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Roture

Variantes Singulier Pluriel
Féminin roture rotures

Définitions de « roture »

Trésor de la Langue Française informatisé

ROTURE, subst. fém.

A. −
1. État d'une personne qui n'est pas noble; condition de roturier. D*... était glorieux de sa roture comme mon père l'était de sa noblesse (Picard,Avent. E. de Senneville, 1813, I, p. 15).Pour un garçon de petite naissance, il n'y a que cette sainte mission qui puisse te savonner de la roture (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 305).P. méton. Ensemble des roturiers. C'est au sein de la roture que se sont réfugiés aujourd'hui les sentiments, les mœurs et les vertus de l'âge d'or (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p. 251).
2. Loc. adj. De roture. De condition roturière. Ces unions entre gens de roture et personnes nées (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 175).Propre aux roturiers. Lorsque la taille était le seul impôt de roture, l'exemption du noble était peu visible (Tocqueville,Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 165).
3. Au fig. Caractère vulgaire, sans distinction, sans finesse de quelqu'un ou de quelque chose. Les Petites du ballet [de Louis Legrand], où l'on perçoit la vulgarité des abattis, la roture des attaches (Goncourt,Journal, 1896, p. 962).La décence, et j'allais dire la distinction de sa tenue, prédispose en sa faveur les jurés; elle accuse la roture et le dénuement des deux autres (Gide,Souv. Cour d'ass., 1913, p. 657).P. méton. Je trouve tout ce passage exécrable. Tu flattes les plus basses manies de la roture intellectuelle, toute la nauséabonde tribu des soi-disant penseurs (Flaub.,Corresp., 1858, p. 296).
B. − HIST. État d'un bien, d'une terre qui n'est pas noble. Tomber en roture. L'abolition, dès le XVIIesiècle [en Angleterre], de tous les signes qui y distinguaient le fief de la terre tenue en roture (Tocqueville,Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 185).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɔty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [Le dér. roturier* 1271] A. 1406 Orléanais roupture « terre nouvellement défrichée » (Compte du dom. du duché d'Orléans, Arch. Loiret ds Gdf.); 1419 id. cens de rouptures (ibid.). B. 1. a) 1549 « état d'un bien non noble » (Est., s.v. roturier: Terre tenue en roture, jure plebeio fundus); 1663 fig. (Boileau, Satires, V ds Œuvres, éd. Fr. Escal, p. 32: le Merite avili Vit l'honneur en roture); b) 1606 « état d'une personne non noble » (Nicot); 2. 1611 « ensemble des roturiers » (Cotgr.). A est issu du b. lat. ruptura « défrichement » (875 Arles ds Nierm.), « terre défrichée, essart » (819 Espagne ds Du Cange, s.v. rumpere, ruptura), spéc. localisé à l'ouest du dom. gallo-rom. en ce dernier sens (1185 Absie, Deux-Sèvres) et en celui de « cens portant sur un essart » (1072 île d'Oléron; 1104 Saintes ds Du Cange, loc. cit.; v. aussi K. Baldinger ds R. Ling. rom. t. 26 1962, carte 1, p. 314). Ruptura est dér. du b. lat. rumpere « défricher » (867 Espagne; 1030-39 Marseille; 1189 Italie ds Nierm.), d'où l'a. fr. rompre « id. » (1253 ds Gdf. Compl.), conservé dans divers dial. du fr. prov. et de l'occit., FEW t. 10, p. 568a. Cf. le m. fr. rompture « terre nouvellement défrichée » (1356-1406 ds Gdf.), dér. de rompre, d'apr. ruptura. À partir de [cens de] roture « redevance due au seigneur pour la terre qu'on a le droit de cultiver », le sens « terre soumise à cette redevance » puis « héritage, bien non noble ». B est un dér. régr. de roturier*. Du lat. ruptura est issu l'a. fr. roture « ouverture, déchirure » (1174-87, Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3709). Fréq. abs. littér.: 57.

Wiktionnaire

Nom commun - français

roture \ʁɔ.tyʁ\ féminin

  1. (Histoire, Moyen Âge) (Vieilli) Défrichement, puis terre défrichée, puis le sens glissa vers celui de petite culture.
  2. (Histoire) État d’une personne ou d’un héritage qui n’est pas noble.
    • Les récits ne disent pas clairement si sa fortune est en rapport avec celle de Barbe-Bleue, ce silence suggère qu'il est ostensiblement riche, mais qu'il a une tare cachée, la roture. — (Catherine Velay-Vallantin, L’Histoire des contes, Fayard, 1992)
    • Terre en roture.
    • Ce n’était pas un fief, une seigneurie, c’était une roture, ce n’était qu’une roture.
    • Posséder en roture.
  3. (Collectivement) (Au singulier) Ensemble des roturiers, en tant que classe sociale.
    • Si la noblesse peut revendiquer dans le passé les hauts faits d'armes et le renom militaire, il y a aussi une gloire pour la roture, celle de l'industrie et du talent. — (Augustin Thierry, Lettres sur l'histoire de France, 1e lettre, 1820, dans Philosophie des sciences historiques, publié par Marcel Gauchet, Presses Univ. Septentrion, 1988, p.57)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ROTURE. n. f.
État d'une personne qui n'est pas noble. Il était né dans la roture. On lui prouva sa roture. Il se dit aussi des Choses. Terre en roture. Ce n'était pas un fief, une seigneurie, c'était une roture, ce n'était qu'une roture. Posséder en roture. Il se dit encore, collectivement, des Roturiers. En France, la roture était sujette à la taille.

Littré (1872-1877)

ROTURE (ro-tu-r') s. f.
  • 1État d'une personne ou d'un héritage qui n'est pas noble. Terre en roture. Posséder en roture. À se croire d'un rang d'éclat environné, Quoiqu'en pleine roture on soit quelquefois né, Hauteroche, Bourg. de qual. I, 5. Les Suisses s'offensent d'être dits gentilshommes, et prouvent la roture de race pour être jugés dignes de grands emplois, Pascal, Pens. V, 8, éd. HAVET. Il s'en trouve qui, nés à l'ombre des clochers de Paris, veulent être Flamands ou Italiens, comme si la roture n'était pas de tout pays, La Bruyère, XIV. On la trouve encore [la coutume de faire héritier le dernier des mâles qui reste avec le père] en Bretagne, où elle a lieu pour les rotures, Montesquieu, Espr. XVIII, 21. Les Trublet, se trouvant très illustrés de l'ancienneté sans tache de leur roture, n'ont jamais eu la sotte vanité, comme tant d'autres, de se faire, de bourgeois anciens, gentilshommes nouveaux, D'Alembert, Éloges, Trublet. Lorsqu'un fief tombe en roture, malheur si commun de nos jours…, Courier, Lett. V.

    Fig. Mais enfin par le temps le mérite avili Vit l'honneur en roture et le vice ennobli, Boileau, Sat. V. Vous me peignez un fat qui met l'esprit en roture, La Bruyère, XII. Puisque l'amour et la nature, Avec le sens commun, sont tombés en roture, Lachaussée, Retour impr. I, 1.

  • 2 Collectivement. Les roturiers. La fatuité égale la roture aux meilleurs noms, Vauvenargues, Nouv. max. 156. Assujettie à ses emplois, Jadis l'opulente roture N'osait aspirer à nos droits, Bernis, Ép. 2e, Mœurs. Si la roture en France n'eût jamais dérogé, ni la valeur dégénéré en gentilhommerie, jamais nos femmes n'eussent entendu battre vos tambours [de vous, ennemis], Courier, 2e lettre au censeur.

HISTORIQUE

XVIe s. Quand droit de relief est du pour roture ou cotterée, il est coutumierement du double du cens ou de la rente, Loysel, 547.

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Étymologie de « roture »

En ancien français routure, du latin ruptura (« action de briser la terre »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Lat. ruptura rupture, pris dans le moyen âge au sens de champ défriché. fendu par le soc, et de là héritage de vilain ; on trouve dans un ancien texte terram in ruptura, terre en roture (voy. DU CANGE, ruptura). L'archiviste de la Manche, M. Dubosq, rencontrant en des documents du moyen âge rentes rotulieres, redditus rotulares, a pensé que roturier venait de là, et signifiait proprement celui qui était inscrit sur un rôle, rotulus, pour le payement des redevances envers le seigneur. Il est vrai que roturier pourrait provenir de rotulier ; le changement de l'l en r ne ferait pas une grosse difficulté ; mais de rotulier ou roturier on n'aurait jamais tiré roture, tandis que de roture on tire facilement roturier. Au reste, cette étymologie par roturier avait déjà été proposée par l'auteur des Dissertations sur l'origine des Francs, Paris, 1748, p. 147.

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Phonétique du mot « roture »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
roture rɔtyr

Fréquence d'apparition du mot « roture » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « roture »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « roture »

  • Un homme de 27 ans est décédé ce samedi 22 août dans le massif des Ecrins. Il évoluait avec deux autres membres de sa famille lorsque la cordée a basculé dans un couloir de neige, au niveau de l’Aiguille des Saffres, dans le secteur de La Chapelle-en-Valgaudemar, à la limite des Hautes-Alpes et de l’Isère. Elle a fini sa course au fond d’une roture, entre le glacier et la paroi rocheuse.
    La Chapelle-en-Valgaudémar. Hautes-Alpes/Isère : un militaire de 27 ans décède dans les Écrins

Traductions du mot « roture »

Langue Traduction
Anglais roture
Espagnol podredumbre
Italien roture
Allemand drehen
Chinois ture
Arabe الدوران
Portugais roture
Russe roture
Japonais 拷問
Basque roture
Corse roturazione
Source : Google Translate API

Synonymes de « roture »

Source : synonymes de roture sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « roture »

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Nombre de points du mot roture au scrabble : 6 points

Roture

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