert des terres nouvelles, couvertes de forêts (Morand, New York,1930, p. 8) :
92. ... n'avait-il pas vu en 1064 son compatriote Èble de Roucy prendre avec la chevalerie française de l'est le chemin des Pyrénées pour aller chasser les Arabes de l'Aragon? Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 2.
β) Destination professionnelle. Les deux employés de bureau qui ont trop « pensé » à mille théories (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 120).M. Justin Baslèvre, rédacteur au ministère du Commerce (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 3).
γ) Destination temporelle. Et un pardessus de demi-saison de la forme dite raglan (Duhamel, Cécile,1938, p. 189).Cf. supra compl. déterminatif de temps :
93. On dit que l'insurrection [de mai 1839] a gagné la Porte-Saint-Martin. Je sors, je suis les boulevards. Il fait beau. La foule se promène dans ses habits de dimanche. Hugo, Choses vues,1885, p. 6.
P. ext. Circonstance. C'est jour de liesse et de réjouissance (Du Camp, Hollande,1859, p. 177).Il y avait les jours de foire, les jours de fête, et les vendanges (Triolet, Premier accroc,1945, p. 356).Cf. infra compl. déterminatif de qualification :
94. Il illustrait volontiers les événements de notre famille et de l'Université par des œuvres de circonstance : vœux de nouvel an, d'anniversaire, compliments aux repas de mariage, discours en vers pour la Saint-Charlemagne... Sartre, Les Mots,1964, p. 115.
4. La modalité est une manière d'être ou de se comporter. [Le compl. de + subst. ou pron. est souvent indéterminé, notamment dans des loc. verbales ou adv. au fig.; il correspond à un adv. ou au gérondif, p. ex. accepter de bon cœur « volontiers, en étant d'accord, avec joie »]
a) Verbe + de.[Souvent avec des verbes indiquant une expr. du visage, ou avec des verbes de déclaration]
[Très souvent le subst. compl. est indéterminé, issu d'une loc. adv. anc.] De gré, de force, de droit, de fait, d'estoc et de taille (vx), de bon gré, de bonne foi, de gaieté de cœur, etc. Avant de retourner chacun à leur affaire, ils allèrent de compagnie déjeuner frugalement (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 45) :
95. − Ce que je me moque d'eux, après tout! dit-elle. La petite n'a pas dix-huit ans, c'est vrai; mais je n'ai qu'à la marier tout de suite avec Lazare, le mariage émancipe de plein droit. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 881.
Loc. verbales
agir de concertciter de mémoirecouper de biaisavaler de traversparler d' abondancepleurer de plus bellealler de pairrevenir de compagnievirer de bordrépondre de sang-froidtravailler d' arrache-piedsaluer du bout des lèvresrépondre du tac au tacaccepter de grand cœurêtre de bonne humeurmanger de bon appétitfaire qqc. de bonne grâceprendre une chose du bon côtéperdre qqn de vuefrapper du piedparler du nezboire d' un traitfranchir d' un bond, etc.
Au fig.
se lever du pied gauchevoir qqc. d' un bon œiljouer des coudesfaire des pieds et des mains, etc.
Loc. adv. (cf. infra III de formateur de locutions)
d' embléede plain-piedde plein gréde nouveauderechef, etc.
[Compl. circ. de manière d'un verbe d'action.] J'ai vu celle qui affronta l'échafaud d' un si grand courage (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 234).Traversons d' un pas rapide la grande galerie du Musée Napoléon III (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 3) :
96. ... et quand le silence fut venu, il se mit à crier les nouvelles de toutes ses forces, de la voix d'un charretier qui encourage ses chevaux dans une côte. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 8.
[Compl. circ. de manière d'un verbe d'état :]
97. Le docteur habitait aux environs et se montrait de bon conseil. Il entreprit d'examiner le petit garçon, ce qui n'allait pas sans peine. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 256.
b) Part. passé-adj. + de (+ le compl. de l'adj.).Faits inventés de toutes pièces (Montherl., Malatesta,1946, I, 4, p. 441).
c) Loc. verbales où le compl. de moyen est devenu un compl. de manière. Le cheval au poil luisant, martelant du sabot sur le pavage uni (Hamp, Champagne,1909, p. 226).Des gueux gardent une place en battant de la semelle (Morand, Londres,1933, p. 242).Un coup d'œil jeté sur le massif de rosiers me fit découvrir Folcoche en train de jouer du sécateur (H. Bazin, Vipère,1948, p. 171).
d) Compl. de manière dit « figure étymologique » ou « obj. interne » qui qualifie l'action du verbe par un subst. déverbal (ou ayant la même racine sémantique que le verbe).
α) [Compl. de verbe.] C'était de cette mort que sa mère allait mourir (Zola, Joie de vivre,1884, p. 958).Le titre que le Gallic avait écrit en tête, de sa haute écriture d'homme de main qui va droit devant lui (Bourget, Sens mort,1915, p. 190).Je vois, mon cher garçon, que tu m'écoutes d'une oreille assez favorable (Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938p. 102):
98. Après avoir lu ce vieux poème, toujours vivant, répété chaque année, depuis quatorze siècles, dans toutes les églises de France, qui s'y reconnaissent, il [Briand] saurait de science certaine ce que l'édifice religieux représente dans la doctrine catholique... Barrès, La Grande pitié des églises de France,1914, p. 53.
β) [Compl. d'adj. :]
99. Les collines, sous l'avion, creusaient déjà leur sillage d'ombre dans l'or du soir. Les plaines devenaient lumineuses mais d'une inusable lumière : dans ce pays elles n'en finissent pas de rendre leur neige. Saint-Exupéry, Vol de nuit,1931, p. 81.
e) Loc. adv. de manière. D'habitude, de coutume, d'usage, d'avis, etc. (cf. infra III de formateur de locutions).
Spécialement
α) [Pour exprimer la spontanéité] De + pron. pers. réfl.
De soi-même, de lui-même. De sa propre initiative, de son propre mouvement. Agir de soi-même :
100. Elle y revint plusieurs fois, jusqu'à ce que le pays lui fût devenu si familier qu'elle s'y replaçait d' elle-même sans fatigue, rien qu'en fermant les yeux. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 986.
101. (... ah! plus que le berceau, c'est le cœur battant du tendre petit bébé qui lui communique sa pulsation!) Il naît une mélopée à laquelle viennent s'adapter comme d' elles-mêmes d'humbles paroles. Claudel, Poésies diverses,1952, p. 739.
De soi. Par sa propre vertu, naturellement (en parlant de choses). Cela va de soi. Cela va sans dire. C'est une chose évidente de soi Qu'on doit permettre aux gens leur plaisir, quel qu'il soit (Augier, Ciguë,1844, I, p. 13).Il va de soi que le plan anglais est inacceptable (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 641).
β) [Pour exprimer la conformité] De signifie « suivant, selon, d'après, conformément à ». De son propre aveu, il ne comptait jamais les gouttes (Mauriac, T. Desqueyroux,1927, p. 172).
Loc. diverses.
de l'avis de tousc'est de son consentementce qui est de mon devoircela est de mise, d' usage, de rigueuril est de fait queêtre de l'avis de qqncela n'est pas de mon goût, etc.
γ) [Pour exprimer une limitation, un point de vue restrictif] De signifie « seulement au point de vue de, sous le rapport de, du côté de, sous l'aspect de ».
Adj. + de.
Adj. + de + une partie du corps.Et ce visage si aminci du bas! (Laforgue, Moral. légend.,1887, p. 192).Soudain il vit Prinet, en avant, très reconnaissable de dos (Montherl., Songe,1922, p. 132).Très adroite de ses mains (Gide, Si le grain,1924, p. 388) :
102. ... Angélina trouva qu'il avait bonne mine. À la fois sec et robuste de charpente, droit et portant haut la tête, pareil à un chêne, il avait ce bel équilibre de l'homme sain, dans toute la force de l'âge. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 37.
Au fig., loc. fam. ou pop. Nous le voyons déjà parti du ciboulot! (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 3, p. 17).
Adj. + de + une partie d'obj.L'arbre qu'on rencontre dans les vieilles bibles, sec de feuillages, gros de branches et de tronc (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 177).Des verres en cristal à pied court, plus étroits de bord que de fond (Hamp, Champagne,1909, p. 175).Ses souliers bas, à boucles d'acier, très épais de semelle (Hamp, Champagne,1909p. 227).P. ext. De signifie « quant à, en ce qui concerne » (cf. au sujet de, la matière d'un propos, supra B 2).
Verbe + de + subst.Je suis toujours assez mal de santé (Mérimée, Lettres duch. de Castiglione,1870, p. 37).De profil, je me connais mal et, de dos, pas du tout (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 8) :
103. Comme un poulain en liberté le regard galopait dans la campagne et se roulait sur l'herbe fraîche. À mesure que nous avancions, des pierres disséminées sur le sol augmentaient de nombre et de grandeur, et détachaient leurs formes inégales parmi les bouquets d'ajoncs jaunes. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848p. 302.
5. La modalité est une appartenance.
a) Possession, dépendance.
[Le compl. déterminatif est déterminé]
α) [Le possesseur est une pers., un groupe ou un être animé déterminé.]
de + subst. concr. (nom propre ou nom commun).Elle est là, dans la chambre de Bébé, avec Madeleine (H. Bataille, Maman Colibri,1904, IV, 8, p. 30).Vous décider à envoyer ma sœur à Mirosménil, ou même à Limeuil, prendre l'air du printemps et boire le lait de nos vaches (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 1ertabl., 1, p. 1572).Nos amis recueillaient les grandes paroles simples de leur concierge, du facteur, du plombier, et nous les rapportaient (Sartre, Mots,1964, p. 174) :
104. Ne sommes-nous pas, d'ailleurs, dans le pays des chevaliers de la Table ronde, dans la contrée des fées, dans la patrie de Merlin, au berceau mythologique des épopées disparues? Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 355.
105. Des bols de ce perpétuel lait de malade apparurent aussi dans les mains de Christine, entre ses deux mains à lui, sur sa table de nuit, exactement comme pour sa mère. Mais on lui présentait ce lait froid, presque glacé. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 379.
de + subst. abstr.Il y a une chose sur laquelle je n'admets pas qu'on transige... l'honneur de la famille (H. Bataille, Maman Colibri,1904I, 2, p. 5).Je sais que la distraction est un privilège du monde scientifique (Duhamel, Cécile,1938, p. 96).
β) [Le possesseur est une chose.] Oh! quel cœur si mal fait n'a tressailli au bruit des cloches de son lieu natal (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 420).Le garde-manger, au-dessous duquel tombent les eaux grasses de l'évier (Balzac, Goriot,1835, p. 9).Suivre les cours qui amusent, inventorier les richesses des musées (Balzac, Goriot,1835p. 40):
106. Ferdinand! jeta Folcoche par l'entrebâillement de la porte, ton père t'attend dans son bureau. Allons! plus vite que ça! H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 165.
Rem. Cf. aussi les noms composés concr. ou abstr. formés avec de. Pièces de monnaie, action de grâce(s), épingles de sûreté, etc.
[Le compl. déterminatif n'est pas déterminé (de marque la caractérisation, la qualification)] Une respiration courte et pressée de soufflet de forge (Zola, Joie de vivre,1884, p. 865).Christie's vend des tableaux de maîtres, l'argenterie de famille, les bijoux rares (Morand, Londres,1933, p. 210).
Spécialement
α) [La modalité est une relation familiale ou sociale.] Fils de, descendant de, disciple de, etc. (de marque les liens du sang, de l'amitié, du devoir, des conventions, etc.).
[Le compl. désignant une pers. n'est pas déterminé (il s'agit plutôt d'un compl. déterminatif de qualification à valeur d'épithète)] Une mère d'élève. Un très gentil garçon... et d' excellente famille, n'est-ce pas? (H. Bataille, Maman Colibri,1904, I, 8, p. 9).
[Le compl. est déterminé] Un élève du docteur Gall (Balzac, Goriot,1835, p. 284).Trois ou quatre pauvres gens, descendants des anciens taborites (Du Camp, Hollande,1859, p. 241).Le bébé de Christine avait dû retenir sa sœur à la maison (Malègue, Augustin,1933, p. 9) :
107. − Oui, monsieur, répondit-il. Mon grand-oncle, le chevalier de Rastignac, a épousé l'héritière de la famille de Marcillac. Il n'a eu qu'une fille, qui a épousé le maréchal de Clarimbault, aïeul maternel de Madame de Beauséant. Balzac, Goriot,1835p. 72.
108. Quelquefois, on le retrouvait sur deux, trois, cinq, dix registres successifs, baptisé, marié, remarié, père de plusieurs enfants, parrain de beaucoup d'autres, témoin de ses amis, enfin « décédé muni des sacrements de notre mère la sainte Église ». H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 147.
Rem. 1. Le compl. de + pron. pers. est souvent remplacé par l'adj. poss. L'étudiant chercha vainement les deux filles du père Goriot ou leurs maris (Balzac, Goriot, 1835, p. 307). 2. Pour éviter une équivoque, on le remplace par de + pron. dém. celui-ci ou ce dernier. Crittin était cousin du président, par la femme de celui-ci (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 9).
P. métaph. :
109. Voie lactée ô sœur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses... Apollinaire, Alcools,Chanson du mal aimé, 1913, p. 58.
P. anal. Un ancien élève de l'École polytechnique. À feu mon père, à mon grand-père, familiers des deuxièmes balcons, la hiérarchie sociale du théâtre avait donné le goût du cérémonial (Sartre, Mots,1964, p. 99).
P. ext. De = responsable de (dans un titre, de précisant et délimitant le domaine de responsabilité). L'ambassadeur extraordinaire du roi Charles II auprès du shah de Perse et de l'empereur des Indes (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 11).De = protecteur de, qui veille sur, qui préside à (en parlant de divinités antiques). La Déméter des Grecs (...) déesse du sol et des moissons (Bergson, Deux sources,1932, p. 201).De = qui représente (en parlant d'un sujet de représentation littér. ou art.). Un portrait en pied d' elle-même; la grande statue équestre de Wellington.
Verbe + de + subst. désignant une pers.Hériter de, descendre de, tenir de, être issu de (qqn). Femme, dit-il, cet enfant est-il de moi? (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 20).De son père, ingénieur opticien, fournisseur du roi, emporté par le même mal avant sa trentième année, il tenait un esprit juste et appliqué (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 6).L'on ne savait trop (...) si tel monstre (...) tenait ou de l'homme ou du dieu (Gide, Thésée,1946, p. 1417).Jésus-Christ qui pour le salut de tous les hommes est né de la très Sainte Vierge Marie (Claudel, Poés. div.,1952, p. 834).
Rem. Cf. aussi supra A 2 b, de marquant l'origine, la provenance, la séparation.
β) de, particule onom., exprime l'appartenance à une classe ou à un milieu social particulier, nobiliaire ou plus rarement bourgeois (p. ex. Charles de Gaulle); autrefois la particule indiquait la possession d'un fief noble, d'un patrimoine seigneurial, de + nom propre patronymique.
[Après un titre] Duc de, cardinal de, maréchal de. M. le duc de Rohan, pair de France (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 592).Dans l'un des carrosses, on aperçoit un jeune couple, le marquis de la Force et sa femme (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, prol., 1, p. 1567) :
110. Elle est accompagnée par la comtesse de Gramont, qui m'apprend que sa famille a, dans un château de la Sarthe, un mobilier d'un petit et grand salon donné par la reine Marie-Antoinette à la duchesse de Polignac et dont sa famille a hérité. Goncourt, Journal,1896, p. 986.
111. En 1051, Guillaume de Normandie se rend à Londres pour visiter son cousin, Harold le Saxon. Le duc de Normandie fait bien plus grande figure que le roi de France ou que le roi d'Angleterre; sa suite romanisée, habillée de magnifiques dalmatiques ou d'armures byzantines, ne parle que français et latin. Morand, Londres,1933, pp. 5-6.
[Après une appellation] Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur de. Je n'ai encore aperçu ni M. de Staël ni mon père, mais c'est M. d' Erlach qui décidera de mon sort (Staël, Lettres div.,1793, p. 453).Cette enfant est égarée, dit froidement M. de L'Argentière (Borel, Champavert,1833, p. 35).Le boudoir bleu de madame de Restaud et le salon rose de madame de Beauséant (Balzac, Goriot,1835, p. 84) :
112. Il lui fut donné d'achever et de confirmer ces grandes et délicates conversions qu'avait si bien menées son prédécesseur : Pascal et Madame de Longueville passèrent des mains de M. Singlin en celles de M. de Saci. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 338.
P. plaisant. Ma préface (...) Monsieur du Lecteur, vous êtes, je ne l'ignore pas, un homme fort pressé (Richepin, Quatre pt rom.,1882, p. I).
[Dans un nom propre composé, devant le nom du patrimoine (très fréquent)] Monsieur Mallet du Pan; MmeRoutier de Grandval; M. Chasset de la Marne. [Il] en profita (...) pour dresser la généalogie complète des Grimoard de la Verberie (Radiguet, Bal,1923, p. 106).Dites à votre frère Marcel que sa tante de Selle d' Auzelle l'attend pour marquer ses points au besigue (H. Bazin, Vipère,1948, p. 91).
[Après un prénom] Charles de Blois; Ignace de Loyola; Jeanne d'Arc; saint Vincent de Paul.
[Constructions]
[L'ellipse du titre de noblesse est fréquente, surtout lorsque le personnage est célèbre.] La marquise de Sévigné → Madame de Sévigné; Le duc de La Rochefoucauld → La Rochefoucauld; (les peintres) Dunoyer de Segonzac; Puvis de Chavannes.
[L'ellipse de la particule a lieu lorsque le nom propre n'est pas un compl. déterminatif, notamment pour désigner une famille noble ou une dynastie.] Les Orléans, les Bourbons. Toutes les manœuvres qu'il avait employées pour l'éloigner des La Rochelandier (Sandeau, Sacs,1851, p. 22).Ils étaient parvenus (...) à bénéficier de leur homonymie avec les Orgel dès longtemps éteints, dont le nom se retrouve souvent dans Villehardouin, à côté de celui de Montmorency (Radiguet, Bal,1923, p. 67).
Rem. Cette règle n'est pas toujours respectée (en partic. lorsque le nom commence par une voyelle). Un chemin vicinal ouvert sous le régime des d' Orléans (Villiers de L'I., Contes cruels, 1883, p. 247).
[La particule de est maintenue devant les noms d'une syllabe, ou de deux syllabes dont la dernière est muette. De Thou, de Gaulle] Un portrait de de Gaulle, les Mémoires de de Gaulle. [La particule de est maintenue devant les noms commençant par une voyelle ou un h muet (élision)] Le blason des d'Este. D'ailleurs d' Indy, Debussy, n'étaient-ils pas « mal » dans l'affaire? (Proust, Sodome,1922, p. 885).[La particule de est maintenue lorsque la particule est du ou des.] Les jolis vers de Du Bellay, la terre de des Lourdines (cité ds Grev. 1969 § 918)] [Le] collège du Plessis, fondé par Geoffroi du Plessis, secrétaire du roi Philippe le Long, en 1317 (Renan, Drames philos.,Abbesse Jouarre, 1886, p. 611).
[De fait souvent partie intégrante d'un nom propre, sans être obligatoirement une particule.] [Souvent il prend une majuscule.] Charles Du Bos, Maxime Du Camp. De Ciz (Claudel, Part. midi,1949, I, p. 1067).[Souvent il se rencontre dans des noms propres étrangers.] Le pays des chimères, a dit Lopez de Vega, est le seul digne d'être habité (Latouche-L'Hér., Lettres amans,1821, p. 65).Le talent de d' Annunzio (Goncourt, Journal,1896, p. 968).
Emploi subst.
Le de, subst. masc. La particule. Ajouter un de à son nom, prendre le de. Son arrière-grand-père, (...) était un gentilhomme du Maine, prenait le de dans les actes qu'il signait (Mérimée, Mél. hist. et littér.,1855, p. 303).Il les gratifia de ce « de » qu'on regarde en France comme un titre (Péladan, Vice supr.,1884, p. 170) :
113. ... dans toute la Flandre et la Belgique, de est le même article que le der allemand, et signifie le. Ainsi, de Muller veut dire : le meunier, etc. − Voilà un quart de la France rempli de faux gentilshommes. Béranger s'est raillé lui-même très gaiement sur le de qui précède son nom, et qui indique une origine flamande. Nerval, Les Filles du feu,Angélique, 1854, p. 513.
Un, une de. Un, une noble. Épouser un(e) de.
b) Qualité, détermination, qualification, caractérisation.
[Le compl. introduit par de a une valeur attributive] .
α) Subst. désignant la qualité + de + subst. déterminé.
Subst. abstr. L'immensité de la mer (transpos. de la mer est immense); cette moiteur de l'air; cette pureté du silence; la fermeté du ton. Ce ne sont pas les idées seules qui nous séparent (...) qui suffisent à nous rapprocher, mais une certaine qualité du regard que nous fixons sur autrui (Mauriac, Journal 3,1940, p. 210) :
114. J'ai vraiment admiré, à plus d'une reprise, la présence d'esprit du président et sa connaissance de chaque affaire; l'urgence de ses interrogatoires; la fermeté et la modération de l'accusation; la densité des plaidoiries, et l'absence de vaine éloquence; enfin l'attention des jurés. Gide, Souvenirs de la Cour d'assises,1913, p. 619.
Subst. concr. :
115. ... de longs brins d'herbe, agrémentant le poisson d'eau douce, le distinguaient de la marée. Cet émail vert allait bien à l'argent neuf des carpes fraîches. Hamp, Marée fraîche,1908, p. 63.
Subst. désignant la qualité + de + subst. non déterminé.Et avec une vélocité d' oiseau il dévora la distance qui le séparait de la barrière (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 117).Des gloussements sonores de poule cochinchinoise (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 321).Une jolie fille de vingt ans, pâle et fine, avec des sveltesses de lévrier (H. Bataille, Maman Colibri,1904, III, 7, p. 24).
[Le subst. désignant la qualité est postposé] Visage de souffrance (transpos. de le visage souffre) :
116. Le grand intellectuel est l'homme de la nuance, du degré, de la qualité, de la vérité en soi, de la complexité. Malraux, L'Espoir,1937, p. 761.
En partic., postposé avec un adj. synthétique. Un homme déjà vieux, mais solide, la face rouge et de bon appétit (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 32).Syron, un très digne homme, semble-t-il, de bon vouloir et très serviable aux passants (Gide, Thésée,1946, p. 1419) :
117. Je ne sais quoi d'une suavité singulière et d'une aristocratique sérénité transpire du château de Chenonceau. Il est à quelque distance du village qui se tient à l'écart respectueusement. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 180.
β) Être + de.L'expression de visage de la Vierge [dans le « Sommeil de Jésus », de Luini] est de la douceur la plus tendre (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 83).Ils étaient ensemble d' une prévenance affectueuse (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1025) :
118. Dès le matin, la tête encore tournée contre le mur et avant d'avoir vu, au-dessus des grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du jour, je savais déjà le temps qu'il faisait. Les premiers bruits de la rue me l'avaient appris... Proust, La Prisonnière,1922, p. 9.
Loc. verb. impers. avec le pron. dém. neutre ce. C'est le propre, le fait de qqn. C'est bien de lui. Saqueville. − Je n'y ai pas pensé. La Marquise. − C'est bien de vous (Mérimée, Deux hérit.,1853, p. 78).Ce n'est pas d'un honnête homme. Tuer un brigadier, ce n'est pas d' un homme du monde (A. France, Révolte anges,1914, p. 375).
Spécialement
α) Condition, profession. Homme de lettres, employée de maison, marchand de vins, agent de change, entrepreneur de/en..., dessinateur de/en..., spécialiste de/en... La mère est dehors toute la journée. Elle est porteuse de pain de son métier (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 211).À huit heures moins le quart, le secrétaire de mairie de cette dernière localité [Trémentines] nous mettait poliment à la porte (H. Bazin, Vipère,1948, p. 148).
En partic., spécification de la condition, genre. Un ancien condamné de droit commun (Morand, Londres,1933, p. 107).
Rem. Pour la concurrence de/en (p. ex. courtier en grains), cf. Meta infra bbg.
β) Divers rapports de détermination, correspondant à tous les compl. circ. possibles d'un verbe (cf. lieu, temps, destination, etc.)
En partic., [un pur compl. déterminatif, où le sens du compl. n'est plus senti, et qui sert simplement à préciser le sens du subst.] Un temps de silence; des marques de sympathie.
II.− De marque une relation syntaxique; il est introducteur de subst., de pron. ou d'inf. en fonction de compl., de suj., d'attribut, d'appos., ou en fonction expressive.
A.− [De introducteur de compl.]
1. [Compl. de verbes ou de loc. verbales.]
a) Verbes trans. indir.
α) [De introduit le compl. d'obj. unique de certains verbes trans. indir. (appelés aussi « verbes intrans. »).]
Verbe + de + subst. (ou inf., ou subordonnée relative)
Verbes trans. abuser de, bénéficier de, convenir de, désespérer de, disconvenir de, disposer de, douter de, hériter de, jouir de, manquer de, médire de, parler de etc.
119. N'était-ce pas présomption de sa part et quasiment péché de douter de ce qui était écrit dans un si beau livre de récompense, doré sur tranche? Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 58.
Verbes pronom. s'abstenir de, s'apercevoir de, s'approcher de, s'emparer de, s'empêcher de, s'informer de, se moquer de, s'occuper de, se souvenir de etc.
120. Le ciel s'enrichit pour l'homme de nouveaux astres, et il sait en déterminer et en prévoir, avec exactitude, et la position, et les mouvements. Condorcet, Esquisse d'un tabl. hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 178.
Loc. verbales trans. il s'agit de, il convient de, il est question de, cela ne sert de/à rien etc.avoir besoin de, avoir envie de, avoir peur de, avoir pitié de, entrer en possession de, être en deuil de, faire fi de, faire grâce de, faire lecture de, prendre congé de, prendre conscience de, tenir compte de etc.faire la connaissance de (qqn), faire le sacrifice de (qqc.), faire son deuil de (qqc.), gagner la confiance de (qqn) etc.
121. pierre de craon. − N'avez-vous pas crainte et horreur du lépreux? violaine. − Dieu est là qui me sait garder. Claudel, L'Annonce faite à Marie,1948, prol., p. 136.
Rem. Être en possession de « posséder »; être en la possession de « être possédé par ».
Verbe + de + inf.[pour certains verbes, en assez grand nombre, indiquant principalement]
[le processus d'une évolution (début, fin, milieu d'une action).] Commencer de, cesser de, achever de, s'arrêter de, continuer de.
[un effort.] S'efforcer de, tâcher de, essayer de, se dépêcher de.
[un sentiment, une volonté.] Accepter de, avoir peur de, brûler de, décider de, désespérer de, imaginer de, ne pas manquer de, regretter de, se jurer de, s'empresser de, s'ennuyer de, se promettre de, etc. Deux jolies filles s'occupaient de repriser leurs ajustements pailletés (Nerval, Bohême galante,1853, p. 221).Il y avait tant de mouches qu'il ne fallait pas songer d' y rester (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 217) :
122. Nous sommes à Rouen, il est deux heures, nous serons à Paris à cinq heures : la journée est perdue. Je propose de rester, de battre les marchands d'antiquités, de faire un petit dîner fin et de ne revenir que le soir. Goncourt, Journal,1880, p. 69.
Rem. V. ds Grev. 1969, § 758, la liste des principaux verbes trans. ou pronom. demandant cette constr. du compl. de + inf.
Loc. verbales + de + inf.Avoir envie de, l'intention de, la tentation de (faire qqc.), etc. La Marquise. − J'ai bien l'honneur de vous saluer (Musset, Il faut qu'une porte,1845, p. 259) :
123. Tôt ou tard venait l'heure de s'interroger, de rentrer en soi-même, de rompre avec ces amusements, de rendre son prix à la méditation. Bloch, Destin du Siècle,1931, p. 255.
[Après un pron. dém. qui l'annonce (langue parlée) :]
124. ysé. − Moi aussi, j'aime ça de marcher! Nous avons fait une grande promenade ensemble ce matin. L'heure la plus fraîche. C'est si bête de laisser le soleil se lever tout seul. Claudel, Partage de midi,1949, I, p. 1068.
Rem. La concurrence entre à et de (ou entre la constr. dir. et celle avec de) de certains verbes marque parfois : a) une nuance de sens : rêver à/rêver de (cf. à, prép.); b) une différence de sens : manquer à/manquer de, accoucher une femme/accoucher d' une fille; c) une équivalence de sens : commencer à/commencer de, continuer à/continuer de, hésiter à/hésiter de, aimer/aimer à/aimer de (faire qqc.). Dans ce cas, la constr. avec de est plus anc. et plus littér. : 125. Elle était naturellement faite pour jouer Iphigénie ou Aricie mais elle rêvait toujours de jouer Phèdre, Roxane et surtout Bérénice sur les malheurs de laquelle elle aimait de s'attendrir.Duhamel, Chronique des Pasquier, Cécile, 1938, p. 201.
β) [De introduit le compl. d'obj. second de verbes trans. indir.]
Verbe + compl. d'obj. indir. (ou compl. d'attribution) + de + inf. (obj. second).Conseiller à qqn de faire qqc., demander à qqn de faire qqc., dire à qqn de faire qqc. Moi qui ai promis à une femme de la mener au cinéma! (Courteline, Boubouroche,1893, I, 1, p. 22).Mon cousin Maurice Démarest lui fit cadeau de petites têtes en plâtre de tous les animaux qui figurent dans le vieux fabliau (Gide, Si le grain,1924, p. 366) :
126. J'occupe seul la chambre la plus vaste, la mieux exposée. Rendez-moi cette justice que j'ai offert à Geneviève de lui céder la place, et que je l'eusse fait sans le docteur Lacaze qui redoute pour mes bronches l'atmosphère humide du rez-de-chaussée. Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 15.
b) Verbes trans. à double constr. [De introduit l'obj. second de certains verbes trans.]
α) Verbe + compl. d'obj. dir. + de + subst. (obj. second).Accabler qqn de qqc., assurer qqn de qqc., attendre qqc. de qqn, doter qqn de qqc., penser qqc. de qqn, recevoir qqc. de qqn, remercier qqn de qqc., etc. :
127. J'étais désolé de ne pouvoir pas au moins remercier mes hôtes du bien qu'ils m'avaient fait; ... Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 76.
[Avec un verbe pronom. réfl.] Se protéger de qqc. J'entre dans un café pour m'abriter de la pluie (Sartre, Mots,1964, p. 157).
β) Verbe + compl. d'obj. dir. + de + inf. (obj. second).Accuser qqn d'avoir fait qqc., forcer qqn de faire qqc., obliger qqn de faire qqc., prier qqn de faire qqc., remercier qqn de faire qqc., etc. La chaleur et la fatigue le forcèrent de s'asseoir sur un banc (Mérimée, Âmes Purg.,1837, p. 383) :
128. prospero, debout sur le perron du palais. − Soyez remerciés, seigneurs, d'avoir assisté à cette fête, où votre présence a fait régner la joie. Votre vieux duc n'en verra plus d'autre. Restez toujours jeunes, et que Dieu vous tienne en joie. Renan, Drames philos.,Caliban, 1878, p. 404.
2. [Compléments de noms]
a) [Le nom est un nom déverbal (transposition de phrase verbale).]
[Transposition d'un obj. de phrase verbale (sens objectif).]
α) [Nom déverbal d'un verbe trans. dir. :]
attendre qqn ou qqc.l'attente de qqn ou de qqc.désirer qqn ou qqc.le désir de qqn ou de qqc.espérer qqc.l'espoir, l'espérance de qqc.laver qqc.le lavage, (le lavement), la lessive, de qqc.promettre qqc.la promesse de qqc.recevoir qqn ou qqc.la réception de qqn ou de qqc.transporter qqn ou qqc.le transport de qqn ou de qqc.
La traite des blanches; la peinture exacte du cœur humain. Le tracé des nouvelles frontières a entraîné l'échange et le transport de sujets grecs et turcs par millions (Bloch, Dest. du S.,1931, p. 138).Jean entreprend toute une série de manœuvres : ouverture du capot, dévissage des bougies, injection d' essence, etc. (Romains, Knock,1923, I, p. 2) :
129. J'ai souvent souhaité que l'on entendît, dans nos assemblées politiques, la voix du simple bon sens; je veux dire par là quelque discours d'un paysan du Danube. Oui, un mépris du succès et des belles phrases, une vue directe des problèmes, enfin une solution ouvrière, en prenant ce mot dans tout son sens. Alain, Propos,1931, p. 987.
β) [Nom déverbal d'un verbe trans. indir. :]
abuser del'abus deavoir besoin dele besoin de qqc., de faire qqc.s'ennuyer del'ennui de qqc., de faire qqc.penser à qqc.la pensée de qqc. :
130. Ce qui venait alors sous ma plume − pieuvre aux yeux de feu, crustacé de vingt tonnes, araignée géante et qui parlait − c'était moi-même, monstre enfantin, c'était mon ennui de vivre, ma peur de mourir, ma fadeur et ma perversité. Sartre, Les Mots,1964, p. 126.
[Nom déverbal d'une loc. verbale.] L'envie de voyager; la façon de donner; le temps d'aimer.
Rem. Dans certains cas, le nom déverbal peut être équivoque et seul le contexte permet de distinguer le sens objectif du sens subjectif. Déverbal de sens objectif : Équitablement partagé entre le sentiment du devoir et son amour du bien-être, brusquement il s'était rappelé n'avoir pas pris de café à son repas (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 1ertabl., 1, p. 21); déverbal de sens subjectif : L'approbation de M. Thibault devint plus manifeste encore. (...) les muscles du nez tressaillirent, le lorgnon tomba au bout du fil, et il tendit la main (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 903); déverbal où le suj. et l'obj. de l'action sont exprimés : Il n'y avait là que ce besoin inné du Français de prendre parti, d' être d'un parti, qui se retrouve à tous les âges et du haut en bas de la société française (Gide, Si le grain, 1924, p. 420).
[Transposition d'un suj. de phrase verbale (sens subjectif). Nom déverbal de sens subjectif indiquant une action ou son résultat [Le compl. du nom est le suj. de l'action]] À la chute des feuilles; un gazouillis de jeunes demoiselles; les allées et venues des maîtres et des élèves; le glissement onduleux d'un putois; les rires des enfants; aboiement de Capi, le chien.
Rem. Cf. aussi de III B, formateur de loc. prépositives, au dire de, etc. Simon de Mahaut était, au dire de Richard, un musicien français de la fin du XVesiècle (Duhamel, Cécile, 1938, p. 129).
b) [Le nom n'est pas un déverbal.] Le livre de Pierre, cf. I C 5, l'appartenance, et tous les compl. déterminatifs.
3. [Compl. d'adj.]
a) Adj. (parfois issu d'un verbe) + de (indiquant une action ou un sentiment) :
amoureux deavide decapable deconstitutif decurieux dedésireux dedigne dedoué deépris defaiseur defurieux dejaloux de
Correspondre avec → correspondant de. Un professeur du collège impérial de Saint-Margelon, correspondant de l'Académie des Sciences, vint voir la jument verte (Aymé, Jument,1933, p. 10).
b) Adj. (substantivé) + de.Diseur de, mangeur de, voleur de, etc. Les preneurs de bastilles :
131. Xénophon m'amuse parce que c'est le type parfait du gentleman britannique : grand diseur d'histoires de chasse à courre, de pêche et de guerre. Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 15.
132. À l'instant qu'elles dépassaient le petit bâtiment, avec calme, pleinement maîtresse d'elle-même, elle allongea la foulée. Montherlant, Le Songe,1922, p. 35.
c) Part. passé-adj. + de (du verbe à la forme passive).Les doctes amis occupés de recueillir leurs observations du jour (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 119).Les commis sauciers, instruits des grandes recettes de la maison, se grillaient la figure pour la gloire de la cuisine française et cinquante francs par mois (Hamp, Marée,1908, p. 66):
133. Quand on a été passionnément épris de la vie, on ne s'en détache pas facilement, il faut croire; et moins encore si l'on sent qu'elle échappe. Un arbre foudroyé, sa sève monte plusieurs printemps de suite, ses racines n'en finissent pas de mourir. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 913.
d) Adj. + de (compl. de l'adj.).La fin du dîner fut pleine de gaîté (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Héritage, 1884, p. 478).Nicole mangeait, sans rien dire, honteuse de son appétit, incapable de le masquer (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 741).Le lieutenant Auligny, un homme doué des plus hautes qualités morales (Montherl., J. filles,1936, p. 917) :
134. À travers le sommeil les sens guettent, anxieux du glapissement soudain, de l'aboi à deux temps du renard qui mène un gibier; ... Genevoix, Raboliot,1925, p. 10.
Rem. De introduit tous les compl. d'adj., y compris ceux qui expriment la cause : honteux de, l'agent passif : entouré de, etc. Avec ça toujours ivre et hanteur de tavernes (Morand, Londres, 1933, p. 21).
e) [Les compl. de l'adj. au comparatif et au superl.] (cf. infra de partitif et la comparaison).
B.− [De introducteur de suj., d'attributs, d'appos.; de signifie « le fait de », en parlant d'un fait particulier.]
1. De + inf. suj.[(tour littér. assez répandu; de a une valeur expressive plutôt que syntaxique).]
a) [En tête de phrase.] d' écrire ces quelques lignes,de prendre date vis-à-vis de moi-même m'a fait grand bien (Du Bos, Journal,1924, p. 152).
Rem. Cf. aussi supra la cause, de + inf. causal I B 8 c.
En partic., [avec reprise de l'inf. par un pron. neutre (cela, ça, ce, en, y).] Rien que de vous entendre, Monsieur l'Abbé, ça me fait du bien (Martin du G., Barois,1913, p. 221) :
135. ... de nous voir tous bien en rang, le fusil chargé, notre drapeau sur le front de bataille, nos généraux derrière, pleins de confiance, − de nous voir marcher ainsi sans nous presser et de nous entendre marquer le pas en masse, cela nous donnait un grand courage. Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 99.
b) [Annoncé par un pron. neutre.] C'est bien vrai que ça ne vaut rien pour personne, de vivre les uns sur les autres (Zola, Germinal,1885, p. 1276).Ça vous fera du bien de prendre un peu l'air (Guitry, Veilleur,1911, II, p. 18).
Spéc. De + inf. réel[après des loc. verbales impers. comme il est bon de, il convient de, il suffit de, il s'agit de, il est question de, etc.] Ah! que la France est agréable et qu'il fait bon de se promener sur le boulevard Montmartre! (Taine, Voy. Ital.,t. 1, 1866, p. 19).C'est épatant de citer du Kant, comme cela, au bout de la langue J'en serais bien incapable (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 385) :
136. « Les troupes de huit nations veillent ici », disaient les journaux. Peu importait : il n'entrait pas dans les intentions du Kuomintang d'attaquer les concessions. Malraux, La Condition humaine,1933, p. 195.
137. Oui, ce que la voix peut cacher, le regard le livre; c'est dans le regard, non dans la voix, que se trahit la crainte, voilà une chose qu'il m'a été donné d'apprendre au service du roi, bien que j'y sois encore assez novice... Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, p. 1571.
[Après être, paraître,] de + inf. attribut apparent d'un suj. autre qu'un inf.L'essentiel, le plus sûr est de :
138. ... les seuls résultats que nous avions obtenus − et ils n'étaient pas négligeables − avaient été de sauvegarder la côte française de la Manche, un mince lambeau du territoire belge, et une partie de notre bassin houiller du Nord. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 1.
Rem. Après c'est, la conj. que est facultative. C'est folie, c'est être fou (que) d' entreprendre cela (Ac. 1932). C'est une chance que d' attendre la mort dans l'unique lieu du monde où tout demeure pareil à mes souvenirs (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 19).
[Après des loc. impers. interr. ou négatives,] de + inf. est obligatoire.Que sert-il de, point n'est besoin de. − Mais quelle idée de vous loger quai Malaquais? (Augier, Thommeray,1874, 6, p. 355).
2. De + attribut
a) De + attribut du suj.
Dans des gallicismes
α) [après un subst. qualificatif antéposé à valeur adjectivale expressive.] Un amour d'enfant, ce fripon de valet; un pauvre diable d'honnête homme; ce grand frisé de Nantais. La, si, do, ré, gredin de ré, va! (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 17).M. de Brécé doit le bouton à ce bon petit voisin d' Ernest (A. France, Anneau améth.,1899, p. 131).
β) [après un adj. ou subst. qualificatif antéposé et le plus souvent déterminé.] Un drôle de bruit; chienne de vie! coquin de sort! cette canaille d'oncle! son diable de chapeau à la main :
139. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'Océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait : − S'il vous plaît... Dessine-moi un mouton! Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 413.
Rem. Certains tours sont vivants en fr. parlé, pop. ou vulgaire.
γ) dans le gallicisme vieilli si j'étais (que) de vous. Si j'étais à votre place, dans votre cas. Mais, c'est égal, si j'étais de votre président, je ferais comme Bridoie, je m'en rapporterais au sort des dés (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 107).Si j'étais que de toi, je chasserais le rat d'eau, ce printemps (Guèvremont, Survenant,1945, p. 167).
δ) Pauvre de moi! Pauvres de nous! (loc. d'orig. provençale) :
140. « Pauvre de moi! disait-il [maître Cornille]. Maintenant, je n'ai plus qu'à mourir... Le moulin est déshonoré ». A. Daudet, Lettres de mon moulin,1869, p. 28.
ε) Comme de juste, comme de raison, comme de vrai, (fam.); comme de bien entendu, comme de sûr (pop.). Comme cela est juste, de raison, vrai, bien entendu, sûr. Je lui payerai sa peine, comme de raison (Staël, Lettres div.,1793, p. 475).Pour lui, « le général », c'est l'général Anselme!... Pas, Chalumeau? − Comme de sûr! répondit le planton (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 141).
ζ) C'est de ma faute (cf. I B 8 a).
η) C'est à moi de/à (cf. ce1); ce que c'est que de nous! (cf. ce1II A 1).
θ) Littér., archaïsant. Après les verbes on dirait, on croirait, on jurerait, de est facultatif pour introduire l'attribut :
141. ... elle [la lune] parut enfin (...); les pointes de son croissant ressemblaient à des ailes; on eût dit d'une colombe blanche échappée de son nid de rocher... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4,1848, p. 567.
ι) Fam. De vrai, (c'est) pour de vrai, (c'est) pour de bon (loc. adjectivales).
κ) [après des verbes d'état comme avoir l'air de, prendre figure de, donner l'apparence de, etc. ] :
142. ... et comme d'autre part l'attente pouvait être longue et qu'il ne voulait pas avoir l'air de reculer devant la dépense, il avait commandé une côtelette; pour avoir quelque chose devant lui. Michaux, Plume,1930, p. 141.
143. Plus prosaïquement, La Belle Angerie est le siège social. depuis plus de deux cents ans, de la famille Rezeau, Cet ensemble de constructions, parti sans doute d'un fournil, est arrivé à faire figure de manoir. H. Bazin, Vipère au poing,1948p., 13.
λ) Loc. verbale. N'être de rien à qqn. N'être rien à quelqu'un, ne compter pour rien aux yeux de quelqu'un.
μ) Le tour emphatique être + de + adj. substantivédésignant une qualité, à la forme exclamative. La tente-abri était d' un lourd! (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 77).(Il frictionne très doucement) c'est d' un doux..., d' un doux!... et d' un blanc... d' un blanc!... et d' un rose... d' un rose!... (Labiche, Trente millions Gladiator,1875, I, 5, p. 18).Le dernier numéro [du journal] était d' un creux! (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 234).
Être de + subst. abstr.(cf. supra p. 731 b β).Il est d' une jalousie! (Labiche, Le Misanthrope et l'Auvergnat!1852, 12, p. 170).Il faut avouer que je suis d' une sottise (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1035) :
144. − Pas de malheur, maman? − Non, non, répondit MmeChanteau. − Mon Dieu! Nous étions d' une inquiétude! dit le père qui avait suivi son fils, malgré le vent. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 812.
ν) Gallicismes exclamatifs
Foin de...! (vieilli). Cf. foin2.
(La) peste soit de...! Peste soit des petites colombes de gueuses! − Les roses de ma vie sont fanées (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 67).
Du diable si...! Cécile a donc très peur que je ne renonce pas à nos conventions; et la petite a dû avoir à lutter ferme... Il faut qu'elle y tienne bien! Du diable, par exemple, si je devine pourquoi! (Martin du G., Barois,1913, p. 472).
Et d'un! Et de deux! etc. [pour compter avec plus de force qqc.] Zoé Lamour a fait son noviciat pour être religieuse. Et d' une. Eva Schourine a été poursuivie comme incendiaire et reconnue folle. Et de deux (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourgeois de Paris, 1880, p. 335).
b) de + attribut du compl. d'obj. dir. apr. des verbes comme traiter, qualifier, taxer, accuser; gratifier (qqn, qqc.) de.Le destin l'avait gratifié d' un teint de tomate mûre (Dabit, Hôtel,1929, p. 56).L'épicier (...) qu'on os à peine traiter d' épicier, tant il est cher et raffiné (Morand, Londres,1933, p. 172) :
145. Après avoir lu les secrètes infortunes du père Goriot, vous dînerez avec appétit en mettant votre insensibilité sur le compte de l'auteur, en le taxant d'exagération, en l'accusant de poésie. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 6.
3. de + appos.[L'appos. (attribut raccourci), l'appellation ou la dénomination est introduite par de, particule de soutien, après un subst.]
a) [Dénomination de choses, avec un nom propre]
[après des noms de villes, de montagnes, de rues, de mois, plus rarement de cours d'eau]
[rues.] La rue du Cherche-Midi; la rue de Tournon. La cité Monthiers se trouve prise entre la rue d' Amsterdam et la rue de Clichy (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 7) :
146. Le trajet, jusqu'à la Concorde, fut rapide. Mais, avenue des Champs-Élysées, la circulation des voitures força le chauffeur à ralentir l'allure. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 169.
[lieux-dits.] Quand j'arrivai à la station du Breuil-Blangy, entre Pont-L'Évêque et Lisieux, la nuit était à peu près close (Gide, Isabelle,1911, p. 604).Chemin de la Faulsaunière, ferme de Rouge-Sel, domaine des Sept-Pendus, les noms sinistres demeurent (H. Bazin, Vipère,1948, p. 16).
[terres.] La terre de France; l'île de Crète; la terre sacrée de Galilée; les trois provinces du Maine, de la Bretagne et de l'Anjou.
[monuments, sites.] Le château de Moissicourt; la cathédrale de Saint-Paul.
[mois.] Pendant les mois de septembre et d' octobre, la peste garda la ville repliée sous elle (Camus, Peste,1947, p. 1371).
Rem. 1. L'omission de la particule de est possible (sauf pour les noms de mois), l'appellation se faisant par simple juxtaposition du nom. Les rues Monsigny et de la Michodière; la rue Madame et la rue d'Assas. 2. L'appellation peut se faire avec un compl. circ. de temps, de lieu, etc. La guerre de Trente Ans et la paix de Westphalie.
b) [Dénomination de pers.]
α) [nom propre.] Bianchon (...) eut l'oreille frappée du mot assez original de Trompe-la-Mort (Balzac, Goriot,1835, p. 191).Un bon gros vivant de Marseillais, qui (...) répondait au joyeux nom de Barbassou (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 56).Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Sabots, 1883, p. 89) :
147. Son parrain et sa marraine l'avaient baptisé Sébastien; mais, comme il était natif de Frognac-lès-Mauriac, département du Cantal, il invoquait son patron sous le nom de Chaint Chébachtien. About, Le Nez d'un notaire,1862, p. 105.
β) [nom commun.] La désignation de grand gamin restée à l'aide-souffleur, qui a aujourd'hui vingt-cinq ans, indique que dans le temps la place était tenue par des adolescents (Hamp, Champagne,1909, p. 89).
c) [Dénomination de choses (avec un nom commun) :]
148. Les métaphysiciens, et surtout Condillac, appellent du nom commun d'idées abstraites les idées collectives représentatives de certaines modifications ou propriétés des corps, telles que blancheur, acidité, fluidité, etc., ... Bonald, Législ. primitive,t. 2, 1802, p. 185.
Spéc. De introduisant un adj., un part. ou un adv. de quantité.
α) [Après un subst. déterminé par un adj. numéral cardinal ou un adj. exprimant une quantité, un nombre.] Avoir une heure de libre; quelques centimètres de trop, une fois de plus. Il y a deux femmes de tuées (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 307).Deux cent cinquante francs et quinze clefs de perdus! (H. Bazin, Vipère,1948, p. 158).
[après un pron., loc. proverbiale.] Un de perdu, dix de retrouvés :
149. premier patricien. − Souhaitons qu'il oublie. le vieux patricien. − Bien sûr! Une de perdue, dix de retrouvées. Camus, Caligula,1944, I, 1, p. 8.
[dans l'expression d'une quantité indéfinie, non comptable.] Il y a déjà de la vigne vierge de plantée (Balzac, Mém. jeunes mar.,1842, p. 282).
[L'emploi de la particule de soutien de est obligatoire]
[lorsque le subst. est remplacé par en.] − On en fait [des nez] aujourd'hui de bien élégants, dit le docteur (About, Nez notaire,1862, p. 204).Tous les matins les médecins, en faisant leur ronde, en trouvaient sept ou huit de morts (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 141).
[avec ne... que, principalement il n'y a... que.] Vois-tu, matelot, en Camargue, il n'y a de bon que l'affût du matin (A. Daudet, Arlésienne,1872, II, tabl. 3, 1, p. 402).
Rem. La lang. parlée et la lang. négligée (pop.) emploient le de disjonctif, souvent dans des phrases exclamatives. a) Avec en. Eh! mais il me semble que c'en est un, de malheur, que de jeûner six semaines (Dumas père, Kean, 1836, III, p. 145). b) Avec un nombre. − En voilà un de magistrat! s'écria le maître de poste (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 187). c) Avec un pron. poss. Quant au vôtre, de père... (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 332). d) Devant trop. Garde ton argent, garde, on n'en a jamais de trop! (Dumas père, Monte-Cristo, 1848, I, 2, p. 19).
β) [Après les pron. neutres indéf., interr., exclam. ou dém. quelqu'un, quelque chose, pas grand-chose, autre chose, qui, que, quoi, ce, ceci, cela, rien, tout.] « Rien de neuf? » demanda sa femme (Dabit, Hôtel,1929, p. 169).Je leur trouve à toutes [les femmes] quelque chose de joli (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 9) :
150. Il y avait dans l'air quelque chose de si bienveillant! De légers parfums s'exhalaient; les fleurs rouges du caroubier éclataient çà et là; et une petite fontaine jaillissante laissait fuir ses eaux pour arroser ce terrain où croissent confusément des verveines et des lauriers-roses. Latouche, L'Héritier, Dernières lettres de deux amans de Barcelone,1821, p. 103.
En partic.
[après des loc. indéterminées :] quoi que ce soit de, un je ne sais quoi de. Il reproche à Mérimée de n'avoir pas dans ses récits un je ne sais quoi « de délicatement tendre » (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 222).
[après ce que.] Ce qu'il y a de certain, c'est que (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 139).La représentation que j'ai du « Fantôme » avec ce qu'il offre de conventionnel (Breton, Nadja,1928, p. 8) :
151. Elle a répondu à tout avec simplicité. C'est une religieuse déjà âgée : ses manières ont une singulière bonhomie, et elle paraît ignorer entièrement tout ce que sa conduite a d'admirable. Latouche, L'Héritier, Dernières lettres de deux amans de Barcelone,1821p. 137.
γ) [Devant certains adj. ou pron. indéfinis, comme emploi littér., archaïsant.] D'aucuns = certains, de certains = certains. On croirait, à de certains moments, qu'il vous voit penser (Bourget, Lazarineds Le Bidois1967, § 431, p. 236).
Rem. En revanche, les tours littér. rien autre, rien autre chose, personne autre, sont fréquents pour rien d'autre, personne d'autre. Cf. autre, ex. 5 et 6.
C.− [De introducteur du noyau verbal dans un énoncé expressif à l'inf.]
1. [L'inf. de narration]
[Après un suj. exprimé.] L'affamé de courir; il regarde, il appelle (Vallès, Réfract.,1865, p. 17).Et toute la diligence de rire (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 108) :
152. Les aides de camp de M. Dubourg éclatent en gros rires; et la tourbe de rire à l'unisson, et le général de piquer sa mazette qui caracolait comme une bête éreintée... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 288.
2. De + inf. dans l'expression du passé immédiat :venir de, (vx) ne faire que de. L'amour venait de s'installer en lui à une profondeur où lui-même ne pouvait descendre (Radiguet, Bal,1923, p. 86).
3. De + inf. dans l'expression d'une comparaison.
[de est facultatif dans le second terme d'une phrase qui énonce une préférence, un choix entre deux comportements (préférence de volonté plutôt que de goût).] Plutôt souffrir que (de) mourir. J'aime mieux souffrir, et souffrir toutes sortes de tourmens, que de consentir à ce que tu veux (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 321).Courons plutôt dessus que de rester là! (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 113).Que pouvions-nous faire de mieux que de nous fier à ce spécialiste vénérable? (Claudel, Poés. div.,1952, p. 855).
[Sans verbe exprimé] Rien de plus humain que de bien traiter les prévenus de crimes détenus en prison (Bonald, Législ. primit.,t. 2, 1802, p. 99).
Rem. gén. sur le problème de la répétition de « de ». a) La répétition est facultative dans une phrase interr. présentant une alternative. Qui, de vous ou de moi? b) De se répète à la place d'une loc. prépositive. À cause de vous ou de moi. c) La répétition n'a pas lieu. α) Si les compl. forment un tout indissociable, une unité sémantique, une loc. figée. Inspecteur des Ponts et Chaussées; les conseils des amis et connaissances. β) S'ils représentent une même idée. Il importe de bien mâcher et broyer les aliments. γ) Lorsque le subst. compl. est déterminé par deux adj. numéraux cardinaux coordonnés par ou. Un saut de cinq ou six mètres.
III.− De élément formateur de loc. adv., prépositives, conj., etc.
A.− Loc. adv. ayant souvent la valeur d'un compl. circonstanciel (temps, lieu, manière, etc.)
1. De + subst.
a) De + subst. indéterminé.D'abord, d'ailleurs, d'avance, d'emblée, de grâce, d'habitude, d'honneur, de part et d'autre, de suite, de toutes parts, etc.
b) De + subst. déterminé.Du moins, du reste, etc.
2. De + adj.De droite et de gauche; de nouveau, d'ordinaire, de plus belle, etc.
3. De + adv.De là, d'ici là, de même, d'ores et déjà, d'où, de surplus, etc.
Rem. Dans certains adv., la prép. de s'est soudée au mot. Cf. davantage, deci-delà, derechef, dorénavant, etc.
Loc. adv. particulières
De plus
[En emploi abs.] Synon. en outre, qui plus est.
[En fonction adj.] En plus, en surplus (par comparaison avec autre chose). Rien de plus, raison de plus, une fois de plus. Anton. de moins.La maison quarte met un étage entre le rez-de-chaussée et le grenier. Un étage de plus, un deuxième étage (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 41).
De rien
Fam. [pour répondre poliment à un merci ou un pardon d'une autre pers.] Synon. je vous en prie; il n'y a pas de quoi.
[Dans des loc. verbales] Être de rien à qqn; servir de/à rien. Peu m'importent tes connaissances car elles ne te servent de rien sinon comme objets et comme moyens dans ton métier (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 821).N'avoir l'air de rien. « Ce que je fais, bonnes gens? Hé, je m'occupe à vieillir... Ça n'a l'air de rien, eh bien, ça me prend tout mon temps! » (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. C).
B.− Loc. prépositives
1. Adv. + de.Afin de, au-delà de, au-dessus de, auprès de, avant de, combien de, loin de, lors de, moins de, non loin de, peu de, près de, que de, tant de, etc. :
153. Ici, ce sont les sempiternels César et Xavier de Cock, les éternels reproducteurs d'une allée dans laquelle, non loin d'une source, le soleil pleut en parcimonieuses gouttes dans des feuillages clairs. Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 161.
Loc. littér. dès avant que de. Il disait les grandes nouvelles du jour, dès avant que de quitter son pardessus (Duhamel, Terre promise,1934, p. 8).
2. Subst. + de.À défaut de, à titre de, au nom de, en cas de, en dépit de, en qualité de, en vertu de, faute de, histoire de, par la grâce de, par suite de, pour cause de, sous le couvert de, en signe de, sous prétexte de, en présence de, le long de, etc.
3. Subst. déverbal + de.À l'approche de, au lever de, au sortir de, au tomber de, etc. Les Écossois se retirèrent au tomber du jour, résolus de faire un nouvel effort au lever de l'aube (Chateaubr., Ét. ou Discours hist.,t. 4, 1831, p. 31).
Loc. prépositives indiquant une quantité, une pluralité, une intensité. Cette maison appartenait jadis à un négociant qui y avait accumulé toutes sortes de richesses (Du Camp, Hollande,1859, p. 220).Un petit verre ferait joliment de bien par le temps qui court... (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 165).Elle connaissait bien chez lui cette insistance dans le regard, qui lui donnait par instants une pointe de strabisme (Montherl., Songe,1922, p. 65).J'ai connu dans le Bourbonnais une aimable vieille demoiselle qui conservait dans une armoire quantité de vieux médicaments (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 293).
Rem. 1. Seule la loc. bien des comporte l'art. déf. L'effort collectif et progressif de bien des penseurs, de bien des observateurs aussi (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. X). 2. La loc. près de a une correspondante littér. et arch. près le. Près le débarcadère une allée de vieux ormeaux à tronc large (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 159).
C.− Loc. conj. ou relatives
De ce que, de peur que, du fait que.
De qui, de quoi, etc. Ensuite de quoi (Courteline, Train 8 h 47,1888, 3epart., II, p. 228).
Rem. De est contracté dans les pron. relatifs duquel, desquels, etc.
D.− Loc. verbales. Être d'avis que, de; être d'accord, se mettre d'accord, etc.
E.− Loc. substantivales
[P. ex. pour exprimer l'approximation] Une espèce de, un genre de, une sorte de, etc.
[P. ex. pour exprimer une quantité infinitésimale, très faible de qqc.] Un brin de, un doigt de, une note de, un nuage de, un soupçon de, une touche de, etc.
F.− [De dans les mots composés]
Subst. composés. Pommes de terre, belle-de-jour, cou-de-pied, œil-de-bœuf, parole d'honneur, etc.
Adj. composés. Vert-de-gris, bleu de Prusse, etc.
Loc. créées. Un je-ne-sais-quoi-de, un quelque chose de, etc.
Prononc. et Orth. : [də] devant consonne et devant h aspiré et y grec : les hommes de demain, elle vient de hurler quelque chose, un trophée de yack. Noter que dans le lang. cour. l'[ə] peut tomber dans la prononc. et l'on peut entendre [dmɔ ̃kote] pour de mon côté. Il faut, cependant, tenir compte de la loi des 3 consonnes. Comparez ainsi : un valet de chambrede est précédé d'une consonne et qui se prononce sans [ə] muet [valεḓ ʃ ɑ ̃:bʀ ̥] avec : femme de chambrede est précédé d'une voyelle et qui se prononce avec [ə] muet : [famdə ʃ ɑ ̃:bʀ ̥] (cf. Nyrop Phonét. 1951, § 87). [d] devant voyelle et h non aspiré : les hommes d'aujourd'hui, une musique d'harmonica. La prép. de aboutit avec l'art. déf. masc. sing. le et l'art. déf. plur. les, par enclise, à du [dy] et à des [de], [dε] : venir du Languedoc, des Flandres. Comportement de [ə] muet dans la prép. de, devant voyelle, dans certains groupes de mots, certaines tournures, devant lestitres et les numéraux : a) Devant un mot commençant par une voyelle citée comme mot. [ə] muet se maintient quand le mot où se trouve la voyelle en question, est cité entre guillemets ou en italique dans le texte et à condition que l'on veuille attirer l'attention sur cette voyelle : l'o de « oiseau ». Cependant, si l'attention se porte sur une voyelle ou une consonne intérieure l'usage hésite entre [də] et l'élision : l'e muet de « empereur » ou d'« empereur », le double f de « affamer » ou d'« affamer ». b) Dans certaines tournures ou expressions. [ə] muet se conserve dans nombreuses d'entre elles : de a à z, le cas de o, à côté de h, à défaut de o ouvert, au lieu de, prononciation de, fermeture de, durée de, qualité de, parler de, précédé de, suivi de, etc. Mais il ne se prononce ni ne s'écrit dans les groupes : une infinité d'−; un certain (grand, petit) nombre d'−; une série, suite d'−; assez, autant, beaucoup, moins, peu, plus, tant, trop d'−. c) Devant les titres d'ouvrages. [ə] muet s'élide : la longueur d'Autant en emporte le vent. d) Devant les numéraux. [ə] muet se conserve devant huit et onze lorsqu'ils sont isolés ou suivis d'un mot autre que heure : au nombre de huit, de onze; de même devant les ordinaux huitième, onzième : de huitième, onzième zone. [ə] muet se conserve aussi devant huit, suivi de heure : le train de huit heures, alors que l'usage est flottant devant onze : le train de onze heures ou d'onze heures. Noter que [ə] muet s'élide toujours dans les expr. : belle-d'onze-heures ou dame-d'onze-heures et bouillon d'onze heures. [ə] muet se conserve devant un entendu comme chiffre et dans le lang. arithmétique : compter de un à dix. Mais ailleurs [ə] muet s'élide devant un : plus d'un viendra. Noter qu'il ne se prononce jamais devant le numéral fém. une, que celui-ci soit isolé ou suivi d'un mot : à partir d'une heure, il en faudrait plus d'une (pour ces rem. et ces ex. cf. Fouché Prononc. 1959, pp. 135 à 138). La prép. est admise ds Ac. 1694-1932.
Étymol. et Hist. A. Temps, origine 842 d'[ist di] « à partir de » [ce jour] (Serments de Strasbourg, 2 ds Henry Chrestomathie t. 1); durée 1170 de treis jurz (Rois, éd. E. R. Curtius, 115, p. 58); moment de l'action 1174-76 de nuit (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2313 ds T.-L. 1207, 47). B. Lieu, origine 1. 842 de suo part (Serments de Strasbourg, 20 ds Henry Chrestomathie t. 1); 1remoitié xes. foers de la civitate (Fragment de Jonas, éd. Foerster et Koschwitz, Altfr. Übungsbuch, 6eéd., 6); 2emoitié xes. nez de medre (St Léger, éd. J. Linskill, 137); ca 1100 Gerart de Rossillon (Roland, éd. J. Bédier, 797); 2. après certains verbes signifiant « écarter, protéger, libérer » 1remoitié xes. liberi de cel peril (Jonas, 24); 2emoitié xes. De lor pechietz... Il los absols (St Léger, 225). C. Introduit un compl. de nom 1. introduit un compl. servant à déterminer 881 In figure de colomb volat a ciel (Séquence de Ste Eulalie, XIII ds Henry Chrestomathie t. 1); 2emoitié xes. De Hostedun evesque en fist (St Léger, 48); ca 1100 la citet de Galne (Roland, 662); 2. génitif objectif ca 1050 le doel de nostre ami (Alexis, éd. Chr. Storey, 154). D. Cause 1remoitié xes. [sis penteiet] de cel mel (Jonas, 25); ca 1050 del duel s'asist la medre (Alexis, 146). E. Rapport, propos 1. 2emoitié xes. de sant Lethgier « au sujet de » (St Léger, 6); 2. de introduisant un compl. de propos ca 1050 d'un son filz voil parler (Alexis, 15); 3. de + subst. tour exclamatif ca 1050 Filz Alexis, de ta dolenta medra! (Alexis, 396). F. Partie 1. introduit le compl. d'un pronom 2emoitié xes. nuls de sos piers (St Léger, 59); ca 1050 A un des porz (Alexis, 196); 2. introduit un compl. exprimant l'appartenance 2emoitié xes. Tuit li omne de ciel païs (St Léger, 211); 3. origine de l'art. partitif 2emoitié xes. Por quant il pot, tant fai de miel (St Léger, 135); ca 1050 De la viande ki del herberc li vint, Tant an retint dunt sun cors an sustint (Alexis, 251); ca 1100 trop ad perdut del sanc (Roland, 2230); ca 1150 La meillor feme qui onc beüst de vin (Le Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 320); 4. de l'art. indéfini, v. des3, de3. G. Agent, moyen 1. agent ca 1050 De noz pechez sumes si ancumbrez (Alexis, 618); 2. moyen ca 1050 D'or e de gemmes fut li sarqueus parez (Alexis, 586); ca 1100 [il] fiert de l'espiet (Roland, 1322). H. Qualité, manière 1. qualité ca 1050 Rices hom fud, de grant nobilitet (Alexis, 14); 2. manière xiies. de tel manere (Lapidaire Marbode, éd. P. Studer et J. Evans, 63); 1160-74 de bonne volenté (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, t. 1, 2498). I. Matière ca 1100 de marbre faiz (Roland, 2268). J. Introduit un inf. 1. précédé − d'un adj. ca 1050 dignes d'entrer (Alexis, 173); − d'un subst. ca 1100 cure de parler (Roland, 1170); − d'un verbe ca 1100 purpensez De colps ferir (Roland, 1178); 2. introduisant un inf. suj. réel ca 1150 de lui retenir (Le Roman de Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 384); 3. introduisant un inf. substantivé (emploi exclamatif ou exhortatif; cf. E 3) ca 1130 Hé! Bertrans, sire, or del contraleier! (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 1178); d'où prob. 4. l'emploi de l'inf. de narration construit avec de, ca 1213 (Fet des Romains d'apr. G. Moignet, Gramm. de l'a. fr., Paris, Klincksieck, 1973, p. 310); 1225-30 Cil pasent outre et il dou ceminer (Bueve de Hantone, éd. Stimming, I, 3781). K. Introduit un compl. du comparatif ca 1100 plus de vint milie humes (Roland, 13). De la prép. lat. de (proclitique); contracté en del > deu > du avec l'art. le, en dels > des avec les et réduit à d' devant voyelle. En plus de ses emplois réguliers (séparation, éloignement; origine; rapport, relation, propos; cause) de a servi dans la lang. fam. jusqu'à la fin de l'époque class. à renforcer certaines formes casuelles, notamment l'ablatif : − ablatif de moyen (duos parietes de eadem fidelia dealbare, Cic., Epist., 7, 29, 2), − ablatif compl. d'adj. (de via fessus, Cic., Ac., 1, 1), le tour prépositionnel étant de plus en plus utilisé à basse époque dans ces cas ainsi que pour renforcer l'ablatif compl. du compar. (plus facitis de nobis, Vitae Patrum, 5, 16, 16). Le même procédé est à l'orig. du recul du génitif : jusqu'à la fin de l'époque class., le tour prépositionnel concurrence le génitif partitif (dimidia pars virium ou dimidium de praeda) et le génitif de relation (conscientia culpae ou conscientia de culpa, cf. Vään., p. 121). À l'époque postclassique et à basse époque, la construction prépositionnelle progresse, se substituant notamment − au génitif partitif, annonçant l'emploi de l'art. partitif et de l'art. indéfini en a. fr. : dicitur quidam fixisse morsum et furasse de sancto ligno (Per. Aether. 37, 2 ds E. Löfstedt, Syntactica, I, 118) et dederunt nobis presbyteri loci ipsius eulogias, id est de pomis, quae in ipso monte nascuntur (id., 3, 6, ibid., I, 119); v. aussi E. Löfstedt, Philologischer Kommentar zur ,,P. Aether.``, p. 106; − au génitif de possession : in presentia de domino servi (Liutprant, 104, I ds Vään., pp. 121-122); cf. la construction prépositionnelle servi ipsi tradantur in manus de mundoald (ibid., p. 122) alternant avec la construction sans prép. (in manus ... mundoald) qui annonce la syntaxe de l'a. fr. où cohabitent le tour périphrastique (le doel de nostre ami, Alexis, 154) et le cas-régime en fonction de génitif (pur amur Alexis, Alexis, 152). De même le tour prépositionnel, de bonne heure en concurrence avec le qualificatif pour exprimer la matière, la substance (de materia trabes, Vitruve 3, 3, 5), se substitue de plus en plus à lui pour marquer la provenance (cerasium de Ponto, Tert., Nat., 2, 16), l'espèce (pedica de caballo, Lex. sal., 27, 3), la matière (stramentum de papyro, Vitae Patr., 5, 10, 76 ds Vään., p. 168). − Les emplois de l'a. fr. J 2 (de + inf. suj.), J 3 (de + inf. substantivé), J 4 (de + inf. de narration) seraient d'apr. Moignet, op. cit., pp. 196, 200-201, 310, issus de l'emploi de de introduisant un compl. de propos (E 2).
STAT. − Fréq. abs. littér. De 1, 2 et 3: 3 940 365. Du : 512 510. Fréq. rel. littér. De 1, 2 et 3: xixes. : a) 5 678 534, b) 5 481 424; xxes. : a) 5 599 561, b) 5 607 822. Du : xixes. : a) 766 008, b) 721 675; xxes. : a) 701 317, b) 717 556.
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DE2, DU2, DE L', DE LA, DES2, art. partitif.

I.− [L'art. précède des noms désignant des choses qui ne sont pas nombrables, pour indiquer leur prise en considération en tant que telles, sans idée de quantité ni de distinction du déf. ou de l'indéf., étant seulement entendu que ces choses ne sont pas envisagées dans leur totalité]
A.− [L'art. précède un nom concr.]
1. [Le nom concr. au sing. désigne normalement une matière, une substance] Boire du vin, de l'eau; manger du pain, de la soupe. De la neige fondue tombait (A. France, Hist. comique,1903, p. 92).La peau des joues, mate, lisse et fine comme de la soie (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 12):
1. Nos ancêtres gaulois, leurs meilleurs clients [des Angles et des Saxons] (comme nous le sommes encore aujourd'hui), leur achetaient, par l'intermédiaire des Romains, des métaux, de la laine et du bois, en échange des armes du Soissonnais, des toiles de Cahors, du vin d'Aquitaine. Morand, Londres,1933, p. 4.
P. méton. [Le nom désigne un adj. substantivé] Regardez-moi qui me démène et qui mâche du grec et de l'hébreu (Claudel, Visages radieux,1947, p. 761).
[Le subst. peut être accompagné d'un adj.] On lui apprit quelques chapitres du catéchisme, comme on enseigne aux merles à siffler « J'ai du bon tabac » (About, Nez notaire,1862, p. 106).
Rem. L'emploi est fréq. dans la tournure il y a. Tiens, tiens! Mais il y a donc du vent? (Sartre, Mots, 1964, p. 124) :
2. − On va laisser le grand monde se régaler. Après, les jeunes mangeront en paix. Et je vous recommande le dessert : il y a des œufs à la neige, de la crème brûlée, de la tarte à Lafayette, de la tarte à la ferlouche, de la tarte aux noix longues. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 120.
2. [La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le nom au sing., quoique désignant normalement un obj. nombrable, désigne p. méton. une matière ou une catégorie] Manger du bœuf, du poulet; voir du pays. On tend sa voile, et l'on fait de la route (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 434).
b) [Si le nom au plur., quoique désignant des choses nombrables, désigne, en vertu de son usage, une catégorie] Manger des œufs. Ils avaient plaisir à nommer tout haut les légumes : Tiens, des carottes! Ah! des choux! (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 20).
Rem. Cet emploi est proche de l'emploi de l'art. indéf. plur. des. Il y avait des gâteaux sur la table, avec une bouteille et des verres (Zola, Germinal, 1885, p. 1469).
c) [Si le subst. est un nom propre (de pers. ou de chose) empl. p. méton. pour désigner une matière] Monsieur Octave vous conseille du xérès (Giraudoux, Lucrèce,1944, I, 1, p. 15).
d) [Si le nom au sing. désigne une pers. prise comme symbole d'une qualité ou d'un caractère] :
3. M. Gladstone m'a paru, sous quelques aspects, un homme de génie, sous d'autres un enfant. Il y a en lui de l'enfant, de l'homme d'État et du fou. Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 2, 1870, p. 268.
En partic. [Avec un nom propre de pers.] Il y avait du Napoléon en lui (A. France, Vie fleur,1922, p. 515).
B.− [L'art. précède un nom abstr.]
1. [Le subst. au sing. désigne normalement un type d'activité ou de production] Il y a du travail pour tous; il y aura de la musique. Aussi bien était-ce là de l'histoire ancienne. Il n'avait pas achevé de dire « taisez-vous » que déjà elles n'y pensaient plus (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 7, p. 173).
[Le subst. au sing. ou au plur. peut être un nom d'artiste, d'écrivain, etc., empl. p. méton. pour désigner une production type, une œuvre caractéristique de tel créateur] Jouer du Bach. J'aurais préféré réciter du Baudelaire (Gide, Geneviève,1936, p. 1356).
Rem. Si le nom est accompagné de (tout) pur, la tournure signifie la caractéristique ou la ressemblance par la manière, par le style :
4. − N'écrivez pas, lui dit Eugène, enveloppez les billets, mettez l'adresse, et envoyez-les par votre femme de chambre. − Mais vous êtes un amour d'homme, dit-elle. Ah! voilà, monsieur, ce que c'est que d'avoir été bien élevé! Ceci est du Beauséant tout pur, dit-elle en souriant. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 167.
2. [Le nom abstr. est un subst. sing. désignant normalement une qualité concr. ou abstr. ou son contraire, un sentiment] Faire de la vitesse; avoir du courage. C'est alors qu'il m'avait appris qu'il avait vécu à Paris et qu'il avait du mal à l'oublier (Camus, Étranger,1942, p. 1128).
[La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le subst., quoique nombrable, désigne p. méton. une qualité, un sentiment] Avez-vous du souci? (Moréas, Cantil.,1886, p. 168).
b) Cf. A 2 d.
c) [S'il s'agit d'un adj. substantivé désignant une qualité ou son contraire] Notre devise doit être en toute circonstance (ne l'oublions jamais!) celle-ci :Du calme!Du calme!Du calme (Villiers de L'I., A., Contes cruels,1883, p. 240).
d) [S'il s'agit d'un syntagme à valeur subst.] C'est une Peugeot... Du soixante à l'heure, mon bon (H. Bataille, Maman Colibri,1904, I, 2, p. 3).
Rem. 1. L'emploi de l'art. déf. soulignerait l'idée de totalité. De la soie « certains types de soie que je connais », opposé à la soie « toute soie ». 2. Constr. a) Lorsque l'art. introduit un subst. précédé d'un adj. ne formant pas loc. avec lui, il est, dans le style noble et archaïsant, remplacé par de. Et cette tunique était inusable (...). Rabiou était un honnête homme qui craignait Dieu et fournissait de bon drap (A. France, P. Nozière, 1899, p. 77). Cette constr. reste plus usuelle dans des expr. désignant des habitudes fam. Elle buvait, en ma présence et à mon insu, d' excellent vin avec son mari (Bloy, Journal, 1892, p. 35). b) Devant les loc. subst. où l'adj. est soudé au subst., cette substitution n'a pas lieu. Avoir du bon sens, de la bonne volonté. On lui aurait fait des gros yeux, on ne voulait pas se laisser commander par lui (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 386).
II.− Emploi partitif, littér. [Du, de la, etc. précède des noms de chose pour indiquer que les choses désignées sont prises dans une part. de leur quantité totale; il est remplacé par de à valeur partitive]
A.− [Devant un nom concr. déterminé, au sing. ou au plur., par un art. déf., un adj. dém. ou poss.] Vous feriez mieux de nous donner de votre vin de Bordeaux (Balzac, Goriot,1835, p. 200):
5. Je détournai les yeux vers les poiriers et les cerisiers du jardin d'en face pour qu'il crût que c'était leur beauté qui me touchait. Et elle me touchait un peu de la même façon, elle mettait aussi près de moi de ces choses qu'on ne voit pas qu'avec ses yeux, mais qu'on sent dans son cœur. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 160.
B.− [Devant un nom abstr. déterminé] Elle tâchait de donner à Lazare de son courage (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1000).
Rem. L'art. prend la forme de a) après une loc. adv. de quantité indéf. Peu de, un peu de, beaucoup de. Verse-moi un peu de sherry (H. Bataille, Maman Colibri, 1904, I, 2, p. 3); b) après une négation. Ne... pas de, point de, plus de, etc. Des étourdissements, comme on dirait des vapeurs, pas de sommeil, pas d' appétit (Bernanos, Imposture, 1927, p. 484).
Prononc. et Orth. : [də], [dy], [de] ds les dict. récents : cf. Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Pourtant [ε] ouvert [dε] ds Dub. et ds Warn. 1968 qui réserve cette prononc. au lang. soutenu. Passy 1914 admet [e] ou [ε]. Les dict. plus anc. transcrivent [ε]; cf. Fér. 1768, Land. 1834, Fél. 1851 et Littré. DG comme Warn. 1968 note [ε] pour l'emphase. On fait la liaison quand le mot qui suit commence par une voyelle ou un h non aspiré : des arômes [dezaʀo:m]; des hommes [dezɔm]. Ds Ac. 1694-1932. On rencontre la forme contractée du au masc. sing. devant consonne : du pain, alors que devant voyelle ou h aspiré il n'y a pas contraction : de l'alcool, de l'hydromel. Il y a également contraction dans tous les cas devant plur. : des rillettes, des ortolans. Étymol. et Hist. Cf. de1, prép. Stat. Voir des3, de3. Bbg. Gaatone (D.). Art. et négation. R. rom. 1971, t. 6, no1, p. 2, 12.

DE2, DU2, DE L', DE LA, DES2, art. partitif.

I.− [L'art. précède des noms désignant des choses qui ne sont pas nombrables, pour indiquer leur prise en considération en tant que telles, sans idée de quantité ni de distinction du déf. ou de l'indéf., étant seulement entendu que ces choses ne sont pas envisagées dans leur totalité]
A.− [L'art. précède un nom concr.]
1. [Le nom concr. au sing. désigne normalement une matière, une substance] Boire du vin, de l'eau; manger du pain, de la soupe. De la neige fondue tombait (A. France, Hist. comique,1903, p. 92).La peau des joues, mate, lisse et fine comme de la soie (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 12):
1. Nos ancêtres gaulois, leurs meilleurs clients [des Angles et des Saxons] (comme nous le sommes encore aujourd'hui), leur achetaient, par l'intermédiaire des Romains, des métaux, de la laine et du bois, en échange des armes du Soissonnais, des toiles de Cahors, du vin d'Aquitaine. Morand, Londres,1933, p. 4.
P. méton. [Le nom désigne un adj. substantivé] Regardez-moi qui me démène et qui mâche du grec et de l'hébreu (Claudel, Visages radieux,1947, p. 761).
[Le subst. peut être accompagné d'un adj.] On lui apprit quelques chapitres du catéchisme, comme on enseigne aux merles à siffler « J'ai du bon tabac » (About, Nez notaire,1862, p. 106).
Rem. L'emploi est fréq. dans la tournure il y a. Tiens, tiens! Mais il y a donc du vent? (Sartre, Mots, 1964, p. 124) :
2. − On va laisser le grand monde se régaler. Après, les jeunes mangeront en paix. Et je vous recommande le dessert : il y a des œufs à la neige, de la crème brûlée, de la tarte à Lafayette, de la tarte à la ferlouche, de la tarte aux noix longues. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 120.
2. [La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le nom au sing., quoique désignant normalement un obj. nombrable, désigne p. méton. une matière ou une catégorie] Manger du bœuf, du poulet; voir du pays. On tend sa voile, et l'on fait de la route (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 434).
b) [Si le nom au plur., quoique désignant des choses nombrables, désigne, en vertu de son usage, une catégorie] Manger des œufs. Ils avaient plaisir à nommer tout haut les légumes : Tiens, des carottes! Ah! des choux! (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 20).
Rem. Cet emploi est proche de l'emploi de l'art. indéf. plur. des. Il y avait des gâteaux sur la table, avec une bouteille et des verres (Zola, Germinal, 1885, p. 1469).
c) [Si le subst. est un nom propre (de pers. ou de chose) empl. p. méton. pour désigner une matière] Monsieur Octave vous conseille du xérès (Giraudoux, Lucrèce,1944, I, 1, p. 15).
d) [Si le nom au sing. désigne une pers. prise comme symbole d'une qualité ou d'un caractère] :
3. M. Gladstone m'a paru, sous quelques aspects, un homme de génie, sous d'autres un enfant. Il y a en lui de l'enfant, de l'homme d'État et du fou. Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 2, 1870, p. 268.
En partic. [Avec un nom propre de pers.] Il y avait du Napoléon en lui (A. France, Vie fleur,1922, p. 515).
B.− [L'art. précède un nom abstr.]
1. [Le subst. au sing. désigne normalement un type d'activité ou de production] Il y a du travail pour tous; il y aura de la musique. Aussi bien était-ce là de l'histoire ancienne. Il n'avait pas achevé de dire « taisez-vous » que déjà elles n'y pensaient plus (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 7, p. 173).
[Le subst. au sing. ou au plur. peut être un nom d'artiste, d'écrivain, etc., empl. p. méton. pour désigner une production type, une œuvre caractéristique de tel créateur] Jouer du Bach. J'aurais préféré réciter du Baudelaire (Gide, Geneviève,1936, p. 1356).
Rem. Si le nom est accompagné de (tout) pur, la tournure signifie la caractéristique ou la ressemblance par la manière, par le style :
4. − N'écrivez pas, lui dit Eugène, enveloppez les billets, mettez l'adresse, et envoyez-les par votre femme de chambre. − Mais vous êtes un amour d'homme, dit-elle. Ah! voilà, monsieur, ce que c'est que d'avoir été bien élevé! Ceci est du Beauséant tout pur, dit-elle en souriant. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 167.
2. [Le nom abstr. est un subst. sing. désignant normalement une qualité concr. ou abstr. ou son contraire, un sentiment] Faire de la vitesse; avoir du courage. C'est alors qu'il m'avait appris qu'il avait vécu à Paris et qu'il avait du mal à l'oublier (Camus, Étranger,1942, p. 1128).
[La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le subst., quoique nombrable, désigne p. méton. une qualité, un sentiment] Avez-vous du souci? (Moréas, Cantil.,1886, p. 168).
b) Cf. A 2 d.
c) [S'il s'agit d'un adj. substantivé désignant une qualité ou son contraire] Notre devise doit être en toute circonstance (ne l'oublions jamais!) celle-ci :Du calme!Du calme!Du calme (Villiers de L'I., A., Contes cruels,1883, p. 240).
d) [S'il s'agit d'un syntagme à valeur subst.] C'est une Peugeot... Du soixante à l'heure, mon bon (H. Bataille, Maman Colibri,1904, I, 2, p. 3).
Rem. 1. L'emploi de l'art. déf. soulignerait l'idée de totalité. De la soie « certains types de soie que je connais », opposé à la soie « toute soie ». 2. Constr. a) Lorsque l'art. introduit un subst. précédé d'un adj. ne formant pas loc. avec lui, il est, dans le style noble et archaïsant, remplacé par de. Et cette tunique était inusable (...). Rabiou était un honnête homme qui craignait Dieu et fournissait de bon drap (A. France, P. Nozière, 1899, p. 77). Cette constr. reste plus usuelle dans des expr. désignant des habitudes fam. Elle buvait, en ma présence et à mon insu, d' excellent vin avec son mari (Bloy, Journal, 1892, p. 35). b) Devant les loc. subst. où l'adj. est soudé au subst., cette substitution n'a pas lieu. Avoir du bon sens, de la bonne volonté. On lui aurait fait des gros yeux, on ne voulait pas se laisser commander par lui (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 386).
II.− Emploi partitif, littér. [Du, de la, etc. précède des noms de chose pour indiquer que les choses désignées sont prises dans une part. de leur quantité totale; il est remplacé par de à valeur partitive]
A.− [Devant un nom concr. déterminé, au sing. ou au plur., par un art. déf., un adj. dém. ou poss.] Vous feriez mieux de nous donner de votre vin de Bordeaux (Balzac, Goriot,1835, p. 200):
5. Je détournai les yeux vers les poiriers et les cerisiers du jardin d'en face pour qu'il crût que c'était leur beauté qui me touchait. Et elle me touchait un peu de la même façon, elle mettait aussi près de moi de ces choses qu'on ne voit pas qu'avec ses yeux, mais qu'on sent dans son cœur. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 160.
B.− [Devant un nom abstr. déterminé] Elle tâchait de donner à Lazare de son courage (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1000).
Rem. L'art. prend la forme de a) après une loc. adv. de quantité indéf. Peu de, un peu de, beaucoup de. Verse-moi un peu de sherry (H. Bataille, Maman Colibri, 1904, I, 2, p. 3); b) après une négation. Ne... pas de, point de, plus de, etc. Des étourdissements, comme on dirait des vapeurs, pas de sommeil, pas d' appétit (Bernanos, Imposture, 1927, p. 484).
Prononc. et Orth. : [də], [dy], [de] ds les dict. récents : cf. Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Pourtant [ε] ouvert [dε] ds Dub. et ds Warn. 1968 qui réserve cette prononc. au lang. soutenu. Passy 1914 admet [e] ou [ε]. Les dict. plus anc. transcrivent [ε]; cf. Fér. 1768, Land. 1834, Fél. 1851 et Littré. DG comme Warn. 1968 note [ε] pour l'emphase. On fait la liaison quand le mot qui suit commence par une voyelle ou un h non aspiré : des arômes [dezaʀo:m]; des hommes [dezɔm]. Ds Ac. 1694-1932. On rencontre la forme contractée du au masc. sing. devant consonne : du pain, alors que devant voyelle ou h aspiré il n'y a pas contraction : de l'alcool, de l'hydromel. Il y a également contraction dans tous les cas devant plur. : des rillettes, des ortolans. Étymol. et Hist. Cf. de1, prép. Stat. Voir des3, de3. Bbg. Gaatone (D.). Art. et négation. R. rom. 1971, t. 6, no1, p. 2, 12.

DE2, DU2, DE L', DE LA, DES2, art. partitif.

I.− [L'art. précède des noms désignant des choses qui ne sont pas nombrables, pour indiquer leur prise en considération en tant que telles, sans idée de quantité ni de distinction du déf. ou de l'indéf., étant seulement entendu que ces choses ne sont pas envisagées dans leur totalité]
A.− [L'art. précède un nom concr.]
1. [Le nom concr. au sing. désigne normalement une matière, une substance] Boire du vin, de l'eau; manger du pain, de la soupe. De la neige fondue tombait (A. France, Hist. comique,1903, p. 92).La peau des joues, mate, lisse et fine comme de la soie (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 12):
1. Nos ancêtres gaulois, leurs meilleurs clients [des Angles et des Saxons] (comme nous le sommes encore aujourd'hui), leur achetaient, par l'intermédiaire des Romains, des métaux, de la laine et du bois, en échange des armes du Soissonnais, des toiles de Cahors, du vin d'Aquitaine. Morand, Londres,1933, p. 4.
P. méton. [Le nom désigne un adj. substantivé] Regardez-moi qui me démène et qui mâche du grec et de l'hébreu (Claudel, Visages radieux,1947, p. 761).
[Le subst. peut être accompagné d'un adj.] On lui apprit quelques chapitres du catéchisme, comme on enseigne aux merles à siffler « J'ai du bon tabac » (About, Nez notaire,1862, p. 106).
Rem. L'emploi est fréq. dans la tournure il y a. Tiens, tiens! Mais il y a donc du vent? (Sartre, Mots, 1964, p. 124) :
2. − On va laisser le grand monde se régaler. Après, les jeunes mangeront en paix. Et je vous recommande le dessert : il y a des œufs à la neige, de la crème brûlée, de la tarte à Lafayette, de la tarte à la ferlouche, de la tarte aux noix longues. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 120.
2. [La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le nom au sing., quoique désignant normalement un obj. nombrable, désigne p. méton. une matière ou une catégorie] Manger du bœuf, du poulet; voir du pays. On tend sa voile, et l'on fait de la route (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 434).
b) [Si le nom au plur., quoique désignant des choses nombrables, désigne, en vertu de son usage, une catégorie] Manger des œufs. Ils avaient plaisir à nommer tout haut les légumes : Tiens, des carottes! Ah! des choux! (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 20).
Rem. Cet emploi est proche de l'emploi de l'art. indéf. plur. des. Il y avait des gâteaux sur la table, avec une bouteille et des verres (Zola, Germinal, 1885, p. 1469).
c) [Si le subst. est un nom propre (de pers. ou de chose) empl. p. méton. pour désigner une matière] Monsieur Octave vous conseille du xérès (Giraudoux, Lucrèce,1944, I, 1, p. 15).
d) [Si le nom au sing. désigne une pers. prise comme symbole d'une qualité ou d'un caractère] :
3. M. Gladstone m'a paru, sous quelques aspects, un homme de génie, sous d'autres un enfant. Il y a en lui de l'enfant, de l'homme d'État et du fou. Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 2, 1870, p. 268.
En partic. [Avec un nom propre de pers.] Il y avait du Napoléon en lui (A. France, Vie fleur,1922, p. 515).
B.− [L'art. précède un nom abstr.]
1. [Le subst. au sing. désigne normalement un type d'activité ou de production] Il y a du travail pour tous; il y aura de la musique. Aussi bien était-ce là de l'histoire ancienne. Il n'avait pas achevé de dire « taisez-vous » que déjà elles n'y pensaient plus (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 7, p. 173).
[Le subst. au sing. ou au plur. peut être un nom d'artiste, d'écrivain, etc., empl. p. méton. pour désigner une production type, une œuvre caractéristique de tel créateur] Jouer du Bach. J'aurais préféré réciter du Baudelaire (Gide, Geneviève,1936, p. 1356).
Rem. Si le nom est accompagné de (tout) pur, la tournure signifie la caractéristique ou la ressemblance par la manière, par le style :
4. − N'écrivez pas, lui dit Eugène, enveloppez les billets, mettez l'adresse, et envoyez-les par votre femme de chambre. − Mais vous êtes un amour d'homme, dit-elle. Ah! voilà, monsieur, ce que c'est que d'avoir été bien élevé! Ceci est du Beauséant tout pur, dit-elle en souriant. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 167.
2. [Le nom abstr. est un subst. sing. désignant normalement une qualité concr. ou abstr. ou son contraire, un sentiment] Faire de la vitesse; avoir du courage. C'est alors qu'il m'avait appris qu'il avait vécu à Paris et qu'il avait du mal à l'oublier (Camus, Étranger,1942, p. 1128).
[La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le subst., quoique nombrable, désigne p. méton. une qualité, un sentiment] Avez-vous du souci? (Moréas, Cantil.,1886, p. 168).
b) Cf. A 2 d.
c) [S'il s'agit d'un adj. substantivé désignant une qualité ou son contraire] Notre devise doit être en toute circonstance (ne l'oublions jamais!) celle-ci :Du calme!Du calme!Du calme (Villiers de L'I., A., Contes cruels,1883, p. 240).
d) [S'il s'agit d'un syntagme à valeur subst.] C'est une Peugeot... Du soixante à l'heure, mon bon (H. Bataille, Maman Colibri,1904, I, 2, p. 3).
Rem. 1. L'emploi de l'art. déf. soulignerait l'idée de totalité. De la soie « certains types de soie que je connais », opposé à la soie « toute soie ». 2. Constr. a) Lorsque l'art. introduit un subst. précédé d'un adj. ne formant pas loc. avec lui, il est, dans le style noble et archaïsant, remplacé par de. Et cette tunique était inusable (...). Rabiou était un honnête homme qui craignait Dieu et fournissait de bon drap (A. France, P. Nozière, 1899, p. 77). Cette constr. reste plus usuelle dans des expr. désignant des habitudes fam. Elle buvait, en ma présence et à mon insu, d' excellent vin avec son mari (Bloy, Journal, 1892, p. 35). b) Devant les loc. subst. où l'adj. est soudé au subst., cette substitution n'a pas lieu. Avoir du bon sens, de la bonne volonté. On lui aurait fait des gros yeux, on ne voulait pas se laisser commander par lui (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 386).
II.− Emploi partitif, littér. [Du, de la, etc. précède des noms de chose pour indiquer que les choses désignées sont prises dans une part. de leur quantité totale; il est remplacé par de à valeur partitive]
A.− [Devant un nom concr. déterminé, au sing. ou au plur., par un art. déf., un adj. dém. ou poss.] Vous feriez mieux de nous donner de votre vin de Bordeaux (Balzac, Goriot,1835, p. 200):
5. Je détournai les yeux vers les poiriers et les cerisiers du jardin d'en face pour qu'il crût que c'était leur beauté qui me touchait. Et elle me touchait un peu de la même façon, elle mettait aussi près de moi de ces choses qu'on ne voit pas qu'avec ses yeux, mais qu'on sent dans son cœur. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 160.
B.− [Devant un nom abstr. déterminé] Elle tâchait de donner à Lazare de son courage (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1000).
Rem. L'art. prend la forme de a) après une loc. adv. de quantité indéf. Peu de, un peu de, beaucoup de. Verse-moi un peu de sherry (H. Bataille, Maman Colibri, 1904, I, 2, p. 3); b) après une négation. Ne... pas de, point de, plus de, etc. Des étourdissements, comme on dirait des vapeurs, pas de sommeil, pas d' appétit (Bernanos, Imposture, 1927, p. 484).
Prononc. et Orth. : [də], [dy], [de] ds les dict. récents : cf. Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Pourtant [ε] ouvert [dε] ds Dub. et ds Warn. 1968 qui réserve cette prononc. au lang. soutenu. Passy 1914 admet [e] ou [ε]. Les dict. plus anc. transcrivent [ε]; cf. Fér. 1768, Land. 1834, Fél. 1851 et Littré. DG comme Warn. 1968 note [ε] pour l'emphase. On fait la liaison quand le mot qui suit commence par une voyelle ou un h non aspiré : des arômes [dezaʀo:m]; des hommes [dezɔm]. Ds Ac. 1694-1932. On rencontre la forme contractée du au masc. sing. devant consonne : du pain, alors que devant voyelle ou h aspiré il n'y a pas contraction : de l'alcool, de l'hydromel. Il y a également contraction dans tous les cas devant plur. : des rillettes, des ortolans. Étymol. et Hist. Cf. de1, prép. Stat. Voir des3, de3. Bbg. Gaatone (D.). Art. et négation. R. rom. 1971, t. 6, no1, p. 2, 12.

DES3, DE3, art. indéf. plur.

I.− [Devant des noms communs]
A.− [Plur. de un, une, pour marquer la pluralité indéf.]
1. [Il peut s'agir d'une indéfinition pure et simple] Des + subst. ou mot substantivé; de, si le subst. est précédé d'un adj. ne formant pas expression avec lui.Des bois sculptés, des marbres, des porcelaines. Tu auras des enfants, je leur apprendrai à nager et à ramer (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 289).Ne viennent plus que des habitués de quartier, de petites gens qui se saluent comme sur un mail de province (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 3).
− Mais :des grands-pères, des bons mots, des petits pois. Un marchand chinois avait accroché des petits pâtés aux pointes des barbelés (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 195):
1. Si l'on vient à songer aux mille formes que prend à Paris la corruption, parlante ou muette, un homme de bon sens se demande par quelle aberration l'État y met des écoles, y assemble des jeunes gens, comment les jolies femmes y sont respectées, comment l'or étalé par les changeurs ne s'envole pas magiquement de leurs sébiles. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 139.
2. [Avec une nuance de précision éventuellement possible, mais intentionnellement non donnée] Synon. certains.Possoz tira une liste de son sous-main, murmura des noms (Malraux, Cond. hum.,1933p. 295):
2. Des savants prétendent que la chaleur animale se développe par les contractions musculaires, et qu'il est possible en agitant le thorax et les membres pelviens de hausser la température d'un bain tiède. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 66.
En partic.
a) [L'indéfinition peut servir à suggérer l'idée d'échantillon d'une catégorie] Deux employés du métro, des garçons très gentils (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 217):
3. Presque tous les jeunes criminels qui, ces derniers mois, ont comparu devant le jury de la Seine étaient des drogués. Mauriac, Journal 1,1934, p. 8.
Rem. Dans la lang. parlée fam. ou chez les écrivains qui l'imitent, des est souvent employé pour de, parfois avec la nuance de certains. Pourquoi des jeunes compositeurs se détournaient de Beethoven (Bloch, Dest. du S., 1931, p. 16). En partic. dans une énumération :
4. Il eut des danseuses qui le tutoyèrent, des bourgeoises qui lui dirent, mon prince; des grandes dames qui voulaient pécher sans déchoir. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 40.
b) [Quand il s'agit de parties du corps, l'indéf. peut remplacer l'adj. possessif normalement attendu, mais évité pour exprimer la catégorie au détriment de l'appartenance] Elle reporta du côté de Trophime de beaux yeux noirs baignés de toutes les ondes du ciel (Maurras, Chemin Paradis,1894, p. 118).
B.− Emploi emphatique, fam. [Avec une nuance de quantité importante, quoique indéf.]
1. [Le subst. désigne une chose dont la quantité dépasse la norme; il se dégage du contexte une nuance d'impatience ou d'étonnement] Durant des heures, de longues heures. Il avalait des litres d'eau (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 207).Des fatigues de tête, (...) qui se prolongeaient des jours, des semaines, des mois (Gide, Si le grain,1924, p. 429).
a) [L'emphase peut être renforcée par la répétition] Elle prierait des années et des années en songeant à moi (Erckm. Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 130).
b) [Le subst. peut être remplacé par une proposition rapportée au style dir.] [Brandès] nous jetait des : Madame dit..., à mourir de rire par leur indignation (Goncourt, Journal,1896, p. 1004).
2. [Exprimant la même nuance, le subst. est précédé d'un nombre indiquant une quantité relativement importante]
a) [Le subst. est gén. au plur.] Travailler des quinze, seize heures par jour. On lui rendait des dix francs et des quinze francs (Zola, Joie de vivre,1884, p. 902):
5. ... j'ai vu des gueux pareils, qui ressemblaient à de vieux juifs jaunes et décrépits, arrêter des dix, quinze, vingt soldats, et les emmener comme des moutons! Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 214.
b) Très fam. [Le subst. est au sing.] Il y a des endroits où vous avez jusqu'à des un mètre, un mètre cinquante d'eau (Romains, Hommes bonne vol.,t. VII p. 164 ds Rob.).
Rem. 1. Dans les cas énumérés de B 2, des ne peut jamais être remplacé par de. 2. C'est ce des que l'on rencontre dans la loc. bien des + plur. Bien des choses de ma part. Annonciateur de bien des dieux de demain, Romain Rolland (...) nous annonce aujourd'hui la découverte d'une nouvelle nappe souterraine, l'océan mystique de l'Inde moderne (Bloch, Dest. du S., 1931, p. 157). 3. Dans des fois, des a pris dans la lang. pop. la valeur distributive de parfois. Des fois il gelait, des fois il faisait chaud (Zola, Germinal, 1885, p. 1382).
3. Pop. Des suivi d'une loc. substantivée et prenant de ce fait une valeur de pronom indéf. exprimant une catégorie. Synon. certains, certaines personnes.Je ne voudrais pas te voir comme des que nous connaissons, qui ne demandent qu'à balocher (La Petite lune,1878-79, no2, p. 2).T'en connais beaucoup, des comme elle? (M. Stéphane, Ceux du Trimard,1928, p. 120).
II.− [Devant des noms propres de personnes]
A.− P. méton. [Pour marquer un nombre indéf. d'exemplaires d'œuvres d'un artiste] Des Corot, des Rembrandt, des Picasso. Aux murs, des Picasso de la période rose (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 257).
B.− [Pour marquer la caractérisation]
[Sert à désigner un nombre indéf. d'individus appartenant à une famille ou à une collectivité] Des Bourbons :
6. − Allez-vous rentrer dans vos tanières, vauriens! − De la tenue, ma chère, de la tenue! répète sans arrêt M. Rezeau. Les cris n'avancent à rien. Nous sommes des Rezeau, que diable! H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 196.
P. anal. [Le nom qui suit exprime un « type », un personnage incarnant un caractère ou un genre] Vous tombez au pessimisme... Oui, c'est la maladie de la fin du siècle, vous êtes des Werther retournés (Zola, Joie de vivre,1884, p. 993).La France formait des Renoir, des Pascal, des Pasteur (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 367).
Prononc. et Orth. : [de]. La prononc. [dε] n'est plus le fait que de professeurs de diction (surtout du xviiieet du xixes.) pour lesquels la prononc. en [ε] ouvert sert à distinguer des homon. du type des agréments/désagrément, des espoirs/désespoir (cf. Buben 1935, § 4). Fér. 1768 condamne comme fautive la prononc. [də] avec [ə] muet devant voyelle : des amis [dəzami]. Il s'agit d'une tendance répandue du xviieau xviiies. (cf. Buben, loc. cit.). En ce qui concerne la liaison, on la fait devant voyelle y compris devant le nom d'une voyelle : des˘arbres, des˘i, et devant h non aspiré d'orig. lat. : des˘hameçons, des˘hiéroglyphes, des˘hiatus, mais non devant consonne : des/lys, ni devant h aspiré germ. : des/héros, des/haches, des/hallebardes, etc. On ne la fait pas non plus devant uhlans : des/uhlans qui s'écrivait avec h, ni devant l'exclam. ah! : des/ah! d'admiration dans laquelle il s'agit d'une voyelle subséquente sur laquelle on attire l'attention (cf. Fouché Prononc. 1959, pp. 339-340). Admis ds Ac. 1694-1932. Homon. d (lettre), dé. Étymol. et Hist. Ca 1150 (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 2202 : Si li tendoit des blanches flors). Art. partitif des, formé de de* + les. Fréq. abs. littér. : 799 818. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 191 687, b) 1 155 698; xxes. : a) 1 167 926, b) 1 063 000. Bbg. Le Bidois (R.). Au secours du bon lang... Vie Lang. 1955, pp. 268-269.

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Wiktionnaire

Préposition 1 - français

de \də\

  1. Marque un ablatif. Mot indiquant la provenance, l’origine[note 1].
    • Elle vient d’une famille riche, du Canada, de France, des États-Unis.
  2. (Par extension) Particule dans les noms de famille.
    • Charles de Gaulle.
  3. Indique la possession[note 2].
    • La voiture de Sylvie.
  4. Indique une association à la matière.
    • Le pot de fer.
    • Deux litres de bière.
    • Le renard des sables.
  5. Exprime l’appartenance à un nombre.
    • Un groupe de 5.
    • La température était de 30 °C.
  6. Sert aussi à former le complément d’un grand nombre d’adjectifs, le complément d’objet indirect de beaucoup de verbes.
  7. tient lieu encore de diverses autres prépositions.
  8. Elle est quelquefois simplement explétive et donne lieu à divers gallicismes.

Article partitif - français

de \də\ masculin et féminin identiques singulier

  1. Indique une absence. Utilisé pour le COD avec un adverbe négatif comme pas et jamais ou avec la préposition sans.
    • Il n’y a pas de problème.
    • Je n’ai pas de pain.
    • Il l’a fait sans poser de question.

Préposition 2 - français

de \de\ invariable

  1. Utilisé dans certaines locutions d’origine latine, comme de facto.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DE. préposition
qui sert à marquer proprement : 1ø Un rapport de départ, d'extraction, d'origine, etc.; 2ø Un rapport de possession, de famille, de nombre, de matière, etc.; 3ø Elle sert aussi à former le complément d'un grand nombre d'adjectifs, le complément indirect de beaucoup de verbes; 4ø Elle tient lieu encore de diverses autres prépositions; 5ø Elle est quelquefois simplement explétive et donne lieu à divers gallicismes. Iø Dans le sens propre,

DE sert à marquer un Rapport de départ, de séparation, d'extraction, de dérivation, d'origine, etc. Il arrive de Londres. D'où vient-il? Se mouvoir de haut en bas, de bas en haut. Descendre de chenal. S'éloigner de quelqu'un. Ôtez-vous de là. S'écarter de la ligne droite. S'écarter de la route. Partir d'un lieu. Aller d'une ville à une autre, de ville en ville. L'espace qui s'étend du fleuve à la montagne. Une chose transmise de père en fils, de génération en génération. Arracher un clou de la muraille. Les mots qu'on a retranchés de ce passage. L'huile qu'on extrait des olives. Le marbre qu'on tire d'une carrière. Que conclure, qu'inférer de cette réponse? Je l'ai reçu de ses mains. Regarder, considérer, etc., du haut d'une montagne, de près, de loin, d'en bas, etc., Diriger ses regards vers un objet du haut d'une montagne, d'un lieu qui est proche, qui est loin, etc. On dit dans un sens analogue Parler de loin, de près. Écouter de loin, de près, etc. Il s'emploie d'une façon particulière pour distinguer les noms propres désignant des familles nobles, ordinairement empruntés au lieu d'origine, à quelque particularité locale, à une terre, etc. Henri de La Tour d'Auvergne. Madame de Maintenon. Monsieur de Caylus. Dans la plupart de ces dénominations, il y a ellipse d'un titre de noblesse. Madame (la marquise) de Maintenon. Monsieur (le comte) de Caylus. Il se prend quelquefois comme nom par allusion au sens qui précède. Mettre le de devant son nom. Cet emploi est familier. Il sert principalement à marquer la Relation d'une distance ou d'une durée quelconque avec le lieu, avec l'époque où elle commence. Paris est à trente lieues d'Orléans. Il était loin de moi, près de moi, auprès de moi, à deux pas de moi, à quelque distance de moi. Il se vit à deux doigts de sa perte. Distant de... Voisin de... Proche de... Approcher, s'approcher de... De la tête aux pieds. Nous verrons bien des choses d'ici à ce temps-là, d'ici là. D'aujourd'hui en huit. Du jeudi au dimanche. Du matin au soir. De temps en temps. D'heure en heure. De moment en moment. Ils étaient de vingt à vingt-cinq, Leur nombre était entre vingt et vingt-cinq. Je serai chez vous de cinq heures à six, Je serai chez vous entre cinq et six heures. Il s'emploie également dans certaines locutions pour marquer une Relation qui est entre les personnes ou les choses. Il y a une grande différence de l'un à l'autre, de cet homme à celui-là. Différer du tout au tout. Traiter de puissance à puissance, d'égal à égal, de pair à compagnon, de Turc à More, etc. De vous à moi cela ne peut souffrir aucune difficulté. Fam., Ceci est de vous à moi, ceci de vous à moi, Ceci doit rester secret entre vous et moi. Il indique aussi le Rapport d'une portion ou fraction à la totalité, souvent avec l'idée accessoire de retranchement ou d'extraction (et toujours avec complément déterminé). Le tiers, le quart, la moitié de la somme. Il perdit une partie de sa fortune, et, dans un sens analogue, la totalité de sa fortune. Une portion, une partie du territoire. Le reste du temps. Il fait partie de cette assemblée. Donnez-lui un morceau de ce pain. Prenez quelques gouttes de cette potion. Cela n'a rien diminué de sa gloire. Quel est le plus habile de ces deux hommes? ou (en considérant à part l'un de l'autre les termes comparés et en redoublant la préposition) Quel est le plus habile, de cet homme-ci ou de celui-là? Il envoya dix hommes de sa troupe. De deux choses l'une. De deux jours l'un. De tous les pays que j'ai parcourus, aucun ne m'a paru plus beau que la France. On doit rapprocher les locutions Rien du tout, Point du tout, Pas du tout, Pas la moindre chose prise sur le tout. Il a très souvent le sens partitif de Quantité vague, nombre indéterminé. Prendre de la nourriture. Manger de la viande, de bonne viande. Boire du vin, de bon vin, du vin vieux. J'ai de bon tabac. De l'eau bonne à boire. Des soldats braves. De braves soldats. Ce sont de bonnes gens. C'étaient de jeunes et jolies femmes. C'étaient de jeunes fous. Dire de bonnes plaisanteries. Dire de bons mots. Prendre des oiseaux. Donner de l'argent. Je veux du bon, du beau, du neuf, du solide, etc. Il y a des hommes ainsi faits. Il est des moments où... Si j'ai de l'argent, ce n'est pas pour l'aventurer follement. Le pluriel Des a quelquefois le sens de Plusieurs. Il a été des années sans le voir. On y voit des milliers d'arbres. Dans les phrases négatives,

DE partitif équivaut à peu près aux mots NUL, AUCUN, mais alors le nom qui le suit est sans article. Je n'ai de volonté que la tienne. Je ne connais pas d'homme plus importun. Parler sans faire de fautes. Il n'a point tué d'ennemis. Ne pouvoir souffrir de rival, de rivaux. N'avez-vous point d'enfants? N'avoir plus d'amis, de bien. Quelquefois la phrase a un tour négatif et un sens positif. Dans ce cas, le nom qui suit

DE doit toujours être précédé de l'article. N'avez-vous pas de la santé, de la fortune, des amis? que vous faut-il de plus? Il ne peut parler sans faire des fautes. Il sert également dans certaines locutions à marquer Conformité. Je suis de votre avis. Cela n'est pas de mon goût. Les cérémonies d'usage. Ce mot n'est d'usage que dans telle phrase. Cela n'est plus de mode. Cela n'est pas de la bienséance. Cela n'est pas de jeu. Je sais ce qui est de mon devoir. Comme de raison. Comme de juste. De l'aveu de tout le monde. C'est de mon consentement qu'il a fait cela. Il est de fait que... On dit à peu près de même Cela est de rigueur. Être de mise, etc. De par le roi. Formule qui signifiait Au nom du roi et qui se mettait au commencement de divers actes publics portant sommation, injonction, etc. On mettait aussi, en tête des jugements qui autorisaient la saisie ou la vente des biens meubles et immeubles, De par le roi, la loi et justice. IIø

DE sert à marquer Appartenance, dépendance. 1ø Avec un complément déterminé, c'est-à-dire qui indique d'une manière précise telle personne ou telle chose. Le livre de Pierre. La maison de mon frère. La patrie, le nom, la condition, la profession d'une personne. La miséricorde de Dieu. Les actions de quelqu'un. Le siècle de Louis XIV. Le roi de France. Les habitants de Paris. Les arbres des forêts. Les soldats d'une compagnie. Les animaux de telle classe. Un homme du peuple. Les gens de sa profession. Les hommes de l'art. La qualité, la nature, l'essence, la matière d'une chose. La force du lion. La beauté d'une femme. Les charmes de la vertu. Le sujet d'un discours. Le sens d'un mot. La largeur d'un fleuve. La couleur d'une étoffe. La dureté du fer. Le bruit du canon. La lumière du soleil. L'importance d'une affaire. L'agrément d'un séjour. C'est là le propre, le fait d'un ignorant. Elliptiquement, Cela n'est pas d'un honnête homme, Cela n'est pas le propre ou l'action d'un honnête homme. 2ø Avec un complément indéterminé, c'est-à-dire qui n'indique la personne ou la chose que d'une manière vague et générale : Ménage de garçon. Bien de famille. La qualité d'ambassadeur. La profession d'avocat. Caprice d'enfant. Nom d'homme. Nid d'aigle. Poisson de rivière. Eau de fontaine. Voix de femme. Tableau de genre. Pièce de canon, d'artillerie. Excès de chaleur. Couleur d'or. À cet emploi se rapportent plusieurs locutions particulières, telles que : Au lieu de. En vertu de. À titre, en qualité de. À l'égard de. À propos de. À cause de. En conséquence, par suite de. En présence de. À côté de. Au travers de, etc. Nous allons présenter séparément chacun des rapports divers qui ont plus ou moins d'analogie avec celui d'Appartenance, de dépendance. 1ø Rapport d'une chose à celui qui l'a faite, produite, etc. Les tragédies de Corneille. Les tableaux de Raphaël. 2ø Rapport d'une personne ou d'une chose au lieu d'origine; d'une chose au lieu où elle a été faite, où elle s'est passée, etc. Denys d'Halicarnasse. Le vent du nord, du sud. Du vin de Champagne. Un foulard des Indes. Le concile de Trente. La bataille d'Austerlitz. 3ø Rapport au temps, à l'époque. Les institutions du moyen âge. Du vin de telle année. Les mœurs du temps. Les hommes d'à présent, d'aujourd'hui. 4ø Rapport à la cause (presque toujours avec complément indéterminé) Pluie d'orage. Acte de dévouement. Trait de courage. Mouvement d'impatience. Cri de douleur. Accès de fièvre. Larmes de plaisir. Tour de faveur. 5ø Rapport à l'instrument (surtout avec complément indéterminé). Coup de bâton. Coup de fusil. Trait de plume. Signe de tête. Serrement de main. 6ø Rapport d'une personne à une autre, établi par les liens du sang, par quelque alliance, par les sentiments, le devoir, les conventions, etc. Le père d'Alexandre. Le fils de mon ami. L'oncle, le cousin de ma femme. La femme, la veuve d'un tel. Les héritiers du défunt. Les disciples de Socrate. Les amis, les ennemis d'une personne. L'aide de camp d'un général. 7ø Rapport d'une chose à ce qu'elle concerne, à son objet, à sa fin, à son but. Le Ministère de la Justice. L'Administration des Postes. Une société d'assurance. Le commerce des grains. La jouissance d'un bien. Le droit de chasse. La composition d'un ouvrage. La nouvelle d'un événement. La défense d'un accusé, d'une doctrine. Vœu de chasteté. Traité de paix. Acte de vente. Certificat d'origine. Le souvenir d'un événement. Inspirer à quelqu'un l'horreur du vice, la haine des méchants, le mépris des richesses, l'amour du vrai, du juste, etc. On doit rapporter à cet emploi les locutions telles que Le ministre de la Justice, le directeur des Postes, les assureurs d'un navire, le possesseur d'une chose, l'auteur d'un livre, d'un tableau, des rivaux de gloire, et leurs analogues. 8ø Rapport particulier au sujet traité, à la chose expliquée, enseignée, etc. Le titre des successions. Dictionnaire des rimes. Cours d'histoire, de droit. Leçons de dessin, de danse, etc. On dit en des sens analogues Professeur d'histoire. Maître de danse, etc. 9ø Rapport à la destination habituelle ou momentanée (surtout avec complément indéterminé). Salle de spectacle. Place d'armes. Cour de justice. Port de mer. Habit de cérémonie. Vêtement d'homme, de femme. Chien de chasse, d'arrêt. Pierre de touche. Valet de pied. Les hommes de garde, de service, de corvée, etc. On dit dans un sens analogue Être de garde, de service, etc. 10ø Rapport à la profession (presque toujours avec complément indéterminé). Un homme de cabinet, de lettres. Un homme de guerre, d'épée. Un homme de peine. Une femme de ménage. 11ø Rapport à la condition (presque toujours avec complément indéterminé). Un homme de qualité, de condition. Un fils de famille. Un homme de basse extraction. Un homme de peu, de rien. 12ø Rapport d'une personne ou d'une chose à ce qui la modifie et la distingue, à sa qualité, à sa nature, etc. Un homme de haute taille. Une personne de mauvaise mine. Un homme de génie, de courage, de bonne volonté. Un enfant d'un bon naturel. Une rivière de peu de largeur. Une chose de même grandeur, de la même grandeur qu'une autre. Affaire d'importance. Marchandises de bonne, de mauvaise qualité. Remède d'un effet sûr. Étoffe de durée. Robe de couleur. Fruit de forme ronde. Poudre de senteur. 13ø Rapport particulier d'une personne ou d'une chose à ce qui constitue sa dimension, sa valeur, sa durée, sa force, etc. Un homme d'un mètre quatre-vingt-cinq. Une pièce de vingt francs. Une dot de cent mille francs. Une armée de cent mille hommes. Une maison de cinq étages. Un vers de dix syllabes. Un enfant de six mois. Un froid de dix degrés. 14ø Rapport du contenant au contenu. Une bouteille de vin. Une tasse de café. Un panier de fraises. 15ø Rapport de la partie au tout, à l'ensemble. - Avec complément déterminé : La main d'une personne. Le derrière de la tête. Le bout du doigt. La lame d'une épée. Le pied d'une montagne. Les colonnes d'un temple. Le commencement, la fin, le milieu, l'extrémité de quelque chose. - Avec complément indéterminé : Une lame d'épée. Une main de femme. Une branche d'arbre, etc. 16ø Rapport d'une chose à ce dont elle est formée (toujours avec complément indéterminé). Une goutte d'eau. Une prise de tabac. Un morceau de pain. Une pièce de terre. Une somme d'argent. Un escadron de hussards. Un couple de pigeons. Une classe d'animaux. Un recueil de poésies. Les expressions de quantité forment avec la préposition De un grand nombre de locutions, qui toutes se rapportent à cet emploi. Beaucoup d'argent. Trop de richesses. Assez de pouvoir. Peu de bien. Plus de monde. Moins de ressources. Combien de soldats. 17ø Rapport particulier d'une chose à la matière dont elle est faite. Une porte de bois. Un pont de pierre. Une barre de fer. Une tabatière d'or. Une table de marbre. Un habit de drap. Un lit de plume. Un collier de perles. C'est un homme de chair et d'os comme vous et moi. On dit figurément Un cœur de roche. Un bras de fer.

DE s'emploie, dans certaines locutions consacrées, pour exprimer l'Excellence d'une chose sur toutes les autres choses de même nature; en termes d'Histoire Sacrée, Le Saint des saints, Le lieu le plus saint du temple. Le Cantique des cantiques, Le cantique par excellence. Vanité des vanités, La plus grande des vanités. Dans le style élevé, L'Être des êtres, L'Être suprême, etc. On dit, dans un sens analogue, Le fin du fin. Il sert quelquefois à déterminer les noms qui désignent une Personne considérée par rapport à une certaine qualité. Possesseur de fait. Héritier de droit. Il n'était roi que de nom. Anglais d'origine. Français de cœur. Il est chirurgien de profession, de sa profession. On dit à peu près de même Possession, gouvernement, puissance de fait. Il se met encore, dans le discours familier, après un nom, ou après un adjectif qui peut être employé comme nom, pour joindre ces mots avec le nom de la personne ou de la chose qu'ils qualifient. Ce diable d'homme. Quel chien de métier! Un fripon d'enfant. Un drôle de corps. Une drôle d'affaire. IIIø

DE précède également le mot ou les mots qui servent à déterminer, à préciser la signification d'un adjectif. Plein d'eau. Vide de sens. Bien fait de sa personne. Doux et humble de cœur. Perclus de tous ses membres. Large de six mètres. Âgé de trente ans. Digne d'envie, d'estime, de louange. Sûr de son fait. Responsable de quelque chose. Avide de gain. Jaloux des succès d'autrui. Après un verbe, il introduit souvent le nom qui indique la Matière, l'instrument, le moyen, l'objet indirect de l'action, la cause, etc. Il a fait de ce bloc une statue admirable. Il veut faire de son fils un avocat. Faire de nécessité vertu. Déjeuner d'un pâté. Frapper du pied la terre, le plancher. Se servir d'un couteau. S'armer de résolution. User d'adresse. Payer de ses deniers. Payer de sa personne. Envelopper de paille. Frotter d'huile. Charger de marchandises une voiture, un bateau. Dépouiller quelqu'un de ses habits. Combler de pierres un fossé, un puits. Élever de plusieurs pieds une digue, une muraille. Accabler de coups, de reproches. Pourvoir des choses nécessaires. Priver quelqu'un de ses biens, de la vue. Accuser d'un crime. Enflammer de courroux. Ravir de joie. Toucher de compassion. Souffrir de la goutte. Souffrir des yeux, de la poitrine. Mourir de faim. Trembler de peur. Il sert quelquefois â introduire l'attribut du complément d'objet d'un verbe transitif. Traiter quelqu'un de lâche, le qualifier de traître; se qualifier de prince, etc., Appeler quelqu'un traître, lâche; prendre le titre de prince, etc. On dit de même Taxer de folie, de sottise, etc. Souvent

DE est suivi d'un infinitif, lorsqu'il sert, comme dans les divers exemples qui précèdent, à déterminer les mots qui expriment une action, une qualité. On l'accusa d'avoir conspiré. Je vous charge de lui écrire. Faites-leur signe d'approcher. S'efforcer de marcher. Il s'excusa d'y aller. Se repentir d'avoir trop parlé. Désespérer de réussir. S'ennuyer de lire. Il se place de même entre certains verbes transitifs et l'infinitif qui indique l'objet direct de l'action. On lui conseilla de partir. Négliger d'écrire. Se proposer de faire une chose. Dites-lui de venir. Avant que l'orateur eût commencé de parler. Il ne laissa pas de le faire. Il mérite d'être admis. Plusieurs verbes, tels que Commencer, continuer, etc., se construisent, devant l'infinitif, tantôt avec la préposition De, tantôt avec la préposition À. Il concourt pareillement, avec l'expression qu'on lui donne pour complément, à indiquer la Manière dont une action se fait, s'exécute, et quelquefois pour exprimer un état. Faire entrer quelqu'un de force. Frapper d'estoc et de taille. Jouer de bonheur, de malheur. Boire d'un seul trait. Franchir d'un saut, d'un bond. Être de travers. Regarder de côté. Parler d'abondance. Répondre de vive voix. D'une voix unanime. Peut-on se comporter de la sorte? Je m'y prendrai de telle manière. De façon ou d'autre. Tous deux étaient d'intelligence. Ils ont agi de concert. Agir de soi-même, de son chef, de son propre mouvement. Aimer de tout son cœur. Cela va de soi. Posséder de fait. Succéder de droit, de plein droit. IVø

DE a quelquefois pour complément le mot qui désigne la Personne ou la Chose d'où part l'action qu'éprouve une autre personne, une autre chose; et alors il équivaut à la préposition PAR. Se faire suivre de ses gens. Ce mot est quelquefois précédé de tel autre. Il voulait n'être vu de personne. Je ne suis pas connu de vous. Se faire aimer, se faire bien venir, se faire haïr de quelqu'un. Il est respecté de tous. Il s'emploie aussi après beaucoup de verbes, ou de locutions qui en tiennent lieu, dans le sens des mots Sur, touchant, concernant, relativement à. Je l'informerai de votre arrivée. Ce mot se dit de telle chose. Que pensez-vous de cela? Médire de quelqu'un. S'ingérer, se mêler des affaires d'autrui. Parler d'une affaire. Trafiquer, faire trafic de quelque chose. Décider du sort de quelqu'un. Traiter de la paix. Il ne s'agit point, il n'est point question de cela. Répondre de quelqu'un. Désespérer de sa guérison. Se méfier de quelqu'un. Féliciter quelqu'un d'un succès. Se repentir d'une faute. Se plaindre de quelqu'un. Faire justice d'un traître. Différer d'avis. Justifier de sa qualité. Rendre compte de sa gestion. Demander réparation d'une injure. Faire fi de quelque chose. Cela fait foi de ce que j'ai avancé. Il en sera de cela comme du reste. Pour ce qui est de lui. C'est fait de nous. Il y va de ma vie. Ce chapitre traite de telle matière. La peste soit du maladroit! etc. Souvent, dans les titres d'ouvrages, de chapitres, etc., tout ce qui précède la préposition est sous-entendu; ainsi on dit simplement De la chasse, Du théâtre, etc. pour dire Ouvrage, chapitre, article qui traite, où il est parlé de la chasse, du théâtre, etc. Fam., On dirait d'un fou, etc. Voyez DIRE. Devant le mot Côté désignant un lieu, un endroit ou une face de quelque objet, De reçoit plus fréquemment une valeur analogue à celle de Vers, dans, à, sur. Mettez-vous de ce côté-ci, vous verrez mieux. Il est allé du côté d'Orléans. Voulez-vous que nous passions de l'autre côté? Regardez bien de ce côté. Cette robe est plus longue de ce côté que de l'autre. On en rapproche les locutions suivantes : De côté et d'autre. D'un côté... de l'autre ou d'un autre. D'une part... d'autre part. D'une et d'autre part. De mon côté, Pour ce qui me regarde. Se ranger, se mettre du parti de quelqu'un, Embrasser son parti.

DE entre aussi dans plusieurs locutions adverbiales, ou autres, qui indiquent une Certaine époque ou une certaine durée. Nous partîmes de nuit, de jour. Je sortis de bonne heure. De grand matin. De présent (en termes de Procédure). Du vivant d'un tel. C'était bien autre chose de mon temps. De tout temps il en fut ainsi. Il ne viendra pas d'aujourd'hui. Il ne m'a pas quitté de tout le jour. Je ne le reverrai pas de huit jours. De ma vie je n'ai vu pareille chose. De mémoire d'homme.

DE sert quelquefois à unir le nom commun d'une chose avec le mot ou l'expression qui la distingue de toutes les autres choses semblables. La ville de Paris. Le fleuve du Rhône. Le mois de septembre. La comédie du " Misanthrope ". Le mot de gueux est familier. Le cri de Vive le roi! Souvent,

DE précède un infinitif pour remplacer un mode personnel au passé. L'action est exprimée ainsi avec plus de vivacité. C'est ce qu'on appelle l'infinitif de narration ou l'infinitif historique. Aussitôt les ennemis de s'enfuir et de jeter leurs armes. Il s'éloigna tout honteux, et nous de rire. Lorsqu'un infinitif est placé après le verbe dont il est le sujet, il est précédé régulièrement de la préposition De. On dit Mentir est honteux et Il est honteux de mentir. C'est folie, c'est être fou que d'entreprendre cela. C'était peu pour lui d'avoir obtenu cet avantage. C'est à vous qu'il appartient de l'interroger. Il est juste de le récompenser. Il convient d'agir promptement. Il importe de le savoir. Il suffira de vous dire que... Il entre dans ses vues de leur laisser ignorer cela. À quoi sert-il de dissimuler? ou simplement Que sert de dissimuler? L'essentiel, le principal, le plus sûr est d'agir ainsi, de faire telle chose.

DE, précédant un adjectif, un participe passif, etc., est explétif et peut ordinairement se résoudre par un pronom relatif suivi du verbe Être. Il y eut mille hommes de (qui furent) tués. Il y a dans ce qu'il dit quelque chose de (qui est) vrai. Y a-t-il quelqu'un d'assez (qui soit assez) ignorant pour... Je ne vois rien là de (qui soit) bien étonnant. A-t-on jamais entendu rien de (qui soit) pareil? Sa conduite n'a rien de (qui soit) noble. Rien de (qui soit) plus simple que cela. Je ne vois rien là de (qui soit) mieux. Sinon, rien de fait (qui soit fait, arrêté, conclu). Pour toutes les autres locutions, telles que D'avance, d'abord, d'ailleurs, du moins, de suite, du reste, de plus belle, de nouveau, d'ordinaire, de grâce, de retour, etc., voyez les différents articles des mots qui accompagnent la préposition.

Littré (1872-1877)

DE (de) prépos.
  • 1Suivi de l'article le, de se contracte en du avant un nom qui commence par une consonne ou une h aspirée ; suivi de l'article les, il se contracte en des ; devant une voyelle ou une h muette, l'e de de s'élide. Les sens de la préposition de, comme ceux de la préposition à, sont très nombreux et passent par des nuances que l'on saisit mieux en la considérant dans ses constructions avec les espèces de mots qu'en essayant de les rendre par des périphrases. En conséquence ces constructions seront rangées en dix classes ainsi qu'il suit : A. De entre un substantif et un autre mot ; B. de entre un adjectif et un autre mot ; C. de construit avec un pronom personnel ; D. de construit avec un pronom interrogatif ; de construit avec le pronom démonstratif celui ; E. de entre un nom de nombre et un autre mot ; F. de entre un verbe et un verbe ou un autre mot ; G. de avec un adverbe ; H. de avec une préposition ; I. de construit avec une conjonction ; J. conjonction composée avec de.

    A. De entre un substantif et un autre substantif. 1° Il marque un rapport d'appartenance. Le livre de Pierre. Les fables de la Fontaine. Les malheurs de la guerre. J'ai suivi en cela l'avis de tous les jurisconsultes et de la plupart des casuistes. Pour vous voir renoncer par l'hymen d'une reine à la part qu'ils avaient à la grandeur romaine, Corneille, Nicom. I, 2. Lui même en diverses formes Range les troncs coupés des chênes et des ormes, Rotrou, Herc. mour. V, 1. Jusqu'ici de l'amour dédaignant la puissance, Je n'ai connu d'ardeur que celle des combats, Rotrou, Bélis. I, 6. Le cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Reims… grand génie, grand homme d'État, d'une vive et agréable éloquence, savant même pour un homme de sa qualité et de ses emplois, Bossuet, Var. IX, § 91. Il paraît que Quintilien est né la seconde année de l'empereur Claude, qui est la quarante-deuxième de Jésus-Christ, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. XI, 2e part. p. 706, dans POUGENS. Ô muses, accourez, solitaires divines, Amantes des ruisseaux, Chénier, Élég. XI.

    Il exprime le sentiment qu'on a pour quelqu'un ou quelque chose. Antoine sur sa tête attira notre haine En se déshonorant par l'amour d'une reine, Corneille, Cinna, III, 4. L'horreur que tu fais voir d'un mari vertueux…, Corneille, Hor. V, 3. Quelle reconnaissance, ingrate, tu me rends Des bienfaits…, Corneille, Héracl. IV, 5. Grâce à ce conquérant, à ce preneur de ville ! Grâce… - De quoi, madame ? est-ce d'avoir conquis Trois sceptres…, Corneille, Nicom. IV, 2. Le respect des autels, la présence des dieux, Corneille, Théodore, II, 4. C'est elle [la foi] qui a produit dans les patriarches l'amour de Dieu, la confiance en ses bontés, le zèle de sa religion, l'espérance de ses promesses, Fléchier, Panég. II, 473. Sans respect des aïeux dont elle est descendue, Boileau, Sat. v. Du zèle de ma loi que sert de se parer ? Racine, Athal. I, 1. Est-ce que de Baal le zèle vous transporte ? Racine, ib. III, 3. À l'amour de Pharnace on impute mes pleurs, Racine, Mithr. II, 6.

    Il exprime un rapport d'origine, de dérivation. Le vent du nord. Les peuples du midi. Les productions des colonies.

    Il marque l'objet, le but, la fin, la nature, la qualité ; dans ce sens il forme avec le terme qui le suit une expression adjective. Acte de vente. Un homme de génie. Un homme de rien. Il est certain que les œuvres de miséricorde ne sont pas seulement de conseil, mais de précepte dans le christianisme, Bourdaloue, Exhort. char. env. les nouv. cath. t. I, p. 134. Des conseillers d'iniquité, des ministres de la volupté, Massillon, Car. Dang. des prosp. temp. Pour aller consulter l'homme de Dieu, Massillon, ib. Inconstance. Tout pécheur est donc un enfant de mort et de colère, Massillon, ib. Empl. du temps. Hélas ! ils sont des enfants de lumière pour les affaires du siècle, Massillon, ib. Pet. nombre des élus. Dieu à qui il n'est pas plus difficile de faire naître l'enfant de la promesse d'une vieillesse stérile que d'un âge plus fécond, Massillon, ib. Fausse confiance. Le crime, cet enfant de ténèbres, ne craint pas la lumière, Massillon, ib. Resp. hum. Lorsque nous vous exhortons à fuir les spectacles lubriques, les assemblées de péché, Massillon, ib. Fausse conf. La malignité de l'ennemi, dit saint Augustin, dresse depuis longtemps deux piéges dangereux à la faiblesse des hommes : un piége de séduction et un piége de terreur, Massillon, ib. Resp. hum. Des entretiens dangereux et des commerces de passion remplissent le reste de ses journées, Massillon, ib. Mauv. riche. Ce n'est pas ici une chaire de contention, c'est le lieu de la vérité, Massillon, ib. Par. de Dieu. Plus Jésus-Christ diminue dans votre cœur, plus l'homme de péché augmente et se fortifie, Massillon, ib. Commun. Cette eau de jalousie dont il est parlé dans le Lévitique, Massillon, ib. Commun. 2. Dans ces maisons de retraite, de prière, d'austérité, où il semble que le Seigneur devrait trouver cette foi qui n'est plus dans le reste de la terre, Massillon, ib. Vocation. Cet homme de péché que nous portons dans notre fonds, Massillon, Panég. St Bernard. Ne faisons pas de la profession sainte de la piété une vie d'humeur et de caprice, Massillon, Car. Injust. du monde. Cette voix de vertu qui se fait entendre dans l'abîme où l'âme est ensevelie, Massillon, ib. Lazare. Après bien des années de vertu, Massillon, ib. Qu'il est difficile de regarder comme un exil une terre de délices ! Massillon, ib. Dang. des prosp. temp. Vous placez dans le sanctuaire des vases de rebut et d'ignominie, Massillon, ib. On ne passe pas en un instant d'un état de justice à un état de péché, Massillon, ib. Inconst. L'éducation chrétienne est une éducation de retraite, de pudeur, de modestie, de haine du monde, Massillon, ib. Petit nombre des élus. Une vie entière de prière et de vigilance, Massillon, ib. Tiédeur.

    Il exprime l'instrument. Un coup de fusil. Un signe de tête. Un serrement de main.

    Il exprime la destination. Une salle de spectacle. Un habit de ville. Couverture de mulet. Couvertures de chevaux. Des souliers de chasse.

    La profession. Un homme de guerre. Une femme de ménage. Un garçon de magasin. Un marchand de vin. Un marchand de vins fins. Un marchand de paille, de foin. Un marchand de plumes à écrire. Un marchand de plumes pour faire des lits.

    La matière. Une table de marbre. Une tabatière d'or. Pâte d'amandes. Du sucre de pomme. Une marmelade de pommes. Sirop de groseille. De la fécule de pomme de terre. Un ragoût de pommes de terre.

    Le contenu. Une pièce de vin. Une tasse de lait. Un baril d'olives. Une assiette de poires. Une pension de femmes.

    La durée Une guerre de vingt ans. Un travail de dix années.

    Il exprime la date. Un lièvre de trois jours [un lièvre tué depuis trois jours]. Les démons chassés, les aveugles nés guéris, les morts de quatre jours ressuscités, Bourdaloue, Myst. Résurr. de J.-C. t. I, p. 320.

    La dimension. Un voile de deux aunes. Un homme de six pieds.

    La valeur. Une pièce de cent sous. Une maison de cent mille francs.

    La quantité. Une armée de cent mille hommes. Une population de quinze cents âmes.

  • 2De sert à unir le nom commun d'une chose avec le mot particulier qui la distingue de toutes les autres choses semblables. La ville de Paris. Le mois de mai. Le mot de langue. Ils ont exclu l'unité de la signification du mot de nombre, Pascal, Pens. I, 2. On entend ce que l'on conçoit par le terme de temps ; c'est ce mouvement supposé, Pascal, ib. I, 2. Il ne s'ensuivra pas de là que la chose qu'on entend naturellement par le mot de temps soit en effet le mouvement d'une chose créée, Pascal, ib. Par suite de cette définition il y aura deux choses qu'on appellera du nom de temps, Pascal, ib. Cet usage du mot de sceptre se trouve à toutes les pages de l'Écriture, Bossuet, Hist. II, 2. Tous les termes de la prophétie sont clairs ; il n'y a que le mot de sceptre que l'usage de notre langue nous pourrait faire prendre pour la seule royauté, Bossuet, ib.

    On disait de même dans le XVIIe siècle : l'année de 1691, et ainsi de suite. Aujourd'hui on supprime de préférence le de : l'année 1862.

  • 3Construction de de entre un substantif ou un adjectif pris substantivement et un autre substantif, laquelle est analogue à celle de : la ville de Paris, et dans laquelle le nom construit avec de ne fait que déterminer le nom précédent comme Paris détermine ville : un fripon d'enfant, c'est un fripon qui est un enfant ; mon bourreau de maître, c'est mon bourreau qui est mon maître, et ainsi de suite. Réglez-vous, regardez l'honnête homme de père Que vous avez du ciel ! comme on le considère ! Molière, l'Étour. I, 9. Ô traître ! ô bourreau d'homme, Molière, ib. II, 9. Eh bien, ne voilà pas mon enragé de maître, Molière, ib. V, 7. Et ce jaloux maudit, ce traître de Sicilien, me fermera toujours tout accès auprès d'elle, Molière, Sicil. 5. Vous devez rendre grâces au ciel de l'honnête homme de père qu'il vous a donné, Molière, Avare, I, 10. Votre coquine de Toinette est devenue plus insolente que jamais, Molière, Mal. imag. I, 6. Un saint homme de chat bien fourré, gros et gras, La Fontaine, Fabl. VII, 16. Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans pitié) Prit sa fronde, et du coup tua plus d'à moitié La volatile malheureuse, La Fontaine, ib. IX, 2. Il tardait à la dame D'y rencontrer son perfide d'époux, La Fontaine, Richard. Sa chienne de face, Molière, École des F. IV, 2. Si mon traître d'époux par bonheur était mort, Regnard, Démocr. amour. II, 8. Quel chien de train ! quelle chienne de vie ! Rousseau J.-B. IV, Épig. 5. Un diable de neveu Me fait par ses écarts mourir a petit feu, Piron, Métromanie, II, 1. J'ai une drôle d'idée dans la tête, Voltaire, Corresp. génér. 26 janv. 1740. Mes bourreaux de symphonistes raclaient à percer le tympan d'un quinze-vingts, Rousseau, Conf. IV. Tiens ! va dire à ton sot de précepteur qu'il te donne d'autres thèmes, Brueys, Grondeur, I, 8. Depuis, dis-je, qu'il a perdu, par une querelle de jeu, son libertin de fils aîné, tu sais comment tout a changé pour nous, Beaumarchais, Mère coup. I, 2.
  • 4De, placé entre les titres et les noms propres de famille, s'emploie comme signe de noblesse. Madame de Sévigné. Le duc de la Rochefoucauld. De, qualification nobiliaire pris substantivement. Il a ajouté un de à son nom. Il a pris le de. Le de s'usurpait aussi par qui voulait depuis longtemps, Saint-Simon, 106, 127. Il n'est vilain qui faute de mieux ne mette au moins un de à son nom, Courier, I, 118. C'est sa nouvelle fantaisie de mettre un de avec son nom, depuis qu'il est éligible et maire de la commune, Courier, 2e lettre particulière. Eh quoi ! j'apprends que l'on critique Le de qui précède mon nom, Béranger, Vilain.
  • 5De placé entre un mot et ce même mot répété exprime l'excellence ; usage qui, provenant de la langue hébraïque, ne s'étend guère au delà des locutions bibliques ou de locutions formées sur ce modèle. Le saint des saints, le lieu le plus saint dans le temple de Jérusalem. Le cantique des cantiques, titre d'un cantique qui est dans la Bible. L'être des êtres, Dieu. Vanité des vanités, et tout est vanité ; c'est la seule parole qui me reste ; c'est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur, Bossuet, Duch. d'Orl. Humble, et du saint des saints respectant les mystères, J'héritai l'innocence et le Dieu de mes pères, Lamartine, Médit. I, 20.
  • 6De entre un substantif et un verbe à l'infinitif, ce qui est une espèce de substantif. L'art de bien dire. La faculté de prévoir. Aura-t-il la force d'achever un tel travail ?

    Entre un substantif et quelques mots considérés habituellement comme des adverbes. La journée de demain.

    Entre un substantif et une préposition. Le pays d'au delà la Loire. Notre esprit la reçoit [la foi] à son premier réveil, Comme les dons d'en haut, la vie et le soleil, Lamartine, Médit. I, 18.

  • 6De pris partitivement ; ce qui d'ailleurs, au fond, n'est encore que le cas de de entre un substantif et un autre substantif, puisque, dans la construction partitive, un substantif est sous-entendu. Des hommes m'ont dit, c'est-à-dire un certain nombre d'hommes. De bons livres, c'est-à-dire un certain nombre de bons livres. Nous ne pouvions jeter les yeux sur les deux rivages sans apercevoir des villes opulentes, des maisons de campagne agréablement situées, des terres qui se couvraient tous les ans d'une moisson dorée, des prairies pleines de troupeaux, Fénelon, Tél. II. La corruption qui tous les jours peut produire de nouveaux fruits de mort, Massillon, Car. Fausse confiance. Là, Vénus, me dictant de faciles chansons, M'a nommé son poëte entre ses nourrissons, Chénier, Éleg. VIII.

    De pris partitivement devant un nom singulier : je n'ai point d'argent ; il n'a pas eu de contentement ; je n'ai jamais vu de ville plus jolie ; en ce cas le substantif est un nom qui admet la division, ou qui, ne l'admettant pas de sa nature, est considéré comme une sorte de nom collectif divisible : je n'ai point portion d'argent : il n'a pas eu portion de contentement ; je n'ai jamais vu (ville) plus jolie (dans le genre) de ville. Et quoi ? dit le père, que pourrait-il y avoir de manque après que tant d'habiles gens y ont passé ? Pascal, Prov. 6. David ne donna jamais de plus beau combat, Bossuet, Marie-Thér. Vous ne faites rien de cela dans la vie que vous menez, Bourdaloue, Instr. prudence du salut, exhort. t. II, p. 405.

    De se prend partitivement aussi devant un nom de nombre. Nous voyons que les premiers hommes, lorsque le monde plus innocent était encore dans son enfance, remplissaient des neuf cents ans par leur vie, Bossuet, Yol. de Monterby. Voit-on fleurir chez eux des quatre facultés ? Boileau, Sat. VIII. Je n'aime point ces rois qui ont des trois cents femmes, Voltaire, Dial. XV, 5. Je suis un paresseux, mon cher philosophe ; je crois que c'est une mauvaise qualité attachée au peu de santé que j'ai ; je passe des six mois sans écrire à mes amis, Voltaire, Lett. Pitot, 19 juin 1741.

    De pris partitivement dans une phrase négative avec que, construction dont le sens est pas autre. Nous n'avons point de roi que César, Bossuet, Hist. II, 10.

    De pris partitivement devant certain. Nous bûmes de certain vin. De certains hommes vinrent à nous. Ceux [les principes] de la volonté sont de certains désirs naturels et communs à tous les hommes, comme le désir d'être heureux, Pascal, Pensées, I, 3. Et cela pourrait expliquer de certaines bizarreries, Vauvenargues, Vivac.

    Aujourd'hui on supprime souvent le de devant certain.

    De employé partitivement devant aucuns, aucunes dans le XVIIe siècle et signifiant quelques-uns, de certaines personnes. Il y en a d'aucunes qui prennent des maris seulement pour se tirer de la contrainte de leurs parents, Molière, Mal. imag. II, 7. Cette tournure n'est plus usitée.

    De, dans une construction où au fond il est explétif, devant des adjectifs ou des participes pris partitivement d'après l'analyse grammaticale. Il y eut cent hommes de tués. Est-il quelqu'un d'assez osé ? Je n'y vois rien d'étonnant. Sa conduite n'a rien de généreux. Payez ; sinon, rien de fait [rien qui soit fait, arrêté, conclu]. Ces phrases se résolvent en : de tués, il y eut cent hommes ; d'assez osé, d'homme assez osé, est-il quelqu'un ? etc. toutes constructions qui grammaticalement sont partitives. Sans doute ils n'ont aucun dessein d'arrêté, Pascal, Prov. 5. Est-il rien de plus noir que ta lâche action ? Molière, Sganar. 16. Mais ce qui me paraît encore de plus honorable à la vertu, c'est que…, Massillon, Car. Resp. hum. Il est vrai qu'il n'y en avait eu que trois mille cinq cents de vendus en quatre ou cinq jours, D'Alembert, Lett. à Volt. 22 sept. 1767.

    Des grammairiens modernes ont prétendu qu'il n'était pas correct de dire : il y a eu cent hommes de tués, et que le de devait être supprimé. La question avait été agitée déjà du temps de Vaugelas qui déclare que le de est appuyé par de bons auteurs. Aujourd'hui l'usage l'a consacré, usage qui d'ailleurs n'a rien d'inexplicable grammaticalement. Il n'y a rien qui paraisse de plus insensé à ceux qui ne sont pas éclairés d'en haut, Bossuet, Hist. II, 11. On remarquera cette tournure : Bossuet ayant à construire rien de plus insensé avec paraître, a mis le verbe au milieu ; construction qui peut sembler insolite, mais qui est bonne et à imiter.

    Il n'y a rien de tel que l'adversité pour mûrir un homme. On dit aussi sans le de : il n'y a rien tel que…

    De se construit de même partitivement et explétivement, avec les mots mieux, pis, plus, moins. Vous n'aurez rien de plus. Quoi de pis que de se déshonorer ? Étranger que j'étais, je n'avais rien de mieux à faire que d'étudier cette foule de gens qui y abordaient sans cesse, Montesquieu, Lett. pers. 48.

  • 8De pris absolument devant un substantif, exprime la manière, la disposition, l'état, la situation. De gaieté de cœur. De colère il rompit l'entretien. De peur d'un plus grand mal il céda. De côté et d'autre. Du côté des ennemis. Je les suivis de rage et m'y rangeai comme eux, Corneille, Sertor. I, 3. De bonheur pour ce loup qui ne pouvait crier, Près de là passe une cigogne, La Fontaine, Fabl. III, 9. De bonheur pour elle ces gens partirent tout aussitôt, La Fontaine, Psyché, II, p. 118. Que ne l'émondait-on sans prendre la cognée ? De son tempérament il eût encor vécu, La Fontaine, Fabl. X, 2. Mille gens le sont bien, sans vous faire bravade, Qui de mine, de cœur, de biens et de maison Ne feraient avec vous nulle comparaison, Molière, Éc. des f. IV, 8. Elles étaient, de leur fond et par leurs penchants, douces, patientes, équitables, droites, régulières, Bourdaloue, 2e dim. après l'Épiph. Dominic. t. I, p. 104. Soit d'imprudence, soit de générosité, la suivante crie du milieu des flots : Sauvez-moi, je suis la mère de l'empereur, Diderot, Ess. s. Claude. De lassitude, Messaline se jette dans un de ces tombereaux qui transportent les immondices des jardins, Diderot, ib. Lorsque Vénus, du haut des célestes lambris, Sans armes, sans carquois vint m'amener son fils, Chénier, Élég. II.

    En cet emploi, de signifie parfois : en fait de. N'avoir du pouvoir que l'apparence. Vivre avec des hommes qui n'ont presque de l'homme que la figure, Bourdaloue, Exhort. char. env. un sémin. t. I, p. 157.

    D'honneur, d'homme d'honneur, sorte d'affirmation interjective signifiant sur mon honneur, sur la parole d'un homme d'honneur. Bon ! voilà l'autre encor, digne maître D'un semblable valet ! ô les menteurs hardis ! - D'homme d'honneur, il est ainsi que je le dis, Molière, Dép. am. III, 8.

    De exprimant qu'il est question, qu'il est traité d'une matière. De la chasse. De la tragédie grecque. Des peintres italiens du XVIe siècle. Il y a de sous-entendu : livre, chapitre qui traite de la chasse, etc.

    Pendant. De nuit. De jour, la chouette se cache dans les trous, et de nuit elle va chercher sa pâture. Ils ne me mettront d'aujourd'hui en colère, Sévigné, 420. Sans que de tout le jour je puisse voir Titus, Racine, Bérén. IV, 5. Ce chasseur perce donc un gros de courtisans, Plein de zèle, échauffé, s'il le fut de sa vie, La Fontaine, Fabl. XII, 12. Il [Josèphe] avoue qu'il ne put jamais la bien prononcer [la langue grecque], parce qu'il ne l'avait pas apprise de jeunesse, les Juifs estimant peu l'étude des langues, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, ch. 2, art. 1er, § 2. Et je suis plus heureux dans ma captivité Que je ne le fus de ma vie Dans le triste bonheur dont j'étais enchanté, Rousseau J.-B. Cantate, Triomphe de l'amour. Heureux si, de son temps, pour cent bonnes raisons, La Macédoine eût eu des Petites-Maisons, Boileau, Sat. VIII. Ne t'ai-je pas trouvé de nuit tuant un mouton ? Bruyeis, Avoc. Pat. I, 8.

    À partir de. Du moment qu'il l'a vue, Les troubles ont cessé, sa joie est revenue, Corneille, Soph. II, 1. Je n'avais ni dormi, ni mangé de vingt-quatre heures, Sévigné, 219. Je suis ici de jeudi, Sévigné, 287. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'ils méditent ce dessein, Pascal, Prov. 19. De ce jour tu verras Thyeste dans mes chaînes, Créb. Atrée, I, 3. De, construit de cette façon, indique le changement d'état, de condition : de commis il devint directeur. Ordre lui vient d'aller au fond de la Norvége, Prendre le soin d'une maison En tout temps couverte de neige ; Et d'Indou qu'il était on vous le fait Lapon, La Fontaine, Fabl. VII, 6. Ils forgeront de leurs épées des socs de charrue et de leurs lances des faux, Sacy, Bible, Isaïe, II, 4. Et que le sort burlesque, en ce siècle de fer, D'un pédant, quand il veut, sait faire un duc et pair, Boileau, Sat. I.

    Cette construction s'emploie aussi avec les adjectifs. De pauvre il devint riche. De chrétien qu'on était, on devient peu à peu tout mondain et presque païen, Bourdaloue, Sur la fausse consc. 1er avent, p. 160.

    De… en… exprime que l'on va d'un lieu, d'un objet en un autre. Errer, un livre en main, de bocage en bocage, Chénier, Élég. XI.

    De… à… exprime, au physique ou figurément, l'intervalle, le passage d'une chose à un autre. De l'Elbe à la mer Baltique ou jusqu'à la mer Baltique. De la créature nous devons nous élever au créateur, Bourdaloue, Respect hum. 2e avent, p. 414. Du crime au repentir un long chemin nous mène, Du repentir au crime un moment nous entraîne, Colard. Ép. d'Héloïse à Ab.

    Ils étaient de trente à quarante, leur nombre était entre trente et quarante. Je serai chez moi de cinq heures à SIX, entre cinq heures et six heures.

    De… à… D'homme à homme, c'est-à-dire entre deux hommes, quand il s'agit de deux hommes. D'homme à homme, cela peut se dire et se faire.

    De vous à moi, c'est-à-dire entre vous et moi, et de manière que ce qui se passe entre vous et moi ne soit pas répété. Ceci est de vous à moi ; vous n'en parlerez pas.

    De… en… De point en point, c'est-à-dire d'un point jusqu'à l'autre, tout à fait, complétement. Il a executé ses ordres de point en point. De bout en bout, c'est-à-dire d'un bout jusqu'à l'autre. De jour en jour, c'est-à-dire un jour après l'autre, chaque jour, incessamment. Le danger devient plus grand de jour en jour.

    B. 9° De entre un adjectif et un substantif ou un pronom personnel. Digne d'estime. Avide de gloire. Altéré de sang. Je suis mécontent de moi. Faible d'esprit et de corps. Allons, unis d'esprit, sans commerce du corps, Achever notre hymen dans l'empire des morts, Rotrou, Antig. V, 9. Elles sont vides de sentiments, qui n'ont régné que depuis leur temps, La Bruyère, 1. Combien était ennemie la pieuse reine de ces regards dédaigneux ! Bossuet, Marie-Thér. Leur patience m'étonne, et d'autant plus qu'elle ne peut m'être suspecte ni de timidité ni d'impuissance, Pascal, Prov. 18. Je laisse mon esprit, libre d'inquiétude, D'un facile bonheur faisant sa seule étude, Lamartine, Médit. I, 20.

    De se construit avec le superlatif Le meilleur des hommes. Un poëte à la cour fut jadis à la mode ; Mais des fous aujourd'hui c'est le plus incommode, Boileau, Sat. I. Elle tomba premièrement sur une pointe de rocher, et puis sur une autre, de roc en roc ; chacun d'eux emporta sa pièce ; de manière qu'elle arriva le plus joliment du monde au royaume de Proserpine, La Fontaine, Psyché, II, p. 152.

    De entre un adjectif et un verbe. Désireux de voir. Las de perdre en rimant et sa peine et son bien, Boileau, Sat. I. Il était aisé à la reine de faire sentir une grandeur qui lui était naturelle, Bossuet, Marie-Thér.

    De entre un adjectif et un infinitif, avec le sens de à cause que, vu que. Oh ! trop heureux d'avoir une si belle femme ! Malheureux bien plutôt de l'avoir, cette infâme ! Molière, Sganar. 16. Mon révérend père, lui dis-je, que le monde est heureux de vous avoir pour maîtres ! Pascal, Prov. 6. Ils ne sont pas adroits d'avoir ainsi averti tout le monde de leur intention, Pascal, ib. 19. Ils sont admirables de vouloir prendre le parlement pour dupe, Pascal, ib. Mais ne suis-je pas bien fou de vouloir raisonner… ? Molière, Sgan. 1. Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins…, La Fontaine, Fabl. III, 6.

    De ou que de entre un adjectif construit avec si et un verbe, et signifiant assez… pour… Un agneau se désaltérait Dans le courant… Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? La Fontaine, Fabl. I, 10. Je n'aurais pas été si hardi que d'entreprendre…, Voiture, Lett. 69.

    C. 10° De construit avec un pronom personnel. On n'agit pas toujours de soi-même. Il est venu de lui-même s'excuser. Choisissez de vous-même et je ferme les yeux, Corneille, Othon, III, 3. Je ne fais rien de moi-même, Sacy, Bible, Évang. St. Jean, VIII, 28. Il a fait de lui-même ce que vous auriez tôt ou tard exigé, Diderot, Père de fam. I, 5.

    De soi, par sa propre vertu, naturellement. De soi, rien n'est permanent sur la terre. Cela va de soi. Cela s'entend de soi. Rien, suivant la raison, n'est juste de soi, Pascal, Pensées, I, 6. Tout cela n'a rien, de soi-même, qui soit contraire à la véritable sagesse, Bourdaloue, Instr. Prudence du salut, Exhort. t. II, p. 407.

    De moi, c'est-à-dire quant à moi, pour ce qui me concerne ; ancienne locution qui représente : quant à ce qui est de moi ; elle est tombée en désuétude, et on dit : pour moi. De moi, toutes les fois que j'arrête les yeux à voir…, Malherbe, I, 1. De moi, plus je suis combattu, Plus ma résistance Montre sa vertu, Malherbe, Chanson, V, 27. De moi, je fus touché de voir tant de valeur, Tristan, Mort de Chrispe, I, 3.

    De devant un pronom démonstratif. De celui-ci allons à celui-là.

    De cela même, à cause de cela même. Ces tableaux admirables dont parle Pline et qui, selon ce savant connaisseur, n'en étaient que plus admirés, de cela même qu'ils étaient demeurés imparfaits, Mairan, Éloges, le card. de Polignac.

    D. 11° De entre un pronom conjonctif et un autre mot. Qui des deux l'emportera ? Lequel de vous ou de votre ami est venu jusqu'ici ? Or il est temps, ma sœur, de montrer qui nous sommes, Et qui peut plus sur nous, ou des dieux ou des hommes, Rotrou, Antig. III, 5. Qu'ils jugent en partant qui méritait le mieux, Des Français ou de moi, l'empire de ces lieux, Voltaire, Zaïre, I, 4.

    Des grammairiens ont blâmé cette tournure, assurant qu'il fallait dire non : lequel des deux était le plus éloquent, de César ou de Cicéron ; mais lequel des deux, César ou Cicéron, était le plus éloquent, ou bien : lequel, de Cicéron et César, était le plus éloquent ? De ces deux tournures la première est correcte et peut s'employer ; la seconde est peu usitée. Dans tous les cas, l'ancienne tournure, qui est dans Rotrou, est justifiée par l'usage et implique seulement un pléonasme dans le de placé devant chaque nom.

    De construit dans le même sens avec le pronom démonstratif celui, celle, ceux, celles. Quoi ! de deux personnes qui font les mêmes choses, celui qui ne sait pas leur doctrine pèche ; celui qui la sait ne pèche pas ! Pascal, Prov. 6.

    E. 12° De entre un nom de nombre et un autre mot. L'un des deux. Deux des quatre. Daniel, un des enfants de la captivité, Massillon, Car. Resp. hum.

    De avec ellipse de un. Il vint des derniers, c'est-à-dire un des derniers. … Et quoique des plus fins, Il n'avait pu donner d'atteinte à la volaille, La Fontaine, Fabl. XI, 3. Ma femme m'a dit que vous étiez fort honnête homme et tout à fait de ses amis, et je l'ai chargée de vous parler pour un testament que je veux faire, Molière, Mal. imag. I, 9. Peut-être êtes-vous de ces hommes qui n'aiment qu'eux-mêmes et qui n'ont égard qu'à leur intérêt propre, Bourdaloue, Commémor. des morts, Myst. t. II, p. 520. J'ai vu le fer en main Étéocle lui-même ; Il marche des premiers, Racine, Théb. I, 1.

    Et de, pris absolument devant un nom de nombre, exprime que, comptant quelque chose, on signale particulièrement le nombre indiqué. Et de trois [bourses] ; celle-ci fut rude à arracher, Beaumarchais, Mar. de Fig. V, 19.

    F. 13° De entre un verbe et un nom, construction où il exprime les compléments des différents verbes de la phrase. Que pensez-vous de cela ? Traiter de la paix. Différer d'avis. Médire de quelqu'un. Il se mêle d'affaires qui ne le regardent pas. On l'accusa de ce malheur. Vous le taxiez de folie. Vivre de légumes. Son esprit manque de justesse. Tirer avantage de ses talents. Le vrai ne dépend point du temps ni de la mode. Issu d'une bonne famille. Et du sacré bandeau qu'il vous mit sur la tête [il] Acheta de vos vœux la superbe conquête, Rotrou, Bél. IV, 2. Tu [amour] m'obligeras plus d'un trait de ta pitié Qu'elle [la fortune] de son crédit ou de son amitié, Rotrou, ib. II, 7. Si nous sommes obligés à user de cette sage réserve…, Bossuet, Libre arb. 4. C'est une dame Qui de quelque espérance avait flatté ma flamme, Molière, Mis. I, 2. [Agnès] N'a plus voulu songer à retourner chez soi, Et de tout son destin s'est commise à ma foi, Molière, Éc. des f. IV, 8. Elle [la perdrix] fait la blessée et va traînant de l'aile, La Fontaine, Fabl. X, 1. Contemplant d'un lieu tranquille leur embarras, leurs afflictions, leurs malheurs, ni plus ni moins que les dieux considèrent de l'Olympe les misérables mortels, La Fontaine, Psyché, I, p. 101. Je devais par la royauté Avoir commencé mon ouvrage : à la voir d'un certain côté, Messer Gaster [l'estomac] en est l'image, La Fontaine, Fabl. III, 2. Il me faudrait des journées entières pour me bien expliquer à vous de tout ce que je sens, Molière, G. D. III, 5. Choisissez de César, d'Achille ou d'Alexandre, Boileau, Sat. v. Prosternée aux pieds de Jésus-Christ, elle les arrosa de ses larmes, elle les essuya de ses cheveux, Bourdaloue, Respect hum. 2e avent. p. 403. Il a fort vu M. d'Uzès, qui ne peut se taire de vos perfections, Sévigné, 28 oct. 1671. Volage muse, aimable enchanteresse, Qui, m'égarant dans de douces erreurs, Viens tour à tour parsemer ma jeunesse De jeux, d'ennuis, d'épines et de fleurs, Gresset, Épître à ma Muse. Il ne vous eût pas été permis de vivre d'humeur, de tempérament, et de ne prendre que ce qui vous plaît pour la règle de ce que vous devez faire, Massillon, Or. fun. Prof. rel. 3. De cette autre entreprise honorez mon audace, Racine, Mithr. III, 1. Sans me faire payer son salut de mon cœur, Racine, Andr. I, 4. Le seul Agamemnon, refusant tant de gloire, N'ose d'un peu de sang acheter la victoire, Racine, Iphig. I, 3. Laissez à Ménélas racheter d'un tel prix Sa coupable moitié dont il est trop épris, Racine, ib. IV, 4. Mais d'un soin si cruel la fortune me joue, Racine, Bérén. V, 2. … D'un regard a daigné m'avertir, Racine, ib. I, 3. … D'un ordre constant gouvernant ses provinces, Racine, Théb. I, 5. Venez, de l'huile sainte il faut vous consacrer, Racine, Ath. IV, 3. Tous les jours je l'invoque, et d'un soin paternel Il me nourrit des dons offerts sur son autel, Racine, ib. II, 7. De quelle noble ardeur pensez-vous qu'ils se rangent Sous les drapeaux d'un roi longtemps victorieux ? Racine, Mithr. III, 1. Les prudents du siècle eurent beau lui représenter… qu'il fallait éblouir les âmes grossières de quelque apparence de gloire, Fléchier, Panég. II, p. 357. Son fils Ferdinand III qui hérita de sa politique et fit comme lui la guerre de son cabinet, Voltaire, Louis XIV, 2. Toi qui prétendais me défendre, tu ne m'as servi de rien, Voltaire, Le blanc et le noir. Il [Héraclite] avait écrit de la matière, de l'univers, de la république et de la théologie, Diderot, Opin. des anc. phil. Héraclitisme. Les anachorètes écrivirent de la douceur du rocher et des délices de la contemplation, Chateaubriand, Génie, II, V, 3. La muse t'enivra de précoces faveurs, Lamartine, Médit. I, 14. Silencieux abîme où je vais redescendre, Pourquoi laissas-tu l'homme échapper de ta main ! De quel sommeil profond je dormais dans ton sein ? Lamartine, ib. I, 18.

  • 8De entre un verbe et un substantif et composant avec ce substantif une sorte de locution adverbiale qui modifie le sens du verbe à la façon des adverbes. Il me parla d'un ton menaçant. Il alla de son propre mouvement le trouver. Non, je n'en ferai rien, la chose est résolue, Ou l'on m'y contraindra de puissance absolue, Mairet, Sophon. IV, 6. Si vous ne consolez d'un traitement plus doux Celui qui désormais ne peut vivre sans vous, Mairet, ib. III, 4. Anéantissez-vous de honte et de respect, Corneille, Prol. de la Toison, 4. Et même à ses Romains ne daigne repartir Que d'un regard farouche et d'un profond soupir, Corneille, Pomp. III, 1. S'il ne vous traite ici d'entière confidence, Corneille, Poly. I, 3. [Il] Les traitait malgré lui d'entière égalité, Corneille, Attila, II, 1. Et de quelque rigueur que le destin me traite, Je perds moins à mourir qu'à vivre leur sujette, Corneille, Rodog. V, 1. Et pour vous témoigner de quelle indifférence J'abandonne un plaisir que j'ai tant poursuivi, Rotrou, Vencesl. III, 4. Ô folle piété qui d'une même audace Fit la rébellion et reçoit la menace ! Rotrou, Antig. IV, 3. Nous volons sur ses pas d'une ardeur unanime, Rotrou, Bélis. V, 7. Car Lucile soutient que c'est une chanson, Et m'a parlé d'un air à m'ôter tout soupçon, Molière, Dépit am. III, 8. Et traitant de mépris les sens et la matière, à l'esprit, comme nous, donnez-vous tout entière, Molière, Femmes sav. I, 1. Où, de droit absolu, j'ai pouvoir d'ordonner, Molière, Sgan. I. Et tâchons d'ébranler, de force ou d'industrie, Ce malheureux dessein qui nous a tous troublés, Molière, Tart. IV, 2. Vous les voulez traiter d'un semblable langage ? Molière, ib. I, 6. Et traitent de même air l'honnête homme et le fat, Molière, Mis. I, 1. Nous faisons maintenant de la médecine d'une façon toute nouvelle, Molière, Méd. m. lui, II, 6. Vous agiriez de mauvais sens, Pascal, dans COUSIN. Ils l'aimaient seulement de bouche, et ils lui rendaient de la langue des soumissions trompeuses, Sacy, Bible, psaume 77, V. 36. … Ô jour heureux pour moi ! De quelle ardeur j'irai reconnaître mon roi ! Racine, Athal. I, 1.
  • 9De entre un verbe passif ou un participe passif ou une construction à sens passif et un substantif ou un pronom personnel et faisant fonction de complément passif. Je suis vaincu du temps, je cède à ses outrages, Malherbe, II, 12. Tantôt je me la vois d'un pirate ravie, Malherbe, V, 21. Le soldat qui ne s'était jamais vu tromper des [par les] promesses du roi, Vaugelas, Q. C. 499. L'agrément est institué de la nature pour représenter la jouissance, Descartes, Pass. 90. Il a voulu dire seulement avec saint Paul que toute puissance est établie de Dieu, Pellisson, Mém. pour les gens de lettres, p. 75. J'ai connu un homme qui prouvait par bonnes raisons qu'il ne faut jamais dire, une telle personne est morte d'une fièvre et d'une fluxion de poitrine, mais elle est morte de quatre médecins et de deux apothicaires, Molière, l'Amour méd. II, 1. Jésus-Christ est-il mort pour des impies dans le temps destiné de Dieu ? Sacy, Bible, St Paul, Ép. aux Rom. V, 6. Animé d'un regard, je puis tout entreprendre, Racine, Andr. I, 4. Et de mille remords son esprit combattu, Racine, ib. V, 2. Excité d'un désir curieux, Racine, Brit. II, 2. Quoi ! toujours enchaîné de ma gloire passée…, Racine, ib. IV, 3. Vaincu du pouvoir de vos charmes, Racine, Alex. II, 1. Ô ciel ! si notre amour est condamné de toi, Racine, Baj. I, 4. Jadis Priam vaincu fut respecté d'Achille, Racine, Andr. III, 6. Aux larmes, au travail le peuple est condamné, Et d'un sceptre de fer veut être gouverné, Racine, Ath. IV, 3. Ignace suscité de Dieu pour venir au secours de son Église affligée, Fléchier, Panég. II, p. 209. Appelé de Dieu au ministère de sa parole, Fléchier, ib. p. 198. Il se regarda donc comme un ouvrier envoyé du père de famille pour défricher cette terre inculte, Fléchier, ib. p. 299. Une âme rachetée du sang de Jésus-Christ, Fléchier, ib. p. 309. L'autorité des prophètes, des apôtres, des hommes inspirés de Dieu, Massillon, Car. Doutes s. la rel. Moïse son cadet est établi du ciel chef des armées du Seigneur, Massillon, ib. Vocation. Un ver secret et dévorant placé de la main de Dieu au milieu de son cœur, Massillon, ib. Mauv. riche. Un impie peut être frappé de Dieu, et sentir le poids de la majesté qu'il avait blasphémée, Massillon, ib. Inconstance. Quoi ! vous auriez honte d'être choisi de Dieu comme un vase de miséricorde ! Massillon, ib. Resp. hum. être né le premier dans une famille, c'est être choisi du ciel pour succéder aux titres et aux dignités de nos ancêtres, Massillon, ib. Vocat. Plus occupé des nouveaux titres dont il est revêtu qu'instruit des derniers avis d'un père mourant, Massillon, ib. Mort. Si vous croyez que l'Évangile est une loi donnée de Dieu, Massillon, ib. Samaritaine. En rendant l'honneur et le tribut aux puissances établies de Dieu, Massillon, ib. Aumône. L'esprit de curiosité donné de Dieu à l'homme, Voltaire, Louis XIV, 37. Votre Majesté a fait, depuis quarante ans de règne, tout ce qu'il faut pour se faire respecter de ses amis et de ses ennemis, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 8 juin, 1780. Les Français sont ma proie : ils n'affranchiront pas Les humbles pavillons que mon mépris leur laisse, Déjà vaincus de leur mollesse Et du seul souvenir de nos derniers combats, Gilbert, Ode sur la guerre. N'attends pas que ton cœur, de mollesse abattu…, Ducis, Abuf. II, 7. Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose, à votre fuite en vain un long regret s'oppose, Chénier, Élég. XVI.
  • 11De entre un verbe et un substantif, et signifiant : pour, à cause de, avec. Mais je hais vos messieurs de leurs honteux délais, Molière, Amph. III, 8. J'adore le bon abbé de tout ce qu'il me mande là-dessus, et de l'envie qu'il a de me voir recevoir une si chère et si aimable compagnie, Sévigné, 4 juin 1676. En vain suis-je séparé du monde d'habit, d'état, de demeure, de fonction et de conversation, si mon esprit et mon cœur y sont attachés, Bourdaloue, Serm. 17e dim. après la Pent. Domin. t. IV, p. 70. Déjà Troie en alarmes Redoute mon bûcher et frémit de vos larmes, Racine, Iphig. V, 2. Au moins consolez-moi de quelque heure de paix, Racine, Théb. I, 3. Je ne sais point… De mes sonnets flatteurs lasser tout l'univers, Et vendre au plus offrant mon encens et mes vers, Boileau, Sat. I. D'un soin officieux j'irritais sa blessure, Delavigne, Vêp. sicil. I, 1.
  • 12De entre un verbe et un adjectif. Il s'est laissé traiter de lâche, c'est-à-dire il s'est laissé appeler lâche. C'était s'exposer à être traité de séditieux par les Hérodiens, Bourdaloue, Serm. 22e dim. après la Pentec. Dom. t. IV, p. 317.

    Même emploi avec un substantif. On le traita publiquement d'homme sans foi La voix publique le qualifiait de traître, c'est-à-dire elle le disait traître. Se qualifier de prince.

  • 13De entre un verbe et un autre verbe qui sert de complément au premier. On l'accusa d'avoir conspiré. Vous êtes chargé de lui écrire. Il désespérait de réussir. On lui conseille de partir. Choisis de leur donner ton sang ou de l'encens, Corneille, Poly. V, 2. Il lui échappa d'écrire : Qu'a de commun la censure de Rome avec celle de France ? Pascal, Prov. 6. Il veut aller au delà et nous imposer de croire ce qu'il a décidé seul, Pascal, ib. 19. Les papes ont souvent entrepris de traiter comme hérétiques ceux qui appelleraient d'eux aux conciles, Pascal, ib. Ah ! Seigneur, je n'ai pas eu ce dédain qui empêche de jeter les yeux sur les mortels trop rampants, Bossuet, Marie-Thérèse. Cessez de vous laisser conduire au premier vent, Molière, l'Étour. I, 9. Rougis plutôt, rougis d'envier au vulgaire Le stérile repos dont son cœur est jaloux, Lamartine, Médit. I, 14.

    Dans le XVIIe siècle, de était employé dans des cas où présentement on met à. Il exhorta le poëte de ne plus faire de vers la nuit…, Scarron, Rom. com. I, ch. 12. Une galère turque où l'on nous avait invités d'entrer, Molière, Scapin, III, 3. La crainte fait en moi l'office du zèle… et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste, Molière, D. Juan, I, 1. Ah ! je vous apprendrai de me traiter ainsi, Molière, Amph. III, 4.

  • 14De entre deux verbes, avec un sens équivalent à : de ce que, vu que, puisque, quand, comme si. Que veut-elle dire De ne venir pas ? Malherbe, VI, 7. Je mérite la mort de mériter sa haine, Corneille, Cid, III, 1. À toute autorité je fermerais les yeux, Et je ferais beaucoup de respecter les dieux, Rotrou, Antig. I, 4. Je croyais tout perdu de crier de la sorte, Molière, Sgan. 3. Ah ! voilà qui me plaît de parler de la sorte ! Molière, ib. 18. Est-ce pour rire ou si tous deux vous extravaguez de vouloir que je sois médecin ? Molière, Méd. m. lui, I, 6. Si je suis affligé, ce n'est pas pour des prunes, Et je le donnerais à bien d'autres qu'à moi, De se voir sans chagrin au point où je me voi, Molière, Sganar. 16. Quel sort ont nos yeux en partage, Et qu'est-ce qu'ils ont fait aux dieux, De ne jouir d'aucun hommage ? Molière, Psyché, I, 1. [Il] s'imagina qu'il ferait bien De se pendre et finir lui-même sa misère, La Fontaine, Fabl. IX, 15. Puisque je vois que je vous ferai plaisir de vous parler…, Pellisson, Convers. de L. XIV devant Lille, p. 45. Un bon prince est toujours assez loué d'être aimé, Massillon, Or. fun. Dauph. Vous vous trompez de regarder comme des inclinations inalliables avec la piété ces penchants…, Massillon, Car. Pécheresse. Je me croirais haï d'être aimé faiblement, Voltaire, Zaïre, I, 2.

    De entre un verbe pris impersonnellement, et un infinitif. Il est bon de s'amuser. Il convient de travailler.

  • 15De devant un infinitif et pris absolument, c'est-à-dire sans nom ou verbe dont il soit le complément. On les appela ; eux, de courir, c'est-à-dire, sous-entendu, ils commencèrent, ils se hâtèrent de courir. Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes, Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes, La Fontaine, Fabl. II, 14. Les médiocres gens Vinrent se mettre sur les rangs ; Elle, de se moquer, La Fontaine, Fabl. VII, 5. L'épouse indiscrète et peu fine Sort du lit quand le jour fut à peine levé, Et de courir chez sa voisine, La Fontaine, ib. VIII, 6. Mais j'offre ce que j'ai ; l'ours l'accepte ; et d'aller ; Les voilà bons amis avant que d'arriver, La Fontaine, ib. VIII, 10. Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir ; Et grenouilles de se plaindre, Et Jupin de leur dire…, La Fontaine, ib. III, 4. Ce portier du logis était un chien énorme, Expédiant les loups en forme ; Celui-ci s'en douta : serviteur au portier, Dit-il, et de courir ; il était fort agile…, La Fontaine, ib. IX, 10. Je visai si juste que je lui fis tomber un bouquet dans le sein ; et de rire, Rousseau, Conf. IV.
  • 16De devant un infinitif et pris absolument comme le précédent, mais servant, dans cette construction, soit de sujet complexe au verbe de la phrase, soit d'annonce de ce qui va suivre. Mais de souffrir ma gloire en la bouche des miens, C'est en ôter le prix au ciel dont je la tiens, Rotrou, Bélis. I, 1. Car, de m'imaginer que vous me méprisiez, j'avoue franchement que je n'ai pas si mauvaise opinion de moi, Guez de Balzac, liv. I, lett. 12. Car de m'imaginer que vous m'ayez gardé quelque place… j'ai trop bonne opinion de votre esprit pour m'en persuader cette bassesse, Voiture, Lett. 1. Je sais quel est leur prix ; mais de les accepter, Je ne puis, et voudrais vous pouvoir écouter, La Fontaine, Filles de Minée. De dire si la compagnie Prit goût à la plaisanterie, J'en doute, La Fontaine, ib. VIII, 8. Or d'aller lui dire non, Sans quelque valable excuse, Ce n'est pas comme on en use, La Fontaine, Fab. VIII, 13. Comme si d'occuper ou plus ou moins de place Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants, La Fontaine, ib. VIII, 15. De raconter quel sort les avait assemblés, Quoique sous divers points tous quatre ils fussent nés, C'est un récit de longue haleine, La Fontaine, ib. X, 26. Puisque d'observer sa loi, c'est la moindre de nos pensées, Bossuet, Bonté et rigueur de Dieu. D'expliquer ce qui s'y passe, ce n'en est pas ici le lieu, Bossuet, Or. 7. Car de croire que votre conduite leur soit inconnue, et qu'elle demeure secrète pour eux, abus, chrétiens, Bourdaloue, Sur le scandale, 1er avent, p. 126. De les vouloir parcourir toutes, ce serait une matière infinie, Bourdaloue, 6e dim. après l'Épiph. Dominic. t. I, p. 279. Car de mépriser la règle et d'en ressentir l'onction, c'est ce qui ne fut jamais et ce qui ne peut être, Bourdaloue, Exhort. sur l'observ. des règles, t. I, p. 218. De vous en faire aimer, n'est que le dernier de vos soins, Hamilton, Gramm. 6. Je l'ai vu quelque part : de savoir où, il est difficile, La Bruyère, VII. De savoir quelles sont leurs limites, ce n'est pas une chose facile, La Bruyère, ib. De servir un amant, je n'en ai pas l'adresse, Boileau, Sat. I. Car de penser alors qu'un Dieu tourne le monde Et règle les ressorts de la machine ronde, C'est là, tout haut du moins, ce qu'il n'avouera pas, Boileau, ib. Thalès répétait souvent que de parler beaucoup n'était pas une marque d'esprit, Fénelon, Thalès. De la voir ne servirait qu'à augmenter l'aversion, Massillon, Car. Pardon. Car de vous le dépeindre en général, vous ne vous reconnaîtriez pas, Massillon, Car. Médis. Vous n'en demeurerez pas à être simple spectateur, vous y applaudirez ; car de s'aller mêler parmi les mondains pour être leur censeur éternel, les avis ne seraient pas là à leur place, Massillon, Confér. Fuite du monde. Comme si de coopérer à l'ouvrage de la rédemption des hommes était une œuvre mercenaire, Massillon, ib. Zèle contre les scandales. Mais, direz-vous, de vouloir toujours reprendre, corriger, exhorter, ce serait se rendre odieux et importun, Massillon, ib. Cond. des clercs dans le monde. De préférer la raison à la félicité, c'est être très insensé, Voltaire, Bramin. De savoir si Constantin fut cause de la ruine de l'Empire, c'est une recherche digne de votre esprit, Voltaire, Mœurs, 10. De vous dire précisément s'il y a plus de gens à lier dans un pays que dans un autre, c'est ce que mes faibles lumières ne me permettent pas, Voltaire, Cand. 23. Et que de supposer qu'un animal est composé de petits animaux est à peu près la même chose que de dire que…, Buffon, Animaux, ch. 8. De lui copier ce griffonnage, ce serait pour en mourir, Courier, Lett. II, 18. Les Calabrais en veulent surtout aux Français ; de vous dire pourquoi, cela serait trop long, Courier, ib. I, 211.

    Cette tournure est perpétuelle dans le XVIIe siècle, et on ne parle guère autrement ; aujourd'hui on supprime souvent, surtout quand l'infinitif est sujet complexe, ce de qui n'est ni sans utilité ni sans grâce, et qui d'ailleurs peut être repris, quand on veut, d'après les meilleures et les plus sûres autorités.

    Cette tournure rend compte de phrases comme celle-ci : Sa force était de céder à propos ; il faut entendre que de céder est un sujet complexe, et construire : de céder à propos était sa force. Son caractère particulier était de concilier les intérêts opposés, et, en s'élevant au-dessus, de trouver le secret endroit et comme le nœud par où on peut les réunir, Bossuet, Anne de Gonz. Ses principaux soins sont de travailler pour la grandeur de son maître, La Fontaine, Psyché, I, p. 105. Richelieu, ce prélat de qui toute l'envie Est de voir ta grandeur aux Indes se borner, Malherbe, II, 12.

  • 17C'est par une même analogie d'emploi et pour un certain besoin de l'oreille que l'on met de ou que de devant des verbes où ces mots sont explétifs. C'est faire injure au maître d'une maison, d'y entrer par la fenêtre, Pascal, Prov. 6. Son père Antonin lui avait appris qu'il valait mieux sauver un seul citoyen que de défaire mille ennemis, Bossuet, Hist. I, 10. Que le ciel la préserve à jamais de danger ! Voyez quelle bonté de vouloir me venger ! Molière, Sganar. 17. Je m'en rapporte à vous-même et vous demande si c'est une chose louable que de rire ; assurément ce n'en est pas une, non plus que de boire et de manger, La Fontaine, Psyché, I, p. 101. C'est déshonorer la religion, de croire que…, Massillon, Petit car. Écueils. Ce serait dégrader l'Évangile, de le regarder comme la religion du peuple, Massillon, Petit car. Respect. Est-ce aimer Dieu que de croire faiblement sa vérité ? que d'entendre indifféremment sa parole ? Fléchier, Panég. I, p. 313. Il aima mieux abandonner le butin à son armée que de se l'approprier, Vertot, Révol. rom. I, p. 113.
  • 18De entre le verbe être ou tout autre verbe exprimant un état, et un substantif, construction où il indique que la chose dont il s'agit devient nôtre. La lecture est d'une grande fatigue pour mes yeux affaiblis. Nous sommes de la maison. Il est de votre âge. J'ai toujours marché depuis par le plus beau temps, le plus beau pays et le plus beau chemin du monde ; vous me disiez qu'il était d'hiver quand vous y passâtes ; il est devenu d'été, et d'un été le plus tempéré qu'on puisse imaginer, Sévigné, 348. Jésus-Christ leur avait fait expressément entendre que son royaume ne serait pas de ce monde, Bourdaloue, Instr. pour la 2e fête de Pâques, Exhort. t. II, p. 263. La prière est pour vous d'un dégoût et d'un ennui que vous ne pouvez supporter, Massillon, Car. Prière, 1. Il se vit bientôt des plaisirs du roi, sans que l'envie des courtisans en parût révoltée, Hamilton, Gramm. 5. … Mon voyage dépeint Vous sera d'un plaisir extrême, La Fontaine, Fabl. IX, 2. Il n'a pas été de ce passage, Sévigné, 148. D'Hacqueville est de ce voyage, Sévigné, 286. Je ne pouvais me persuader que cette lettre fût de Philoclès [eût été écrite par lui], Fénelon, Tél. XII. Hélas ! tout ce qu'elle aimait devait être de peu de durée, Bossuet, Anne de Gonz.

    Le verbe peut être sous-entendu. Henriette, d'un si grand cœur, est contrainte de demander du secours ; Anne, d'un si grand cœur, ne peut en donner assez, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Il est de… c'est le propre de, le caractère de. Il est de la foi, que ce que vous donnez aux pauvres, vous le donnez à Jésus-Christ, Bourdaloue, Nativ. de J. C. 2e avent, p. 540.

    Il est de… comme… impersonnellement, avec un substantif ou un pronom, signifiant qu'une chose se comporte comme une autre. Il est de ceci comme d'une beauté excellente et d'une autre qui a des grâces : celle-ci plaît, mais l'autre ravit, La Fontaine, Psyché, I, p. 102.

    Qu'est-ce… avec de ou que de. Qu'est-ce de ce langage-là ? c'est-à-dire que faut-il penser de ce langage-là ? ô Dieu ! qu'est-ce que de nous ? Bossuet, Mort. 1. Hélas ! si l'on n'aimait pas, que serait-ce de la vie ? Molière, Pourc. III, 10.

    Familièrement. Ce que c'est que de nous ! c'est-à-dire, voyez la misérable condition humaine.

    Dans une phrase affirmative. Nous ne savons ce que c'est que de tromperie, ou de tromper. Au temps de Papirius, on ne savait pour ainsi dire ce que c'était que de cavalerie, Saint-Évremond, II, 19.

    Malherbe (IV, 10) a dit d'une façon analogue, mais qui a vieilli : Ce ne m'est plus de nouveauté [cela ne me surprend plus] Qu'elle soit parfaite en beauté.

    Si j'étais de vous ou que de vous, si j'étais à votre place. Non, si j'étais de vous, je le planterais là, Régnier, Sat. XII. Dans le fond rien n'est plus misérable ; et si j'étais de vous…, Imbert, Jaloux sans amour, IV, 1.

    G. 24° De placé entre un adverbe et un nom ; il s'agit ici des adverbes loin, près, tant, trop, etc. qui apportent à l'esprit l'idée de choses et non, comme l'adverbe proprement dit, l'idée d'une qualité abstraite. Loin de la patrie. Près du tombeau. Moins d'argent. Tant de belles actions. Je suis confondu de tant de bonté. Trop ou trop peu d'exercice nuit à la santé. Et, bien loin des sergents, des clercs et du palais, Va chercher un repos qu'il ne trouva jamais, Boileau, Sat. I. Pendant que tant de naissance, tant de biens, tant de grâces, qui l'accompagnaient, lui attiraient les regards de toute l'Europe, Bossuet, Anne de Gonz. Combien de fois ainsi, trompé par l'existence, De mon sein pour jamais j'ai banni l'espérance ! Lamartine, Médit. 18.

    Voici, voilà avec de. Voilà de quel ton il a parlé. Qu'est-ce donc [l'animal] ? Une montre. Et nous ? C'est autre chose. Voici de la façon que Descartes l'expose, La Fontaine, Fabl. X, 1. Ah ! voilà justement de mes religieuses, Lorsqu'un père combat leurs flammes amoureuses, Molière, Tart. IV, 3. Voilà, ce me semble, de ces cas où il est doux d'avouer qu'on a tort, Voltaire, Lett. Maupertuis, 1er juillet 1741. Diantre de… au diable soit… Diantre soit de la folle avec ses visions ! A-t-on rien vu d'égal à ses préventions ? Molière, F. sav. I, 5.

    De placé entre un adverbe et un verbe. Bien loin de céder. Près de partir. De construit avec un adverbe, en tant que nom abstrait de lieu, de temps, de quantité, etc. De là, d'ici. De près, de loin. De trop. C'est de là que nous vient cet art ingénieux De peindre la parole et de parler aux yeux, Brébeuf, Phars. ch. II. Ô mon père, d'où Molina a-t-il pu être éclairé pour déterminer une chose de cette importance sans aucun secours de l'Écriture ? Pascal, Prov. 7. D'où vous peuvent venir ces douleurs non communes ? Molière, Sganar. 16. D'ici je vois la vie, à travers un nuage, S'évanouir pour moi dans l'ombre du passé, Lamartine, Médit. VI.

    De construit avec plus ou moins, au sens de que. Il ne s'y trouva pas moins de trente personnes, c'est-à-dire pas moins que trente personnes. Ce cep portait plus de vingt grappes, c'est-à-dire plus que vingt grappes. Cet emploi est un reste de la vieille langue qui exprimait le complément du comparatif non par que, mais par de (exemple : plus fort de moi), comme l'Italien l'exprime par di ; de ou di rendant l'ablatif latin usité en ce cas.

    H. 25° De construit avec une préposition. Distinguer l'ami d'avec le flatteur. La justice et la charité ont disparu d'au milieu d'eux. Je suis sorti d'avec lui très satisfait. Vous m'avez chassé de chez moi. D'outre en outre. Vous, homme vain, qui à peine échappé de parmi le peuple…, Massillon, Villeroy. Il [Mahomet enfant] ne sera point ôté d'entre les mains des mortels, parce qu'heureuses les mamelles qui l'allaiteront et les mains qui le toucheront, Montesquieu, Lett. pers. 39. Aussi a-t-il fallu les aller querir bien loin et les faire venir de delà la mer, Voiture, Lett. 70.

    De par le roi, en vertu de l'autorité du roi. Et familièrement, cela s'est fait de par ma volonté (voy. PAR). En cette locution se sont confondues la construction des deux prépositions de par, et l'ancienne forme de part le roi, c'est-à-dire de la part du roi.

    I. 26° De construit avec la conjonction quand. De quand est cette lettre ? Effets qui diffèrent quand la lune est pleine de quand elle est nouvelle, Descartes, Monde, 12.

    J. 27° De ce que, conjonction composée qui signifie parce que, à cause que. De ce que je n'en parle pas, cela ne veut pas dire que je n'y songe plus. Voulez-vous d'autres nullités ? Que direz-vous de ce que le pape ne se contente pas de défendre d'écrire, de prêcher et de rien dire de contraire à ses décisions ? Pascal, Prov. 19. Ce n'est pas tant la peur de la mort qui me fait fuir que de ce qu'il est fâcheux à un gentilhomme d'être pendu, Molière, Pourc. III, 2.

REMARQUE

1. La préposition de est prise tantôt dans le sens passif, tantôt dans le sens actif : quand vous dites l'amour de Rome, cela peut vouloir dire l'amour que Rome a pour vous ou l'amour que vous avez pour Rome ; Rome peut être celle qui aime ou celle qui est aimée. Il faut donc que les mots qui entourent de en déterminent bien le sens.

2. De, pris partitivement, veut l'article défini le, la, les quand le substantif n'est pas précédé d'un adjectif : des passants l'avertirent ; de l'argent est nécessaire. Mais cet article se supprime quand un adjectif précède le substantif : d'honnêtes gens ; de belles et bonnes terres ; de bon vin. Ces deux constructions s'expliquent naturellement ; la première s'explique par : un certain nombre des passants ; l'autre par : un certain nombre d'honnêtes gens ; suivant que l'on considère, dans le premier cas, les passants comme déterminés par l'article, et dans le second cas, honnêtes gens comme indéterminés par l'absence d'article. C'est ensuite l'oreille qui a fait le choix et qui a voulu, par exemple, que l'on dît des hommes et non pas d'hommes, qui n'a pas semblé assez plein ; dès lors l'usage s'est fixé et les règles sont intervenues. Avec les adverbes de quantité, c'est de sans article qu'on emploie : beaucoup d'hommes ; trop d'argent, etc. ; bien fait exception (voy. BIEN adverbe) : bien des gens m'ont dit.

3. Quand la phrase est affirmative, de, pris partitivement, veut toujours l'article après soi. Je verse de l'eau. Je demande du pain. Voulez-vous de l'eau ? Si la phrase est négative, de prend l'article ou ne le prend pas ; mais le sens est différent : je ne demande pas de pain ; je ne demande pas du pain. Dans le premier cas, je ne demande rien, pas plus du pain qu'autre chose. Dans le second cas, ce n'est pas du pain que je demande ; mais je désire autre chose. Je ne mange pas de moules, veut dire que je ne les aime pas ou n'en veux pas ; je ne mange pas des moules, veut dire que ce ne sont pas des moules que je mange actuellement.

4. En certaines locutions, où l'adjectif fait corps avec son substantif, on met des plutôt que de : des jeunes gens ; des mauvais sujets ; des bons mots ; des premiers ministres. Il est très rare que des premiers ministres s'abaissent à de si honteuses lâchetés, découvertes tôt ou tard par ceux qui ont donné l'argent ou par les registres qui ont fait foi, Voltaire, Russie, II, 1. Pourtant il n'est pas interdit de suivre la règle ordinaire et de dire : de jeunes gens ; de mauvais sujets ; de bons mots. Malherbe a dit, II, 12 : Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans les veines, En vain dans les combats ont des soins diligents ; Mars est comme l'Amour ; ses travaux et ses peines Veulent de jeunes gens. Et Molière : Et dans tous ses propos On voit qu'il se travaille à dire de bons mots, Molière, Mis. II, 5.

5. Lorsqu'un nombre cardinal est précédé de en, l'adjectif qui suit ce nombre prend ordinairement la préposition de : sur cent habitants, il y en a deux de riches. Comme en devant un nom de nombre ne permet pas de mettre un substantif après, cette remarque ne concerne que les adjectifs, et avec les substantifs l'on prend un autre tour : sur mille habitants, il y en a trois qui sont cabaretiers.

6. Voltaire, Oreste, II, 1, a dit : De deuil et de grandeur tout offre ici l'image. Il y a une faute de langage dans ce vers ; en effet, l'image exprime une idée définie à cause de l'article ; et la préposition de, placée comme elle est, exprime une idée indéfinie. Il aurait fallu dire : une image de deuil et de grandeur, ou bien l'image du deuil et de la grandeur.

7. La remarque précédente touche à un précepte analogue qui est qu'un mot pris indéterminément, c'est-à-dire sans l'article défini le, la, les, ne peut plus être représenté par un pronom dans une phrase suivante. Ainsi il serait incorrect de dire : vous m'avez fait justice, et je l'aime ; le pronom la ne peut représenter justice pris indéterminément. C'est une faute semblable qu'a commise la Bruyère, ch. XI, en disant : On l'a vu une fois heurter de front contre celui d'un aveugle. Cependant cette prescription n'est pas tellement rigoureuse qu'en certaines circonstances bien choisies, et quand le sens n'offre aucune ambiguïté, on ne puisse s'en dispenser. Ainsi il serait trop rigoureux de condamner cette phrase-ci : comme il est de bonne compagnie, il est juste qu'il l'aime.

8. Faut-il dire : je me suis entretenu avec de bons et de sages personnages ou avec de bons et sages personnages. La première forme se trouve dans les passages suivants : Avoir ensemble d'oisifs et de longs entretiens, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 100. D'impitoyables et de faux réformateurs, Bourdaloue, ib. p. 157. Vous jugerez que le critique a de profondes et de singulières connaissances de notre histoire, Voltaire, Lett. Hénault, 31 oct. 1768. Ces machines qui nous ont fourni de grands et d'éternels moyens de vaincre et de régner, Buffon, Chien. Lorsqu'on voulait se nourrir de sérieuses et d'utiles pensées, Chateaubriand, Génie, IV, II, 8. La seconde forme se trouve dans ces passages-ci : Revenue d'une si longue et si étrange défaillance, Bossuet, Anne de Gonz. La louange de sage et vigilant père de famille, Bossuet, le Tellier. Il est donc loisible en ceci de prendre l'une ou l'autre tournure. Cependant cela ne s'applique qu'au cas où les adjectifs n'expriment pas des qualités inconciliables ; ainsi il ne faudrait pas dire : il cède à de bonnes et mauvaises pensées ; mais à de bonnes et de mauvaises pensées ; ou aussi : à de bonnes et à de mauvaises pensées.

9. La règle est, quand de est suivi de deux ou plusieurs noms ou verbes, de le répéter à chaque nom et à chaque verbe : le temps de l'action et de la parole, et non le temps de l'action et la parole ; le temps de parler et d'agir, et non le temps de parler et agir. Mais cette règle n'existait pas au XVIe siècle, et l'écrivain n'avait alors qu'à consulter là-dessus son goût et son oreille. Une portion de cette liberté durait encore dans le XVIIe siècle ; témoin ces exemples : La puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, Descartes, Méth. Le remède plus prompt où j'ai su recourir, C'est de pousser ma pointe et dire en diligence à notre vieux patron toute la manigance, Molière, Dép. am. III, 1. Trouvestu beau, dis-moi, de diffamer ma fille Et faire un tel scandale à toute une famille ? Molière, ib. III, 8. Il me prend des tentations d'accommoder son visage à la compote et le mettre en état de ne plaire, de sa vie, aux diseurs de fleurettes, Molière, G. D. II, 4. Ésope, pour toute punition, lui recommanda d'honorer les dieux et son prince ; se rendre terrible à ses ennemis, facile et commode aux autres, bien traiter sa femme, sans pourtant lui confier son secret ; parler peu et chasser de chez soi les babillards ; ne se point laisser abattre au malheur ; avoir soin du lendemain… surtout n'être point envieux du bonheur ni de la vertu d'autrui, La Fontaine, Vie d'Ésope. Avec la règle actuelle et l'usage ancien, on peut dire que le de doit toujours se répéter, quand il s'agit de substantifs, et qu'aujourd'hui on rejettera une phrase comme celle-ci de Molière : La peste soit de l'homme et sa chienne de face ! Molière, Éc. des f. IV, 2. mais qu'avec les verbes on distinguera : qu'en général il faut répéter le de ; qu'on peut pourtant l'omettre quand les deux verbes expriment une action simultanée (par exemple : il importe de bien mâcher et broyer les aliments), et dans une longue énumération, en poésie surtout, si le sens n'en souffre pas.

10. Aujourd'hui, dans les dates où figure le nom du mois, on dit, par abréviation, le 10 mars, le 12 juin, etc. Autrefois on mettait le de : le 10 de mars, le 12 de juin, etc. Voltaire n'y manque jamais dans sa longue correspondance. Mme de Sévigné datait autrement, sans de et avec le nombre ordinal : à Paris, ce dimanche 26e avril ; aux Rochers, mercredi 19e avril.

11. Dans le XVIe siècle et dans le XVIIe, on ne se faisait pas scrupule, dans les constructions avec c'est… que, de répéter, par pléonasme, la préposition de. Ce n'est pas de ces sortes de respects dont je vous parle, Molière, G. D. II, 3. Ce n'est pas de vous, madame, dont il est amoureux, Molière, Amants magn. II, 3. Ces pléonasmes sont condamnés aujourd'hui, et il faudrait dire : ce n'est pas de vous, madame, qu'il est amoureux ; ou ce n'est pas vous, madame, dont il est amoureux.

12. Le dictionnaire de l'Académie écrit : couverture de mulet et couverture de chevaux, gelée de pomme et gelée de coings. Des grammairiens se sont plaints de ces disparates, et que l'Académie n'eût donné aucune règle. Le fait est que la chose est indifférente et dépend du point de vue, suivant que l'on considère le mot comme singulier et collectif ou comme pluriel et individuel. Ainsi on dira de l'huile d'olive ou d'olives ; mais on dira un baril d'olives, parce qu'ici on ne peut considérer l'olive comme collective ; de la gelée de pomme ou de pommes, mais un panier de pommes ; des caprices de femme ou de femmes, mais une pension de femmes.

13. D'après Vaugelas, de veut toujours être joint immédiatement à son nom, sans qu'il y ait rien d'étranger entre deux, de sorte qu'il y aurait une faute dans cette phrase-ci : j'ai suivi l'avis de tous les jurisconsultes et de presque tous les casuistes ; il faut dire : et presque de tous les casuistes. Ces scrupules n'ont pas été confirmés par l'usage ; et la tournure blâmée se dit et s'écrit aujourd'hui sans conteste.

14. L'usage s'est introduit de dire : il a extrêmement d'esprit, il a infiniment d'esprit ; dans ce cas on traite extrêmement, infiniment comme beaucoup. On dit aussi, et beaucoup moins souvent, bien que plus exactement : il a de l'esprit extrêmement ou infiniment.

15. Est-il correct de dire avec ellipse de la préposition de : on perdit quinze à vingt hommes ; dix à quinze dames étaient présentes ? Cette ellipse, très employée dans le parler vulgaire, et indiquée dans le Dictionnaire de l'Académie au mot à, est maintenant entrée dans l'usage, bien que la grammaire ne puisse la justifier ; que penserait-on en effet, en changeant les termes, de cette locutionci : il y a, Paris à Lyon trente lieues ? Il s'entend de soi qu'on pourra dire grammaticalement, en rétablissant la préposition de : on perdit de quinze à vingt hommes ; de dix à quinze dames étaient présentes.

16. De employé dans les noms propres a deux origines. Tantôt il sert à désigner un nom de lieu, avec qualification nobiliaire ou non : M. de la Rochefoucaut (La Rochefoucaut est un nom de lieu) ; Pierre du Frêne (du Frêne désignant un frêne remarquable dans la localité) ; tantôt de exprime un rapport de filiation : dans le moyen âge où les noms de famille n'étaient pas établis et où le nom de baptême était le vrai nom, on distinguait les individus par le nom de leur père : Petrus Johannis, Pierre fils de Jean ; cela se disait, dans la langue vulgaire, Pierre de Jean ; usage d'où sont venus une multitude de noms propres actuels.

HISTORIQUE

IXe s. D'ist di [de ce jour] in avant, Serment. De suo part [de sa part], ib.

Xe s. In figure de colomb [elle] volat à ciel, Eulalie. De cest peril, Fragm. de Valenciennes, p. 468. E si penteiet [si poeniteret] de cel mel [mal] que fait habebant, ib. p. 469. Preietz [priez] li que de cest periculo nos liberat, ib.

XIe s. Environ lui plus de vint milie homes, Ch. de Rol. II. D'or et d'argent quatre cenz muls chargez, ib. III. Enveions i les filz de nos moillers, ib. Et dist au rei : Salvez seiez de Deu, ib. IX. [Il] Conquerrat [à] lui d'ici qu'en Orient, ib. XXIX. N'avez baron qui mieuz de lui la face [l'avant-garde], Ch. de Rol. LVII. De quinze lieues en ot [ouit] hom la rumur, ib. LXIII. Il n'ont de blanc ne mais que sul les denz, ib. CXLII. Saint Gabriel de sa main l'en a pris, ib. CLXXIII. Qui de pitié mout durement ne plure, ib. CLXXIV. Veez avant de deus lieues de nous, ib. Conquis [il] l'aurat d'hoi cest jour en deus meis, ib. CXCIII. Franc et payen i ferent [frappent] des espées, ib. CCLX. Morz est de duel [deuil], ib. CCLXVI.

XIIe s. La disme eschelle [le 10e escadron] est des barons de France, Ronc. p. 134. Ja plus gentis de lui, ib. p. 8. Tant fu blasmé de ses meillors amis, ib. p. 24. Sire est en mer de quatre cent dromons, ib. 29. Puis fait mander de ses barons esliz, ib. p. 9. Après lui vont de ses amis prisés, ib. p. 17. Mieudres [meilleur] de [que] lui, ib. p. 27. Dient Franzois, de cui il est amez, ib. p. 36. Bon [ils] sont à vaincre, de verté le sachez, ib. p. 70. Itex paroles ressemblent bien [paroles] d'enfans, ib. p. 84. En vieille geste est escriz de lons ans, ib. p. 86. De [pour] Durandart fu forment effrayé, Que Sarazin n'en aient poesté, ib. p. 104. [Il] Manda sa gent de par tout son reigné, ib. p. 117. Faisons des bierres de verges et de peaux, ib. p. 150. D'armes porter [en portant les armes] [il] ressembla bien baron, ib. p. 182. Mais de ce [je] sui en error, Qu'onques n'amai sans poor [peur], Couci, I. Nule chançon ne m'agrée, S'el ne vient de fine amor, ib. En lui [elle] [il y] a tant de vigor Qu'et hée [hait] sa deshonor, ib. I. J'alasse à Dieu graces et merciz rendre De ce que ainz [auparavant] soufrites à nul jour Que je fusse beanz à vostre amour, ib. XXIV. De ce [je] sui au cueur dolente Que cil n'est en cest païs, Dame de faiele, dans Couci. Et maugré tout mon lignage [je] Ne quier ochoison trouver ; D'autre fasse mariage ; Folz est qui j'en oi [ouis] parler, ib. De cest jour en un mois, sans plus de delaier, Sax. VI. Sire, fait-il, laenz sunt quatre bacheler, Des chevaliers le rei ; mais nes volt pas numer ; De par le rei Henri volent à vus parler, Th. le mart. 138. Et tut li poples oïd cume li reis fist sun cumandemement de Absalon, Rois, p. 186.

XIIIe s. Et por ce, envoia li quens et Henris ses freres de lor nés [navires] chargies de dras et de viandes et autres belles choses, Villehardouin, XXX. Onques de si poi de gent tant de pueple ne fu assegié en une vile, Villehardouin, LXXIV. Qui l'ont de lieus en lieus ça et là conqueilli, Berte, I. L'un ot nom Carloman, qui fu de bonne vie, ib. II. … et son maistre qui fu de Picardie, ib. Onc plus bele de [que] vous ne vit rois n'emperere, ib. IV. À une fen estrele qui ert [était] faite de pierre, ib. XI. Ainsi fu de [par] la serve liement respondus, ib. XXIV. De Dieu et de sa mere soiez vous maleoite ! ib. XXIX. Et l'ermite lui a de son pain presenté, ib. XLV. Si lairons de Bertain, que Jhesus beneïe, ib. LX. De Pepin vous dirons à la chere hardie, ib. Fille, il le faisoit bien [il se portait bien] quant de lui [je] dui partir, ib. LXXXVII. Sachiez que moult [il] les hait de cuer entierement, ib. XCV. Sire, ce a dit Berte, de Dieu et de sa mere [je] Vous defens qu'envers moi n'aiez pensée amere, ib. CXIII. Li rois de [sur] son afaire lui a mout demandé, ib. CXIV. Se fié [fief] escheit à home ou à feme de par autre que son pere ou sa mere, et celui ou celle de par qui il li est escheu, en morut saisi, Ass. de Jérus. I, 232. Et il ala tout chancelant pour la flebesce de sa maladie, et prist les dez et les tables et les geta en la mer, Joinville, 253. Si leur aporterent lettres de leur grant roy au roy de France, qui disoient ainsi : bone chose est de pez [paix], Joinville, 265. XVe s. … Par quoi les preux aient exemple d'eux encourager en bien faisant, Froissart, Prol. Quand il aperçut qu'il estoit mal de la roine et du comte de Kent, Froissart, I, I, 6. Fut conseillé au roi que il se feignit de cette emprise ; car d'esmouvoir guerre au roi d'Angleterre, et de… ce n'estoit pas chose qui fust appartenante, Froissart, I, I, 8. Si n'estoit pas de merveille si ceux du pays estoient effrayés et esbahis ; car avant ce ils n'avoient oncques vu homme d'armes, et ne savoient que c'estoit de guerre ni de bataille, Froissart, I, I, 270. Mais tous les passoit, de bien combattre et vaillamment, messire Eustache de Ribeumont, Froissart, I, I, 328. Si estoit ce messire Robert d'Artois si bien du roi qu'il vouloit, Froissart, I, I, 12. Et ainsi le vint-il dire de nuit à la roine d'Angleterre, Froissart, I, I, 12. Et se voulut agenouiller de la grand joie qu'elle avoit, Froissart, I, I, 14. Je cuide et crois de verité que par peché, à tort ou par envie, on a cette roine dechassée, et son fils hors d'Angleterre, Froissart, I, I, 17. Par quoi ce n'est point de merveille s'ils font plus grans journées que autres gens, Froissart, I, I, 34. Or revinrent de l'empereur monseigneur Louis de Bavière…, Froissart, I, I, 76. Et le roi mesme ne se put tenir de la regarder, et bien lui estoit avis qu'onques n'avoit vu si noble, si frisque ni si belle de [que] li, Froissart, I, I, 165. [Les murs du châtel] estoient hauts malement et de pierre dure, et ouvrés jadis de mains de Sarrasins, qui faisoient les soudures si fortes et les ouvrages si estranges que ce n'est point de comparaison à ceux de maintenant, Froissart, I, I, 239. Ainsi que Jacques d'Artevelle chevauchoit par la rue, il s'aperçut tantost qu'il y avoit aucune chose de nouvel contre lui, Froissart, I, 248. Grand foison de seigneurs de France revenoient de jour en jour du roi d'Espaigne qui faisoit guerre adonc au roi de Grenade, Froissart, I, I, 186. Cil [Robert d'Artois] la conseilloit et confortoit de ce qu'il pouvoit, Froissart, I, I, 12. Et la festerent de ce qu'ils purent, car bien le savoient faire, Froissart, I, I, 15. Avec lui estoient de chevaliers messire Jacques… et des escuyers, Gille et Thierri…, Froissart, I, I, 10. … Et ne voulut oncques reculer, mais s'en vint de grand courage assembler aux Allemands, Froissart, I, I, 140. Lor fit le roi de rechef une semonce très especiale et envoya jusques à douze cents lances de bonnes gens d'armes en l'ost [de] son fils, Froissart, I, I, 117. Ceux de dedans se defendirent très durement de traire et jeter pierres, feu et pots pleins de chaux, jusques environ midi, Froissart, I, I, 149. De la mort Jean Lyon fut le comte grandement resjoui, Froissart, II, II, 57. Vous lui ressemblez de visaige, Patelin. Messire Olivier de la Marche estoit ney de la conté de Bourgongne, Commines, I, 1. Et fut cause ce bon logis et le sejour que l'on y fist, de saulver la vie à beaucoup de ses gens, Commines, I, 5. Et fut mis en deliberation ce qui estoit de faire, Commines, ib. La maison de Lanclastre dont il estoit yssu de par sa mere, Commines, I, 5. Qu'ils apportoient aucunes choses bonnes par escript de par le seigneur de Hymbercourt, Commines, II, 3. De ce que les Bourguignons s'estoient mis à pied et puis remontez à cheval, leur porta grand perte de temps, Commines, I, 3. Se douloit de quoi il luy avoit ainsi couru sus à l'appetit d'autruy, Commines, III, 3. Et que de ses intelligences qu'on luy disoit avoir au pays dudit duc n'estoit point vray, mais toute mensonge ou peu s'en falloit, Commines, III, 2. En la ville y avoit bien quatorze cens hommes d'armes de par le roy et quatre mil francs archiers, Commines, III, 3. Ce n'est pas chose trop seure de tant d'allées ne de venues d'ambassades ; car bien souvent se traictent de mauvaises choses, Commines, III, 8. Et est de croire que ung sage prince met toujours…, Commines, III, 8. Et de ce faire [ce qu'il promettait] luy bailleroit son scellé, Commines, IV, 4. Fut prins ung varlet des Angloys [par les Anglais], et fut incontinent amené devant le roy d'Angleterre, Commines, IV, 7. Et ces raisons ont esté cause de faire paour à beaucoup de gens de bien, Commines, IV, 11. Le roy nostre maistre, qui estoit bien sage, entendoit bien que c'estoit que de Flandres et que ung conte dudit pays de Flandres estoit peu de cas sans avoir ledit pays d'Artois (qui est assis entre le roy de France et eux, leur estant comme une bride), Commines, VI, 9. Et s'adressoit de toutes choses à cet Estienne de Vers, Commines, VII, 2. Je ne veux point dire que le roy ne fust sage de son aage, mais il n'avoit que ving et deux ans et ne faisoit que saillir du nid, Commines, VII, 4. Et du matin, devant le jour, partismes, Commines, VIII, 7. Et luy sembloit bien que ledit de Clirieux avoit creu trop de leger, Commines, VIII, 16. Fit couper la teste au pere de sa femme et tua le frere d'elle, Commines, VIII, 17. Disant les causes estre justes et raisonnables de sa prinse, Commines, I, 1. Et que de demourer là sans vivres entre Paris et le roy n'estoit possible, Commines, I, 4. Le conte de Richemont, de present roy, Commines, I, 7. Ces trois avis ne sont pas d'oublier [à oublier], Louis XI, Nouv. LII.

XVIe s. … Qu'onc ne souffris homme de [que] moi plus grand, Marot, IV, 124. … à homme plein d'outrage N'est de besoing tenir aucun langage, Marot, IV, 128. C'est de toy, Dieu très haut, De qui atendre faut Vray secours et defense, Marot, IV, 230. … Et qu'est-ce que de l'homme ? D'avoir daigné de luy te souvenir, Marot, IV, 240. Lors à Dieu chanteray louange ; Car de chanter j'aurai de quoy [sujet], Marot, IV, 250. … Et vaincras ceux qui diront du contraire, Marot, IV, 295. Vrai est qu'il leur est à pardonner, vu que ce n'est pas leur gibier que de la sainte Escriture, Calvin, Instit. 126. Ils ne savent que c'est de Dieu, ni de religion, non plus que bestes, Calvin, ib. 127. C'est une eschappatoire frivole de ce qu'ils babillent, que Jesus Christ est nommé fils de l'homme, Calvin, ib. 363. Un serf delivré de [par] son maistre, Calvin, ib. 623. Et comme arbres, ils sont jugés de leurs fruits, Calvin, ib. 627. Ne savoit-il pas quel crime c'estoit d'adultere et d'homicide ? Calvin, ib. 833. Des asnes de prestres, qui ne savent n'aller ne parler, Calvin, ib. 959. C'est bien autre chose d'abstinence de mariage que de virginité, Calvin, ib. 1010. Conseille moi ce qu'est de [à] faire, Rabelais, Garg. I, 28. Allons y de ce pas, de paour que mort ne le previegne, Rabelais, Pant. III, 21. Lors sonna une cloche six coups seullement, et monagaux d'accourir et monagaux de chanter, Rabelais, ib. V, 3. … Que je croy qu'il est en nature Moins des bons hommes qu'en peincture, Saint-Gelais, 111. La philosophie est un fais d'autres espaules que de celles de nostre langue, Du Bellay, J. I, 14, recto. Ilz trouveront mauvais de ce que j'ose si librement parler, Du Bellay, J. I, 22, recto. Si j'estoy enquis de ce qu'il me semble de noz meilleurs poëtes françoys, Du Bellay, J. ib. Pour monstrer ce qui est de semblable en ces deux Et ce qui est aussi de difference entre eux, Du Bellay, J. II, 78, recto. Mais si mes vers sont de quelque merite, C'est pour l'honneur qu'ils ont de vous chanter, Du Bellay, J. III, 45, recto. Il me semble de voir cette troppe legere En un rond assemblée autour de vostre pere, Du Bellay, J. III, 67, verso. Il fait du bon chrestien, et n'a ny foy, ny loy, Du Bellay, J. VI, 21, verso. Ce n'estoit qu'un cœur, une maison, un lit, une table et une bourse d'eux deux, Marguerite de Navarre, Nouv. XLVI. Si Dieu ne donne mieulx au roy de Navarre, j'ay peur que de 15 jours il ne soit prest à partir d'icy, Marguerite de Navarre, Lett. 136. Les cris du peuple et des femmes et enfants abandonnez à la boucherie, Montaigne, I, 1. Il apperçut trois gentilshommes qui d'une hardiesse incroyable soutenoient seuls l'effort de son armée, Montaigne, I, 2. Elles d'un cœur magnanime s'adviserent de…, Montaigne, ib. J'ay veu un gentilhomme de bonne maison aveugle nay, au moins aveugle de tel age qu'il ne savoit que c'est de veue, Montaigne, II, 12. D'un visage ferme, Phyton…, Montaigne, I, 3. Perdre [tuer] d'un plomb malheureux, Montaigne, I, 22. De dueil s'arracher les poils, Montaigne, ib. De cholere, de desespoir, Montaigne, I, 23. Un roy de nos voysins, Montaigne, I, 22. Ordonnant que de dix ans on ne…, Montaigne, I, 22. Ayant reçu de Dieu, Montaigne, ib. La nation de quoy estoit le conte, Montaigne, I, 22. De troupe à troupe, Montaigne, I, 24. Il y a des petites bestes qui…, Montaigne, I, 84. De dessus un bastion, Montaigne, I, 28. Des principaux bienfaicts de la vertu est le mespris de la mort, Montaigne, I, 70. La premiere nuict d'après ses oblations, Montaigne, I, 96. Si ce sot de roy de France eust sceu…, Montaigne, I, 170. Ce n'est rien que de nous, Montaigne, II, 224. Escrire de [sur] la religion, Montaigne, I, 401. En toutes autres choses, s'il y a de bel et bon en la maison, c'est l'œil du maistre qui le fait, La Boétie, 214. De moi [quant à moi], si je pensois…, Despériers, Contes, XCII. Il y a de deux sortes de pieges, dont le diable se sert en ceci, Lanoue, 9. Dieu pour semblables iniquitez a anciennement exterminé des peuples entiers de devant sa face, Lanoue, 15. La peste s'attachera en toy, jusques à ce qu'elle t'aura consumé de dessus la terre, Lanoue, 19. Quand les estrangers ont plus de faveur et auctorité que les naturels, Lanoue, 21. Celui qui persecute est du diable, et celui qui est persecuté est de Dieu, Lanoue, 36. C'estoit bien peu de chose des villes des Acheïens, Lanoue, 49. C'est toy-mesmes qui as abondance de maladies et très dangereuses, Lanoue, 70. Ce mot de prochain s'estend indifferemment à tous les hommes, Lanoue, 72. Ce sera beaucoup si de six il s'en trouve deux, Lanoue, 118. Un gentilhomme de trois ou quatre mille livres de rente, Lanoue, 148. Il n'est richesse que de santé, Lanoue, 154. Aussi eux ne les tiennent pas en autre estime que de bestes brutes, Lanoue, 385. Minutius, ardent du desir de combattre sans propos, et faisant de l'audacieux, alloit gaignant la bonne grace des soudards, Amyot, Fab. 13. Et y eut bien huit cents de tuez, Amyot, ib. 15. Quelqu'un pensant faire du plaisant, Amyot, Timol. 22. Ce n'estoit encore rien de ce que l'on ostoit, au prix de ce qui revenoit, Amyot, Sylla, 73. Elles [figues] estoient toutes vertes et cueillies de frais, Amyot, Lucull. 72. Le peuple se deffioit de leur suffisance, et s'en donnoit de garde, Amyot, Nicias, 10. Il vint au degré de commander, ayant appris à obeïr, Amyot, Agés. 1. Son vieillard de pere s'en alla en sa maison tout fasché, Amyot, Pomp. 54. Cestuy Onesicritus avoit esté des disciples de Diogenes le cynique, Amyot, Alex. 108. Le muscle tenar, plus gros et cras de tous les autres…, Paré, IV, 29. Tes pieds de trop courir sont ja foibles et las, Ronsard, 297. Ta couleur est d'un mort qu'on devalle en la fosse, Ronsard, 561. Elle est pleurante au cabinet entrée, Où tout le bien que plus cher elle avoit, D'un soin de femme en garde reservoit, Ronsard, 632. Si j'avois de puissance autant que j'ay d'oser, Ronsard, 866. Tout ce qui est de beau ne se garde longtemps, Ronsard, 926. Environ le quatorzieme de decembre, Alector, roman, p. 75, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DE.
3Ajoutez :

C'est par une construction où de ne sert qu'à déterminer, qu'il faut interpréter ce vers de Molière : C'est un étrange fait du soin que vous prenez, à me venir toujours jeter mon âge au nez [le fait du soin, le fait qui est le soin], Molière, Éc. des maris, I, 1.

REMARQUE

Ajoutez :

17. À la règle qui veut qu'on dise, par exemple, de bons soldats, et non des bons soldats (voy. la Rem. 2), citons comme exception difficile à imiter, mais qui du moins doit être notée, ce vers de Racine : Qui sait si… Ce roi [Mithridate]… N'accuse point le ciel qui le laisse outrager, Et des indignes fils qui n'osent le venger ? Racine, Mithr. I, 3. Notez encore et n'imitez pas : Ces sages Qui dans un noble exil sur des lointains rivages…, Delille, Jardins, IV.

18. Il faut appeler l'attention sur l'emploi de de dans les exemples suivants : Je ne regarde pas tout ce qui me paraît de poli et de régulier, Méré, t. II, p. 229. Rien ne me paraît de plus inhumain que de…, ID. Œuvr. posthumes, p. 82. Laissant tout ce qui est de vrai, et chassant tout qu'il y a de faux, Pascal, Pensées, t. I, p. 364, édit. Faugère. Ce qui est de merveilleux est qu'il n'y en a point de laides [de femmes] dans toute l'île [Majorque], Retz, Mém. t. IV, p. 557, éd. Feillet et Gourdault. Ce qui est de plus admirable, c'est qu'au milieu de tant de faiblesse…, Bossuet, Panég. de saint Paul. Rapprochez ces exemples des exemples analogues qui sont cités à la fin du n° 7. Cet emploi de de, plus restreint aujourd'hui, est un véritable emploi partitif. Laissant tout ce qui est de vrai, de Pascal, est équivalent à : laissant tout ce qui est parmi le vrai. Nous dirions de préférence aujourd'hui : laissant tout ce qui est vrai ; mais la phrase ancienne est plus expressive ; aussi cette tournure ne doit-elle pas être abandonnée.

19. Il est dit au n° 19 que de entre deux verbes a un sens équivalent à : de ce que, vu que, etc. Mais il est bien entendu qu'il en est de même avec les locutions composées qui remplacent un verbe. J'ai bonne opinion de lui de vous aimer, Sévigné, 3 juillet 1675. C'est-à-dire : de ce qu'il vous aime.

20. De, précédé de celui ou celle remplaçant un substantif, a quelquefois le sens de : qui consiste à. Cette conduite va bien plus à… que celle de suivre…, Fénelon, Lett. spirit. CXXXVI. De tous mes châteaux en Espagne, il ne me reste que celui de chercher une occupation, Rousseau, Confess. III.

21. J. J. Rousseau a dit : Il y a quelque chose de dur et d'injuste de compter pour rien ce que j'ai fait, Rousseau, Lett. à M. H. D. P. 15 juill. 1764. On dit plus ordinairement : à compter. Mais de compter est bon aussi.

22. Régnier a dit : On a prétention… Me rendre… Le ventre creux, Ép. III, Ép. III. De coup ou de poison il est permis changer, Régnier, Ép. II. La suppression de de est un archaïsme, qui est tombé en désuétude.

23. On sait que, dans l'ancienne langue, le complément du comparatif se rendait non par que, mais par de. En voici un exemple dans un texte latin du IXe siècle : Accentus est anima verborum sive vox syllabae, quae in sermone plus sonat de ceteris syllabis, Revue critique, 8 février 1873, p. 87.

24. Voy. pour l'emploi de de comme particule nobiliaire, le mot NOBILIAIRE.

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Étymologie de « de »

Provenç. espagn. et portug. de ; ital. di ; du latin de.

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(Date à préciser) Du latin de, apparenté au mot latin dum, du radical démonstratif indo-européen *de, do[1], qui est la source de plusieurs formes de particules enclitiques (décrites dans l’étymologie de dum).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « de »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
de

Fréquence d'apparition du mot « de » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « de »

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