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Disgrâce

Variantes Singulier Pluriel
Féminin disgrâce disgrâces

Définitions de « disgrâce »

Trésor de la Langue Française informatisé

DISGRÂCE, subst. fém.

A.− [Avec l'idée d'événement ou de situation défavorable.]
1. [Souvent avec un compl. prép. indiquant la personne affectée par la disgrâce]
a) Perte des faveurs, des bonnes grâces dont on bénéficiait; p. méton. état d'une personne privée des faveurs dont elle jouissait. Il fut enveloppé dans la disgrâce de son protecteur (Ac.). J'étois en disgrâce sous le roi, comme je l'étois sous Buonaparte (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. XIX).Des disgrâces que j'ai dû prononcer dans l'intérêt du pays (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 402):
1. Cette disgrâce, infligée soudain par la nation britannique au grand homme qui l'avait glorieusement menée jusqu'au salut et à la victoire, pouvait paraître surprenante. De Gaulle.Mémoires de guerre,1959, p. 203.
SYNT. Être, tomber en disgrâce; mettre qqn en disgrâce, prononcer la disgrâce de qqn; la disgrâce de Fouquet.
P. métaph. :
2. ... s'il faut en croire un proverbe d'Espagne, lorsque dans la jeunesse on a rencontré la beauté, elle vous laisse de quoi vous défendre du temps : la disgrâce des années tardives a moins de prise sur vous. Chateaubriand, Congrès de Vérone,t. 1, 1838, p. 409.
Rare. [Le compl. prép. indique l'être qui est à l'origine de la disgrâce] Disgrâce de Dieu. S'attirer, encourir la disgrâce de qqn. M. le duc de Nîmes, pervers par vocation, vertueux par disgrâce de Dieu (Péladan, Vice supr.,1884, p. 171).
b) P. ext. [La perte affecte une chose] Perte de considération ou d'intérêt, discrédit. L'Opera buffa, proprement dit, n'a point partagé la disgrâce de l'opéra sérieux (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 367).
2. P. anal., littér. [Le plus souvent sans compl. prép.] Malheur, revers de fortune. Pour comble de disgrâce. Le mécontentement de Louis XIV fut des plus vifs en apprenant les disgrâces de son armée d'Italie (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 8, 1863-69, p. 478).La jeunesse est le plus grand des biens, la vieillesse la pire des disgrâces (Courteline, Boubouroche,1893, p. 139).
Spéc., rare. Désavantage, désagrément :
3. C'est une des plus incompréhensibles disgrâces de l'homme, qu'il doive confier ce qu'il a de plus précieux à quelque chose d'aussi instable, d'aussi plastique, hélas, que le mot. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1061.
B.− [Avec l'idée d'apparence causant une impression défavorable]
1. [En parlant d'une pers.] Manque de grâce, de charme dans l'aspect, l'attitude ou l'esprit d'une personne. Disgrâce physique. Une seule disgrâce manquait à ce jésuite, il n'était pas sale mais au contraire fort soigné et fort propre (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 96):
4. Je regardais Saint-Loup, et je me disais que c'est une jolie chose quand il n'y a pas de disgrâce physique pour servir de vestibule aux grâces intérieures, ... Proust, Le Côté de Guermantes,1921, p. 409.
Rare. [Avec un compl. prép. + inf.] Il n'y a pas de raison, parce qu'on a la sottise ou la disgrâce d'être triste, pour vouloir que tous le soient (Rolland, J.-Chr.,Adolesc., 1905, p. 342).
2. [En parlant d'une chose en relation avec des pers.] Absence de grâce, d'attrait dans une chose. Fort-Lamy. Sa laideur. Sa disgrâce (Gide, Voy. Congo,1927, p. 824).
Prononc. et Orth. : [disgʀ ɑ:s]. Enq. : /dizgʀas, (D)/. Écrit sans accent ds Ac. 1694-1762. Cf. aussi ds Fér. 1768, Land. 1834 et Gattel 1841. Mais Fér. Crit. t. 1 1787 corrige : ,,Il convient de mettre un accent circonflexe sur l'a parce qu'il est long``. L'accent est présent ds Ac. à partir de 1798 jusqu'en 1932. Comparer avec grâceAc. met l'accent même dans les 1reséditions. Étymol. et Hist. 1. 1553 disgrace « malheur » (O. de Magny, Les Amours, p. 43 ds IGLF); 2. 1564 « défaveur » (Thierry). Empr. à l'ital.disgrazia, attesté dans les 2 sens dep. 1remoitié xives. (sens 1 dep. Francesco da Barberino, sens 2 dep. G. Villani ds Batt.), dér. de grazia (grâce*). A supplanté la forme desgrace « id. », attestée uniquement au xvies. (v. Hug.; dep. av. 1536, Bertaut de la Grise, trad. de Guevara, L'Orloge des princes) et empr. à l'esp. desgracia (dep. 1495, Nebrija ds Cor., s.v. grado II). Fréq. abs. littér. : 526. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 921, b) 500, xxes. : a) 593, b) 825. Bbg. Hope 1971, p. 186.

Wiktionnaire

Nom commun - français

disgrâce \dis.ɡʁɑs\ féminin

  1. Perte, privation des bonnes grâces d’une personne puissante, d’une autorité.
    • O mon père, je vous aime et vous vénère, que vous me prodiguiez des trésors de votre bonté, ou les rigueurs de la disgrâce— (Honoré de Balzac, La Femme de trente ansch. V, Paris, 1832 ; p. 130)
    • Si les cinq ou six complaisants qui témoignaient une amitié si paternelle à Julien eussent déserté l'hôtel de La Mole, la marquise eût été exposée à de grands moments de solitude ; et, aux yeux des femmes de ce rang, la solitude est affreuse : c'est l'emblème de la disgrâce. — (Stendhal, Le Rouge et le noir, 1830)
  2. (Figuré) État de celui que la fortune ne favorise guère.
    • Il lui est survenu une disgrâce. Voilà une étrange, une cruelle disgrâce. Pour comble de disgrâce. Que de disgrâces!
  3. Définition manquante ou à compléter. (Ajouter)
    • Cette plante vient du Mexique, où l’on mange ses racines cuites sous la cendre. Dès le commencement du siècle dernier, on la cultivait en France comme plante alimentaire. Toutefois elle ne tarda pas à être rejetée à cause du goût trop aromatique de ses racines; mais cette disgrâce fît sa fortune, car elle ne disparut de nos potagers que pour entrer dans nos jardins.— (Charlotte de Latour, Un bouquet de Dahlias dans Le langage des fleurs (Neuvième édition augmentée de plusieurs chapitres ornée de douze gravures coloriées et de nombreuses vignettes dans le texte), Paris, 1861, p.73)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DISGRÂCE. n. f.
Perte, privation des bonnes grâces d'une personne puissante, d'une autorité. On ne sait d'où vient sa disgrâce. On ignore la cause, le sujet de sa disgrâce. Tomber en disgrâce. Être en disgrâce. Il fut enveloppé dans la disgrâce de son protecteur. Il signifie figurément État de celui que la fortune ne favorise guère. Il lui est survenu une disgrâce. Voilà une étrange, une cruelle disgrâce. Pour comble de disgrâce. Que de disgrâces!

Littré (1872-1877)

DISGRÂCE (di-sgrâ-s') s. f.
  • 1Perte des bonnes grâces d'une personne puissante. Encourir la disgrâce du prince. Il a soutenu héroïquement sa disgrâce, Sévigné, 348. Le meilleur de tous les biens, s'il y a des biens, c'est le repos, la retraite, et un endroit qui soit son domaine ; N*** a pensé cela dans sa disgrâce, et l'a oublié dans la prospérité, La Bruyère, VIII. La disgrâce éteint les haines et les jalousies, La Bruyère, XII. Rien n'est si voisin de la faveur que la disgrâce, Maintenon, Lett. d'Aubigné, 3 juillet 1680. Pour languir dans l'éclat d'une illustre disgrâce, Voltaire, Sémiram. II, 4. La disgrâce jette je ne sais quoi de touchant sur les grandes vertus et les qualités éminentes, Mairan, Éloges, Card. Polignac. Albuquerque mourut à Goa en 1515, sans richesses, et dans la disgrâce d'Emmanuel, auquel on l'avait rendu suspect, Raynal, Hist. phil. I, 17.

    Par analogie. Tous les hommes sont dans la disgrâce de Dieu, Pascal, Juifs, 1. Lorsque nous avons été assez malheureux que de tomber dans la disgrâce de Dieu, Massillon, Car. Temples. L'homme est maintenant en disgrâce chez tous ceux qui pensent, Vauvenargues, Max. CCXIX. Nous sommes tombés d'un tourbillon dont nous étions le centre, dans le tourbillon du soleil d'aujourd'hui ; d'astres que nous étions nous sommes devenus lune, ayant par faveur autour de nous une autre petite lune pour nous consoler dans notre disgrâce, Voltaire, Dial. XXIX, 10.

  • 2État, par rapport aux événements, comparé à la disgrâce par rapport à une personne. Enfin donc ton amour ne craint plus de disgrâce, Corneille, le Ment. IV, 2. J'ai le cœur au-dessus des plus fières disgrâces, Corneille, Cid, II, 1. Voilà ce que c'est que du monde ; la moindre disgrâce nous fait mépriser de ceux qui nous chérissaient, Molière, Préc. 18. J'en juge par moi-même ; et la moindre disgrâce, Lorsque je suis à jeun, me saisit, me terrasse, Molière, Sganar. 7. J'ai cru que notre mariage n'était qu'un adultère déguisé, qu'il nous attirerait quelque disgrâce d'en haut, Molière, le Fest. I, 3. Ah ! malheur ! ah ! disgrâce, ah ! pauvre seigneur Sganarelle, où pourrais-je te rencontrer ? Molière, l'Am. méd. I, 6. Et qui peut mieux que vous consoler sa disgrâce ? Racine, Bérén. III, 2. La mort n'est point pour moi le comble des disgrâces, Racine, Baj. II, 3. La Discorde, qui voit leur honteuse disgrâce, Dans les airs cependant tonne, éclate, menace, Boileau, Lutrin, III. Je cours trouver Lucain ; plein d'une noble audace, De la liberté sainte il chanta la disgrâce, Legouv. Épichar. et Nér. I, 3.
  • 3Mauvaise grâce. Elle a de la disgrâce dans le maintien. Cet homme met de la disgrâce jusque dans le bien qu'il fait. On aura craint sans doute la disgrâce attachée à la forme didactique, qui effarouche la plupart des lecteurs, Mém. sur les finances de l'Anglet. trad. de l'anglais, Mayence, 1768, introd. p. 1. C'est à de tels contrastes [la rudesse et la servilité] qu'il faut attribuer la disgrâce allemande, que l'on se plaît à contrefaire dans les comédies de tous les pays, Staël, Allem. III, 11.

HISTORIQUE

XVIe s. Lors de la disgrace dudit d'Aubigné, il voulut à toute force suivre la fortune du disgracié, D'Aubigné, Vie, LVI.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DISGRÂCE. Ajoutez : - REM. Bussy Rabutin a dit faire des disgrâces, par opposition à faire des fortunes : Le même caprice qui fait faire des fortunes prodigieuses à de certaines gens, fait faire à d'autres de grandes disgrâces sans fondement, Lett. à Mme de Sévigné, 23 déc. 1670. Cela est peu correct, ce semble.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « disgrâce »

Dis… préfixe, dans le sens négatif, et grâce.

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(XIVe siècle) De l’italien disgrazia. Il y eut en ancien français le mot desgrace.
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Phonétique du mot « disgrâce »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
disgrâce disgras

Fréquence d'apparition du mot « disgrâce » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « disgrâce »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « disgrâce »

  • Si jamais on te démet de tes fonctions, manifeste publiquement ta satisfaction, et même ta reconnaissance envers celui qui t’a rendu la quiétude et le loisir auxquels tu aspirais : ainsi éviteras-tu qu’à la disgrâce s’ajoute le sarcasme.
    Jules Mazarin
  • La perfection consiste en trois choses : à observer sa religion, à être patient dans les disgrâces et à se conduire avec sagesse.
    Proverbe oriental
  • La jeunesse est le plus grand des biens ; la vieillesse la pire des disgrâces. Elle n’est profitable qu’à l’alcool.
    Georges Courteline — La Philosophie de Georges Courteline
  • La philosophie nous montre à triompher des disgrâces de la mauvaise fortune.
    Chevalier de Méré — Maximes, sentences et réflexions morales et politiques
  • Hermine de Clermont-Tonnerre, dont la famille a annoncé la mort ce vendredi, a mené sa vie en aristocrate rebelle, avec le goût de l'éclat et de la provocation, sans se soucier du qu'en-dira-t-on… Quitte à se fâcher avec une grande partie du gotha, qui voyait souvent en elle une duchesse un peu fofolle, qu'on est bien obligé de fréquenter pour les mariages mais qu'on fuit au moment des photos pour éviter la disgrâce
    Le Point — Hermine de Clermont-Tonnerre, la duchesse rebelle, est morte - Le Point
  • Comme l’imprudence est la source de toutes les disgrâces de la vie, la prudence en fait tout le bonheur.
    Chevalier de Méré — Maximes, sentences et réflexions morales et politiques
  • La vie est un torrent d’éternelles disgrâces.
    Pierre Corneille
  • Nous n'enfermons rien d'autre en prison qu'une partie de nous-mêmes, comme d'autres abandonnent sur le bord de la route leurs souvenirs encombrants ou leurs chiens en disgrâce...
    Jean-Pierre Guéno — Paroles de détenus
  • La procureure Audrey Strauss a indiqué jeudi que les enquêteurs new-yorkais espéraient toujours interroger le deuxième fils de la reine Elisabeth II, tombé en disgrâce avec cette affaire.
    Journal L'Union — Affaire Epstein: les appels à coopérer laissent le prince Andrew "perplexe"
  • Ils ont le nom d'amis, mais ils n'en ont pas l'âme, ceux dont l'amitié ne résiste pas aux disgrâces du sort.
    Euripide — Oreste
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Traductions du mot « disgrâce »

Langue Traduction
Anglais disgrace
Espagnol desgracia
Italien disonore
Allemand schande
Chinois 耻辱
Arabe عار
Portugais desgraça
Russe бесчестие
Japonais 不名誉
Basque lotsagarria
Corse disgrazia
Source : Google Translate API

Synonymes de « disgrâce »

Source : synonymes de disgrâce sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « disgrâce »

Combien de points fait le mot disgrâce au Scrabble ?

Nombre de points du mot disgrâce au scrabble : 11 points

Disgrâce

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