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Sûr

Variantes Singulier Pluriel
Masculin sûr surs
Féminin sure sures

Définitions de « sûr »

Trésor de la Langue Française informatisé

SUR, prép.

I. − Domaine spatial.[Le compl. désigne le lieu d'un contact, par pesanteur, par pression, par recouvrement] Anton. sous.
A. − [Le compl. désigne le sol ou bien un support quelconque où s'exerce la pesanteur]
1. [Après un verbe exprimant la position du corps relativement au sol]
a) [Le compl. désigne le lieu] S'allonger, se coucher, se dresser, s'effondrer, se mettre debout, se rouler, tomber sur le sol, sur le tapis; s'asseoir, s'agiter, s'assoupir, se laisser tomber sur une chaise, sur un banc; s'allonger, dormir, se retourner, se vautrer sur un lit. D'autres [gamins], à califourchon sur le mur, agitaient leurs jambes, en fauchant avec leurs sabots les grandes orties (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 127).
P. anal. [En parlant de choses] L'ermite (...) nous fait visiter l'église, une grande salle rectangulaire, avec un plafond de charpente supporté par de larges ogives qui s'appuient directement sur le sol (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 59).
Dans des expr. fig. Mettre qqn/être sur la braise, sur des charbons ardents, sur le gril, sur la sellette; monter, passer sur le billard; coucher qqn, laisser qqn/rester sur le carreau; se reposer sur ses lauriers; mettre qqn/coucher, être, mourir sur la paille; être couché sur un lit de roses, sur des roses. Pendant ce long entretien, MmeDebée-Leeman était sur les épines: sa conscience lui faisait deviner la matière de notre conversation (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 136).
b) [Le compl. désigne la partie du corps en contact avec le sol et qui, par conséquent, supporte le poids du corps]
[En parlant de l'être qui exécute l'action] Coucher, se coucher, dormir, être, se mettre, se retourner, tomber sur le côté, sur le dos, sur le flanc, sur le ventre; se soulever sur un coude, sur les coudes; descendre l'escalier sur les fesses; se mettre sur ses pieds; sauter sur un pied; se traîner sur les genoux; trembler sur ses jambes; se hausser, marcher sur la pointe des pieds; pivoter sur ses talons. Il tomba sur les genoux, d'abord, puis s'abattit, la face en avant (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 195).
Tourner, pivoter sur soi-même. D'une main, élevant celle de la jeune fille, Emmanuel la faisait tourner sur elle-même dans un mouvement qui soulevait sa jupe (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 161).La grosse Destine tournoyait sur elle-même, frappant une main contre l'autre et criant comme si elle avait perdu la raison (J. Roumain, Gouverneurs de la rosée, Paris, Éditeurs fr. réunis, 1946, p. 190).
[En parlant d'un patient] Coucher, mettre, retourner qqn sur le dos; mettre, remettre qqn sur pied, sur ses pieds; faire tomber qqn sur le dos.
Dans des expr. fig. Tomber, en rester sur le cul, sur son cul. V. cul I A 1 c.Être sur les dents. Être exténué. V. dent C 5.Être en alerte. Toutes les brigades de gendarmerie furent sur les dents durant huit jours (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 198).Se dresser, monter sur ses ergots. V. ergot A 1 a.Mettre qqn, être sur le flanc. V. flanc I A 1 a.Retomber sur ses pieds, mettre sur pied. V. pied 1reSection I B 1 a.Être tombé sur la tête*. Dormir sur ses deux oreilles. Dormir en toute quiétude. Vous n'allez pas faire de bêtises? Les soldats se mirent à rire:Ah! dit l'un d'eux avec conviction, avec nous, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 145).
P. anal. [En parlant de choses] La voiture s'est couchée sur le côté; la porte tourne sur ses gonds. Elles tremblent sur leurs tiges comme pour s'envoler (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Cas de div., 1886, p. 1072).Elle fixa le petit ventilateur dont l'hélice pivotait sur un axe (Green, Moïra, 1950, p. 36).
2.
a) [Après un verbe exprimant l'action de déplacer un objet] Apporter, jeter, placer, poser qqc. sur le sol, sur un meuble; éparpiller, étaler des papiers sur le bureau; ranger des livres sur une étagère; mettre un vêtement sur un cintre; suspendre du linge sur un fil. Les femmes étendaient du linge sur la dune et posaient des cailloux dessus pour le tenir (Queffélec, Recteur, 1944, p. 128).
[Le verbe exprime le résultat de l'action] Les papiers s'accumulent sur le bureau; le linge pend sur un fil.
Dans des expr. fig. Mettre, remettre qqc. sur le métier; jouer sur plusieurs tableaux; jouer cartes sur table; mettre, remettre qqc. sur le tapis; trier sur le volet.
b) En partic. [Après un verbe exprimant l'action d'empiler] Mettre des livres les uns sur les autres; ne pas laisser pierre sur pierre. Oui, ah! il en avait dû mettre, des jours, des semaines, des mois, à confectionner ce monument [un fichier] !... Que de fiches culbutées les unes sur les autres (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 216).Les araucarias qui bordent le rond-point central lancent sur plusieurs étages de courts rameaux strictement horizontaux, nets et secs (Cl. Ollier, Le Maintien de l'ordre, 1988 [1961], p. 30).
Au fig. Vivre, être les uns sur les autres. Vivre, être dans la promiscuité. Bien que l'on vive tous les uns sur les autres, personne ne put savoir si les femmes avaient été battues par leurs maris (Queffélec, Recteur, 1944, p. 90).
3. [Après un verbe exprimant l'action de transporter, de supporter]
a) [Le compl. désigne la partie du corps qui supporte la charge] Emporter, porter qqc./qqn sur son dos, sur ses épaules; charger, placer qqc./qqn sur le dos de qqn. Je vois toutes ces femmes, de tenue correcte, s'en aller pieds nus, portant le linge à laver sur leur tête (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 119).Le régiment, au pas cadencé, l'arme sur l'épaule, inonde jusqu'aux bords la rue de Gauchin-l'Abbé (Barbusse, Feu, 1916, p. 72).
Garder, porter qqc. sur soi. Garder en permanence avec soi. Il n'avait presque rien sur lui et refusa les quelques billets que proposa de lui avancer le vicomte (Gide, Faux-monn., 1925, p. 961).
Dans des expr. fig. Mettre (une affaire) sur le dos de qqn. Lui en attribuer la responsabilité. V. dos I B 3 d.Avoir, se mettre qqc./qqn sur les bras. Avoir, prendre à charge. V. bras I B 2 a.Avoir, se mettre, prendre qqc. sur le dos. Supporter la charge ou les désagréments de. Regarde-moi un peu, je ne serais plus Nana, si je me collais un homme sur le dos... Et, d'ailleurs, c'est trop sale (Zola, Nana, 1880, p. 1457).Avoir un poids sur le cœur, sur la conscience. V. cœur II D 1, conscience II B.En avoir gros sur le cœur, sur la patate. V. gros3B 2, patate B 2 b.Avoir le cœur sur la main. Être charitable, généreux. Des êtres ruisselants de vertu et qui ont le cœur sur la main (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 169).
b) [Le compl. désigne une monture ou un véhicule, un support] Monter sur son âne, sur son vélo; transporter un blessé sur un brancard, une civière.
B. − [Le compl. désigne un lieu où s'opère un déplacement, où s'exerce une activité, où se déploie un phénomène, où se constate une présence]
1. [Le compl. désigne le lieu d'un déplacement]
a) [Le compl. désigne le lieu d'un déplacement ou bien l'endroit auquel il aboutit] Marcher sur le trottoir; courir sur la route; monter sur la colline; descendre sur la plage; se pavaner sur la place; se rendre sur les lieux, sur place; s'arrêter sur le pas de la porte; la barque glisse sur l'eau; des feuilles flottent sur la rivière; le patin sur glace. Je débouche sur une place dont les efforts qu'elle fait pour être un parc ont quelque chose d'attendrissant, d'inutile et de solennel (Morand, New-York, 1930, p. 132).L'attelage de bœufs tourne paisiblement sur l'aire en écrasant les gerbes (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, préf., p. 8).
En partic. [Le compl. désigne ce qui fait obstacle au déplacement] Buter, trébucher sur les cailloux, sur un corps. Tout se met à la traverse; elle trébuche sur les pierres et sa jupe s'enroule dans ses jambes (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 169).Au fig. Broncher sur les imparfaits du subjonctif, en effet, prouve deux fois votre culture puisque vous les reconnaissez d'abord et qu'ils vous agacent ensuite (Camus, Chute, 1956, p. 1478).
b) P. méton. [Le compl. désigne le parcours] Ne rencontrer personne sur le parcours; revenir sur ses pas; le cyclone a tout détruit sur son passage. Comme c'était sur mon chemin, j'ai ramené son attelage par ici (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 35).
ASTRON., ASTRONAUT. Les astres roulent sur leurs orbites; mettre un satellite sur orbite. V. orbite II A 1 ex. du Nouvel Observateur.
MAR. Le navire continue sur son erre*. P. anal. Continuer sur sa lancée*.
Dans des expr. fig. Mettre qqn/être sur la piste*, sur les traces de qqn. V. trace I A 6 c.Être sur la bonne voie*. Mettre qqn/être sur la voie* de la vérité, d'une découverte. Marcher sur les brisées de qqn. V. brisée.
2. [Le compl. désigne le lieu d'une activité] Discuter sur le palier; bronzer, manger sur la terrasse; piqueniquer sur les bords de la Moselle; attendre qqn sur le trottoir; aller en vacances sur la Côte d'Azur; travailler sur le secteur de, sur Lunéville. À n'en pas douter, le spectacle le plus intéressant n'était pas sur la scène, mais bien dans la salle (Huysmans, Marthe, 1876, p. 14).
Dans des expr. fig. Être sur la brèche; faire grève sur le tas; danser, vivre sur un volcan. Quand j'appris qu'il avait été mauvais sujet sur le pavé de Londres, travaillant pour les journaux (...), je m'étonnai bien qu'il ne fût pas chevalier d'industrie (Stendhal, Souv. égotisme, 1832, p. 68).
3. [Le compl. désigne le lieu où se produit une chute, un écoulement]
a) [Le compl. désigne le point d'impact d'une chute] Les pétales tombent sur les plates-bandes; la pluie crépite sur le toit. Les fleurs qui s'effeuillent et dont les étamines pleuvent sur les tombes (Lamart., Raphaël, 1849, p. 158).
b) [Le compl. désigne le lieu où s'écoule un fluide] L'eau se répand, ruisselle sur le sol. Il savait ce qu'elle pensait: en cette minute des villages belges brûlaient, la mer déferlait sur les campagnes hollandaises. Pourtant ici c'était un soir de fête (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 16).
c) [Le compl. désigne l'espace où se déploie un phénomène atmosphérique] Il pleut sur Brest, sur tout l'est du pays. C'est une des vapeurs infernales qui, par bouffées, du sommet de Sion, s'épandent sur la plaine (Barrès, Colline insp., 1913, p. 208).Les jardins des faubourgs défilèrent sans agrément; un air glacial stagnait sur les campagnes humides, je me pelotonnai au fond de la voiture (Gracq, Syrtes, 1951, p. 12).
Dans des expr. métaph. (suggérant une atmosphère accablante ou oppressante). Une atmosphère d'orage pesait sur la maison et les cœurs (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 106):
1. Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits... Baudel., Fl. du Mal, 1861, p. 118.
Au fig. Une incompréhensible torpeur pesait sur lui, qui n'était peut-être que de la fatigue: il renonçait (Gide, Caves, 1914, p. 866).Une ombre menaçante s'appesantissait sur elle, prête à l'étouffer (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 115).
4. [Le compl. désigne le lieu où se constate une présence] Il y a foule sur le port, sur la place; sur la colline se dresse une tour; le village est construit sur le versant; on aperçoit des maisons sur l'autre rive. Un ou deux villages blanchâtres, avec leurs églises à plates-formes (...), étaient posés sur un des renflements de la plaine (Fromentin, Dominique, 1863, p. 8).
En partic. [Dans des dénom. de villes] Boulogne-sur-Mer, Conflans-sur-Anille, Francfort-sur-le-Main. Une autre source connue est celle de Sainte-Quiterie, à Aire-sur-l'Adour. Elle guérit les maux de tête, et même la folie (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 128).
C. − [Le compl. désigne le lieu d'une pression, le point d'impact d'un coup]
1. [Le compl. désigne l'endroit où prend appui une pers.] S'appuyer, prendre appui sur une canne, sur le coin d'un meuble; s'appuyer sur qqn, sur le bras de qqn. Lorenzo chancelle; il s'appuie sur la balustrade et glisse à terre tout d'un coup (Musset, Lorenzaccio, 1834, i, 4, p. 108).
De sur.Sans bouger les mains de sur les accoudoirs elle leva juste le doigt (Cl. Simon, Histoire, 1973 [1967], p. 333).
2. [Le compl. désigne l'endroit où l'on exerce une pression, où a lieu un contact, où l'on frappe]
a) [Le compl. désigne la partie d'une masse] Appuyer, presser, exercer une pression sur le bouton, sur la sonnette, sur la gâchette.
[P. invers. du sens de la poussée] Tirer sur une corde, sur une poignée.
[Lorsque la surface est verticale, sur est en concurrence avec contre (plus usuel)] Tout à coup, il frappe avec son couteau sur son verre. Chacun se tait (Barrès,, Colline insp., 1913p. 140).
b) [Le compl. désigne le corps ou une partie du corps] Cogner, frapper, taper sur qqn, sur le dos, sur la nuque d'un animal, d'une personne; abattre sa main, sa pogne sur l'épaule de qqn; lever la main sur qqn; poser ses lèvres sur les lèvres de qqn; mettre sa main sur son cœur; se taper sur les cuisses. Je vas lui coller ma main sur la figure (Zola, Nana, 1880, p. 1201).Il te leur abattait ça sur le coin de la gueule: « Tiens, ma vache! » (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 244).
D. − [Le compl. désigne le lieu d'un recouvrement ou d'une adhérence]
1. [Après un verbe exprimant l'action de recouvrir ou de découvrir] Étendre du beurre sur une tartine; mettre des housses sur les meubles; plier, replier un tissu sur lui-même. Il endossa sur sa blouse d'écolier un des grands manteaux dont il releva le collet plissé (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 83).[Il porte] un pantalon en lambeaux qu'il a roulé pour le retrousser sur son mollet (Pagnol, Marius, 1931, i, 1, p. 10).
Mordre sur, empiéter sur. Les guerriers se retrouvaient la proie d'une vie réelle qui empiétait sur le songe (Cocteau, Enfants, 1929, p. 114).
[Le compl. désigne ce qui est caché ou dévoilé] Les eaux se referment sur l'épave. Je ferme rudement la porte sur lui (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 266).L'action a pour cadre une institution de jeunes filles: le rideau se lève sur le cabinet de la directrice (Breton, Nadja, 1928, p. 36).
Au fig. Jeter un voile pudique sur un scandale. C'était comme une chaste image interdite sur laquelle ma vue répandait un nuage en entrant, et, au départ, je tirais le rideau sur les souvenirs (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 53).
2. [Le compl. désigne une surface verticale ou bien une surface autre, mais envisagée indépendamment de la pesanteur]
a) [Après un verbe exprimant l'écoulement d'un fluide; sur est en concurrence avec le long de] L'eau coule, ruisselle sur les parois, sur les carreaux; des larmes roulent sur les joues de l'enfant. Barthélemy a senti la sueur lui couler sur le front et le long du cou (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 189).
[En parlant d'une masse fluide] Le lierre retombe sur le mur; ses cheveux se répandent sur ses épaules; une mèche lui tombe sur les yeux. Sa barbe blanche tombait sur sa poitrine (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Marquis de F., 1886, p. 69).Sa robe bleu noir glissa sur son maigre corps avec un léger bruit qui ressemblait à un soupir (Green, Moïra, 1950, p. 37).
b) P. anal. [Le compl. désigne le corps ou une partie du corps, siège de sensations] Avoir des frissons sur tout le corps. Un air subtil, comme l'haleine de la vie, sur elle allait et venait (Jouve, Scène capit., 1935, p. 99).Elle sentit sur son front, sur ses joues, sur tout son corps presque nu sous la robe légère, l'air glacé (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1326).
Dans des expr. fig. Et voilà que soudain une peur me frôla, une peur sinistre qui me glissa sur la peau comme le contact d'un monstre invisible (Maupass., Contes et nouv., Mis. hum., 1886, p. 651).Mais tout glissait sur cette femme trop lisse (Nizan, Conspir., 1938, p. 166).
3. [Le compl. désigne le support d'un reflet, d'une projection] Des ombres, des reflets bougent sur les rideaux, sur le plafond. Sur le petit lac immobile, noir de son immense profondeur, passait quelquefois l'ombre d'un nuage (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 76).
Sur l'écran. Je suis allé au cinéma deux fois avec Emmanuel qui ne comprend pas toujours ce qui se passe sur l'écran. Il faut alors lui donner des explications (Camus, Étranger, 1942, p. 1148).
4.
a) [Le compl. désigne le support matériel de l'écriture ou de signes graphiques] Écrire, noter qqc. sur un cahier; s'inscrire sur les listes électorales; graver son nom sur les arbres; imprimer des motifs sur une toile; cocher un nom sur une carte; se reconnaître sur une photo.
Dans des expr. fig. Mettre qqc. noir sur blanc; coucher qqn sur son testament; jeter des idées sur le papier; mettre qqn/être sur une liste noire. Tu ne risques rien, va, c'est une sœur [une religieuse], ça a fait la croix sur tout ce qui est bon (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 227).
b) [Le compl. désigne le visage] La tristesse se peint sur son visage; lire sur les lèvres de qqn. Je crus voir plus d'une fois se peindre sur ses traits des signes de sympathie et d'approbation (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 314).
5. [Le compl. désigne un arrière-plan avec lequel paraissent coïncider, pour l'observateur, des objets interposés] Des nuages courent sur le ciel; des arbres, des silhouettes se découpent sur le ciel. L'église Sainte-Cécile dresse sa monstrueuse masse blanche: un blanc de craie sur un ciel sombre (Sartre, Nausée, 1938, p. 66).Le profil (...) se détachait sur la coulée de fleurs (Gracq, Syrtes, 1951, p. 55).
P. anal. [En parlant de bruits] Tout cela faisait que nous reposions mal, en plusieurs sommeils interrompus, et sur un arrière-fond de vacarme qui ne cessait guère de minuit à l'aube (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 72).
II. − Domaine spatial.[Le compl. désigne l'objet en direction duquel s'exerce une action, la cible, l'objet atteint, ou p. méton., la direction elle-même]
A. − [Après un verbe exprimant un déplacement]
1. [Le compl. désigne un point de l'espace, un lieu]
a) [Le compl. désigne un objectif] Marcher sur Rome; lancer une attaque, un raid sur une position ennemie. Les derniers tanks, peu à peu cachés par une bosse du terrain, foncent sur les lignes républicaines (Malraux, Espoir, 1937, p. 633).
MAR. Mettre le cap sur. V. cap2A 1 ex. de Loti.
b) [Le compl. désigne un point de l'environnement, envisagé en fonction de l'axe latéral du corps] Obliquer, tourner, prendre sur la/sa gauche; se retourner sur qqn, sur le passage de qqn. Il se retournait sur toutes les filles qui passaient (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 59).
2. [Le compl. désigne un être animé]
a) [Après un verbe exprimant un déplacement] S'avancer, courir, foncer, se précipiter sur qqn. Judith! Ah garce! Ah femelle! Il alla sur elle. Elle s'abritait, levait devant son visage ses mains (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 33).J'arrivais sur lui avec une telle force qu'il roula par terre (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 77).
Lancer les chiens sur. Nous fûmes repris (...) par six hommes de la Feldgendarmerie qui lancèrent sur nous leurs molosses (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 80).
b) [Après un verbe exprimant une attaque par bond] S'abattre, bondir, se jeter, sauter, tomber sur une proie, sur un antagoniste. Nous montons vers le soleil comme une flèche, nous fondons en bas sur notre proie comme un aigle, comme le carreau de la foudre! (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 192).[Le compl. désigne une partie du corps] Bondir, sauter, tomber sur le dos, sur les épaules, sur le râble de. Il n'a pas encore compris comment il a pu être fait comme un rat le jour où le Conan d'en face lui est tombé sur le poil! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 172).
P. métaph. ou au fig. Le malheur s'abat sur une famille. Mais, tandis qu'ils [les Anglais dans Londres bombardé] déblayaient leurs ruines, d'autres angoisses fondaient sur eux et sur leurs pauvres alliés (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 121).
B. − [Le compl. en sur désigne un niveau par rapport auquel qqn ou qqc. est dans une position dominante]
1. [Après un verbe décrivant la posture d'une pers.] Se pencher, être penché, s'incliner, incliner le buste sur un malade, sur un établi. La romance qu'autrefois elle chantait sur mon berceau (A. France, Vie fleur, 1922, p. 477):
2. Yvonne fit de nouveau tourner les boutons de réglage. La voix ressurgit, plus nette, puis s'éteignit. La jeune fille se pencha sur le poste, lui donna de petites tapes amicales, le flatta comme d'un cheval la cuisse, le caressa comme d'un chat la nuque. Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 142.
De sur.Il releva la tête de sur les papiers (Cl. Simon, Histoire, 1973 [1967], p. 338).
Dans des expr. fig. Abaisser, avoir, garder le nez sur son assiette, sur la carte. P. hyperb. Se pencher au point de toucher. Se pencher sur un problème, sur une question. Les étudier attentivement.
2. [Après un verbe décrivant la position de la partie supérieure d'un arbre, d'une paroi, etc.] Les branches penchent, pendent, s'inclinent sur l'eau. Une roche qui plombe sur les eaux, une branche qui projette son ombre sur le sable désert, lui donnent un sentiment d'asile, de paix, de solitude (Senancour, Rêveries, 1799, p. 59).C'est une chose étrange que ce cañon vertigineux en plein milieu d'une ville, cette espèce de Verdon dominé par des maisons blanches suspendues sur le vide (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 135).
C. − [Après un verbe exprimant ou impliquant l'action de regarder]
1. [Le compl. désigne une cible] Tirer, braquer une arme sur qqn/qqc. On braqua ces canons sur la porte du ksar, d'après les règles les plus modernes de la tactique (Mille, Barnavaux, 1908, p. 140).
2. [Le compl. désigne le but d'un regard (dans des loc. constr. avec œil, coup d'œil, yeux, regard)]
a) [Le suj. désigne la pers. qui regarde] Arrêter, laisser, fixer, jeter, lancer, lever, porter, poser son regard, un regard curieux, les yeux sur qqn/qqc.; jeter, lancer un coup d'œil sur qqn/qqc.; avoir, garder le regard, les yeux fixé(s) sur qqn/qqc. Respellière louchait sur le buffet (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 151).
Lever les yeux de sur. Cesser de regarder. « Oui, chez une princesse du demi-monde! » avait répondu ma tante en haussant les épaules sans lever les yeux de sur son tricot, avec une ironie sereine (Proust,Swann,1913,p. 18).
Au fig. Avoir, garder l'œil, un œil sur. Surveiller. J'aurai l'œil sur les journaux du soir (Zola, Nana, 1880, p. 1127).Fermer les yeux sur. V. fermer II B 3 b.Avoir des vues sur. V. vue.
b) [Le suj. désigne le regard, les yeux en action] Le regard, les yeux (de qqn) s'abaisse(nt), s'arrête(nt), s'attarde(nt), se fixe(nt), se lève(nt), passe(nt), se porte(nt), se pose(nt), tombe(nt) sur qqn/qqc. Ils (...) s'arrêtèrent pour souffler, laissant errer distraitement leurs regards sur le triste paysage décoloré (Bernanos, Crime, 1935, p. 821).
3. [Le compl. désigne la vue qui s'offre à partir des ouvertures d'une maison ou d'une pièce] La façade, les fenêtres du salon donne(nt), regarde(nt) sur la rue, sur une cour intérieure; avoir une chambre avec vue sur la mer; avoir pignon sur rue (fig.). La porte d'entrée béait sur la nuit (Sartre, Nausée, 1938, p. 108).
D. − Au fig. Tirer sur.Tendre vers. Une maison à un seul étage, d'un marron sale avec des plaies tirant sur le rose (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 115).
E. − [Le compl. désigne une position dominante, sans idée de contact] Synon. usuel au-dessus de.
1. [Après un verbe exprimant l'action de voler] Des avions passent sur la ville. Nous songions à repartir, quand deux oiseaux, le col droit et les ailes tendues, glissèrent brusquement sur nos têtes (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 740).Une chevêche passait sur la maison, étirant dans le noir son aigre plainte, son grincement triste de girouette (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 9).
2. Au fig. [Dans des énoncés exprimant une menace, l'imminence d'un danger] Une menace plane sur la ville. [Quand on voit] la mort se balançant au-dessus de vous et sur l'ennemi, hésitante, sans qu'on sache celui qu'elle choisira, tout paraît un jeu (Genet, Un Captif amoureux, 1986, p. 227).
III. − [Empl. temp. ou temp.-causal]
A. − [Sur introd. un compl. exprimant un repère temp.]
1. [Il marque la coïncidence, la concomitance (idée de recouvrement)]
a) [Avec idée d'approximation]
α) [Le repère est l'heure] Vieilli ou rare. Sur les huit heures. Elle osa sortir de la maison par une fenêtre du derrière, sur les onze heures, quand elle vit sa tante et son oncle profondément endormis (Stendhal, Lamiel, 1842, p. 134).
Sur le coup de huit heures. Il s'agissait de faire une surprise à Maigret, qui téléphonait invariablement sur le coup d'onze heures (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 102).
β) [Le repère est une division naturelle de la journée] Des gelées ont eu lieu sur le matin. Et comme c'est demain dimanche, tu viendras voir ta mère sur le jour (Sand, Pte Fadette, 1849, p. 41).Sur le soir, des soldats arrivèrent (Barbusse, Feu, 1916, p. 103).Un dimanche d'octobre, sur le tantôt, une voiture attira soudain mon attention (R. Depestre, Hadriana dans tous mes rêves, 1988, p. 17).
Sur le/les midi. J'irai vous voir vendredi prochain sur les midi (Balzac, Corresp., 1842, p. 506).J'aurais pourtant voulu que nous mangions de bonne heure de façon à partir sur le midi (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 28).
γ) Sur la fin (de). Dans la phase terminale (de). L'action, dans Valentine, s'avance constamment rapide et entraînante vers le dénouement. Il semble seulement (...) que les forces lui aient quelque peu manqué sur la fin de sa course (Mussetds R. des Deux Mondes, 1832, p. 607).Souvent ivre après minuit, sur la fin des bals (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 212).
[En parlant de la vie humaine] Un tel idéal l'avait conduit, sur le tard, à être juge d'instruction (G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p. 13).Je vas gérer un bistrot à Montrouge. Faut se caser, bon diou, sur ses vieux jours! (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 238).
b) [Avec idée de succession immédiate]
α) [Dans une loc. désignant l'espace de temps pendant lequel dure le procès] Sur le moment (v. moment I E 1 m), sur l'instant (v. instant C 1 h). Tout, de leur vie, nous était sensible. J'allais écrire intelligible et ce ne serait pas tout à fait exact, car, sur l'instant, j'étais fort loin de tout comprendre (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 81).
β) [Dans une loc. signifiant que la réalisation du procès a lieu sans délai] Synon. aussitôt, immédiatement.
Sur l'heure. Avale-le, te dis-je, avale-le sur l'heure! Va, ne crains rien, tu le digèreras! (Milosz, Amour. init., 1910, p. 71).
Sur le coup. Alors lui, qu'avait les jetons, il a tout avoué sur le coup (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 235):
3. ... elle atteignit ma bouche avec une violence que je n'ai pas pu oublier. J'en augurai mal, par la suite, des puissances de vie et de séduction qui habitaient en elle; mais, sur le coup, je fus pris d'une sorte d'égarement... Bosco, Mas Théot., 1945, p. 27.
2. Dans des loc. verb.
a) Être sur le point de + inf. [Exprime l'imminence de la réalisation du procès que désigne l'inf.] V. point1III B 2.
b) Type aller sur ses quinze ans. Être dans l'année où l'on aura quinze ans. MmeBontemps n'avait pu s'empêcher de regarder son mari, qui avait répondu:Dame, elle [Albertine] va sur ses quatorze ans (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 355).
c) Être sur + subst. avec l'art. déf. ou le poss. Être sur le retour (d'âge). V. retour II A 1 c.Être sur le déclin. Il n'est aucune sorte de jeunesse vers laquelle un homme mûr, ou sur son déclin, puisse se retourner avec autant d'approbation heureuse, que celle qu'il passa dans les stades (Montherl., Olymp., 1924, p. 229).
B. − [Sur signifie que le procès que désigne le verbe est lié à l'acte ou à la circonstance que désigne le compl.]
1. [Le compl. désigne une circonstance qui précède immédiatement le procès, qui en est comme le signal] Se séparer sur un baiser. Oui (...) sa conduite est injustifiable, comme elle est inqualifiable. Sur ce bon mot, le député de la Seine continua son chemin sans vouloir entendre une syllabe de plus (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 99).Des heures durant, se succédaient les scènes pathétiques et alarmantes. On se quittait sur des sommations, faute que nous ayons cédé (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 141).
Sur ce. Après ce qui a été dit, après ce qui s'est passé. Je m'entends ... sur ce, MlleReceveur s'arrêta, apparemment effrayée de la grosseur de la médisance (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 47).
Sur quoi. Même sens. Nous avons tellement regretté d'avoir manqué votre visite, l'autre jour (...) à l'ambassade! Nous étions allés chasser en Asie. Sur quoi, silence. La politesse est satisfaite (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 63).
À la suite de. Se quitter sur un malentendu. Jef: Sois heureuse avec ton petit jeune homme. Mais tu me regretteras vite, c'est moi qui te le dis ... Marceline: Tu vas me laisser partir sur cette histoire idiote? (Achard, J. de la lune, 1929, iii, 4, p. 29).
[Après s'achever, finir, se terminer, sur est en concurrence avec par] Le récit de Pluvinage s'achevait sur ces phrases confuses (Nizan, Conspir., 1938, p. 243).Le déjeuner se terminait sur l'infusion rituelle (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 156).
Attraper, prendre une personne sur le fait. Pendant qu'elle agit. Saisie sur le fait, elle nie, les paupières baissées, le visage pincé (Frapié, Maternelle, 1904, p. 83).
2. [Marque la répétition rapide, l'enchaînement; type faire bêtise sur bêtise] On va faire flambée sur flambée. Au matin, je veux qu'il y ait ici dedans un tas de cendres, de quoi remplir une brouette (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1282).
Coup sur coup, loc. adv. À la suite. Sarah s'était amusée à lui faire boire coup sur coup six coupes de champagne (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1013).
3. Sur ces entrefaites*, loc. adv.
C. − [Sur marque qu'il y a relation de cause à effet entre l'action que désigne le compl. et le procès que désigne le verbe]
1. [Le subst. désigne un fait] Toutes les plaques [d'un camion blindé] jouaient. Sur un coup de frein, le tintamarre cessa (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 251).
2. [Le subst. désigne une demande, une incitation, un ordre, une prise de position (dans cet empl., sur est parfois en concurrence avec à)] Faire qqc. sur les conseils, sur l'invite, sur les instances, sur l'ordre, sur la prière, sur la proposition, sur la requête de qqn. Sur le désir de Madeleine, il y eut une messe à Saint-Sulpice (Estaunié, Empreinte, 1896, p. 302):
4. Songez-y! Sur un simple appel lancé par nos chefs, le même jour, à la même heure, partout à la fois, la vie du pays peut s'arrêter, bloquée net!... Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 497.
[Dans la lang. juridico-admin., le subst. peut ne pas être actualisé] Agir sur ordre; catalogue sur demande; bal sur invitation; nomination sur proposition du Premier Ministre. On obtint, sur requête, un jugement pour pouvoir vendre dans les lieux mêmes (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 611).Le cœur ne fournit pas de la compassion sur commande (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1116).
3. [Le subst. désigne un geste manifestant une incitation] Sur un signe, elle s'approche. L'œil au guet, ils [les bookmakers] inscrivaient des paris, sur un geste, sur un clignement de paupières, si rapidement, que des curieux, béants, les regardaient sans comprendre (Zola, Nana, 1880, p. 1394).
IV. − Au fig., domaine notionnel.[Avec idée de subordination, de dépendance]
A. − [Le compl. désigne le support abstr., ce sur quoi on s'appuie, on se fonde]
1. [Le compl. désigne une réalité qui sert de réf.]
a) [Il désigne la mesure d'une grandeur]
[Une longueur] Qqc. s'étend sur une distance, une largeur, une longueur, une profondeur de tant. L'équipe, conduite par son chef, avait entamé le champ de lin. Elle l'attaquait de front, sur toute la largeur (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 29).
[Le compl. peut exprimer directement la quantité] Le cycliste a été traîné sur dix mètres. D'immenses vergers se déroulent sur des centaines de kilomètres (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 23).
[Il exprime la mesure d'une durée] La peinture de la société s'étale sur une durée plus ample (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. ix).Certaines ruptures s'étirèrent sur des années, provoquées insensiblement par l'usure du temps (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 95).
b) [Sur exprime le rapport entre la longueur et la largeur d'un quadrilatère] Cette pièce mesure, fait trois mètres sur cinq.
c) [Sur exprime le nombre qui sert de réf. pour l'établissement d'une proportion] Avoir une chance sur deux de s'en sortir; les devoirs sont notés sur vingt. Je tire fort bien, je casse neuf poupées sur douze (Stendhal, Souv. égotisme, 1832, p. 114).
Dans la lang. des transmissions. Recevoir un message cinq sur cinq. Le vocabulaire militaire, s'il s'installe, risque de nous conduire à ceci:Tu m'aimes?Affirmatif. − Comment?Cinq sur cinq (Le Monde, 30 janv. 1991, p. 9, col. 4-5).
d) [Le compl. désigne la pers. ou le mobile par rapport auquel s'évalue la position d'une autre pers., d'un autre mobile] Gagner, perdre du terrain sur qqn; avoir vingt mètres d'avance, de retard sur qqn. Me voilà donc en train de courser le gamin qui avait bien cent mètres d'avance sur moi (Aymé, Jument, 1933, p. 57).
[Le compl. désigne un événement ou sa prévision] Être en avance, en retard sur l'horaire, sur le planning. Il aurait fallu (...) redescendre rapidement, gagner à force sur la menace du gros temps (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 221).
e) [Le compl. désigne une caution] Prêter sur gages, sur hypothèque. V. prêter I A 1 ex. de Aymé.
[Il désigne une caution mor.] Jurer sur la tête de sa mère, sur la Bible; faire une déclaration sur l'honneur. Elle avait juré sur le Saint-Sacrement; elle n'était pas assez philosophe pour se dédire, pas assez pieuse pour se résigner (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 141).
f) [Le compl. désigne l'événement aléatoire qui sert de base à un pari] Miser, parier sur tel cheval. P. ext. Spéculer sur une valeur, compter sur qqn. Au fig. Vous avez tiré une traite sur l'avenir, une traite à très longue échéance (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 273).
g) [Le compl. désigne un revenu ou des ressources dont une proportion est prélevée] Pratiquer une retenue sur un salaire; prélever une somme sur la recette, sur un compte bancaire. [Clou] se mit à boire, buvant à crédit sur la somme qu'il devait retirer à la fin de la saison (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 40).Il fallait vivre sur les réserves de l'été (Queffélec, Recteur, 1944, p. 100).
[P. méton. du compl.] Vivre sur qqn. Son pâtissier s'était montré assez mufle pour la menacer de la vendre, lorsqu'elle l'avait quitté; oui, des hommes vivaient sur leurs maîtresses avec ce truc-là (Zola, Nana, 1880, p. 1315).
2. [Le compl. désigne un modèle]
a) [Le compl. désigne un princ. d'organ.] S'aligner sur le premier de la file, sur la politique américaine; émettre sur ondes courtes; se faire faire un costume sur mesure; faire paraître un journal sur huit pages; régler son pas sur celui de qqn, sa montre sur l'heure de la télé; se ranger sur plusieurs files; se mettre sur les rangs.
b) [Le compl. désigne une forme prédéterminée en fonction de laquelle s'exécute le procès] Brailler sur l'air des lampions; parler sur un mode ironique; vivre sur un rythme fou; répondre sur un ton amer, enjoué. La voix très enrouée chantait une psalmodie sur quatre notes (Jouve, Scène capit., 1935, p. 128).Nous commençons à répéter la tragédie de 89, d'accord, sur le mode comique (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 60).
c) [Le compl. désigne un type de conduite codifiée] Être/se mettre sur la défensive, sur ses gardes, sur le pied de guerre, sur le qui-vive. Malartic se releva; mais, avant qu'il se fût remis sur la défensive, Sigognac lui fit sauter la rapière de la main (Gautier, Fracasse, 1863, p. 409).Ton silence et cette condescendance provisoire où tu t'enfermes me mettent sur mes gardes (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 256).
3.
a) [Le compl. désigne le fondement d'un raisonnement ou d'un comportement] Qqn s'appuie, se base, se fonde sur qqc. pour dire, affirmer, conclure que...; l'argumentation, la démonstration, le raisonnement de qqn s'appuie, se base, se fonde, repose sur...; croire qqn sur sa bonne mine; juger qqn sur les apparences. On aime sur un sourire, sur un regard, sur une épaule. Cela suffit; alors, dans les longues heures d'espérance ou de tristesse, on fabrique une personne, on compose un caractère (Proust, Fugit., 1922, p. 531).Vous me direz que ce soupçon ne tient pas debout du point de vue du romancier, puisqu'enfin cela revient à juger l'homme sur sa mine et son cœur sur ses signes extérieurs de vertu, ce qui manque de sérieux (Nizan, Conspir., 1938, p. 176).
b) [Le compl. désigne une opinion dont la vérité n'est pas garantie] Je l'ai fait sur la foi de ce qu'on m'a dit. Dimitri est arrêté avec son ami, sur un simple soupçon. Il ignorait tout du complot (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 79).
B. − [Le compl. désigne l'être ou l'obj. dominé, subordonné, dépendant (comme est dominé l'obj. sur lequel s'exerce la pesanteur, la pression, le recouvrement ou bien comme est dépendant l'obj. en direction duquel s'exerce l'action)]
1. [Le suj. désigne une pers.; le compl. désigne une pers. ou une collectivité, leur sensibilité mor. ou intellectuelle]
a) [Le compl. désigne la pers. ou la collectivité soumise à une activité ou une tutelle] Régner sur un pays, sur un peuple; veiller sur qqn; exercer son autorité, sa domination, son pouvoir sur; avoir la haute main sur. Le commissaire et ses agents avaient la haute main sur la ville (Tharaud, Fête arabe, 1912, p. 249).
b) [Le compl. désigne une pers. subissant un ascendant, une domination, une infl.] Prendre l'avantage, le dessus sur; obtenir la victoire sur; avoir de l'ascendant, une emprise sur; exercer une fascination sur qqn, sur l'esprit de qqn. Saint-Avit avait voulu prendre barre sur nous (Benoit, Atlant., 1919, p. 32).Lacordaire (...) l'emportait sur moi aux échecs (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 384).
2. [Le suj. désigne une cause]
a) [Le compl. désigne une pers.] Agir, influer sur qqn, sur l'esprit de qqn; produire un effet, une forte impression sur qqn, sur l'esprit, la sensibilité de qqn. Elle admirait naïvement la beauté de la jeune comédienne. Ce doux visage exerçait une séduction sur elle, qui n'avait vu jusqu'alors que des mines hagardes et féroces (Gautier, Fracasse, 1863, p. 386).
Dans des loc. fig. Taper sur les nerfs de qqn. V. nerf A 2.
Taper sur le système (fam.). Au mois de mars, il est revenu un coup de pluie, le ciel était lourd à subir, il tape quand même sur le système, à la fin, au bout des mois qu'il vous écrase (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 296).
b) [Le compl. désigne une chose] L'acide agit sur le cuivre. Point d'acides, rien de fort ni de pesant: ces choses agissent sur la digestion, qui réagit sur le système nerveux (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 262).Les électrons agissent donc les uns sur les autres, mais cette action n'est pas directe (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 190).
C. − [Sur introd. le régime d'un verbe exprimant une activité intellectuelle ou un jugement]
1. [Le compl. est en corrél. avec le signifié du verbe]
a) [Le verbe n'admet pas de compl. d'obj. dir. désignant un destinataire] Discuter, disputer, disserter, enquêter, épiloguer, méditer, raisonner, réfléchir, rêver sur qqc. Empl. pronom. S'expliquer, s'exprimer, s'extasier, se prononcer, se taire sur qqc. Je regardai mon professeur qui insistait sur l'importance qu'il y avait à bien distinguer les trois voix des verbes grecs (A. France, Vie fleur, 1922, p. 387).
[Le verbe est à la forme pronom. réciproque] S'accorder, s'entendre sur. Les femmes se comprennent sur une quantité de petites choses (Chardonne, Épithal., 1929, p. 176).
b) [Le verbe est soit à la forme pronom., soit constr. avec un compl. d'obj. dir. désignant le destinataire] S'informer/informer qqn sur; s'interroger/interroger qqn sur; se renseigner/renseigner qqn sur; se tromper/tromper qqn sur.
c) [Le verbe est à la forme active et constr. avec un compl. d'obj. dir. désignant le destinataire] Consulter, questionner qqn sur. Le prince (...) m'entreprit immédiatement sur Racine (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 90).
2. [Le compl. est en corrél. avec le compl. d'obj. dir. du verbe, celui-ci n'ayant par lui-même qu'une fonction de support: exprimer, donner, écrire son avis sur la question; ce subst. a une autonomie comparable à un subst. déverbal et peut constituer le noyau d'une phrase en conservant son compl.: son avis sur la question m'importe beaucoup] Attirer, fixer l'attention de qqn/son attention sur; avoir une conversation, lancer la conversation sur; demander, obtenir des éclaircissements, des détails sur; avoir une/mettre la discussion sur; n'avoir aucun doute, avoir des doutes sur; avoir des idées, son idée sur; avoir, se faire des illusions sur, être sans illusions sur; avoir, donner son opinion sur; avoir, tenir des propos désabusés, sévères sur; poser une/des question(s) sur; mener une recherche, faire des recherches sur; faire une/des réflexion(s) sur; connaître, rechercher, vouloir la vérité sur.
[Le subst. désigne des productions intellectuelles] Écrire, publier un essai, un article, un livre, un pamphlet, des pages sublimes sur. Je ne connais pas sur cette époque de plus joli livre (Morand, New-York, 1930, p. 114).
[Dans des titres, pour indiquer le sujet traité] Essai sur les mœurs (Voltaire), Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (Montesquieu), Essai sur les données immédiates de la conscience (Bergson), etc.
REM.
Sur-le-champ, loc. adv.[Corresp. à supra III A 1 b α] Immédiatement. V. champ1III ex. de Erckm.-Chatr. et de Ponson du Terr.
Prononc. et Orth.: [sy:ʀ]. Féraud relève l'omission de r devant cons., su la table ,,dans la conversation``, et ,,la substitution d'un z à r devant une voyelle, suz une table`` (Fér. 1768, Fér. Crit. t. 3 1788), le 1erdemeurant actuel, quoique moins bien toléré (v. Nyrop Phonét. 1951, p. 43). Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. sûr, -e, sur, -e, (ils) surent (forme de savoir1). Étymol. et Hist. I. Sens abstr. A. désigne son régime comme signifiant quelque chose d'inférieur, de dominé 1. 881 (Ste Eulalie, 12 ds Henry Chrestomathie, p. 3: Maximiien, Chi rex eret a cels dis soure pagiens); 1394, 17 mars sur (Arch. Côte d'Or, E 759 ds Mém. Ac. Dijon, 3esérie, t. 7, p. 161: lez seignourie et justice [...] sur tuittes lez ville, finaige et territoire); 2. ca 1050 « plus que » (St Alexis, éd. Chr. Storey, 18: Sur tuz ses pers l'amat li emperere); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1617: Sur tute gent est la tue hardie). B. Le compl. introd. le n. de la pers. ou de la chose qui subit l'action 1. ca 1100 aux dépens d'une pers. (ibid., 721: Entre ses poinz teneit sa hanste fraisnine. Guenes li quens l'ad sur lui saisie); ca 1130 (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 479: Sur els n'ert terre conquestee); ca 1165 (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1556-57: Que plus doit on celui amer Sor cui l'an ne peut rien clamer Que celui sor cui on a droit); 1387, 19 déc. spéc. de contribuables (ds Choix de pièces [...] Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, XLII, t. 1, p. 85: la somme de [...] vous imposez hastivement sur tous les habitans); 2. 1206, avr. Tournai, aux dépens d'un bien imposable (ap. M. Gysseling ds Scriptorium t. 3 1949, p. 196: rente [...] sour se maison). C. Le compl. désigne ce qui sert de base, de fondement, de référence 1. notion de garantie a) ca 1130 dans un serment [à l'orig., en raison du geste de la main posée sur la Bible ou sur des reliques] (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke,10, p. 9a: jurra sur seinz que); ca 1165 jurer sur toz les Deus (Benoît de Ste-Maure, Troie, 1430 ds T.-L.); b) ca 1150 caution morale sur sa foi (Wace, St Nicolas, 734, ibid.); 1160-74 caution matérielle (Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 9678: VI mile [...] mars [...] li livra Sor la terre qu'il li bailla); 1393, 17 mars sur (Arch. Côte d'Or, E 759, op. cit., p. 160: dote [...] sur son chastel); 2. a) 1176 « relativement à, à propos de » plorer sur [aucun] (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 2102-2103); b) 1306 sermon sur les gens de religion (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, 657, p. 221); 3. ca 1245 notion de modèle « en se fondant sur, d'après » sour les laitres de l'ABC (Philippe Mousket, Chron., 3687 ds T.-L.); xiiies. (Chans. à la Vierge ds Arch. St. n. Spr. t. 43 1868, p. 244: Ke sor un chant ki jaidis Soloit estre mult öis Chantaisse). D. Valeur temp. [issue de celle de proximité spatiale, cf. II A 2] 1. fin xiiies. approximation sor l'ajorner (Gautier d'Arras, Ille et Galeron, éd. A. G. Cowper, 1116, var. P); 2. a) ca 1195 proximité, imminence (Ambroise, Guerre sainte, 5289 ds T.-L.: Li reis [...] iert sor eire); mil. xiiies. (Jean de Thuin, Jules César, 92, 11, ibid.: li blet estoient sour le mëurer par les chans); ca 1260 (Récits Menestrel de Reims, 22, ibid.: estoit sor l'aage de vint ans); b) 1269-78 prendre [sa fame] provee seur l'euvre « la surprendre en flagrant délit » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 14160); c) 1568 « immédiatement après » (Gabr. Meurier, Rec. de Sentences, Anvers ds Gdf.: Sur poyre vin boire). II. Marque une position plus élevée d'un objet par rapport à un autre A. 1. 937-952 l'objet désigné par le compl. est sans contact avec celui situé au-dessus de lui (Jonas, éd. G. de Poerck, 145: et praparavit Dominus un edre sore sen cheve [de Jonas]); fin xiies. (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 102, 13: Li ciel furent auvert sor luy [le Christ] et li sainz esperiz dexendit en luy); 2. ca 1100 p. ext. id., la notion de proximité se substituant à celle de position supérieure (Roland, 2758: Il jut anuit [Carles] sur cel'ewe de Sebre [Ebre]; 1583: Envres sur le Rosne [topon. non identifié]); 1174-76 (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 4632: Duvre sur mer); 1306 sur (Joinville, op. cit.,230, p. 130); avec un régime de sens temp., sor indique la proximité d'un moment, v. supra I D. B. L'objet désigné par le compl. est en contact avec son support 1. a) 2emoit. xes. l'objet désigné est la partie du corps grâce à laquelle on prend appui (St Léger, éd. J. Linskill, 165: super [latinisme] lis piez ne pod ester; 230: Lo corps estera sobre.ls [provençalisme] piez); b) fin xes. l'objet désigné en porte ou soutient un autre, ici, les deux objets sont de même nature (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 64: Pedra ssubr'altre [provençalisme] non laiseront); ca 1050 (St Alexis, 246: il gist sur sa nate; 572: le posent a la terre [...] Seat jurz le tenent sor terre a podestet); ca 1100 (Roland, 1943: Li Marganices sist sur un ceval sor); 1306 sur (Joinville, op. cit.,115, p. 106: sur une charrette); c) p. ext. l'objet désigné est en contact avec un autre sans être par rapport à lui dans une position élevée α) fin xes. (Passion, 107: Jesus [...] Sobre son peiz fez condurmir Sant Johan); β) ca 1179 (Renart, éd. M. Roques, 1983: Se dant Renart l'avoit [le brief] sor lui); γ) ca 1210 « contre, le long de (une surface verticale) » (Raoul de Houdenc, Meraugis, 5829 ds T.-L.: Onques [...] n'ot Clef sor celier ne sor despense); d) ca 1100 « sur la surface de (en parlant d'un signe tracé, marqué, imprimé) » (Roland, 2848: Sein Gabriel [...] Levet sa main, sur lui [Carle] fait sun signacle); 1130-40 (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 279 [mss MAT]: Lors fit signe de croix sor soi [ipsa consignavit corpus suum signaculo Christi]); ca 1590 sur la papier (en parlant d'un écrit) (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 593). C. Notion de mouvement vers un objet à atteindre a) fin xes. (Passion, 475: Spiritus Sanctus sobr'elz [les disciples] ched); ca 1050 (St Alexis, 264: Lur lavadures li getent sur la teste); b) fin xes. fig. (Passion, 240: Ensems crident tuit li Judeu: ,,Sobre nos sia toz li pechez``); ca 1050 (St Alexis, 463: Granz est li dols ki sor moi est vertiz); c) ca 1100 notion d'hostilité, d'agression (Roland, 3392: ,,Ferez, baron sur la gent chrestiene!``); 1174-76 (Guernes de Pont-Ste-Maxence, op. cit., 5574: Main sur vostre arcevesque metez a grant pechié). D. Le compl. désigne une direction 1. a) fin xes. avec un verbe de mouvement (Passion, 400: de gran pavor que sobl'elz vengre); ca 1050 (St Alexis, 316: Tuz s'en returnent sur dam Eufemïen); ca 1170 (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Bisclavret, 294: E tuz les hus sur lui ferma); b) ca 1135 id. cont. défavorable, notion d'hostilité (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 60: Peres de gloire, tu soies mercïé Qu'estranges rois n'est sor nos devalé); 1160-74 chevauchier sur aucun (Wace, Rou, III, 677); 2. ca 1100 sans mouvement (Roland, 1018: Guardet su destre); ca 1283 (Livre Roisin, éd. R. Monier, 66, p. 49: fenestres sour rue ou sour cauchie). Du lat. super dans son empl. de prép. régissant l'acc.: sens local « sur, au-dessus de » (avec ou sans mouvement; avec ou sans contact avec l'objet supporté: scuto super caput elato, Tite Live; « (domaine géographique) près de, le long de » (super flumen, Tite Live); fréq. à basse époque, v. Blaise Lat. chrét.); sens temp. « pendant » (super cenam, Quinte Curce); sens abstr. « en plus de, outre; plus que » (super omnia « plus que tout » Virgile); à basse époque se développent les sens de « contre (notion d'hostilité) » (venerunt super me undique, St Jérome); de « au-dessus de (notion de supériorité, de domination) » (non est discipulus super magistrum, Matth. X, 24). Au sens de « au sujet de », super régit l'ablatif à l'époque class. (l'acc. également à basse époque) et semble surtout empl. avec scribere (super aliqua re scribere, Cicéron); à basse époque, super connaît des empl. plus variés, Blaise, loc. cit. Super est aussi empl. comme adv. aux sens de « par dessus; en plus, en outre », de là l'adv. a. fr. sore « dessus » (ca 1135 corre seure aucun « assaillir, attaquer » Couronnement de Louis, réd. AB, 2133; 1130-40 corre sore a aucun « accabler » Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1486). La forme sur relevée dep. le xives. dans des textes où elle ne semble pas due à un traitement dial., se développe pendant la période du m. fr. et évince peu à peu les formes sovre, sour(e), sor(e); elle est prob. due à l'infl. de sus*, FEW t. 12, p. 433b. Fréq. abs. littér. Sur: 342 468. Sur-le-champ: 1 373. Fréq. rel. littér. Sur: xixes.: a) 480 306, b) 510 653; xxes.: a) 495 249, b) 475 170. Sur-le-champ: xixes.: a) 3 358, b) 2 865; xxes.: a) 890, b) 901. Bbg. Boons (J.-P.). Préliminaires à la classification des verbes locatifs... Ling Investig. 1985, t. IX, no2, pp. 195-267. − Dervillez-Bastuji (J.). Struct. des rel. spatiales dans qq. lang. naturelles. Thèse, Paris, 1979, pp. 92-99. − Gary-Prieur (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sémantiques... Thèse, Paris, 1979, pp. 467-481. − Gougenheim (G.). Syst. gramm. de la lang. fr. Paris, 1962, pp. 309-324. − Gross (G.). Les Constr. converses en fr. Paris, 1989, pp. 286-288, passim. − Guillet (A.). Prép. de lieu et verbes supports. R. québéc. Ling. 1983,t. 13, no2, pp. 59-93. − Meunier (A.). La Sém. locative de certaines struct. R. québéc. Ling. 1983, t. 13, no2, pp. 95-121. − Pottier 1962, pp. 234-236. − Spang-Hanssen (E.). Les Prép. incolores du fr. mod. Copenhague, 1963, p. 227, 235, passim. − Vandeloise (Claude). L'Espace en fr. Paris, 1986, pp. 100-102.

SUR, SURE, adj.

A. −
1. [En parlant de fruits, de plantes, de boissons] Acide, aigre. Pommes sures. Leurs lèvres! Vous gardez, en vos calices l'âcre saveur des bigarreaux et des grenades sures (Moréas, Syrtes, 1884, p. 25).Il y en a [des fruits] dont la chair malgré l'hiver demeure sure; de les avoir mordus les dents sont agacées (Gide, Nourr. terr., 1897, p. 195).
Herbes sures. Plantes du genre rumex. Charles ne me dissimulait point l'irritation que lui causait la vue de certains champs mal cultivés, d'espaces pris de genêts, de chardons, d'herbes sures (Gide, Immor., 1902, p. 414).
2. [En parlant d'une odeur] Âcre, piquant. Elle voyait aussitôt les dalles noires et blanches du vestibule, l'escalier de pierre, la cretonne fleurie de sa chambre elle respirait l'odeur fraîche, un peu sure, des couloirs aux volets toujours mi-clos, elle s'emparait de la maison tout entière (Bernanos, Joie, 1929, p. 601).
B. − TECHNOL. Eau sure. Préparation d'eau et de farine qui a subi un commencement de fermentation, et d'où l'on a tiré l'amidon (d'apr. Ac. Compl. 1842). [Fourcroy et Vauquelin] identifient également avec l'acide acétique l'acide contenu dans les eaux sures des amidonniers (Berthelot, Orig. alchim., 1885, p. 45).Eau sure. Liquide acide dans lequel les chamoiseurs plongent les cuirs pour les amollir. (Dict. xixeet xxes.).
Rem. ,,Sur, dans le sens d'acide, est une locution picarde ou normande qui s'est introduite dans l'usage de Paris (...) avec maint autre barbarisme. On ne le lit dans aucun auteur considéré, si ce n'est dans Buffon`` (Ch. Nodier, Examen critique des dict. de la langue franç., 1829 ds Rob. 1985).
Prononc. et Orth.: [sy:ʀ]. Homon. sur (prép.), sûr (adj.), ils surent (forme de savoir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 au fig. « amer (en parlant de l'amour) » (Eneas, 8004 ds T.-L.); ca 1175 « qui a un goût acide, légèrement aigre » (Benoît, Chronique ducs Normandie, 32594, ibid.); 2. 1675 eau sure (J. Savary, Le Parfait négociant, livre I, Paris, p. 112). De l'a. b. frq. sûr « acide, aigre »; cf. le m. néerl. suur, l'a. h. all. sûr, all. sauer « id. ».

SÛR, SÛRE, adj.

I. − Empl. prédicatif
A. − [Le compl. décrit qqc. de l'ordre de l'événement ou de l'état]
1. [Le suj. de la prédication désigne la pers. qui assume le jugement] Qui tient pour vrai que ce que décrit le complément correspond à quelque chose dans le monde réel (passé, présent ou futur). Synon. assuré, certain, convaincu.
a) Qqn est sûr de+inf.Je lui avouerai que je ne suis pas bien sûr, à présent, d'avoir jamais été à Carthage (Flaub., Corresp., 1863, p. 89).Lis, toi, je ne sais pas ce que je lis, je ne suis pas sûr de comprendre (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 303):
1. S'il avait abjuré dès le lendemain de la mort d'Henri III, comme on l'en pressait, tant de hâte eût été suspecte. Il n'eût pas été sûr de désarmer les ligueurs et de rallier tous les catholiques... Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 188.
b) Qqn est sûr que.Laissez trois hommes ensemble après le dîner, vous pouvez être sûr que la conversation tombera sur les femmes, et que ce sera le plus vieux qui commencera (Dumas fils, Ami femmes, 1864, ii, 1, p. 93).Quand vous entendez fermer une porte avec un bruit de catastrophe, vous pouvez être sûre que c'est le silencieux Marc, Marc le muet. Il massacre toutes les portes et c'est sa manière à lui d'exprimer ses passions (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 154).
En partic.
[Le compl. est le pron. en] Il n'est pas plus prêtre qu'il n'est espagnol, dit Contenson.J'en suis sûr, dit l'agent de la brigade de sûreté (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 339).
[Le compl. est du contraire] Thomas: Laissez donc; je suis ben sûr du contraire (Leclercq, Prov. dram., Savet. et financ., 1835, 4, p. 217).
Loc. Sois/soyez sûr(e) que, soyez-en sûr(e). [S'emploie pour témoigner à qqn son assurance à propos de qqc.] Elle se tourna vers Léonard: Tu n'oublieras pas le salut, n'est-ce pas? Non, tante, soyez-en sûre. Alors, amusez-vous, mes enfants (Estaunié, Empreinte, 1896, p. 19).Vous estimez qu'il a une tête de tueur? Soyez sûr que c'est la tête de l'emploi (Camus, Chute, 1956, p. 1493).
c) Qqn est sûr de qqc.
α) [Le subst. compl. est lié à un prédicat (verbe ou adj.) exprimant un événement ou un état] Ils sont sûrs de leur victoire. La baronne passerait alors tout son temps chez Hortense et chez les jeunes Hulot, il était sûr de l'obéissance de sa femme (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 94).C'est encourageant; faut-il qu'elle soit sûre de son triomphe pour se montrer si bonne! (Colette, Cl. école, 1900, p. 66).
β) [Le subst. compl. exprime un fait constaté ou supposé] D'ailleurs, sûrs d'une grande profondeur d'eau, ils peuvent marcher, louvoyer, obéir aux courans ou aux remous, jusqu'à ce que le beaupré de leurs vaisseaux touche les branches des arbrisseaux du rivage (Crevecœur, Voyage, t. 1, 1801, p. 253).Il n'était plus le maître... Ah! qu'importe, après tout? Anna, sûre de la mort éternelle, tendait son être dans la possession de cette dernière minute de vie (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1400).
γ) [Le subst. compl. catégorise qqc. en fonction de ce qui va lui arriver] La couleuvre la fixait de ses yeux ronds et fixes, sûre de sa proie qu'elle ne quittait pas (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 159).Il fut sûr de sa prise (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 490).
d) P. ell. Qqn est sûr.Savez-vous comment ils m'appellent à l'office, ces grands gaillards, de beaux hommes?... Le chameau. Hein? J'observe tout, j'entends tout, malheureusement je ne suis jamais sûre, vous comprenez? Jamais (Bernanos, Joie, 1929, p. 607).
2. [Constr. impers.: la pers. à l'origine du jugement est le locuteur de l'énoncé] Dont on tient pour certain que ce que décrit le complément se réalisera ou correspond à quelque chose dans le monde réel (passé, présent ou futur). Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain.
a) C'est sûr, est-ce sûr? − Monsieur est de Molinchart, je te dis, Cadet; il n'est pas parisien.Est-ce bien sûr que monsieur est de Molinchart? demanda le tailleur (Champfl., Bourgeois Molinch., 1855, p. 100).C'est absolument sûr qu'elle doit aller demain chez les Verdurin? Absolument, mais je peux lui dire que cela vous ennuie (Proust, Prisonn., 1922, p. 101).
Ce qu'il y a de sûr, c'est que. Ce qu'il y a de sûr c'est qu'elle a manqué toute la seconde partie de la pièce (J.-J. Ampère, Corresp., 1825, p. 357).
b) Le plus sûr est de. Dans ces querelles d'individus, pour être convaincu du bon droit de n'importe laquelle des parties, le plus sûr est d'être cette partie-là (Proust, Temps retr., 1922, p. 773).
c) Il (n') est (pas) sûr que. Enfin, il est sûr qu'elle était ébranlée (Constant, Journaux, 1814, p. 414).Il n'est pas sûr que les prodigieux événements actuels, que ce brassage de peuples et de classes dans les camps, dans les prisons et dans les maquis, prolétarise la bourgeoisie (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 413).
C'est pas sûr. J'aurais peut-être pu essayer (...) de traverser le port à la nage et puis une fois au quai de me mettre à crier « Vive Dollar! Vive Dollar! » C'est un truc. Y a bien des gens qui sont débarqués de cette façon-là et qui après ça ont fait des fortunes. C'est pas sûr, ça se raconte seulement (Céline, Voyage, 1932, p. 232).Fam. Pas sûr. Ça ne peut pas réussir. (...) Broudier répondait: Pas sûr, mon vieux! Il a fait ce métier-là dans les baraques foraines (Romains, Copains, 1913, p. 255).
Pop., fam. Sûr que.Sûr qu'il va se tromper. Monsieur aurait joliment tort de ne pas venir, ce soir, car, rien qu'à voir madame, sûr que monsieur ne s'embêterait pas (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 51).S'il peut, sûr qu'il parlera (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1289).
d) [Le suj. est un mot anaphorique]
α) [Le suj. est ce] Elle a une paillasse, c'est sûr, et l'argent dedans (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 285).Tristan admire l'intelligence de Schwob. Lui, intelligent, est-ce bien sûr? (Renard, Journal, 1902, p. 757).(C'est) sûr et certain. On vous mettra au lit. C'est le lit qu'il vous faut, sûr et certain (Bernanos, Imposture, 1927, p. 504).
β) [Le suj. est rien] Tout dans ce monde est plein de renaissances. Maintenant, la terre est hideuse et stérile. Dans trois mois, elle sera revêtue de primevères. Rien n'est plus sûr (Renan, Drames philos., Jour an, 1886, p. 709).
3. Fam. [Empl. en commentaire; la pers. à l'origine du jugement est le locuteur de l'énoncé; indique qu'on tient pour certain que ce que décrit la proposition objet du commentaire correspond à quelque chose dans le monde réel (passé, présent ou futur)] Synon. certain.
a) [En réplique] A-t-on idée de cette putain qui déshonorait ma maison!Sûr, c'en est une, ah! une vraie! répétèrent complaisamment Lise et Buteau (Zola, Terre, 1887, p. 187).Elle me fait rire encore celle-là. Pas moi. Je l'ai sec.Ça te passera.Pas sûr (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 176).
b) [En fin ou en tête d'énoncé] Notre père m'a fait faire ces habits neufs que je porte, sans quoi je n'aurais jamais voulu venir aux noces; oh! non, sûr, je ne serais pas venu vous donner le bras avec mes habits de l'an dernier (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 49).Je crois que j'ai tué un homme, dit-il. Ou il n'en vaut maintenant guère mieux, sûr! (Bernanos, Imposture, 1927, p. 1284).
c) Empl. adv. Sans compter deux épidémies que les Iroquois (...) avaient apportées de chez eux. La nouvelle exposition ça serait sûrement encore bien pire. On aurait sûr du choléra (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 92).Région. (Belgique). Il viendra sûr me voir pour Il viendra sûrement me voir. Fam. Sûr qu'il viendra me voir (HanseNouv.1987).
B. − [Le compl. désigne qqc. de l'ordre de l'individu]
1. [Le suj. de la prédication désigne la pers. qui assume le jugement] (Qqn est) sûr de qqc.
a) Qui tient quelque chose pour assuré. Synon. assuré de, certain; anton. douteux, incertain, problématique.
α) [Le compl. désigne qqc. en tant que résultat ou point d'aboutissement d'un événement] L'armée prussienne envahissait la France. On n'était pas sûr du résultat des élections (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 71).Il frappa trois coups pour obtenir le silence, se carra dans un fauteuil, et, la voix bien posée, sûr de ses effets: Yvonne, tout est-il prêt pour recevoir nos invités? (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 173).
Locutions
(Être) sûr de son fait. (Être) certain de ce qu'on affirme. Il me répondit qu'il était sûr de son fait et ajouta que je lui avais même dit que son vrai nom était Gandin (Proust, Sodome, 1922, p. 956).
(Être) sûr de son coup, de son affaire. (Être) certain que ce qu'on fait correspondra à ce qu'on a voulu. Il n'est pas à trois pas, se dit-il, mais à cette distance je suis sûr de mon coup (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 52).Il me suivait, en retard d'un demi-pas. Tranquille, cette fois, têtu, sûr de son affaire, sûr de ma faiblesse (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 116).
β) [Le compl. désigne qqc. en tant qu'instance partic.] Je suis sûr de la date de sortie, examen de la fin de 1799 (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 263).Il les examinerait plus tard, quand il serait tout à fait sûr de l'identité des deux femmes (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 60).
b) Être, se sentir sûr de qqn/qqc.Avoir confiance en quelqu'un/quelque chose.
α) [Le compl. désigne une pers.] Je ne suis pas sûre de ma femme de chambre (Musset, Chandelier, 1840, i, 1, p. 18).Il était trop sûr d'Odette, dit Albert (Chardonne, Épithal., 1921, p. 208).
En partic. (Être) sûr de + pron. réfl.(Être) confiant dans ses réactions. Elle répondit, en femme sûre d'elle: « Je ne demande pas mieux » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 511).Comme mon sentimentalisme bête est d'un petit garçon en face de ce bel égoïsme bien organisé et sûr de soi! (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 216).Trop sûr de + pron. réfl.Déterminé jusqu'à l'excès. Vous me sembliez trop fort, trop assuré, trop sûr de vous-même. Cette manière de serrer les dents! (Claudel, Part. midi, 1906, i, p. 994).
[En commentaire] Joseph prit son stylo et commença de lire la liste, d'un œil attentif (...). Il disait à voix basse: « Janville, sûr! Teyssèdre, sûr! Pujol, sûr! Pierquin, sûr! De Praz... ah! De Praz, douteux... » (DuhamelPassion J. Pasquier, 1945, p. 198).
β) [Le compl. désigne une capacité, une aptitude, une propriété] Être sûr de sa force. Elle chantait ainsi, sûre de sa beauté, L'implacable Déesse aux splendides prunelles (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 44).Il fronça les sourcils. La douleur grandissait, tranquille, sûre de sa force (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 9).
γ) [Le compl. désigne un moyen] Fatima est vivante, dit Don José. Vivante... Mais c'est impossible! s'écria Zampa, je suis sûr de ma drogue (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 242).MmeLigneul (...) ne se sentit pas sûre des arguments qu'elle pouvait donner pour justifier la continuation de l'entreprise (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 61).
2. [Le locuteur est la pers. qui assume le jugement] Qqc. est sûr
a) [Le suj. désigne un processus, un événement] Dont le résultat ne fait aucun doute. Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain.L'affaire est sûre. Hier soir, en rentrant à six heures, je trouve dans mon cabinet Mirbeau et Thadée. Votre élection est sûre, me dit Mirbeau (Renard, Journal, 1907, p. 1136).Étienne, on sait qu'il balade son or dans sa ceinture. Il s'en vante. Le coup est sûr. Du pain tout cuit (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 178).
En partic. [Après un verbe d'opinion] On avait jugé plus sûr de scinder les difficultés pour les résoudre l'une après l'autre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 293).
b) [Le suj. désigne une activité] Qui produit son effet de manière attendue et réglée. Synon. assuré; anton. chaotique, déréglé.Avoir un pas sûr; un trot sûr. Son commerce est sûr, son esprit indulgent (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 65).
c) [Le suj. désigne une pers.] Dont l'action, l'activité est fiable, sur lequel on peut compter. Anton. douteux.Ton cousin est-il un homme assez sûr pour qu'on puisse lui confier une lettre avec certitude qu'elle sera remise? (Flaub., Corresp., 1846, p. 342).
d) [Le suj. désigne un moyen] Dont l'usage correspond à ce qu'on attend. Synon. fiable, efficace.La table est le plus sûr thermomètre de la fortune dans les ménages parisiens (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 53).La porte de sa cave est sûre, Il en tient dans son poing la clé, Mais, par le trou de la serrure, Un filet d'air froid a soufflé (Sully Prudh., Vaines tendr., 1875, p. 166).
En partic. [Le suj. désigne un organe des sens] Qui fonctionne d'une manière efficace et précise. Son pied est sûr.
e) En partic. [Le suj. désigne un lieu] Où l'on ne risque rien, où ce qui s'y trouve est à l'abri du danger. Anton. dangereux, à risque.Les parages ne sont pas sûrs. Les campagnes étaient peu sûres, les grands chemins non tracés (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 201):
2. Il regarda autour de lui: « L'endroit est absolument sûr? Aucune chance que notre conversation soit surprise? Qui habite au-dessus? − Un professeur de piano très inoffensif, dit Dubreuilh. Et les gens d'en dessous sont en vacances. » Beauvoir, Mandarins,1954, p. 296.
II. − Empl. épith. [La pers. qui assume le jugement est le locuteur de l'énoncé]
A. − [En parlant de qqc. qui n'est pas de l'ordre de l'individu]
1. [En parlant d'un processus, d'un événement] Dont l'issue, le résultat ne fait aucun doute, qui se produira ou qui est conforme à l'effet escompté.
a) [En postposition] Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain. (...) Et le mariage aura lieu.Vous me le promettez? Je n'entreprends que les affaires sûres (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 222).Il y a cent pour cent à gagner dans l'affaire dont je te parle. C'est un placement sûr. Tu sais bien que je ne voudrais pas te mettre dedans (Zola, Curée, 1872, p. 595).
En partic. [Le subst. qualifié désigne le résultat d'un processus] Le genêt, la fleur lumineuse de cette nature sombre. De l'or dans du charbon. Contraste facile, effet sûr (Renard, Journal, 1904, p. 905).
Loc. À coup sûr. D'une manière certaine, inéluctable. À coup sûr, Sigognac n'était point vaniteux et son orgueil de gentilhomme méprisait ce métier de baladin à quoi la nécessité l'obligeait (Gautier, Fracasse, 1863, p. 264).C'est un artiste, à coup sûr. Mais il est un peu brute (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p. 110).
b) [En antéposition] Synon. assuré, certain; anton. incertain.Si la calomnie y mêla du poison, ce fut un lent et sûr empoisonnement (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 533).Meyrignac devait revenir à mon oncle Gaston: satisfait de ce sûr destin, celui-ci se voua à l'oisiveté (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 35).
2. [En parlant d'un geste, d'un mouvement] Qui se déroule de manière contrôlée ou qui produit son effet de manière attendue et réglée.
a) [En postposition] Synon. assuré, ferme1; anton. chaotique.Au tableau des sciences doit s'unir celui des arts qui, s'appuyant sur elles, ont pris une marche plus sûre, et ont brisé les chaînes où la routine les avait jusqu'alors retenus (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 184).
b) [En antéposition] Synon. assuré, ferme1.Il marmonna quelques syllabes, puis d'un sûr élan: Mon maître qui vous porte un amour sans égal (Romains, Copains, 1913, p. 80).
3. [En parlant d'une capacité] Qui agit efficacement, sur lequel on peut compter.
a) [En postposition] Synon. juste, fiable; anton. chancelant, défaillant, incertain.Il a un instinct, un jugement très sûr. Il avait la voix bonne, la mémoire sûre, et l'imagination assez lettrée pour ajouter à son rôle ces répliques qui naissent de l'occasion et donnent de la vivacité au jeu (Gautier, Fracasse, 1863, p. 177).La malveillance, quand les règles fixes d'un goût sûr ne lui imposent pas de bornes équitables, trouve tout à critiquer (Proust, Sodome, 1922, p. 944).
En partic. [En parlant d'une attitude, d'une manière d'être] Qui montre une satisfaction exagérée. Synon. fat.Un petit homme en redingote, d'une vie étriquée, d'un contentement sûr et complet (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 150).
b) [En antéposition] Synon. fiable; anton. défaillant, incertain.Une sagacité d'argentier dans le choix de la meilleure monnaie de change, un sûr discernement de la valeur qui ferait prime sur le marché politique (Vogüé, Morts, 1899, p. 48).Il n'oublie jamais les conditions de la réussite. Un sûr instinct bourgeois l'avertit du moment où le rêveur va patauger (Massis, Jugements, 1923, p. 200).
4. [En parlant d'un objet de connaissance] Qui est conforme à ce qui existe. Synon. certain; anton. incertain, douteux.Je parviendrais à savoir des choses sûres, indubitables, et que je pourrais me prouver à volonté (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 377).
B. − [En parlant de qqc. de l'ordre de l'individu]
1. [En parlant d'une pers. en tant qu'elle est typiquement associée à une activité] Dont l'action, l'activité est fiable, sur lequel on peut compter. Une telle disposition fait des conservateurs peu sûrs et des révolutionnaires peu redoutables (Massis, Jugements, 1923, p. 10).
a) [En postposition] (...) Est-ce une personne qui a agi dans un sentiment chrétien? C'est une amie sûre et intelligente qui s'est renseignée dans le pays (Drieu La Roch.,Rêv. bourg.,1937,p. 36).De toute sa vie, Sigismond n'a eu qu'un seul allié sûr, le marquis d'Este (Montherl., Malatesta, 1946, iii, 5, p. 503).
b) [En antéposition] Lord Wilmorie (...) vous a (...) ouvert un crédit de cinq mille francs par mois chez M. Danglars, un des plus sûrs banquiers de Paris (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 819).Je vous confie, comme à un très-vieux et très-sûr ami, cette peine qui est, au fond de ma vie, (...) une grande amertume (Bloy, Journal, 1903, p. 181).
2. [En parlant de qqc. utilisé comme un moyen] Qui agit, fonctionne de manière conforme à ce qu'on est en droit d'attendre, qu'on peut utiliser avec confiance.
a) [En postposition] Synon. fiable, efficace, assuré; anton. chancelant, douteux.Un charme sûr; un moyen sûr; donner un fondement sûr à quelque chose. La pensée du roi était fixée, et à ce sujet les indices sûrs ne nous manquent pas (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 517).Chez eux on trouve les appuis sûrs, les hommes de confiance, les pierres angulaires de toute société (Mounier, Traité caract., 1946, p. 251).
Loc. De source sûre. De source fiable, autorisée. Il ne peut plus y avoir de troubles. On me l'annonce de source sûre, les prix viennent de baisser (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 81).
En partic. [En parlant d'une partie, d'un organe du corps] Synon. ferme; anton. mal assuré, défaillant.Tersky. Il saisit d'un bras sûr le perfide assassin (Constant, Wallstein, 1809, iv, 3, p. 112).
b) [En antéposition] Synon. éprouvé, efficace, solide.Il n'aura pas de plus sûr appui que moi-même (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 181):
3. Elle aurait voulu que j'achète une de ces cuirasses que de précoces mercantis avaient hâtivement fabriquées et qu'on pouvait porter sous sa capote. Sûre protection, prétendaient-ils, contre les balles et les shrapnells. Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 149.
3. [En parlant d'un lieu] Où l'on ne craint rien, qui se trouve à l'abri du danger. Anton. risqué.
a) [En postposition] Retraite sûre. On trouverait à Délos un mouillage infiniment plus sûr (About, Grèce, 1854, p. 176).Je connais un chemin sûr pour aller jusqu'à la croix (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 292).
Loc. Mettre (qqc.) en lieu sûr. Mettre (quelque chose) à l'abri du danger. On mit en lieu sûr et au sec les armes et les munitions (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 69).
b) [En antéposition] Ils pourraient facilement arriver aux jardins du couvent, dont les arbres suffisamment touffus offraient de sûrs abris (Balzac, Langeais, 1834, p. 345).Rassuré sur la victoire finale, je voyais dans mes tribulations le plus sûr chemin pour y parvenir (Sartre, Mots, 1964, p. 105).
4. [En parlant de qqn, de qqc. en tant que réalisant une possibilité] Sur lequel on peut faire fond. Synon. certain, ferme.Mon cher ami, je vous envoie par une occasion sûre la note ci-jointe qui émane d'un homme considérable qui a lui-même souffert une partie des indignités qu'il raconte (Tocqueville, Corresp.[avec Reeve], 1852, p. 131).C'était M. Trintignan. Il gloussait, la voix juteuse: « Bonne nouvelle, Monsieur le Président. Nous avons un preneur sûr pour nos lentilles du Chili » (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 243).
5. [En parlant d'un objet de connaissance] Auquel on peut croire, sur lequel on peut faire fond. Synon. certain, indubitable; anton. incertain.
a) [En postposition] Écrivez-moi toujours Rue du Nord, 64, à Bruxelles. C'est l'adresse sûre (Hugo, Corresp., 1861, p. 353).
b) [En antéposition] L'aspect des symptômes, dont l'expérience et l'observation m'ont donné la sûre indication (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1701).Est-il jamais trop tard pour reconnaître, guidé par de sûrs avis, une erreur involontaire? (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 128).
III. − Empl. en loc.
A. − Fam. Bien sûr. [Pour indiquer à propos d'une constatation ou d'une conclusion qui vient d'être énoncée ou va l'être, que le locuteur l'avait déjà faite ou tirée auparavant]
1. [Le conclusion ou la constatation a été énoncée par le locuteur lui-même]
a) [En tête d'énoncé] Synon. certes.Ils sont seuls et déjà le jour baisse, en octobre, la nuit vient vite... Bien sûr, je ne redoute rien de grave (Mauriac, Asmodée, 1938, iv, 6, p. 154).
Bien sûr que. Elle me défendait, elle, quoique tout de même elle m'allongeât des claques... Ah! bien sûr que je n'étais pas si malheureuse, là-bas, avec les bêtes (Zola, Rêve, 1888, p. 15).
b) [En incise] Synon. certes.C'est un reproche qu'on me fait souvent, de n'être pas un garçon!... Et personne, bien sûr, ne le regrette autant que moi! (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 113).Ma solution, bien sûr, ce n'est pas l'idéal (Camus, Chute, 1956, p. 1548).
c) [En fin d'énoncé] Il y a seulement un greffier dans un coin, et, derrière moi, six gardes rouges qui ne comprennent que le cantonais, revolver au poing, bien sûr (Malraux, Conquér., 1928, p. 96).
2. [Dans un dialogue; la conclusion ou la constatation est en liaison avec ce qu'a dit l'interlocuteur] Synon. vieilli pardi.Vous connaissez le grand malheur de la Russie, Monsieur Joseph? Oui, père Brainstein; c'est terrible!Ah! fit-il, bien sûr! Mais ça rapportera beaucoup de messes à l'église (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 28).Quand il se pencha sur sa femme pour l'embrasser, au moment de partir, elle lui souffla: C'est du 15 que tu t'occupes? Elle avait deviné, bien sûr! (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 113).
3. [La conclusion ou la constatation est la négation de ce qu'a dit l'interlocuteur] Bien sûr que non. Si j'avais su ne pas rentrer, j'aurais mis ma robe et mes bas. Tu ne rentres pas? Non, bien sûr, dit-elle simplement (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1478).
B. − Vieilli, région ou pop. Pour sûr. [Pour indiquer que l'assertion dans le cont. immédiat corresp. à qqc. de réel aux yeux du locuteur]
1. [En tête d'énoncé] Que vont-ils nous rapporter? dit Zéphine. Pour sûr ce sera joli, dit Dahlia (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 180).Il vint à ma rencontre, et brusquement: Ah ben! Monsieur Lacase! Pour sûr qu'on ne vous attendait pas à cette heure! (Gide, Isabelle, 1911, p. 663).
2. [En incise] Cependant, sous les arbres trempés, un léger frisson la prenait, et elle songeait, hésitante encore, qu'elle était pour sûr en train de pincer quelque bonne maladie (Zola, Assommoir, 1877, p. 702).
3. [En fin d'énoncé] Il m'répétait que j'étais belle fille, que j'étais plaisante... que j'étais de son goût... Moi, il me plaisait pour sûr (Maupass., Contes et nouv., t. 2, R. Prudent, 1886, p. 644).Un autre jour, Pauline aurait regardé deux fois à la dépense du docteur, mais la veille de l'élection, il ne se ferait pas payer, pour sûr (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 126).
Prononc. et Orth.: [sy:ʀ]. Ac. 1694, 1718: seur (1718 « on prononce sur »); dep. 1740: sûr. Homon. sur (prép. et adj. sur), sure (fém. de l'adj.). Étymol. et Hist. I. A. 1. 1100 « qui est en sécurité » (Roland, éd. J. Bédier, 562: Soürs est Carles, ne crent hume vivant); 2. 1176-81 se dit d'un endroit où l'on ne court aucun danger (Chrétien de Troyes, Chevalier de la Charrete, éd. M. Roques, 2149); 1447 lieu seur et sauf (Cartulaire de l'abbaye de Flines, éd. K. Ewald, p. 337); 1549 en lieu seur (Est.); 1531 il n'y faict poinct seur (Marguerite d'Angoulême, Lettres, no97, éd. F. Genin, 1841, p. 278); 3. a) fin xiie-déb. xiiies. se dit de ce qu'il est impossible de mettre en doute (Jean Bedel, Del Couvoiteus et de l'envieus éd. Montaiglon et Raynaud, t. 5, p. 211: que ce fu veritez seüre); 1657 il est donc sûr que (Pascal, Les Provinciales, p. 330); 1679, 29 nov. il n'y a rien de si sûr que (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 753); 1689, 27 nov. ce qui est sûr, c'est... (Id., ibid., t. 3, p. 765); 1690, 30 juill. ce qu'il y a de sûr, c'est... (Id., ibid., p. 924); b) empl. subst. 1580 le plus seur (Montaigne, Essais, I, 5, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 26); 1656, 20 mars (Pascal, op. cit., V, p. 84: je cherche le sûr); 4. 1215-35 « sur quoi l'on peut compter, fiable » (Le Roman de Tristan, éd. R.-L. Curtis, p. 209, 420-423: l'armerent des meillors armes et des plus seüres); 1655 remède sûr (Pascal, L'Esprit géométrique, p. 123); 5. fin xves. fig. « qui produit les résultats escomptés » (J. Molinet, Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 342: Vous n'eustes point l'avys, notez ce point, De mettre a point une cheville seure, Pour, sans tomber, estre tousjours asseure); α) 1662 c'est un jeu sûr pour (Pascal, Pensées sur la Religion, p. 53); 1679 à jeu sûr (Cardinal de Retz, Mémoires, t. 1, p. 242); id. jouer à jeu sûr (Id., ibid., t. 2, p. 539); β)1686 à coup sûr (P. Bayle, Comment. Philos. Paroles J.-C., p. 457); 1770 parier à coup sûr (Abbé F. Galiani, Dialogues sur commerce Bleds, p. 201); 1782 jouer à coup sûr (Mercier, Tableau de Paris, t. 1, p. 246); γ) 1738 affaire sûre (J.-B. D'Argens, Lettres juives, p. 188) . B. 1. 1100 « qui a reçu une garantie » (Roland, 549: soürs est Carles, que nuls home ne crent); 2. ca 1165 sëurs de + subst. « qui sait d'une manière certaine » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 21268: sëurs puet estre de la mort); spéc. 1680 seur de son fait (Rich.); α) ca 1170 sëure que (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4332); 1176 certainne et seüre que (Id., Cligès, éd. A. Micha, 3087); 1751 ne pas être sûr que (l'abbé Prévost, Lettres angloises, t. 3, p. 462); β) 1655 être sûr de + inf. (Pascal, L'Esprit géométrique, p. 144); 1674, 29 janv. sans être sûr de + inf. (Mmede Sévigné, op. cit., t. 1, p. 684); 3. a) 1176-81 se dit d'une personne en qui on a confiance (Chrétien de Troyes, Chevalier du Lyon, éd. M. Roques, 4784: Et cele qui estoit seüredel meillor chevalier del monde); b) 1690 être sûr de soi (Le Père G. Daniel, Voiage au monde de Descartes, p. 114). C. 1. Ca 1165 « sur qui on peut compter » (Benoit de Ste-Maure, op. cit., 28949); 1481-91 seurs chiens (Jacques de Brezé, La Chasse, éd. G. Tilander, p. 31); 2. a) 1549 « qui agit avec efficacité » (Est., s.v. main: main seure); 1672, 5 févr. fig. (Mmede Sévigné, op. cit., t. 1, p. 431: les voilà retombés en main sûre et chrétienne); b) 1690 (Fur.: ce cheval est seur du pied, il ne bronche point); 3. 1685 « qui ne se trompe pas » goût sûr (La Fontaine, Philemon et Baucis, 165); 1719 jugement sûr (La Motte, Fables, 102); 1754 un coup d'œil sûr (Ch. Bonnet, Essai de psychol., p. 134). II. A. Adv. 1160-70 (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 2442). B. Loc. adv. 1. ca 1160 estre a seür (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1510); ca 1170 tot a seür (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2775); 2. 1176 savoir de seür (Id., Cligès, 1985); 3. 1665 pour sûr (La Fontaine, Contes, Le Mari confesseur, éd. H. Regnier, t. 4, p. 104); 1888 pour sûr que (Courteline, Train 8 h. 47, p. 173); 4. 1782 bien sûr (Laclos, Liaisons dangereuses, p. 96); 1886 bien sûr que (Zola, L'Œuvre, p. 173); 5. 1783 sûr, très sûr (Jacquot et Colas duellistes, 39 ds Quem. DDL t. 19); 1846 pas sûr (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, p. 492); 6. 1791, 24 juin sûr que (H. Ferrières, Correspondance ds Rec. textes hist., p. 35). Du lat. securus « libre de soucis » d'où « confiant, assuré », en parlant de choses « qui ne cause pas de soin, de souci », comp. de sē prép. arch. marquant la privation et cura « soin, souci ». Bbg. Casagrande (J.). Sûr et certain en fr. et en angl. Fr. mod. 1974, t. 42, pp. 121-132. − Poirier (Cl.). L'Anglicisme au Québec et l'héritage fr. Trav. de Ling. québécoise. 2. Québec, 1978, p. 50. − Quem. DDL t. 19.

Article lié : « Bien sûr » ou « biensûr » ?

Wiktionnaire

Adjectif - français

sûr \syʁ\ masculin

  1. Dont on ne doute pas ; certain ; indubitable ; vrai.
    • Cela est-il bien sûr ?
    • Cela est d’un effet sûr.
    • Je regarde cela comme sûr.
    • Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il fit cette démarche.
    • Ça n'aurait pas changé grand-chose, mais ça m'aurait fait faire plaisir,
      Sûr ça m'aurait pas fait revenir — (Jehan Jonas, maquette de Bavure, album posthume Bavure, 2010)
  2. Qui doit arriver infailliblement, ou qu’on considère comme devant nécessairement arriver.
    • Le pire n'est pas toujours sûr. — (Paul Claudel, Le Soulier de satin, 1944)
    • Rien n’est si sûr que la mort.
    • Ce profit est sûr.
    • C’est un gain sûr.
    • L’affaire est sûre : Le succès en est certain, l’affaire est sérieuse, digne de confiance.
    • Ce procédé, ce moyen est sûr, il ne manque jamais.
    • Parier à coup sûr : Parier sur un fait dont on a la certitude.
  3. Qui ne trompe pas, qui ne saurait tromper.
    • Il a la mémoire sûre.
    • Avoir le goût sûr : Discerner parfaitement la qualité des mets, du vin, des ouvrages de l’esprit.
    • Ce gourmet a le goût sûr.
    • Avoir le jugement sûr.
    • Avoir le coup d’œil sûr : Juger d’une manière aussi exacte que possible, à la simple vue, la distance, l’étendue, le poids, etc., d’un objet.
    • Je n’ai pas le coup d’œil assez sûr pour vous dire quelle est la hauteur de cette colonne.
    • Pour diriger les affaires difficiles, pour prévoir les dangers, il faut avoir le coup d’œil sûr. (Figuré)
    • Avoir l’oreille sûre : Apprécier exactement les sons.
    • Avoir la main sûre : Avoir une main ferme, qui ne tremble point.
    • Ce chirurgien a la main sûre.
    • Ce cheval a le pied sûr, la jambe sûre, il est sûr : Il ne bronche jamais.
  4. Sans risque, sans danger.
    • Le train est un moyen de transport sûr.
    • Monsieur, reprit-il, tout l'honneur sera pour moi. Je ne vous quitte plus que je ne vous aie mis en lieu sûr. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  5. En qui on peut se fier.
    • C’est un ami sûr.
    • Ce banquier est sûr.
    • L’instinct est un guide sûr.
    • J’ai un sûr garant de ce que j’avance.
    • En main sûre, en mains sûres : Entre les mains d’une personne en qui on peut avoir toute confiance.
    • Ne craignez rien, vos intérêts sont en mains sûres.
    • J’ai remis ces papiers en mains sûres.
    • Le temps n’est pas sûr : Il y a apparence que le temps deviendra bientôt mauvais.
    • C’est plus sûr : C’est plus prudent.
    • Prenez un parapluie, ce sera plus sûr.
  6. En parlant des lieux, des chemins, etc., signifie où l’on est en sûreté, dont on peut se servir sans danger.
    • Les chemins sont sûrs.
    • Cette rade est sûre.
    • Cet asile est sûr.
    • Cette échelle est sûre.
    • Ce navire est sûr.
    • Il ne fait pas sûr en cet endroit : On n’y est pas en sûreté.
    • Mettre quelqu’un en lieu sûr : Le mettre en lieu de sûreté, où il n’a rien à craindre. Signifie aussi le mettre en prison, en quelque lieu où l’on soit assuré de sa personne.

sûr de, en parlant d’une personne

  1. Qui n'éprouve aucun doute ; assuré, confiant.
    • Lui que j’ai connu si sûr de lui-même, d’une fatuité toute naturelle, conscient de son bon droit, […], le voici devant moi presque timide […]. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 161)
    • Si le percepteur n'était pas arrivé dans la région avant le début de la saison pluvieuse, les villageois étaient sûrs d'échapper pour un an au prélèvement fiscal. Si le percepteur se présentait, ils ignoraient combien ils allaient devoir payer. — (Léo De Haan, La Région des Savanes au Togo: l'état, les paysans et l'intégration régionale (1885-1985), Karthala, 1993, p.147)
    • Elle est sûre de son examen. — Nous sommes surs de le voir.

sûr que suivi d’un verbe.

    • Pierre est sûr que son frère aura son permis. (affirmatif, indicatif)
    • Pierre n’est pas sûr que son frère aura son permis. (négatif, indicatif)
    • Pierre n’est pas sûr que son frère ait son permis. (négatif, subjonctif)
    • Pierre n’était pas sûr que son frère eût son permis. (passé, négatif, subjonctif)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SÛR, ÛRE. adj.
Qui est certain, indubitable, vrai. C'est une chose sûre. Cela est sûr. Rien n'est si sûr. Rien n'est plus sûr. Cela est-il bien sûr? Cela est d'un effet sûr. Je regarde cela comme sûr. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il fit cette démarche. Familièrement et par ellipse, Bien sûr, Cela est certain.

SÛR se dit aussi des Choses qui doivent arriver infailliblement, ou qu'on regarde comme devant nécessairement arriver. Rien n'est si sûr que la mort. Ce profit est sûr. C'est un gain sûr. L'affaire est sûre, Le succès en est certain. Cette phrase signifie aussi L'affaire est sérieuse, digne de confiance.

SÛR signifie aussi Qui produit ordinairement son effet. Ce procédé, ce moyen est sûr, il ne manque jamais. Parier à coup sûr, Parier sur un fait dont on a la certitude.

SÛR signifie encore Qui ne trompe pas, qui ne saurait tromper. Il a la mémoire sûre. Avoir le goût sûr, Discerner parfaitement la qualité des mets, du vin. Ce gourmet a le goût sûr. Il s'emploie aussi figurément et signifie Juger bien des ouvrages de l'esprit. On dit de même : Avoir le jugement sûr. Avoir le coup d'œil sûr, Juger d'une manière aussi exacte que possible, à la simple vue, la distance, l'étendue, le poids, etc., d'un objet. Je n'ai pas le coup d'œil assez sûr pour vous dire quelle est la hauteur de cette colonne. On le dit aussi figurément. Pour diriger les affaires difficiles, pour prévoir les dangers, il faut avoir le coup d'œil sûr. Avoir l'oreille sûre, Apprécier exactement les sons. Avoir la main sûre, Avoir une main ferme, qui ne tremble point. Ce chirurgien a la main sûre. Ce cheval a le pied sûr, la jambe sûre, il est sûr, Il ne bronche jamais.

SÛR se dit aussi des Personnes et signifie Qui sait quelque chose d'une manière certaine. Je suis sûr de ce que je vous dis. Je suis sûr que cela est. Je n'en suis pas tout à fait sûr. Êtes-vous bien sûr de ce que vous avancez? Je suis sûr de l'avoir entendu. Soyez sûr de ce que je vous dis. Être sûr de son fait, Être certain de ce qu'on affirme. Être sûr de quelqu'un, Compter fermement sur lui, sur son secours; être assuré que ses opinions, que ses sentiments sont tels qu'on les imagine, qu'on les souhaite. Êtes-vous bien sûr de cet homme-là? Être sûr de soi, de soi-même, Être assuré de ne pas faillir. Quel homme oserait prétendre qu'il est sûr de soi? En termes de Jeu, Être sûr de son coup, Faire un coup en étant assuré de gagner. Il signifie, figurément et familièrement, Avoir si bien pris ses mesures dans une affaire qu'on est assuré qu'elle réussira.

SÛR signifie aussi En qui on peut se fier. C'est un ami sûr. Un domestique sûr. Ce banquier est sûr. L'instinct est un guide sûr. J'ai un sûr garant de ce que j'avance. En main sûre, en mains sûres, Entre les mains d'une personne en qui on peut avoir toute confiance. Ne craignez rien, vos intérêts sont en mains sûres. J'ai remis ces papiers en mains sûres. Le temps n'est pas sûr, Il y a apparence que le temps deviendra bientôt mauvais. C'est plus sûr, C'est plus prudent. Prenez un parapluie, ce sera plus sûr.

SÛR, en parlant des Lieux, des chemins, etc., signifie Où l'on est en sûreté, dont on peut se servir sans danger. Les chemins sont sûrs. Cette rade est sûre. Cet asile est sûr. Cette planche n'est pas sûre. Cette échelle est sûre. Ce navire est sûr. Il ne fait pas sûr en cet endroit, On n'y est pas en sûreté. Mettre quelqu'un en lieu sûr, Le mettre en lieu de sûreté, où il n'a rien à craindre. Il signifie aussi Le mettre en prison, en quelque lieu où l'on soit assuré de sa personne.

LE PLUS SÛR s'emploie substantivement et absolument pour désigner le Parti le plus sûr, celui qui offre le moins de risque. Aller au plus sûr. Prendre le plus sûr. Le plus sûr dans cette circonstance est de ne rien dire.

À COUP SÛR, loc. adv. Immanquablement, infailliblement. Vous le trouverez à coup sûr. Nous réussirons à coup sûr.

POUR SÛR, loc. adv. Certainement, infailliblement. Pour sûr, il viendra. Il est très familier.

Littré (1872-1877)

SÛR (sur, su-r' ; au XVIe s. on écrivait seur ; mais Bèze remarque que l'usage s'était introduit de prononcer sur) adj.
  • 1Qui compte fermement sur. Revenez tout couvert du sang de l'infidèle ; Allez : en cet état soyez sûr de mon cœur, Racine, Andr. IV, 3. Je vais chercher la solitude et la santé, bien plus sûr de l'une que de l'autre, mais plus sûr encore de votre amitié, Voltaire, Lett. d'Argental, 9 déc. 1754. Je ne suis pas sûr du lendemain…, Voltaire, Lett. Mme Denis, 18 janv. 1752.

    Être sûr de quelqu'un, pouvoir compter sur lui, être assuré qu'il ne nous manquera pas au besoin. Quand elle me proposa de quitter ma patrie, elle était déjà sûre de moi, Montesquieu, Ars. et Ism.

    Sûr de soi-même, qui est assuré de ne pas faillir. Vivre dans un pays [la Hollande] où les lois nous mettent à couvert des volontés des hommes, et ou, pour être sûrs de tout, nous n'ayons qu'à être sûrs de nous-mêmes, Saint-Évremond, Œuv. t. II, p. 229. Il n'y a qu'une femme bien sûre d'elle-même et de sa réputation qui ose tenir de pareils discours, Fontenelle, Lett. gal. II, 23.

  • 2Qui ne peut manquer d'avoi ; d'obtenir. On n'eût point vu Madame s'attirer la gloire avec une ardeur inquiète et précipitée ; elle l'eût attendue sans impatience, comme sûre de la posséder, Bossuet, Duch. d'Orl. On n'est jamais sûr de rien en ce monde, Voltaire, Oreilles, 6. Quiconque en France avec éclat attire L'œil du public, est sûr de la satire, Voltaire, Épît. XXX. Il attendait Bourbon, sûr de vaincre avec lui, Voltaire, Henr. IV.

    Être sûr de son fait, être certain de ce qu'on dit.

    Être sûr de son fait, de son coup, avoir la certitude du succès de ce qu'on a entrepris. Don Joseph était si sûr de son fait…, Lesage, Est. Gonz. 14.

    Terme de musique. Être sûr de sa partie, la savoir de telle manière qu'on est sûr de la chanter ou de l'exécuter sans faire de faute.

    Au jeu, être sûr de la partie, avoir fait sa partie de manière qu'on est certain de gagner.

    Fig. et familièrement. Être sûr de sa partie, avoir si bien pris ses mesures dans une affaire, que le succès en est certain.

  • 3En qui on peut avoir confiance. Sa place eût été donnée, si on eût pu la remplir d'un homme aussi sûr, Bossuet, le Tellier. Sûre et secrète jusqu'au mystère, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 137, dans POUGENS. M. Tronchin, banquier ; c'est un homme sûr de toutes les manières, Voltaire, Lett. d'Argental, 9 déc. 1754. Je sais par expérience que c'est un ami sûr, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 24 août 1752. Il n'y avait là, me disait-on, que d'honnêtes gens, des gens sûrs, Marmontel, Mém. VI.

    Il se dit des choses dans un sens analogue. L'instinct est un guide sûr. Le songe est un tableau des passions humaines, Un confident peu sûr, un parleur indiscret, Rotrou, Bélisaire, III, 4. Un homme d'une si grande capacité que M. le Tellier et d'une conduite si sûre dans les affaires, Bossuet, le Tellier. Ne parlons pas des vivants dont les vertus, non plus que les louanges, ne sont jamais sûres dans le variable état de cette vie, Bossuet, ib. M. de Turenne publiait de son côté qu'il agissait sans inquiétude, parce qu'il connaissait le prince et ses ordres toujours sûrs, Bossuet, Louis de Bourbon. Sans la crainte de Dieu toute probité humaine est fausse, ou du moins elle n'est pas sûre, Massillon, Pet. carême, Fauss. de la gloire hum.

    Main sûre, mains sûres, personne en qui on peut se fier. Vos papiers, vos titres sont en main sûre, en mains sûres. Mets en de sûres mains cette lettre cruelle, Voltaire, Zaïre IV, 5.

    Temps qui n'est pas sûr, temps sur lequel on ne peut compter, qui menace de devenir pluvieux. Ma canne, mon chapeau, mon parapluie ; le temps n'est pas sûr, Picard, M. Musard, sc. 18.

  • 4Qui sait d'une manière certaine. Je suis sûr de ce que je vous dis. Je suis sûr de l'avoir entendu. Je suis sûr que cela est. Qui fait exactement ce que ma loi commande, A pour moi, dit ce Dieu, l'amour que je demande : Faites-le donc ; et, sûr qu'il nous veut sauver tous, Ne vous alarmez point par quelques vains dégoûts, Boileau, Épît. XI.
  • 5Qui ne se trompe pas. Il tire d'un déserteur, d'un prisonnier, d'un passant ce qu'il veut dire, ce qu'il veut taire, ce qu'il sait, et même ce qu'il ne sait pas ; tant il est sûr dans ses conséquences ! Boileau, Louis de Bourbon.

    Mémoire sûre, mémoire qui ne fait jamais défaut.

    Avoir le goût sûr, apprécier parfaitement la qualité des mets, des vins. Il a surtout un palais sûr, qui ne prend point le change, et il ne s'est jamais vu exposé à l'horrible inconvénient de manger un mauvais ragoût, La Bruyère, XI.

    Fig. Avoir le goût sûr, bien juger des ouvrages d'esprit. Il y a peu d'hommes dont l'esprit soit accompagné d'un goût sûr et d'une critique judicieuse, La Bruyère, I.

    On dit de même : avoir le jugement, le tact sûr.

    Main sûre, main ferme dans ce qu'elle fait. Ce chirurgien a la main sûre. Et d'un dard lancé d'une main sûre, Il lui fait dans le flanc une large blessure, Racine, Phèd. v, 6. Ai-je la main bien sûre ? dit-il [Cambyse, qui venait de tuer d'un coup de flèche le fils d'un de ses courtisans], Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 327, dans POUGENS. Non, non [ô mort], tu sais choisir ; par instants sur la terre Tu peux sembler commettre, il est vrai, quelque erreur ; Ta main n'est pas toujours bien sûre…, Musset, Poésies nouv. 13 juill.

    Ce cheval a le pied sûr, la jambe sûre, il est sûr, il ne bronche jamais.

    Avoir le coup d'œil sûr, juger à la simple vue, d'une manière suffisamment exacte, l'étendue, la distance, le volume, le poids, etc.

    Fig. Coup d'œil sûr, intelligence qui pénètre et saisit sans se tromper. Qui d'un vol plus hardi consultera les astres… Et d'un songe équivoque envoyé par les dieux Lira d'un œil plus sûr l'avis mystérieux ? Delavigne, Paria, II, 2.

  • 6En parlant des lieux, à l'abri de tout danger, à l'épreuve de toute violence. Ce port est très sûr. Tout beau, Flaminius, je n'y suis pas encore [à Rome] ; La route en est mal sûre, à tout considérer, Corneille, Nicom. IV, 4. Rien ne paraissait à la princesse Anne ni agréable, ni sûr que la solitude, Bossuet, Anne de Gonz. La mer la plus terrible et la plus orageuse Est plus sûre pour nous que cette cour trompeuse, Racine, Esth. III, 1.

    Il ne fait pas sûr en ce lieu-là, on n'y est pas à l'abri du danger.

    Il ne fait pas sûr de…, on n'est pas à l'abri de péril en… Mais savez-vous… Qu'il ne fait pas bien sûr, à vous le trancher net, D'épouser une fille en dépit qu'elle en ait, Molière, Femm. sav. v, 1.

    Mettre quelqu'un en lieu sûr, le mettre en un lieu où il n'a rien à craindre. À vous mettre en lieu sûr je m'offre pour conduite, Et veux accompagner jusqu'au bout votre fuite, Molière, Tart. v, 6.

    Mettre quelqu'un en lieu sûr, le tenir en lieu sûr, le mettre en prison ou du moins dans un lieu où l'on soit assuré de sa personne. Qu'on la tienne en lieu sûr, en attendant sa mère, Corneille, Héracl IV, 2. Venez, ce n'est pas là que je vous logerai, Et votre gîte ailleurs est par moi préparé ; Je prétends en lieu sûr mettre votre personne, Molière, Éc. des fem. v, 4.

  • 7L se dit de certaines choses dont on peut se servir sans danger. Cette échelle est sûre.
  • 8Où l'on ait de la sécurité. Je suis affligée de cette cruelle néphrétique qui accable ce pauvre homme [Lamoignon] à tout moment : point de jours sûrs, c'est un rabat-joie continuel, Sévigné, 4 fév. 1685.
  • 9Certain, dont on ne peut douter. Je vous donne cela pour sûr. L'affabilité est comme le caractère inséparable et la plus sûre marque de la grandeur, Massillon, Pet. carême, Human. des grands. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il ne tient qu'à lui d'être heureux, Diderot, Sur le livre d'Helvétius.

    Familièrement. Bien sûr ? c'est-à-dire : est-ce chose certaine ?

    L'affaire est sûre, le succès en est certain. Il est à Paris, où il suit un procès important qui est presque sûr, Marivaux, Préj. vaincu, sc. 4.

  • 10Qui doit arriver infailliblement, ou que l'on prévoit devoir arriver nécessairement. Rien n'est si sûr que la mort. Sylla par politique a pris cette mesure, De montrer aux soldats l'impunité fort sûre, Corneille, Sertor. IV, 3. L'effort où mon devoir m'engage Ne peut plus me réduire à vous donner demain Ce qui vous était sûr, je veux dire ma main, Corneille, Sur. II, 2.
  • 11Qui ne peut manquer de réussir, en parlant des choses. Je penserais comme vous si j'étais à votre place ; cette manière de jurer est fort sûre, Sévigné, 8 déc. 1679. S'il fallait faire réussir une grande affaire, d'autres auraient choisi les moyens les plus éclatants, il [M. de Lamoignon] choisissait les plus sûrs et les plus utiles, Fléchier, Lamoign. De cette passion [l'amour] la sensible peinture Est pour aller au cœur la route la plus sûre, Boileau, Art p. III.

    Aux jeux de cartes, avoir jeu sûr, avoir si beau jeu qu'il est impossible qu'on ne gagne pas.

    Fig. et familièrement. Jouer à jeu sûr, être certain du succès des moyens qu'on emploie.

    Fig. Parier à jeu sûr, à coup sûr, parier sur un fait dont on a la certitude.

    Substantivement et absolument. Le plus sûr, le meilleur moyen. Le plus sûr est de ne pas s'y fier. Ne point mentir, être content du sien, C'est le plus sûr, La Fontaine, Fabl. v, 1. Vous prendrez votre temps avec prudence, et pour le plus sûr suivant mes intérêts, Sévigné, à d'Hérigoyen, 20 juil. 1686.

  • 12Qui produit ordinairement ou, par exagération, infailliblement, son effet. Un remède sûr. C'était un javelot toujours sûr de ses coups, La Fontaine, Filles de Minée. Inutile instrument contre la perfidie, Contre un poison trop sûr dont les mortels apprêts…, Voltaire, Sémiram. I, 3.

    Avoir un coup sûr à quelque jeu, à quelque exercice, avoir un coup presque immanquable.

  • 13Pour sûr, loc. adv. Certainement, infailliblement. Courte n'était, pour sûr, la kyrielle, La Fontaine, Mari confess.
  • 14À coup sûr, loc. adv. Immanquablement. Nous réussirons à coup sûr.

REMARQUE

Pour se guider dans les sens divers de ce mot, on observera que, le sens étymologique étant securus, de sine cura, sans souci, l'acception primitive appartient aux personnes et est : qui compte fermement. De là se déduisent facilement, quant aux personnes, les autres acceptions. Quant aux choses, la première acception est où l'on est sans inquiétude, en sûreté ; celle-ci fournit ensuite les autres.

HISTORIQUE

XIe s. U par hostages vus velt faire soürs, Ch. de Rol. XVI. Soürs est Carles, ne crent hume vivant, ib. X.

XIIe s. À la curt s'en ala sainz Thomas li bon prestre, E prist les armes Deu, que seürs peüst estre, Th. le mart. 38.

XIIIe s. Car de très fin cuer [elle] l'aime [Dieu] de vrai et de seür, Berte, XLI. Ysengrin [le loup], qui grant fain endure, Se lieve à une nuit oscure, Quant toute gent se dort segure, Ren. 7425.

XIVe s. Tant est fortune plus grande, et elle est moins seure, Oresme, Éth. 229.

XVe s. Soyez seurs [veillez], et tenez vous sur vostre garde, Froissart, II, II, 58. Si croy bien qu'il y en eut de tels qui n'estoient pas bien à seur ; car coupables se sentoient, Bouciq. II, 6.

XVIe s. Et en feinte douceur Luy dit ainsi : vien ça, fais moi tout seur, Je te suppli, d'un tel crime et forfait, Marot, I, 253. Dieu est ma garde seure, Ma haute tour et fondement, Sur lequel je m'asseure, Marot, IV, 305. De ses plumes te couvrira, Seur seras sous son esle, Marot, IV, 305. Tout ce que l'on peult faire est de garder ceste ville, car tout à l'entour n'y faict point seur [il s'agit de peste], Marguerite de Navarre, Lett. 97. Je suis seure que, mais que nous soyons en vostre bonne compaignie, nous ne saurons plas avoir de mal, Marguerite de Navarre, ib. Ainsin que je voulois commancer ceste lectre par ce sur messaiger, cele qu'il vous a pleu escripre est arrivée, Marguerite de Navarre, ib. 38. Pour le plus seur, Montaigne, I, 25. Je marche plus seur et plus ferme à mont qu'à val, Montaigne, I, 161. La plus seure assiette de nostre entendement et la plus heureuse, ce seroit celle…, Montaigne, II, 318. Avoir les mains seures au bien de son maistre, et ne desrobber point, La Boétie, 218.

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Étymologie de « sûr »

De l'ancien français seür (« sûr, en sécurité »), lui-même issu du latin securus (« libre de souci »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bourguig. et Berry, seur ; provenç. segur ; espagn. seguro ; ital. sicuro ; du lat. securus, de se, pour sine, sans, et cura, soin, souci.

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Phonétique du mot « sûr »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sûr syr

Fréquence d'apparition du mot « sûr » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sûr »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sûr »

  • Rien n'est moins sûr que l'incertain.
    André Isaac, dit Pierre Dac — L'Os à moelle, Julliard
  • Elon Musk dit souvent qu'il rêve de coloniser Mars. Aucun programme concret n'existe, mais Gwynne Shotwell a répété le credo dimanche: la mission de Dragon doit être vue "comme un tremplin pour faire des choses encore plus dures, comme le programme Artemis et, bien sûr, aller sur Mars".
    DH Les Sports + — La capsule SpaceX a ramené sur Terre deux astronautes, une première - DH Les Sports+
  • Technologie : L'arrivée d'Amazon sur le marché de l'internet satellitaire pourrait redistribuer les cartes d'un marché dominé par SpaceX. Suffisant pour faire vaciller la société d'Elon Musk ? Rien n'est moins sûr.
    ZDNet France — L'arrivée d'Amazon sur le marché de l'internet satellitaire, un coup dur pour SpaceX ? - ZDNet
  • Un homme sûr vaut son pesant d'or et d'argent.
    Théognis, de Mégare — Élégies, I, 77-78 (traduction J. Carrière)
  • "Me retrouver, moi, premier, au classement TripAdvisor, bien sûr ça fait plaisir", explique Gilles Goujon. Un succès qu'il trouve d'autant plus incroyable au vue de "toutes les possibilités par rapport aux millions de restaurants qu'il y a dans le monde" et ce d'autant plus que "c'est complètement différent parce que là c'est un classement qui est réalisé par les clients" et non par des professionnels. Une bonne nouvelle, d'autant plus agréable qu'elle "arrive après une période compliquée, qui n'est pas terminée, donc c'est très bien".
    Europe 1 — L'Auberge du Vieux-Puits sacrée meilleur restaurant du monde sur TripAdvisor
  • David W. Brown : Le lancement de Perseverance est bien sûr un moment excitant pour les sciences planétaires. La "communauté martienne" tout autour du monde travaille depuis plus de 30 ans à une mission de retour d'échantillons. Et Perseverance est la première étape pour ramener un sol martien vierge à analyser sur Terre. 
    Franceinfo — Perseverance : pourquoi les projets de la Nasa sur Mars agacent certains scientifiques
  • Tous les participants portent, comme les organisateurs l'avaient demandé, un tee-shirt blanc, et pour beaucoup un masque, « non obligatoire mais conseillé ». Parmi les participants à cette marche blanche, beaucoup de jeunes gens qui connaissaient Ibrahim, ses proches bien sûr et des familles « bouleversées par autant de violence ».
    leparisien.fr — Vigneux-sur-Seine : près de 300 personnes rendent hommage à Ibrahim, tué par balles - Le Parisien
  • Le plus sûr est donc de n'être sûr de rien.
    François Marie Arouet, dit Voltaire — Singularités de la nature
  • juste un détail, c'est 31 juillet et 6 août, sauf bien sûr si estimez que la mort de Jean Jaurès et que la bataille de Reichshoffen (♪ ♫) sont des événements historiques de tête de gondole !
    ladepeche.fr — Une nouvelle vague de chaleur va déferler sur la France en fin de semaine prochaine - ladepeche.fr
  • bravo aux parents de s'être réfugiés, avec leurs enfants, derrière le muret en béton, cela leur a sûrement évité un drame. Tous , hélas, ne pensent à faire ce geste pourtant conseillé, en cas de panne et de voiture immobilisée sur la bande d'arrêt d'urgence.
    Lyonmag.com — Près de Lyon : quatre véhicules accidentés sur l’A89, neuf blessés (màj)
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Traductions du mot « sûr »

Langue Traduction
Anglais sure
Espagnol sobre
Italien sicuro
Allemand sicher
Chinois 当然
Arabe بالتأكيد
Portugais certo
Russe конечно
Japonais 承知しました
Basque ziur
Corse sicuru
Source : Google Translate API

Antonymes de « sûr »

Combien de points fait le mot sûr au Scrabble ?

Nombre de points du mot sûr au scrabble : 2 points

Sûr

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