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Avec

Définitions de « avec »

Trésor de la Langue Française informatisé

AVEC, prép.

I.− [Marque les relations entre animés, entre animés et inanimés, entre inanimés]
A.− [Marque l'accompagnement, la réunion] En compagnie de (qqn) :
1. On sait que la montée qui commence là, c'est la plus longue, c'est la plus dure, c'est la dernière; et que, d'un seul élan, elle va porter les chevaux, la patache, et les gens au plein milieu du ciel, avec et les vents et les nuages. Giono, Regain,1930, p. 13.
[Dans un sens abstr.] Cf. Chateaubriand ds Pt Rob. ,,On ne pouvait gouverner avec moi (= en m'utilisant) ni sans moi.``
[Spéc. avec des termes ou loc. marquant l'accord, l'association] Conjointement, de concert avec :
2. Vous conviendrez avec moi, ma chère amie, que ses manières si simples et si décentes, ses discours si mesurés, sans pédanterie, ses sentimens nobles et généreux doivent être de sûrs garans que son indulgence ne vient pas du besoin qu'elle en a pour elle-même... Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1766.
3. ... c'était plutôt encore son intimité [de Gisèle] avec Sara qui me l'avait fait remarquer. Gide, Geneviève,1936, p. 1358.
D'avec, loc. prép. [Construit avec certains verbes (tels que divorcer, retirer, etc.) pour marquer de façon plus positive la différence ou la séparation existant entre deux pers., entre deux choses, entre une pers. et une ou plusieurs choses] :
4. Dans les ruminans, les fosses moyennes sont à peine distinguées d'avec la fosse antérieure. Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 2, 1805, p. 39.
Cf. cependant sans de, rare :
5. « D'ailleurs, reprit le capitaine, je ne risque pas d'en recevoir l'ordre. Je suis coupé avec tout le monde... » Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 17.
[Marque la conformité] Cf. Pt Rob. : ,,Je pense avec cet auteur que...``
B.− [Marque diverses relations entre pers.]
1. Relations principalement affectives. ,,Son amabilité avec tout le monde; être docile avec ses parents`` (Dub.).,,Il faut tâcher de bien vivre avec tout le monde`` (Ac.1932).
Être bien, être mal avec qqn. Être en bonnes ou mauvaises relations avec lui (cf. Rob.).
2. [La rencontre ou l'union]
Rem. Construit avec certains verbes, avec peut se substituer à d'autres prép. sans entraîner de changement de signif. (cf. toutefois Grev. 1961, § 916 rem. 28 pour comparer a/avec) : causer à/avec, confronter à/avec, fiancer à/avec, identifier à/avec, marier à/avec, parler à/avec; faire connaissance avec/de.
3. [Marque l'oppos. dans une même lutte] Le conflit de la Russie avec le Japon (Pt Rob.); se battre, lutter avec/contre qqn :
6. Rome était en guerre avec Carthage. Ac.1932.
Rem. 1. Le syntagme prép. régi par certains verbes (coucher, vivre) peut présenter une double signif. : avoir qqn. avec soi, « en être accompagné ou soutenu » (Rob.); être avec qqn, « être en compagnie de qqn » (spéc., fam., « être en concubinage avec qqn ») et « être de son parti, être en sympathie avec lui, l'appuyer, le soutenir » :
7. − L'indifférence aussi est une prise de position, dit-il sèchement; dans ce domaine-là, voyez-vous, si on n'est pas entièrement avec moi on est très loin de moi. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 77.
Rem. 2. Avec peut parfois prêter à ambiguïté. Cf. Littré et Rob. : ,,Il fut arrêté avec une épée sanglante`` [accompagnement (avec = en tenant ou en portant) ou moyen?].
II.− [Construit avec un compl. ajoutant une circonstance caractérisante au procès]
A.− [Marque la présence simultanée]
1. [Indique la concomitance] Se lever avec le jour, vivre avec son temps. Cela passera avec le reste :
8. Son histoire [de l'abeille] ne commence qu'au xviiesiècle avec les découvertes du grand savant hollandais Swammerdam. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 6.
2. [Indique l'addition, l'adjonction] :
9. Avec l'idée d'exterminer le diable, votre autre marotte est d'être aimés, aimés pour vous-mêmes, s'entend. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1039.
Fam. Avec ça/cela. En plus, en outre :
10. Son rire avait les éclats de Chaliapine, dont il avait aussi la voix de basse, de ventre. Avec ça il était leste comme un gamin et avait l'esprit fertile, inventif comme tous les aigrefins. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 73.
Et avec ça/cela :
11. Quand on arrivait par ce bout-là, on était reçu par une sorte de valet (...) qui n'avait jamais l'air très bien rasé, par nature, parce qu'il avait le bleu, vous savez, ce genre de barbe qui laisse un reflet; et avec ça une tignasse de marchand de marrons faisant une pointe malheureuse sur le front presque jusqu'aux yeux. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 393.
Rem. La loc. adv. et avec ça/cela? est aussi l'interr. d'un commerçant demandant à son client la suite de sa commande.
Fam. ou pop. Avec ça/cela que. [Suivi de l'ind. ou du cond., le plus souvent dans une prop. exclamative, indique la surprise, l'indignation, l'incrédulité] :
12. Le camarade Gallardo n'a pas de papiers, et si le patron met le nez là-dedans, ça fera sûrement du vilain. Avec ça que la police n'est pas tendre pour les Espagnols depuis l'affaire des Asturies. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 947.
3. [Indique la présence simultanée d'éléments formant contraste, la restriction, l'oppos.] En dépit de, malgré. Avec tout le respect que je vous dois... (Ac.1932) :
13. olga. − Va-t'en. hugo. − Non. Imitant Olga. « Je ferai ce que le parti me commandera. » Tu auras des surprises. Avec la meilleure volonté du monde, ce qu'on fait, ce n'est jamais ce que le parti vous commande. Sartre, Les Mains sales,1948, 1ertabl. 1, p. 22.
En ce qui concerne (qqn), quand on a affaire à (qqn) :
14. Avec ce gaillard-là, on ne sait jamais à quoi s'en tenir. Pt Rob.
Si l'on s'en rapporte à (qqn) :
15. Avec vous, avec lui, il n'y a jamais rien de bien fait. Ac.1932.
4. [Sert à marquer la cause. Souvent placé en tête de phrase dans ce cas] Étant donné, en raison de :
16. Avec le temps qu'il fait, je préfère ne pas sortir. Lar. Lang. fr.
Eu égard à :
17. Avec son orgueil, comment aurait-il pu accepter une récompense aussi modeste? Ac. Can.-Fr.1968.
5. [Marque l'accompagnement entre inanimés] Une chambre avec vue sur la mer (Rob.), une robe avec des dentelles (Pt Rob.).
B.− [Marque l'instrument, le moyen] À l'aide de, grâce à :
18. Une bûche s'effondra, des braises roulèrent hors du foyer. L'Allemand se pencha, ramassa les braises avec des pincettes. Vercors, Le Silence de la mer,1942, p. 37.
[Sert aussi à indiquer la matière employée pour faire une chose] ,,Dans ce pays ils ne bâtissent qu'avec du bois`` (Ac.1932).
Au fig. Avec le temps... En laissant agir le temps :
19. Avec votre permission, mon père, je vais suivre votre conseil et prendre un peu de repos avant souper. Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, p. 1574.
Rem. Après certains verbes, avec peut se substituer à d'autres prép. : déjeuner, dîner, souper de/avec (qqc.), (s')écrire par/avec (telle lettre ou tel chiffre).
C.− [Marque la manière d'être ou d'agir]
1. [Le subst., n'ayant pas reçu de détermination, n'est accompagné d'aucun art. ou adj. pronom.] :
20. La nuit dernière, pendant une insomnie, observé avec intérêt les grandes taches de lumière qui peuplaient l'obscurité. Green, Journal,1935, p. 6.
21. ... on a eu raison de nous dire, (...), Qu'elle [sainte Claire d'Assise] se nourrit d'un centigramme comme de pain par semaine et qu'elle couche tout habillée sur la dure, Et tout ce que nous lisons, avec pas beaucoup de plaisir, dans le vieux livre, les « disciplines sanglantes », comme on dit, et le cilice, Et ses quarante-deux ans à genoux derrière une muraille sans interstice, Qui seraient quarante-deux siècles aussi bien si on lui avait demandé! Claudel, Visages radieux,1947, p. 765.
[De même, dans le cas de qq. adj. antéposés] Avec grand plaisir, avec grande/juste raison :
22. Quelques minutes plus tôt, il [Simon] l'avait vu [le premier lieutenant] discuter posément et avec grande compétence de la situation du navire, et son visage, complètement transformé, reflétait une assurance et un sérieux incontestables, ... Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 159.
Arch. Avec au lieu de à, en.Avec connaissance de cause, à tort ou avec raison :
23. ... elles [ces vues et ces conclusions] offrent à l'idéologiste, des points d'appui plus visibles, sur lesquels il peut, avec toute certitude, asseoir les résultats de ses analyses rationnelles... Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 2.
2. [Le subst., ayant reçu une détermination, est pourvu d'un art. ou d'un adj. pronom.] :
24. Elle sourit avec une malice tout amicale. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 12.
[Avec sert à indiquer, dans certaines phrases fam., ce qu'une pers. ou une chose offre de partic., d'extraordinaire. Le syntagme prép. peut dans ce cas avoir une valeur verbale : avec + subst. d'action = en + verbe au gérondif] :
25. De même que celui-là, qui a détruit sa maison avec la prétention de la connaître, ne possède plus qu'un tas de pierres, de briques et de tuiles, ne retrouve ni l'ombre ni le silence ni l'intimité qu'elles servaient, ... Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 522.
26. « Quand j'étais jeune, je vivais avec l'idée de mon innocence, c'est-à-dire avec pas d'idée du tout... » Camus, La Peste,1947, p. 1418.
27. Elle avait de jolis yeux, vous savez, cette vipère, non pas des yeux de saphir comme les vipères de bracelets, je le répète, mais des yeux de topaze brûlée, piqués noir au centre et tout pétillants d'une lumière que je saurai plus tard s'appeler la haine et que je retrouverai dans les prunelles de Folcoche, je veux dire de ma mère, avec, en moins, l'envie de jouer (et, encore, cette restriction n'est-elle pas très sûre!). H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 8.
Rem. 1. Le compl. de manière introduit par la prép. avec a une aire d'application plus large que l'adv. de manière en -ment : avec angoisse, avec aplomb, avec autorité, etc. 2. L'emploi de avec dans les ex. 21 et 27, qui semble relever de la lang. fam., est à rapprocher de la recommandation donnée par Hanse 1949 : ,,Il ne faut pas employer avec au lieu de sans et dire : Je suis revenu [avec rien]`` et par Quillet 1965 : ,,Avec pas (il est parti avec pas un sou en poche) est barbare.``
III.− Emploi adv., fam. (corresp. aux emplois prép. cités sous I et II) :
28. Enfin, un matin, le colonel cherchait sa monture, son ordonnance était partie avec, on ne savait où, dans un petit endroit sans doute où les balles passaient moins facilement qu'au milieu de la route. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 16.
29. ... et tous les quatre pas [il] s'arrêtait, soulevait son tuyau de poêle, et s'éventait avec, bien qu'il fît froid, puis sortait un sordide foulard de sa poche et s'épongeait le front avec, puis le rentrait; ... Gide, Les Nouvelles Nourritures,1935, p. 262.
30. ... vivre dans une époque, dans un milieu, où le mensonge décent est de règle, où le conformisme social et moral s'entoure d'un appareil de puissance impressionnant, et qui, n'ayant pas l'héroïsme (...) de faire sauter toute la boutique et lui avec, (...), se réfugie dans un discours secret, ... Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 8.
Rem. Cette constr. est correcte, si le compl. sous-entendu (nom de pers. ou de chose) a été empl. précédemment (parfois sous forme de prop.). ,,On ne dira pas directement : [Venez-vous avec?] pour : Venez-vous avec nous? Nous accompagnez-vous?`` (Hanse 1949).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [avεk]. a) C final se prononce devant une voyelle et devant une consonne ds les dict. mod. de Passy 1914 à Warn. 1968; cf. également ds Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844, Besch. 1845 et DG. Fér. Crit. t. 1 1787 rappelle à ce sujet : ,,Vaugelas avertit qu'il faut toujours prononcer le c d'avec devant quelque lettre qu'il se rencontre, et se garder bien de dire avé moi, avé un de mes amis, il faut dire avek moi, comme avek un, etc.`` Ds le dict. gramm. (Fér. 1768) on dit au contraire, qu'on ne fait sentir le c que lorsqu'il précède une voyelle. C'est un article à réformer ds ce dict. Pour la prononc. de c final même devant une consonne, cf. encore Rouss.-Lacl. 1927, p. 172. Grammont Prononc. 1958, p. 94 note que dans le Midi la prononc. de c final devant une consonne est facultative. Nyrop Phonét. 1951 observe également cette tendance dans le Midi ainsi qu'en Suisse et fait : ,,bien remarquer que cette prononciation n'est pas à imiter``. Cf. enfin Mart. Comment prononce 1913, p. 213 : ,,Pendant longtemps la prononciation familière a volontiers omis le c d'avec devant une consonne [...] : cette prononciation est aujourd'hui dialectale, et on la tourne même en ridicule.`` b) c final se prononce devant une voyelle et non devant une consonne ds Fér. 1768 et ds Littré qui souligne : ,,cependant plusieurs le font entendre même devant une consonne : a-vè-k vous. Palsgrave, au xviesiècle dit qu'on prononçait avé et, au xviiesiècle Chifflet insiste pour la prononciation du c``. Pour la fluctuation dans la prononc. de c final, cf. Buben 1935, § 194. Enq. : /avek/. 2. Forme graph. − La majorité des dict. signale la forme vieillie et qu'on peut trouver encore chez les poètes du xviies. : avecque ou avecques; cf. Ac. 1798-1878 : ,,vieux mot qui s'employait autrefois pour avec``. Ac. 1932 ne le mentionne plus. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit déjà à ce sujet : ,,on disait autrefois avecque et avecques. C'était une commodité pour les poètes. L'Acad. dit qu'avecque n'est plus en usage qu'en poésie, ou même il vieillit [cf. Ac. 1762 et 1798]. On peut même dire qu'il est si vieux dans la poésie noble et sérieuse qu'aucun poète n'oserait aujourd'hui l'employer. Il ne se maintient que dans la poésie marotique``. Pour ces graph. anc. cf. également les rem. ds Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892 (pour ces deux derniers dict. avecque ,,pourrait être encore employée en poésie``), Rob. et Quillet 1965 qui souligne que avecque était empl. devant une consonne et avecques devant une voyelle.
ÉTYMOL. ET HIST. A.− Prép. 1. a) mil. xies. marque la concomitance d'égalité (Alexis, éd. Meunier, 53 ds G. Löfgren, Etude sur les prépositions françaises Od, Atout, Avec..., Uppsala, 1944, p. 119 : Ço dist li pedres : « Filz quar t en vas colcer avoc ta spuse »); début xiiies. (Amadas et Ydoine, éd. J. R. Reinhard, 3880, ibid. : Qu'a Roume avoec sa compaignie Ne voist avoec le droit voiage); fin xiies. nuance comitative (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 55, 4, ibid., p. 124 : Si despitat ia alsi com sec lo mont avoc sa flor); b) fin xiies. marque la simultanéité dans le temps (Chatelain de Coucy, Chansons, éd. F. Fath, X, 8, ibid., p. 120 : Et quant ioie me faut Bien est raisons K'auec ma ioie faillent mes canchons); c) 1383 « et de plus » « et en outre » (J. Froissart, Meliador, éd. Longnon, 9041, ibid., p. 151 : Et voit de son brach .I. quartier Avoec le poing dessus l'erbier); d) 1150-70 « indique la relation » (Adam, éd. K. Gross, 70, ibid., p. 123 : Tun seignor aime e ovec lui le tien); d'où 1376 « à l'égard de, envers » (H. de Ferrières, Roi Modus, éd. Tilander, 202, 26, ibid., p. 150 : Comment ... sont les gens des trois estas avecques le roy de Visses); 1422 « contre » (A. Chartier, Le Quadrilogue invectif, éd. Droz, 11, 6, ibid., p. 149 : La guerre qu'il eut avecques le roi Daire); 2. xiies. « malgré » (Dame de Faiel, dans Couci ds Littré : [Je] Chanterai pour mon courage, que je veuil reconforter; Car avec mon grant domage [je] Ne veuil mourir n'afoler); 3. a) début xiies. indique la manière (Moniage Guillaume, éd. Cloetta ds G. Löfgren, op. cit., p. 126 : Avoec l'aïe le roi de maïsté, Dis mil paiens lor ont le jour tüé); cf. 1422 (A. Chartier, op. cit., 23, 16, ibid., p. 153 : N'estores tu pas raemply lors de richesses, environné de delices avecques toute franchise d'en user); b) 1160 70 le moyen (Thomas, Tristan, éd. J. Bédier, 2589, ibid., p. 126 : Trenche la mer ove sa nef); 1225 (Colleg. de Metz, A. Mos. ds Gdf. Compl. : Ovoec la [lo] sael ...); 1284 (J. de Meun, Art. de Chev., éd. Robert, 154, 1 ds G. Löfgren, op. cit., p. 126 : Et les enversent avec les limaçons). B.− Adv. milieu xies. « en même temps » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 42c ds T.-L. : mes pedre me desirret, Si faït ma medre..., Avoc ma spose que jo lor ai guerpide); cf. ca 1100 (Roland, éd. Bédier, 3626 : Encalcent Franc e l'emperere avoec); actuell. l'emploi adverbial est familier. Du lat. *apud-hŏque devenu *apu-hŏque, dans lequel l'[u] s'est fermé en [w], lequel est ensuite tombé devant l'accent; d'où *apŏque qui a donné régulièrement en a.fr. avuec (exemples ds T.-.L. et Gdf. Compl.). Cf. l'a.fr. o(d) « avec », lui aussi issu du lat. apud. L'hyp. d'une formation à partir de *ab hoc, *abhŏque (Bl.-W.5, EWFS2, Bourc. 1967, § 317c) fait difficulté sur le plan phonét. car le b intervocalique se serait amuï au contact de l'élément vocalique suivant (Fouché, p. 639); en outre l'étymol. *ab hoc > avec ne trouve aucun appui, ni dans le lat. de la Gaule, ni en a.fr. : aucun exemple où ab marque la concomitance d'égalité ou signifie « outre », « de plus »; il y a lieu de douter que ab ait eu en Gaule assez de force pour donner naissance à une combinaison nouvelle et aussi vigoureuse. Le sort de ab dans les lang. rom. s'oppose à cette supposition (G. Löfgren, op. cit., p. 140).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 270 838. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 370 876, b) 400 443; xxes. : a) 392 204, b) 384 940.
BBG. − Ac. Can.-Fr. 1968. − Beckmann (G. A.). Die Nachfolgekonstruktionen des instrumentalen Ablativs im Spätlatein und im Französischen. Tübingen, 1963, pp. 281-287. − Bél. 1957. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Cohen 1946, p. 57. − Darm. Vie 1932, p. 125, 136. − Dem. 1802. − Duch. 1967, § 41, 74. − Dul. 1968. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 99. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, no2, p. 12. − Le Bidois (R.). Monde (Le). 1963, 27 nov. − Lerch (E.). Woher stammen aveugle und avec? Rom. Forsch. 1947, t. 60, pp. 70-105. − Löfgren (G.). Et. sur les prép. fr. od, atout, avec, depuis les orig. jusqu'au xvies. Upsal, 1944, pp. 119-170. − Marshall (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 38 (Thèse Univ. Paris, 1958). − Muller (C.). Ds notre courrier : emploi des prép. : à, de, par, avec. Fr. Monde. 1965, no33, p. 52. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Pope 1952, § 274, 357, 553, 604, 750, 850. − Rog. 1965, pp. 162-163. − Spang. Hanssen (E.). Les prép. incolores du fr. mod. Copenhague, 1963, passim.Spitzer (Léo). Nfr. avec ça (que) « als ob ». Z. fr. Spr. Lit. 1935, t. 59, pp. 335-338. − Spr. 1967. − Stöcklin (J.). Probl. de prép. Vox rom. 1971, t. 30 no1, pp. 91-92. − Vinc. 1910.

Wiktionnaire

Adverbe - français

avec \a.vɛk\ invariable

  1. (Informel) Avec une chose connue de par le contexte.
    • Les deux routiers sont attablés, occupés à exterminer en silence un plateau de fromages et les deux kils de rouge qui vont avec. — (Pascal Perbet, Tribu Vivaldi, Éditions Julliard, 2015, chap. 1)
    • Il a pris mon manteau et s’en est allé avec. — Il a été bien traité et il a encore eu de l’argent avec.
  2. (Informel) Avec une personne connue de par le contexte.
    • Est-ce que tu viens avec ?
  3. (Canada) (Populaire) Aussi.
    • Ton chum était encore content pis toi avec.

Préposition - français

avec \a.vɛk\ invariable

  1. Conjointement à ; en compagnie de.
    • Je suis venu avec lui.
    • Il s’est marié avec ma sœur.
    • Avec ces gens-là, il faut sans arrêt se justifier.
    • Mettez tous ces papiers les uns avec les autres.
    • Il a de la fièvre avec des nausées.
  2. Introduit des compléments circonstanciels indiquant la manière, l’instrument, etc.
    • […], la Tivabro est décorée à la mode Bretagne d’antan, avec goût et sans folklore tartignole. — (Jean-Paul Labourdette, Le Petit Futé Bretagne, p. 399, 2009)
    • Dans ce pays ils ne bâtissent qu’avec du bois.
    • Il ne marche encore qu’avec des béquilles.
    • Avec un peu d’argent j’obtiendrai un non-lieu.
    • Tu vas devoir te défendre avec courage.
    • Elle conduit avec un peu plus de prudence depuis son dernier accident.
  3. (Familier) Ce qu’une personne offre en elle de singulier, d’extraordinaire, de ridicule, etc.
    • Je riais de le voir avec son visage blême.
    • Qu’il est fatigant avec ses questions !
  4. Contre, dans une relation où il y a deux côtés.
    • Alphonse lui-même, qui semblait encore le meilleur de tous, eh bien ! ma chère, il s’est brouillé avec moi pour une misère. — (Perlette, chap.4, dans l'Artiste : Revue de Paris, 1847, 4e série, vol.9, p.198)
    • Rome était en guerre avec Carthage.
  5. Malgré, sauf.
    • On est étonné qu’avec tout son esprit il fasse de telle sottises.
    • Avec tout le respect que je vous dois…
  6. (Familier) Aussi.
    • Il a réussi et moi avec.
    • C’était des bon gars au fond, bien travailleurs et ils m’ont bien répété encore qu’ils ne m’approuvaient pas du tout, mais ils me souhaitèrent quand même du bon courage et de la bonne chance et bien du plaisir avec mais à leur façon. — (Louis-Ferdinand Céline (Louis-Ferdinand Destouches), Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932 (réédition Gallimard, Folio #28, 2019, pages 232-233)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

AVEC. préposition
. Conjointement à. Je me concerterai avec vous. Il faut tâcher de bien vivre avec tout le monde. Je suis venu avec lui. Il partit avec dix mille hommes. Il s'est marié avec elle. Avec ces gens-là, il faut toujours être en discussion. Mettez tous ces papiers les uns avec les autres. Il a une grosse fièvre avec des redoublements. Ce mot est quelquefois employé avec tel autre. Mettre le bon avec le mauvais. Il s'emploie quelquefois sans complément et par redondance, mais seulement dans le langage familier. Il a pris mon manteau et s'en est allé avec. Il a été bien traité et il a encore eu de l'argent avec. Fam., Avec vous, avec lui, il n'y a jamais rien de bien fait, Si l'on a affaire à vous, à lui, si l'on s'en rapporte à vous, à lui. Il sert aussi à indiquer la Matière qu'on emploie pour faire une chose. Carreler avec de la brique. Dans ce pays ils ne bâtissent qu'avec du bois. Il sert également à désigner l'Instrument, le moyen qu'on emploie pour faire quelque chose. Couper avec un couteau. Tuer avec une épée. Écrire avec une plume, avec un crayon. Attacher avec une épingle. Il ne marche encore qu'avec des béquilles. Se purger avec du séné. Avec cela vous êtes sûr de réussir. Avec de l'argent je l'obtiendrai. Nous en viendrons à bout avec le temps. Il sert encore à indiquer la Manière dont on fait quelque chose. Opérer avec dextérité. Parler avec justesse. Se conduire avec prudence. Se défendre avec courage. Écrire avec facilité. Travailler avec peine. Recevoir avec joie. Il n'en peut parler qu'avec douleur. Dans certaines phrases familières, il indique Ce qu'une personne offre en elle de singulier, d'extraordinaire, de ridicule, etc. Je riais de le voir avec son visage blême. Voyez ce pédant avec sa sotte colère! Qu'il est fatigant avec ses questions! Il est quelquefois l'équivalent de Contre. Il s'est battu avec un tel. Rome était en guerre avec Carthage. Il signifie encore, dans certains cas, Malgré, sauf. Avec tout cela vous n'en êtes pas moins sa dupe. On est étonné qu'avec tout son esprit il fasse de pareilles sottises. Avec tout le respect que je vous dois... Il est quelquefois précédé de la préposition De, pour marquer la Différence de deux choses ou de deux personnes d'une manière plus positive. Distinguer l'ami d'avec le flatteur. Distinguer la fausse monnaie d'avec la bonne. Séparer l'or d'avec l'argent.

Littré (1872-1877)

AVEC (a-vèk ; devant une consonne, le c ne se prononce pas ; avec vous, dites : a-vè-vous ; cependant plusieurs le font entendre même devant une consonne : a-vè-kvous. Palsgrave, au XVIe siècle, dit, p. 24, qu'on prononçait avé, et, au XVIIe, Chifflet insiste pour la prononciation du c) prép.
  • 1Joint à… en même temps que… Il se promenait avec ses enfants. S'entretenir avec quelqu'un. Nous étions l'un avec l'autre. Vin mêlé avec de l'eau. Il partira avec le jour, avec la lune, c'est-à-dire aussitôt que le jour paraîtra, que la lune sera levée. Avec notre existence, De la femme pour nous le dévoûment commence, Legouvé, le Mérite des femmes, 107. Je cours, avec les mêmes dangers que lui, pour apprendre où il est, Fénelon, Tél. I. Après avoir produit ce malheureux souhait avec le scandale de toute l'Église, Pascal, Prov. 2.

    Avec le temps, c'est-à-dire par la suite des temps.

    Du parti de, comme. Il est avec les royalistes. Je pense avec Platon que…

  • 2En tenant ou en portant quelque chose. Il fut arrêté avec une épée sanglante. Je vous ai envoyé mon domestique avec une lettre. Le soldat marche avec son sac et ses armes. Deux statues avec un costume de jeune fille.
  • 3En usant de, suivi d'un nom d'instrument ou de matière. Égorger avec le glaive. Frapper avec la hache. Attacher avec des chaînes. Un affreux serrurier… Avec un fer maudit, qu'à grand bruit il apprête, De cent coups de marteau me va fendre la tête, Boileau, Sat. VI.
  • 4 Fig. Exprimant le moyen, la manière. Mot écrit avec une seule r. Avec le secours du ciel. Je dirai, avec votre permission. Acquitter les legs avec loyauté. Avec courage, audace, ruse, zèle. Avec le moindre effort, il pourrait… Avec de la réflexion, nous comprenons. Les ennemis furent repoussés avec perte. Avec un gémissement. Souffrir avec peine quelque chose. Et tu crois m'éblouir avec cet artifice ? Corneille, Héracl. IV, 6. Sa voix s'est fait entendre avec un cri terrible, Racine, Esth. II, 1. Tandis que vous avez vécu avec pudeur et avec innocence, vous n'avez pas douté…, Massillon, Car. Doutes.
  • 5À l'égard de. Être en paix avec les autres et avec soi-même. Le mortel heureux contracte une dette avec le malheur, Trad. de Young, 1re nuit. N'êtes-vous pas à merveille avec Bandel ? Sévigné, 32. Pierre… libre d'inquiétude avec l'Angleterre et avec ses voisins, Voltaire, Hist. de Russ. II, 15. Voyez si je ne procède pas de bonne foi avec vous, Voiture, Lett. 134.

    Être bien, mal avec quelqu'un, avoir avec lui de bons, de mauvais rapports. Comment êtes-vous avec M. d'Aix ? Sévigné, 496.

  • 6Contre, en parlant d'une lutte. Faire la guerre avec quelqu'un. Combattre avec un ennemi. Être en dissentiment avec quelqu'un. L'ours a-t-il, dans les bois, la guerre avec les ours ? Boileau, Sat. VIII.
  • 7Malgré, sauf. Avec cela, avec tout cela. Ils prodiguent l'argent, et, avec cela, ils ne peuvent voir le bout de leur fortune. Je vous supplie de croire qu'avec tout le silence que je garde si hardiment, je conserve toujours pour vous dans mon cœur toute sorte de respect, Voiture, Lett. 183. Ne trouvez pas étrange que je parle un peu inconsidérément ; avec toute cette liberté, je vous assure que j'ai pour vous tout le respect…, Voiture, ib. 138. Ce n'est pas qu'avec tout cela, votre fille ne puisse mourir, Molière, Méd. II, 5. Vous dites tous les jours qu'un tel, avec sa dévotion, ne laisse pas d'aller à ses fins ; qu'un autre est fort exact à faire sa cour…, Massillon, Car. Injustice. Si tant d'âmes périssent avec les grâces attachées à leur état…, Massillon, ib. Vocation.

    Avec cela, se dit au jeu du quinze toutes les fois qu'on veut indiquer qu'on ne relance pas.

  • 8Eu égard à… J'ai peine à croire qu'avec son orgueil insupportable, il ait pu… Vous, avec votre habitude de ne rien négliger…
  • 9Indiquant ce qu'une personne offre de particulier, d'extraordinaire. Que veut cet homme, avec son air sévère ? Voyez cet extravagant, avec ses sottes propositions.
  • 10Avec vous, avec lui, il n'y a jamais rien de fait ; c'est-à-dire si l'on s'en rapporte à vous, à lui. Le plus désolant est qu'on ne peut compter sur rien avec elle, Rousseau, Hél. VI, 11.
  • 11D'avec. Distinguer le maître d'avec le serviteur. Le flatteur peut être distingué d'avec l'ami. Faire le discernement de l'or d'avec la paille, Massillon, Misér.
  • 12Avec, adv. Il a pris mon manteau, et s'en est allé avec.

REMARQUE

Avecque est une ancienne forme qui pourrait être encore employée en poésie. Vous êtes romanesque avecque vos chimères, Molière, l'Étour. I, 2. Allez, tel qu'il puisse être, avecque cette somme Je vous suis caution qu'il est très honnête homme, Molière, Sganar. 1. Et qu'avecque le cœur d'un perfide vaurien Vous confondiez les cœurs de tous les gens de bien, Molière, Tart. V, 1. Tu désarmes ce bras avecque ta clémence, Rotrou, Bélis. I, 2. Et ne pourrai-je au moins… M'entretenir moi seule avecque mes douleurs ? Racine, Alex. IV, 1. Quatre mots seulement ; Après, ne me réponds qu'avecque cette épée, Corneille, Cid, III, 4. Affaiblir ma douleur avecque mon amour, Corneille, Poly. II, 2. Vous cherchez, Ptolémée, avecque trop de ruses, De mauvaises couleurs et de froides excuses, Corneille, Pomp. III, 2. J'ai souffert cet outrage avecque patience, Corneille, Rodog. V, 4. Et puisque avecque moi tu veux le couronner, Corneille, Héracl. I, 2. Lui rendre Nicomède avecque ma couronne, Corneille, Nicom. V, 5. Si le cœur mieux ouvert ne met d'intelligence Votre établissement avecque ma vengeance, Corneille, Sertor. V, 1. C'est avecque plaisir qu'on survit à sa mort, Malherbe, II, 1. Tous les jours je me couche avecque le soleil, Boileau, Sat. VI.

HISTORIQUE

XIe s. Si larrecin est troved en cui terre que ceo seit et li laroun ovesques, L. de Guill. 31. Avoec ice plus de cinquante chars, Ch. de Rol. XII. Enchalcent [donnent la chasse] Franc et l'emperere avoec, ib. CCLXV.

XIIe s. [Il] Out l'enfant Richart oue sei, Benoit de Sainte-Maure, Chron. de Norm. 13651. Et avoec eux Engeler le gascon, Ronc. p. 98. Bien est raisons Qu'avoec ma joie Faillent mes chansons, Couci, X. S'auvec ces biens [beauté et courtoisie] [vous] accueillez felonie, ib. XX. [Je] Chanterai pour mon courage, Que je veuil reconforter ; Car avec [malgré] mon grant domage [je] Ne veuil mourir n'afoler, Dame de Faiel, dans Couci. E Samuel crut e esforcha ; e Deus fud ove li, Rois, 13.

XIIIe s. Avoec cels alerent moult de sergens et de chevaliers dont li noms ne sont mis en escrit, Villehardouin, XXXIII. Tant que la vraie histoire [j'] emportai avoec mi, Berte, I. Et Tybert leur cousin avoec [j'] envoierai, ib. VII. Anuit avecques moi [je] ferai Bertain dormir, ib. XII. Ainsi caroloient ilecques Ceste gens, et autres avecques, Qui estoient de lor mesnies, la Rose, 1288. Bien poent penre lor despens avec, s'on ne lor veut doner sans force ne contraignement, Beaumanoir, LIV, 11. Se il arivoit avec eulx, et sa gent estoient occis et il avec, la besoigne seroit perdue, Joinville, 192.

XIVe s. Et semblablement different les delettacions de telz sens les unes d'ovecques les autres, et different d'ovecques la pensée intellective, Oresme, Eth. 309.

XVe s. Robert Bruce… reconquit toute Escosse, et la bonne cité de Bervich avec, Froissart, I, I, 2. Et rescripsit audit marquis que, avec tout ce, le roi anglois se conseillast au duc de Brabant, Froissart, I, I, 76. Qui estoient partis d'avec luy, Commines, II, 2. Avecques ce [ajoutez à cela] qu'il n'y avoit gueres que le roy avoit rachapté les villes, Commines, I, 1.

XVIe s. Le bon homme Fabry m'a escript qu'il s'est trouvé ung peu mal à Bloys, avecques ce qu'on l'a voulu fascher par delà, Marguerite de Navarre, Lett. 98. Je desire grandement tenir avec moy ma petite niepce, Marguerite de Navarre, ib. 118. J'ai bon besoin de repos ; ce que je voys [vais] prendre hors d'avecques ma fille ; car elle est si endemenée que je ne saurois reposer auprès d'elle, Marguerite de Navarre, ib. 67. Avec grande instance, Montaigne, I, 30. Avec l'ayde du temps, Montaigne, I, 105. Avecques ce qu'elles pourroient emporter, Montaigne, I, 2. Curieux avecques les aultres de cognoistre, Montaigne, I, 8. Nous n'avons aulcune communication avecques ce qui est, Montaigne, I, 14. Desprendre la chair d'avecques les os, Montaigne, I, 15. Porter avecques soy, Montaigne, ib. La mer a retranché la Sicile d'avecques l'Italie, Montaigne, I, 231. Ils se levent avec le soleil, Montaigne, I, 237. Et ne sais avecques [en outre] si nous l'appellerions grande…, Montaigne, II, 65. L'on s'attendoit bien qu'il emporteroit encore le prix, avec ce que son auctorité le rendoit mal voulu, Amyot, Thésée, 22. Ce fut luy premier qui divisa la noblesse d'avec les laboureurs, Amyot, ib. 29. Elle commencea à jetter branches, tellement que, avec le temps, elle devint un beau et grand cormier, Amyot, Rom. 32. Avec ce qu'il estoit de doulce et humaine nature, encore avoit il une grace de sçavoir attraire et gaigner les cueurs, Amyot, Marcel. 14. Toutefois la blessure n'en fut pas dangereuse ny grande avec, Amyot, Pyrrhus, 76. L'Acrocorinthe empesche tout le commerce de ceulx qui sont au dedans du destroit, d'avec ceulx qui en sont au dehors, Amyot, Aratus, 19. Lors le prieur de l'abbaye avecques tous ses moynes sortirent, Rabelais, Garg. I, 27.

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Étymologie de « avec »

Du moyen français avecques, de l’ancien français avuec, du latin apud *hoque (« près de ça ») devenu *apu-hŏque dans lequel [u] s’est fermé en [w], puis est tombé devant l’accent, ce qui a donné *apŏque[1].
Anciennement orthographié avecque.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bourguig. aivô ; nivernais, aivec ; mâconnais, aivu ; franc-comtois, aivoue, aivo, aiveû ; Berry, aveuc, anvé, anvec, et aussi, anc : je suis parti anc elle ; wallon, avou ; picard, aveu, avé, aveuc. La forme avoec, qui est la forme régulière, et dont avec est une contraction, et avecque une forme paragogique, vient de la préposition latine apud, et de hoc, cela ; apud hoc, c'est-à-dire, dans le bas-latin, en cela, d'où le sens de avec. Cette dérivation est démontrée par l'ancien français peroec, pour cela (per hoc), senoec, sans cela (sine hoc). À côté de avoec, l'ancien français a oue ou ove, qui paraît être plutôt un représentant de apud, que de ubi qui a donné sans e.

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Phonétique du mot « avec »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
avec avɛk

Fréquence d'apparition du mot « avec » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « avec »

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Citations contenant le mot « avec »

  • […] il sait que je tremble pour Bost et il éprouve ma sérénité en me parlant des tortures mentales d’Ehrenbourg; il est d’ailleurs marrant, il n’est pas mobilisé et ne le sera pas, il est paisible comme tout et il parle avec un air d’héroïsme de s’enfermer dans une tour d’ivoire, de se faire une vie agréable, de boire, manger, se divertir […]
    Simone de Beauvoir — Lettres à Sartre
  • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
    Sacha Guitry — Beaumarchais
  • Qui dîne avec les grands les quitte avec la faim.
    Proverbe grec
  • Pour vous être agréable, je puis vous proposer l’arrangement suivant au lieu de vous payer, Dieu sait quand, en espèces, je vous paye en nature c’est-à-dire que je vous prends huit jours avec moi, et vous initie à mes procédés.
    Jules Romain — Knock ou Le Triomphe de la Médecine
  • Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire dans le progrès. Nous ne nous occupons, avec amusement, que de l’aujourd’hui. Nous voulons être des mystiques du détail, des taraudeurs et des clairvoyants, des anti-conceptionnistes et des râleurs littéraires. Nous voulons supprimer le désir pour toute forme de beauté, de culture, de poésie, pour tout raffinement intellectuel, toute forme de goût, socialisme, altruisme et synonymisme.
    Hugo Ball et Richard Huelsenbeck — Manifeste littéraire
  • Je proclame l’opposition de toutes les facultés cosmiques à cette blennorragie d’un soleil putride sorti des usines de la pensée philosophique, la lutte acharnée, avec tous les moyens du dégoût dadaïste.
    Tristan Tzara — Manifeste Dada
  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • Confluent des deux sourires versl’enfant – une roue de ma ferveurle bagage de sang des créaturesincarnées dans les légendes physiques- vit les cils agiles des orages se troublentla pluie tombe sous les ciseaux ducoiffeur obscur – de grandes alluresnageant sous les arpèges disparatesdans la sève des machines l’herbepousse autour des yeux aigusici le partage de nos caressesmordues et parties avec les flotss’offre au jugement des heuresséparées par le méridien des cheveluresmidi sonne dans nos mainsles piments des plaisirs humains.
    Tristan Tzara — « Hirondelle végétale »
  • Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; proteste aux poings de tout son être en action destructive : DADA ; connaissance de tous les moyens rejetés jusqu’à présent par le sexe pudique du compromis commode et de la politesse : DADA ; abolition de la logique, danse des impuissants de la création : dada ; de toute hiérarchie et équation sociale installée pour les valeurs par nos valets : DADA ; chaque objet, tous les objets, les sentiments et les obscurités, les apparitions et le choc précis des lignes parallèles, sont des moyens pour le combat : DADA ; abolition de la mémoire : DADA, abolition de l’archéologie : DADA ; abolition des prophètes : DADA ; abolition du futur : DADA ; croyance absolue indiscutable dans chaque dieu produit immédiat de la spontanéité : DADA ; saut élégant et sans préjudice, d’une harmonie à l’autre sphère ; trajectoire d’une parole jetée comme un disque sonore crie ; respecter toutes les individualités dans leur folie du moment : sérieuse, craintive, timide, ardente, vigoureuse, décidée, enthousiaste ; peler son église de tout accessoire inutile et lourd ; cracher comme une cascade lumineuse la pensée désobligeante, ou amoureuse, ou la choyer — avec la vive satisfaction que c’est tout à fait égal — avec la même intensité dans le buisson, pur d’insectes pour le sang bien né, et doré de corps d’archanges, de son âme.
    Tristan Tzara — Manifeste Dada
  • « Oui, j’allais à des tas de pique-niques autrefois, dit-il, mais j’ suis pas allé à un seul depuis bien longtemps. Comment, mais vous étiez avec nous ce matin s’écria Dulcie toute surprise. Vous ne vous rappelez pas? Vous avez mangé de la tarte aux pommes et une glace. »
    William Faulkner — L’Arbre aux souhaits
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Traductions du mot « avec »

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Synonymes de « avec »

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