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Raison
Sommaire
- Définitions de « raison »
- Étymologie de « raison »
- Phonétique de « raison »
- Fréquence d'apparition du mot « raison » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « raison »
- Citations contenant le mot « raison »
- Images d'illustration du mot « raison »
- Traductions du mot « raison »
- Synonymes de « raison »
- Antonymes de « raison »
- Combien de points fait le mot raison au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Féminin | raison | raisons |
Définitions de « raison »
Trésor de la Langue Française informatisé
RAISON, subst. fém.
Wiktionnaire
Nom commun - ancien français
raison \Prononciation ?\ féminin
-
Parole, propos, discours.
-
Or fine cest raisun — (Ph. de Thaon, Bestiaire, page 97, édition de Thomas Wright)
- Ici finit ce discours
- Mettre a raison, adresser la parole à, interpeller.
- Mettre a raison pourquoi, demander pourquoi.
-
Or fine cest raisun — (Ph. de Thaon, Bestiaire, page 97, édition de Thomas Wright)
-
Langage, langue.
-
en Latine raisun — (Ph. de Thaon, Livre des Creatures, page 67, édition de Thomas Wright)
-
en Latine raisun — (Ph. de Thaon, Livre des Creatures, page 67, édition de Thomas Wright)
- Façon de s’exprimer, expression, tournure.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
(Littérature) Composition poétique.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
Raisonnement.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
Parole donnée, promesse.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
Prière.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
Justice, droit.
- avoir sa raison de, avoir raison de.
- Contre raison, injustement.
- Droit, revendication.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
Raison (faculté).
- estre de raison, être calme, en possession de ses facultés mentales.
-
Moyen, méthode.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
-
Taux, proportion, ratio.
- a tres grande raison, à très bon compte.
- a raison de, au taux de.
-
Compte.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
Nom commun - français
raison \ʁɛ.zɔ̃\ féminin
-
(Au singulier) Faculté intellectuelle par laquelle l’homme connaît, juge et se conduit.
- Ce principe de la philosophie cartésienne, je pense, donc je suis, est ce que les adversaires du cartésianisme ont attaqué avec le plus de persévérance; et cela se conçoit, car ce principe admis, l'autorité de la conscience et de la raison s'ensuit nécessairement. — (Jules Simon, Introduction de: « Œuvres de Descartes », édition Charpentier à Paris, 1845)
- Nous aurions pu discuter à l'infini sans tomber d'accord sur la nécessité qu'évoquait l'inspecteur. C'était, en effet, plus au sentiment qu'à la raison qu'il appartenait, somme toute, de nous départager. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
- L’esprit de l’islam n'est pas rationnel, au sens grec du terme, puisque Dieu était au-delà de la raison et que « Son ordonnance de l'univers » devait être acceptée et non expliquée. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
- Souvent, l'instance pour connaître le monde et prendre le contrôle de soi-même a été désignée sous le nom de « raison ». Celle-ci s'inscrit dans une structure hiérarchique où elle se trouve à représenter le plus haut de l'esprit, alors que les autres instances, imagination, mémoire, perception, sensation, se situent de l'autre côté, en direction du corps. — (Pierre Bertrand, Éloge de la fragilité, éditions Liber, Montréal, 2000, page 121)
- Sa raison s’affaiblit. — Sa raison s’égare. — Un être privé de raison. — Il a recouvré la raison.
-
(Au singulier) (En particulier) (Philosophie) Ensemble de principes philosophiques de la connaissance ou de l'action
- L'âme de Wesley avait besoin d'un feu plus vif. Un jour (24 mai 1738), dans une sorte d’illumination, il entrevit la vraie foi qui est un lien vivant et non une opération de la raison. — (André Maurois, Histoire de l'Angleterre, Fayard & Cie, 1937, p.600)
- Si Gobineau a été l'objet du dégoût, de la crainte, de l’ostracisme de nos « rationalistes », c'est qu'il s'est élevé à la fois contre leurs faux raisonnements et contre leur absurde principe de la primauté de la raison : […]. — (Louis Thomas, Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941, page 33)
- Martin Luther était un défenseur acharné de la foi, […]. Luther blâmait la raison d'être « une belle putain » et la « fiancée du diable ». Il écrivait : « Il n'existe sur Terre, parmi tous les périls, rien de plus dangereux qu'une raison adroite et bien pourvue, surtout si elle s'occupe de questions spirituelles qui touchent à l'âme et à Dieu ». — (David E. Walker, La pauvreté de la foi, dans Le Québec sceptique, n°21, p.32, hiver 1992)
-
(Au singulier) Faculté de raisonner, d’établir des démonstrations, d’administrer des preuves.
- La raison discursive.
- La raison géométrique.
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(Au singulier) Le bon sens, le bon usage de la raison, la sagesse, la justesse d’esprit.
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La parfaite raison fuit toute extrémité,
Et veut que l’on soit sage avec sobriété. — (Molière, Le Misanthrope, Philinte, acte I, scène I, 1667) - Il faut que la raison domine tous nos actes. Or, que nous dit la raison : c’est que si le colonel Everest et ses compagnons, harassés par un voyage pénible, manquant peut-être du nécessaire, perdus dans cette solitaire contrée, ne nous trouvaient pas au lieu de rendez-vous, nous serions blâmables à tous égards. — (Jules Verne, Aventures de trois Russes et de trois Anglais, 1872)
-
La parfaite raison fuit toute extrémité,
-
(Au singulier) Ce qui est de devoir, de droit, d’équité, de justice.
- Se rendre à la raison.
- Réduire quelqu’un à la raison, le ranger, l’amener, le mettre à la raison.
- La droite raison le veut.
- C’est la raison même.
- C’est raison, c’est bien raison que chacun soit maître chez soi.
- Cela est contre tout droit et raison, contre toute raison.
- Mettre la raison de son côté.
- Mettre quelqu’un à la raison signifie réduire quelqu’un par la force.
- Un homme politique ne doit pas devancer les circonstances. C’est un tort que d’avoir raison trop tôt. On ne fait pas les affaires avec des penseurs. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 327)
- Avoir raison, être fondé dans ce qu’on dit, dans ce qu’on fait.
- Vous avez tort, c’est lui qui a raison.
- Il a raison contre vous.
- C’est un homme qui veut toujours avoir raison.
- Ils prétendent tous deux avoir raison.
- Il a eu raison de congédier ce domestique.
- Il a eu raison en cela.
- Vous n’avez pas eu raison de vous emporter ainsi contre lui.
-
(Au singulier) Réparation d’un outrage, d’un affront.
- Demander, tirer raison d’une offense.
- Demander raison à quelqu’un.
- Tirer raison de quelqu’un.
- Faire raison à quelqu’un.
-
Preuve par discours, par argument.
- Forte, puissante raison.
- Raison démonstrative, décisive, péremptoire.
- Raison valable.
- Faible raison.
- Raison plausible, spécieuse.
- Donnez-nous de meilleures raisons.
- Je suis frappé, touché de vos raisons.
- Je me rends à vos raisons.
- Il m’a payé de mauvaises raisons.
-
Sujet ; cause ; motif.
- Nous avons donc toutes sortes de bonnes raisons pour considérer les plantes adventices comme nuisibles, et pour chercher à nous en débarrasser : […]. — (Les mauvaises herbes et leur destruction, dans Almanach de l'Agriculteur français - 1932, page 83, éditions La Terre nationale)
- Il était question dans la complainte d’un assassin qui expose aux juges les raisons qui l’ont poussé à tuer sa maîtresse. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
- Tout est parfaitement en place mais, pour une raison inconnue, la cascadeuse perd le contrôle du véhicule. La grosse américaine grimpe sur le trottoir et s'arrête à l'entrée d'un supermarché. Une femme âgée de 80 ans est tuée sur le coup […]. — (Jean-Marc Lobier, Louis de Funès: Petites et grandes vadrouilles, éd. Robert Laffont, 2014)
-
(Droit) Titres et prétentions qu’une personne peut avoir. On l’emploie principalement dans ces phrases :
- Céder ses droits, noms, raisons et actions; être subrogé aux droits, noms, raisons et actions de quelqu’un.
-
(Droit) Dénomination d’une société par les noms des associés, énoncés de la manière prévue par l’acte d’association pour signer toutes les pièces commerciales.
- Cette maison de banque est sous la raison, sous la raison sociale Gautier, Lefèvre et compagnie.
-
(Désuet) La part d’un associé dans le fonds d’une société de commerce.
- Sa raison est d’un tiers, d’un cinquième. En ce sens il a vieilli; on dit : Son intérêt, sa part est de tant.
-
(Mathématiques) Différence ou quotient de deux termes consécutifs, dans une progression, suivant qu’il s’agit d’une progression arithmétique ou d’une progression géométrique.
- Dans le deuxième cas, montrer que le mouvement est uniformément accéléré en vérifiant que la vitesse varie linéairement avec le temps (v = at + b) ou, ce qui est équivalent, en vérifiant que les intervalles entre les points forment une progression arithmétique de raison r = a(Δt)2. — (Roger Duffait, Expériences de physique: CAPES de sciences physiques, Éditions Bréal, 2e édition, 1996, page 213)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Faculté intellectuelle par laquelle l'homme connaît, juge et se conduit. L'homme est capable de raison, est doué de raison. La raison est pour les hommes ce que l'instinct est pour les animaux. C'est à sept ans accomplis qu'un enfant est considéré comme ayant atteint l'âge de raison. La raison humaine est bornée. La raison humaine ne saurait atteindre jusque-là. Les lumières de la raison. Cultiver, former sa raison. Il a sa raison, toute sa raison. Sa raison s'affaiblit. Sa raison s'égare. Un être privé de raison. Il a recouvré la raison. Perdre la raison, Tomber en démence. Il se dit, par exagération, d'un Homme qui fait une chose contraire à la raison, au bon sens. Quoi! vous avez fait cette chose absurde? il faut que vous ayez perdu la raison. En termes de Philosophie, Raison pure se dit par opposition à Raison pratique, de la Connaissance intuitive des vérités nécessaires. Kant a écrit un traité intitulé " Critique de la raison pure. " Être de raison, par opposition à Être réel, se dit de Ce qui n'existe que dans l'esprit, dans l'imagination. L'homme à l'état de nature est un être de raison. En mathématiques, le point et la ligne sont des êtres de raison.
RAISON signifie plus particulièrement Faculté de raisonner, d'établir des démonstrations, d'administrer des preuves. La raison discursive. La raison géométrique. Il désigne aussi le Bon sens, le bon usage de la raison, la sagesse, la justesse d'esprit. Cet homme n'a pas de raison. Il est sans raison. Il n'y a pas de raison à ce qu'il fait, à ce qu'il dit. Il n'a pas de raison de se conduire comme il fait. Il manque de raison. Sa conduite est pleine de raison. Je compte sur votre raison. J'en appelle à votre raison. Il a plus de raison que d'imagination. Il a un fonds de raison qui le préserve de bien des fautes. Cela choque la raison. La raison s'y oppose. Parler raison, Parler sagement, raisonnablement. C'est un homme qui parle toujours raison. Il faut autant qu'on peut parler raison aux enfants. Il signifie quelquefois Devenir raisonnable, accommodant, traitable. Voilà parler raison. C'est parler raison cela. Fig. et fam., Il n'y a ni rime ni raison se dit en parlant d'un Raisonnement faux, d'un ouvrage de l'esprit très mal fait, etc. Il n'y a ni rime ni raison à tout ce qu'il dit. Cet auteur a fait une pièce où il n'y a ni rime ni raison. On dit de même : Ce discours, cet écrit n'a ni rime ni raison. Mariage de raison, Mariage où les convenances, les rapports d'état et de fortune ont été plus consultés que l'inclination.
RAISON signifie encore Ce qui est de devoir, de droit, d'équité, de justice. Se rendre à la raison. Réduire quelqu'un à la raison, le ranger, l'amener, le mettre à la raison. La droite raison le veut. C'est la raison même. C'est raison, c'est bien raison que chacun soit maître chez soi. Cela est contre tout droit et raison, contre toute raison. Mettre la raison de son côté. Mettre quelqu'un à la raison signifie Réduire quelqu'un par la force. Avoir raison, Être fondé dans ce qu'on dit, dans ce qu'on fait. Vous avez tort, c'est lui qui a raison. Il a raison contre vous. C'est un homme qui veut toujours avoir raison. Ils prétendent tous deux avoir raison. Il a eu raison de congédier ce domestique. Il a eu raison en cela. Vous n'avez pas eu raison de vous emporter ainsi contre lui. Donner raison à quelqu'un, Prononcer en sa faveur, décider qu'il est fondé en ce qu'il dit ou en ce qu'il fait. Ces enfants m'ont prié de décider entre eux, j'ai donné raison au plus jeune. Il donne toujours raison au dernier qui parle. Entendre raison, Acquiescer à ce qui est juste et raisonnable. Quelque proposition qu'on lui ait faite, il n'a jamais voulu entendre raison. Enfin vous commencez à entendre raison. Il n'entend pas raison là-dessus se dit d'un Homme qui sur quelque point se montre inflexible, sévère, opiniâtre, toujours prêt à se formaliser. Comme de raison, Comme il est juste, comme il est raisonnable de faire. Plus que de raison, Plus qu'il n'est raisonnable. Il a bu plus que de raison. En style de Procédure, Pour valoir, pour servir ce que de raison, pour être ordonné ce que de raison, Pour valoir, pour être ordonné ce qui sera de justice, d'équité.
RAISON se dit aussi de la Réparation d'un outrage, d'un affront. Demander, tirer raison d'une offense. Demander raison à quelqu'un. Tirer raison de quelqu'un. Faire raison à quelqu'un. Demander à quelqu'un raison de quelque chose, Demander à quelqu'un qu'il rende compte d'une chose qu'il a faite ou dite, qu'il en explique les motifs. On lui a demandé raison de sa conduite, de ses discours. Rendre raison de quelque chose, En rendre compte, en expliquer les motifs, les causes. Je suis prêt à rendre raison de ma conduite. Rendre raison à quelqu'un, Se battre en duel avec lui. Se faire raison soi-même, à soi-même, Se faire justice par force, de sa propre autorité. Il n'est pas permis de se faire raison soi-même. Faire raison, Lever son verre et boire à la santé de qui vient de boire à la vôtre. Il signifie aussi Tenir tête à quelqu'un en buvant autant que lui. Fig., Avoir raison de quelqu'un, Triompher de lui. L'adversité n'eut pas raison de lui. Dans toutes les acceptions qui précèdent, Raison n'a point de pluriel.
RAISON signifie aussi Preuve par discours, par argument; dans cette acception, il a un pluriel. Forte, puissante raison. Raison démonstrative, décisive, péremptoire. Raison valable. Faible raison. Raison plausible, spécieuse. Donnez-nous de meilleures raisons. Je suis frappé, touché de vos raisons. Je me rends à vos raisons. Il m'a payé de mauvaises raisons. Fam., Pas tant de raisons, Façon de parler dont, un supérieur se sert envers un inférieur, pour lui imposer silence et lui marquer que ses objections et ses répliques déplaisent. Pop., Avoir des raisons avec quelqu'un, Avoir des difficultés, se quereller avec lui.
RAISON signifie encore Sujet, cause, motif. Juste raison. Quelle raison avez-vous d'en user comme vous faites? Je ne sais pas les raisons qu'il a eues d'entreprendre cette affaire. J'ai de bonnes raisons pour en user ainsi. J'ai des raisons de croire. Il vous a repris avec raison. Vous m'attaquez sans raison. La raison suffisante d'un fait, La cause qui suffit à le produire et à l'expliquer. Le principe de raison suffisante. À plus forte raison, Avec d'autant plus de sujet, par un motif d'autant plus fort. Si l'on est obligé de faire du bien aux étrangers, à plus forte raison en doit-on faire à ses parents. Pour raison à moi connue, de moi connue, Pour un sujet, pour un motif que je ne veux pas faire connaître. Je ne ferai pas ce que vous voulez, pour raison à moi connue. On dit aussi Pour raison à vous connue, Pour un sujet, pour un motif que je n'ai pas besoin de vous dire. Je n'en dirai pas davantage, pour raison à vous connue. Raison d'État. Voyez ÉTAT.
RAISON se dit, en termes de Procédure, des Titres et prétentions qu'une personne peut avoir. On l'emploie principalement dans ces phrases : Céder ses droits, noms, raisons et actions; être subrogé aux droits, noms, raisons et actions de quelqu'un. En termes de Commerce, il désigne la Dénomination d'une société par les noms des associés, énoncés de la manière prévue par l'acte d'association pour signer toutes les pièces commerciales. Cette maison de banque est sous la raison, sous la raison sociale Gautier, Lefèvre et compagnie. Il désignait aussi la Part d'un associé dans le fonds d'une société de commerce. Sa raison est d'un tiers, d'un cinquième. En ce sens il a vieilli; on dit : Son intérêt, sa part est de tant. Livre de raison, Registre où un négociant porte tous ses comptes par doit et avoir. Il a vieilli; on dit Grand livre. On appelait aussi Livre de raison Celui où un chef de famille écrivait, en même temps que ses dépenses et recettes quotidiennes, le journal des divers événements de sa maison.
RAISON, en termes de Mathématiques, désigne la Différence ou le quotient de deux termes consécutifs, dans une progression, suivant qu'il s'agit d'une proportion arithmétique ou d'une proportion géométrique. On entend aussi par Raison directe ou inverse une Proportionnalité directe ou inverse.
À RAISON DE, EN RAISON DE, loc. prépositives. À proportion de, sur le pied de. On paya cet ouvrier à raison de l'ouvrage qu'il avait fait. Vous m'en tiendrez compte à raison du profil que vous en tirerez. Je vous paierai cette étoffe à raison de dix francs le mètre. Il doit être payé en raison du temps qu'il y a mis. L'industrie de l'homme croît en raison de ses besoins. En termes de Physique, Les espaces parcourus par un corps qui tombe sont en raison directe des carrés des temps. L'intensité de la lumière est en raison inverse des carrés de la distance du corps lumineux. Les attractions de deux points matériels sont en raison inverse des carrés des distances.
EN RAISON DE signifie aussi Vu, en considération de. En raison de son extrême jeunesse. En raison des circonstances.
POUR RAISON DE QUOI, loc. conj. dont on se sert en style d'affaires et qui signifie À cause de quoi.
À TELLE FIN QUE DE RAISON, loc. adv. dont on se sert en style d'affaires pour exprimer qu'On fait une chose dans la pensée qu'elle pourra être utile, sans dire précisément à quoi Il fit faire un procès-verbal de l'état des lieux, à telle fin que de raison. Il signifie aussi, dans le style familier, À tout événement.
Littré (1872-1877)
-
1Faculté par laquelle l'homme connaît, juge et se conduit.
Puisqu'il est certain que la raison des hommes ne s'étend pas si loin que la vérité des choses
, Guez de Balzac, lett. 14, liv. I.Vous serez toujours… un esprit chaussé tout à rebours, Une raison malade et toujours en débauche
, Molière, l'Ét. II, 14.Montaigne est incomparable… pour convaincre si bien la raison de son peu de lumière et de ses égarements, qu'il est difficile, quand on fait un bon usage de ses principes, d'être tenté de trouver des répugnances dans les mystères
, Pascal, Entretien avec M. de Saci.Notre raison est toujours déçue par l'inconstance des apparences
, Pascal, Pens. I, 1, édit. HAVET.Examinons donc ce point, et disons : Dieu est, ou il n'est pas ; mais de quel côté pencherons-nous ? la raison n'y peut rien déterminer ; il y a un chaos infini qui nous sépare
, Pascal, ib. X, 1.Soumission et usage de la raison, en quoi consiste le vrai christianisme
, Pascal, ib. XXV, 182.Instinct et raison, marques de deux natures
, Pascal, XXV, 15.L'homme n'agit point par la raison qui fait son être
, Pascal, ib. XXV, 27.Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison
, Pascal, ib. XIII, 7.L'âme, devenue captive du plaisir, devient ennemie de la raison
, Bossuet, la Vallière.Ce serait à nous à condamner notre raison comme aveugle et téméraire, et non pas à notre raison de trouver à redire aux œuvres de Dieu
, Bourdaloue, Dim. de la Quinquagés. Dominic. t. I, p. 448.Qui ne sait qu'elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu'elle eut de la sagesse en un temps où l'on n'a presque pas encore de la raison ?
Fléchier, Mme d'Aiguillon.Il est d'autres erreurs dont l'aimable poison D'un charme bien plus doux enivre la raison
, Boileau, Sat. IV.Et quelle âme, dis-moi, ne serait éperdue Du coup dont ma raison vient d'être confondue ?
Racine, Andr. III, 1.Cette fière raison dont on fait tant de bruit, Contre les passions n'est pas un sûr remède ; Un peu de vin la trouble, un enfant la séduit
, Deshoulières, Poés. t. I, p. 34.Rien ne sied mieux à notre raison que des conclusions un peu timides
, Fontenelle, Dodart.La raison nous propose un trop petit nombre de maximes certaines, et notre esprit est fait pour en croire davantage
, Fontenelle, Dial. V, Morts anc. mod.On se sert de la raison comme d'un instrument pour acquérir les sciences ; et on se devrait servir au contraire des sciences comme d'un instrument pour perfectionner sa raison
, Rollin, Traité des Ét. V, 2.La raison peut se définir une faculté de notre âme par laquelle nous découvrons la certitude des choses obscures ou douteuses en les comparant avec des choses qui nous sont évidemment connues
, Dumarsais, Œuv. t. VI, p. 6.Le cœur ne manque guère de trahir la raison, quelque leçon qu'il en ait reçue
, Staal, Mém. t. III, p. 123.La raison a un empire naturel ; elle a même un empire tyrannique : on lui résiste, mais cette résistance est son triomphe
, Montesquieu, Espr. XXVIII, 38.M. Locke a développé à l'homme la raison humaine, comme un excellent anatomiste explique les ressorts du corps humain
, Voltaire, Dict. phil. Locke.Le caractère de la raison le plus marqué, c'est le doute, c'est la délibération, c'est la comparaison
, Buffon, Nature des anim.La raison des femmes est une raison pratique, qui leur fait trouver très habilement les moyens d'arriver à une fin connue, mais qui ne leur fait pas trouver cette fin
, Rousseau, Ém. v.De toutes les facultés de l'homme, la raison, qui n'est, pour ainsi dire, qu'un composé de toutes les autres, est celle qui se développe le plus difficilement et le plus tard
, Rousseau, ib. II.La froide raison n'a jamais rien fait d'illustre, et l'on ne triomphe des passions qu'en les opposant l'une à l'autre
, Rousseau, Hél. IV, 12.On dit communément que les animaux sont bornés à l'instinct, et que la raison est le partage de l'homme ; ces deux mots instinct et raison, qu'on n'explique point, contentent tout le monde, et tiennent lieu d'un système raisonné
, Condillac, Trait. anim. II, 5.Fig.
Il n'est que les lumières de votre foi [ô Dieu] qui puissent redresser ses jugements [de l'homme], ouvrir les yeux de son âme, être la raison de son cœur, lui apprendre à se connaître
, Massillon, Avent, Dispos.Avoir sa raison, toute sa raison, jouir de la plénitude de ses facultés intellectuelles.
Âge de raison, âge où les enfants commencent à jouir de la raison.
De petits enfants avant l'âge de raison
, Bossuet, 3e avert. 12.Il était cher à toute la maison, N'étant encor dans l'âge de raison
, Gresset, Ver-vert, I.Un être de raison, voy. ÊTRE 2, n° 3.
Perdre la raison, devenir fou.
Je pense mille fois le jour au chevalier de Grignan, et ne puis pas m'imaginer qu'il puisse soutenir cette perte [celle de Turenne] sans perdre la raison
, Sévigné, 201.Il faut qu'il écoute mes détails cruels, qu'il entre dans mes colères, qu'il me dise que j'ai raison pour m'empêcher de la perdre tout à fait
, Sévigné, à Moulceau, 1er mars 1684.Perdre la raison, se dit aussi d'un homme qui fait quelque chose de contraire à la raison, au bon sens. Il faut que vous ayez perdu la raison, pour avoir tenu ce langage.
Terme de métaphysique. Raison pure ou intuitive, se dit par opposition à raison empirique ou connaissances expérimentales.
Son traité [de Kant] sur la nature de l'entendement humain, intitulé Critique de la raison pure, parut il y a trente ans, et cet ouvrage fut longtemps inconnu ; mais, lorsqu'enfin on découvrit les trésors d'idées qu'il renferme, il produisit une telle sensation en Allemagne, que presque tout ce qui s'est fait depuis en littérature comme en philosophie, vient de l'impulsion donnée par cet ouvrage
, Staël, Allem. III, 6.Culte de la Raison, culte célébré pour la première fois dans l'église métropolitaine de Paris, le 20 brumaire an II (10 nov. 1793), et bientôt imité dans toute la France.
-
2Raison se dit de la somme de vérités que les hommes admettent uniformément ; cette raison est souvent nommée raison impersonnelle.
À la vérité, une raison est en moi ; car il faut que je rentre sans cesse en moi-même pour la trouver ; mais la raison supérieure qui me corrige dans le besoin et que je consulte n'est point à moi, et elle ne fait point partie de moi-même ; cette règle est parfaite et immuable, je suis changeant et imparfait… nous recevons sans cesse et à tout moment une raison supérieure à nous… c'est elle par qui les hommes de tous les siècles et de tous les pays sont comme enchaînés autour d'un certain centre immobile
, Fénelon, Exist. 55 et 56. -
3Raison se dit quelquefois absolument pour logos, Verbe.
Au-dessus de notre faible raison, restreinte à certains objets, nous avons reconnu une raison première et universelle…
, Bossuet, Conn. V, 2.Où est-elle cette raison suprême ? n'est-elle pas le Dieu que je cherche ?
Fénelon, Exist. 60.Le philosophe [Lao-tseu], né dans une des provinces centrales de la Chine, à la fin du VIIe siècle avant notre ère, admet pour premier principe de toutes choses, comme les platoniciens et les stoïciens, la raison, être sublime, indéfinissable, qui n'a de type que lui-même
, Abel Rémusat, Instit. Mém. inscr. et belles-lettr. t. VII, p. 51. -
4Le bon usage de la faculté de raison, bon sens, justesse d'esprit, sagesse.
La raison règle enfin l'ardeur qui les emporte
, Corneille, Cinna, I, 3.Ce discours, quoique même un peu hors de saison, Pourrait avoir du moins quelque ombre de raison
, Corneille, Perthar. I, 4.La parfaite raison fuit toute extrémité, Et veut que l'on soit sage avec sobriété
, Molière, Mis. I, 1.…Souffrez qu'enfin la raison vous éclaire
, Boileau, Poés. div. XXVII.La raison, pour marcher, n'a souvent qu'une voie
, Boileau, Art p. I.Il savait qu'il ne faut attaquer les passions des hommes, pour les réduire à la raison, que quand elles commencent à s'affaiblir par une espèce de lassitude
, Fénelon, Tél. X.La raison tient de la vérité, elle est une ; l'on n'y arrive que par un chemin, et l'on s'en écarte par mille
, La Bruyère, XI.Alzire au désespoir, mais pleine de raison, En invoquant la mort commente le Phédon
, Gilbert, le Dix-huitième siècle.Raison écrite, se dit du droit romain dans les pays où on le consulte.
Quand la compilation de Justinien parut, elle fut reçue dans les provinces du domaine des Goths et des Bourguignons comme loi écrite ; au lieu que dans l'ancien domaine des Francs, elle ne le fut que comme raison écrite
, Montesquieu, Esp. XXVIII, 12.Parler raison, parler raisonnablement.
Combien de gens qui, dans la vie, Se conduisent en fous, et qui parlent raison !
Imbert, Jaloux sans amour, I, 5.D'après Bouhours, cette locution était rejetée par quelques-uns ; aujourd'hui elle est reçue.
Parler raison, signifie quelquefois devenir raisonnable, traitable. Voilà parler raison. C'est parler raison, cela.
Mariage de raison, mariage où l'on consulte plus la convenance que l'inclination.
Ils sont convenus de terminer à l'amiable par un mariage de raison
, Al. Duval, le Prisonnier, SC. 14.Il n'y a ni rime ni raison, voy. RIME.
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5Dans un sens assez récent, raison se dit, absolument, pour exprimer la somme croissante d'idées bonnes et justes qui est dans une société.
Le père eût poussé plus loin la sainte haine qu'il avait contre la raison
, Saint-Évremond, Convers. du P. Canaye.Il a été plus facile aux Hérules, aux Vandales, aux Goths et aux Francs, d'empêcher la raison de naître, qu'il ne serait aujourd'hui de lui ôter sa force quand elle est née
, Voltaire, Ode XII, note.La raison n'est-elle pas le préservatif de l'intolérance et du fanatisme ?
Rousseau, Hél. II, 18.La raison finira par avoir raison
, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 23 janv. 1757.Vous aimez la raison et la liberté, mon cher et illustre confrère, et on ne peut guère aimer l'une sans l'autre
, D'Alembert, ib. 19 janv 1769.La raison peut se comparer à une montre ; on ne voit point marcher l'aiguille, elle marche cependant ; et ce n'est qu'au bout de quelque temps qu'on s'aperçoit du chemin qu'elle a fait
, D'Alembert, Dial. Christ. et Descart.… Une raison hardie, De ce vieil univers nouvelle maladie, Calcule ses devoirs, et discute vos droits, Sous la pourpre avilie interroge les rois
, Delille, Pitié, IV. La raison contemporaine, la somme de vérités et de principes qui est propre à chaque époque. -
6Ce qui est de devoir, de droit, d'équité, de justice.
Ah ! qu'avec peu d'effet on entend la raison, Quand le cœur est atteint d'un si charmant poison !
Corneille, Cid, II, 5.Philinte : Mais qui voulez-vous donc qui pour vous sollicite ? - Alceste : Qui je veux ? La raison, mon bon droit, l'équité
, Molière, Mis. I, 1.Il ne sera pas hors de raison qu'il donne…
, Pascal, Prov. v. C'est de Lopès de Véga que P.Corneille a emprunté le caractère du Menteur, dont il disait avec tant de modestie et si peu de raison, qu'il donnerait deux de ses meilleures pièces pour l'avoir imaginé
, Marmontel, Œuv. t. VI, p. 157.Ce qui est raisonnable.
Il en est comme avec ceux qui nous ouvrent leur bourse, et nous disent : prenez ; nous en usons honnêtement et nous nous contentons de la raison
, Molière, G. Dand. II, 1.Avoir raison, être fondé dans ce qu'on dit ou fait.
Les Juifs, contraints enfin d'avouer que le Messie n'était pas venu dans le temps qu'ils avaient raison de l'attendre selon leurs anciennes prophéties, tombèrent dans un autre abîme
, Bossuet, Hist. II, 10.Tite-Live a raison de dire qu'il n'y eut jamais de peuple où la frugalité, où l'épargne, où la pauvreté aient été plus longtemps en honneur [qu'à Rome]
, Bossuet, ib. III, 6.Ce fut depuis le retour de ses bonnes grâces qu'elle [la duchesse de la Ferté] me dit un jour : Tiens, mon enfant, je ne vois que moi qui aie toujours raison
, Staal, Mém. t. I, p. 269.Celui qui vous amusera le plus en quelque genre que ce soit, aura toujours raison avec vous
, Voltaire, Lett. à Mme du Deffant, 2 sept. 1770.Familièrement, la bête a raison, se dit quand on se rend au sentiment d'une personne qu'on témoigne estimer peu.
Donner raison à quelqu'un, prononcer en sa faveur.
Nous ne sommes pas ici en France, où l'on donne toujours raison aux femmes
, Beaumarchais, Barb. de Sév. II, 15.Donner toute raison, donner complétement raison.
Maurin extravaguait, et Albert lui a donné toute raison, et avec une sécheresse extrême pour Léocadie
, Genlis, Mères riv. t. III, p. 123, dans POUGENS.Entendre raison, acquiescer à ce qui est juste et raisonnable.
Il n'y a pas moyen de lui faire entendre raison
, Molière, Festin, II, 5.Elle n'entend ni pleurs, ni conseil, ni raison
, Racine, Bérén. IV, 7.Il n'entend pas raison là-dessus, se dit d'un homme qui se montre sévère, opiniâtre sur quelque point.
Entendre raison, écouter raison, se dit quelquefois d'une femme qui se rend aux sollicitations d'un amant.
Caliste enfin l'inexpugnable Commença d'écouter raison
, La Fontaine, Coupe.Une vertu qui ne voulait pas entendre raison
, Hamilton, Gramm. 9.Se faire une raison, se soumettre à ce qui ne peut être changé.
La duchesse de Berry était incapable de se faire une raison, que ce qui venait d'arriver [la mort de Monseigneur] devait arriver tôt ou tard
, Saint-Simon, 296, 42.Hé ! mon frère, ne faut-il pas se faire une raison ?
Legrand, Triomphe du temps futur, III, 2.Mettre quelqu'un à la raison, l'y soumettre.
Quand le malheur ne serait bon Qu'à mettre un sot à la raison
, La Fontaine, Fabl. VI, 7.Les années m'ont tellement mise à la raison
, Mme de Coulanges, Lett. à Mme de Sévigné, p. 132, dans POUGENS.Se mettre à la raison, s'y soumettre.
Pour éviter la contrainte, Il s'est mis à la raison
, Malherbe, II, 2.Votre fils n'est pas si étrange que vous le dites, et il se met à la raison
, Molière, l'Av. IV, 4.Voyez si on peut mieux se mettre à la raison
, Sévigné, 187.Mettre à la raison, signifie quelquefois triompher de quelqu'un, réduire par la force, par l'autorité. Il mit ces furieux à la raison.
Nous savons, Dieu merci, mettre une femme à la raison
, Hauteroche, Crisp. méd. I, 2.Si son sage héros [du Tasse], toujours en oraison, N'eût fait que mettre enfin Satan à la raison
, Boileau, Art p. III.C'est un chicaneur ; je le mettrai à la raison
, Picard, M. Musard, sc. 1.C'est raison, ce n'est pas raison, il est raisonnable, il n'est pas raisonnable.
C'est la raison de le défendre contre l'injustice et le sort qu'on lui fait
, Bussy-Rabutin, Hist. amour. des Gaules, Préf.C'est bien raison que la divine Émilie l'emporte sur ces faquins qui…
, Voltaire, Lett. Cideville, 6 mai 1735.C'était raison, car le fripon pour être Moins bon garçon, n'en était pas moins beau
, Gresset, Ver-vert, IV.C'est bien la raison que, il est bien raisonnable, il est bien juste que.
Et c'est bien la raison que pour tant de puissance Nous vous rendions du moins un peu d'obéissance
, Corneille, Rodog. II, 3.Que pour se faire honneur d'un cœur comme le mien, Ce n'est pas la raison qu'il ne leur coûte rien [aux belles]
, Molière, Mis. III, 1.Fig. Contre toute raison, d'une façon excessive.
Il fait un froid et une pluie contre toute raison
, Sévigné, 19 juin 1680.Il y a raison partout, pour tout, la raison doit mettre une borne, c'est un excès qu'il faut empêcher.
Adieu, ma très aimable enfant, je ne veux pas vous fatiguer, il y a raison partout
, Sévigné, 3 avr. 1671.Fig. Il n'y a point de raison, la chose est excessive, déraisonnable.
Elle [Mme de la Fayette] est trop malade, il n'y a point de raison
, Sévigné, 4 janv. 1690.Il n'y a pas de raison à toutes les louanges que vous me donnez, il n'y en a point aussi à la longueur de cette lettre
, Sévigné, 1er avr. 1671.Comme de raison, comme il est juste. Votre peine sera payée comme de raison.
Plus que de raison, plus qu'il n'est raisonnable.
Son vaisseau a péri, il a bu de l'eau salée un peu plus que de raison ; cela lui a tourné la cervelle
, Regnard, Ret. imprévu, 18.En style de palais. Pour valoir ce que de raison, pour valoir ce qui sera équitable.
-
7Compte, explication.
Le philosophe ennuyé des équivoques et des méprises du poëte, et ne voulant plus entrer en raison avec lui
, Guez de Balzac, Déf. de la poés.[La dame] Fut un longtemps si dure et si cruelle, Que Minutol n'en sut tirer raison
, La Fontaine, Rich.S'il arrivait des années malheureuses, je me fais bien fort que ma mère entrerait en raison pour prendre du temps et des commodités qui vous faciliteraient le payement de votre ferme
, Ch. Sévigné, à d'Herigoyen, dans SÉV. t. VIII, p. 70, édit. RÉGNIER.Saint Ignace rendait cette raison de son choix que dans le parti qu'il prenait…
, Bossuet, 5e écrit, 13.Il crut qu'il en aurait quelque raison en la mettant sur l'amour
, Hamilton, Gramm. 4.Tout fut confisqué, sans que jamais j'aie eu raison ni nouvelle de ma pauvre pacotille
, Rousseau, Conf. v.Faire raison, expliquer.
Faites-moi raison de ce que Selim tua son père, ses frères et ses neveux
, Guez de Balzac, liv. I, lett. 9.Ronsard, fais m'en raison, et vous, autres esprits…
, Régnier, Sat. II.Morbleu, fais-moi raison de ce coup effroyable
, Molière, les Fâch. II, 2.Familièrement. Faites-moi raison d'un tel, expliquez-moi les motifs pour lesquels il en use comme il fait.
Demander à quelqu'un raison de quelque chose, lui demander qu'il explique une chose qu'il a dite ou faite. Demander à quelqu'un raison de sa vie entière.
D'où vient qu'un fils, vers moi noirci de trahison, Ose de mes faveurs me demander raison ?
Corneille, Rodog. IV, 6.Rendre raison de quelque chose, en expliquer les motifs.
Prêt à rendre raison de tout ce qu'il a fait
, Corneille, Sertor. V, 2.Qui blâmera les chrétiens de ne pouvoir rendre raison de leur créance, eux qui professent une religion dont ils ne peuvent rendre raison ?
Pascal, Pens. X, 1, éd. HAVET.Point de raison, point d'explication.
[le maréchal d'Hocquincourt qui disait croire à la religion sans s'en rendre raison] Tant mieux, monseigneur, reprit le Père, d'un ton de nez fort dévot, tant mieux ; ce ne sont point mouvements humains, cela vient de Dieu ; point de raison !
Saint-Évremond, Conversation du P. Canaye.Je ne veux point ici rappeler le passé, Ni vous rendre raison du sang que j'ai versé
, Saint-Évremond, Athal. II, 5.Se rendre raison d'une chose, se l'expliquer.
- 8Satisfaction, contentement sur quelque chose qu'on demande. Je vous ferai avoir raison de vos prétentions. Faites-moi raison de la part que j'ai dans cette succession.
-
9Réparation d'un outrage, d'un affront.
Sans cela je vous demanderais raison de ce que vous m'accusez de l'extrême envie de sortir de ce lieu
, Voiture, Lett. 35.Pour se venger, par l'avanie qu'il nous suscita, du peu de raison qu'on lui avait fait du valet dont il s'était plaint avec justice
, Tavernier, Voyage de Perse, I, 7.Et, sur les bords du Tibre, une pique à la main, Lui demander raison [à Sylla] pour le peuple romain
, Corneille, Sertor. III, 2.Au fils de Jupiter on dit qu'ils se plaignirent, Et n'en eurent point de raison
, La Fontaine, Fabl. IV, 12.Tirer raison d'une offense, s'en venger.
Demain je suis Médée, et je tire raison De mon bannissement et de votre prison
, Corneille, Médée, IV, 6.Les lois du monde défendent de souffrir les injures sans en tirer raison
, Pascal, Prov. VII.Autrefois on disait aussi (ce qui ne se dit plus) tirer la raison, tirer sa raison.
Contre le firmament j'ai planté l'escalade Pour tirer la raison de la mort d'Encélade
, Racan, Épig. pour un capitan.Il fut toujours permis de tirer sa raison D'une infidélité par une trahison
, Corneille, Mél. II, 3.Mourir sans tirer ma raison
, Corneille, Cid, I, 9.Faire raison, faire réparation.
Il [Flaminius] doit savoir qu'un jour il me fera raison D'avoir réduit mon maître [Annibal] au secours du poison
, Corneille, Nicom. II, 3.Il me fera raison de cette indignité
, Rotrou, Vencesl. I, 1.Vous ne daignâtes me faire aucune raison sur les plaintes que je vous avais faites des manières injurieuses dont vous m'aviez traité dans votre réponse à mon livre des Idées
, Arnauld, 4e lett. au P. Malebr.Je m'engage à vous faire faire raison par lui
, Molière, Festin, III, 4.Une bonne potence, pendard effronté, me fera raison de ton audace
, Molière, l'Avare, V, 4.On disait autrefois aussi (ce qui ne se dit plus) faire la raison.
Sus, sus, brisons la porte, enfonçons la maison ; Que des bourreaux soudain m'en fassent la raison
, Corneille, Médée, V, 7. Faire raison de quelqu'un, s'en venger.Destin avait eu besoin de toute sa sagesse, pour ne pas faire raison d'un homme qui l'avait outragé si cruellement
, Scarron, Rom. com. II, 15.Avoir raison de quelqu'un, triompher de lui, en venir à bout.
Fig. L'adversité n'aura pas raison de lui.
Faire raison, a quelquefois un sens analogue.
Sans doute, à le prendre à la rigueur, une petite fosse suffit à tous, et six pieds de terre, comme le disait Mathieu Molé, feront toujours raison du plus grand homme du monde
, Chateaubriand, Itin. 6e part.Demander raison à quelqu'un, l'appeler en duel.
Cette plaisanterie est fort peu de saison, Et sur l'heure, monsieur, j'en demande raison
, Collin D'Harleville, Malice pour malice, III, 5.Ils lui demandaient raison. Je vois bien, dit-il, que c'est ce qui vous manque
, Courier, Lettres particulières, I.Rendre raison à quelqu'un, se battre en duel avec lui.
Se faire raison soi-même, à soi-même, se faire justice par force, de sa propre autorité.
Il [le peuple] commence lui-même à se faire raison, Et vient de déchirer Métrobate et Zénon
, Corneille, Nicom. V, 4.Faire raison, rendre justice.
L'armée à son mérite enfin a fait raison
, Corneille, Othon, V, 6.Se faire raison, se rendre justice.
Qui ne vous craindra point, si les reines vous craignent ? - Elles se font raison lorsqu'elles me dédaignent
, Corneille, D. Sanche, IV, 4.Faire raison à quelqu'un d'une santé qu'il a portée, boire avec lui à la santé de la personne qu'il a désignée ; la santé qu'il propose étant considérée comme une provocation.
On fit raison, le vin ne dura guère
, La Fontaine, Rém.À votre santé. - Sénantes en fit raison
, Hamilton, Gramm. 4.Il but la santé de chacune des personnes de la compagnie, et fit ensuite raison à tous les vingt l'un après l'autre
, Rollin, Hist. anc Œuv. t. VI, p. 589.En même temps il versait du vin dans mon verre, et m'excitait à lui faire raison
, Lesage, Gil Bl. I, 2.Fig. Jusqu'au col il se plonge, Lui [âne], le conducteur et l'éponge.
Tous trois burent d'autant : l'ânier et le grison Firent à l'éponge raison [burent autant que l'éponge, se noyèrent]
, La Fontaine, Fabl. II, 10. -
10Preuve par discours, par argument.
La raison du plus fort est toujours la meilleure
, La Fontaine, Fabl. I, 10.Une jeune souris, de peu d'expérience, Crut fléchir un vieux chat, implorant sa clémence, Et payant de raisons le Raminagrobis…
, La Fontaine, Fabl. XII, 5.Ce sont des gens qui n'entendent point de raison
, Molière, Fourber. II, 11.M. de Roannez disait : les raisons me viennent après ; mais d'abord la chose m'agrée ou me choque sans en savoir la raison, et cependant cela me choque par cette raison que je ne trouve qu'ensuite
, Pascal, Pens. XXV, 56, éd. HAVET.Il donne pour raison celle-ci de saint Thomas
, Pascal, Prov. XVIII.J'ai trouvé… la lettre que vous écrit M. de Chaulnes, fort jolie ; il vous paye de raison ; vous voyez qu'il a fait ce qu'il a pu
, Sévigné, 596.Il m'embrassa mille fois, et me donna les plus méchantes raisons du monde, que je pris pour bonnes
, Sévigné, 235.Quand on n'a point de bonnes raisons, il n'en faut dire aucune
, Sévigné, à Bussy, 20 juin, 1678.Je hais les raisons quand je veux quelque chose
, Th. Corneille, l'Inconnu, II, 5.Vous qui dans les détours de vos raisons subtiles…
, Boileau, Épître VII.Seigneur, je le vois bien, votre âme prévenue… Toujours dans mes raisons cherche quelque détour
, Racine, Andr. II, 2.Tu n'as plus d'autres armes à employer que de bonnes raisons
, Fénelon, Dial. des morts anc. dial. IV.La France et l'Espagne combattirent d'abord par des écrits où l'on étala des calculs de banquier et des raisons d'avocat
, Voltaire, Louis XIV, 8.Je m'ennuie moi-même de répondre toujours par des raisons à des accusations sans raison
, Rousseau, Lett. de la Montagne, 3.Le sage Fontenelle, qui estimait Boindin à beaucoup d'égards et qui en était respecté, lui ayant demandé pourquoi il se livrait si fort à la contradiction : c'est, dit Boindin, que je vois des raisons contre tout
, Duclos, Œuv. t. X, p. 59.Familièrement. Point tant de raisons ! manière d'imposer silence, et de montrer à quelqu'un que ses objections déplaisent.
-
11Cause, sujet, motif.
Il semble que sa flamme, en cette amour nouvelle, Ne cherche autre raison que de m'être infidèle
, Racan, Berg. I, 2, Lycidas.Ainsi votre raison n'est pas raison pour moi
, Corneille, Cid, II, 7.C'est donc avec raison que je commence à craindre
, Corneille, Héracl. I, 4.Cette raison au moins en mon mal me conforte, Que, s'il n'est supportable, il faudra qu'il m'emporte
, Rotrou, Antig. III, 4.S'il a manqué à la parole qu'il m'avait donnée, il a ses raisons pour cela
, Molière, Pourc. III, 9.Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ; on le sait en mille choses
, Pascal, Pens. XXIV, 5, éd. HAVET.Il me semble qu'il ne faut point faire changer de place aux vieilles amours, non plus qu'aux vieilles gens ; la routine fait quelquefois la plus forte raison de leur attachement
, Sévigné, 30 juill. 1677.Les raisons de mon repos ont besoin d'être soutenues de celles de mon devoir
, La Fayette, Princ. de Clèves, Œuv. compl. t. II, p. 253, dans POUGENS.Sans raison il [l'homme] est gai, sans raison il s'afflige
, Boileau, Sat. VIII.Il faisait deux pas, et revenait incontinent pour alléguer à Mentor quelque nouvelle raison de différer
, Fénelon, Tél. XXIII.On se fait à soi-même des raisons spécieuses pour ne pas s'en éloigner [des occasions mauvaises]
, Massillon, Carême, Pâques.J'entrai dans les raisons de Sayavedra, et nous convînmes qu'il ne se montrerait point dans les rues de Bologne
, Lesage, Guzm. d'Alf. IV, 7.Je ne justifie pas les usages, mais j'en rends les raisons
, Montesquieu, Esp. XVI, IV.Rollin prétend qu'Alexandre ne prit la fameuse ville de Tyr qu'en faveur des Juifs, qui n'aimaient pas les Tyriens ; il est pourtant vraisemblable qu'Alexandre eut encore d'autres raisons
, Voltaire, Dict. phil. Alexandre.Ceux qui exigent qu'on leur donne la raison d'un effet général, ne connaissent ni l'étendue de la nature ni les limites de l'esprit humain
, Buffon, Hist. min. introd. 1re part. Œuv. t. VI, p. 7.Pour découvrir la raison de ce qui est mal, le moyen le plus simple et le plus sûr, c'est de chercher la raison de ce qui est bien
, Condillac, Art. d'écr. I, 4.Parmi les préjugés, tout ridicules qu'ils peuvent être, il n'en est point qui n'ait sa raison, ou, pour parler plus exactement, son origine
, D'Alembert, Disc. prélim. Encycl. Œuv. t. I, p. 224, dans POUGENS.Suzanne : Elle me déplaît. - Figaro : On dit une raison. - Suzanne : Si je n'en veux pas dire ?
Beaumarchais, Mar. de Figaro, I, 1.Raison de plus, monsieur, je reste en mon pays
, Collin D'Harleville, Optimiste, V, 2.Terme de philosophie. Raison suffisante, se dit, dans le leibnitzianisme, de la cause sans laquelle nous jugeons qu'un fait ne peut avoir lieu.
Dans le langage général, ce qui suffit à opérer, à expliquer.
La mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infestaient la surface ; la baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes
, Voltaire, Candide, 3.Il n'y a rien sans une raison suffisante : par conséquent l'ordre dans lequel nos perceptions nous représentent les êtres, a sa raison dans l'ordre qui est entre les êtres mêmes
, Condillac, Traité des syst. ch. 8.Il [Descartes] trouvait dans l'extinction des corps lumineux la raison suffisante de l'existence des corps obscurs
, Bailly, Hist. de l'astr. mod. t. II, p. 718.À plus forte raison, par un motif d'autant plus fort.
Une infinité de larcins que les juges puniraient, et que vous [prêtres] devriez réprimer à bien plus forte raison
, Pascal, Prov. VIII.À plus forte raison vous saviez parfaitement tout ce qui regarde l'homme
, Fontenelle, Paracelse, Molière.Pour raison à moi connue, pour un motif que je ne veux pas faire connaître.
Pour raison à vous connue, pour un motif qu'il n'est pas nécessaire que je vous explique, que vous connaissez comme moi.
Familièrement. Conter ses raisons à quelqu'un, l'entretenir de ses affaires, de ses motifs d'agir.
Populairement. Avoir des raisons avec quelqu'un, contester avec lui.
-
12Raison d'État, voy. ÉTAT, n° 8.
On a dit (Biogr. univ. de MICHAUD, art. le P. Joseph) que le mot de raison d'État fut prononcé pour la première fois dans un conseil tenu par Richelieu. Cela est inexact, puisque Régnier l'a employé, comme on voit au mot ÉTAT.
Raison de famille, considérations d'intérêt qui déterminent la conduite dans une famille.
C'est pourtant grand' pitié, qu'on oblige une fille D'épouser un couvent par raison de famille
, Hauteroche, Appar. tromp. I, 2. -
13 Terme de mathématique. Rapport d'une quantité à une autre quantité. Progression qui marche par raison arithmétique, par raison géométrique. La raison de l'attraction est directe quand on considère les masses, inverse et comme le carré quand on considère les distances.
Lorsqu'on augmente dans une raison donnée toutes les températures initiales, on augmente dans la même raison toutes les températures successives
, Fourier, Instit. Mém. scienc. 1819 et 1820, t. IV, p. 202.Fig.
La pensée, qui est la raison commune en laquelle les actes intellectuels conviennent, diffère totalement de l'extension, qui est la raison commune des actes corporels
, Descartes, Rép. aux troisièmes object. X.Moyenne et extrême raison, proportion dans laquelle un tout est à une de ses deux parties comme celle-ci est à la seconde.
Premières et dernières raisons, nom d'une théorie célèbre de Newton.
-
14 Terme de banque et de commerce. Noms des associés rangés et énoncés de la manière déterminée par la société. Cette maison est sous la raison Laffitte et compagnie.
Raison sociale, nom sous lequel une société est connue à la bourse et dans le commerce. Manufacture des glaces et verreries de Montluçon ; société française en commandite, raison sociale : F. Berlioz et compagnie.
Part d'un associé dans le fonds d'une société de commerce (vieilli en ce sens ; on dit : son intérêt, sa mise de fonds est de tant). Sa raison est d'un tiers.
Livre de raison, registre où un négociant porte ses comptes par doit et avoir (vieilli ; on dit grand-livre).
Tous banquiers… et marchands en gros… seront obligés de tenir livres de raison en bonne et due forme ; et tous marchands, boutiquiers et vendants en détail, des livres journaux
, Règlements des 2 juin et 7 juillet 1667.Le grand-livre ou livre de raison doit contenir tous les comptes généraux et particuliers, auxquels les articles qui sont sur le journal doivent être rapportés, soit en débit, soit en crédit
, P. Giraudeau, la Banque rendue facile, p. v. - 15 En termes de charpenterie, mettre les pièces de bois en leur raison, les mettre à leurs places respectives.
- 16 Terme de pratique. Raisons, au pluriel, se dit des titres et prétentions qu'une personne peut avoir. Céder ses droits, noms et raisons.
-
17S'est dit, dans la marine, pour ration.
Raison ou ration est la mesure de biscuit, pitance et boisson qui se distribue à chacun dans le bord,
Ms. du XVIIe siècle, dans JAL. -
18À telle fin que de raison, locut. adverb. signifiant, en style d'affaires, par précaution, dans la pensée que la chose pourra servir. Il fit faire un état des lieux à telle fin que de raison.
L'ellipse remplie donne : pour telle fin qu'il sera de raison.
Dans le langage familier. À tout événement.
-
19À raison de, loc. prépos. Au taux de, sur le pied de. Sur ce vaisseau la disette de l'eau obligea de ne la distribuer qu'à raison d'un demi-litre par tête. On paya cet ouvrier à raison de l'ouvrage qu'il avait fait.
Il fallait que l'homme libre préparât des gens qui fissent ce service, à raison d'un homme pour quatre manoirs
, Montesquieu, Esp. XXXI, 25.Fig. À raison de, s'emploie comme moyen d'expliquer, de motiver, et est l'équivalent de : à cause de. Il put circuler librement, à raison de son passe-port. Les passions, à raison de l'aveuglement qu'elles causent, sont dangereuses. Cet employé, à raison de ses bons services, vient de recevoir une gratification.
-
20En raison de, loc. prép. En proportion de. Les corps s'attirent en raison directe de leurs masses, et en raison inverse du carré de leurs distances.
En raison directe, en augmentant ou diminuant dans le rapport qu'une autre quantité augmente ou diminue. La vitesse d'un corps qui tombe est en raison directe du temps ; l'espace parcouru varie en raison directe du carré du temps.
En raison inverse, en augmentant ou diminuant dans le rapport qu'une autre quantité diminue ou augmente. Les corps s'attirent en raison inverse du carré des distances.
Il y a une estime publique attachée aux différents arts, en raison inverse de leur utilité réelle
, Rousseau, Ém. III.En raison composée, suivant un rapport dont les termes se multiplient l'un par l'autre.
Fig.
En considérant le luxe des divers peuples les uns à l'égard des autres, il est dans chaque État en raison composée de l'inégalité des fortunes qui est entre les citoyens, et de l'inégalité des richesses des divers États
, Montesquieu, Esp. VII, 1.Mon inquiétude est en raison composée des intervalles du temps et du lieu
, Rousseau, Hél. I, 13.Le budget… a continuellement augmenté en raison composée, disent les géomètres, de l'avidité des gens de cour et de la patience du peuple
, Courier, Lett. X.Fig. En raison de, vu, en considération de. L'ambition s'accroît en raison des succès que l'on obtient.
- 21En style d'affaires, pour raison de quoi, à cause de quoi.
PROVERBES
Où force domine, raison n'a point de lieu.
Selon Dieu et raison, comme cela est légitime.
REMARQUE
D'Alembert a dit : Vous avez toute raison ; mais ces messieurs ne l'entendent pas, Lett. à Volt. 26 oct. 1762. Cette phrase pèche contre la règle d'un nom sans article représenté par le pronom le, la. On peut, il est vrai, ne pas la suivre quand le sens est clair ; mais ici la tournure n'est pas bonne.
HISTORIQUE
XIe s. Si est raisun que il dunge [donne] diz solz
, Lois de Guill. 5. Bien [il] sait parler et dreite raison rendre
, Ch. de Rol. CCLXXXV.
XIIe s. Se je vous aim, j'i assez ai reson
, Couci, II. S'amors ne vaint raison, j'i doi faillir
, ib. VIII. Car je n'i voi raison [moyen] de l'eschiver
, ib. X. À vous, amans, plus qu'à nule autre gent Est bien raison que ma dolor [je] complaigne
, ib. XXII. Raisons dit qu'il me souffise…
, ib. p. 119. Guiteclins de Sassoigne a sa raison [discours] fenie
, Sax. VII. Dunc ad fait devant sei venir li reis Henris Les evesques ; sis [ainsi les] ad forment à raisun mis, E volt que il li tiengnent ço qu'il li unt promis
, Th. le mart. 40. Dame, esgardés i raison ; Par le fil sainte Marie, Je n'aim [n'aime] feme, se vos non
, Chrestien de Troyes, dans Ms. de poés. franç. avant 1300, t. III, p. 1264, dans LACURNE.
XIIIe s. Lors revenront toutes gens en char et en os, et leur esconvendra rendre reison de leur uevres
, Psautier, f° 196. Mais la raison est si ariere mise, Que ce qu'on doit loer, blasme la gent
, Quesnes, Romanc. p. 90. Et la raison pourquoi il l'a laissée là
, Berte, CXXII. Il nous samble que vous dites voir, et nous en avés monstré boine raison
, Chr. de Rains, p. 3. Et fismes ceste enqueste par les livres des raisons reaulx [comptes royaux], où la valleur devant dicte estoit escrite de long temps
, Du Cange, ratiocinium. Il ne pot puis metre reson avant, por quoi il ne soit tenus à repondre
, Beaumanoir, IX, 3. Et cil à qui li fruit devoient estre pour reson du testament
, Beaumanoir, XII, 12. Ce ne seroit pas resons que li executeur feissent soier [scier] les blés ou vendengier les vignes au coust de l'execussion
, Beaumanoir, XIII, 22. Et que vous donrriés au soudanc pour vostre delivrance ? Ce que nous pourrions faire et souffrir par reson, fist le conte
, Joinville, 242.
XIVe s. Honneur, prudence et delectations sont de diverses raisons et especes quant à lour bonté
, Oresme, Éth. VIII, 12. Mais laissiez-moi aler, s'il vous vient à talent ; Car vous m'avez tenu prisonnier longuement à tort et sans raison…
, Guesclin. 13538. C'estoit signe d'aucune grant merveille qui advenir devoit, quant les oiseaux parloient raison humaine
, Chr. de St-Denis, t. I, f° 129, dans LACURNE.
XVe s. Monseigneur Jean de Hainaut qui bien est ramentu, et de raison, en ce livre…
, Froissart, Prol. Devant le dieu d'amours puissant, Qui me fera de vous raison
, Orléans, Ball. 43. Pardonnez au poure chetif, Et par plus fort raison aux bestes, Qui n'ont nul sens acquis es testes
, Deschamps, Poésies mss. f° 479. Il y en a eu un qui tant luy a offert de raison [qui tant lui a fait de propositions], qu'elle ne luy a peu refuser
, Les 15 joyes du mariage, p. 147, dans LACURNE. Une femme qui est bonne galoise, qui ne refuseroit jamais raison qui la luy offriroit
, ib. p. 103. Un prince qui pretendist raison au royaume de Naples
, Commines, VIII, 15.
XVIe s. Renger à raison [réduire à la raison]
, Montaigne, I, 23. C'est un mal duquel j'ay tiré la raison [moyen] de corriger un mal pire
, Montaigne, I, 34. Ce n'est pas sans raison qu'on dict que…
, Montaigne, I, 35. Demander raison [d'un fait offensant]
, Montaigne, I, 38. De vray, ou la raison se mocque, ou elle ne doibt viser qu'à…
, Montaigne, I, 69. S'addresser aux lois pour avoir raison d'une offense
, Montaigne, I, 119. … à plus forte raison…
, Montaigne, II, 23. Le chemin par terre estoit bien dangereux, à raison des brigands et voleurs qu'il y avoit par tout
, Amyot, Thés. 6. Mais quand et quand en leur disant ces raisons il prit son pavois dessus son bras, et se meit à marcher devant
, Amyot, Timol. 16. Et si envoyerent des ambassadeurs vers les Syracusains, pour leur remonstrer qu'ils eussent à leur faire la raison
, Amyot, Dion, 51. Ils condamnerent ses adversaires à lui demander pardon, et à lui faire raison de son bien
, D'Aubigné, Vie, XXII. Si on eust poursuivy la conqueste de Milan, l'on en eust eu sans doute la raison
, Carloix, I, 42. Afin donques que nostre pere de famille tire la raison [rapport] de ses bleds, il s'estudiera à recercher le vrai poinct de leur vente
, De Serres, 137. Entre bride et esperon, de toute chose gist la raison
, Génin, Récréat. t. II, p. 238. Affection aveugle raison
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 234. Raison fait maison
, Leroux de Lincy, ib. p. 411. Quand celuy auquel on avoit beu ne vouloit faire raison à l'autre, tel est le terme dont usent les bons biberons
, Pasquier, Recherches, liv. VIII, p. 752, dans LACURNE. Mets raison en toy, ou elle s'y mettra
, Cotgrave † Necessité est la moitié de raison
, Cotgrave †
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
RAISON.Au sens général de raison politique. Pour Sersale, il n'y a pas d'apparence qu'il soit jamais pape ; en outre de l'éloignement d'une grande partie du sacré collége pour sa personne, il a quantité de neveux, qui sont tous pauvres ; c'est une raison d'État à laquelle on fait la plus grande attention
, Lettre de d'Aubeterre au duc de Choiseul, du 17 mai 1769, dans THEINER, Histoire du pontificat de Clément IV, t. I, p. 286.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
RAISON, s. f. (Logique.) on peut se former diverses notions du mot raison. 1°. On peut entendre simplement & sans restriction cette faculté naturelle dont Dieu a pourvû les hommes, pour connoître la vérité, quelque lumiere qu’elle suive, & à quelque ordre de matieres qu’elle s’applique.
2°. On peut entendre par raison cette même faculté considérée, non absolument, mais uniquement en tant qu’elle se conduit dans ses recherches par certaines notions, que nous apportons en naissant, & qui sont communes à tous les hommes du monde. D’autres n’admettent point ces notions, entendent par la lumiere naturelle, l’évidence des objets qui frappent l’esprit, & qui lui enlevent son consentement.
3°. On entend quelquefois par la raison, cette lumiere naturelle même, par laquelle la faculté que nous désignons par ce même nom, se conduit. C’est ainsi qu’on l’entend ordinairement, lorsqu’on parle d’une preuve, ou d’une objection prise de la raison, qu’on veut distinguer par-là des preuves & des objections prises de l’autorité divine ou humaine. Au contraire, on entend cette faculté que nous appellons raison, lorsqu’on dit que cette raison se trompe, ou qu’elle est sujette à se tromper, qu’elle est aveugle, qu’elle est dépravée ; car il est visible que cela convient fort bien à la faculté, & nullement à la lumiere naturelle.
4°. Par raison on peut aussi entendre l’enchaînement des vérités auxquelles l’esprit humain peut atteindre naturellement, sans être aidé des lumieres de la foi. Les vérités de la raison sont de deux sortes ; les unes sont ce qu’on appelle les vérités éternelles, qui sont absolument nécessaires ; en sorte que l’opposé implique contradiction ; & telles sont les vérités dont la nécessité est logique, métaphysique ou géométrique, qu’on ne sauroit renverser sans être mené à des absurdités. Il y en a d’autres qu’on peut appeller positives, parce qu’elles sont les lois qu’il a plû à Dieu de donner à la nature, ou parce qu’elles en dépendent. Nous les apprenons ou par l’expérience, c’est-à-dire à posteriori, ou par la raison, & à priori, c’est-à-dire par des considérations tirées de la convenance, qui les ont fait choisir. Cette convenance a aussi ses regles & ses raisons ; mais c’est le choix libre de Dieu ; & non pas une nécessité géométrique qui fait préférer le convenable. Ainsi on peut dire que la nécessité physique est fondée sur la nécessité morale, c’est-à-dire sur le choix du sage, digne de sa sagesse, & que l’une aussi bien que l’autre doit être distinguée de la nécessité géométrique. Cette nécessité physique est ce qui fait l’ordre de la nature, & consiste dans les regles du mouvement & dans quelques autres lois générales, que Dieu a établies en créant cet univers. Les lois de la nature sont toujours sujettes à la dispensation du législateur, qui peut, quand il lui plaît, les arrêter & les suspendre ; au lieu que les vérités éternelles, comme celles de la Géométrie, ne sont assujetties à aucune loi arbitraire. Or c’est à ces dernieres vérités que la foi ne sauroit jamais être contraire. La vérité ne peut jamais être attaquée par une objection invincible ; car si c’est une démonstration fondée sur des principes ou sur des faits incontestables, formée par un enchaînement de vérités éternelles, la conclusion est certaine & indispensable ; & ce qui y est opposé doit être nécessairement faux, autrement deux contradictoires pourroient être vraies en même tems. Que si l’objection n’est point démonstrative, elle ne peut former qu’un argument vraissemblable, qui n’a point de force contre la foi, puisqu’on convient que les mysteres de la religion sont contraires aux apparences. Voyez l’article Mysteres, où l’on prouve contre Bayle la conformité de la foi avec la raison prise pour cet enchaînement de vérités éternelles, qui sont absolument nécessaires. Il faut maintenant marquer les bornes précises qui se trouvent entre la foi & la raison.
1°. Nulle proposition ne peut être reçue pour révélation divine, si elle est contradictoirement opposée à ce qui nous est connu, ou par une intuition immédiate, telles que sont les propositions évidentes par elles-mêmes, ou par des déductions évidentes de la raison, comme dans les démonstrations ; parce que l’évidence qui nous fait adopter de telles révélations ne pouvant surpasser la certitude de nos connoissances, tant intuitives que démonstratives, si tant est qu’elle puisse l’égaler, il seroit ridicule de lui donner la préférence ; & parce que ce seroit renverser les principes & les fondemens de toute connoissance & de tout assentiment : de sorte qu’il ne resteroit plus aucune marque caractéristique de la vérité & de la fausseté, nulles mesures du croyable & de l’incroyable, si des propositions douteuses devoient prendre la place devant des propositions évidentes par elles-mêmes. Il est donc inutile de presser comme articles de foi des propositions contraires à la perception claire que nous avons de la convenance ou de la disconvenance de nos idées. Par conséquent, dans toutes les choses dont nous avons une idée nette & distincte, la raison est le vrai juge compétent ; & quoique la révélation en s’accordant avec elle puisse confirmer ces décisions, elle ne sauroit pourtant dans de tels cas invalider ses decrets ; & par-tout où nous avons une décision claire & évidente de la raison, nous ne pouvons être obligés d’y renoncer pour embrasser l’opinion contraire, sous prétexte que c’est une matiere de foi. La raison de cela, c’est que nous sommes hommes avant que d’être chrétiens.
2°. Comme Dieu, en nous accordant la lumiere de la raison, ne s’est pas ôté la liberté de nous donner, lorsqu’il le juge à propos, le secours de la révélation sur des matieres où nos facultés naturelles ne sauroient atteindre ; dans ce cas, lorsqu’il a plû à Dieu de nous fournir ce secours extraordinaire, la révélation doit l’emporter sur toutes les résistances de notre raison ; ces résistances n’étant ici fondées que sur des conjectures probables ; parce que l’esprit n’étant pas certain de la vérité de ce qu’il ne connoît pas évidemment, mais se laissant seulement entraîner à la probabilité, il est obligé de donner son assentiment à un témoignage qu’il sait venir de celui qui ne peut tromper ni être trompé. Lorsque les principes de la raison ne nous font pas voir évidemment qu’une proposition est vraie ou fausse, dans ce cas la révélation manifeste a lieu de déterminer l’esprit, comme étant un autre principe de vérité : & ainsi la proposition appuyée de la révélation devient matiere de foi, & au-dessus de la raison. La raison ne pouvant s’élever au-dessus de la probabilité, la foi a déterminé l’esprit où la raison est venue à manquer.
Jusques-là s’étend l’empire de la foi ; & cela sans faire aucune violence à la raison, qui n’est point blessée ou troublée, mais assistée & perfectionnée par de nouvelles lumieres émanées de la source éternelle de toute connoissance. Tout ce qui est du ressort de la révélation doit prévaloir sur nos opinions, sur nos préjugés & sur nos intérêts, & est en droit d’exiger de l’esprit un parfait assentiment. Mais une telle soumission de notre raison à la foi ne renverse pas pour cela les limites de la connoissance humaine, & n’ébranle pas les fondemens de la raison ; elle nous laisse la liberté d’employer nos facultés à l’usage pour lequel elles nous ont été données.
Si l’on n’a pas soin de distinguer les différentes jurisdictions de la foi & de la raison par le moyen de ces bornes, la raison n’aura point de lieu en matiere de religion, & l’on n’aura aucun droit de se moquer des opinions & des cérémonies extravagantes qu’on remarque dans la plûpart des religions du monde. Qui ne voit que c’est là ouvrir un vaste champ au fanatisme le plus outré, aux superstitions les plus insensées ! Avec un pareil principe, il n’y a rien de si absurde qu’on ne croie. Par-là il arrive que la religion, qui est l’honneur de l’humanité, & la prérogative la plus excellente de notre nature sur les bêtes, est souvent la chose du monde en quoi les hommes paroissent les plus déraisonnables.
Raison, (os de) en Anatomie, est l’os du devant de la tête, autrement appellé coronal. Voyez Coronal.
Raison, en terme d’Arithmétique & de Géométrie, est le résultat de la comparaison que l’on fait entre deux grandeurs homogenes, soit en déterminant l’excès de l’une sur l’autre, ou combien de fois l’une contient l’autre, ou y est contenue. Voyez Rapport.
Les choses homogenes ainsi comparées, s’appellent les termes de la raison ou du rapport ; la chose que l’on compare se nomme l’antécédent, & celle à laquelle on la compare, le conséquent. Voyez Terme.
On confond souvent le mot de raison avec celui de proportion, quoiqu’ils soient tout-à-fait différens l’un de l’autre. En effet, la proportion est une identité ou similitude de deux raisons. Voyez Proportion.
Par exemple, si la quantité A est triple de la quantité B, le rapport de A à B, c’est-à-dire de 3 à 1, est appellé la raison de A à B. Si deux autres quantités C & D ont la même raison l’une à l’autre que A & B ont entr’elles, c’est-à-dire que l’une soit le triple de l’autre, cette similitude de raisons constitue une proportion, & les quatre quantités sont en proportion ou proportionnelles.
La raison peut donc exister entre deux termes, mais il en faut un plus grand nombre pour former une proportion. Il y a deux manieres de comparer les grandeurs entr’elles : on trouve par la premiere de combien elles different entr’elles, c’est-à-dire de combien d’unités l’antécédent est plus grand ou plus petit que le conséquent.
Cette différence est appellée raison arithmétique, ou exposant du rapport arithmétique de deux nombres.
Ainsi, en comparant 5 & 7, on trouve que leur raison arithmétique est 2.
On trouve, en employant la seconde maniere de comparer, combien de fois l’antécédent contient ou est contenu dans le conséquent, c’est-à-dire quelle partie de la plus grande est égale à la plus petite.
Cette raison s’appelle pour l’ordinaire raison géométrique, ou simplement raison.
Wolf distingue la raison, eu égard à la quantité en général, en rationnelle & irrationnelle.
Raison rationnelle est celle de nombre à nombre, par exemple, comme 3 à 4. Voyez Nombre
Raison irrationnelle est celle qu’on ne peut exprimer par aucun nombre rationnel.
Supposons, pour éclaircir la chose par un exemple, deux quantités A & B, dont A soit la plus petite ; si l’on retranche A de B autant de fois qu’elle le peut être, par exemple, cinq fois, il ne restera rien, ou bien il restera quelque chose. Dans le premier cas, A sera à B comme 1 à 5, c’est-à-dire, sera contenu cinq fois dans B ou ; cette raison sera donc rationnelle.
Dans le dernier cas, ou il restera quelques parties qui étant retranchées un certain nombre de fois de A, par exemple, trois fois, & pareillement de B, par exemple, sept fois, ne laissera aucun reste ; ou bien il ne restera aucune partie de cette espece. Dans le premier cas A est à B comme 3 à 7, ou , & la raison sera rationnelle. Dans le dernier cas, la raison de A à B ne peut être exprimée par des nombres rationnels, ni d’aucune autre maniere, excepté par des lignes ou par une série infinie. Voyez Série.
L’exposant d’une raison géométrique est le quotient qui nait de la division de l’antécédent par le conséquent ; l’exposant de la raison de 3 à 2 est ; celui de la raison de 2 à 3 est : car lorsque le moindre terme est l’antécédent, la raison, ou plutôt l’exposant est une fraction impropre ; d’où il suit que la fraction . Si l’unité tient lieu de conséquent, l’antécédent lui-même sera l’exposant de la raison : par exemple, la raison de 4 à 1 est 4. Voyez Exposant.
Lorsque l’on compare deux quantités sans l’intervention d’une troisieme, ou l’une est égale à l’autre, ou inégale ; ce qui constitue une raison d’égalité ou d’inégalité.
Lorsque les termes de la raison sont inégaux, ou l’on compare le plus petit au plus grand, ou celui-ci au moindre, c’est-à-dire ou le moindre au plus grand, comme une partie à son tout, ou le plus grand au plus petit, comme le tout à sa partie. La raison détermine donc combien de fois le plus petit est contenu dans le plus grand, ou combien celui-ci contient le plus petit, c’est-à-dire à quelle partie du grand le petit est égal.
La raison que le plus grand terme a au plus petit, par exemple, 6 à 3, est appellée raison de plus grande inégalité ; & celle que le plus petit terme a au plus grand, par exemple, 3 à 6, est appellée raison de moindre inégalité.
Cette raison correspond à toutes sortes de quantités en général, soit discretes ou continues, commensurables ou incommensurables ; mais la quantité discrete ou continue admet une autre espece de raison.
Lorsque le moindre terme d’une raison est une partie aliquote du plus grand, la raison de plus grande inégalité s’appelle multiple, multiplex, & la raison de moindre inégalité, sous-multiple. Voyez Multiple.
Dans le premier cas particulierement, si l’exposant est 2, la raison s’appelle double ; triple, si c’est 3, &c. Dans le second cas, si l’exposant est , la raison est appellée sous-double ; si c’est , sous-triple, &c. Par exemple, la raison de 6 à 2 est triple, à cause qu’elle contient 2 trois fois : celle au contraire de 2 à 6 est sous-triple, à cause que 2 est le tiers de 6.
Si le plus grand terme contient le plus petit une ou plusieurs fois, plus une ou plusieurs parties, la raison de plus grande ou de moindre inégalité reçoit encore différens noms. Nous allons les donner ici, quoique la plûpart soient aujourd’hui peu en usage, mais ces noms pourront être utiles à ceux qui lisent les anciens auteurs.
Dans le premier cas, si l’exposant est 1, la raison est sesquialtere ; si , sesquitierce. Dans l’autre, si l’exposant est , la raison est appellée sous-sesquialtere ; si , sous-sesquitierce.
Par exemple, 3 est à 2 en raison sesquialtere, & 2 à 3 en raison sous-sesquialtere.
Lorsque le plus grand terme contient le plus petit une fois, & outre cela plus d’une de ses parties, la raison de plus grande inégalité s’appelle surpartiente, & celle de moindre inégalité sous-surpartiente.
Si l’exposant est 2/3, la raison s’appelle surbipartiente tierce ; si , surtripartiente quarte ; si , surquadripartiente septieme, &c. Dans le dernier cas, si l’exposant est , la raison s’appelle sous-surbipartiente tierce ; si , sous-surbipartiente quarte ; si, &c. Voyez Euclide.
Par exemple, la raison de 5 à 3 est surbipartiente tierce ; celle de 3 à 5 sous-surbipartiente tierce.
Lorsque le plus grand terme contient le plus petit plusieurs fois, & plus d’une de ses parties, la raison de plus grande inégalité s’appelle multiple surparticuliere ; & celle de moindre inégalité, sous-multiple, sous-surparticuliere.
Particulierement dans le premier cas, si l’exposant est 2, la raison est appellée double sesquialtere ; si triple sesquiquarte, &c. Dans le dernier, la raison est appellée sous-double, sous sesquialtere, si l’exposant est , & sous-triple sous-sesquiquarte, s’il est , &c.
Par exemple, la raison de 16 à 5 est triple sesquiquinte ; celle de 4 à 9, sous-double sous-sesquiquarte.
Enfin, lorsque le plus grand terme contient le plus petit plusieurs fois, & de plus, plusieurs de ses parties aliquotes, la raison de plus grande inégalité est appellée multiple surpartiente ; celle de moindre inégalité, sous-multiple sous-surpartiente.
Dans le premier cas, par exemple, si l’exposant est 2, la raison est appellée double surbipartiente tierce ; si , triple surbiquadripartiente septieme, &c. Dans le dernier cas, si l’exposant est , on l’appelle sous double sous surquadripartiente tierce ; si , sous triple soussurquadripartiente septieme.
Par exemple, la raison de 25 à 7 est triple surquadripartiente septieme ; celle de 3 à 8, sous-double sous-surbipartiente tierce.
Telles sont les diverses especes de raisons rationnelles, dont le nom est absolument nécessaire à ceux qui lisent les anciens auteurs, quoiqu’elles se rencontrent rarement dans les auteurs modernes, qui les expriment par les exposans de la raison, par exemple, par 2 : 1 : si la raison est double ; par 3 : 2 si elle est sesquialtere.
Les raisons égales ou identiques sont celles dont les antécédens ont un rapport égal avec leurs conséquens, c’est-à-dire dont les antécédens divisés par les conséquens, donnent des exposans égaux. On peut concevoir par-là l’identité des raisons irrationnelles.
D’où il suit, 1°. que deux raisons étant égales, l’antécédent de l’une doit contenir autant de fois son conséquent que l’antécédent de l’autre contient le sien. Secondement, si A est à B comme C est à D, cela s’exprime ainsi : ; ou . La premiere expression est celle dont on se sert pour l’ordinaire pour exprimer l’identité des raisons ; l’autre est celle de Wolf, qui a cet avantage sur la premiere, que le caractere du milieu=exprime l’égalité des raisons.
Nous avons déja observé que deux raisons égales, par exemple , forment une proportion ; si l’on a deux raisons inégales, par exemple & , nous appellerons A : B la plus grande, & nous écrirons ; au contraire nous appellerons la moindre, & nous écrirons .
Les raisons composées sont celles qui sont faites par la multiplication de deux ou plusieurs raisons multipliées les unes par les autres, c’est-à-dire par le produit des antécédens & des conséquens. Par exemple, la raison de 6 à 72 est une raison composée de 2 à 6, & de 3 à 12, c’est-à-dire formée du produit des antécédens 2 & 3, & des conséquens 6 & 12.
Une raison composée de deux raisons égales, s’appelle doublée ; triplée, quand elle est composée de trois ; quadruplée, quand elle l’est de quatre ; & en général multipliée, quand elle est composée de plusieurs raisons semblables : par exemple, 48 : 3 est une raison doublée de 4 : 1 & 12 : 3. Voyez Doublée, &c.
Propriétés des raisons. 1°. Les raisons égales à une troisieme, sont égales entr’elles.
2°. Si , alors en raison inverse .
3°. Les parties semblables P & p ont même raison aux touts T & t ; & si les touts ont la même raison que leurs parties, les parties sont semblables.
4°. Si , pour lors en raison alterne . D’où il suit que si , & , & , nous aurons . Donc encore si ; & , nous aurons .
5°. Les choses qui ont même raison à une troisieme, sont égales entr’elles, & vice versâ.
6°. Si l’on multiplie des quantités égales A & B par les mêmes quantités, ou par des quantités égales, les produits D & E seront l’un à l’autre comme A & B.
7°. Si l’on divise telle quantité que l’on voudra, comme A & B par les mêmes quantités, ou par des quantités égales, les quotiens seront l’un à l’autre comme A & B.
8°. Si l’on divise les antécédens ou les conséquens des raisons égales A : B & C : D par la même quantité E ; dans le premier cas les quotiens F & G auront même raison aux conséquens B & D ; dans le second les antécédens A & B auront même raison aux quotiens H & K.
9°. Si l’on a plusieurs quantités en raison continue A, B, C, D, E, &c. la premiere A sera à la troisieme C en raison doublée ; à la quatrieme D en raison triplée ; à la cinquieme E en raison quadruplée, &c. de la raison de la premiere A à la seconde B.
10°. Si l’on a une suite de quantités en même raison, A, B, C, D, E, F, &c. la raison de la premiere A à la derniere F, sera composée des raisons intermédiaires A : B, B : C, C : D, D : E, E : F, &c.
11°. Les raisons composées de raisons égales, sont égales. Ainsi les raisons 90 : 3 = 960 : 32, sont composées de 6 : 3 = 4 : 2, & 3 : 1 = 12 : 4, & 5 : 1 = 20 : 4. Pour les autres propriétés des raisons égales, voyez Proportions. Voyez aussi Exposant. (E)
Moyenne & extrème raison, voyez Extrème.
Raison inverse, ou renversée, ou réciproque ; on dit que deux choses sont en raison inverse de deux autres, lorsque la premiere est à la seconde, comme la quatrieme est à la troisieme. Par exemple, quand on dit que la gravitation est en raison inverse du quarré des distances, cela veut dire que la gravitation à la distance A, est à la gravitation à la distance B, comme le quarré de la distance B est au quarré de la distance A. Voyez Gravitation, & voyez aussi Inverse, &c.
Raison d’état, (Droit politiq.) Quelques auteurs ont cru qu’il y avoit des occasions dans lesquelles les souverains étoient autorisés à se départir des loix séveres de la probité, & qu’alors le bien de l’état qu’ils gouvernent, leur permettoit des actions injustes à l’égard des autres états, & que l’avantage de leur peuple justifioit l’irrégularité de leurs actions. Ces injustices, autorisées par la raison d’état, sont d’envahir le territoire d’un voisin, dont les dispositions sont suspectes, de se rendre maître de sa personne, enfin de le priver des avantages dont il a droit de jouir, sans motif avoué, ou sans déclaration de guerre. Ceux qui maintiennent un sentiment si étrange, se fondent sur le principe que les souverains, devant chercher tout ce qui peut rendre heureux & tranquilles les peuples qui leur sont soumis, ils sont en droit d’employer tous les moyens qui tendent à un but si salutaire. Quelque spécieux que soit ce motif, il est très-important pour le bonheur du monde, de le renfermer dans de justes bornes ; il est certain qu’un souverain doit chercher tout ce qui tend au bien-être de la société qu’il gouverne ; mais il ne faut point que ce soit aux dépens des autres peuples. Les nations ont, ainsi que les particuliers, des droits réciproques ; sans cela tous les souverains, ayant les mêmes droits, & se prétendant animés par les mêmes motifs, seroient dans un état de défiance & de guerre continuelle. Concluons donc que les représentans des peuples ne peuvent, non plus que les individus de la société, s’exempter des lois de l’honneur & de la probité ; ce seroit ouvrir la porte à un désordre universel, que d’établir une maxime qui détruiroit les liens des nations, & qui exposeroit les plus foibles aux oppressions des plus forts ; injustices qui ne peuvent être permises, sous quelque nom que l’on cherche à les déguiser.
Une autre question est de savoir, si la raison d’état autorise le souverain à faire souffrir quelque dommage à un particulier, lorsqu’il s’agit du bien de l’état : elle sera facile à résoudre, si l’on fait attention qu’en formant la société, l’intention & la volonté de chaque individu a dû être de sacrifier ses propres intérêts à ceux de tous, sans cela la société ne pourroit point subsister. Il est certain que le tout est préférable à sa partie ; cependant dans ces occasions, toujours fâcheuses, le souverain se souviendra qu’il doit une justice à tous ses sujets, dont il est également le pere ; il ne donnera point pour des raisons d’état, des motifs frivoles ou corrompus qui l’engageroient à satisfaire ses passions personnelles ou celles de ses favoris ; mais il gémira de la nécessité qui l’oblige de sacrifier quelques-uns des membres pour le salut réel de toute la société.
Raison suffisante, Voyez l’article Suffisant.
Raison, (Jurisprud.) signifie quelquefois un droit qui appartient à quelqu’un, comme quand on dit, noms, raisons & actions : quelquefois raison est pris pour justice ; comme quand on dit, demander raison, faire raison. Souvent raison est pris pour compte, c’est en ce sens que les marchands appellent livres de raison, ceux qui contiennent l’état de tout leur commerce, tant pour eux que pour leurs associés. Voyez Action, Compte, Droit, Journaux, Livres, Marchand, Obligation. (A)
Raison, (Comm.) se dit du compte qu’un officier inférieur est obligé de rendre à celui à qui il est subordonné. Ainsi l’on dit qu’un tel officier a été mandé pour rendre raison de sa conduite. Voyez Veniat.
Raison, en termes de teneurs de livres. On nomme livre de raison, un gros registre sur lequel on forme tous les comptes en débit & en crédit, dont on trouve les sujets, c’est-à-dire les articles sur le livre journal. On l’appelle livre de raison, parce qu’il sert à un marchand à se rendre raison à soi-même & à ses associés de l’état de son commerce. Voyez Livres.
Raison signifie aussi la part d’un associé dans le fonds d’une société. On dit ma raison est du quart, du sixieme, d’un douzieme, &c.
Raison, signifie encore dans le commerce, proportion, rapport. Le change d’Amsterdam est à raison de dix pour cent.
Raison, en termes de commerce de mer, est la quantité de biscuit, de boisson & autres vivres que l’on regle pour la pitance journaliere de chaque matelot sur les navires marchands. En quelques endroits on l’appelle ordinaire, & sur les vaisseaux de guerre ration.
Raison, terme de société générale. On appelle la raison d’une société, les noms des associés rangés & énoncés de la maniere que la société signera les lettres missives, billets & lettres-de-change. Ainsi l’on dit, la raison de la société sera Jacques Perrin, Guillaume & François Caron. Dictionn. de comm.
Raison, (Charpent. Art. méchan.) Mettre les pieces de bois en leur raison, c’est quand on dispose les pieces qui doivent servir à un bâtiment, & qu’étant mises en chantier, on met chaque morceau & chaque piece en sa place. (D. J.)
Étymologie de « raison »
Bourguig. roison ; provenç. razo, raxio ; catal. rahó ; espagn. razon ; ital. ragione ; du lat. rationem, de ratus, compté, déterminé ; comparez le sanscrit rita, vrai.
- Du latin rationem, accusatif de ratio.
Phonétique du mot « raison »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
raison | rɛzɔ̃ |
Fréquence d'apparition du mot « raison » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « raison »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « raison »
-
La raison tue la passion.
Didier Dubois -
Le coeur gouverne la raison.
Laurence-Marie Coupier -
La haine donne une raison de vivre.
Michel Bélil — Greenwich -
Deux gendarmes, un beau dimanche, Chevauchaient le long d'un sentier ; L'un portait la sardine blanche, L'autre, le jaune baudrier. Le premier dit d'un ton sonore : Le temps est beau pour la saison. - Brigadier, répondit Pandore, Brigadier, vous avez raison.
Gustave Nadaud — Chansons, Pandore ou les Deux Gendarmes -
La jeunesse est une ivresse continuelle : c'est la fièvre de la santé ; c'est la folie de la raison.
François, duc de La Rochefoucauld — Maximes -
Un proverbe n’est pas une raison.
Voltaire -
C'est avant tout la poursuite de l'expérience qui importe : la raison suivra toujours, son bandeau phosphorescent sur les yeux.
André Breton — Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard -
Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort.
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais — Le Mariage de Figaro, I, 1 -
De temps à autre, un sot, par hasard, doit avoir raison.
William Cowper — Conversation -
La raison nous trompe plus souvent que la nature.
Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues — Réflexions et Maximes
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Traductions du mot « raison »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | reason |
Espagnol | razón |
Italien | motivo |
Allemand | grund |
Chinois | 原因 |
Arabe | السبب |
Portugais | razão |
Russe | причина |
Japonais | 理由 |
Basque | arrazoia |
Corse | ragiò |
Synonymes de « raison »
- équilibre
- justesse
- modération
- entendement
- bon sens
- compréhension
- connaissance
- discernement
- esprit
- intelligence
- jugement
- lucidité
- sagesse
- sens
- pensée
- logique
- cerveau
- sujet
- cause
- explication
- fondement
- mobile
- preuve
- motif
- pourquoi
- allégation
- justification
- excuse
- prétexte
- principe
- origine
- conception
- rapport
- proportion
- argument
- argumentation
- mesure
- cervelle
- conscience
- droit
- équité
- faculté
- jugeote
- justice
- office
- principes
- probité
- raisonnement
- réfutation
- réparation
- satisfaction
- donner raison à
- faire perdre la raison
- pour quelle raison
- pour quelles raisons
- en raison de
Antonymes de « raison »
Combien de points fait le mot raison au Scrabble ?
Nombre de points du mot raison au scrabble : 6 points