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Appuyer

Définitions de « appuyer »

Trésor de la Langue Française informatisé

APPUYER, verbe.

I.− Emploi trans. [Le suj. désigne une pers.; un compl. d'obj. secondaire est fréquemment exprimé]
A.− [L'idée dominante est celle d'un soutien donné à l'obj. premier]
1. Usuel. Soutenir quelque chose en lui donnant un appui. Appuyer qqc. à, contre :
1. Il saisit une échelle, l'appuie à la console, gravit les échelons, et la bourse qu'il tient à la main, il la dépose aux pieds de Notre-Dame. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 158.
Au fig.
a) [L'obj. désigne une chose] Démontrer une chose en justifiant la démonstration par des faits, des preuves, une documentation qui soutiennent l'hypothèse. Appuyer une théorie générale sur des références actuelles :
2. L'idée de correspondance, de solidarité entre les phénomènes terrestres, a pénétré ainsi et pris corps, fort lentement il est vrai, car il s'agissait de l'appuyer sur des faits, et non sur de simples hypothèses. P. Vidal de La Blache, Des Caractères distinctifs de la géogr.,1913, p. 290.
b) [L'obj. désigne une pers. ou une action qui l'intéresse] Aider quelqu'un, favoriser l'action de quelqu'un par son soutien. Appuyer qqn par son avis, de son autorité :
3. ... je dois solliciter de Monseigneur mon rappel à Tourcoing. Je voudrais vous supplier d'appuyer ma demande, sans rien cacher de ce que vous savez de moi, sans m'épargner en rien. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 127.
MILIT. (stratégie). Fournir une aide en matériel et/ou en hommes :
4. Je convoquai le 31 juillet le général Foch à Chantilly. Je lui rappelai que l'idée fondamentale de notre offensive, c'était d'appuyer les forces anglaises agissant au nord, notre offensive vers le sud restant secondaire et subordonnée aux résultats obtenus dans le nord. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 250.
2. Loc. techn.
MAR. Appuyer les vergues. Les soutenir contre le vent. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle).
PEINT. Appuyer la couleur. L'accentuer, la mettre en valeur :
5. Au delà de ces premières collines ravinées, qui me rappellent l'entrée du désert par Boghari, une seconde chaîne irrégulière, dentelée, fort en désordre. Sa couleur violâtre appuie la couleur ardente du premier plan et ménage un accord de toute délicatesse entre ce jaune brutal et le ciel bleu. Fromentin, Voyage en Égypte,1869, p. 60.
VÉN. Appuyer les chiens. Les animer du cor et de la voix. (Attesté ds tous les dict. gén. du xixeet du xxesiècle).
B.− [L'idée dominante est celle d'une pression exercée sur l'obj. premier]
1. Usuel. Peser sur une chose de manière à la presser sur ou contre une autre. Appuyer qqc. sur, contre :
6. La voix affectueuse de l'enfant reprit : − Il ne faut pas tant te fatiguer, papa. M. Jeannin attira à lui la tête d'Olivier, et l'appuya contre sa poitrine, ... R. Rolland, Jean-Christophe,Antoinette, 1908, p. 854.
En partic. [L'obj. dir. désigne une partie du corps humain] :
7. Je vis alors Belkiss, c'était elle, s'avancer modestement, enveloppée dans ses voiles comme une jeune mariée, et appuyer sur mon lit ses mains pudiques et son genou de lis, comme pour s'y introduire à mes côtés. Nodier, La Fée aux miettes,1831, p. 162.
Au fig. Appuyer son regard. Regarder avec insistance :
8. Javert semblait ne pas entendre. Il appuyait sur Jean Valjean sa prunelle fixe. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 564.
2. Emplois techn.
ESCR. Appuyer la botte. Appuyer le fleuret sur le corps de l'adversaire après l'avoir touché.
Au fig. Presser, embarrasser quelqu'un. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle).
MAN. Appuyer l'éperon à un cheval, et, p. ell., appuyer des deux. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle).
[Le suj. désigne un cheval] Appuyer la tête au mur, et, p. ell., appuyer. Progresser obliquement par rapport à l'axe de son corps, la tête tournée dans la direction suivie :
9. Il essaya de faire décrire une volte à son cheval, mais le comte Caradec, rouillé sur le manège, n'appuya qu'avec roideur; il voulut lui faire prendre le trot, mais le comte Caradec partit en boitant. Alors, il le remit au pas, et tout lui sembla plus triste encore. A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines,1911, p. 189.
II.− Emploi intrans. [Le suj. désigne une partie du corps, et p. méton. une pers.]
A.− [L'idée dominante est celle de la recherche d'un support]
1. Se servir d'un support, d'un soutien matériel pour garder son équilibre :
10. Des vieilles se hâtaient à petits pas cassés, une main à la hanche, l'autre appuyant sur un bâton; ... H. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 112.
2. P. méton., MAR., ARMÉE (tactique). Prendre une direction en se servant d'un repère visuel (exprimé par l'objet indirect). Appuyer sur la droite, sur la gauche.
P. ext. Se diriger vers. Appuyer à droite, à gauche :
11. Le patron du coutre remarqua la vitesse de la Durande. Il lui sembla aussi qu'elle n'était pas dans la route exacte. Elle lui parut trop appuyer à l'ouest. Ce navire à toute vapeur dans le brouillard l'étonna. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 202.
12. Prenez la rue que vous voyez là, tournez par la deuxième à gauche; ensuite vous prenez la première à droite, vous marchez cent mètres, vous appuyez à gauche, et vous y êtes. J. Romains, Les Copains,1913, p. 153.
Rem. Dans le lang. de la mar., la tournure s'explique par la manœuvre matérielle du timonier; p. méton., elle s'emploie pour le bateau. Le passage de la prép. sur à la prép. à indique un plus haut degré d'abstraction, l'idée de repère disparaissant.
B.− [L'idée dominante est celle d'une pesée qui s'exerce sur qqc. dont on peut modifier la position]
1. Exercer une pesée sur quelque chose.
[Le suj. désigne une partie du corps humain] :
13. Olivier, avec un soupir, vint s'asseoir au piano, et, docile à la volonté de l'impérieux ami qui l'avait choisi, il commença, après une longue incertitude, à jouer le bel Adagio en si mineur de Mozart. D'abord, ses doigts tremblaient et n'avaient pas la force d'appuyer sur les touches; puis, peu à peu, il s'enhardit; et, croyant ne faire que répéter les paroles de Mozart, il dévoila, sans le savoir, son cœur. R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 934.
P. méton. [Le suj. désigne une pers. agissant à l'aide d'une partie de son corps] :
14. Henri reconnut Anne et ralentit : − Vous montez? Je vous dépose. − Merci. J'ai envie de marcher, dit-elle. Elle lui fit un petit signe amical et il appuya sur l'accélérateur : il avait vu des larmes dans ses yeux. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 368.
2. P. méton., au fig. [Le suj. désigne une pers. comparée à un élément exerçant une pesée] Mettre l'accent sur.
a) [Un élément du langage, une note de musique] :
15. Ce terme, [appoggiature] (...) donne lieu à deux interprétations [en musique] : l'appoggiature expressive qui occupe momentanément la place de la note principale et sur laquelle l'exécutant doit appuyer, ... H. Reber, Traité d'harmonie,1949, p. 177.
b) [Un trait de caractère, un comportement] :
16. J'ai été personnellement bien heureux pour vous de vous savoir envoyé à Blaye, et politiquement satisfait d'y savoir un homme d'honneur et de probité. C'est ce que j'ai dit à bien des personnes, et j'ai saisi cette occasion de parler de vous avec beaucoup de plaisir, puisqu'elle me donnait licence d'appuyer sur vos qualités. Balzac, Correspondance,1833, p. 294.
Emploi abs. Mettre en relief dans le langage un élément important d'une situation :
17. ... peut-être n'eût-il pas aimé cette jeune personne; mais des trois cents invités qui se pressaient dans les beaux salons de la rue Saint-Lazare, il fut le seul à comprendre l'amour inédit que trahissait une danse bavarde. On remarqua bien la manière d'Isaure d'Aldrigger; mais, dans ce siècle où chacun s'écrie : Glissons, n'appuyons pas! l'un dit : Voilà une jeune fille qui danse fameusement bien (c'était un clerc de notaire); l'autre : Voilà une jeune personne qui danse à ravir (c'était une dame en turban); la troisième, une femme de trente ans : Voilà une petite personne qui ne danse pas mal! Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 613.
Rem. Il y a une grande ressemblance entre l'emploi dit intrans. et l'emploi pronom. A. Cependant l'idée de soutien moral ou intellectuel est incompatible avec l'emploi intrans. (On ne peut pas dire : pour soutenir sa thèse, il appuie sur des arguments solides, alors que s'appuie est usuel); d'autre part l'idée que le point d'appui puisse céder à la pesée (au sens phys. ou au fig.) est incompatible avec l'emploi réfl. (on ne peut pas dire : il s'appuie sur la pédale du piano, alors que appuie est normal dans une telle phrase). L'oppos. fondamentale semble consister en ce que dans l'emploi intrans. il s'agit toujours, dans la réalité référée, de l'appui d'une partie de la pers. (le suj. désigne son corps, une partie de son corps : main, pied, etc., son esprit, son langage, etc.) même si p. méton. c'est la totalité de la pers. qui est exprimée, tandis que dans l'emploi pronom. A, il s'agit toujours, dans la réalité référée, de la pers. prise dans sa totalité. Pratiquement, on peut dire que dans l'emploi intrans. B, ce qui était obj. dans l'emploi trans. devient suj. (j'appuie la main sur les touches, le pied sur la pédale → la main, le pied appuie); de là on passe p. méton. aux emplois fig. Les opérations sont comparables pour les emplois intrans. A 1 et A 2.
III.− Emploi pronom.
A.− [Le pronom réfl. est compl. d'obj. dir.; l'obj. secondaire est gén. exprimé] Se soutenir, en s'aidant d'un objet matériel. S'appuyer sur, à :
18. Nendaz se lève, Nendaz s'appuie sur sa canne, il sort sur le perron, il descend l'escalier. Ch.-F. Ramuz, Derborence,1934, p. 228.
P. métaph. Se servir d'une protection naturelle comme d'un soutien :
19. Toulouse s'est appuyée à une rampe de collines, lambeau épargné par hasard dans les déblaiements du fleuve. P. Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 363.
MILIT. (techn.). Bénéficier de l'aide de quelqu'un :
20. Il faut ajouter que les Américains, qui nous procuraient l'armement et l'équipement, y mettaient la condition que nous adoptions leurs propres règles d'organisation (...). Pour eux, la vie et l'action des unités combattantes devaient s'appuyer sur des arrières richement pourvus. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 246.
Au fig. Se servir de quelqu'un ou de quelque chose comme d'un soutien matériel, intellectuel ou moral :
21. Je m'approchai de vous, je pris votre main et vous murmurai quelques mots d'espérance à l'oreille. Je ne sais si ma voix vous parut éloquente alors et si elle trouva le chemin de votre âme, mais vous vous levâtes soudain et vous vous appuyâtes sur moi comme sur un protecteur. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 35.
22. « Que voulez-vous, me répondait-il, la physiologie n'est pas une science exactement définie; elle s'appuie, pour expliquer les phénomènes vitaux, tantôt sur la physique, tantôt sur la chimie, tantôt sur des hypothèses telles que celles de la force vitale... » C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 91.
B.− Pop. [Le pronom réfl. est compl. d'obj. secondaire indir.; le compl. d'obj. dir. désigne une chose, plus rarement une pers.]
1. [L'obj. désigne une tâche] S'appuyer qqc.Accomplir à contre-cœur une tâche obligatoire :
23. « Ah! Y en a qui disent qu'à la cuistance, on est embusqué »! ... Eh bien, il aimerait cent mille fois mieux, quant à lui, être avec la compagnie dans les tranchées pour la garde et les travaux, que de s'appuyer un pareil métier deux fois par jour pendant la nuit! Barbusse, Le Feu,1916, p. 28.
P. ext. S'appuyer qqn.Etre obligé de prendre quelqu'un en charge malgré soi :
24. Ça, édicte Brague, c'est une gosse qu'on collera dans la figuration. Une de plus, une de moins... elle gagnera toujours ses quarante sous... quoique j'aime pas beaucoup m'appuyer des laissés-pour-compte... Colette, L'Envers du music-hall,1913, p. 203.
2. [Le compl. désigne des aliments ou des boissons] Consommer en quantité généralement importante. S'appuyer un bon gueuleton, quelques verres de gniole :
25. Nous bouffions à la grande tambouille! ... On s'appuyait des soupes énormes! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 597.
Rem. L'idée fondamentale semble être celle d'une charge qu'on place et qui pèse sur les épaules (sens 1); de là, p. iron. et antiphrase l'idée de se charger [l'estomac] d'aliments ou de boissons pour soutenir ses forces (sens 2). Le pronom réfl. indir. indique la victime ou le bénéficiaire de l'opération.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [apɥije], j'appuie [ʒapɥi]. Enq. : /apɥi/. (il) appuie. 2. Forme graph. − ,,Les verbes en (...) uyer changent y en i devant un e muet [s'appuyer, tu t'appuieras]. En revanche, ils conservent cet y de leur rad. devant les finales -ions et -iez de l'imp. de l'ind. et du prés. du subj. [que vous vous appuyiez, nous nous appuyions].`` (Cf. Ortho-vert 1966, p. 587; cf. aussi aboyer). 3. Hist. − Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 transcrivent : apu-yé. Fouché Phonét. 1952, p. 771 écrit à ce sujet : ,,Dans fuyant, bruyant, appuyer, ennuyer, essuyer, etc., on avait à l'origine un groupe -ü/y [= y/j] (...). Il faut admettre qu'elles [ces formes] ont été refaites sur fuit, bruit, appui ~ appuie, ennui ~ ennuie, essuie, etc. (...) il y a eu plus exactement un compromis entre les deux phonétismes. Dans appuyer [= apwiye], par exemple, le groupe wi [= ɥi] est analogique de appui ~ appuie, mais le y continue l'ancien y du v. fr. [apüyer].`` Fouché (ibid., p. 772) ajoute que : ,,appuyer, ennuyer, essuyer, fuyant, bruyant, etc., ne se prononcent déjà plus chez les grammairiens du xviesiècle qu'avec -wi/y [= -ɥij].`` Mais Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 transcrivent encore : [-y/j]. Fér. Crit. t. 1 1787 propose en outre la graph. apuyer avec un seul p (même prop. pour tous les mots de la famille).
ÉTYMOL. ET HIST. A.− « Faire supporter, soutenir par qqc. » 1. sens propre ca 1100 pronom. (Roland, 500 ds Gdf. Compl. : Vint s'apuier suz le pin a la tige); 2. sens fig. 1174 trans. (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 5525, éd. C. Hippeau ds T.-L. : a deu ot del tut sun corage apuié); 1671 « s'aider de qqc. » (Pomey, Le Dict. royal augmenté, Lyon : ... J'appuye toutes mes esperances sur vôtre crédit); 1672 pronom. s'appuyer de qqn « demander l'appui de qqn » (Mmede La Fayette, Princesse de Clèves, Paris, éd. Cazes, [1934] : La division des deux freres donna la pensée à la duchesse d'Etampes de s'appuyer de M. le duc d'Orléans pour la soutenir auprès du roi contre madame de Valentinois). B.− « Faire peser qqc. » 1. sens propre a) début xiies. trans. apoier un cop « donner un coup » (Couronnement Louis, éd. Jonckbloet, 2592 ds T.-L. : Grant cop li done sor son elme vergié; Desus l'espaule a le cop apoié, Desi el piz l'a fendu et tranchié); b) 1694 intrans. man. (Ac. : ... On dit qu'un cheval appuye sur le mord, pour dire, qu'Il pese à la main); c) 1771 mus. (Trév. : ... En musique appuyer sur une note, c'est y demeurer long-temps); d) 1835 p. ext. (Ac. : ... Appuyer sur la droite, sur la gauche, ou appuyer à droite, à gauche. Se porter vers la droite, vers la gauche); 2. sens fig. 1639 intrans. (Voiture, Lettres, à MmeLa Princesse ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 531 : Je vous assure que j'ay une raison fondamentale de ne bouger d'icy, sur laquelle je n'ose appuyer). C.− « Soutenir à l'aide de qqc. » 1. sens propre av. 1250 trans. (Huon de Cambrai, Regrets N.D., éd. A. Langfors, 250, 5 ds T.-L. : sa maison... Qui de deus pars iere apoïe Por ce qu'a terre ne caïst); 1375 p. anal. appuyer un chien « flatter de la voix » (Livres du Roy Modus et de la Royne Ratio, éd. G. Tilander, Paris, 1932, t. 1, p. 25); 2. sens fig. 3equart du xiiies. « aider » (Richard le Beau, éd. W. Foerster, 2700 ds T.-L. : nus ne me puet apoiier Que mors ne soie u retenus); av. 1680 « favoriser » (Patru ds Rich. : Apuier les prétensions, ou le droit de quelqu'un). Empr. au lat. médiév. appodiare (formé à partir du lat. class. podium « plate-forme autour de l'arène de l'amphithéâtre » et aussi « console » et « petite éminence »), attesté au sens propre de « soutenir » (1114-15, Rudolfus abb. Trudonensis, Gest., 9, 33 ds Mittellat. W. s.v., 802, 68); au fig. (1226-37, Caesarius Heisterbacensis, Hom., IV, p. 77a, ibid., 802, 66); à rapprocher de l'ital. appoggiare (appoggiature*).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 4 993. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 185, b) 8 049; xxes. : a) 5 971, b) 7 197.
BBG. − Barber. 1969. − Baudr. Chasses 1834. − Burn. 1970. − Canada 1930. − France 1907. − Giteau 1970. − Gottsch. Redens. 1930, p. 22, 263, 339. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 119. − Gramm. t. 1 1789. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Larch. 1880. − La Rue 1954. − Le Clère 1960. − Le Roux 1752. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 148. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. Suppl. 1926. − Sandry-Carr. 1963. − Sandry-Carr. Th. 1963. − Spr. 1967. − Springh. 1962. − Will. 1831.

Wiktionnaire

Verbe - français

appuyer \a.pɥi.je\ transitif, intransitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Placer contre quelque chose.
    • Appuyer l’échelle contre le mur.
  2. Soutenir, motiver.
    • Appuyer une demande.
    • Sur quoi appuyez-vous ce que vous dites ?
  3. (Équitation) Appliquer fortement l’éperon à un cheval.
  4. (Musique) Demeurer plus ou moins longtemps sur une note.
  5. (Intransitif) Pousser, exercer une pression sur quelque chose.
    • Quand la jeune femme appuya sur la télécommande pour verrouiller sa voiture, les clignotants bipèrent en rythme avec les lointains échos de musique et de rires. — (Terry Goodkind, Les Sanctuaires du Mal, traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Claude Mallé, éditions Bragelonne, 2017, chapitre 30)
    • Appuyer sur la sonnette, sur le bouton.
  6. (Intransitif) (Figuré) Insister, faire comprendre par insistance.
    • L’avocat n’a pas assez appuyé sur la fausseté de cette pièce.
  7. (Intransitif) Prononcer un mot ou une syllabe avec une élévation de voix plus ou moins sensible.
    • Et sa voix alors prenait une intonation dolente et uniforme, enflant les mots, appuyant indéfiniment sur les syllabes. Cela m’agaçait beaucoup. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
    • Cette position en flèche ne peut durer. […] L’ennemi prend du mordant et tente de tourner une position qui ne s’appuie sur rien. […] On se replie avec méthode. — (Pierre Audibert, Les Comédies de la Guerre, 1928, pages 32-33)
    • J’appuyai sur les derniers mots, pour qu’il les comprît mieux.
  8. (Intransitif) (Chemin de fer) Accrocher une locomotive à une rame.
  9. (Pronominal) Prendre appui sur quelque chose.
    • Une pluie glacée tombait dans les rues miroitantes. Je marchais le long des boutiques, m’appuyant au rebord des devantures pour ne point m’écrouler sur le trottoir. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
  10. (Pronominal) Utiliser le soutien, l’autorité de quelqu’un ou de quelque chose.
    • Cela dit, à l'intérieur de l'alliance centriste, chacun essaie de conquérir la position la plus forte, ce qui le conduit à s’appuyer dans une certaine mesure sur le parti extrême correspondant à sa tendance. — (Maurice Duverger, Sociologie politique, Paris : Presses universitaires de France, 1964, page 162)
    • La ploutocratie chilienne s’était appuyée sur deux forces : les milieux réactionnaires de la Marine et les intérêts impérialistes britanniques. — (Armando Uribe, Le Livre noir de l’intervention américaine au Chili, traduction de Karine Berriot et Françoise Campo, Seuil, 1974)
    • Depuis 40 ans, le programme SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence), s’appuyant sur les données d’une panoplie d’immenses radiotélescopes, n’a pu décrypter aucun message de source interstellaire. — (Louis Dubé, Tourisme interstellaire envahissant, dans Le Québec sceptique, n° 70, automne 2009, page 33)
    • Le marketing s'intéresse de plus en plus aux podcasteurs. Des marques comme Crunch se sont appuyés sur des podcasteurs célèbres comme Norman pour améliorer leur image auprès des jeunes. — (Maria Mercanti-Guérin, « Les Digital natives: des relations difficiles avec la banque et l'argent », chapitre 10 de Digital natives: Culture, génération et consommation, coordonné par Thomas Stenger, Éditions EMS, 2015, page 262)
  11. (Pronominal) (Populaire) Consommer goulûment en quantité importante.
    • — Je viens de m’appuyer un kil à seize. N’y a rien de pareil pour un homme de mon âge. Tout ne me réussit pas. On m’a dit de prendre du chocolat le matin. Mais, sauf votre respect, je le dégueulais. Ça n’est pas propre d’abord. Et puis, dans ces conditions-là, ça ne profite pas. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 68)
    • Et tu roulais des yeux blancs vers ta Clémence… Ah! le terrible bourrin qui s’appuyait des régiments ! — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 13)
    • Je me rendrais en avion – sans me tromper de porte, je vous prie de le croire –, directement à Marseille et chez Pascal, où je « m’appuierais », comme dirait Briand, deux ou trois rougets ornés de leur propre foie, peuchère, et une bourride lactescente et parfumée, suivie, selon le conseil excellent de Maurras, d’un gigot d’agneau aux petits pois. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Vingt-neuf mois d’exil, Grasset, réédition Le Livre de Poche, page 507)
  12. (Pronominal) (Populaire) Se farcir, subir.
    • C'est égal, fripouille, dans deux mois il faudra que je m'appuie la corvée d'assommer ta progéniture. — (Louis Pergaud, Le Roman de Miraut, chien de chasse, 1913)
    • Un superbe carrelet entouré de glace. C'est ma f. de ménage qui s'appuie la corvée d'avoir à le vider, le couper en morceaux raisonnables pour qu'il tienne dans ma poële à frire. — (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 148, page 61, 27 janvier 1932)
  13. Donner, lancer.
    • Il venait d’apercevoir trois pirogues qui débouchaient de la pointe Lottin, dans l’évidente intention de lui appuyer la chasse. — (Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, 1846)
  14. Prendre une direction.
    • — Eh bien ! prenez la rue que vous voyez là, tournez par la deuxième à gauche ; ensuite vous prenez la première à droite, vous marchez cent mètres, vous appuyez à gauche, et vous y êtes. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 106)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

APPUYER. v. tr.
Soutenir par le moyen d'un appui. Appuyer une muraille par des piliers. Appuyer un édifice par des arcs boutants. Appuyer par un mur de terrasse un jardin élevé. S'appuyer sur un bâton. Il s'appuyait sur la table, contre la muraille, contre un arbre. Il s'était appuyé sur la balustrade. S'appuyer sur le coude. Elle s'était appuyée sur moi, sur mon épaule. Appuyer une chose contre une autre, La placer contre une autre qui la soutienne. Appuyer une échelle contre la muraille. Appuyer une maison contre une autre, l'appuyer contre un coteau, La bâtir contre une autre maison, la bâtir contre un coteau. Appuyer la gauche, la droite d'une armée à un bois, à un marais, etc., La disposer de manière qu'elle touche à un bois, à un marais, etc., et ne puisse être attaquée de ce côté par l'ennemi. La droite, la gauche de l'armée s'appuyait à un bois, à un marais, etc. Il signifie aussi figurément Fortifier une chose par une autre. Appuyer son opinion sur de bonnes raisons. Il appuya mon opinion en peu de mots. Il appuie son sentiment du témoignage des anciens. Il lui donnait des leçons qu'il appuyait de son exemple. Sur quoi appuyez-vous ce que vous dites? Il appuie sa prétention de titres bien en règle. En termes de Chasse, Appuyer les chiens, Les animer du cor et de la voix. Il a aussi le sens d'Aider, protéger. Appuyer une personne. Cet homme est bien appuyé. Il l'appuiera de tout son crédit. Appuyer une proposition. Appuyer une demande, une affaire. Appuyer une attaque par des troupes fraîches. Fig., S'appuyer sur un roseau, Mettre son appui, son espérance en une personne qui n'a aucune énergie. Fig., S'appuyer sur l'autorité, sur le crédit, sur la faveur de quelqu'un, ou simplement, S'appuyer sur quelqu'un, Faire fond sur la protection de quelqu'un. On dit aussi S'appuyer de l'autorité, du crédit, etc. S'appuyer sur l'autorité des anciens, sur un passage de l'Écriture, sur un usage reçu, etc., Se servir de l'autorité des anciens, d'un passage de l'Écriture, d'un usage reçu, etc., pour soutenir ce qu'on dit.

APPUYER signifie aussi Faire peser une chose sur une autre. Il lui appuya le genou sur la poitrine. Appuyer ses mains, ses bras, ses coudes sur une table. Il appuie beaucoup le pied en marchant. Vous appuyez trop la plume, le crayon. En termes de Manège, Appuyer l'éperon à un cheval, Lui appliquer fortement l'éperon. Appuyer des deux, Appliquer les deux éperons en même temps. En termes d'Escrime, Appuyer la botte, Appuyer le fleuret sur le corps de son adversaire après l'avoir touché. Il signifie aussi figurément et familièrement Adresser à quelqu'un un trait qui le presse et l'embarrasse. Il est aussi intransitif avec le sens de Peser sur, être porté sur. Cela n'a pas bien marqué, on n'a pas assez appuyé. Pour bien écrire, il ne faut pas appuyer. Appuyer fortement, légèrement. Les murs sur lesquels le plancher appuie. Une voûte qui appuie sur des colonnes, sur des piliers. En termes de Manège, Ce cheval appuie sur le mors, Il porte la tête basse et fatigue la main du cavalier. Appuyer sur la droite, sur la gauche, ou Appuyer à droite, à gauche, Se porter vers la droite, vers la gauche. Cela se dit surtout en parlant de Plusieurs personnes rangées sur une même ligne, les unes à côté des autres. Appuyez un peu à droite. En termes de Musique, Appuyer sur une note, Y demeurer plus ou moins longtemps. Appuyer sur un mot, sur une syllabe, Les prononcer avec une élévation de voix plus ou moins sensible. J'appuyai sur les derniers mots, pour qu'il les comprît mieux. Dans les mots de plusieurs syllabes, il y en a toujours une sur laquelle on appuie plus fortement que sur les autres. Fig., il signifie Insister. Vous avez trop appuyé sur ce fait. L'avocat n'a pas assez appuyé sur cette raison. Il devait appuyer davantage sur cette demande, sur la fausseté de cette pièce. Absolument, Glissez, n'appuyez pas.

Littré (1872-1877)

APPUYER (a-pui-ié) v. a.

J'appuie, j'appuierai, j'appuierais. On écrivait autrefois, j'appuye, j'appuyerai, j'appuyerais. On écrit aussi j'appuîrai, j'appuîrais ; ce qui indique la prononciation. L'y n'est plus conservé qu'à l'infinitif, et dans tous les temps où il est suivi d'une voyelle autre que l'e muet : appuyant, appuyé, appuyons ; je veux que nous appuyions ; il appuya, etc.

  • 1Donner un appui à. Appuyer une muraille par des piliers. Appuyer un édifice par des arcs-boutants.

    Appuyer contre, faire porter une chose contre une autre, de manière qu'elle soit soutenue ou abritée. Appuyer l'échelle contre le mur.

    Appuyer sur, poser sur ce qui peut soutenir. Appuyer ses mains, ses coudes sur une table.

  • 2 Fig. Vous n'appuyez votre bonheur que sur le mensonge, Pascal, Prov. 17. …En vain sur leur faiblesse appuyaient leur défense, Racine, Andr. I, 1. Un père est toujours père, et sur cette assurance J'ose appuyer encore un reste d'espérance, Corneille, Poly. V, 3. C'est bâtir sur la boue que d'appuyer les fondements de sa fortune sur l'affection passagère d'une vile populace, Vertot, Révol. rom. XIV, 303.
  • 3Faire peser. Il appuie trop le pied en marchant. Il lui appuya le genou sur la poitrine.
  • 4Tenir tout contre. Il m'appuya son pistolet contre la poitrine.
  • 5 En termes de manége, appuyer l'éperon à son cheval, et elliptiquement, appuyer des deux, appliquer l'éperon, les deux éperons à son cheval.
  • 6 En termes d'escrime, appuyer la botte, appuyer le fleuret sur le corps de son adversaire après l'avoir touché ; et, figurément, presser, embarrasser quelqu'un.
  • 7 En termes d'art militaire, appuyer la droite d'un corps de troupes à un bois, à un mamelon, la disposer de manière qu'un bois, qu'un mamelon la protége.
  • 8 En termes de marine, v. a. Soutenir les vergues du bord du vent contre un vent qui souffle grand frais.
  • 9Soutenir, aider. Fallait-il appuyer une prétention raisonnable ? Fléchier, Mont. On ne le voit pas se mettre en peine d'appuyer une douteuse réputation par l'intrigue et par la cabale, Fléchier, Panég. II, 68. … Vous appuyez vous-même son courroux, Racine, Brit. III, 1. Il venait par la force appuyer son partage, Racine, Mithr. II, 3. Vous-même en expirant appuyiez ses discours, Racine, Phèd. III, 3. Un bruit que j'ai pourtant soupçonné de mensonge, Appuyant les avis qu'elle a reçus en songe, Racine, Ath. III, 4. La sultane, à ce bruit, feignant de s'effrayer, Par des cris douloureux eut soin de l'appuyer, Racine, Baj. I, 1. Et son trouble appuyant la foi de vos discours, Racine, Esth. III, 6. Vous daignerez appuyer sa demande, Molière, F. sav. I, 2. Le pape dont Constant appuya le décret, Bossuet, Hist. I, 11. César que Cicéron appuyait au sénat, Voltaire, Catil. I, 2. Tu n'as de fils qu'Octave, et nulle adoption N'a d'un autre César appuyé ta maison, Voltaire, M. de Cés. I, 1. Un homme savant appuya ce que disait la marquise, Voltaire, Cand. 22.

    Absolument. Personne à la cour ne veut entamer ; on s'offre d'appuyer, parce que jugeant des autres par soi-même, on espère que nul n'entamera, et qu'on sera ainsi dispensé d'appuyer, La Bruyère, 8.

  • 10 En termes de chasse, appuyer les chiens, les exciter du cor et de la voix.
  • 11 V. n. Peser fortement sur une chose. Appuyer sur un cachet, sur un burin. N'appuyez pas, l'endroit est sensible.

    Fig. Insister avec force. Cet argument sur lequel on appuie avec tant de force, Bossuet, Préf. Il avait un peu trop appuyé sur ce dernier article, Hamilton, Gramm. 10. Je n'ai point appuyé là-dessus et j'ai bien fait, Sévigné, 493.

    En termes de musique, appuyer sur une note, y donner plus de force. Appuyer sur un mot, le prononcer avec plus d'intensité.

  • 12 En termes d'art militaire, appuyer sur la droite ou à droite, se porter du côté droit.
  • 13 En termes de manége, ce cheval appuie sur le mors, il porte la tête basse et fatigue la main du cavalier.
  • 14S'appuyer, v. réfl. S'aider, se servir comme d'un appui, d'un soutien. S'appuyer contre la muraille. Il s'appuyait sur sa canne.

    Fig. S'appuyant sur la faveur du ministre. Sur qui dans son malheur voulez-vous qu'il s'appuie ? Racine, Phèd. I, 5. Cependant, cher Osmin, pour s'appuyer de moi, L'un et l'autre ont promis Atalide à ma foi, Racine, Baj. I, 1. M. de Cambrai prétend s'appuyer de Blosius, Bossuet, Lett. quiét. 399. Il se veut appuyer du décret de saint Étienne, Bossuet, Bibl.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Vait s'appuier souz le pin à la tige, Ch. de Rol. XXXVI.

XIIe s. Dueil ot li rois qui s'apuie à Naymon [dont l'appui est en], Ronc. p. 154. L'espée [il] i apoia, par vertu l'a boutée, ib. p. 196. Dux Miles se redresse, si se cuide efforcier, Apuiant à s'espée se tint vers un moustier, Sax. X. Li dus Bueves sans barbe s'apoa à un dois [ductus], ib. XVIII. La cruiz arceveskal il meïsmes porta, à nul ne l'ad baillie ; car forment se duta ; De sur un banc s'assit et à Deu s'apuia, Th. le mart. 39. Bien se puet apuier li reis à ma reisun, ib. 32.

XIIIe s. Là s'apoia la bele, qui de plorer fut roe [rouge], Berte, XXXIII. Mal se volt [il se voulut] ou songe appuier, la Rose, 6534. Il lui apoia le coustel à costés, Bibl. des Chart. 2e série, t. III, p. 425. Mes voisins pot apoier son merien contre mon mur qui joint à li, Beaumanoir, XXIV, 2. Et puis s'apoierent à droit sor ce que cascune partie avoit proposé, Beaumanoir, LXI, 63. Il m'apoia, au passer que je fis de son glaive entre les deus espaules, Joinville, 225. En ce point que je estoie illec, le roy se vint apuier à mes espaules, et me tint ses deus mains sur la teste, Joinville, 256.

XIVe s. Je croirai vo conseil, bien m'i veil apoier, Guesclin. 9832. Li maistres de St Jacques a brochié le destrier, Tint sa lance en sa main, l'escu va embracier ; Encontre les deux cents est venus apoier, ib. 15032.

XVe s. Adonc furent ordonnées eschelles et mises et appoiées contre le mur, Froissart, II, III, 23. Il chevaucha jusques aux murs de la cité, et trouva Jean de Norvich qui s'appuyoit aux creneaux, Froissart, I, I, 255.

XVIe s. On cherche à fermir et appuyer nostre religion par la prosperité de nos entreprinses, Montaigne, I, 248. Un eschafauld appuyé sur des colonnes, Montaigne, II, 35. Les uns estoient appuyez du Pape, les autres de l'Empereur, et exerçoyent toutes sortes de cruautés, Lanoue, 26. Lesquels, venans après à conoistre qu'ils ne sont nullement appuyez, après avoir rompu leurs lances, retournent, Lanoue, 291. Serrez et portans leurs piques droites apuyées contre l'espaule, Lanoue, 320. Huict jours après le massacre, il vint une grande multitude de corbeaux s'appuier sur le pavillon du Louvre, D'Aubigné, Hist. II, 29.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

APPUYER.
1

Fig. Ajoutez : Vous êtes trop distraits, vous autres gens du monde ; vous n'appuyez pas sur les plaisirs comme nous autres ermites, Bussy-Rabutin, Lett. à Mme de Sévigné, 15 mai 1670.

5Ajoutez :

Appuyer la tête au mur, ou, simplement, appuyer, se dit du cheval qui se transporte parallèlement à lui-même en conservant une direction plus ou moins oblique.

8Ajoutez :

Appuyer une poursuite, la faire vigoureusement. Les corvettes la Pomone, la Bayadère, la Victorieuse,… appuyèrent une si vigoureuse poursuite aux pirates qu'en moins de dix-huit mois ils en eurent complétement purgé l'archipel, Jurien de la Gravière, Rev. des Deux-Mondes, 15 févr. 1874, p. 843.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

APPUYER des deux, (Manége.) c’est frapper & enfoncer les deux éperons dans le flanc du cheval. Appuyer ouvertement des deux, c’est donner le coup des deux éperons de toute sa force. Appuyer le poinçon, c’est faire sentir la pointe du poinçon sur la croupe du cheval de manége pour le faire sauter. Voyez Poinçon. (V)

Appuyer les chiens, en Vénerie, c’est suivre toutes leurs opérations, & les diriger, les animer de la trompe & de la voix.

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Étymologie de « appuyer »

Picard, apoier ; wall. aspoï ; namurois, aspouï ; bas-lat. appodiare ; de ad, à, et podium, hauteur, élévation (voy. PUI ou PUY).

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(Xe siècle) Du moyen français apuyer, de l’ancien français apoier, apuier, apuyer, du latin appodiare (« soutenir »), infinitif présent actif de *appodiō, dérivé du latin classique podium « plateforme autour de l’arène de l’amphithéâtre » avec le préfixe ad-. Cognat de l’espagnol apoyar, du portugais apoiar, de l’italien appoggiare.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « appuyer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
appuyer apµije

Fréquence d'apparition du mot « appuyer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « appuyer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « appuyer »

  • On ne demande conseil que pour appuyer ses convictions.
    William Osler — Oslerismes
  • S'appuyer sur l'expérience du passé devrait suffire à démontrer que la plupart des révolutions technologiques sont issues de recherches dont la seule motivation était le progrès de la connaissance.
    Pierre Joliot — La Recherche passionnément
  • La détente : faut surtout pas appuyer dessus !
    Pierre Desproges — Fonds de tiroir
  • Aujourd'hui, l'homme n'a qu'à appuyer sur un bouton et le monde lui appartient. Pourtant il se sent désespéré.
    Serge Losique — De Z à A
  • Seule la canne est plus solide que les expériences pour s'appuyer.
    Gao Xingjian — La montagne de l'âme
  • C'est trop facile de s'appuyer sur les autres, un jour on se retrouve dans un champ de béquilles.
    Jacques Godbout — Salut, Galarneau
  • La Bible est un livre si diversifié que les enthousiastes et les fourbes peuvent y puiser tous les matériaux nécessaires pour appuyer leurs extravagances ou leurs projets dangereux...
    Baron d’Holbach — L'Esprit du clergé
  • J’entend toujours dire que Dieu est juste. Je me demande ce qui permet d’appuyer cette assertion.
    François Mitterrand — Mémoire à deux voix
  • Il n’est pas bon de s’appuyer sur un homme, car c’est un soutien mouvant.
    Proverbe maori
  • Est écrivain toute personne qui ne suit que la vérité de ce qu’elle est, sans jamais s’appuyer sur autre chose que la misère et la solitude de cette vérité.
    Christian Bobin — L’inespérée
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Images d'illustration du mot « appuyer »

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Traductions du mot « appuyer »

Langue Traduction
Anglais press
Espagnol apoyar
Italien pressare
Allemand drücken
Chinois 推压
Arabe للضغط
Portugais pressionar
Russe нажать
Japonais 押す
Basque sakatu
Corse appughjà
Source : Google Translate API

Synonymes de « appuyer »

Source : synonymes de appuyer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « appuyer »

Combien de points fait le mot appuyer au Scrabble ?

Nombre de points du mot appuyer au scrabble : 14 points

Appuyer

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