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Retirer

Définitions de « retirer »

Trésor de la Langue Française informatisé

RETIRER, verbe

1reSection. [Re- exprime l'inversion d'un mouvement centrifuge]
I. − Empl. trans.
A. − Vieilli. Retirer (qqc.) en arrière, vers soi, etc.
1. Inverser le sens d'un mouvement, en tirant vers soi. Les deux jolis ruisseaux s'arrêtaient alors et rebroussaient de cours; le lac les retirait à lui comme avec un effroi de tendre mère (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 159).
Empl. abs. Gabrielle, défendant sa gaine en la maintenant des deux mains par le bord: Laissez-moi! Laissez-moi! Le Général, tirant à lui par le pompon: Mais jamais de la vie! Gabrielle, retirant à elle par les bords: Laissez-moi! (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, ii, 10, p. 54).
2. [Le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Synon. de rétracter, rentrer.[Le cheval] releva deux ou trois fois la tête, roulant un œil déjà vitré, retirant en arrière ses lèvres blanches d'écume (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 81):
1. ... l'animal a été obligé de faire d'autres efforts pour retirer en arrière ces griffes trop saillantes et crochues qui le gênoient; et il en est résulté, petit à petit, la formation de ces gaînes particulières, dans lesquelles les chats, les tigres, les lions, etc., retirent leurs griffes lorsqu'ils ne s'en servent point. Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 258.
[Le suj. désigne une plante] [Les plantes] fermaient leurs feuilles, elles crispaient leurs anthères, elles retiraient leurs pétales au fond de leur calice (Sand, Lélia, 1833, p. 125).
B. − Retirer (qqc.) de quelque part
1. Ôter, sortir (une chose) de, en tirant. Retirer la clef de la serrure, la casserole du feu, deux blessés de dessous les décombres. M. le marquis ne reçoit personne, répondit le valet en avalant une énorme mouillette qu'il retirait d'un large bol de café (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 197).Et maintenant, elle [la mère] reposait brisée, mais comme une gangue dont on a retiré le fruit (Saint-Exup., Terres hommes, 1939, p. 257).
[Le compl. désigne une partie du corps] Avant mon voyage, je lui prenais la main, elle la retirait; aujourd'hui je retire ma main, elle la saisit et la serre (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 79).C'était la honte qui l'empêchait maintenant de retirer son bras (Radiguet, Bal, 1923, p. 113).
Retirer la tête. Dégager sa tête, en reculant. Diable! se dit-il tout à coup, en retirant la tête de la fenêtre, comme s'il eût craint d'être reconnu (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 157).
[Le compl. d'obj. désigne ce qui recouvre qqc.] Retirer sa cravate, sa veste. Elle appuie sa tête contre lui, mais son chapeau la gêne. Elle le retire d'une main incertaine et le pose sur ses genoux (Colette, Cl. Paris, 1901, p. 247).Elle ôta d'abord ses souliers, puis retira ses bas, comme on pèle un fruit, d'un geste long et brusque qui dénudait d'un coup sa chair (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 584).
Loc. fig.
Retirer son épingle du jeu (usuel avec tirer, v. épingle B 1 b ex. de Ponge). Se dégager d'une affaire en récupérant sa mise. − Hé, dans ces affaires-là, chacun s'en tire comme il peut, chère enfant! dit Gigonnet (...). Il y a de gros bonnets qui pensent à retirer leur épingle du jeu. − Bon! bon! Je vais retirer ma noisette (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 348).
Retirer les marrons du feu (usuel avec tirer, v. marron1A 1). Je l'aime, moi, cette honnête bourgeoisie qui a pris la Révolution en horreur depuis qu'elle n'a plus rien à y gagner (...) Laissons-lui (nous, les nobles), retirer nos marrons du feu, ventre-saint-gris! (Augier, Fils Giboyer, 1862, p. 18).
Retirer un poids de dessus (la conscience) à qqn. Ton petit billet de ce matin m'a retiré un grand poids de dessus l'estomach; allons, tant mieux! nom d'une balle! (Flaub., Corresp., 1861, p. 274).
2. Prendre possession (de ce qu'on a laissé en dépôt, de ce qu'on a réservé). Retirer ses bagages de la consigne. Elle n'avait pas voulu retirer l'argent tout d'une fois (Zola, Assommoir, 1877, p. 486).
Récupérer, moyennant paiement, ce qui était engagé. Il avait ordre de lui compter la somme de quinze cents livres, pour retirer un billet qu'elle avait entre les mains (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 112).Vous avez vu, il lui a racheté ses chevaux, il lui a retiré ses bijoux (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 248).
3. Annuler (ce qui a été engagé dans le cadre d'une procédure, ce qui a été annoncé officiellement). Retirer sa candidature, sa plainte, un projet de loi. À défaut d'accord sur le prix, le propriétaire peut retirer son offre de vente (Gds ensembles habit., 1963, p. 9).
Retirer un cheval (d'une course). Ne pas le faire participer à une course dans laquelle il était engagé. Des messieurs pointaient sur des programmes; Pichenette, retirée par son propriétaire, causait une rumeur (Zola, Nana, 1880, p. 1396).
4. Interrompre la distribution, la diffusion d'un produit. Retirer un billet de la circulation.
Retirer une pièce du répertoire, de l'affiche, un film des programmes. Et bien, est-ce vrai? Votre pièce [de E. et J. de Goncourt] est retirée par ordre? Pourquoi? J'imagine que votre préface n'est pas étrangère à cela (Flaub., Corresp., 1865, p. 190).
Retirer une marchandise de la vente, du commerce. Le fait qu'un tiers des viandes retirées de la consommation sont saisies pour tuberculose prouve la fréquence et l'importance de la maladie (Qq. aspects équip. agric., 1951, p. 39).
5. Retirer (un mot, un propos). Renoncer à affirmer (quelque chose). Synon. revenir sur, renier.Il y a des gens qui retirent volontiers ce qu'ils ont dit, comme on retire une épée du ventre de son adversaire (Renard, Journal, 1901, p. 711):
2. yvonne: Trop commode! Non, non, non... Je parlerai. Chacun son tour. Et, moi vivante, jamais tu n'épouseras cette ordure. michel, bondit: Tu vas retirer ce mot. yvonne, au visage de Michel: Ordure, ordure! ordure! Cocteau, Parents, 1938, I, 4, p. 210.
6. Retirer qqn de.Faire quitter (à quelqu'un) un lieu, une institution qu'il fréquentait. Retirer ses enfants de l'école. J'accompagnai mon père et ma mère au couvent des Carmélites de la rue de Grenelle, pour en retirer ma sœur aînée, qui devait se marier quelques jours après (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 113).
Faire retirer qqn (vx.).Lui faire quitter un lieu. Madame, continua-t-il en s'adressant à la reine, faites retirer cette jeune fille, elle n'est pas en état d'être vue (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 195).
Laisser retirer (vx), laisser se retirer (mod.).Les mameluks lui mandèrent [au pacha] que, s'il voulait les laisser retirer avec leurs armes et leurs chevaux, on lui ouvrirait les portes de la ville (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 263).
Littér., au fig. Synon. de arracher, dégager, sortir (d'une situation difficile).Donc à Wagram, en 1809, je n'étais pas militaire, mais au contraire adjoint aux commissaires des guerres, place où mon cousin M. Daru m'avait mis pour me retirer du vice, suivant le style de ma famille (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 20):
3. Il la confessa donc, et le résultat de cette confession fut de retirer la jeune fille du désordre où plusieurs hommes considérables l'avaient entraînée; l'abbé Carron la mit à l'abri de toutes poursuites dans un couvent. Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 157.
C. − Retirer qqc. (à qqn)
1. Ôter, enlever. Retirer des vêtements, un pansement à qqn. Quand on lui retira son bandeau, il se trouva dans une chambre charmante, seul avec une inconnue décolletée et masquée (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 134).
Retirer qqc. des mains (de qqn). Suzanne quitta la pose, vint jusqu'au jeune homme, lui retira des mains la palette avec précaution (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 209).
Loc. fig.
Retirer une épine* du pied. Synon. arracher*, enlever, ôter une épine du pied.
Retirer le pain de la bouche*.
2. Au fig. Cesser d'accorder (ce que l'on avait accordé, donné). Retirer son agrément, son amour, sa caution, sa confiance. Vous avez compté sur mon appui et je vous le retire (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 269).Tout en le plaignant, [elle était portée à] lui retirer son cœur (Balzac, Annette, t. 1, 1824, p. 56).Empl. pronom. réfl. Ce qui ne se comprendra plus, car on s'est retiré tout moyen et tout fondement de généralisation (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 38).
Retirer la parole. Je mets aux voix l'exclusion temporaire de la salle des séances! Je vous retire la parole! glapit le fausset du président (Vogüé, Morts, 1899, p. 374).
Supprimer la jouissance (d'un titre, d'un droit), l'exercice (d'un mandat). Retirer la citoyenneté, la garde d'un enfant, le permis de conduire. Son avoué lui faisait craindre un procès de famille pour lui retirer son majorat (Maurois, Ariel, 1923, p. 159).
D. −
1. Extraire (une substance) de. Divers produits [sont] retirés de ces huiles par l'acide sulfurique (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 16).Le traitement doit être mis en œuvre dès que la ponction lombaire a permis de retirer un liquide louche ou purulent, sans attendre les résultats du laboratoire (Quillet Méd.1965, p. 359).Empl. pronom. passif. L'opium (...) [peut] se retirer des différentes espèces de pavots, répandues presque en tous lieux par la nature (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 202).
P. ext. Récupérer. Pierret m'apprend que les belles tapisseries [de Rubens] se sont vendues à deux cents francs pièce (...) Un chaudronnier les a achetées pour les brûler et en retirer le métal (Delacroix, Journal, 1852, p. 447).
2. Au fig. Obtenir (un gain, un profit d'un investissement, d'une affaire, d'une activité économique). Teissier a fait des affaires toute sa vie; il en a retiré un capital considérable qui est bien à lui et que personne ne songe à attaquer (Becque, Corbeaux, 1882, iv, 6, p. 230).Dès le XIIesiècle, les ports du nord de la France, Boulogne, Calais, retirent de grands avantages de la pêche du hareng et de son commerce (Boyer, Pêches mar., 1967, p. 7).
P. ext. Obtenir (un résultat). Retirer de qqc. l'impression que... L'action, l'action dans le sens du bien, n'était pas inutile! Il en retira un allègement, une sensation d'exaltation et de bonheur immense (Van der Meersch, Invas 14, 1935, p. 144).Nous faisons de l'histoire comme on lit du Balzac (...) Dans les deux cas, nous retirons de notre aventure une leçon d'humanité (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 250).
E. − Vx. Retirer qqn.Lui accorder refuge, lui assurer un lieu de retraite. Synon. recueillir.Il (...) bâtit lui-même une espèce d'infirmerie, qu'il recouvrit de paille, dans le dessein d'y retirer les esclaves qui manquoient d'abri (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 509).Mon bonheur [Napoléon] eût été grand de retirer quelques vétérans civils et militaires (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 650).
Retirer qqn à soi. [Dans le lang. eccl.] Recueillir après la mort. Synon. rappeler, reprendre.Clélia prétendait qu'il ne fallait pas tenter Dieu; que ce fils si chéri était le fruit d'un crime, et que, si encore l'on irritait la colère céleste, Dieu ne manquerait pas de le retirer à lui (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 477).
II. − Empl. pronom.
A. −
1. [Le suj. désigne un être animé] Se mettre à l'écart de, s'éloigner de, sortir de.
a) Se retirer de.Se retirer du passage, du chemin de qqn. Des demi-cloisons, placées pour couper le vent lorsque les glaces étaient abaissées, ménageaient des coins d'ombre que les amoureux avaient choisis (...). Ils s'étaient retirés du mouvement, les heures ne comptaient plus (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 168).
Rare. [Avec un adv. de lieu, au lieu du compl. en de] Jeanne le vit et poussa un cri de joie... Il était vivant! Et puis elle se retira brusquement en arrière et retomba sans force et sans voix sur un siège (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 415).
Loc. fig.
Se retirer de la lice. [Forster] me dit qu'il s'est retiré de bonne heure de la lice et blâme les artistes qui s'exposent trop longtemps à la critique (Delacroix, Journal, 1861, p. 321).
Se retirer du monde. Cesser de mener une vie mondaine, publique. Tous appartenaient à la monarchie tombée, et s'étaient retirés du monde avec elle (Fromentin, Dominique, 1863, p. 68).Mener une vie d'anachorète, faire retraite dans une institution religieuse. C'est l'histoire d'un bonhomme qui s'est retiré du monde pour devenir un saint (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 85).
Se retirer (d'un mauvais pas, d'une situation fâcheuse, etc.) (vieilli). Se sortir de, se dégager de. Je découvris quelque chose de blanc et de glacé, qui semblait attendre un moyen de se retirer de cette fâcheuse situation (Janin, Âne mort, 1829, p. 133).
Se retirer de table avant le dessert (pop.). Interrompre le coït. Comment (...) ne pas avoir d'enfant? − C'est bien simple: mon homme (...) se retire de table au moment du dessert (Rossignol, Dict. arg., 1901, p. 94).
b) Se retirer à, dans, sous, etc.Le reporter s'était retiré au fond d'un obscur couloir, après avoir sommairement noté les incidents de ce jour (Verne, Île myst., 1874, p. 43).
Se retirer dans ses appartements ou absol. se retirer. Quitter une compagnie, une société de gens pour s'isoler chez soi, dans ses appartements privés. V. appartement ex. 6.
Se retirer sous sa tente*. Au fig. Cesser de participer à. À l'heure où l'avion était encore dans les limbes, où Ader, découragé par l'incompréhension de l'armée, s'était déjà retiré sous sa tente, c'était le dirigeable qui paraissait être l'avenir (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 355).
c) Empl. abs. Sortir. La comtesse rentre, suivie de Charles, qui pose sur un siège les vêtements du baron et se retire (Hermant, M. de Courpière, 1907, i, 8, p. 8).[Napoléon] n'était pas bien à dîner; il n'a pu faire ses parties d'échecs accoutumées; il s'est retiré souffrant aussitôt après la première partie (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 381).[Dans une formule par laquelle on donne congé] − Non, monsieur, non... Je vais vous dire encore... − Vous pouvez vous retirer (Saint-Exup., Vol nuit, 1931, p. 131).
2. Au fig.
a) Se retirer (des affaires). Cesser d'avoir une activité économique (en parlant d'un entrepreneur). Retirés des affaires, les paisibles rentiers des deux villes se croisaient, tout bonnement, sur la route en rentrant chez eux (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 252).
P. iron. [Le suj. désigne un brigand, un gangster, une prostituée] Vous n'êtes pas homme à vous retirer des affaires! − Excusez-moi, répondit-il avec une certaine hauteur: j'ai dit adieu au brigandage, et pour toujours (About, Roi mont., 1857, p. 284).
Empl. abs. Cesser d'exercer. Synon. se démettre, démissionner.Dans un régime conventionnel, la subordination de l'exécutif ne lui permet pas de poser la question de confiance. Il est à la disposition de l'Assemblée, il doit se retirer si celle-ci lui retire sa confiance, mais il ne peut poser des conditions à l'Assemblée (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 464).
[Avec un compl. circ. de lieu] Je suis toujours d'accord pour donner un coup de main aux corps francs, je leur passe des renseignements chaque fois que je le peux... L'argent, c'est autre chose... Ce serait reconnaître qu'ils sont plus capables que nous de l'utiliser avec efficacité, dans ce cas autant passer la main et nous retirer à la campagne (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 181).
b) Vieilli. Se retirer de qqn.Prendre ses distances vis-à-vis de quelqu'un. Synon. se détacher, s'éloigner, se détourner.Il l'avait aimée d'abord d'un amour inquiet et charmant, comme tout sentiment qui s'ignore; puis, en voyant Hélène se retirer brusquement de lui, d'un amour silencieux et farouche (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 310).Nous fûmes laborieux. D'où vient qu'on se retire de nous? Faut-il qu'un honnête homme fasse, une fois au moins, scandale, pour se ménager une vieillesse? (Bernanos, Joie, 1929, p. 628).
3. [Le suj. désigne une armée] Reculer. Synon. battre en retraite*.Tous les convois de la 2earmée se sont retirés en très bon ordre. Le 20ecorps se reconstituera rapidement, le 16eassez rapidement, le 15eplus difficilement. On ne parle plus de se retirer au delà de la Moselle (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 286).
Au fig. Elle me dit aussi que ce couple, bien qu'il fût toujours en désaccord, ne s'était jamais disputé, chacun se retirant lorsque l'autre avançait (Lacretelle, Am. nupt., 1929, p. 63).
4. [Le suj. désigne un fluide, de la lumière] Abandonner un lieu temporairement occupé. Synon. refluer.La mer se retire. Insensiblement la clarté du jour se retira de ces douces vallées, et les riantes couleurs des prairies s'éteignirent dans un pâle crépuscule (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 44).Les eaux s'étaient retirées en laissant des taches de fange à tous les murs et à tous les arbres (About, Roi mont., 1857, p. 221).
Au fig. Qu'as-tu mon Calyste? lui dit sa mère à l'oreille. − Rien, répondit-il en montrant des yeux d'où la lumière et le feu de l'amour s'étaient retirés (Balzac, Béatrix, 1839, p. 200).J'ai eu tort de demander cela. La vie se retire complètement de son visage (Sartre, Nausée, 1938, p. 177).
B. − Vieilli. [Le suj. désigne une substance] Se contracter, se recroqueviller. Ses fibres tenaces se prêtent à tous les efforts; elles obéissent à la main, et s'allongent sans peine: rendues à elles-mêmes, elles se retirent vivement, et reprennent leur première forme (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 203).La pièce, en cuisant et se retirant, tourne un peu (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 169).
P. métaph. Le monde [le long d'une ligne de chemin de fer] s'étire s'allonge et se retire comme un accordéon qu'une main sadique tourmente (Cendrars, Du monde entier, Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, 1913, p. 44).
C. − Vx. Se retirer sur.Récupérer son profit sur. Synon. se rattraper sur.Ceux qui, malgré la foule immense des malheurs particuliers, attribuent un certain genre de bonté à la nature, la considèrent comme un spéculateur en grand qui se retire sur le nombre (Staël, Allemagne, t. 5, 1810, p. 156).Vu le grand nombre d'exemplaires, Engelmann diminuera ses profits en se retirant sur la quantité (Mérimée, Lettres Delessert, 1840, p. 2).
III. − Empl. intrans., vx. Retirer à, de.Ressembler à. Synon. usuel tirer sur.Qu'ils étaient beaux vraiment ces vieux dragons horrifiques, endentés jusqu'au fond de la gueule, vomissant des flammes, couverts d'écailles, avec une queue de serpent, des ailes de chauve-souris, des griffes de lion, un corps de cheval, une tête de coq, et retirant au basilic! (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 354).Mais je vous dis, moi, que si Mariette est bonne aussi (...) c'est d'une manière qui ne retire pas de la vôtre (Sand, Fr. le Champi, 1848, p. 173).
2eSection. Empl. trans., rare. [Re- exprime l'itération]
I. −
A. − Exécuter un nouveau tirage (d'une œuvre imprimée, d'une photographie). Tu tiens le succès, le grand succès. On en demande cinq cents par jour, je retire à dix mille, et ça ne fait que commencer (L. Daudet, Qd vivait mon père, 1940, p. 17).
B. − Tirer à nouveau au sort. (Dict. xixeet xxes.).
II. − Exécuter un nouveau tir (Dict. xixeet xxes.).
REM. 1.
Retirade, subst. fém.,vx. a) Fortif. Synon. de réduit, retranchement (Dict. xixeet xxes.).b) Synon. de retraite.[Le jeune Béarnais:] Avant la retirade du soir et la prière (...) on jouerait un peu (D'esparbès, Roi, 1901, p. 49).
2.
Retiraison, subst. fém.,transp. ,,Enlèvement d'une marchandise`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). Synon. retrait.
3.
Retirance, subst. fém.,vx. a) Lieu de retraite, gîte. Ma grand'mère me donne-t-elle la moindre chose, si ce n'est la retirance et le manger? (Sand, Pte Fad., 1849, p. 164).b) Ressemblance. [Le Champi] surprit dans la mignonne figure de cette mignonne jeunesse une retirance assez marquée de la figure chagrinante du défunt meunier (Sand, Fr. le Champi, 1848, p. 122).
4.
Retirée, subst. fém.,vx. ou région. Gîte, hébergement. [Marie à M. le curé:] On refusait partout de me donner la retirée (Fabre, Oncle Célestin, 1881, p. 395).Rare. Marée descendante. Il pensa que le lendemain de Noël on serait au vingt-septième jour de la lune, et que par conséquent la haute mer serait à trois heures vingt et une minutes, la demi-retirée à sept heures quinze, la basse mer à neuf heures trente-trois, et la demi-montée à douze heures trente-neuf (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 124).
5.
Retirure, subst. fém.,fond. Cavité dans une pièce résultant de la contraction ou d'une quantité insuffisante de métal. Synon. retassure. (Ds Chesn. t. 2 1858, Fonderie 1979).
Prononc. et Orth.: [ʀ ətiʀe], (il) retire [-ti:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Trans. et intrans. A. Trans. 1. 1160-74 « faire revenir en arrière, ramener à soi par un mouvement de retrait » ses rednes... retire (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3973); [1585 retirer son espingle du jeu (Contes d'Eutrapel ds Dochez 1860)]; 1595 retirer son espingle (11 déc., Lett. miss. de Henri IV, t. IV, p. 475 ds Gdf. Compl., s.v. espingle); 2. a) ca 1485 « tirer quelqu'un d'un lieu où il était entré » (Myst. V. Testament, éd. J. de Rothschild, t. 3, p. 13, vers 17819: sa, la main pour vous retirer); en partic. 1667 [éd.] retirer du tombeau (La Fontaine, Oraison de St Julien, 196 ds Œuvres, éd. H. Regnier, t. 4, p. 256); b) ca 1485 « tirer quelqu'un d'une situation fâcheuse » retirer de misère le povre estat d'humanité (Myst. V. Testament, p. 32, vers 18259); 3. a) ca 1590 [éd.] « faire quitter à quelqu'un par voie d'autorité une place » retirant ses soldats (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, III, p. 360); b) 1742 retirer une pièce « en faire cesser l'étude ou la représentation » (Alexandre ds Fér. 1788); 4. 1636 « rentrer en possession de quelque chose qui était déposé quelque part, moyennant certaines formalités » retirer son argeant deuers le banquier (Monet); 1690 retirer son enjeu (Fur.); 5. 1832 « enlever ce qui a été mis pour couvrir, protéger » retirer son chapeau (Delavigne, Louis XI, II, 13, p. 84). B. 1. [xiiies. « reprendre à quelqu'un ce qui avait été accordé; le dépouiller de ce qu'il possédait » tous les biens sont retirés et ravis (Th. de Navarre ds Dochez 1860)] 1875 retirer les morceaux [de pain] de la bouche de qqn (Zola, Faute Abbé Mouret, p. 1428); 2. xives. « tirer d'une chose ce qu'elle produit » (Valenciennes, acte du xives. relevé par M. Caffiaux ds La Curne); 3. 1553 « cesser d'accorder à quelqu'un un avantage » retirer sa miséricorde de nous (La Bible, s.l., impr. J. Gérard, II Macc., 6, 16); 4. a) 1664 « cesser de présenter quelque chose » retirer sa parole « se dégager d'une promesse » (Molière, Mariage forcé, 8); b) 1771 retirer sa prière (Volt., Lett. Schomberg, 13 mars ds Littré); 5. 1536 « conduire quelqu'un en lieu sûr pour qu'il y trouve asile » (M. Du Bell[ay] ds Littré). C. Intrans. 1538 retirer à « ressembler à » (Est.). D. Trans. 1. 1611 « tirer de nouveau avec une arme » (Cotgr.); 2. 1718 « tirer de nouveau au sort » retirer une loterie (Ac.); 3. 1886 « effectuer un nouveau tirage d'un ouvrage » (Goncourt, Journal, p. 566). II. Pronom. A. 1. a) xves. « s'éloigner du lieu où l'on se trouve » (Perceforest, t. I, f o50 ds Littré, s.v. vent); b) ca 1485 « aller s'établir dans un endroit tranquille pour s'isoler » Apart je me retiray (Myst. V. Testament, p. 423, vers 27042); en partic. 1559 part. passé adj. vie retirée « qui s'écoule à l'écart du monde » (Amyot, Numa, 9 ds Littré); fin xvies. id. « (d'un endroit) à l'écart, peu fréquenté » (D'Aub., Hist., I, 186, ibid.); 1588 [éd.] « qui vit à l'écart du monde » retiré et casanier (Montaigne, op. cit., I, XIII, p. 266); c) 1580 « rentrer en soi-même, s'absorber dans ses pensées » retirez-vous en vous (Id., ibid., I, XXXIX, p. 247); 2. 1538 « cesser d'exercer une activité » (Est.); cf. ca 1590 [éd.] se retirer de toute occupation civile et militaire (Montaigne, op. cit., I, XXXIV, p. 242); d'où 1811 part. passé adj. « qui a cessé toute activité, qui a pris sa retraite » tel bon marchand... retiré des affaires (Jouy, Hermite, t. 1, p. 141). B. 1. a) Ca 1485 milit. « faire mouvement vers l'arrière » (Myst. V. Testament, p. 331, vers 24904); cf. 1579 retirez vous, soldats (Garnier, Troade, V, 2409, t. 2, p. 160); b) 1688 « se porter légèrement en arrière, s'écarter de » (Saci, Bible, Job, XXIX, 8 ds Littré); 2. a) ca 1500 « en parlant de la mer, s'éloigner du rivage » ici part. passé adj. mer retirée « marée basse » (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, I, 204); 1691 se retirer (Ozanam, p. 361); b) 1553 « (d'une rivière) rentrer dans son lit après avoir débordé » (La Bible, Gen. 8, 3); c) 1580 « (d'un liquide), couler en sens contraire du sens normal » le sang retiré (Garnier, Antigone, III, 1073, t. 3, p. 39); 3. a) 1508 [éd.] se retirer de qqc. « renoncer à s'y adonner » se retirent de plusieurs vices (Eloy d'Amerval, Le Livre de la diablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p. 138); b) 1553 « s'éloigner de quelqu'un, cesser de le fréquenter » (La Bible, Psaumes, 6, 9); c) 1672 le Seigneur se retire « il n'accorde plus sa grâce » (Saci, op. cit., Juges, XVI, 20 ds Littré); 1691 Dieu se retire (Racine, Athalie, I, 1); 4. 1530 « se resserrer sur une ou deux dimensions » ma bourse de cuyr s'est retirée (Palsgr., p. 705); 5. 1687 « (en parlant de choses abstraites) disparaître peu à peu » (Fontenelle, Oracl., III, 5 ds Littré). Comp. du préf. re-* et de tirer*. Fréq. abs. littér.: 7 055. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 12 452, b) 11 597; xxes.: a) 8 198, b) 8 231. Bbg. Hope 1971, p. 149, 219 (s.v. retirade).

Wiktionnaire

Verbe - français

retirer \ʁə.ti.ʁe\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Tirer à nouveau.
    • Le livre a été retiré à 5 000 exemplaires.
  2. Ramener en arrière, ramener à soi.
    • Retirer sa main, son bras, sa tête pour éviter un coup.
    • L’assassin retira son poignard ruisselant de sang.
  3. Tirer une personne, une chose d’un lieu où elle avait été mise, où elle était entrée.
    • Retirer un enfant du collège.
    • Retirer un seau du puits.
    • Retirer de l’argent d’une banque.
    • Retirer la clef de la serrure.
    • (Figuré) Retirer quelqu’un d’un mauvais pas.
  4. (Figuré) Reprendre, enlever.
    • Ils avaient retiré leur tunique, posé leur épée à terre, et ils s’acharnaient superbement à la besogne. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 349 de l’édition de 1921)
    • Retirer quelque chose à quelqu’un.
    • Il lui a retiré sa confiance.
    • Je retire ce que j’ai dit.
  5. Faire sortir de.
    • Retirer la paire de lunette de son étui.
    • Retirer l’épée de son fourreau.
  6. (Pronominal) S’en aller ou s’éloigner d’un lieu.
    • Le Saufconduit donné pour un tems marqué expire au bout du terme; & si le porteur ne s’est point retiré avant ce tems là, il peut être arrêté, & même puni. — (Emer de Vattel, Le droit des gens ou principes de la loi naturelle, livre 3, page 231, 1758)
    • Puis, quand il me croit endormi, il se retire à pas de loup pour aller continuer son concert dans la tente de mes gens. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 103)
    • Une jeune soubrette, […], emplit les verres, déposa sur le guéridon deux cendriers, une boite vierge d’abdullahs et se retira discrètement. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • D’ordinaire, à la fin de nos soupers frugaux (ce soir-là, soupe à l'oignon, les oignons de printemps étant de saison, et en dessert un pain perdu à sa manière), je me contentais de la remercier d'un signe de tête et me retirais dans ma chambre […]. — (Nancy Springer, Les enquêtes d'Enola Holmes : L'énigme du message perdu, traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassallo, éd. Nathan, 2010, 2013, chap. 1)
  7. Quitter la profession qu’on exerçait, le genre de vie qu’on menait.
    • Il s’est retiré du barreau.
    • Il s’est retiré du monde.
    • Il s’est retiré des affaires.
  8. Aller dans un lieu pour y établir sa retraite.
    • Arnhem est une très jolie ville d’environ soixante mille habitants, […]. C’était là que se retiraient avant la guerre et depuis longtemps les commerçants hollandais qui avaient fait fortune aux Indes. — (Georges Blond, L’Agonie de l’Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, page 98)
  9. Se dit des eaux qui rentrent dans leur lit après avoir monté, après avoir débordé.
    • La rivière se retire.
    • Les eaux commencent à se retirer.
    • La mer se retire fort loin dans cette baie à marée basse.
    • La mer se retire, elle est dans le reflux.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RETIRER. v. tr.
Tirer de nouveau. Cette loterie a été mal tirée, il faut la retirer. Il signifie aussi Ramener en arrière, ramener à soi. Retirer sa main. Retirer son bras. Retirer sa tête pour éviter un coup. L'assassin retira son poignard ruisselant de sang.

RETIRER signifie encore Tirer une personne, une chose d'un lieu où elle avait été mise, où elle était entrée. Retirer un homme de prison. Retirer un enfant du collège. Retirer un seau du puits. Retirer des effets qui étaient en gage. Retirer de l'argent d'une banque. Retirer la clef de la serrure. Fig., Retirer quelqu'un d'un mauvais pas. Retirer une pièce de théâtre, En faire cesser l'étude ou les représentations. L'auteur retira sa pièce à la troisième représentation. Retirer son enjeu, Reprendre ce qu'on avait mis au jeu; et, figurément, Se retirer d'une entreprise, d'une affaire où l'on courait quelques risques. Fig. et fam., Retirer son épingle du jeu, Se dégager d'une affaire, d'une intrigue dangereuse. On dit plutôt aujourd'hui : Tirer son épingle du jeu. Fig., Retirer quelqu'un du vice, de la débauche, etc., Faire en sorte qu'il ne s'y livre plus.

RETIRER signifie, au figuré, Reprendre, enlever. On lui a retiré son emploi, sa jonction. Retirer sa parole, Se dégager de la promesse qu'on avait faite, de la parole qu'on avait donnée. Retirer son amitié, sa protection, son estime, sa confiance, etc., Cesser de les accorder. On dit dans un sens analogue, en langage de dévotion : Dieu retire sa grâce. Retirer son compliment, Ne pas faire un compliment qu'on voulait faire, ou Le rétracter quand on l'a fait. Retirer un mot, Demander qu'un mot qui vous est échappé soit regardé comme non avenu. Je retire ce que j'ai dit. Dans le langage politique, Retirer une proposition, un projet de loi se dit Quand celui qui les avait soumis à une assemblée demande qu'ils ne soient pas l'objet d'une discussion ou d'un vote. Le gouvernement retira le projet de loi. Retirez-vous votre amendement? Retirer sa proposition se dit aussi dans le langage ordinaire. Je vous avais demandé si vous vouliez entrer dans cette affaire, je retire ma proposition.

RETIRER, en parlant des Choses qui produisent un revenu, signifie Percevoir, recueillir. Savez-vous combien il retirait de sa charge? Il retire tant da cette maison, de cette ferme. Il s'emploie figurément dans cette acception et il se dit en bonne et en mauvaise part. Retirer de la gloire, retirer de grands avantages de quelque chose. Au lieu du profit qu'il espérait, il n'en a retiré que de la honte et du mépris.

SE RETIRER signifie S'en aller, s'éloigner d'un lieu. Une visite plus longue pourrait vous fatiguer, je me retire. Faites en sorte que cet importun se retire. Dès que l'armée parut, les ennemis se retirèrent en bon ordre, en désordre. On lui donna l'ordre de se retirer. Il fit retirer tout le monde. Se retirer d'un concours, Cesser d'y prendre part. En termes de Jeu, Ce joueur se retire, Il quitte le jeu. Se retirer sur sa perte, sur son gain, Quitter le jeu lorsqu'on perd, lorsqu'on gagne, après un succès, sans attendre de risquer un changement, un retour. Fig. et fam., Se retirer sur la bonne bouche, Quitter la conversation, le jeu, etc., après un succès, sans attendre et risquer un changement, un retour. Se retirer de quelqu'un, S'en éloigner, rompre la liaison qu'on avait avec lui. Tous ses amis se retirèrent de lui. Dans le style religieux, Dieu s'est retiré de lui.

SE RETIRER signifie également S'en aller rentrer chez soi, dans sa chambre, etc. Ils se retirèrent chacun chez soi. Elle se retira dans son appartement, pour donner libre cours à sa douleur. Il se dit quelquefois, absolument, d'une Personne qui rentre chez elle, le soir, pour n'en plus sortir que le lendemain. Pourquoi vous retirer si tôt? Vous voulez déjà vous retirer? Ils ne se sont retirés qu'à minuit. Il signifie aussi Quitter la profession qu'on exerçait, le genre de vie qu'on menait. Il s'est retiré du barreau. Il s'est retiré du monde. Il s'est retiré des affaires et, absolument, Il s'est retiré. Il signifie encore Aller dans un lieu pour y établir sa retraite. Il s'est retiré en province, dans son pays, dans ses terres. Se retirer à la campagne. Les anciens solitaires se retiraient dans le désert. Il signifie encore Se mettre en sûreté, se réfugier. Se retirer en lieu de sûreté. Les voleurs se retirent dans les bois. Les bêtes sauvages se retirent dans leurs tanières. L'armée se retira sur une hauteur. Il se dit aussi des Choses et signifie Se raccourcir. Le parchemin se retire au feu. Le froid fait retirer les nerfs. Du drap qui se retire à l'eau. Cette toile se retire au blanchissage. On dit plutôt Se rétracter, se rétrécir. Il se dit, en outre, des Eaux qui rentrent dans leur lit après avoir monté, après avoir débordé. La rivière se retire. Les eaux commencent à se retirer. La mer se retire fort loin dans cette baie à marée basse. En termes de Marine, La mer se retire, Elle est dans le reflux. Le participe passé

RETIRÉ s'emploie comme adjectif et signifie Qui est écarté, solitaire, qui se trouve loin du monde. Les lieux les plus retirés. Être retiré, vivre retiré, mener une vie très retirée, Vivre dans la retraite, dans l'éloignement du commerce des hommes. Il est toujours retiré en lui-même se dit d'un Homme silencieux, qui fuit la société.

Littré (1872-1877)

RETIRER (re-ti-ré) v. a.

Résumé

  • 1° Tirer de nouveau.
  • 2° Tirer à soi, tirer en arrière.
  • 3° Faire aller en arrière, faire reculer.
  • 4° Causer un retirement, une contraction.
  • 5° Ôter une chose, une personne de l'endroit où elle était.
  • 6° Prendre en retour, en parlant d'objets d'échange.
  • 7° Ôter de l'affiche une pièce de théâtre.
  • 8° Donner asile, retraite, refuge.
  • 9° Mettre à l'abri.
  • 10° Percevoir, recueillir, en parlant de revenus.
  • 11° Fig. Ôter.
  • 12° Rétracter.
  • 13° Fig. Faire sortir de, tirer de.
  • 14° Recueillir, obtenir, en bonne et en mauvaise part.
  • 15° Rentrer dans la propriété d'un bien.
  • 16° V. n. Tirer de nouveau.
  • 17° La mer retire.
  • 18° V. réfl. Se retirer, s'en aller, s'éloigner, s'écarter.
  • 19° Rentrer chez soi.
  • 20° Ne pas paraître à quelque concours, exposition, etc.
  • 21° Se retirer de quelqu'un. Se retirer de quelque chose.
  • 22° Quitter un état, une profession, un genre de vie.
  • 23° Se mettre en retraite religieuse.
  • 24° Aller en un lieu pour s'y établir, après avoir quitté un autre lieu.
  • 25° Se réfugier, se mettre en un lieu de sûreté.
  • 26° Faire retraite, en parlant d'une troupe armée.
  • 27° Fig. Être reporté en arrière, se concentrer, en parlant de choses.
  • 28° Se raccourcir, se raccornir.
  • 29° Rentrer dans le lit, en parlant d'eaux débordées.
  • 30° Être retiré, en parlant d'une promesse.
  • 1Tirer de nouveau. Retirer une loterie qui avait été mal tirée.
  • 2Tirer à soi, tirer en arrière ce qui avait été poussé dehors, porté en avant. On retire souvent le bras pour mieux frapper, Corneille, Théod. IV, 1. Soit qu'il [Dieu] élève les trônes, soit qu'il les abaisse ; soit qu'il communique sa puissance aux princes, soit qu'il la retire à lui-même, et ne leur laisse que leur propre faiblesse, Bossuet, Reine d'Anglet. J'ai vu l'assassin Retirer son poignard tout fumant de son sein [de Roxane], Racine, Baj. V, 11. Ne lui tendez pas la main en signe de paix ; mais ne la retirez pas non plus, Marivaux, Serm. indiscr. V, 6. Ils [les râles] ne retirent pas leurs pieds sous le ventre en volant, comme font les autres oiseaux ; ils les laissent pendants, Buffon, Ois. t. XV, p. 224.

    Retirer une clef, l'ôter de la serrure. Elle ferme la porte sur nous, ôte la clef que nous lui entendîmes retirer, Marivaux, Pays. parv. 5e part.

    Par extension. Retirons nos regards de cet objet funeste, Corneille, Hor. V, 1.

    Familièrement. Retirer son haleine, faire rentrer de l'air dans sa poitrine.

  • 3Avec un nom de chose pour sujet. Faire aller en arrière, faire reculer. Une chose, il est vrai, fait souvent balancer, Attiédit en plusieurs l'ardeur de s'avancer, Et dès les premiers pas les retire en arrière, Corneille, Imit. I, 25.
  • 4Causer un retirement, une contracture. Les convulsions lui ont retiré la jambe droite.

    Absolument. La maladie se joue de nos corps : là elle étend, là elle retire, Bossuet, Serm. Résurrect. dern. 2.

  • 5Faire sortir une chose, une personne de l'endroit où elle était. Retirer un homme de prison, une fille du couvent. Retirer des papiers de chez un avoué, de l'argent de chez un banquier. Quoi ! ce n'est pas encor beaucoup D'avoir de mon gosier retiré votre cou ! La Fontaine, Fabl. III, 9. Il [Ch. de Sévigné] me montra des lettres qu'il a retirées de cette comédienne [Champmeslé], Sévigné, 17 avr. 1671. Un jour une méchante cabane où il [Tournefort] couchait tomba tout à coup ; il fut deux heures enseveli sous les ruines, et y aurait péri, si l'on eût tardé encore quelque temps à le retirer, Fontenelle, Tournefort. On dit que ce fut Criton qui le retira [Socrate] de la boutique de son père, ayant admiré la beauté de son esprit, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 349, dans POUGENS. Cet article [d'un traité] se réduisit à retirer les troupes russes des frontières, Voltaire, Russie, II, 1. Chacun pensa avoir perdu la moitié de son bien, et retira le reste, Raynal, Hist. phil. IV, 18.

    Absolument. Il [le destin] plonge dans l'abîme et bientôt en retire, Voltaire, Oreste, IV, 2.

    Fig. Retirer du tombeau, sauver la vie. [Il] Dit qu'on l'avait retiré du tombeau, Conte son cas, reprend force et courage, La Fontaine, Orais.

    Dieu l'a retiré de ce monde, il est mort. Ce prince [Théodose] ne jouira pas longtemps du fruit de sa victoire, et Dieu le retirera bientôt de ce monde, Fléchier, Hist. de Théodose, IV, 65.

    Fig. Retirer son épingle du jeu, se dégager, sans dommage, sans perte, d'une affaire, d'une intrigue dangereuse.

    Retirer son enjeu, reprendre ce qu'on avait mis au jeu.

    Fig. Retirer son enjeu, se retirer sans perte d'une affaire où l'on courait des risques.

  • 6Prendre en retour, en parlant d'objets d'échange. La compagnie [hollandaise] y envoie [à Kupan, dans Timor] tous les ans quelques grosses toiles ; elle en retire de la cire, du caret, du bois de sandal, Raynal, Hist. phil. II, 9.
  • 7Retirer une pièce de théâtre, l'ôter de l'affiche, du répertoire. L'indisposition d'un acteur force à retirer la pièce, Genlis, Veillées du château t. III, p. 155, dans POUGENS.
  • 8Donner asile, retraite, refuge. Quand vous l'avez banni, le ciel l'a retiré, Rotrou, Bélis. V, 8. Ils s'assirent en la place de la ville, sans qu'il y eût personne qui voulût les retirer et les loger chez lui, Sacy, Bible, Juges, XIX, 15. Savez-vous quel serpent inhumain Iphigénie avait retiré dans son sein ? Racine, Iph. V, 4. Il dit hardiment… qu'il veut s'en défaire [de sa maison], seulement parce qu'elle est trop petite pour le grand nombre d'étrangers qu'il retire chez lui, La Bruyère, Théoph. XXIII. Je l'ai laissé malade, ou du moins très indisposé dans le village prochain, chez un paysan qui nous a retirés, Marivaux, Marianne, part. 10. On m'enseigna dans la rue de Pô la femme d'un soldat, qui retirait à un sou par nuit des domestiques hors de service, Rousseau, Conf. II.
  • 9Mettre à l'abri. Ils retirèrent dans la ville les biens de la campagne, Perrot D'Ablancourt, Arrien, I, 10.
  • 10Percevoir, recueillir, en parlant de revenus. Il a retiré une grosse somme de sa charge. Savez-vous combien il retire de cette ferme ? Je connais des marchands, et puis bien vous promettre D'en retirer l'argent qu'elle [une esclave] pourra coûter, Molière, l'Ét. I, 9. Il consacra ce qu'il retirait tous les ans du travail actuel du palais, à la subsistance des pauvres, Fléchier, Lamoignon. Il n'y a rien à perdre ; ce sont des enfants de famille dont on retirera plus que son argent, Dancourt, la Gazette, sc. 1.
  • 11Ôter. La lune, qui du ciel voit leur démarche altière, Retire en leur faveur sa paisible lumière, Boileau, Lutr. II. Le soleil, qui descend de nuage en nuage, à mesure qu'il baisse et retire le jour…, Lamartine, Harm. IV, 11.

    Fig. Retirer son amitié, sa confiance, sa protection. Et pour te faire choir, je n'aurais aujourd'hui Qu'à retirer la main qui seule est ton appui, Corneille, Cinna, V, 1. Il [Dieu] leur fait voir [aux rois] en la retirant [sa puissance], que toute leur majesté est empruntée, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Dans le langage de la dévotion, en un sens analogue. Dieu retire ses grâces. Son Père même [de Jésus], en qui seul il avait mis son espérance, retire toutes les marques de son affection, Bossuet, Hist. II, 6.

  • 12 Fig. Rétracter. J'ai à vous reprendre une fausse nouvelle… je vous retire encore les vacances de la chambre de l'Arsenal ; ils se sont remis à travailler au bout de quatre jours, Sévigné, 28 fév. 1680.

    Retirer son compliment, ne pas faire un compliment qu'on voulait faire, ou le rétracter après l'avoir fait.

    On dit dans un sens analogue : retirer sa prière. Si cela fait la moindre difficulté, je retire ma très humble prière, Voltaire, Lett. Schomberg, 13 mars 1771.

    Retirer sa parole, se dégager d'une promesse. Vous vous êtes engagé avec moi pour épouser ma fille, et tout est préparé pour cela ; mais, puisque vous voulez retirer votre parole, je vais voir ce qu'il y a à faire, Molière, Mar. forcé, 14.

  • 13 Fig. Faire quitter, éloigner de. Ouvrez enfin les yeux, mon père ; et, si vous n'avez point été touché par les autres égarements de vos casuistes, que ces derniers vous en retirent par leurs excès, Pascal, Prov. X. Je voudrais que vous l'eussiez entendue [Mme de la Bédoyère]… de quelle manière habile et miraculeuse les capucins la retirèrent de cette agonie, Sévigné, 29 avr. 1685. Devinez ce que c'est que la chose qui vient la plus vite et qui s'en va le plus lentement, qui vous fait approcher le plus près de la convalescence et qui vous en retire le plus loin… c'est un rhumatisme, Sévigné, 3 févr. 1676. Le plus solide témoignage que vous puissiez donner à un époux d'un véritable amour, est de le retirer du vice et de le porter à Dieu, Bourdaloue, 2e dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I, p. 72. Qui pourrait exprimer la douleur qu'elle ressentit, lorsque la providence de Dieu la retira de cet emploi [gouvernante du Dauphin], où elle était autant liée par l'inclination et par la tendresse que par la fidélité et par le devoir ? Fléchier, Duch. de Mont. Dieu m'a retirée, par sa grâce, des misères d'une vie mortelle, Fléchier, ib. Je vous ai retirée de la misère, Genlis, Mme de Maintenon, t. I, p. 97, dans POUGENS.
  • 14 Fig. Recueillir, obtenir, en bonne et en mauvaise part. Retirer de la gloire de quelque chose. Il n'a retiré que de la honte de sa conduite. Constance a de ce mal retiré mille biens, Tristan, M. de Chrispe, V, 5.
  • 15 Terme de palais. Rentrer dans la propriété et possession d'un héritage, d'un bien aliéné, en rendant à l'acheteur le prix qu'il en avait payé. Il a retiré cette terre sur un tel. Il retira tous les biens qui avaient été aliénés par ses ancêtres.
  • 16 V. n. Tirer de nouveau. Retirer au sort. Retirer à la loterie.
  • 17La mer retire, elle est dans le reflux. Se retirer, v. réfl. S'en aller, s'éloigner, s'écarter. La foule se retira devant lui. Les jeunes gens me voyant se retiraient par respect, et les vieillards se levant se tenaient debout, Sacy, Bible, Job, XXIX, 8. Elle prie Monsieur de se retirer, parce qu'elle ne veut plus sentir de tendresse que pour ce Dieu crucifié qui lui tend les bras, Bossuet, Duch. d'Orl. Vous, Narcisse, approchez ; et vous, qu'on se retire, Racine, Brit. II, 2. Il est temps de nous retirer, moi [Socrate] pour mourir, et vous pour vivre ; qui de nous jouira d'un meilleur sort ? la divinité seule peut le savoir, Barthélemy, Anach. ch. 67.

    Avec ellipse du pronom personnel. Retirez-vous d'ici, vous dis-je, ou je vous en ferai retirer d'une autre manière, Molière, Pr. d'Él. IV, 6. Vous plairait-il de faire retirer vos gens ? Baron, Homme à bon. fort. IV, 7.

    Au jeu. Ce joueur se retire, il quitte le jeu.

    Se retirer sur sa perte, sur son gain, quitter le jeu après avoir perdu, après avoir gagné. Savez-vous quel est mon avis ? c'est de nous retirer sur notre gain ; une pièce [Rome sauvée] romaine et si peu parisienne ne peut longtemps attirer la foule, Voltaire, Mme Denis, 16 mars 1752.

    Fig. et familièrement. Se retirer sur la bonne bouche, quitter la conversation, le jeu, etc. après avoir obtenu un petit succès, et sans attendre un changement, un retour.

  • 19Rentrer chez soi. Ils se retirèrent chacun chez eux. Seigneur, qu'osez-vous dire ? - Qu'il faut, prince, qu'il faut que chacun se retire, Racine, Iphig. I, 2.

    Particulièrement. Rentrer dans sa chambre, dans son cabinet. Il s'est retiré dans son cabinet et ne veut recevoir personne.

    Absolument. Rentrer le soir dans son appartement pour n'en plus sortir que le lendemain. Que faites-vous les soirs avant qu'on se retire ? Molière, Éc. des mar. I, 5. Me retirer à dix heures, et faire la prière avec mes domestiques, Maintenon, Lett. à l'abbé Gobelin, 16 mars 1675. Ne craignez rien pour ma santé ; nous nous retirons de bonne heure, nous ne soupons presque pas, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 15 juin 1774. Je me retirai à six heures du matin, excédé de fatigue, et fort mécontent de moi-même et de ma soirée, Genlis, Veillées du château t. I, p. 298, dans POUGENS.

  • 20Ne pas paraître à quelque concours, exposition, etc. Si les grands maîtres se retirent, les subalternes se retireront, ne fût-ce que pour se donner un air de grands maîtres, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 6, dans POUGENS.
  • 21Se retirer de quelqu'un, s'en éloigner, rompre la liaison avec lui. Je ne sais d'où vous êtes : retirez-vous de moi, vous tous qui vivez dans l'iniquité, Sacy, Bible, Évang. St Luc, XIII, 27. Les frères du pauvre le haïssent, et ses amis se retirent loin de lui, Sacy, Prov. de Salom. XIX, 7. Nous vous ordonnons, leur disait-il [saint Paul], de vous retirer de tous ceux d'entre vos frères qui tiennent une conduite déréglée, Bourdaloue, 5e dimanc. après l'Épiph. Dom. t. I, p. 228. D'elle à la fois chacun se retira, Voltaire, Poëmes, Bégueule.

    Fig. Maintenant ce génie poétique [l'habitude de parler en vers chez les anciens hommes] s'est retiré des hommes, Fontenelle, Oracl. II, 5.

    Dieu se retire, il n'accorde plus sa grâce. Il [Samson] ne savait pas que le Seigneur s'était retiré de lui, Sacy, Bible, Juges, XVI, 20. Tout à coup, le Saint-Esprit se retire, les ténèbres s'épaississent, la foi s'éteint, Bossuet, Anne de Gonz. Dieu même, disent-ils, s'est retiré de nous, Racine, Athal. I, 1.

    Se retirer de quelque chose, y renoncer. Il s'est retiré de l'entreprise. Non, vierges, non, je me retire De tous ces frivoles discours, Malherbe, III, 3. [Richelieu] eut un moment la pensée de se retirer des affaires, Genlis, Mlle de la Fayette, p. 126, dans POUGENS.

  • 22Quitter un état, une profession, un genre de vie, une situation. Il s'est retiré du service, du barreau. Se retirer du désordre, de la débauche. Fuyez-en le péril et vous en retirez, Rotrou, Vencesl. III, 1. Sédécias se retira de l'obéissance qu'il rendait au roi de Babylone, Sacy, Bible, Rois, IV, XXIV, 20. On se retire du monde, mais on est bien aise que le monde le sache, Bourdaloue, Sévérité évang. 2e avent, p. 444. Tous les hommes qui se retirent de la grande société sont utiles précisément parce qu'ils s'en retirent, Rousseau, Em. V.

    Avec ellipse du pronom personnel. Les mauvais traitements qu'il me faut endurer, Pour jamais de la cour me feraient retirer, Molière, Fâcheux, III, 2.

    Absolument. Il s'est retiré, il s'est tout à fait retiré, il a quitté le commerce du monde, ou bien il mène une vie moins dissipée. Ma fille me pria de demander pour récompense de mes services qu'il me fût permis de me retirer, La Fontaine, Psyché, II, p. 128.

    Cet officier se retire, il quitte le service.

  • 23Se mettre en retraite religieuse. Je veux me retirer ce soir ; je fais demain mes pâques, Sévigné, 8 avril 1689.
  • 24Aller dans un lieu pour s'y établir, après avoir quitté un autre lieu. Se retirer en province, dans son pays. Il s'est retiré dans ses terres. Nous nous retirâmes au désert, avec peu de suite, sans équipage, n'emportant que quelques livres, afin que notre fuite fût plus secrète, La Fontaine, Psyché, II, p. 128. Il [François de Paule] se retira dans les déserts de la Calabre pour se dérober aux yeux des hommes, Fléchier, Parégyr. Franç. de Paule. Charles s'embarque pour l'Espagne, et va se retirer dans l'Estramadure au monastère de Saint-Just, de l'ordre des hiéronymites, Voltaire, Ann. Emp. Charles-Quint, 1556.

    Il se dit quelquefois simplement pour venir. Mais as-tu vu mon père ? et peut-il endurer Qu'ainsi dans sa maison tu t'oses retirer ? Corneille, Hor. I, 3.

    Fig. Se retirer en soi-même, n'avoir plus de commerce qu'avec soi-même. Je me suis retiré au dedans de moi, et, vivant entre moi et la nature, je goûtais une douceur infinie à penser que je n'étais pas seul, Rousseau, 1er dial. Cette aimable demeure porte insensiblement à réfléchir, à se retirer en soi-même, Riccoboni, Œuvr. t. I, p. 236, dans POUGENS.

  • 25Se réfugier, se mettre en lieu de sûreté. L'ennemi se retira dans ses retranchements. Les bêtes se retirent dans leurs tanières. Je pourrais vous la représenter dans ces tristes demeures où se retirent la misère et la pauvreté, Fléchier, Mme d'Aiguillon. Le peuple, mécontent des patriciens, se retira sur le Mont-Sacré, Montesquieu, Rom. 8. Aristote fut très sage de se retirer à Chalcis, lorsque le fanatisme dominait dans Athènes, Voltaire, Comm. œuvr. aut. Henr. Quand Saumaise voulut écrire librement, il se retira en Hollande ; quand Descartes voulut philosopher, il quitta la France, Voltaire, Lett. Damilaville, 14 mars 1764.

    Fig. S'il est vrai que la Justice se soit retirée parmi eux [les dieux], La Fontaine, Psyché, II, p. 155.

    Terme de procédure. Se retirer par devers un juge, un magistrat, s'adresser à lui pour avoir justice.

  • 26Faire retraite, en parlant d'une troupe armée. Il [Mortier] avait ordre de défendre le Kremlin, puis, en se retirant, de le faire sauter et d'incendier les restes de la ville, Ségur, Hist. de Nap. IX, 6. Que là il [Davoust] avait fait à de misérables Cosaques l'honneur de se retirer devant eux, pas à pas et par bataillons carrés, comme s'ils eussent été des mamelouks, Ségur, ib. IX, 9.
  • 27 Fig. Être reporté en arrière, se concentrer, en parlant de choses. Le voici ; vers mon cœur tout mon sang se retire ; J'oublie, en le voyant, ce que je viens lui dire, Racine, Phèdre, II, 5. Toute ma tendresse s'est retirée sur toi, ma chère nièce, Diderot, Père de famille, III, 4. Comme un reste de vie se retire vers le cœur, à mesure que la mort s'empare des extrémités, Ségur, Hist. de Nap. IX, 6.
  • 28Se raccourcir, se raccornir. Le parchemin se retire au feu. J'étais auprès de son lit [de Madame mourante] ; elle me dit : Madame de la Fayette, mon nez s'est déjà retiré ; je ne lui répondis qu'avec des larmes ; car ce qu'elle me disait était véritable, La Fayette, Hist. d'Henr. d'Anglet. Les grosses dents lui percèrent [au duc du Maine], en lui causant des convulsions si terribles, qu'une de ses jambes se retira beaucoup plus que l'autre, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 78, dans POUGENS.

    Avec suppression du pronom personnel. On a dit que l'application d'un fer chaud aurait fait retirer en tout sens chaque feuille de vélin, Daunou, Instit. Mém. scienc. mor. et pol. t. IV, p. 523.

  • 29Rentrer dans le lit, en parlant d'eaux débordées. Il est très vrai que d'anciens ports sont comblés, que la mer s'est retirée de Rosette, de Ravenne, d'Aigues-Mortes, Voltaire, Singul. nat. X.

    La mer se retire, la marée descend.

  • 30Être retiré. Une parole donnée ne doit point se retirer.

HISTORIQUE

XVe s. Il ne se retira point plus loing [qu'Arras], et puis tira vers la riviere de Somme, Commines, III, 3.

XVIe s. Or' que tout dedans moy je me suis retiré, Desportes, Œuvres chrest. XVIII, Prière. J'ai tousjours aimé la vie retirée, le repos et l'estude, Amyot, Numa, 9. Quand les ambassadeurs se furent retirez, Amyot, ib. 10. …Que chascun advisast de retirer quelque part en lieu de seureté sa femme, ses enfans et ses esclaves, Amyot, Thém. 18. Taschans à retirer leurs hommes de la marine, et les accoustumer à vivre sans hanter la mer, Amyot, ib. 38. Et y avoit des sergens tenans des bastons en leurs mains, pour faire retirer la presse, Amyot, P. Aem. 55. Gisco à son arrivée retira à sa soude quelque nombre de soudards grecs, Amyot, Timol. 41. Pour un petit d'argent que j'en pourrois retirer en les vendant…, Amyot, Caton, 11. L'orage retiré, Chacun joye demeine, Marot, IV, 319. Ayant retiré [obtenu] cette promesse, Montaigne, I, 17. Son ennemy s'en estoit fuy et retiré au Païs bas, Montaigne, I, 30. Dernierement que je me retiray chez moi, Montaigne, I, 32. Nostre vie retire [ressemble] à la grande et populeuse assemblée des jeux olympiques, Montaigne, I, 171. Luy conseillant de se retirer de cette ambition du monde à quelque vie solitaire, Montaigne, I, 251. Dieu l'ayant retiré à soy bientost aprez…, Montaigne, I, 252. Le train d'un seigneur retiré et casanier, Montaigne, I, 333. Si le pecheur se retire de son iniquité, Calvin, Inst. 511. Pour attaquer Oatazene à ce qu'il n'y eust plus personne qui retirast [abritât, donnât retraite à] ses ennemis, D'Aubigné, Hist. I, 36. Le roi de France retirera toutes ses forces de toutes les villes et chasteaux qu'il tient en Toscane, D'Aubigné, ib. I, 46. Une villette retirée d'un quart de lieue dans la mer, D'Aubigné, ib. I, 186. Donc [messieurs] aydez à ce pauvre innocent, retirez à vous ce penitent, afin…, Du Bellay, M. 219. Il fait bon gagner quelque chose, cette année que tout est si retiré [cher], Moyen de parv. p. 284, dans LACURNE. Qui ne retire de sa vache que la queue ne perd pas tout, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RETIRER. Ajoutez : - REM. Dans l'historique on trouve retirer à, avec le sens de ressembler à. Cet emploi s'est conservé en quelques provinces : Cet enfant retire à son père (Angoumois) ; retirer, ressembler, Gloss. aunisien, p. 142.

HISTORIQUE

Ajoutez : XIVe s. Pour yaux [eux, se] tant plus retirer [rentrer dans les déboursés], et faire meilleur et plus diligent debvoir, Valenciennes (communiqué par M. Caffiaux)

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Étymologie de « retirer »

Re…, et tirer ; provenç. et espagn. retirar ; ital. ritirare. Re… signifie ici tantôt de nouveau, et tantôt en arrière.

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(Siècle à préciser) Composé de re- et tirer ; a évincé retraire.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « retirer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
retirer rœtire

Fréquence d'apparition du mot « retirer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « retirer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « retirer »

  • Il est normal que les femmes qui ont les plus jolies mines du monde soient les plus susceptibles d’en retirer de l’or.
    Marcel Monpezat
  • De temps en temps se retirer de ce qu'on fait, et gagner quelque hauteur pour respirer et dominer.
    Jules Renard — Journal 1893 - 1898
  • Même à un chien qui n'aboie pas il ne faut pas retirer un os sans précaution.
    Proverbe ivoirien
  • Il est plus facile de se contenir que de se retirer d'une querelle.
    Sénèque
  • Un jour par an, le Mardi gras par exemple, les hommes devraient retirer leur masque des autres jours.
    Claude Aveline — Avec toi-même, etc., Mercure de France
  • Attention au surmenage. Et surtout quand vous ne regardez rien, pensez à retirer vos lunettes !
    Coluche — Coluche 1 faux
  • La mort, c'est ce qui permet à un homme de se retirer subitement du monde pour aller définitivement se mettre aux vers.
    Roland Devaux
  • Pour qu'un château de cartes s'écroule, il suffit d'en retirer une seule.
    Dominique Muller — Les Filles prodigues
  • Ne pas réussir à trouver un distributeur acceptant sa carte bancaire ; payer des frais exorbitants... Voici les principales craintes qui nous dissuadent encore de retirer de l'argent lors des voyages à l'étranger. Nombre d'entre nous préfèrent encore changer de l'argent avant de partir, quitte à se ballader avec des sommes importantes en espèces.
    MoneyVox Actu — « Retirer de l'argent à l'étranger, ça coûte cher »
  • Nous aimerions nous retirer du monde sans qu'il se retire de nous.
    Jacques Deval — Afin de vivre bel et bien
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Traductions du mot « retirer »

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Synonymes de « retirer »

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Antonymes de « retirer »

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