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Infamie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin infamie infamies

Définitions de « infamie »

Trésor de la Langue Française informatisé

INFAMIE, subst. fém.

A. −
1. Flétrissure morale infligée par la loi ou par l'opinion publique et portant atteinte à la réputation, à l'honneur d'une personne. Couvert d'infamie; signe d'infamie. Je serais un vil séducteur, et vous une fille dénaturée. Ah! n'acceptons pas le bonheur au prix de l'infamie (Duras, Édouard,1825, p. 180):
1. Il n'est pas de peuple, ayant acquis dans le monde quelque renom, qui ne se glorifie avant tout de ses annales militaires : ce sont des plus beaux titres à l'estime de la postérité. Allez-vous en faire des notes d'infamie? Proudhon, Guerre et paix,1861, p. 32.
2. Caractère, condition, état d'une personne ou d'une action infâme. Mourir dans l'infamie; l'infamie d'un traître, d'un crime :
2. ... ces trous sont des bouches par lesquelles se proclame l'honneur, et telle toile de frise ou de Hollande toute neuve et godronnée à la dernière mode de la cour cache souvent l'infamie d'un bélître parvenu, concussionnaire et simoniaque... Gautier, Fracasse,1863, p. 96.
Banc d'infamie. Banc des accusés. À bout de souffle, je le laisse crier ses insultes. Il me prédit que je finirai au banc d'infamie (Aymé, Vaurien,1931, p. 239).
B. −
1. Action ou parole vile, honteuse. Commettre, subir une infamie. Votre Rodolphe est un homme ignoble, dit-elle à Mimi, sa proposition est une infamie. Il veut vous faire descendre par cette démarche au rang des plus viles créatures (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 168):
3. Balzac, plus sombre encore [que Stendhal], assemble autour de soi, pour se faire une idée plus approfondie, et comme plus mordue, de la société, tous ceux que leur métier fait observateurs et chercheurs d'infamies et de choses honteuses, le confesseur (...), l'homme de police, tous préposés à déceler, à définir, et, en quelque sorte, à administrer toute l'ordure sociale. Valéry, Variété II,1929, p. 121.
[Par suite d'affaiblissement de sens] Indécence. Ces portefaix, matelots, aubergistes normands se plaignent toujours d'un voyageur qui a eu l'infamie de ne vouloir donner que trois francs pour le transport de ses effets, ce qu'un homme du pays aurait payé quinze sous (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 97).
Vx. Œuvre littéraire de mauvaise qualité. Au jugement de tous les hommes de bon sens, Marie Tudor est une infamie, et ce qu'il y a de plus mauvais comme pièce (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1850, p. 85).
2. Tout ce qui cause de la répugnance par sa laideur, sa saleté. Il n'y a que ces affreuses lunettes... Pourquoi donc portez-vous des infamies pareilles? (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie,1869, I, 8, p. 32).
3. En partic., au plur. Paroles injurieuses pouvant porter atteinte à la réputation, à l'honneur d'une personne. Dire des infamies sur le compte de qqn. Voilà qu'elle me ressert les infamies inventées par la femme Joujou (Léautaud, Journal littér., t. 4, 1922-24, p. 382).
Prononc. et Orth. : [ε ̃fami]. Martinet-Walter 1973 [-a-]/[-ɑ-] (15/2). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1364-73 « action, parole déshonorante » (Bersuire, T.-Liv., B.N. 20312 ter, fo42 vods Gdf. Compl.); au plur. 1690 (Fur.); b) 1647 « caractère déshonorant, honteux d'une chose, d'un acte » (Corn., Héracl. IV, 1 ds Littré); 2. 1492 [éd.] « flétrissure imprimée à l'honneur, la réputation par l'opinion publique » (Sept Sages de Rome, éd. G. Paris, p. 19 : estre menée par les places publiques en infamie et a honte perpetuelle); en partic. 1549 « flétrissure imprimée par la loi » estre noté d'infamie (Est.) d'où 1592 « état d'une personne flétrie par la loi, l'opinion publique » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, II chap. I, p. 372 : lasche à l'infamie [...] ferme à la pauvreté); 3. av. 1614 « chose infâme, sale, répugnante » (Brantôme, Œuvres, éd. L. Lalanne, V, 25). Empr. au lat.infamia « mauvaise renommée, déshonneur, honte »; a éliminé le plus anc. infame subst. « déshonneur, mauvaise réputation » (ca 1223-xvies., cf. FEW t. 4, p. 658a) adapté du lat. de basse époque infamium « id. », vies. ds TLL s.v., 1342, 50. Fréq. abs. littér. : 688. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 116, b) 1 428; xxes. : a) 1 385, b) 374.

Wiktionnaire

Nom commun - français

infamie \ɛ̃.fa.mi\ ou \ɛ̃.fɑ.mi\ féminin

  1. Flétrissure imprimée à l’honneur, à la réputation, soit par la loi, soit par l’opinion publique.
    • Je ne souffrirai jamais, dit le baron, une telle bassesse de sa part, et une telle insolence de la vôtre ; cette infamie ne me sera jamais reprochée : les enfants de ma sœur ne pourraient entrer dans les chapitres d’Allemagne. Non, jamais ma sœur n’épousera qu’un baron de l’empire. — (Voltaire, Candide, 1759)
    • Comment concilier la passion immodérée des Romains pour les combats du cirque, et l’infamie dont ils couvraient les instrumens de ces cruels spectacles, les arénaires, bestiaires, gladiateurs ? — (« Arène », dans le Dictionnaire universel de droit français par Jean-Baptiste-Joseph Pailliet, vol. 5, Paris : chez Tournachon-Molin, 1827, page 516)
    • Je sais tout ce que le cœur humain peut contenir de lâchetés, d’infamies. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
  2. Caractère déshonorant, honteux, vil, d’une chose, d’un acte.
    • Si tu ne cesses tes remontrances, répondirent les habitants de Sodome, nous te bannirons de notre ville. — J’ai votre crime en horreur, reprit Loth. Seigneur, préserve-moi, préserve ma famille de leur infamie. — (Le Coran, 26, trad. Savary, 1783)
    • Je dévoilerai l’infamie de sa conduite.
  3. Action déshonorante ou honteuse.
    • La Louve, cette péripatéticienne de la rue Pierre-Lescot, épousera son Martial et en aura beaucoup d'enfants. Il suffit d'avoir fait quelque infamie pendable et d'avoir rencontré M. Rodolphe de Gérolslein pour se remettre à flot. — (« Du dernier roman de M. Eugène Sue : Les Mystères de Paris », dans la Revue nationale de Belgique, tome 9, Bruxelles : à la Librairie polytechnique d'Auguste Decq, 1843, page 147)
    • Je n’étais pas loin de verser des pleurs sur ma propre infamie, en songeant que j’étais là à m’amuser et à boire avec des singes, quand mon compagnon se morfondait sur la paille, dans une cage. — (Pierre Boulle, La Planète des singes, Julliard, 1994, page 151)
  4. (Au pluriel) Parole injurieuse à l’honneur, à la réputation.
    • Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Maximes et réflexions sur la comédie, 3, 1728)
    • Il lui a dit mille infamies, toutes les infamies imaginables.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

INFAMIE. n. f.
Flétrissure imprimée à l'honneur, à la réputation, soit par la loi, soit par l'opinion publique. Note d'infamie. Encourir infamie. Cela porte infamie. Cette peine emporte infamie. Couvrir quelqu'un d'infamie. Il se dit pour désigner le Caractère déshonorant, honteux, vil d'une chose, d'un acte. Je dévoilerai l'infamie de sa conduite. Il désigne aussi Cette action elle-même. C'est une infamie de manquer à sa parole. C'est un malhonnête homme, il a fait cent infamies. Il signifie également Parole injurieuse à l'honneur, à la réputation. Dans ce sens, on ne l'emploie qu'au pluriel. Il lui a dit mille infamies, toutes les infamies imaginables.

Littré (1872-1877)

INFAMIE (in-fa-mie) s. f.
  • 1Flétrissure imprimée à l'honneur, à la réputation, soit par la loi, soit par l'opinion publique. Note d'infamie. Soit que vous contraigniez pour vos dieux impuissants Mon corps à l'infamie ou ma main à l'encens, Corneille, Théod. III, 1. L'infamie est pareille et suit également Le guerrier sans courage et le perfide amant, Corneille, Cid, III, 6. Cette haute infamie où je veux la plonger Est moins pour la punir que pour la voir changer, Corneille, Théod. II, 7. Qu'est-ce que notre sainte a bâti dessus [le fondement du christianisme, un Dieu humilié et anéanti] ? un mépris de son rang et de sa noblesse, pour se couvrir tout entière des opprobres de Jésus-Christ et de la glorieuse infamie de son Évangile, Bossuet, Panég. Ste Cather. 1. Tu parais dans ces lieux pleins de ton infamie, Racine, Phèdre, IV, 2. Ils [les Anglais] sont bien loin d'attacher de l'infamie à l'art des Sophocle et des Euripide, et de retrancher du corps de leurs citoyens ceux qui se dévouent à réciter devant eux des ouvrages dont leur nation se glorifie, Voltaire, Mél. lit. Consid. due aux gens de lettres.

    Il se dit aussi des choses qui rendent infâme. L'infamie de sa conduite. De cette lâcheté l'infamie est trop grande, Corneille, Héracl. IV, 1. Quand j'aurai de ses maux effacé l'infamie, Corneille, Sertor. IV, 2.

    Terme d'ancienne coutume. Couronne d'infamie, couronne de laine que l'on faisait quelquefois porter à un condamné.

  • 2Action infâme, honteuse, indigne d'un honnête homme. C'est un malhonnête homme, il a fait cent infamies. Après cette infamie es-tu digne de vivre ? Corneille, Nicom. IV, 3. Comme si j'étais fille à supporter la vie, Après qu'on m'aurait fait une telle infamie, Molière, Éc. des mar. II, 11.
  • 3Paroles injurieuses à l'honneur, à la réputation. Il lui a dit mille infamies, toutes les infamies imaginables, toutes les infamies du monde.

    En ce sens il ne se dit qu'au pluriel.

    Discours, pièce de vers, pièce de théâtre infâme par la licence et la grossièreté. Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, Bossuet, Comédie, 3. Et ce sont ces plates infamies qu'on a jouées pendant plus d'un siècle alternativement avec le Misanthrope, Voltaire, Dict. phil. Bouffon.

    En ce sens il se dit au singulier et au pluriel.

SYNONYME

INFAMIE, IGNOMINIE. L'infamie détruit la réputation, donne une honteuse réputation ; l'ignominie efface le nom, imprime un nom honteux. De sorte que infamie est quelque chose de plus grave encore et de plus étendu que ignominie.

HISTORIQUE

XIVe s. Pour aucune infamie que il avoient oy dire de lui, Bercheure, f° 42, verso. Et qui ne les creindroit, ce seroit mal, si comme seroit malvaise opinion ou malvaise renommée ou infamie ; car celui qui creint telle chose, il est honeste, Oresme, Eth. 78.

XVIe s. Quand, estant lasche à l'infamie, il est ferme à la pauvreté, Montaigne, II, 7.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « infamie »

Provenç. espagn. et ital. infamia ; du lat. infamia (voy. INFÂME). On disait aussi dans le XVIe siècle infameté.

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(Siècle à préciser) Du latin infamia (« mauvaise renommée, déshonneur »).
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Phonétique du mot « infamie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
infamie ɛ̃fami

Fréquence d'apparition du mot « infamie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « infamie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « infamie »

  • Une sottise ou une infamie, en se renforçant d'une autre, peut devenir respectable. Collez la peau d'un âne sur un pot de chambre, et vous en faites un tambour.
    Gustave Flaubert — Carnets
  • Valérie Pécresse a alors envoyé un texto à Pierre Bédier pour démentir ses propos. « J'attends toujours sa réponse, confie-t-elle. Ce texte est une infamie ! J'ai toujours été claire en appelant à voter Damergy. »
    leparisien.fr — Municipales dans les Yvelines : tensions entre Valérie Pécresse et la droite locale - Le Parisien
  • Il y a une chose pire encore que l’infamie des chaînes, c’est de ne plus en sentir le poids.
    Gérard Bauër — Chroniques
  • Sache sourire quand un homme d'esprit devine tes petites infamies.
    Jules Renard — Journal 1893 - 1898
  • Abstenez-vous de raconter à votre femme les infamies que vous ont faites celles qui l'ont précédée. Ce n'est pas la peine de lui donner des idées.
    Sacha Guitry
  • Les grandes fortunes sont faites d'infamies, les petites de saletés.
    Henry Becque — Notes d'album
  • Le pouvoir n'est que la partie visible de l'infamie de ceux qui le détiennent.
    Roland Topor
  • Au-delà même d'un viol dont je doute, et donc de l'infamie que porte ce mot s'il est mal employé, ce sont des complaisances mâles qui se trouvent éventées. L'escapade de Gérald D. me rappelle de pauvres ruses. Elle m'évoque le début d'un vieux roman de Bernard Frank, cet écrivain qui inventa l'expression «les hussards» pour Nimier et Blondin. La scène est pénible de crudité. Un homme a levé une fille patraque et l'enrobe de mots jusqu'à sa jouissance.
    Slate.fr — Gérald D. et les garçons impatients | Slate.fr
  • Ils sont dans l'infamie comme un poisson dans l'eau.
    Jean Genet — Pompes funèbres, Gallimard
  • Plus vieille que l’Ancien Testament, la lèpre maladie criblant la peau de Myriam traversant le désert ou formant des taches indélébiles sur les momies coptes enfouies sous le sable d’Egypte, n’a jamais totalement disparu. Aujourd’hui, la lèpre continue de rallier infamie, exclusion et solitude.
    France Culture — Être lépreux à Madagascar
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Traductions du mot « infamie »

Langue Traduction
Anglais infamy
Espagnol infamia
Italien infamia
Allemand schande
Chinois 骂名
Arabe العار
Portugais infâmia
Russe гнусность
Japonais 汚名
Basque infamy
Corse infamia
Source : Google Translate API

Synonymes de « infamie »

Source : synonymes de infamie sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « infamie »

Combien de points fait le mot infamie au Scrabble ?

Nombre de points du mot infamie au scrabble : 12 points

Infamie

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