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Noblesse

Variantes Singulier Pluriel
Féminin noblesse noblesses

Définitions de « noblesse »

Trésor de la Langue Française informatisé

NOBLESSE, subst. fém.

A. − HISTOIRE
1. [Avec insistance à la fois sur la qualité et p. méton. sur les pers. qui peuvent s'en prévaloir]
a) Qualité par laquelle quelqu'un est noble. Titres* de noblesse; quartiers* de noblesse. Les armes conféroient la Noblesse: la Noblesse se perdoit par la lâcheté; elle dormoit seulement quand le noble exerçoit une profession roturière non dégradante (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist., t.3, 1831, p.368).Les Sigognac ont des armes parlantes; ils portent d'azur à trois cigognes d'or, deux et une. Leur noblesse est fort ancienne. Palamède de Sigognac figurait glorieusement à la première croisade (Gautier,Fracasse,1863, p.446).V. anoblir ex. 1, 2, 6 et anoblissement ex. 1:
1. ... les fonctions de juger et de combattre, et les propriétés ou bénéfices qui y étoient attachés, étoient simplement viageres sous les deux premières races des rois de France, (...) elles sont devenues héréditaires sous le nom de noblesse [it. ds le texte] ainsi que les bénéfices sous le nom de fiefs, au commencement de la troisième. Bonald,Essai analyt.,1800, p.173.
b) Syntagmes
Ancienne noblesse, vieille noblesse. Noblesse existant avant la Révolution de 1789. Vous trouverez des manières dans l'ancienne noblesse, et dans la nouvelle des formes. Les seigneurs vous accueilleront avec cette grâce vraiment française et cette politesse chevaleresque, apanage de la haute naissance (Courier,Pamphlets, Au réd. «Censeur», 1820, p.45).M. de Viargue, était un des derniers représentants de la vieille noblesse du pays (Zola,M. Férat,1868, p.43):
2. Tous les nouveaux nobles, quelle que soit leur origine, se sont hâtés de répéter dans le même esprit: il faut que le Tiers puisse députer des gentilshommes. La vieille noblesse, qui se dit la bonne, n'a pas le même intérêt à conserver cet abus; mais elle sait calculer. Elle a dit: nous mettrons nos enfants dans la chambre des communes, et, en tout, c'est une excellente idée que de nous charger de représenter le Tiers. Sieyès,Tiers état,1789, p.39.
Haute noblesse. Noblesse qui est à la fois la plus ancienne et la plus illustre. M. de Brossard (...) se prétend de la plus haute noblesse, descendant de Louis le Gros, je crois (Stendhal,H.Brulard, t.1, 1836, p.398):
3. ... leur orgueil se nourrit de l'espérance de n'être plus confondues dans la foule des gentilshommes. Ainsi la haute noblesse consentirait de bon coeur à rejeter dans la chambre des communes le reste des nobles avec la généralité des citoyens. Sieyès,Tiers état,1789p.59.
Lettres de noblesse ou d'anoblissement. Lettres patentes du roi par laquelle il conférait la noblesse pour services rendus ou moyennant finance. En septembre 1664 un édit avait révoqué toutes les lettres de noblesse accordées depuis 1634 (Brasillach,Corneille,1938, p.413).V. anoblir ex. 3:
4. Les lettres de noblesse datent en France de Philippe le Hardi: elles avaient pour but principal l'exemption des impôts que le Tiers État payait seul. Mais les anciens nobles de France ne regardaient jamais comme leurs égaux ceux qui n'étaient point nobles d'origine... Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.208.
P. métaph. L'idée de spéculation n'est certes pas sortie des esprits avec la chute de Law, mais le haut commerce ne paraît pas avoir conquis encore ses lettres de noblesse (E. Schneider, Charbon,1945, p.118).Le yachting acquiert ses lettres de noblesse aux quatre expositions universelles (1867, 1878, 1889, 1900) (Jeux et sports,1967, p.1543).
Noblesse de cloche. Noblesse qui avait été acquise par l'exercice de fonctions de maire ou d'échevin. Quelque bourgeois y a gravé [sur la porte] les insignes de sa noblesse de cloches, la gloire de son échevinage oublié (Balzac,E. Grandet,1834, p.6).
Noblesse dormante. Noblesse qui était suspendue, mise en sommeil, pour une cause de dérogeance temporaire: pendant la durée du mariage d'une femme noble avec un non-noble ou, dans certaines provinces, durant l'exercice d'une profession dérogeante. (Ds Littré, Guérin 1892, DG).
Noblesse d'Empire, noblesse de l'Empire, noblesse impériale. Noblesse conférée par Napoléon à ses guerriers les plus glorieux ou à ceux qui avaient rendu d'éminents services civils. Vous avez plaidé pour Mademoiselle de Miremont, qui tient à la nouvelle noblesse, la noblesse de l'Empire (Scribe,Camaraderie,1837, i, 6, p.254).Robert (...) unissait, sans s'en rendre compte, à l'amour de la démocratie le dédain de la noblesse d'Empire (Proust,Guermantes 1,1920, p.79):
5. La noblesse n'est rien si elle n'est une chose ancienne de plusieurs générations. Tant qu'il existe un témoin de sa naissance, elle n'est pas (...). De là vient le soin des familles patriciennes de faire oublier la date et de cacher le parchemin du titre primordial (...). Aussi belle, assurément, sera dans cent ans l'origine de la noblesse impériale et la légende n'en sera pas obscure. Vigny,Mém. inéd.,1863, p.62.
Noblesse d'épée. Noblesse très ancienne, parfois considérée comme originaire et dont les hommes se consacrent traditionnellement au métier des armes. Synon. noblesse de race.Les membres des parlements français eux-mêmes (...) n'ont jamais pu se faire considérer comme les égaux de la noblesse d'épée (Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.311).Un beau gaillard en uniforme, avec un tricorne sous le bras et une carte dépliée devant lui. −«Noblesse d'épée?» −«Presque...» (Martin du G.,Thib., Belle sais., 1923, p.894).
Noblesse d'extraction, noblesse de race. Noblesse de naissance transmise par la ligne paternelle dont l'origine remonte aux grands feudataires ou même au-delà, se perdant dans la nuit des temps. Synon. noblesse de sang, de parage, de nom et d'armes, d'épée.Ce n'est point une noblesse de race, mais une magistrature héréditaire, à laquelle sont attachés les honneurs, à cause de l'utilité dont les pairs sont à la chose publique, et non en conséquence de l'héritage de la conquête, héritage qui constitue la noblesse féodale (Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817p.208).Ces nobles de campagne étaient des paysans comme les autres, mais chefs des autres. Anciennement il n'y en avait qu'un dans chaque paroisse: ils étaient les têtes de colonne de la population; personne ne leur contestait ce droit, et on leur rendait de grands honneurs. Mais déjà, vers le temps de la Révolution, ils étaient devenus rares. Les paysans les tenaient pour les chefs laïques de la paroisse, comme le curé était le chef ecclésiastique (...). Cette petite noblesse de race avait disparu en grande partie (Renan,Souv. enf.,1883, p.27):
6. ... vers le milieu du dix-septième siècle, une grande confusion s'était répandue dans l'ordre de la noblesse; des titres et des noms avaient été usurpés. Louis XIV prescrivit une enquête, afin de remettre chacun dans son droit. Christophe fut maintenu, sur preuve de sa noblesse d'ancienne extraction, dans son titre et dans la possession de ses armes. Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.18.
Noblesse de finance. Noblesse acquise par l'achat de titres, de lettres de noblesse. (Ds Littré, Guérin 1892, DG, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Noblesse par lettres. Noblesse conférée par le souverain pour services rendus. (Ds DG, Lexis 1975).
Noblesse militaire. Noblesse conférée, à la fin de l'Ancien Régime, pour service à l'armée pendant une certaine durée ou pour l'appartenance à certains grades. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Noblesse personnelle. Noblesse qui n'était pas transmissible. (Ds Guérin 1892, Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Noblesse de robe. Noblesse acquise par l'exercice présent ou passé de certaines charges, p. oppos. à noblesse d'épée. Synon. plus rare noblesse d'office.M. Myriel était fils d'un conseiller au parlement d'Aix; noblesse de robe (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.7).La noblesse s'en prenait à la vénalité et à l'hérédité des charges qui constituaient une autre aristocratie: car le Tiers État était en réalité la noblesse de robe (Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.202):
7. Jean-Jacques Olier est né à Paris (...). Sa famille appartenait, depuis quelque cinquante ans, à la noblesse de robe: le bisaïeul marchand drapier à Chartres; le grand-père, conseiller-secrétaire du roi en 1556, et allié aux Molé; le père, grand audiencier de France. Bremond,Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.428.
Nouvelle noblesse. V. noblesse d'Empire.
Petite noblesse. Noblesse qui est moins ancienne et surtout moins illustre. Le but de ces randonnées (...) était quelque goûter, ou garden-party, chez un hobereau ou un bourgeois fort indignes de la marquise. Mais celle-ci, quoique dominant de très haut, par sa naissance et sa fortune, la petite noblesse des environs, avait, (...) tellement peur de décevoir quelqu'un qui l'avait invitée, qu'elle se rendait aux plus insignifiantes réunions mondaines du voisinage (Proust,Sodome,1922, p.765):
8. Le gentilhomme avait cédé morceau par morceau sa terre aux paysans, ne se réservant que les rentes seigneuriales, qui lui conservaient l'apparence plutôt que la réalité de son ancien état. Plusieurs provinces de France, comme celle du Limousin, dont parle Turgot, n'étaient remplies que par une petite noblesse pauvre, qui ne possédait presque plus de terres et ne vivait guère que de droits seigneuriaux et de rentes foncières. Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p.156.
c) Proverbes et loc.
Noblesse oblige. Il faut vivre conformément à son rang et, p. anal., se conduire en faisant honneur au nom que l'on porte, à la famille à laquelle on appartient, à la position que l'on occupe. Tout ce que je viens de vous dire peut se résumer par un vieux mot: noblesse oblige! (Balzac,Lys,1836, p.164).Le caractère de cette noble fille était un exemple bien frappant de la maxime: noblesse oblige. Je ne connais rien de généreux, de noble, de difficile qui fût au-dessus de sa générosité et de son désintéressement (Stendhal,H. Brulard, t.1, 1836, p.310):
9. Ces jeunes Anglais pensaient sérieusement à ressusciter la Chevalerie, son code de l'honneur, son respect religieux de la femme. La féodalité pouvait être périmée mais l'attitude féodale, qui considérait les hommes comme liés entre eux par des devoirs réciproques, restait la plus souhaitable. Ils regrettaient le temps où la règle de vie avait été «noblesse oblige». Maurois,Disraëli,1927, p.151.
Noblesse vient de vertu. La véritable grandeur, la seule supériorité proviennent de la valeur personnelle, du mérite, de la vertu. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892).
Soutenir noblesse (vieilli). Vivre, mener un train conforme à la noblesse de sa naissance. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892, DG).
2. P. méton. Ensemble des gentilshommes et des anoblis plus partic., à la fin de l'Ancien Régime, ordre qui, avec ceux du clergé et du Tiers-État, constituait l'ensemble de la population française. Ordre de la noblesse; privilèges de la noblesse; noblesse/bourgeoisie; noblesse/clergé. Cette croisade si fatale, dans laquelle devait périr l'élite de la noblesse française (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.27).Le clergé et la noblesse se résignaient déjà à prêter main-forte aux vainqueurs pour écraser l'ennemie commune, la République (Zola,Fortune Rougon,1871, p.103).V. anoblir ex. 2, anobli ex. 3, anoblissement ex. 1 in fine et aristocratie ex.3:
10. ... l'aristocrate tenait à marquer sa dignité par la manière de vivre. Il portait l'épée;; sa carrière était celle des armes. Conseiller-né du prince, il acceptait de le servir comme ministre, diplomate, gouverneur ou intendant (...). Le gentilhomme entrait aussi dans l'Église. Mais il dérogeait s'il acceptait un emploi subalterne ou recherchait un gain mercantile; Colbert excepta le commerce de mer, sans grand succès. L'évolution économique, par la puissance de l'argent, avait donc été néfaste à la noblesse féodale. Lefebvre,Révol. fr.,1963, p.51.
Assemblée de noblesse. Assemblée de gentilshommes. (Ds Ac. 1798, 1878, Littré, Guérin 1892).
Noblesse couronnée. Princes de la famille royale. (Ds Besch. 1845-46, Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
Noblesse présentée. Les nobles qui vivent à la Cour. Synon. noblesse de Cour. (Ds Littré, Guérin 1892).
Noblesse de province, p. oppos. à noblesse de Cour.
Noblesse titrée. Les nobles qui ont un titre de noblesse (de duc, comte, marquis), p. oppos. à la simple noblesse. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
3. Dans la plupart des pays, des civilisations occidentales et à certaines époques, ordre social constitué par la naissance, la conquête ou dont les membres exercent certaines fonctions et détiennent en contrepartie certains privilèges; p.méton. ensemble de ses membres ou de leurs descendants. Noblesse allemande, anglaise. La noblesse romaine, n'ayant rien à faire ni militairement, ni politiquement, doit être ignorante et paresseuse (Staël,Corinne, t.1, 1807, p.291).Les signatures de la chancellerie de Malte, qui fait foi pour la noblesse du monde entier (Villiers de L'I.-A.,Corresp.,1877, p.232).La noblesse bavaroise et les Stände [ordres, États] du Wurtemberg continuaient leur opposition; mais la pensée de renoncer à leurs privilèges ne les effleurait pas (Lefebvre,Révol. fr.,1963p.615):
11. Dans les temps féodaux, on considérait la noblesse à peu près du même oeil dont on considère aujourd'hui le gouvernement: on supportait les charges qu'elle imposait en vue des garanties qu'elle donnait. Les nobles avaient des privilèges gênants, ils possédaient des droits onéreux; mais ils assuraient l'ordre public, distribuaient la justice, faisaient exécuter la loi, venaient au secours du faible, menaient les affaires communes. À mesure que la noblesse cesse de faire ces choses, le poids de ses privilèges paraît plus lourd, et leur existence même finit par ne plus se comprendre. Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p.95.
Rem. De nos jours, ce terme, désignant l'ensemble des descendants actuels de la noblesse est assez peu attesté. Association de la Noblesse Française (A.N.F.). La noblesse française ne représente qu'une infime minorité de la population en France. Serait-elle beaucoup plus en qualité? Est-elle encore une élite (...)? Aurait-elle perdu son âme au contact de la vie moderne et du monde des affaires? Est-elle seulement un reflet du passé? (E.de Séréville, A. de Saint Simon, Dict. de la noblesse fr., Paris, 1975, préf., p.18). On rencontre plus facilement l'adj. noble adjoint au terme famille pour désigner les descendants, plus rarement le subst.: Qu'est-ce qu'un noble? Nous ne parlerons que de la définition juridique: descendre d'un auteur en possession de la noblesse française (E.de Séréville, A. de Saint Simon, Dict. de la noblesse fr., Paris, 1975, préf., p.16).
B. − Au fig.
1. [En parlant de qqn]
a) [de son aspect physique, de son maintien, des composantes de la personnalité] Pureté des traits, caractère de beauté sobre; impression de majesté, de dignité; attitude reflétant un mélange harmonieux de dignité, de grâce et d'élégance. Noblesse naturelle; noblesse du visage; air de noblesse. Leur front est large, uni, blanc, poli comme celui des plus belles femmes d'Angleterre ou de Suisse; mais la ligne régulière, droite et large du nez donne plus de majesté et de noblesse antique à la physionomie (Lamart.,Voy. Orient, t.1, 1835, p.155).C'est à cette habitude de porter des fardeaux assez lourds sur leur tête, que les indigènes (...) doivent souvent la noblesse de leur allure et de leur port (Gide,Journal,1927, p.866).L'extraordinaire noblesse d'un visage aux lignes si simples, si pures que ni l'âge, ni la souffrance, ni même l'empâtement d'une mauvaise graisse n'en altéraient jamais la bienveillance profonde, l'expression de calme et lucide acceptation (Bernanos,M. Ouine,1943, p.1362).
b) [de son comportement, de ses sentiments] Dignité, élévation des idées et des sentiments; mélange de générosité, de dépouillement et d'élégance. Noblesse d'âme, de caractère, de coeur. La haute noblesse du clergé catholique est due tout entière au célibat (J. de Maistre, Pape,1819, p.292).Pas de noblesse sans courage. La noblesse, c'est le côté dur de l'homme; et pourtant elle n'est qu'un sentiment, et très secret. Ce n'est pas l'esbroufe. La vie n'est rien, sans noblesse (Chardonne,Attach.,1943, p.124):
12. ... la vraie noblesse est dans le caractère, dans le mérite personnel, dans la distinction morale, dans l'élévation des sentiments et du langage, dans la dignité de la vie et le respect de soi-même. Ceci est mieux que du jacobinisme et l'inverse de l'égalitarisme brutal. Au lieu de rabaisser tout le monde. C'est le droit à monter... Amiel,Journal,1866, p.222.
2. [En parlant de qqc.] État, caractère de ce qui est noble. Noblesse du style, de l'expression, des propos.
a) Caractère de beauté sobre, de majesté, de détachement, d'élégance; absence de vulgarité. Il y a des arts sans noblesse; ceux dont le but est l'utilité pratique et matérielle; on les nomme des métiers (Cousin,Hist. philos. mod., t.2, 1846, p.190).À l'autre bout de Madrid, s'étend le quartier royal qui a de la noblesse et du style, et qui découvre le seul paysage de cette ville sans perspectives (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p.219).
b) BEAUX-ARTS (archit., peint., sculpt.). L'Église fut sévère pour le Caravage parce qu'il s'écartait de la grande tradition chrétienne, faite de noblesse et de beauté (Mâle,Art relig.,1932, p.7).Pour que ces visions fussent dignes de Dieu, il [le Tintoret] voulait qu'elles fussent nobles; et il tirait sa noblesse de l'idéalisation du dessin, de la transfiguration par la lumière, du lyrisme de la couleur (Malraux,Voix sil.,1951, p.442):
13. La hardiesse bourguignonne était reconnaissable, plus belle à son goût que l'ogive écrasée de la Chaise-Dieu. Il suffisait de se rappeler la splendeur de Cluny. Toute la flamme du gothique, et plus de mesure. Toute la noblesse du plein cintre, ses certitudes de pensée, sa sérénité. Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.135.
Prononc. et Orth.: [nɔblεs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1140 «fête, réjouissance pompeuse» (Geffrei Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6507); 2. 1155 «fait de l'emporter sur les autres par sa valeur, sa dignité» d'une personne (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9031); ca 1280 d'une chose (Girart d'Amiens, Escanor, 3 ds T.-L.: Et qui bel conmence et define, l'uevre en est plus bele et plus fine Et de plus grant noblece asez); 1674 en parlant du style (Boileau, Art poétique, I, v. noble I B 1 d); 3. ca 1280 coll. «ensemble de personnages de grande valeur, de grande qualité» (Girart d'Amiens, op. cit., 3184 ds T.-L: ... la grant noblece De la Table Rëonde i vint). B. 1. Fin xiiies. noblace «qualité de celui qui est noble de naissance» [d'apr. FEW t.7, p.159a] (Laur., Somme, ms. Chartres 371, fol. 5 rods Gdf. Compl., sans cont.); 1331 noblesche (Cart. noir de Corbie, BN 17758, fol. 104 ro, ibid.); ca 1465 l'estat de noblesse (Jean de Bueil, Le Jouvencel, 2epart., XIX, éd. L. Lecestre, t.2, p.82); 1607 noblesse de robbe longue (E. Pasquier, Recherches, tables, non foliotées); 1615 petite noblesse (F. Maynard, Manifeste ds Satires fr. du XVIIes., éd. F. Fleuret et L. Perceau, t.1, p.69); 1678 haute noblesse (G. A. de La Roque, Traité de la noblesse et de ses espèces, IX, p.22); 2. ca 1490 coll. «l'ensemble des nobles» (Violier des hist. rom., 47 d'apr. FEW, loc. cit., p.158a). Dér. de noble1*; suff. -esse*. Fréq. abs. littér.: 2969. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6134, b) 4786; xxes.: a) 3109, b) 2956. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.353. _Duby (G.). Hist. des sociétés médiév. Annuaire du Collège de France. 1971, t.71, pp.527-529. _Duch. Beauté 1960, p.134. _Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.273.

Wiktionnaire

Nom commun - français

noblesse \nɔ.blɛs\ féminin

  1. Qualité de celui qui est noble.
    • Bonne, haute, ancienne, nouvelle noblesse.
  2. (Histoire) (Collectivement) Tout le corps des hommes qualifiés nobles, ou une partie de ce corps.
    • Il a toujours méprisé les vanteries ridicules dont il arrive assez ordinairement que la noblesse étourdit le monde. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Gornay)
    • "La noblesse, disent les nobles, est un intermédiaire entre le roi et le peuple…" Oui, comme le chien de chasse est un intermédiaire entre le chasseur et les lièvres. — (Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées, caractères et anecdotes)
    • La noblesse est entièrement opposée à tout système constitutionnel; son influence est à peu près nulle sur la bourgeoisie, mais elle est immense sur les métayers, qui sont presque tous à ses gages. — (Alexandre Dumas, La Vendée après le 29 juillet, La Revue des Deux Mondes T.1, 1831)
    • Après avoir harcelé la révolution dans l’Assemblée, elles l’attaquèrent plus tard à force ouverte, le clergé par des soulèvements intérieurs, la noblesse en armant l’Europe contre elle. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Comme les chorfa descendent du Prophète, ils appartiennent à la plus pure noblesse musulmane, et leur illustre ascendance, par un usage spécial au Maghreb, leur vaut les plus extraordinaires avantages. — (Eugène Aubin, Le Maroc dans la tourmente : 1902-1903, Librairie Armand Colin, 1904, réédition Éditions Paris-Méditérannée, 2004, page 322)
    • Cette association du politique et du religieux perpétua, jusqu’au milieu du XXe siècle, un système féodal abusif entretenu par la noblesse et les moines. — (Louis Dubé, La sagesse du dalaï-lama : Préceptes et pratique du bouddhisme tibétain, dans Le Québec sceptique, n° 66, été 2008, page 5)
  3. (Par extension) Groupe social qui s'arroge des privilèges et accapare le pouvoir dans une société.
    • En France, les grands patrons qui ne sont pas issus de la noblesse d’État sont des parias du monde des affaires. — (Catherine Dyja, L’Insurrection qui vient, dans la "Revue de la Défense nationale" de juillet 2009)
    • Lorsque la constitution française reconnaissait un ordre de 'noblesse privilégiée, la femme noble qui épousait un roturier dérogeait à la noblesse et devenait roturière. — (L’Institut : Journal des académies et sociétés scientifiques de la France & de l’Étranger, 2e section, 5e année, janvier-février 1840, n° 49-50, page 6)
  4. (Figuré) Grandeur ; élévation ; dignité.
    • Vous reconnaissez bien mal la noblesse de mes procédés envers vous, dit-il lentement. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Et, vivement impressionné par la noblesse réelle du spectacle, je ne pus m’empêcher de mêler ma voix aux acclamations enthousiastes des croyants prosternés. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 133)
    • La noblesse est d’affronter les dangers que l’on a reconnu, non pas de fermer les yeux à ceux que l’on court. — (Léon Blum, Du Mariage, 1907)
  5. (Peinture, Sculpture) Caractère élevé de la composition, de l’expression, de la forme.
    • Cette figure a de la noblesse, manque de noblesse, est sans noblesse.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NOBLESSE. n. f.
Qualité de celui qui est noble. Bonne, haute, ancienne, nouvelle noblesse. Noblesse d'épée, de robe. Noblesse personnelle. Noblesse transmissible, héréditaire. On lui conteste sa noblesse. Trouver sa noblesse. Faire ses preuves de noblesse. Il ne se pique point de noblesse. Lettres de noblesse. Il est entiché de sa noblesse. Noblesse d'extraction, Noblesse de naissance, opposée à Noblesse par anoblissement. Noblesse d'épée, Celle qui vient de fonctions militaires. Noblesse de robe, Celle qui vient de fonctions dans la magistrature. Prov., Noblesse oblige, Quiconque prétend être noble doit se conduire noblement. Il signifie figurément : On doit agir en conformité avec la situation qu'on occupe, avec la réputation qu'on s'est acquise.

NOBLESSE se dit aussi collectivement de Tout le corps des hommes qualifiés nobles, ou d'Une partie de ce corps. Les trois états du royaume étaient le clergé, la noblesse et le tiers état. Les cahiers de la noblesse. Le corps de la noblesse. La noblesse française. La fleur de la noblesse périt dans cette guerre. La noblesse de province. La noblesse de cour. Haute noblesse, La partie de la noblesse qui a le plus d'ancienneté ou d'illustration; par opposition à Petite noblesse, Celle qui en a le moins. Ancienne noblesse, Celle qui existait avant la révolution de 1789; et, Nouvelle noblesse, Celle qui a été créée depuis.

NOBLESSE signifie encore, figurément, Grandeur, élévation, dignité. Noblesse de cœur, de sentiments, d'âme. Noblesse d'expression, de style, de langage, de pensées. Noblesse d'attitude, de manières. Il y a beaucoup de noblesse dans sa conduite, dans ses procédés. Il désigne particulièrement, en termes de Peinture et de Sculpture, le Caractère élevé de la composition, de l'expression, de la forme. Cette figure a de la noblesse, manque de noblesse, est sans noblesse.

Littré (1872-1877)

NOBLESSE (no-blè-s') s. f.
  • 1Rang et qualité de ceux qui sont élevés au-dessus des roturiers, soit par leur naissance, soit par des lettres du prince. Rome n'attache pas le grade à la noblesse, Corneille, Sertor. II, 2. La noblesse, de soi, est bonne ; c'est une chose considérable assurément, Molière, G. Dand. I, 1. Apprenez qu'un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature ; que la vertu est le premier titre de noblesse ; que je regarde bien moins au nom qu'on signe, qu'aux actions qu'on fait, Molière, D. Juan, IV, 6. Le peuple… croit que la noblesse est une grandeur réelle, et il considère presque les grands comme étant d'une autre nature que les autres, Pascal, Disc. cond. des grands, I. La noblesse n'est souvent qu'une pauvreté vaine, ignorante et grossière ; oisive, qui se pique de mépriser tout ce qui lui manque ; est-ce là de quoi avoir le cœur si enflé ? Bossuet, Oblig. de l'état relig. 3. Le grand saint Paulin, en faisant le panégyrique de sa parente sainte Mélanie, a commencé les louanges de cette veuve si renommée par la noblesse de son extraction, Bossuet, Gornay. Si, pour votre noblesse, il vous manque des titres, Il faudra recourir à quelques vieilles vitres, Où nous ferons entrer d'une adroite façon Une devise antique avec votre écusson, Boursault, F. d'Ésope, III, 4. La noblesse, Dangeau, n'est pas une chimère, Quand, sous l'étroite loi d'une vertu sévère, Un homme issu d'un sang fécond en demi-dieux Suit comme toi la trace où marchaient ses aïeux, Boileau, Sat. v. Savez-vous si… Et si leur sang tout pur, ainsi que leur noblesse, Est passé jusqu'à vous de Lucrèce en Lucrèce ? Boileau, ib. Le ciel a sur son front imprimé sa noblesse, Racine, Iphig. III, 4. Cette disposition de cœur et d'esprit qui passe des aïeux par les pères dans leurs descendants, est cette bravoure si familière aux personnes nobles, et peut-être la noblesse même, La Bruyère, IX. Si la noblesse est vertu, elle se perd par tout ce qui n'est pas vertueux ; et, si elle n'est pas vertu, c'est peu de chose, La Bruyère, XIV. Le roi Jean anoblit son chancelier Guillaume de Dormant ; car alors aucun office de clerc, d'homme de loi, d'homme de robe longue, ne donnait rang parmi la noblesse, malgré le titre de chevalier ès lois et de bachelier ès lois que prenaient les clercs, Voltaire, Mœurs, 98. Un marchand nommé Maître Jean, séduit par les bontés du roi [Louis XI], qui le faisait souvent manger avec lui, s'avisa de lui demander des lettres de noblesse ; ce prince les lui accorda ; mais, lorsque le nouveau noble parut devant lui, il affecta de ne le pas regarder, Duclos, Œuv. t. III, p. 341.

    Noblesse d'extraction, celle dont l'origine est inconnue.

    Noblesse d'épée, celle qui était regardée comme originairement acquise l'épée à la main, mais à une époque déjà reculée.

    Noblesse militaire, celle qui appartenait de droit aux roturiers parvenus à certains grades.

    Noblesse de robe ou d'office, celle que conférait la possession de certains offices de judicature. L'édit de 1644 a prévalu : les cours de judicature ont joui des priviléges de la noblesse, et la nation ne les a pas contestés à ceux qui jugent la nation, Voltaire, Mœurs, 98.

    Noblesse de finances, titre de noblesse que l'on acquérait en achetant des titres. L'acquisition qu'on peut faire de la noblesse à prix d'argent encourage beaucoup les négociants à se mettre en état d'y parvenir, Montesquieu, Esp. XX, 22.

    Noblesse de la cloche, celle qui venait de mairie ou d'échevinage.

    Noblesse dormante, noblesse suspendue à cause de quelque acte dérogeant, Chéruel, Dict. de la France.

    Noblesse présentée, les nobles qui vont à la cour. Il n'y a de bon que les moines, la noblesse présentée…, Courier, Lettre 9e au censeur.

    Fausse noblesse, se disait de l'acquisition des fiefs ou terres nobles par les non-nobles, la possession d'un marquisat ou d'un comté ne faisant ni un marquis ni un comte.

    Soutenir noblesse, faire une dépense convenable à la noblesse de sa naissance.

    Fig. Et l'italien, l'oubliez-vous ? j'en lis toujours un peu pour entretenir noblesse, Sévigné, 7 juin 1671.

  • 2 Terme d'ancienne jurisprudence. Fief qui dépendait immédiatement du souverain, et dont la possession anoblissait.
  • 3 Au plur. Joyaux de la couronne. Le roi promet aussi [lors de son sacre] de conserver la souveraineté, les droits et noblesses de la couronne de France, sans les aliéner ou transporter à personne, Bossuet, Polit. XVII, v, 18.

    Au plur. Se disait, dans les tournois et les cours plénières, des livrées, des insignes, des décorations qu'on donnait comme marques d'honneur.

  • 4Noblesse personnelle, illustration qui dépend de la personne même et non des aïeux. Vous verrez le père Bourgoing, illustre d'une autre manière [que par ses ancêtres], et noble de cette noblesse que saint Grégoire de Nazianze appelle si élégamment la noblesse personnelle, Bossuet, Bourgoing.
  • 5Tout le corps des hommes qualifiés nobles. Les trois états du royaume étaient le clergé, la noblesse et le tiers état. Vous avez voulu tâter de la noblesse, et il vous ennuyait d'être le maître chez vous, Molière, G. Dand. I, 3. Comme notre Bretagne est toute pleine de noblesse qui n'aime pas à sortir de son pays, et de beaucoup d'autres hommes à proportion, il [le duc de Chaulnes] a levé en un moment un régiment de dragons le plus beau du monde… le corps de la noblesse pour l'arrière-ban est d'une grandeur et d'une magnificence surprenante, Sévigné, 16 mars 1689. Il gagna la noblesse, déjà presque demi-séduite, Fléchier, Duc de Mont. Bientôt, pour subsister, la noblesse sans bien Trouva l'art d'emprunter et de ne rendre rien, Boileau, Sat. V. Sylla, Pison, Crassus, les chefs de la noblesse, Racine, Brit. III, 5. La noblesse expose sa vie pour le salut de l'État et pour la gloire du souverain, La Bruyère, IX. La cérémonie, partout employée jusqu'à outrance, est le cheval de bataille de la noblesse campagnarde, Hamilton, Gramm. 10. Il faut que je cherche comme dans des abîmes les anciennes prérogatives de cette noblesse qui, depuis onze siècles, est couverte de poussière, de sang et de sueur, Montesquieu, Esp. XXXI, 8. Il est contre l'esprit du commerce que la noblesse le fasse dans la monarchie, Montesquieu, ib. XX, 22. Je n'aime point ces distinctions de colléges et d'académies qui font que la noblesse riche et la noblesse pauvre sont élevées différemment et séparément, Rousseau, Gouvern. de Pologne, ch. 4. Si vous connaissez la noblesse d'Angleterre, vous savez qu'elle est la plus éclairée, la mieux instruite, la plus sage et la plus brave de l'Europe, Rousseau, Hél. I, 62. M. de Linné obtint, quelques années après, un rang dans la noblesse suédoise, Condorcet, Linné.

    Haute noblesse, la partie de la noblesse qui a le plus d'ancienneté ou d'illustration. S'il y a du fabuleux dans l'origine des grandes noblesses, du moins il y a une sorte de fabuleux qui n'appartient qu'à elles et qui devient lui-même un titre, Fontenelle, Argenson.

    Petite noblesse, celle qui en a le moins.

    Ancienne noblesse, celle qui existait en France avant la révolution de 1789 ; et, nouvelle noblesse, celle qui a été créée depuis.

    Assemblée de noblesse, assemblée particulière de gentilshommes.

    Noblesse de l'Empire, titre de noblesse conféré par Napoléon Ier à certains personnages, et principalement à des généraux.

  • 6 Fig. Grandeur, élévation, dignité, en parlant soit des personnes, soit des choses. La noblesse de son maintien, de sa physionomie. On remarquait, dans les deux princesses, la même noblesse dans les sentiments, le même agrément, et, si vous permettez de parler ainsi, les mêmes insinuations dans les entretiens, Bossuet, Anne de Gonz. La noblesse de ses expressions [de Louis XIV] vient de celle de ses sentiments ; et ses paroles précises sont l'image de la justesse qui règne dans ses pensées, Bossuet, Mar.-Thér. Qu'il y a une pureté de mœurs plus estimable que celle du sang, et une noblesse spirituelle qui consiste à être conforme à l'image de Jésus-Christ, Fléchier, Aiguillon. Mais enfin, l'indigence amenant la bassesse, Le Parnasse oublia sa première noblesse, Boileau, Art p. IV. La noblesse d'une science se tire de la noblesse de son objet : c'est un grand principe, Malebranche, Rech. vér. IV, 7.
  • 7 Terme de littérature. Qualité du style noble. La noblesse du style est une des variétés de l'élégance. Le génie de Corneille, malgré ses négligences fréquentes, a tout créé en France ; avant lui, presque personne ne pensait avec force, et ne s'exprimait avec noblesse, Voltaire, Comm. Corn. Héracl. IV, 4. À cette première règle… si l'on joint de la délicatesse et du goût, du scrupule sur le choix des expressions, de l'attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux, le style aura de la noblesse, Buffon, Disc. de récept. La noblesse des termes est indépendante de l'idée ; c'est l'usage qui la donne ou qui la refuse à son gré, Marmontel, Œuvr. t. VI, p. 185.

    En peinture et en sculpture, le caractère élevé de la composition.

PROVERBES

Noblesse vient de vertu, c'est-à-dire un homme n'est proprement au-dessus d'un autre que par la vertu et par le mérite. On dit que la noblesse a la vertu pour mère ; S'il est vrai, ses enfants ne lui ressemblent guère, Boursault, Ésope à la cour, IV, 4.

Noblesse oblige, c'est-à-dire quiconque prétend être noble, doit se bien conduire.

HISTORIQUE

XIIIe s. Jeromes dit : soverainne noblesce est la clarté de vertu, Latini, Trésor, p. 344. [Constance]… en qui fu courtoisie Et noblesse et valeur sans nule vionie, Berte, CXLIV. Deus damoiselles moult mignotes, Qui estoient en pures cotes Et trecies à une tresce, Faisoient Deduit, par noblesse, Emmi la carole [danse] baler, la Rose, 768. Noblece vient de bon corage ; Car gentillece de lignage N'est pas gentillece qui vaille, ib. 18819.

XIVe s. Les uns [membres] sont principaus en noblece, si cum le cuer [cœur], H. de Mondeville, f° 36.

XVe s. Et entra le jeune roi en la cité de Reims, bien accompagné de noblesses, de hauts seigneurs et de menestrandies, Froissart, II, II, 74. Vous acquestez maintes richesces, Vous usez de toutes noblesces, Deschamps, Poésies mss. f° 427. Grant deduit fut de veoir porter les jolivetez et noblesses que dames et damoiselles envoyent aux jeunes chevaliers leurs amoureux, pour eulx parer pour l'amour d'elles, Perceforest, t. I, f° 24.

XVIe s. Le plus souvent nous logeons par honneteté en quelque mestairie, et puis aux noblesses [maisons des nobles] parfois, D'Aubigné, Faen. III, 1. Jamais vilain n'aima noblesse, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 90. Le tiers estat est le seminaire de noblesse, Leroux de Lincy, ib. Nul noblesse de paresse, Leroux de Lincy, ib. Vraye noblesse nul ne blesse, Leroux de Lincy, ib. Longueur du temps n'esteint noblesse ni franchise, Loysel, Inst. cout. 36.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

NOBLESSE. Ajoutez : - REM. Le mot devenu proverbial : noblesse oblige, ne paraît pas ancien ; du moins tout porte à croire qu'il est dû au duc de Lévis, qui commence par là un chapitre sur la noblesse, Maximes, préceptes et réflexions, p. 86, 5e éd. Paris, 1825.

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Étymologie de « noblesse »

(1140) Mot dérivé de noble, avec le suffixe -esse.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. nobleza, noblessa ; espagn. nobleza ; portug. nobreza ; anc. ital. nobilezza ; d'un thème fictif nobilitia (comme paresse, de pigritia), qui vient de nobilis, noble. On a dit aussi nobleté, de nobilitatem.

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Phonétique du mot « noblesse »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
noblesse nɔblɛs

Fréquence d'apparition du mot « noblesse » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « noblesse »

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Citations contenant le mot « noblesse »

  • Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !
    Pierre Augustin Caron de Beaumarchais — Le Mariage de Figaro, V, 3
  • Dans le cas peu probable où la fin des temps serait indéfiniment reconduite, nous dirons, en consolation, que la noblesse de l'homme est de poser des questions sans réponse.
    Jacques Perret — Bâtons dans les roues, Gallimard
  • La tradition familiale oblige aussi comme la noblesse.
    Ernest Chouinard — L'Oeil du phare
  • La noblesse est une propriété mystique de la liqueur séminale.
    Paul Valéry
  • Si la noblesse est vertu, elle se perd par tout ce qui n'est pas vertueux ; et si elle n'est pas vertu, c'est peu de chose.
    Jean de La Bruyère — Les Caractères, De quelques usages
  • La politesse est une noblesse qui rehausse toutes les conditions.
    Danièle et Stefan Satrenkyi — De belles histoires pour nous tous
  • La persévérance est la noblesse de l'obstination.
    Adrien Decourcelle
  • La noblesse, autant que la veulerie, est une possibilité humaine.
    Claire France — Et le septième jour...
  • Non, non, la naissance n'est rien où la vertu n'est pas.
    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Dom Juan, IV, 4, Dom Louis
  • Extension de noblesse oblige  : le génie n'oblige pas moins que la noblesse.
    Franz Liszt — Über Paganini
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Traductions du mot « noblesse »

Langue Traduction
Anglais nobility
Espagnol nobleza
Italien nobiltà
Allemand adel
Chinois 贵族
Arabe نبل
Portugais nobreza
Russe знать
Japonais 貴族
Basque noblezia
Corse nobiltà
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Synonymes de « noblesse »

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Antonymes de « noblesse »

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