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Attacher

Définitions de « attacher »

Trésor de la Langue Française informatisé

ATTACHER, verbe.

I.− Emploi trans.
A.− [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Fixer, retenir à l'aide d'un objet qui lie (corde, objet en fer). Attacher à, avec, par :
1. J'ai renoncé depuis longtemps à l'attacher [Dindiki] par la patte; il faisait tant de tours que je le trouvais au matin parfois presque étranglé par sa ficelle. Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 889.
P. anal. Joindre une chose à une autre par un moyen qui rappelle ce genre de lien :
2. ... lorsque, parvenu au col qui attache les deux principaux sommets du mont Ganghour, je découvrirais l'amphithéâtre incommensurable des neiges éternelles; lorsque je demanderais à mes guides, comme Heber, l'évêque anglican de Calcutta, le nom des autres montagnes de l'est, ils me répondraient qu'elles bordent l'empire chinois. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 234.
B.− P. ext.
1. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Coller, appliquer une chose sur une autre :
3. ... [si les] combustibles sont (...) à l'état de fines, on les mouille pour les attacher au calcaire et les empêcher de filtrer jusqu'au bas du four. L. Ser, Traité de phys. industr.,t. 2, 1890, p. 538.
2. Dans le domaine des sens.[Le suj. désigne un animé ou un inanimé]
a) Attacher les regards, les yeux. Les attirer, les captiver. Ce spectacle attachait nos regards (Ac.1835, 1878).
b) Attacher ses regards, ses yeux sur. Les fixer sur :
4. ... quand il [le voyageur] part, il sent que des yeux et des cœurs le suivent de ce rivage qu'il voit s'enfuir derrière lui. Il y attache lui-même ses regards, il y laisse quelque chose de son propre cœur; ... Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 159.
C.− Au fig.
1. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Fixer une personne ou un animal à une personne, une collectivité, une fonction, un lieu par des liens de dépendance (dévouement, intérêt, parenté, etc) :
5. Avec les trèfles, les graminées, les vesces, les orges, il [l'homme] a attiré et attaché à son domicile la chèvre, la vache, l'âne, le cheval, et jusqu'à des oiseaux, tels que la poule et le pigeon, qui, ayant des ailes, semblaient destinés à une liberté perpétuelle. S'il a attiré et fixé dans son habitation les animaux herbivores par des herbes bienfaisantes, il éloigne d'elle les animaux carnassiers... Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 94.
Attacher qqn aux pas, aux talons de qqn. Le faire suivre, souvent dans un but funeste :
6. ... il [Mouret] fit de ses enfants des espions qu'il attacha aux talons de l'abbé. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 921.
2. [Le suj. désigne un animé et parfois un inanimé] Lier affectivement un animé à un autre animé ou à un inanimé concret. Attacher qqn :
7. Ce qui m'attache à ce lac, c'est moins son extraordinaire beauté que d'y sentir vivre et battre cette artère puissante du Rhône. Michelet, Journal,1856, p. 303.
3. [À propos d'autres liens abstr.]
a) [Le suj. désigne un animé ou un inanimé abstr.] Lier quelque chose ou quelqu'un à une chose; donner, attribuer quelque chose à un animé ou à un inanimé. Attacher son attention, sa pensée à... :
8. Vous savez l'ordre divin qui attache par un lien indissoluble l'aveu au pardon. Renan, Drames philos.,Appendice à l'Abbesse de Jouarre, 1888, III, 2, p. 654.
Attacher son bonheur, sa gloire à qqc. Les en faire dépendre (cf. Ac. 1835-1932).
SYNT. Attacher son nom à une découverte, à une époque, à un événement, à un lieu, à une œuvre; attacher une idée, un sens, une signification à un fait, à un mot; attacher de l'importance, de l'intérêt, du poids, du prix, de la valeur à...
b) Spéc. [Le suj. désigne un animé, un inanimé concr. ou abstr.] Intéresser, occuper, captiver une personne ou une de ses facultés (esprit, imagination) :
9. Rien ne m'occupe, rien ne m'attache; je me sens encore suspendu dans le vide. Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 233.
4. Expr. Attacher le grelot (p. allus. à un vers d'une fable de La Fontaine, Conseil tenu par les Rats, Livre II, fable 2 : ,,Dès l'abord leur doyen [des rats] personne fort prudente, / Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard,/ Attacher un grelot au cou de Rodilard; / (...) / La difficulté fut d'attacher le grelot``). Être le premier à entreprendre une affaire difficile, nouvelle; attirer l'attention sur elle :
10. Celui des dreyfusards qui avait le plus de talent, le plus de plume, était à mon avis, avant Cornély, Bernard Lazare. Ce fut lui, d'ailleurs, si j'ai bonne mémoire, qui en novembre 1897, attacha le grelot avec deux brochures. L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 240.
D.− Argot
1. Attacher un bidon, une gamelle. Dénoncer :
11. ... il nous a attachés un bidon le jour que je t'ai vue à l'instruction, pour aller avec Henri Chevet [E. Chevallier, lettre, Mazas, 30 mai 1876.] Larch.Suppl.1880, p. 15.
2. Ne pas attacher ses chiens avec des saucisses. Être regardant à la dépense :
12. Par lui, nous apprîmes enfin que le temps passé ne revient plus, qu'il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier, ni attacher ses chiens avec des saucisses; ... Bloy, Journal,1904, p. 166.
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne un animé ou un inanimé concr.] Se fixer, être fixé à une personne, un animal, une chose, à l'aide d'un objet qui lie. S'attacher par, avec :
13. ... une corne de chevreuil, renfermant le plomb et le salpêtre, s'attache par un cordon en forme de baudrier, sur leur poitrine; ... Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 123.
P. anal. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé concr.] Se fixer, être fixé à un animé ou un inanimé concret par un moyen qui rappelle ce genre de lien :
14. Il vit des bras démesurément larges à l'endroit où ils s'attachent aux épaules. Mauriac, Le Baiser au lépreux,1922, p. 185.
B.− P. ext.
1. [Le suj. désigne un inanimé et parfois un animé] S'appliquer, se coller à, être collé à :
15. − Ils s'étaient promenés aussi, par les après-midi de dimanche clairs et froids sur les bords de la Moselle, poussant même jusqu'à la forêt, scintillante et magique, sous le givre cristallisé qui s'attachait aux branches. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 57.
Spéc., ART CULIN., souvent fam. [Le suj. désigne un mets] Se coller au fond d'une casserole, d'un plat :
16. − il faut que j'aille remuer mes lentilles qui sont sur le feu, car il n'y a rien de traître comme les lentilles pour s'attacher. A. France, La Vie en fleur,1922, p. 311.
2. Dans le domaine des sens.[Le suj. désigne gén. un sens ou présente un rapport avec un sens] Se lier, être lié à un objet, à un lieu. Les yeux s'attachent à, sur.
C.− Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers., une collectivité, parfois un inanimé abstr.] Se fixer à une personne, une fonction par des liens de dépendance (intérêt, service, dévouement). S'attacher à la fortune de qqn, au service de qqn; s'attacher auprès de qqn.
S'attacher à qqn, aux pas de qqn, à la poursuite de qqn. Le poursuivre de façon insistante, parfois dans un mauvais dessein :
17. doña sol. − Non, je te suis, je veux ma part de ton linceul! Je m'attache à tes pas. Hugo, Hernani,1830, II, 4, p. 51.
2. [Le suj. désigne une pers., un animal, parfois un inanimé abstr.] Se lier affectivement à une personne, à un animal ou à un inanimé concret :
18. Peu à peu, je vois bien que je me déprends de tout. Si je fais remettre en état quelques meubles, c'est que je n'aime pas le délabrement, mais cela ne veut pas dire que je m'attache à toutes ces choses. Green, Journal,1950-54, p. 221.
3. [À propos d'autres liens abstr.]
a) [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Se fixer, être fixé à une chose, parfois à une personne; l'accompagner, la poursuivre. S'attacher au nom, à la personne de qqn; s'attacher sur qqn :
19. Informe-toi, si les avantages qui s'attachent à l'admissibilité subsisteront pendant deux ans, si on t'en tiendra compte en 1909. J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1907, p. 216.
b) [Le suj. désigne une pers., une collectivité, ou une faculté hum.] S'occuper de, s'intéresser à, s'appliquer à, se tenir à :
20. Nous avons passé le temps où l'homme parfait nous paraissait être celui qui, sachant s'intéresser à tout sans s'attacher exclusivement à rien, capable de tout goûter et de tout comprendre, trouvait moyen de réunir et de condenser en lui ce qu'il y avait de plus exquis dans la civilisation. Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. 4.
S'attacher à ce que, s'attacher à + inf.S'attacher à reconnaître (Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 80).
SYNT. S'attacher à des bagatelles, à une idée, à une opinion, à un préjugé; s'attacher à l'esprit, à la lettre; s'attacher à la mémoire de qqn; s'attacher à son devoir.
4. Expressions
a) Je meurs où je m'attache. Devise de la constance (cf. Ac. 1932).
b) S'attacher au char de...
S'attacher au char d'une femme. Aliéner sa liberté en sa faveur (cf. Ac. 1835, 1878).
P. anal. S'attacher au char de la puissance, de la faveur (Ac. 1835, 1878).
S'attacher au char de la fortune. Essayer de s'enrichir :
21. Oui, morbleu! Attachons-nous toujours au char de la fortune, surtout quand il monte! ... Scribe, La Camaraderie,1837, II, 4, p. 273.
III.− Emploi intrans., rare, ART CULIN., parfois fam. [En parlant d'une préparation culinaire, d'un aliment] Adhérer au fond d'un plat, d'une casserole, en raison d'une cuisson mauvaise, excessive. Le ragoût a attaché (DG).
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. attachage, subst. masc. (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 162; suff. -age*). Action de fixer une personne, un animal ou une chose à l'aide d'un lien. L'attachage du condamné au poteau (Cendrars, Bourlinguer,1948, p.162).
PRONONC. ET ORTH. : [ataʃe], j'attache [ʒataʃ]. Enq. : /ataʃ/ (il) attache. Fér. 1768 transcrit le verbe avec [tt] géminées : attaché. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. atacher avec un seul t.
ÉTYMOL. ET HIST. A.− Ca 1100 « lier à qqc. » (Chanson de Roland, éd. Bédier, 3737 : A un'estache l'unt atachet cil serf). B.− 1. xiies. « lier, unir à qqn (par un sentiment) » (Mém. de la Société des Antiquaires de Normandie, 3esér., t. 7, p. 425 : Mis cuers deust bien estre o lui atachiez et si fermez Qu'altres n'en fust ja escoltez); 2. 1280 « appliquer, consacrer (son cœur, son esprit) » (Roman de la Rose, 5358, éd. Langlois, t. 2, p. 254 : E pour ce veuil que tu le saches Que ton cueur pour riens n'i ataches); 1574 s'attacher (à qqc.) (Amyot, trad. de Plutarque, Œuvres morales, Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy ds Dict. hist. Ac. fr., p. 237a); spéc. 1580-92 attacher ses yeux, sa vue sur qqn, sur qqc. « regarder qqn, qqc. avec attention, avec intérêt » (Montaigne, Essais, III, 10, ibid., p. 225a); 3. 1655 « mettre (une faculté, une qualité) au service de qqn » (Molière, L'Etourdi, II, 7 ds Œuvres, éd. Du Seuil, 1962, p. 57 : je souhaitais fort Qu'un garçon comme toi plein d'esprit et fidèle, A mon service un jour pût attacher son zèle), plus fréq. s'attacher (à qqn) (Ac. 1694); d'où 4. 1822 admin. part. passé subst. « celui qui est attaché à une ambassade » (Martens, Manuel diplomatique ds Dict. hist. Ac. fr., p. 243a : Indépendamment des secrétaires d'ambassade ou de légation, il arrive encore que les gouvernements nomment, pour être attachés aux missions, notamment à celles de première classe... des gentilshommes portant le titre d'attachés et d'élèves); 5. 1662 « adjoindre par l'esprit, associer, accoler » (Nicole, Traité de la foiblesse de l'homme, c. 1, ibid., p. 227a : Si l'on demande pourquoi le Grand Seigneur a fait, depuis peu, périr cent mille hommes devant Candie, on peut répondre sûrement que ce n'est que pour attacher encore, à cette image intérieure qu'il a de lui-même, le titre de conquérant). Issu, avec chang. de préf. (a-1*), du verbe a. fr. estachier « attacher » (début xiiies., Aliscans ds T.-L.), dér. du subst. estache « pieu » (ca 1100, Roland, ibid.), lui-même empr. à l'a. b. frq. *stakka « pieu »; une forme avec -kk- est en effet nécessaire pour expliquer les formes fr. La difficulté réside dans le fait que les formes germ. corresp. ne comportent qu'un seul -k- : a. nord. -staki (élément), ags. staca, a. fris. staka « palis », m. b. all., m. néerl. stake « perche », formes à rattacher aux verbes : a. nord. staka « pousser, heurter », m. b. all., m. néerl. staken « mettre des palissades » (i.-e. *steg- « pieu, perche », IEW t. 1, p. 1014); il faut peut-être admettre que le mot s'est répandu avec une certaine force expressive auquel correspondrait le -kk- (FEW t. 17, p. 205b). Parallèlement, l'a. prov. estacha (xiies. ds Rayn.), l'ital. stacca (xives. ds DEI), l'esp. estaca (1140 ds Cor.) sont empr. au got. *stakka.
STAT. − Attacher. Fréq. abs. littér. : 6 143. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 405, b) 7 128; xxes. : a) 6 219, b) 7 121. Attachage. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Bél. 1957. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 19. − France 1907. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Spr. 1967. − Timm. 1892.

Wiktionnaire

Verbe - français

attacher \a.ta.ʃe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’attacher)

  1. Fixer une chose ou une personne à une autre, en sorte qu’elle y tienne.
    • Si l’animal a le vice de mordre, il est attaché très-court, et si vous êtes curieux d’en savoir le motif, l’on vous répond que c’est parce qu’il irait manger la ration du voisin. — (Gabriel Maury, Des ruses employées dans le commerce des solipèdes, Jules Pailhès, 1877)
    • Les étriers, larges et pesants, sont attachés à des anneaux de fer au moyen d’étrivières très courtes en soie ou en lanières de cuir tressées. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 85)
    • Le samedi 29 septembre 1925, vers 5 heures, la famille Mermoz, de Messigny, était éveillée par les aboiements inusités de son chien qui était attaché dans une cabane située dans un pré attenant à l’habitation. — (André Barbier,Les sources de la virulence rabique: Histoire d'une épizootie de rage sur le renard et le blaireau dans la région dijonnaise, Imprimerie Bernigaud et Privat, 1929, page 125)
    • Lo...., aidé d’un autre, m’attacha par les poignets et les chevilles avec des lanières de cuir fixées au bois. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
  2. (Figuré) Joindre, lier à quelqu’un, à quelque chose d’une façon durable.
    • Et alors, monseigneur, je m'attache à vous parce que vous êtes celui qui monte, parce que j'ai reconnu la profondeur de votre intrigue et l'envergure de votre ambition ! — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • À ce tronc si court sont attachés des membres d’une longueur gigantesque : l’enjambée faite est ainsi profitable à une marche fort rapide ; […]. — (Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Quelques Considérations sur la Girafe, 1827)
    • Attacher quelqu’un à son service, à son parti.
    • S’attacher quelqu’un par la bonté.
    • Être fort attaché à sa famille.
    • Le chien est fort attaché, s’attache vite à son maître.
    • S’attacher à la fortune d’un ministre.
    • Attacher ses yeux, ses regards sur quelque chose.
    • Attacher son nom à une découverte.
  3. (Figuré) Attribuer, faire dépendre de.
    • Le soldat des guerres de la Liberté attachait une importance presque supersti­tieuse à l’accomplissement des moindres consignes. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La morale des producteurs, 1908, page 357)
    • On lui a conféré ce titre avec toutes les prérogatives qui y sont attachées.
    • Il a accepté cette situation en dépit de tous les inconvénients qui y sont attachés.
    • Attacher un sens, une signification à un mot, à un geste.
    • Attacher son bonheur, sa gloire à quelque chose.
    • J’attache beaucoup de prix à votre suffrage.
  4. (Figuré) Intéresser vivement, en parlant des choses.
    • Ce spectacle attache les yeux.
  5. (Cuisine) (Intransitif) Coller au fond d’un récipient pendant la cuisson, en parlant d’aliments.
    • La viande a attaché.
  6. (Pronominal) S’appliquer vivement, s’intéresser à une chose.
    • S’attacher à l’étude, aux sports, à remplir ses devoirs.
    • Ne s’attacher qu’à des bagatelles.
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Littré (1872-1877)

ATTACHER (a-ta-ché) v. a.
  • 1Joindre, fixer une chose avec une autre. Attacher avec des clous. Attacher au poteau. On lui attacha les mains. Attacher la vigne aux échalas.
  • 2 Fig. Attacher les yeux sur quelqu'un. Il attachait les regards de la foule. Il ne manque souvent à un ancien galant, auprès d'une femme qui l'attache, que le nom de mari, La Bruyère, 3. Et qu'est-ce que l'homme, pour que vous y attachiez votre cœur ? Chateaubriand, Mart. 66. Mais dérober son âme à de si doux appas Pour attacher son cœur à ce qu'on n'aime pas, Corneille, Othon, I, 3. Si sa beauté dès lors n'eût allumé nos feux, Le devoir auprès d'elle eût attaché nos vœux, Corneille, Rodog. IV, 3. L'hymen qui nous attache en une autre famille, Corneille, Hor. III, 4. Un père à qui le sang l'attache, Corneille, Héracl. III, 1. Pour mieux assurer la honte de leurs fers, Tous voulaient à leur chaîne attacher l'univers, Corneille, Cinna, I, 3. Je n'attendais pas moins de cet amour de gloire Qui partout à vos pas attache la victoire, Racine, Bérén. II, 2. Un oracle effrayant m'attache à mon erreur, Racine, Iphig. II, 1. Non que pour Octavie un reste de tendresse M'attache à son hymen et plaigne sa jeunesse, Racine, Brit. II, 2. C'est lui, seigneur, c'est lui dont la coupable audace Veut, la force à la main, m'attacher à son sort, Racine, Mithr. I, 2. Vous que l'amitié seule attache sur ses pas, Racine, Bérén. III, 1. Montrez à l'univers, en m'attachant à vous, Que, quand je vous servais, je servais mon époux, Racine, Baj. II, 1. S'il ne m'attache à lui par un juste hyménée, Racine, ib. I, 3. Plus fier de t'attacher ce nouveau diadème, Plus grand de te servir que de régner moi-même, Voltaire, M. de Cés. I, 4. Tu te fais une joie orgueilleuse et cruelle D'attacher sur mon front une honte éternelle, Delavigne, Vêpres Sicil. III, 2. Il se vantait insolemment qu'il avait trouvé le secret d'attacher à Métellus un remords et une furie vengeresse, Vertot, Rév. rom. liv. IX, p. 395.
  • 3Faire dépendre de. À votre tête, Les dieux ont d'Ilion attaché la conquête, Racine, Iphig. I, 2. Le ciel n'a point aux jours de cette infortunée Attaché le bonheur de votre destinée, Racine, ib. V, 2. Rome n'attache point le grade à la noblesse, Corneille, Sertor. II, 2. Peste soit qui premier trouva l'invention De s'affliger l'esprit de cette vision Et d'attacher l'honneur de l'homme le plus sage…, Molière, Sganar. 17.
  • 4Donner, attribuer. Attacher de l'importance ou du prix à quelque chose. Attacher une peine à. Quoiqu'on attache à ce mot une idée de justice. Il attache à ce mot un tout autre sens que vous. Rome, à ce nom si noble et si saint autrefois, Attacha pour jamais une haine puissante, Racine, Bérén. II, 2.
  • 5Intéresser, plaire. Attacher les esprits. Les fables ne vous attachent pas. … nous attachant à des récits Qui mènent à son gré les cœurs et les esprits, La Fontaine, Fab. VII, dédic. Un enfant qu'à six ans les romans attachent, Rousseau, Confess. II. Inventez des ressorts qui puissent m'attacher, Boileau, Art poét. III. Si le monde n'attachait les hommes que par le bonheur de leur condition présente, comme il ne fait point d'heureux, il ne ferait point d'adorateurs, Massillon, Dauphin.

    Absolument. Vous dites que vous ne contez pas bien ; je ne connais personne qui attache autant que vous, Sévigné, 35.

  • 6Lier par l'affection, par le devoir. Tout ce qui attache à la vie. Il fallait attacher le peuple au nouveau gouvernement. S'attacher quelqu'un par de bons offices.
  • 7Adjoindre, associer. Il a attaché son sort à la fortune de Rome. Attacher son nom à un événement. Il l'attacha à son service, il le prit pour domestique. Ce jeune homme sera attaché au ministère. Il s'attacha cet officier.

    S'ATTACHER, v. réfl.

  • 8Se joindre, se fixer à. La glu s'attache à la main. La vigne s'attache à tout ce qu'elle rencontre. Si vous saviez par combien d'imperceptibles liens les richesses s'attachent et, pour ainsi dire, s'incorporent à votre cœur…, Bossuet, le Tellier.
  • 9 Fig. Ne pas quitter, suivre, se fixer à. S'attacher aux pas de quelqu'un. Je m'attacherai à vous. S'attacher à la poursuite de l'ennemi. S'attacher à la fortune, à la destinée de quelqu'un. Un puissant intérêt s'attache à ces souvenirs. Sur les deux combattants tous les yeux s'attachèrent, Voltaire, Henr. X. Plus la nuit est obscure, et plus mes faibles yeux S'attachent au flambeau qui pâlit dans les cieux, Lamartine, Harm. III, 5. Quelque terme où nous puissions nous attacher et nous affermir, Pascal, dans COUSIN. Les esprits de la cour s'attachent par les yeux, Malherbe, VI, 1. Non, non, c'est à Dieu seul qu'il faut nous attacher, Racine, Ath. III, 6. Dont l'esprit léger s'attache évidemment Aux attraits captieux de mon déguisement, Corneille, Rod. IV, 5. Mais elle-même, hélas ! de ce grand nom charmée, S'attache au bruit heureux que fait sa renommée, Corneille, Sert. I, 1. Je remarquai un homme dont la simplicité me plut : je m'attachai à lui, il s'attacha à moi ; de sorte que nous nous trouvions toujours l'un auprès de l'autre, Montesquieu, Lett. pers. 48. Qu'est-ce que l'épiscopat, quand il se sépare de l'Église, qui est son tout, aussi bien que du saint-siége qui est son centre, pour s'attacher contre sa nature à la royauté comme à son chef ! Bossuet, Reine d'Angl.
  • 10Se lier par affection, par devoir. Nous nous attachâmes l'un à l'autre. S'attacher à une femme. S'attacher à la personne des rois. C'est ainsi que les peuples s'attachent aux maisons royales, Bossuet, Polit. Je m'attache un peu moins aux intérêts d'un homme, Corneille, Hor. I, 1. Et je soupçonnerais un crime dans les vœux D'un homme qui s'attache à tout ce que je veux ! Corneille, Othon, V, 1.
  • 11S'appliquer à, rechercher. S'attacher à la vertu. Il s'attache à la philosophie. S'attacher à perdre quelqu'un. Cet écrivain s'attache particulièrement à être clair. Les hommes ne s'attachent pas assez à ne point manquer les occasions de faire plaisir, La Bruyère, 11. Tout le mien [mon esprit] s'attachait aux périls de la paix, Corneille, Sertor. IV, 3. On ne s'attache point sans un remords bien rude à tant de perfidie et tant d'ingratitude, Corneille, ib. V, 4. L'âme, de son dessein jusque-là possédée, S'attache aveuglément à sa première idée, Corneille, Cinna, III, 2. Achillas et Septime S'attacheront peut-être à quelque autre maxime, Corneille, Pomp. I, 1. En vain à l'observer jour et nuit je m'attache, Racine, Phèd. I, 2. À vous faire périr sa cruauté s'attache, Racine, Athal. IV, 2. Elle s'attache à ôter aux prophéties leurs auteurs, Bossuet, Hist. II, 13. Je me suis attaché à vous découvrir les causes, Bossuet, ib. III, 7. Ne s'attachant [ne faisant attention] qu'à l'étroite signification d'efficient, Descartes, Rép. 1. Le sort dont la rigueur à m'accabler s'attache, Voltaire, Brut. III, 5.
  • 12 En termes de manége, un cheval s'attache à l'éperon, quand, au lieu de céder, il se pousse du côté où le cavalier approche l'éperon.

HISTORIQUE

XIe s. À une estache l'ont atachet cil serf, Ch. de Rol. CCLXXII.

XIIe s. [L'enseigne] As fers de lances atachée et levée, Ronc. p. 70.

XIIIe s. Et chascune galie fu atachie à un huissier [sorte d'embarcation] pour passer seürement, Villehardouin, LXX. Cele [dame] m'a si fort atachié, Que [je] n'en puis estre deslachié, Lai d'Ignaurès. Et por ce voil que tu le saches Que por riens ton cuer n'i ataches, la Rose, 5374.

XVIe s. Dieu prendra à cœur tous les outrages que nous feront les tyrans, comme s'ils s'estoient attachés [attaqués] à son propre fils, Calvin, 247. Comme si la destinée avoit attaché la victoire à ses membres, Montaigne, I, 15. Il attache une chorde à l'un des bras du prisonnier, Montaigne, I, 239. Si vous leur attachez un bon coup d'espée en la poictrine, Montaigne, II, 147. Le remora arreste les vaisseaux ausquels il. s'attache, Montaigne, II, 180. Après suyvoient douze cens harquebusiers en quatre troupes, ayans charge d'attacher [attaquer] les corps de garde de l'infanterie ennemie, puis donner dans leur quartier, Lanoue, 567. Il fit attacher une escarmouche, Lanoue, 653. Craignant que le grand nombre de sa flotte ne fust cause de les faire fouir en terre avant qu'il les peust attacher, il… Les ennemis s'attacherent incontinent à les investir et combattre ; mais ilz ne furent pas plus tost attachez, que ceulx qui estoient demourez derriere arriverent, Amyot, Alc. 58. À la porte y avoit un chien attaché, qui faisoit le guet et estoit terrible à tout le monde, Amyot, Pélop. 65. Antiochus ne demandoit que quelque occasion de s'attacher [s'attaquer] aux Romains, Amyot, Flamin. 17. Il se joignit avec Aristides, et s'attacha à Ephialtes [prit parti contre lui], Amyot, Cimon, 17. Quelques uns s'attachent [tiennent] à la cadence des periodes, D'Aubigné, Hist. Préf. 3. Il assiege Mouzac, qui avoit double fossé, quatre esperons de terre attachez de quatre courtines, D'Aubigné, ib. II, 161.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ATTACHER, lier, (Art mechan.) On lie pour empêcher deux objets de se séparer ; on attache quand on en veut arrêter un ; on lie les piés & les mains ; on attache à un poteau ; on lie avec une corde ; on attache avec un clou ; au figuré, un homme est lié, quand il n’a pas la liberté d’agir ; il est attaché quand il ne peut changer. L’autorité lie ; l’inclination attache ; on est lié à sa femme, & attaché à sa maîtresse.

Attacher, v. act. se dit dans les manufactures de soie, des semples, du corps, des arcades & des aiguilles ; c’est les mettre en état de travailler. Voyez Velours ciselé.

Attacher les rames en Rubannerie, c’est l’action de fixer les rames à l’arcade du bâton de retour. Voici comme cela s’exécute : on prend deux longueurs séparées de ficelles à rames, de quatre aunes environ chacune, lesquelles longueurs se plient en deux sans les couper ; à l’endroit de ce pli, il se forme une bouclette pareille à celle que l’on fait pour attacher les anneaux à des rideaux ; ensuite les quatre bouts de ces longueurs se passent dans l’arcade du bâton de retour ; après quoi il se forme une double bouclette au moyen de la premiere, en passant les longueurs à travers cette même premiere, d’où il arrive que le tout se trouve doublement arrêté à ladite arcade : on voit aisément que voilà quatre rames attachées ensemble d’une seule opération ; ce qui doit se faire quarante fois sur chaque retour, puisque l’ordinaire est d’y en mettre 160, ainsi qu’il sera dit à l’article rame. Voyez Rame.

Attacher le mineur à un ouvrage, c’est dans l’attaque des places ou la guerre des siéges, faire entrer le mineur dans le solide de l’ouvrage pour y faire une breche par le moyen de la mine. Voyez Mine.

L’attachement du mineur se fait au milieu des faces, ou bien au tiers, à le prendre du côté des angles flanqués des bastions, demi-lunes, ou autres ouvrages équivalens. Il vaudroit mieux que ce fût en approchant des épaules ; parce que l’effet de la mine couperoit une partie des retranchemens, s’il y en avoit : mais on s’attache, pour l’ordinaire, à la partie la plus en état & la plus commode. Cet attachement doit toûjours être précédé de l’occupation du chemin couvert, & de l’établissement des parties nécessaires sur le même chemin couvert, de la rupture des flancs, qui peuvent avoir vûe sur le logement du mineur, & de la descente & passage du fossé, auquel il faut ajoûter un logement capable de contenir 20 ou 30 hommes devant le fossé, pour la garde du mineur.

Après cela on fait entrer sous les mandriers le mineur, qui commence aussi-tôt à percer dans l’épaulement, & à s’enfoncer dans le corps du mur du mieux qu’il peut.

Il faut avoüer que cette méthode est dure, longue & très-dangereuse, & qu’elle a fait périr une infinité de mineurs : car ils sont long-tems exposés 1°. au canon des flancs, dont l’ennemi dérobe toûjours quelques coups de tems en tems, même quoiqu’il soit démonté & en grand desordre, parce qu’il y remet de nouvelles pieces, avec lesquelles il tire, quand il peut, & ne manque guere le logement du mineur ; 2°. au mousquet des tenailles & des flancs haut & bas, s’il y en a qui soient un peu en état ; 3°. aux pierres, bombes, grenades & feux d’artifice, que l’ennemi tâche de pousser du haut en bas des parapets ; 4°. aux surprises des sorties dérobées qu’on ne manque pas de faire fort fréquemment ; & par-dessus cela, à toutes les ruses & contradictions des contre-mines : de sorte que la condition d’un mineur, en cet état, est extrèmement dangereuse, & recherchée de peu de gens ; & ce n’est pas sans raison qu’on dit que ce métier est le plus périlleux de la guerre.

Quand cet attachement est favorisé du canon en batteries sur les chemins couverts, c’est tout autre chose, le péril n’en est pas à beaucoup près si grand. On enfonce un trou de 4 ou 5 piés de profondeur au pié du mur, où il se loge, & se met à couvert en fort peu de tems, du canon & du mousquet des flancs, des bombes & grenades, & feux d’artifice qui ne peuvent plus lui rien faire. Peu de tems après son attachement, il n’a plus que les sorties & les contre-mines à craindre.

Ajoûtons à cela, que, si après avoir décombré & vuidé son trou de ce qu’il aura trouvé d’ébranlé par le canon, il en ressort pour un peu de tems, & qu’on recommence à y faire tirer 50 ou 60 coups de canon bien ensemble, cela contribuera beaucoup à l’aggrandir & à l’enfoncer.

Ce même canon lui rend encore un bon office, quand il y a des galeries ou contre-mines dans l’épaisseur du mur, parce qu’il les peut enfoncer à droite & à gauche, à quelque distance du mineur, & par ce moyen en interdire l’usage à l’ennemi ; il sert même à disposer la prochaine chûte du revêtement, & à la faciliter. Attaq. des places, par M. de Vauban. (Q)

Attacher haut, (Manége) c’est attacher la longe du licou aux barreaux du ratelier, pour empêcher que le cheval ne mange sa litiere. (V)

S’attacher à l’éperon, (Manége) c’est la même chose que se jetter sur l’éperon. V. Se jetter. (V)

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Étymologie de « attacher »

À et tacher ; bourguig, étaiché ; picard, attaker. On verra au mot TACHER le sens propre de tache, tacher, qui explique celui d'attacher ou d'attaquer, mots qui ne diffèrent que par la prononciation.

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Phonétique du mot « attacher »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
attacher ataʃe

Fréquence d'apparition du mot « attacher » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « attacher »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « attacher »

  • - Attaché ? dit le loup ; vous ne courez donc pas Où vous voulez ?
    Jean de La Fontaine — Fables, le Loup et le Chien
  • Mieux vaut attacher l’âne que de le chercher.
    Proverbe grec moderne
  • L’amour du prochain consiste à ne pas s’attacher à son conjoint actuel, mais aimer déjà le suivant !
    Vincent Roca — Si tout le monde fait l’amour...
  • Il est moins pénible d'attacher sa ceinture de sécurité que de circuler en fauteuil roulant.
    Anonyme
  • Le propre de l'hérétique, c'est-à-dire de celui qui a une opinion particulière, est de s'attacher à ses propres pensées.
    Jacques Bénigne Bossuet — Histoire des variations des Églises protestantes
  • D'un insuffisant bosquet peut sortir une liane suffisante pour nous attacher.
    Ahmadou Kourouma — En attendant le vote des bêtes sauvages
  • Quand on est assis dans un avion qui s'écrase, on a beau attacher sa ceinture, ça ne sert à rien.
    Haruki Murakami — 1Q84, Livre 1
  • Si la richesse afflue et fait sonner son or, Veillez à n’y jamais attacher votre coeur.
    La Bible — Psaumes
  • Face à une oeuvre d'art, on ne doit pas rêver, mais s'attacher à en percer la signification.
    Arnold Schoenberg
  • Se lier de tefillin est une manière de vous attacher au service de Dieu avec votre cœur, votre esprit et votre force.
    Samuel Blumenfeld
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Traductions du mot « attacher »

Langue Traduction
Anglais attach
Espagnol adjuntar
Italien allegare
Allemand befestigen
Chinois 附上
Arabe لإرفاق
Portugais anexar
Russe приложить
Japonais 添付する
Basque erantsi
Corse à attaccà
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Synonymes de « attacher »

Source : synonymes de attacher sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « attacher »

Combien de points fait le mot attacher au Scrabble ?

Nombre de points du mot attacher au scrabble : 13 points

Attacher

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