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Nom
Sommaire
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | nom | noms |
Définitions de « nom »
Trésor de la Langue Française informatisé
NOM, subst. masc.
Wiktionnaire
Nom commun - français
nom \nɔ̃\ masculin
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Mot ou groupe de mots permettant de nommer un être ou une chose. Un nom peut être un nom commun, une locution nominale ou un nom propre.
- Mon nom est Marie. — (1854, Gustave Chouquet, Easy Conversations in French, page 9)
- On n’a pas évoqué une chose quand on l’a appelée par son nom. Les mots, les mots, on a beau les connaître depuis son enfance, on ne sait pas ce que c’est. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
- Les Belges obtinrent la réforme de la constitution par une démonstration que l’on a décorée, peut-être un peu ambitieusement, du nom de grève générale. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. V, La grève générale politique, 1908, page 213)
- Deux bois, l’un à son amorce, l’autre au mitan, chevauchent la longue articulation crayeuse qui porte le nom de plateau de Lorette. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1915, page 205)
- Il plia la feuille, l’introduisit dans une enveloppe sur laquelle il gribouilla le nom et l’adresse de son ami. Il examina quelques secondes la suscription difficilement lisible […]. — (Valère Staraselski, Dans la folie d’une colère très juste, L’Harmattan, 1996, page 81)
- […], le Père Dimier attirait l’attention sur le nom de la commune de Bouconville-Vauclerc, sur le territoire de laquelle se trouve l’abbaye cistercienne de Vauclair. Il émettait le vœu de voir rectifier l’orthographe du nom de la commune conformément à l’étymologie du nom de l’abbaye :[…]. — (Cîteaux, commentarii cistercienses, 1973, volume 24, page 73)
- Et de citer une réaction sincère à la question du nom : « Zadiste ? C’est quoi, cette étiquette de connard qu’on s’colle sur la tête ? Je vis ici, je suis squatteur, mais je veux plus qu’on m’appelle zadiste. » Être désigné, c’est en effet subir une forme de pouvoir. — (Hervé Kempf, Notre-Dame-des-Landes, Seuil, 2014)
- Enfin, pour le repérage des noms de lieu et des réseaux de communication terrestres, les deux atlas routiers, Southeast Asia et Indonesia, publiés chez Nelles Verlag, demeurent irremplaçables. — (Rodolphe de Koninck, L’Asie du Sud-Est, éditions Armand Colin (collection U), 2012, introduction)
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Nom de famille ; patronyme.
- Un couleuvrinier, […], avait été envoyé par le roi à Orléans […]. Il avait nom Jean de Montesclère; tenu pour le meilleur maître qui fût alors de son métier, il gouvernait une grosse couleuvrine qui causait grand dommage aux Anglais. — (Anatole France, Vie de Jeanne d’Arc, chapitre 5: Le Siège d’Orléans, Paris : chez Calmann-Lévy, 1908, volume 1, page 152)
- Un faire-part imprimé, collé sur une vitre, annonçait la mort d’un client. Aucun nom sous le sien. Nulle mention d’ami ni de famille. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
- Et puis, je peux faire clamser nos ennemis, en piquant d’une certaine façon un crapaud que j’aurai baptisé au nom de la personne condamnée. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
- Eu égard à mon activité, la seule majusculisation de mes nom et prénom suffirait. DICK LAPELOUSE. Pas de chichi, pas de truc emberlificoté avec des termes en triphtongues pour définir la raison sociale. — (Sébastien Gendron, Le tri sélectif des ordures et autres cons, épisode 4, Éditions 12/21 (Univers Poche), 2013, chapitre 6)
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(Par extension) Pseudonyme.
- Et sur ce boulevard de Clichy, ainsi modernisé, une femme arrivait à chaque fin d’après-midi, et de vieux Montmartrois se redisaient son nom à son passage : La Goulue ! — (Jean Valmy-Baysse, La curieuse aventure des boulevards extérieurs, Éditions Albin-Michel, 1950, page 237)
- (Grammaire) Mot désignant un être, une chose ou un concept qui peut se combiner avec un adjectif et un déterminant. Souvent y compris les noms propres.
- (Grammaire) (Désuet) Nom ou adjectif dans les langues européennes, qui s’appelait respectivement un nom substantif et un nom adjectif.
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Naissance illustre, noblesse, maison noble.
- Signaler, illustrer, déshonorer son nom.
- Il n’est pas riche, il n’a pour lui que son nom, se dit d’un noble qui tire le diable par la queue.
- C’est un nom qui s’éteint se dit d’une famille dont le nom ne peut plus se continuer, faute d’héritiers mâles.
-
Qualification, épithète.
- Ce prince a mérité le nom de grand.
- Il est indigne du nom d’ami.
-
Qualité, titre.
- Donner le nom d’époux.
- Le doux nom de mère.
- Procéder au nom et comme tuteur, procéder en qualité de tuteur.
- Céder ses droits, noms, raisons et actions, transférer les droits et titres en vertu desquels on prétend quelque chose.
-
Réputation, célébrité.
- Il s’est acquis, il a acquis un grand nom.
- Il s’est fait un grand nom dans les lettres.
- Ce conquérant a rempli toute la terre de son nom.
- Il a porté son nom jusqu’aux extrémités du monde.
- Il ne laissera aucun nom.
- Il a laissé un nom odieux, exécré.
- Cet auteur a déjà un certain nom.
- La gloire de son nom, Sa gloire, sa renommée.
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Mot par opposition à la chose, apparence par opposition à la réalité.
- Il n’avait de roi que le nom.
- Suivi de « de » et de certaines expressions, est employé trivialement comme juron.
- Nom d’un chien !
- Nom d’une pipe !
- Nom de Dieu !
- « Mais si ! dit-il… Des petits mendiants. Des enfants, quoi ! Ils viennent sur la scène et ils chantent : “Avec la garde montante, nous arrivons, nous voilà !” » Mais oui, nom de d’ là, que je lui dis ! c’est vrai ! J’avais oublié ! “Avec la garde montante, nous arrivons, nous voilà !” Bien sûr ! Je ne connais que ça ! » — (Jean L’Hôte, La Communale, Seuil, 1957, réédition J’ai Lu, page 100)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Mot, terme dont on se sert pour désigner un être animé ou une chose, un ensemble d'êtres ou de choses. Nom de personne. Nom de baptême. Louis premier du nom. Nom de famille. Nom patronymique. Nom de terre. Il a un beau nom. Il porte un grand nom. Il porte le même nom que moi. Comment a-t-il pu donner son nom à une telle femme? Un nom illustre. Un nom connu. Un nom inconnu. Un nom obscur. Signaler, illustrer, déshonorer son nom. Éterniser, immortaliser son nom. Changer de nom. Déguiser son nom. Il a pris un faux nom. On fait courir sous son nom une odieuse brochure. Appeler quelqu'un par son nom. Emprunter le nom de quelqu'un. Prêter son nom. Il a fait cette acquisition sous un nom emprunté. Il ne s'appelle pas ainsi, c'est un nom d'emprunt. Supposition de nom. Nom de lieu. Je ne sais pas le nom de cette plante. Quel est le nom qu'on a donné à cette rue? Fam., Petit nom, Prénom, nom de baptême. Nom de guerre, Nom que chaque soldat prenait autrefois en entrant au service. On le dit encore d'un Nom supposé que l'on prend dans certains états, dans certaines situations où l'on ne veut pas être connu sous son nom de famille. Beaucoup de comédiens ont des noms de guerre. Il a pris un nom de guerre pour vivre à l'étranger. On dit dans le même sens Nom de théâtre, Nom de plume. Nom de religion, Nom que des religieux, des religieuses prennent ou reçoivent en entrant au couvent. Elle a pris pour nom de religion Marie de l'Incarnation, Élisabeth du Saint-Sacrement. Avoir nom, Se nommer, s'appeler. J'ai nom Éliacin. Décliner son nom, Dire qui l'on est. Il a été invité à décliner ses nom et profession. Prêter son nom à quelqu'un, L'autoriser à s'en servir. Mettre un nom sur un visage, Se rappeler le nom d'une personne en la voyant. Connaître de nom quelqu'un, En avoir entendu parler. Je ne suis pas en relations avec lui : je ne le connais que de nom. Fig., Nommer les choses par leur nom, Donner, sans aucun ménagement, aux choses et aux personnes les noms qu'elles méritent. Il nomme les choses par leur nom, il appelle les voleurs voleurs. Il signifie aussi Employer dans la conversation des termes que la bienséance en a bannis. Il se donne la liberté de nommer toutes les choses par leur nom. Fig., C'est une chose, sans nom, cela n'a pas de nom, se dit d'un Procédé inqualifiable. Fig., Je réussirai ou j'y perdrai mon nom, Je suis décidé à ne rien ménager, à tout sacrifier pour réussir dans cette affaire.
NOM se prend quelquefois pour la Personne. Son nom figure souvent dans l'histoire. Son nom sera béni. Il est fâcheux qu'on ait mêlé son nom à cette scandaleuse affaire. En termes de Théologie, Le nom de Dieu désigne la Grandeur de Dieu, son être même en ce qu'il a d'indéfinissable. Que votre nom soit sanctifié!
NOM signifie aussi Qualité, titre. Donner le nom d'époux. Le doux nom de mère. Le respect du nom de père. Il s'emploie particulièrement en ce sens, en termes de Procédure. Procéder au nom et comme tuteur, Procéder en qualité de tuteur. Céder ses droits, noms, raisons et actions, Transférer les droits et titres en vertu desquels on prétend quelque chose. Répondre d'une chose en son propre et privé nom, En être personnellement responsable. On dit aussi Être attaqué, poursuivi en son propre et privé nom, Être attaqué, poursuivi directement et personnellement. Être en nom dans une affaire, Être associé dans une affaire. Société en nom collectif, Société commerciale formée par plusieurs associés sous la même raison sociale.
NOM se dit encore d'une Qualification, d'une épithète. Ce prince a mérité le nom de grand. Il est indigne du nom d'ami. Il signifie aussi Réputation. Il s'est acquis, il a acquis un grand nom. Il s'est fait un grand nom dans les lettres. Ce conquérant a rempli toute la terre de son nom. Il a porté son nom jusqu'aux extrémités du monde. Il ne laissera aucun nom. Il a laissé un nom odieux, exécré. Cet auteur a déjà un certain nom. La gloire de son nom, Sa gloire, sa renommée.
NOM signifie encore Naissance, noblesse, famille noble. Il n'est pas riche, il n'a pour lui que son nom. Les plus grands noms. C'est un nom qui s'éteint se dit d'une Famille dont le nom ne peut plus se continuer, faute d'héritiers mâles. Le nom chrétien, le nom romain, le nom français, etc., Tous les chrétiens, tous les Romains, tous les Français, etc. Ce sultan fut un redoutable ennemi du nom chrétien. Le nom romain s'était répandu par toute la terre.
NOM désigne encore le Mot par opposition à la Chose, la Vaine apparence par opposition à la Réalité. Il n'avait de roi que le nom. Liberté, tu n'es qu'un nom! Nom de, suivi de certaines expressions, est employé trivialement comme juron. Il est elliptique et signifie Par le nom de... Nom d'un chien!
NOM, en termes de Grammaire, se dit de la Partie du discours qui varie en genre et en nombre et qui désigne un être animé ou une chose. Nom masculin, nom féminin. On dit aussi SUBSTANTIF. Nom propre, Nom qui s'applique à un seul individu, à un seul lieu, à une chose personnifiée. Pierre, Cicéron, Turenne sont des noms propres. Paris, la France, la Seine, le Vésuve sont aussi des noms propres. La Renommée, le Destin sont considérés comme des noms propres lorsqu'ils sont personnifiés. Nom commun, Nom qui s'applique à tous les individus et à toutes les choses de la même espèce. Livre, table, mur sont des noms communs. Nom collectif, Nom qui désigne un Ensemble d'individus ou de choses. Foule, multitude, amas, décombres sont des noms collectifs.
AU NOM DE, loc. prép. De la part de. Il est allé emprunter de l'argent au nom de son maître. On dit aussi, dans le même sens, En mon nom, en son nom, etc.
AU NOM DE signifie aussi En considération de. Je vous demande cela au nom de notre ancienne amitié, au nom de tout ce que vous avez de plus cher. Je vous en conjure au nom de Dieu.
DE NOM, loc. adv. qui se dit par opposition à Réellement, de fait. Il n'était roi que de nom; le maire du palais gouvernait l'État.
Littré (1872-1877)
Résumé
- 1° Mot qui désigne une personne.
- 2° Personnage, homme.
- 3° Petit nom.
- 4° Nom chez les Romains, dans le moyen âge et de nos jours.
- 5° Le nom de Dieu
- 6° Nom propre que l'on impose aux animaux.
- 7° Nom qui désigne un être, un objet, une chose.
- 8° Le nom chrétien, le nom romain, etc. tout ce qui porte le nom de chrétien, de romain.
- 9° Qualité, titre, en style de pratique.
- 10° Nom social.
- 11° Réputation.
- 12° Noblesse, qualité.
- 13° Personnes du même nom
- 14° Dénomination, qualité.
- 15° Qualification morale, appliquée soit aux personnes, soit aux choses.
- 16° En termes de grammaire, mot qui sert à qualifier les personnes ou les choses.
- 17° Ce qui n'est pas effectif, par opposition à ce qui est réel.
- 18° Ancien terme d'algèbre.
- 19° Nom de Jésus
- 20° Au nom de.
- 21° De nom.
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1Mot qui désigne une personne. Un nom de famille. Un nom de baptême.
Quel abus de quitter le vrai nom de ses pères Pour en vouloir prendre un bâti sur des chimères !
Molière, Éc. des femm. I, 1.Des noms de femmes que les Latins terminent en o, il n'y a guère que Dido qui prenne l'n pour faire Didon ; on dit Calypso, Ino, Io et Sapho, et non pas Calypson, Inon, Ion et Saphon
, Acad. Observ. sur Vaugelas, p. 86, dans POUGENS.Que dites-vous du nom de M. le Prince qui leur a fait lever le siége d'Haguenau, comme il fit fuir les ennemis l'année passée à Oudenarde ?
Sévigné, 212.Voilà votre fils [vous madame de Coligny] dans le nom naturel de sa maison [Langhac] ; il en a les terres
, Sévigné, 11 juin 1690.De telles vengeances rudes et basses [contre Foucquet] ne sauraient partir d'une âme comme celle de notre maître [Louis XIV] ; on se sert de son nom et on le profane comme vous voyez
, Sévigné, 21 déc. 1664.Vous l'avez cherché [Pierre Corneille] en moi [Th. Corneille], et, n'y pouvant trouver son mérite, vous vous êtes contentés d'y trouver son nom
, Th. Corneille, Disc. de réc. à l'Acad. franç.Comme les rois d'Orient prenaient plusieurs noms, ou, si vous voulez, plusieurs titres, qui ensuite leur tenaient lieu de nom propre, et que les peuples les traduisaient ou les prononçaient différemment, selon les divers idiomes de chaque langue, des histoires si anciennes dont il reste si peu de bons mémoires ont dû être par là fort obscurcies
, Bossuet, Hist. I, 1.On y voit un autre Gustave, non moins fier ni moins hardi ou moins belliqueux que celui dont le nom fait encore trembler l'Allemagne
, Bossuet, Anne de Gonz.On dit tout, quand on prononce seulement le nom de Louis de Bourbon, prince de Condé
, Bossuet, ib.Pour ne voir pas votre nom terni, votre mémoire abolie
, Bossuet, le Tellier.Jules Mazarin, dont le nom devait être si grand dans notre histoire
, Bossuet, le Tellier.Justice… qui tombe et disparaît tout à coup, quand on allègue, sans ordre même et mal à propos, le nom de César [l'empereur, le souverain]
, Bossuet, ib.Tu n'es pas encore, lui disait-il [le Seigneur], mais je te vois, et je t'ai nommé par ton nom : tu t'appelleras Cyrus
, Bossuet, Louis de Bourbon.D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre Rend un poëme entier ou burlesque ou barbare
, Boileau, Art p. III.Et, sur le nom de son ambassadeur [de la Grèce], J'avais dans ses projets conçu plus de grandeur
, Racine, Andr. I, 2.Elle m'a fatigué de ce nom ennemi
, Racine, Brit. IV, 3.On ne voit point le peuple à mon nom s'alarmer
, Racine, ib. IV, 3.Et ton nom [Néron] paraîtra dans la race future Aux plus cruels tyrans une cruelle injure
, Racine, ib. V, 6.Il ne répond encor qu'au nom d'Éliacin
, Racine, Athal. I, 2.Votre nom est comme un parfum délicieux qui s'exhale de pays en pays chez les peuples les plus reculés
, Fénelon, Tél. XI.Ils avaient pris des noms de terres ; et du véritable, je crois qu'ils ne s'en souvenaient plus eux-mêmes
, Marivaux, Pays. parv. 1re part.Les noms, qui donnent aux hommes l'idée d'une chose qui semble ne devoir pas périr, sont très propres à inspirer à chaque famille le désir d'étendre sa durée ; il y a des peuples chez lesquels les noms distinguent les familles ; il y en a où ils ne distinguent que les personnes ; ce qui n'est pas si bien
, Montesquieu, Esp. XXIII, 4.Les païens portaient la superstition jusqu'à croire qu'il y avait des noms plus agréables aux dieux les uns que les autres, et sous lesquels ils aimaient mieux être invoqués
, Dumarsais, Œuv. t. I, p. 66.J'apprends que Platon est revenu de chez Denys de Syracuse ; ce n'est pas que je ne vous croie au-dessus de Platon, et l'autre au-dessus de Denys ; mais les vieux noms font un merveilleux effet
, Voltaire, Lett. d'Alemb. 28 sept. 1763.Votre nom seul ici manquait à ces grands noms
, Voltaire, Tancr. III, 1.La Vénus de Lemnos fut le seul ouvrage auquel Phidias osa mettre son nom
, Diderot, Observ. sur la sculpt. Œuv. t. XV, p. 310, dans POUGENS.M. de Thury, fils de Jacques Cassini, et troisième du nom, imagina de mesurer…
, Bailly, Hist. astr. mod. t. III, p. 6, dans POUGENS.C'est une vérité reconnue que tous les noms propres ont été jadis significatifs
, Bailly, Atlant. lett. 21.Tu voudrais cependant que sur un cénotaphe La gloire t'inscrivît ta ligne d'épitaphe, Et promît à ton nom, de temps en temps cité, Ses heures de mémoire et d'immortalité
, Lamartine, Harm. II, 12.Tu sais que tôt ou tard, dans l'ombre de l'oubli, Siècles, peuples, héros, tout dort enseveli ; Qu'à cette épaisse nuit qui descend d'âge en âge, A peine un nom par siècle obscurément surnage
, Lamartine, ib. II, 12.Avoir nom, porter le nom.
Elle avait nom Philis, son voisin Eurylas
, La Fontaine, Gascon.Je veux qu'il [un ornement] ait nom mouche ; est-ce un sujet pourquoi, Vous [mouche] fassiez sonner vos mérites ?
La Fontaine, Fabl. IV, 5.Comment vous nommez vous ? - J'ai nom Éliacin
, Racine, Athal. II, 7.Simple nom, nom que l'on n'accompagne pas de monsieur ou de quelque autre désignation.
Je me suis toujours révolté contre cette coutume impolie qu'ont prise plusieurs jeunes gens d'appeler par leur simple nom des auteurs illustres qui méritent des égards
, Voltaire, Mél. litt. aux aut. nouv. Parnasse.Changer de nom, se dit d'une femme qui se marie et qui perd son nom pour prendre celui de son mari.
Mettre les noms sur les visages, savoir nommer les gens en les voyant.
Je n'ai pas le don de placer si vite les noms sur les visages ; au contraire, je fais tous les jours mille sottises là-dessus
, Sévigné, 18 mars 1671.Sous le nom de quelqu'un, en prenant son nom.
Quelque autre aura fait cette histoire sous leur nom
, Bossuet, Hist. II, 13.Et, sous des noms romains faisant notre portrait, Peindre Caton galant et Brutus dameret
, Boileau, Art p. III.J'apprends que, pour ravir son enfance au supplice, Andromaque trompa l'ingénieux Ulysse, Tandis qu'un autre enfant arraché de ses bras Sous le nom de son fils fut conduit au trépas
, Racine, Andr. I, 1.Ce qu'on se défend sous un nom, On se le permet sous un autre
, Lamotte, Fabl. I, 8.Le cordelier Perreti, devenu pape sous le nom de Sixte V, envoyait un légat à Paris, et lui donnait une juridiction entière sur les laïques
, Voltaire, Hist. parlem. XXXII.Les tragédies de l'abbé Abeille étaient données sous le nom du comédien la Thuillerie
, D'Alembert, Éloges, Gasp. Abeille.Prêter son nom, se dit de celui qui permet qu'une personne prenne son nom pour faire quelque chose.
Atalide a prêté son nom à cet amour
, Racine, Bajaz. I, 1.On se servait d'un Latin ou d'un allié qui prêtait son nom et paraissait être le créancier
, Montesquieu, Esp. XXII, 22.Familièrement. Décliner son nom, dire qui l'on est, afin de se faire connaître.
J'aimerais mieux encor qu'il déclinât son nom, Et dît : je suis Oreste ou bien Agamemnon, Que d'aller par un tas de confuses merveilles, Sans rien dire à l'esprit, étourdir les oreilles
, Boileau, Art poét. III.Je réussirai, ou j'y perdrai mon nom, c'est-à-dire je suis décidé à tout sacrifier pour réussir dans cette affaire.
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2 Fig. Personnage, homme. Son nom figure souvent dans l'histoire. On a mêlé son nom à d'assez tristes aventures.
Et j'ose me flatter qu'entre les noms fameux Qu'une pareille haine a signalés contre eux [les Romains], Nul ne leur a plus fait acheter la victoire
, Racine, Mithr. V, 5.Les grands noms, les personnes illustres par la noblesse et le rang.
J'aperçus en ce temps-là que les grands noms, quoique peu remplis et même vides, sont toujours dangereux
, Retz, Mém. livre III, t. II, p. 216, dans POUGENS.Les grands noms sont toujours de grandes raisons aux petits génies
, Retz, ib. t. IV, liv. V, p. 22.Fig.
Vous savez, mon cher ami, que mes grands noms sont ceux de Newton, de Locke, de Corneille, de Racine, de la Fontaine, de Boileau
, Voltaire, Lett. Thiriot, 1768. -
3 Familièrement, petit nom se dit pour prénom, nom de baptême. Mon petit nom est Paul, est Alice.
Petit nom est aussi un nom d'amitié par lequel on désigne une personne avec qui on vit familièrement. Le petit nom est souvent un nom d'enfance.
Elle lui dit publiquement mille choses tendres, et lui donne de petits noms
, Fontenelle, Lett. galant. II, 1.Le nom de cette aimable personne était Gaucher ; son nom d'enfance et de caresse était Lolote
, Marmontel, Mém. IV.Nom de guerre, voy. GUERRE, n° 9.
Nom de religion, voy. RELIGION.
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4Les Romains avaient trois noms, le prénom (praenomen), qui désignait l'individu, le nom (nomen), qui distinguait la gens (voy. GENS 2), et le troisième nom (cognomen), qui marquait la branche, la famille, par exemple : Caïus Julius Caesar ; et quelquefois quatre, le quatrième (agnomen) étant un surnom, par exemple : Publius Cornelius Scipio Africanus.
Dans le monde moderne, l'origine des noms de famille remonte à l'établissement de la féodalité et aux croisades.
Ce ne fut que vers la fin de la seconde race que, les fiefs, qui n'étaient auparavant qu'à vie, étant devenus héréditaires, on prit le nom du fief que l'on possédait, et ce nom devint aussi héréditaire dans les familles
, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 254, dans POUGENS. Longtemps dans le moyen âge, on désigna les individus par le nom de baptême auquel on ajoutait le nom du père, de cette façon : Johannes Petri, Jean fils de Pierre, ce qui se disait en français, par l'effet de la règle des deux cas : Jean Pierre ; beaucoup de noms ainsi faits sont devenus des noms de famille.En France on a deux noms, le ou les prénoms et le nom.
Terme d'antiquité. Nom diacritique, celui par lequel une personne était généralement désignée, entre les noms qu'elle portait.
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5Le nom de Dieu, le mot par lequel on le désigne.
J'ai fait à David un serment irrévocable par mon saint nom, et je ne lui mentirai point
, Sacy, Bible, Psaume LXXXVIII, 36.J'y écrirai, dit-il [le Sauveur], le nom de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem, et mon nouveau nom
, Bossuet, Mar.-Thér.[Ô Dieu] Tu vois nos pressants dangers, Donne à ton nom la victoire
, Racine, Esth. I, 5.Que son nom [du Seigneur] soit béni, que son nom soit chanté ; Que l'on célèbre ses ouvrages, Au delà du temps et des âges, Au delà de l'éternité !
Racine, ib. III, 9.Ce doux repos du cœur qui suit un saint soupir, Ces troubles que d'un mot ton nom vient assoupir, Mon Dieu, donnent à l'âme ignorante et docile Plus de foi dans un jour qu'il n'est besoin pour mille
, Lamartine, Harm. I, 5.Son nom [de Dieu] tel que la nature Sans paroles le murmure, Tel que le savent les cieux ; Ce nom que l'aurore voile, Et dont l'étoile à l'étoile Est l'écho mélodieux
, Lamartine, ib. II, 13. - 6Il se dit aussi du nom propre que l'on impose aux animaux soit pour leur parler soit pour les désigner. Les chiens entendent leur nom.
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7Mot qui désigne un être, un objet, une chose. Le nom d'une ville, d'un pays, d'une rivière, d'une montagne, d'une plante.
J'y consens, leur dis-je ; car je ne dispute jamais du nom, pourvu qu'on m'avertisse du sens qu'on lui donne
, Pascal, Prov. I.On ne reconnaît en géométrie que les seules définitions que les logiciens appellent définitions de nom, c'est-à-dire que les seules impositions de nom aux choses qu'on a clairement désignées en termes parfaitement connus
, Pascal, De l'esprit géom. I.Nous ne pensons jamais ou presque jamais à quelque objet que ce soit, que le nom dont nous l'appelons ne nous revienne ; ce qui marque la liaison des choses qui frappent nos sens, telles que sont les noms, avec nos opérations intellectuelles
, Bossuet, Connaiss. III, 14.Quand une fois on a trouvé le moyen de prendre la multitude par l'appât de la liberté, elle suit en aveugle, pourvu qu'elle en entende seulement le nom
, Bossuet, Reine d'Anglet.De même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l'Océan avec les rivières les plus inconnues
, Bossuet, Duch. d'Orl.Sa Majesté veut qu'il fasse peindre et dorer le nom à la poupe de chacun de ses vaisseaux ; et, si les étrangers n'en usent ainsi, elle est bien aise de leur en donner l'exemple, sa marine étant plus belle et plus parfaite qu'aucune de celles des nations étrangères
, Ordre du roi, 1678, dans JAL.Le pays a pris le nom du fleuve
, Fénelon, Tél. VIII.Si l'étoile Canope avait donné son nom à la ville, ou si la ville avait donné le sien à l'étoile
, Voltaire, Babyl. 11.Toutes les villes avaient un nom mystérieux que l'on cachait soigneusement aux ennemis, de peur qu'ils ne mêlassent ce nom dans des enchantements, et par là ne se rendissent les maîtres de la ville
, Voltaire, Philos. Exam. milord Bolingbroke, IV.Les noms composés de sons imitatifs de la voix, du chant, des cris des animaux sont, pour ainsi dire, les noms de la nature ; ce sont aussi ceux que l'homme a imposés les premiers
, Buffon, Ois. t. XV, p. 28.Je pourrais ajouter que les premiers noms des animaux en imitèrent vraisemblablement le cri ; remarque qui convient également à ceux qui furent donnés aux vents, aux rivières et à tout ce qui fait quelque bruit
, Condillac, Conn. hum. II, I, 2.Il y a des philosophes qui ont pensé que les noms de la langue primitive exprimaient la nature même des choses ; ils raisonnaient sans doute d'après des principes semblables à ceux que je viens d'exposer, et ils se trompaient
, Condillac, Gramm. I, 2.Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ? Dans son brillant exil mon cœur en a frémi
, Lamartine, Harm. III, 2.Nommer les choses par leur nom, donner sans ménagement aux choses et aux personnes les noms qu'elles méritent.
Je ne puis rien nommer si ce n'est par son nom, J'appelle un chat un chat, et Rollet un fripon
, Boileau, Sat. I.Mon dessein a été de vous accoutumer à entendre nommer les choses par leur nom
, Fénelon, Tél. XI.Nommer les choses par leur nom, signifie aussi employer dans la conversation des termes que la bienséance en a bannis.
N'avoir pas de nom, se dit d'une chose qui ne peut être qualifiée assez sévèrement. Sa conduite n'a pas de nom.
C'est un excès qui n'a pas de nom
, Bossuet, 5e avert. 53. -
8Le nom chrétien, le nom romain, le nom français, etc. tout ce qui porte le nom de chrétien, de Romain, de Français, etc. c'est-à-dire tous les chrétiens, le christianisme ; tous les Romains, l'empire romain ; tous les Français, la monarchie française, etc.
Que ne doit point le royaume à un prince qui a honoré la maison de France, tout le nom français, son siècle…
, Bossuet, Louis de Bourbon.C'est là [en Italie] qu'en arrivant, plus qu'en tout le chemin, Vous trouverez partout l'horreur du nom romain
, Racine, Mithr. III, 1.Les Turcs, fiers de leurs conquêtes passées, menaçaient le nom chrétien
, Massillon, Or. fun. Conty. -
9En style de pratique, qualité, titre en vertu duquel on agit, on prétend à quelque chose. Il procède au nom et comme tuteur. Ès noms qu'il procède.
Répondre d'une chose en son propre et privé nom, en être personnellement responsable.
Céder ses droits, noms, raisons et actions, transporter les droits et titres en vertu desquels on prétend quelque chose.
On dit aussi : être attaqué, poursuivi en son propre et privé nom, être attaqué, poursuivi directement et personnellement.
On dit : Mme B…, en son nom [de demoiselle] Mlle X…
- 10 Terme de commerce. Nom social, le nom que des associés doivent signer pour représenter la raison de leur commerce. Être en nom dans une affaire, dans une maison de commerce. Il fait partie de telle maison, de telle société commerciale, mais il n'est pas en nom, c'est-à-dire la maison de commerce ne porte pas son nom.
-
11Réputation. Il a laissé un nom détesté. Cet auteur a déjà quelque nom.
Ma reine acquiert à ses mérites Un nom qui n'a point de limites
, Malherbe, III, 3.Et ne prétends avoir… Qu'un simple bénéfice et quelque peu de nom
, Régnier, Sat. III.Ce nom qu'il s'est acquis chez les peuples d'Espagne
, Corneille, Sertor. I, 1.Moi qui depuis dix ans ai gagné sept batailles, N'ai-je acquis tant de nom que pour prendre la loi De qui n'a commandé que sous Procope ou moi ?
Corneille, Pulch. I, 5.Mon crime véritable est d'avoir aujourd'hui Plus de nom que mon roi, plus de vertu que lui
, Corneille, Sur. V, 2.Aucun législateur n'a jamais eu un si grand nom parmi les hommes [que Moïse]
, Bossuet, Hist. II, 3.Ce sera de nos jours s'être fait un nom que d'avoir servi sous le prince de Condé
, Bossuet, Louis de Bourbon.Worms, Spire, Mayence, Landau, vingt autres places de nom ouvrent leurs portes
, Bossuet, Louis de Bourbon.Ne laisser aucun nom, et mourir tout entier
, Racine, Iphig. I, 2.La sotte vanité semble être une passion inquiète de se faire valoir par les plus petites choses, ou de chercher, dans les sujets les plus frivoles, du nom et de la distinction
, La Bruyère, Théophr. XX.Il n'est pas si aisé de se faire un nom par un ouvrage parfait, que d'en faire valoir un médiocre par le nom qu'on s'est déjà acquis
, La Bruyère, I.Il n'y a point au monde un si pénible métier que celui de se faire un grand nom : la vie s'achève que l'on a à peine commencé son ouvrage
, La Bruyère, II.Il [Philopémen] s'en retourna chez les Achéens avec un si grand nom, qu'à son arrivée il fut fait général de la cavalerie
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 135, dans POUGENS.À quoi nous sert un nom stérile ? Ce n'est plus qu'un bruit inutile, Qui n'est pas même un bruit pour nous
, Lamotte, Odes, t. I, p. 341, dans POUGENS.Ô qu'un grand nom, dit-il, est un poids incommode !
Delille, Convers. II.La gloire de son nom, se dit de la gloire, de la réputation qu'une personne s'est acquise.
La gloire de mon nom vaut bien qu'on le retienne
, Corneille, Don Sanche, V, 5.Cet homme est sans nom, c'est un homme sans nom, c'est-à-dire on ne le connaît point dans le monde, il est sans crédit, sans autorité, sans réputation.
Par extension.
Notre vie est semblable au fleuve de cristal Qui sort humble et sans nom de son rocher natal
, Lamartine, Harm. II, 12. -
12Noblesse, qualité.
Polyeucte a du nom et sort du sang des rois
, Corneille, Poly. II, 1.Vous avez tant de nom que tous les rois voisins Vous veulent comme Orode unir à leurs destins
, Corneille, Suréna, III, 2.Les grands noms abaissent au lieu d'élever ceux qui ne les savent pas soutenir
, La Rochefoucauld, Max. 94.Il n'y eut qu'un homme de quelque nom de tué, c'est Beauregard, qui avait été page du roi
, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 51, dans POUGENS.Toute mon ambition est de rendre service aux gens de nom et de mérite
, Molière, Sicil. 11.Le monde aujourd'hui n'est plein que… de ces imposteurs qui … s'habillent insolemment du premier nom illustre qu'ils s'avisent de prendre
, Molière, l'Avare, V, 5.Elle [la victoire] ne nous coûte que quelques soldats et pas un homme qui ait un nom
, Sévigné, 29 avril 1676.Avez-vous pu penser qu'au sang d'Agamemnon Achille préférât une fille sans nom ?
Racine, Iphig. II, 5.De bien des gens il I 'y a que le nom qui vaille quelque chose ; quand vous les voyez de fort près, c'est moins que rien
, La Bruyère, II.Si vous portez un grand nom, on le dispute à vos ancêtres
, Massillon, Avent, Bonh.Il avait une figure noble et belle, beaucoup d'esprit, un grand nom, une fortune indépendante
, Staël, Corinne, I, 1.Ton nom ? - Je n'en ai pas ; mais tu vas m'en faire un
, Delavigne, la Fille du Cid, II, 11. C'est un nom qui s'éteint, se dit d'une famille dont le nom ne peut plus se continuer, faute d'héritiers mâles. -
13Personnes du même nom, famille.
Je vous embrasse en pleurant [à cause de la mort d'un Grignan], comme si j'avais l'honneur d'être de votre nom
, Sévigné, à M. de Grignan, 18 mars 1689.Je suis persuadée que vous êtes aimée dans votre famille [de Grignan]… par votre conduite et vos actions vous avez acquis un droit sur tout ce nom
, Sévigné, à Mme de Grignan, 1er nov. 1688.Sa femme [de Charles de Sévigné], qui est d'un des bons noms de la province [Bretagne]
, Sévigné, 22 juil. 1685. -
14Dénomination, qualité.
Si l'on doit le nom d'homme à qui n'a rien d'humain, à ce tigre altéré de tout le sang romain
, Corneille, Cinna, I, 3.Pompée : Elle paraît ma femme et n'en a que le nom. - Aristie : Et ce nom seul est tout pour celles de ma sorte
, Corneille, Sertor. III, 4.Ils [les hommes] vont tous se confondre dans ce gouffre infini du néant, où l'on ne trouve plus ni rois, ni princes, ni capitaines, ni tous ces autres augustes noms qui nous séparent les uns des autres
, Bossuet, Gornay.Des extravagants qui prirent le nom de philosophes
, Bossuet, Hist. III, 5.Peut-être avant la nuit, l'heureuse Bérénice Change le nom de reine au nom d'impératrice
, Racine, Bérén. I, 3.Fille d'Agamemnon, c'est moi qui la première, Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père
, Racine, Iphig. IV, 4.De l'honneur ottoman ses successeurs jaloux Ont daigné rarement prendre le nom d'époux ?
Racine, Bajaz. II, 1.Mais sous un autre nom n'est-il pas roi lui-même ?
Voltaire, Brutus, IV, 3.Il faut un nouveau nom pour un nouvel empire, Un nom plus grand, plus saint, moins sujet aux revers
, Voltaire, M. de César, I, 3.On nomme ce tyran du nom de roi des rois
, Voltaire, Orphel. I, 1. -
15Qualification morale, appliquée soit aux personnes, soit aux choses. Ce prince a mérité le nom de grand.
La reine, sa belle-mère, malgré ce nom odieux, trouva en elle non-seulement un respect, mais encore une tendresse…
, Bossuet, Mar.-Thér.La première [de ses bonnes œuvres] fut d'acquitter ce qu'elle devait avec une scrupuleuse régularité, sans se permettre ces compositions si adroitement colorées qui souvent ne sont qu'une injustice couverte d'un nom spécieux
, Bossuet, Anne de Gonz.Qui leur résoudra ces doutes, puisqu'ils [les esprits forts] veulent les appeler de ce nom ?
Bossuet, ib.Je sais que vous leur donnez [à certaines liaisons] de beaux noms, et que, pour en étouffer tous les remords, vous les qualifiez sans scrupule d'amitiés honnêtes
, Bourdaloue, Myst. Pentecôte, t. I, p. 459.Il faut en France beaucoup de fermeté… pour se passer des charges et des emplois… il ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s'appelât travailler
, La Bruyère, II.Vous me donnez des noms qui doivent me surprendre, Madame ; on ne m'a pas instruite à les entendre
, Racine, Iphig. II, 5. -
16 Terme de grammaire. Mot qui sert à désigner ou à qualifier une personne ou une chose, les personnes ou les choses. Nom substantif. Nom adjectif. Nom masculin. Nom féminin. Nom neutre.
Et transportant cent fois et le nom et le verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe
, Boileau, Sat. II.Un nom, pour le définir philosophiquement, est un mot qui sert à exprimer ou le sujet ou l'attribut d'une proposition, et souvent aussi des circonstances qui tiennent à l'un ou à l'autre
, D'Olivet, Ess. gramm. I, 2.Nom propre, nom qui sert à désigner les personnes.
Tout nom propre est déterminé par lui-même ; l'article lui est donc inutile, et on dira César, Alexandre
, Condillac, Gramm. II, 14.Nom commun, nom qui convient à tous les êtres, à tous les objets de la même espèce.
Nom de nombre, nom qui sert à désigner les nombres. Trois, quatre, dix sont des noms de nombre.
-
17Le nom, ce qui n'est pas effectif, par opposition à ce qui est réel.
Elle se défend du nom, mais non pas de la chose
, Molière, Critique, 2.Non, après ce que nous venons de voir [la mort rapide de Madame], la santé n'est qu'un nom, la gloire n'est qu'une apparence…
, Bossuet, Duch. d'Orl.Saint Chrysostome a bien compris cette vérité quand il a dit : Gloire, richesse, noblesse, puissance pour les hommes du monde ne sont que des noms ; pour nous, si nous servons Dieu, ce sont des choses ; au contraire la pauvreté, la honte, la mort sont des choses trop effectives et trop réelles pour eux ; pour nous ce sont seulement des noms
, Bossuet, ib.Il est question de la chose et non pas du nom
, Fénelon, Dial. des morts anc. Dial. 39.Soyons justes, aimons le vrai, ne nous laissons pas séduire, jugeons par les choses et non par les noms
, Voltaire, Dict. phil. Femme.Les noms, en tout genre, font plus d'impression que les choses
, Voltaire, Mél. hist. Mens. impr. doutes test. Richel.N'être qu'un nom, n'avoir point de réalité.
Croire que les vertus les plus pures ne sont que des noms
, Massillon, Avent, Bonh.Nous les accoutumons à penser que la vertu n'est qu'un nom
, Massillon, Panégyr. St Louis.Être Bonaparte, et se faire sire… il croit monter en s'égalant aux rois, il aime mieux un titre qu'un nom
, Courier, Corresp. mai 1804.Un Brutus qui, mourant pour la vertu qu'il aime, Doute au dernier moment de cette vertu même, Et dit : tu n'es qu'un nom !
Lamartine, Médit. VII. -
18 Terme d'algèbre ancienne. S'est dit pour désigner une quantité qui a devant elle le signe + ou le signe -.
On dit aujourd'hui terme ou monôme.
Quantité de deux noms, un binôme.
-
19Nom de Jésus, petite peinture ou chiffre où ce nom est en abrégé.
Nom de Jésus, sorte de papier fin.
-
20Au nom de, loc. prép. De la part de.
Oui, mais je viens encore Vous saluer au nom du seigneur Polydore
, Molière, le Dép. III, 2.Au nom de l'empereur j'allais vous informer D'un ordre qui d'abord a pu vous alarmer
, Racine, Brit. I, 2.Le petit avertissement que j'ai reçu de la nature, d'aller trouver Horace, au nom de qui vous m'écrivîtes une si jolie lettre
, Voltaire, Lett. la Harpe, 8 avr. 1777.On dit de même : en mon nom, en son nom, etc.
Fig.
Notre religion, comme celle des anciens, anime les arts… la nôtre [le catholicisme] parle au nom de l'amour, la vôtre [le protestantisme] au nom du devoir
, Staël, Corinne, X, 5.Il signifie aussi : en considération de.
Au nom d'une amitié si constante et si belle, Employez le pouvoir que vous avez sur elle
, Racine, Bérén. III, 1.Au nom de votre fils, cessons de nous haïr
, Racine, Andr. III, 7.Au nom du Pinde et de Cythère, Gentil Bernard, sois averti Que l'Art d'aimer doit samedi Venir souper chez l'Art de plaire
, Voltaire, Billet à Bernard (auteur de l'Art d'aimer) pour l'inviter à souper chez Mme du Châtelet.Au nom de Dieu, en invoquant le nom de Dieu.
Servez ce roi immortel et si plein de miséricorde [Dieu], qui vous comptera un soupir et un verre d'eau donné en son nom plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu
, Bossuet, Louis de Bourbon.La formule de foi que nous prononçons en confessant la Trinité, et qui est conçue en ces termes : au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit
, Bourdaloue, Myst. Trinité, t. I, p. 493.Au nom de Dieu n'est quelquefois qu'une simple supplication.
Mon frère, au nom de Dieu, ne vous emportez pas
, Molière, Tart. III, 6.Je suis fort contente de ce que vous me dites de votre santé, mais au nom de Dieu, si vous m'aimez, conservez-vous
, Sévigné, 55.Au nom des dieux, se met dans la bouche des païens.
Phoedime, au nom des dieux, fais ce que je désire
, Racine, Mithr. IV, 1. -
21De nom, par le nom.
Ces deux dames se connaissaient de nom, et par là savaient les égards qu'elles se devaient l'une à l'autre
, Marivaux, Marianne, 7e part.De nom, se dit aussi par opposition à réellement et de fait.
Ils combattent sous lui, sous son ordre ils s'unissent, Et tous ces rois de nom en effet obéissent
, Corneille, Sert. II, 1.Votre grâce qui n'est suffisante que de nom
, Pascal, Prov. II.N'ose-t-il être Auguste et César que de nom ?
Racine, Brit. I, 2.Reine longtemps de nom, mais en effet captive
, Racine, Mithr. I, 2.La France était expirante sous le règne de Charles le Simple, roi de nom, et dont la monarchie était encore plus démembrée par les ducs, par les comtes et les barons ses sujets que par les Normands
, Voltaire, Mœurs, 25.
PROVERBES
Je ne lui ai jamais dit pis que son nom, c'est-à-dire je ne lui ai jamais rien dit d'injurieux.
On ne saurait lui dire pis que son nom, se dit de quelqu'un qui est connu comme un malhonnête homme, comme un scélérat.
C'est un homme à qui il ne faut pas dire plus haut que son nom, c'est-à-dire c'est un homme qui s'offense aisément.
On ne lui a pas dit plus haut que son nom, c'est-à-dire on ne lui a fait ni observation ni reproche. Notez que le dit Caveirac est l'auteur de l'apologie de la Saint-Barthélemy, pour laquelle on ne lui a pas dit plus haut que son nom
, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 12 janv. 1763.
Cette expression a aussi un sens tout différent : Vous ne lui direz pas plus haut que son nom, signifie que ce nom est si illustre qu'on n'en peut pas trouver de plus élevé.
REMARQUE
1. Le nom propre, étant destiné à distinguer une personne d'une autre, n'est susceptible ni de l'idée ni de la marque du pluriel. Mais il y a quatre exceptions à cette règle :
1° on le considère comme le nom propre de toute une classe d'hommes et non plus seulement comme le nom propre d'un individu ; dans ce cas on dit au pluriel et avec l's : les Henris, les Bourbons, les Stuarts, les douze Césars, etc. La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars
, Boileau, Ép. I.
2° on l'emploie par antonomase, c'est-à-dire comme un nom commun, pour distinguer tous les individus semblables à celui dont ils empruntent le nom : alors les Corneilles se prend pour les grands poëtes tragiques, les Mécènes pour les protecteurs des lettres, etc. ;
3° quelquefois les noms propres se mettent au pluriel, mais sans prendre l's, quand il s'agit, il est vrai, d'une seule personne, mais quand pourtant on veut citer ceux-là entre autres et non d'une manière exclusive. Les expressions heureuses qui font l'âme de la poésie et le mérite des Homère, des Virgile, des Tasse, des Milton, des Pope, des Corneille, des Racine, des Boileau
, Voltaire, Mél. litt. aux auteurs du nouv. Parnasse.
4° quand on nomme des personnes qui ont porté le même nom, on emploie le pluriel, mais sans mettre l's : les deux Richelieu ; quatre Mathusalem.
2. Les noms propres ne prennent point d'article, excepté en trois cas :
1° on met l'article avec un nom de femme dans un parler très familier : la Grand-Guillaume, la femme de Grand-Guillaume ; ou par mépris : la Brinvilliers, Mme de Brinvilliers, célèbre empoisonneuse ; on le met aussi devant les noms de chanteuses ou de danseuses en renom : la Taglioni, la Grisi, la Patti ;
2° on met l'article quand le nom propre désigne le livre de la personne nommée : le Cicéron que vous m'avez envoyé ; donnez-moi un Tacite ; on dit aussi : cela est du Bossuet, du Racine, c'est-à-dire cela est tiré de Bossuet, de Racine ;
3° enfin l'article défini se joint à quelques noms italiens : l'Arioste, le Tasse. On remarquera que les Italiens ne joignent l'article qu'aux noms de famille et jamais aux prénoms ; ce serait une faute de dire le Torquato, pour le Tasse ; c'en est une de dire le Dante ; Dante est un prénom ; et, quand les Italiens mettent l'article au nom de leur grand poëte, ils disent l'Alighieri, qui était son nom de famille. On a pris l'habitude de dire également le Poussin (Nicolas Poussin ayant longtemps vécu en Italie). Au XVIIe siècle, on a essayé d'introduire cet usage en France : À mon gré, le Corneille est joli quelquefois
, Boileau, Sat. III.
SYNONYME
SUBSTANTIF, NOM. Le substantif désigne les êtres par l'idée de leur nature ; à cause de cela on l'appelle souvent nom, parce qu'il paraît nommer les personnes et les choses. On peut presque toujours employer sans inconvénient sensible ce mot de nom pour celui de substantif ; toutefois, dans la rigueur des termes, le substantif n'est qu'une espèce du genre nom, lequel comprend, en outre, les adjectifs et les pronoms, JULLIEN.
HISTORIQUE
Xe s. S. El [il] li enorte… Qued elle fuiet lo nom christien
, Eulalie.
XIe s. Par nun [à condition] d'ocire i enverrai le mien [fils]
, Ch. de Rol. III. Li niés [le neveu de] Marsile, il a num Astaroth
, ib. XCI. Et de m'espée ancoi [aujourd'hui] sauras le nom
, ib. CXL. Li nums Joyeuse à l'espée fut donet
, ib. CLXXIX.
XIIe s. Deus, dist li quens [comte], par ton santisme nom…
, Ronc. 67. Et se je truis [trouve] ma dame o [avec] le douz non, Pleine d'orgueil et dame sans guerdon
, Couci, II. Las ! pourquoi l'ai de mes euz [yeux] regardée, La douce rien qui fausse amie a non ?
ib. VI. [Le souvenir] me fait renouvelemens De toute joie sans non
, ib. X. Et la guerre dura tante mainte saison ; Li uns rois après l'autre la reprist en son nom
, Sax. III. Seignor, dist li cuens [comte] Hues, par le nom de Jhesu…
, ib. XXVIII.
XIIIe s. Pape Adriens el roi Carlon Se plaint de Desiier par non [nominativement, en détail], Qui tenoit Pulles et Lombardie, Qui la guerre ot recomancie
, Ph. Mouskes, ms. p. 114, dans LACURNE. Comment avez à nom, que bien seiez venue ?
Berte, LII. Au nom à ce Seigneur [par le nom de ce Seigneur] qui se laissa pener Ens en la sainte croi
, ib. CXII. Marie ai num, si sui de France
, Marie de France, t. II, p. 401. Entre vous chrestiens estes fiz de Dieu, et de son nom de Criste estes appelez chrestiens
, Joinville, 258. Il estoit home de grant non et de grant valeur
, Joinville, 218.
XVe s. Ceux de Karentan n'avoient point de capitaine de nom
, Froissart, II, II, 27. Et en nom de remuneration je vous donne…
, Froissart, I, I, 308. Et avec ce il avoit le nom d'estre le plus appert homme d'armes qui fust au pays…
, Froissart, I, I, 325. Toute joye est descendue sur my, Quant j'ai oy de ma dame nouvelle ; Car elle m'a appelé nom d'amy
, Deschamps, Poésies mss. f° 180. La craincte fut plus grande que la perte des deux costez ; car il ne se perdit nul homme de nom
, Commines, I, 9. Moult furent joyeulx dames et damoiselles et les chevaliers de la feste, pour ce que grant temps avoit que le roy ne avoit fait feste de nom
, Perceforest, t. IV, f° 57. Moult nice est celuy qui ne scet son nom nommer
, ib. t. II, f° 21. Et ce jour fut en l'hostel de la dicte ville pour les affaires du roy, et là lui fut baillé le nom de la nuit [le mot d'ordre pour la nuit] comme à prevost de Paris
, Chron. scandal. an 1465, p. 88, dans LACURNE.
XVIe s. Au temps que le destin en Gaule fera naistre Henry second du nom, des autres rois le maistre
, Ronsard, 873. … Pour me tuer, deschirer et humer Mon sang, trahy dessous le nom d'aimer
, Ronsard, 952. Tel a le nom qui l'effect non
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 419. Le creancier puet commencer son execution, si bon luy semble, sur les debtes, noms [titres] et actions de son debteur
, Coust. gén. t. II, p. 458.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
NOM. - HIST.XIIe s. Ajoutez : Tant com ensi [avec ses armes à l'envers] chevaucerai, Jà chevalier n'enconterrai Qui me die pis que mon nom
, Perceval le Gallois, V. 42175. (on remarquera l'existence de la locution proverbiale dès cette haute antiquité).
Encyclopédie, 1re édition (1751)
NOM, s. m. (Métaph. Gram.) ce mot nous vient, sans contredit, du latin nomen ; & celui-ci réduit à sa juste valeur, conformément aux principes établis à l’article Formation, veut dire men quod notat, signe qui fait connoître, ou notans men, & par syncope notamen, puis nomen. S. Isidore de Séville indique assez clairement cette étymologie dans ses origines, & en donne tout-à-la-fois une excellente raison : nomen dictum quasi notamen, quòd nobis vocabulo suo notas efficiat ; nisi enim nomen scieris, cognitio rerum perit, lib. I. cap. vj. Cette définition du mot est d’autant plus recevable, qu’elle est plus approchante de celle de la chose : car les noms sont des des mots qui présentent à l’esprit des êtres déterminés par l’idée précise de leur nature ; ce qui est effectivement donner la connoissance des êtres. Voyez Mot, art. 1.
On distingue les noms, ou par rapport à la nature même des objets qu’ils désignent, ou par rapport à la maniere dont l’esprit envisage cette nature des êtres.
1. Par rapport à la nature même des objets désignés, on distingue les noms en substantifs & abstractifs.
Les noms substantifs sont ceux qui désignent des êtres qui ont ou qui peuvent avoir une existence propre & indépendante de tout sujet, & que les Philosophes appellent des substances, comme Dieu, ange, ame, animal, homme, César, plante, arbre, cerisier, maison, ville, eau, riviere, mer, sable, pierre, montagne, terre, &c. Voyez Substance.
Les noms abstractifs sont ceux qui désignent des êtres dont l’existence est dépendante de celle d’un sujet en qui ils existent, & que l’esprit n’envisage en soi, & comme jouissant d’une existence propre, qu’au moyen de l’abstraction ; ce qui fait que les Philosophes les appellent des êtres abstraits ; comme tems, éternité, mort, vertu, prudence, courage, combat, victoire, couleur, figure, pensée, &c. Voyez Abstraction.
La premiere & la plus ordinaire division des noms est celle des substantifs & des adjectifs. Mais j’ai déja dit un mot (art. Genre) sur la méprise des Grammairiens à cet égard ; & j’avois promis de discuter ici plus profondement cette question. Il me semble cependant que ce seroit ici une véritable disgression, & qu’il est plus convenable de renvoyer cet examen au mot Substantif, où il sera placé naturellement.
II. Par rapport à la maniere dont l’esprit envisage la nature des êtres, on distingue les noms en appellatifs & en propres.
Les noms appellatifs sont ceux qui présentent à l’esprit des êtres déterminés par l’idée d’une nature commune à plusieurs : tels sont homme, brute, animal, dont le premier convient à chacun des individus de l’espece humaine ; le second, à chacun des individus de l’espece des brutes ; & le troisieme, à chacun des individus de ces deux especes.
Les noms propres sont ceux qui présentent à l’esprit des êtres déterminés par l’idée d’une nature individuelle : tels sont Louis, Paris, Meuse, dont le premier désigne la nature individuelle d’un seul homme ; le second, celle d’une seule ville ; & le troisieme, celle d’une seule riviere.
§. I. Il est essentiel de remarquer deux choses dans les noms appellatifs ; je veux dire la compréhension de l’idée, & l’étendue de la signification.
Par la compréhension de l’idée, il faut entendre la totalité des idées partielles, qui constituent l’idée entiere de la nature commune indiquée par les noms appellatifs : par exemple, l’idée entiere de la nature humaine, qui est indiquée par le nom appellatif homme, comprend les idées partielles de corps vivant & d’ame raisonnable ; celles ci en renferment d’autres qui leur sont subordonnées, par exemple, l’idée d’ame raisonnable suppose les idées de substance, d’unité, d’intelligence, de volonté, &c. La totalité de ces idées partielles, paralleles ou subordonnées les unes aux autres, est la compréhension de l’idée de la nature commune exprimée par le nom appellatif homme.
Par l’étendue de la signification, on entend la totalité des individus en qui se trouve la nature commune indiquée par les noms appellatifs : par exemple, l’étendue de la signification du nom appellatif homme, comprend tous & chacun des individus de l’espece humaine, possibles ou réels, nés ou à naître ; Adam, Eve, Assuérus, Esther, César, Calpurnie, Louis, Therese, Daphnis, Chloé, &c.
Sur quoi il faut observer qu’il n’existe réellement dans l’univers que des individus ; que chaque individu a sa nature propre & incommunicable ; & conséquemment qu’il n’existe point en effet de nature commune, telle qu’on l’envisage dans les noms appellatifs. C’est une idée factice que l’esprit humain compose en quelque sorte de toutes les idées des attributs semblables qu’il distingue par abstraction dans les individus. Moins il entre d’idées partielles dans celle de cette nature factice & abstraite, plus il y a d’individus auxquels elle peut convenir ; & plus au contraire il y entre d’idées partielles, moins il y a d’individus auxquels la totalité puisse convenir. Par exemple, l’idée de figure convient a un plus grand nombre d’individus que celle de triangle, de quadrilatere, de pentagone, d’exagone, &c. parce que cette idée ne renferme que les idées partielles d’espace, de bornes, de côtés, & d’angles, qui se retrouvent dans toutes les especes que l’on vient de nommer ; au lieu que celle de triangle, qui renferme les mêmes idées partielles, comprend encore l’idée précise de trois côtés & de trois angles : l’idée de quadrilatere, outre les mêmes idées partielles, renferme de plus celle de quatre côtés & de quatre angles, &c. d’où il suit d’une maniere très-évidente que l’étendue & la compréhension des noms appellatifs sont, si je puis le dire, en raison inverse l’une de l’autre, & que tout changement dans l’une suppose dans l’autre un changement contraire. D’où il suit encore que les noms propres, déterminant les êtres par une nature individuelle, & ne pouvant convenir qu’à un seul individu, ont l’étendue la plus restrainte qu’il soit possible de concevoir, & conséquemment la compréhension la plus complexe & la plus grande.
Ici se présente bien naturellement une objection, dont la solution peut répandre un grand jour sur la matiere dont il s’agit. Comme il n’existe que des êtres individuels & singuliers, & que les noms doivent présenter à l’esprit des êtres déterminés par l’idée de leur nature ; il semble qu’il ne devroit y avoir dans les langues que des noms propres, pour déterminer les êtres par l’idée de leur nature individuelle : & nous voyons cependant qu’il y a au contraire plus de noms appellatifs que de propres. D’où vient cette contradiction ? Est-elle réelle ? N’est-elle qu’apparente ?
1°. S’il falloit un nom propre à chacun des individus réels ou abstraits qui composent l’univers physique ou intellectuel ; aucune intelligence créée ne seroit capable, je ne dirai pas d’imaginer, mais seulement de retenir la totalité des noms qui entreroient dans cette nomenclature. Il ne faut qu’ouvrir les yeux pour concevoir qu’il s’agit d’une infinité réelle, qui ne peut être connue en detail que par celui qui numerat multitudinem stellarum, & omnibus eis nomina vocat. Ps. cxivj. 4. D’ailleurs la voix humaine ne peut fournir qu’un nombre assez borné de sons & d’articulations simples ; & elle ne pourroit fournir à l’infinie nomenclature des individus qu’en multipliant à l’infini les combinaisons de ces élemens simples : or, sans entrer fort avant dans les profondeurs de l’infini, imaginons seulement quelques milliers de noms composés de cent mille syllabes, & voyons ce qu’il faut penser d’un langage qui de quatorze ou quinze de ces noms rempliroit un volume semblable à celui que le lecteur a actuellement sous les yeux.
2°. L’usage des noms propres suppose déja une connoissance des individus, sinon détaillée & approfondie, du moins très-positive, très-précise, & à la portée de ceux qui parlent, & de ceux à qui l’on parle. C’est pour cela que les individus que la société a intérêt de connoître, & qu’elle connoît plus particulierement, y sont communément désignés par des noms propres, comme les empires, les royaumes, les provinces, les régions, certaines montagnes, les rivieres, les hommes, &c. Si la distinction précise des individus est indifférente, on se contente de les désigner par des noms appellatifs ; ainsi chaque grain de sable est un grain de sable, chaque perdrix est un perdrix, chaque étoile est une étoile, chaque cheval est un cheval, &c. voilà l’usage de la société nationale, parce que son intérêt ne va pas plus loin. Mais chaque société particuliere comprise dans la nationale a ses intérêts plus marqués & plus détaillés ; la connoissance des individus d’une certaine espece y est plus nécessaire ; ils ont leurs noms propres dans le langage de cette société particuliere : montez à l’observatoire ; chaque étoile n’y est plus une étoile tout simplement, c’est l’étoile β du capricorne, c’est le γ du centaure, c’est le ζ de la grande ourse, &c. entrez dans un manege, chaque cheval y a son nom propre, le brillant, le lutin, le fougueux, &c. chaque particulier établit de même dans son écurie une nomenclature propre ; mais il ne s’en sert que dans son domestique, parce que l’intérêt & le moyen de connoître individuellement n’existent plus hors de cette sphere. Si l’on ne vouloit donc admettre dans les langues que des noms propres, il faudroit admettre autant de langues différentes que de sociétés particulieres ; chaque langue seroit bien pauvre, parce que la somme des connoissances individuelles de chaque petite société n’est qu’un infiniment petit de la somme des connoissances individuelles possibles ; & une langue n’auroit avec une autre aucun moyen de communication, parce que les individus connus d’une part ne seroient pas connus de l’autre.
3°. Quoique nos véritables connoissances soient essentiellement fondées sur des idées particulieres & individuelles, elles supposent pourtant essentiellement des vûes générales. Qu’est-ce que généraliser une idée C’est la séparer par la pensée de toutes les autres avec lesquelles elle se trouve associée dans tel & tel individu, pour la considérer à part & l’approfondir mieux (voyez Abstraction) ; & ce sont des idées ainsi abstraites que nous marquons par les mots appellatifs. Voyez Appellatif. Ces idées abstraites étant l’ouvrage de l’entendement humain sont aisément saisies par tous les esprits ; & en les rapprochant les unes des autres, nous parvenons, par la voie de la synthèse, à composer en quelque sorte les idées moins générales ou même individuelles qui sont l’objet de nos connoissances, & à les transmettre aux autres au moyen des signes généraux & appellatifs combinés entre eux comme les idées simples dont ils sont les signes. Voyez Générique. Ainsi l’abstraction analyse en quelque maniere nos idées individuelles en les réduisant à des idées élémentaires que l’on peut appeller simples par rapport à nous ; le nombre n’en est pas à beaucoup près si prodigieux que celui des diverses combinaisons qui en résultent & qui caractérisent les individus, & par-là elles peuvent devenir l’objet d’une nomenclature qui soit à la portée de tous les hommes. S’agit-il ensuite de communiquer ses pensées, le langage a recours à la synthèse, & combine les signes des idées élémentaires comme les idées mêmes doivent être combinées ; le discours devient ainsi l’image exacte des idées complexes & individuelles, & l’étendue vague des noms appellatifs se détermine plus ou moins, même jusqu’à l’individualité, selon les moyens de détermination que l’on juge à propos ou que l’on a besoin d’employer.
Or il y a deux moyens généraux de déterminer ainsi l’étendue de la signification des noms appellatifs.
Le premier de ces moyens porte sur ce qui a été dit plus haut, que la compréhension & l’étendue sont en raison inverse l’une de l’autre, & que l’étendue individuelle, la plus restrainte de toutes, suppose la compréhension la plus grande & la plus complexe. Il consiste donc à joindre avec l’idée générale du nom appellatif, une ou plusieurs autres idées, qui devenant avec celle-là parties élémentaires d’une nouvelle idée plus complexe, présenteront à l’esprit un concept d’une compréhension plus grande, & conséquemment d’une étendue plus petite.
Cette addition peut se faire, 1°. par un adjectif physique, comme, un homme savant, des hommes pieux, où l’on voit un sens plus restraint que si l’on disoit simplement un homme, des hommes : 2°. par une proposition incidente qui énonce un attribut sociable avec la nature commune énoncée par le nom appellatif ; par exemple, un homme que l’ambition dévore, ou dévoré par l’ambition, des hommes que la patrie doit chérir.
Le second moyen ne regarde aucunement la compréhension de l’idée genérale, il consiste seulement à restraindre l’étendue de la signification du nom appellatif, par l’indication de quelque point de vûe qui ne peut convenir qu’à une partie des individus.
Cette indication peut se faire, 1°. par un adjectif métaphysique partitif qui désigneroit une partie indéterminée des individus, quelques hommes, certains hommes, plusieurs hommes : 2°. par un adjectif numérique qui désigneroit une quotité précise d’individus, un homme, deux hommes, mille hommes : 3°. par un adjectif possessif qui caractériseroit les individus par un rapport de dependance, meus ensis, tuus ensis, Evandrius ensis : 4°. par un adjectif démonstratif qui fixeroit les individus par un rapport d’indication précise, ce livre, cette femme, ces hommes : 5°. par un adjectif ordinal qui spécifieroit les individus par un rapport d’ordre, le second tome, chaque troisieme année : 6°. par l’addition d’un autre nom ou d’un pronom qui seroit le terme de quelque rapport, & qui seroit annoncé comme tel par les signes autorisés dans la syntaxe de chaque langue, la loi de Moïse en françois, lex Mosis en latin, thorath Mosché en hébreu, comme si l’on disoit en latin legis Moïses ; chaque langue a ses idiotismes : 7°. par une proposition incidente, qui sous une forme plus développée rendroit quelqu’un de ces points de vûe, l’homme ou les hommes dont je vous ai parlé, l’épée que vous avez reçue du roi, le volume qui m’appartient, &c.
On peut même, pour déterminer entierement un nom appellatif, réunir plusieurs des moyens que l’on vient d’indiquer. Que l’on dise, par exemple, j’ai lû deux excellens ouvrages de Grammaire composés par M. du Marsais ; le nom appellatif ouvrages est déterminé par l’adjectif numérique deux, par l’adjectif physique excellens, par la relation objective que désignent ces deux mots, de Grammaire, & par la relation causative indiquée par ces autres mots, composés par M. du Marsais. C’est qu’il est possible qu’une premiere idée déterminante, en restraignant la signification du nom appellatif, la laisse encore dans un état de généralité, quoique l’étendue n’en soit plus si grande. Ainsi excellens ouvrages, cette expression présente une idée moins générale qu’ouvrages, puisque les médiocres & les mauvais sont exclus ; mais cette idée est encore dans un état de généralité susceptible de restriction : excellens ouvrages de Grammaire, voilà une idée plus restrainte, puisque l’exclusion est donnée aux ouvrages de Théologie, de Jurisprudence, de Morale, de Mathématique, &c. deux excellens ouvrages de Grammaire ; cette idée totale est encore plus déterminée, mais elle est encore générale, malgré la précision numérique, qui ne fixe que la quantité des individus sans en fixer le choix ; deux excellens ouvrages de Grammaire composés par M. du Marsais, voici une plus grande détermination, qui exclut ceux de Lancelot, de Sanctius, de Scioppius, de Vossius, de l’abbé Girard, de l’abbé d’Olivet, &c. La détermination pourroit devenir plus grande, & même individuelle, en ajoutant quelque autre idée à la compréhension, ou en restraignant l’idée à quelque autre point de vûe.
C’est par de pareilles déterminations que les noms appellatifs devenant moins généraux par degrés, se soudivisent en génériques & en spécifiques, & sont envisagés quelquefois sous l’un de ces aspects, & quelquefois sous l’autre, selon que l’on fait attention à la totalité des individus auxquels ils conviennent, ou à une totalité plus grande dont ceux-ci ne sont qu’une partie distinguée par l’addition déterminative. Voyez Appellatif & Générique.
§ 2. Pour ce qui est des noms propres, c’est en vertu d’un usage postérieur qu’ils acquierent une signification individuelle ; car on peut regarder comme un principe général, que le sens étymologique de ces mots est constamment appellatif. Peut-être en trouveroit-on plusieurs sur lesquels on ne pourroit vérifier ce principe, parce qu’il seroit impossible d’en assigner la premiere origine ; mais pour la même raison on ne pourroit pas prouver le contraire : au-lieu qu’il n’y a pas un seul nom propre dont on puisse assigner l’origine, dans quelque langue que ce soit, que l’on n’y retrouve une signification appellative & générale.
Tout le monde sait qu’en hébreu tous les noms propres de l’ancien Testament sont dans ce cas : on peut en voir la preuve dans une table qui se trouve à la fin de toutes les éditions de la Bible vulgate, dans laquelle entre autres exemples on trouve que Jacob signifie supplantator ; mais il faut prendre garde de s’imaginer que ce patriarche fut ainsi nommé, parce qu’il surprit à son frere son droit d’aînesse, la maniere dont il vint au monde en est l’unique fondement ; il tenoit son frere par le talon, il avoit la main sub plantâ, & le nom de Jacob ne signifie rien autre chose. Oter à quelqu’un par finesse la possession d’une chose, ou l’empêcher de l’obtenir, c’est agir comme celui qui naquit ayant la main sous la plante du pié de son frere ; de-là le verbe supplanter, en dérivant ce mot des deux racines latines subplantâ, qui répondent aux racines hébraïques du nom de Jacob, parce que Jacob trompa ainsi son frere : il pouvoit arriver que nous allassions puiser jusques-la ; & dans ce cas nous aurions dit jacober ou jacobiser, aulieu de supplanter, ce qui auroit signifié de même tromper, comme Jacob trompa Esaü.
C’étoit la même chose en grec : Alexandre, Ἀλέξανδρος, fortis auxiliator ; Aristote, Ἀριστότελης, ad optimum finem, d’ἄριστος, optimus, & de τέλος, finis ; Νικόλαος, victor populi, de νικάω, vinco, & de λαός, populus ; Philippe, Φιλιππος, amator equorum, de φιλέω, amo, & de ἵππος, equus ; Achéron (fleuve d’enfer), fluvius doloris, de ἄχος, dolor, & de ῥόος, fluvius ; Afrique, sine frigore, d’α privatif, & de φρίκη, frigus ; Ethiopie (région très-chaude en Afrique), d’αἴθω, uro, & de ὤψ, vultus ; Naples, Νεάπολις, nova urbs, de νεος, novus, & de πόλις, urbs, &c.
Les noms propres des Latins étoient encore dans le même cas : Lucius vouloit dire cum luce natus, au point-du-jour ; Tiberius, né près du Tibre ; Servius, né esclave ; Quintus, Sextus, Octavius, Nonnius, Decimus, sont évidemment des adjectifs ordinaux, employés à caractériser les individus d’une même famille par l’ordre de leur naissance, &c.
Il y a tant de noms de famille dans notre langue qui ont une signification appellative, que l’on ne peut douter que ce ne soit la même chose dans tous les idiomes, & une suggestion de la nature : le Noir, le Blanc, le Rouge, le Maître, Desormeaux, Sauvage, Moreau, Potier, Portail, Chrétien, Hardi, Marchand, Maréchal, Coutelier, &c. & c’est encore la même chose chez nos voisins : on trouve des allemands qui s’appellent Wolf, le Loup ; Schwartz, le Noir ; Meïer, le Maire ; Fiend, l’Ennemi, &c.
Cette généralité de la signification primitive des noms propres pouvoit quelquefois faire obstacle à la distinction individuelle qui étoit l’objet principal de cette espece de nomenclature, & l’on a cherché par-tout à y remédier. Les Grecs individualisoient le nom propre par le génitif de celui du pere ; Ἀλέξανδρος ὁ Φιλίππου, en sous-entendant υἱός, Alexander Philippi, suppl. filius, Alexandre fils de Philippe. Nos ancêtres produisoient le même effet par l’addition du nom du lieu de la naissance ou de l’habitation, Antoine de Pade ou de Padoue, Thomas d’Aquin ; ou par l’adjectif qui désignoit la province, Lyonnois, Picard, le Normand, le Lorrain, &c. ou par le nom appellatif de la profession, Drapier, Teinturier. Marchand, Maréchal, Lavocat, &c. ou par un sobriquet qui désignoit quelque chose de remarquable dans le sujet, le Grand, le Petit, le Roux, le Fort, Voisin, Ronfleur, le Nain, le Bossu, le Camus, &c. & c’est l’origine la plus probable des noms qui distinguent aujourd’hui les familles.
Les Romains, dans la même intention, accumuloient jusqu’à trois ou quatre dénominations, qu’ils distinguoient en nomen, prænomen, cognomen, & agnomen.
Le nom proprement dit étoit commun à tous les descendans d’une même maison, gentis, & à toutes ses branches ; Julii, Antonii, &c. c’étoit probablement le nom propre du premier auteur de la maison, puisque les Jules descendoient d’Iulus, fils d’Enée, ou le prétendoient.
Le surnom étoit destiné à caractériser une branche particuliere de la maison, familiam ; ainsi les Scipions, les Lentulus, les Dolabella, les Sylla, les Cinna, étoient autant de branches de la maison des Corneilles, Cornelii. On distinguoit deux sortes de surnoms, l’un appellé cognomen, & l’autre agnomen. Le cognomen distinguoit une branche d’une autre branche parallele de la même maison ; l’agnomen caractérisoit une soudivision d’une branche : l’un & l’autre étoit pris ordinairement de quelque évenement remarquable qui distinguoit le chef de la division ou de la soudivision. Scipio étoit un surnom, cognomen, d’une branche cornélienne ; Africanus fut un surnom, agnomen, du vainqueur de Carthage, & seroit devenu l’agnomen de sa descendance, qui auroit été distinguée ainsi de celle de son frere, qui auroit porté le nom d’Asiaticus.
Pour ce qui est du prénom, c’étoit le nom individuel de chaque enfant d’une même famille : ainsi les deux freres Scipions dont je viens de parler, avant qu’on les distinguât par l’agnomen honorable que la voix du peuple accorda à chacun d’eux, étoient distingués par les prénoms de Publius & de Lucius ; Publius fut surnommé l’Afriquain, Lucius fut surnommé l’Asiatique. La dénomination de prænomen vient de ce qu’il se mettoit à la tête des autres, immédiatement avant le nom, qui étoit suivi du cognomen, & ensuite de l’agnomen. P. Cornelius Scipio Africanus ; L. Cornelius Scipio Asiaticus. Les adoptions, & dans la suite des tems la volonté des empereurs, occasionnerent quelques changemens dans ce système qui est celui de la république. Voyez la Méthode latine de P. R. sur cette matiere, au chap. j. des Observations particulieres.
§ 3. Pour ne rien laisser à desirer sur ce qui peut intéresser la Philosophie à l’égard des noms appellatifs & des noms propres, il faut nous arrêter un moment sur ce qui regarde l’ordre de la génération de ces deux especes.
« Il y a toute apparence, dit l’abbé Girard (Princ. tom. I. disc. v. pag. 219.) que le premier but qu’on a eu dans l’établissement des substantifs, a été de distinguer les sortes ou les especes dans la variété que l’univers présente, & que ce n’a été qu’au second pas qu’on a cherché à distinguer dans la multitude les êtres particuliers que l’espece renferme ».
M. Rousseau de Genève, dans son Discours sur l’origine & les fondemens de l’inégalité parmi les hommes (partie prem.) adopte un système tout opposé. « Chaque objet, dit-il, reçut d’abord un nom particulier, sans égard aux genres & aux especes, que ces premiers instituteurs n’étoient pas en état de distinguer ; & tous les individus se présenterent isolés à leur esprit comme ils le sont dans le tableau de la nature. Si un chêne s’appelloit A, un autre s’appelloit B… Les premiers substantifs n’ont pû jamais être que des noms propres ». L’auteur de la Lettre sur les sourds & muets est de même avis (pag. 4.) & Scaliger long-tems auparavant s’en étoit expliqué ainsi : Qui nomen imposuit rebus, individua nota priùs habuit quàm species. De caus. L. L. lib. IV. cap. xcj.
On ne doit pas être surpris que cette question ait fixé l’attention des Philosophes : la nomenclature est la base de tout langage ; les noms & les verbes en sont les principales parties. Cependant il me semble que les tentatives de la Philosophie ont eu à cet égard bien peu de succès, & que ni l’un ni l’autre des deux systèmes opposés ne résout la question d’une maniere satisfaisante.
Ce que l’on vient de remarquer sur l’étymologie des noms propres dans tous les idiomes connus, où il est constant qu’ils sont tous tirés de notions générales adaptées par accident à des individus, paroît confirmer la pensée de l’abbé Girard, que le premier objet de la nomenclature fut de distinguer les sortes ou les especes, & que ce ne fut qu’au second pas que l’on pensa à distinguer les individus compris sous chaque espece. Mais, comme le remarque très-bien M. Rousseau (loc. cit.) « pour ranger les êtres sous des dénominations communes & génériques, il en falloit connoître les propriétés & les différences ; il falloit des observations & des définitions, c’est-à-dire, de l’histoire naturelle & de la métaphysique, beaucoup plus que des hommes de ce tems-là n’en pouvoient avoir ».
Toute réelle & toute solide que cette difficulté peut être contre l’assertion de l’académicien, elle ne peut pas établir l’opinion du philosophe génevois. Il est lui-même obligé de convenir qu’il ne conçoit pas les moyens par lesquels les premiers nomenclateurs commencerent à étendre leurs idées & à généraliser leurs mots. C’est qu’en effet quelque système de formation qu’on imagine en supposant l’homme né muet, on ne peut qu’y rencontrer des difficultés insurmontables, & se convaincre de l’impossibilité que les langues ayent pû naître & s’établir par des moyens purement humains.
Le seul système qui puisse prévenir les objections de toute espece, est celui que j’ai établi au mot Langue (article j.) que Dieu donna tout-à-la-fois à nos premiers peres la faculté de parler & une langue toute faite. D’où il suit qu’il n’y a aucune priorité d’existence entre les deux especes de noms, quoique quelques appellatifs ayent cette priorité à l’égard de plusieurs noms propres : cependant il est certain que l’espece des noms propres doit avoir la priorité de nature à l’égard des appellatifs, parce que nos connoissances naturelles étant toutes expérimentales doivent commencer par les individus, qu’ils sont même les seuls objets réels de nos connoissances, & que les généralités, les abstractions ne sont pour ainsi dire que le méchanisme de notre raisonnement, & un artifice pour tirer partie de notre mémoire. Mais autre est notre maniere de penser, & autre la maniere de communiquer nos pensées. Pour abréger la communication, nous partons du point où nous sommes arrivés par degrés, & nous retournons de l’idée la plus simple à la plus composée par des additions successives qui ménagent la vûe de l’esprit ; c’est la méthode de synthèse : pour acquérir ces notions, avant que de les communiquer, il nous a fallu décomposer les idées complexes pour parvenir aux plus simples qui sont & les plus générales & les plus faciles à saisir ; c’est la méthode d’analyse. Voyez Générique.
Ainsi, les mots qui ont la priorité dans l’ordre analytique, sont postérieurs dans l’ordre synthétique. Mais comme ces deux ordres sont inséparables, parce que parler & penser sont liés de la même maniere ; que parler c’est, pour ainsi dire, penser extérieurement, & que penser c’est parler intérieurement ; le Créateur en formant les hommes raisonnables, leur donna ensemble les deux instrumens de la raison, penser & parler : & si l’on sépare ce que le Créateur a uni si étroitement, on tombe dans des erreurs opposées, selon que l’on s’occupe de l’un des deux exclusivement à l’autre.
Les noms, de quelque espece qu’ils soient, sont susceptibles de genres, de nombres, de cas, & conséquemment soumis à la déclinaison : il suffit ici d’en faire la remarque, & de renvoyer aux articles qui traitent chacun de ces points grammaticaux.
Nom, (Hist. génér.) appellation distinctive d’une race, d’une famille, & des individus de l’un & de l’autre sexe dans chaque famille.
On distingue en général deux sortes de noms parmi nous, le nom propre, & le nom de famille. Le nom propre, ou le nom de baptême, est celui que l’on met devant le surnom ou le nom de famille : comme Jean, Pierre, Louis, pour les hommes : Susanne, Thérese, Elisabeth, pour les femmes. Voyez Nom de baptême.
Le nom de famille est le nom qui appartient à toute la race, à toute la famille, qui se continue de pere en fils, & passe à toutes les branches ; tel est le nom de Bourbon. Il répond au patronymique des Grecs ; par exemple les descendans d’Eaque se nommoient Eacides. Les Romains appelloient ces noms généraux qui se donnent à toute la race, gentilitia.
Nous n’avons que des connoissances incertaines sur l’origine des noms & des surnoms ; & l’ouvrage de M. Gilles-André de la Roque, imprimé à Paris en 1681, in-12. n’a point débrouillé ce cahos par des exemples précis tirés de l’Histoire. Son livre est d’ailleurs d’une sécheresse ennuyeuse.
Dans les titres au dessus de l’an 1000, on ne trouve guere les personnes désignées autrement que par leur nom propre ou de baptême ; c’est de-là peut-être que les prélats ont retenu l’usage de ne signer que leur nom propre avec celui de leur évêché, parce que durant les siecles précédens on ne voyoit point d’autres souscriptions dans les conciles. Le commun peuple d’Angleterre n’avoit point de nom de famille ou de surnom avant le regne d’Edouard I. qui monta sur le trône en 975. Plusieurs familles n’en ont point encore dans le Holstein & dans quelques autres pays, où l’on n’est distingué que par le nom de baptême & par celui de son pere : Jacques, fils de Jean ; Pierre, fils de Paul.
On croit que les surnoms ou noms de famille ont commencé de n’être en usage en France que vers l’an 987, sur la fin de la lignée des Carlovingiens, où les nobles de France prirent des surnoms de leurs principaux fiefs, ou bien imposerent leurs noms à leurs fiefs, & même avec un usage fort confus. Les bourgeois & les serfs qui n’étoient pas capables de fief, prirent leurs surnoms du ministere auquel ils étoient employés, des lieux, des métairies qu’ils habitoient, des métiers qu’ils exerçoient, &c.
Matthieu, historiographe, prétend que les plus grandes familles ont oublié leurs premiers noms & surnoms, pour continuer ceux de leur partage, apanages & successions, c’est-à-dire, que leurs noms n’ont pas été d’abord héréditaires. M. le Laboureur, parlant du tems que les noms & les armes commencerent à être héréditaires, prétend qu’il y en a peu qui puissent prouver leur descendance au-delà de cinq cens ans, parce que les noms & les armes étoient seulement attachés aux fiefs qu’on habitoit. Ainsi Robert de Beaumont, fils de Roger sire de Beaumont & d’Adeline de Meulan, prit le nom & les armes de Meulan, & quitta le surnom de Beaumont. On remarque même que les fils de France en se mariant avec des héritieres qui avoient des terres d’un grand état, en prenoient les noms & les armes, comme Pierre de France en épousant Isabelle de Courtenay.
Mézerai prétend que ce fut sur la fin du regne de Philippe II. dit Auguste, que les familles commencerent à avoir des noms fixes & héréditaires ; & que les seigneurs & gentilshommes les prenoient le plus souvent des terres qu’ils possedoient. Quant à l’origine des surnoms de la roture, le même historien la tire de la couleur, des qualités ou des défauts, de la profession, du métier, de la province, du lieu de la naissance, & d’autres causes semblables & arbitraires, impossibles à découvrir.
On s’est encore servi de sobriquets pour faire des distinctions dans les familles. Les souverains mêmes n’en ont pas été exceptés, comme Pépin dit le Bref, Charles le Simple, Hugues Capet, & autres. Mais il faut remarquer que ces sobriquets se prenoient indifféremment des qualités bonnes ou mauvaises de l’esprit & du corps.
Personne n’ignore que les papes changent de nom lors de leur pontificat ; mais ce changement de nom paroît un peu plus ancien que l’élection de Sergius IV. l’an 1009 : car Jean XV. s’appelloit Cicho avant son élevation au pontificat, & Jean XVI. son successeur en l’an 995, se nommoit Fasanus ; mais alors ce n’étoit pas les papes élus qui changeoient leur nom comme ils font aujourd’hui, c’étoient leurs électeurs qui leur imposoient d’autres noms.
Les grands d’Espagne multiplient leurs noms tant par adoption, qu’en considération de leurs alliances avec de riches héritieres. Les François multiplient aussi leurs noms, mais par pure vanité, ou bien ils les changent par le même principe. Certaines gens, dit la Bruyere, portent trois noms de peur d’en manquer ; d’autres ont un seul nom dissyllabe qu’ils annoblissent par des particules, dès que leur fortune devient meilleure. Celui-ci, par la suppression d’une syllabe, fait de son nom obscur un nom illustre ; celui-là, par le changement d’une lettre en une autre, se travestit, & de Syrus devient Cyrus. Plusieurs suppriment leurs noms qu’ils pourroient conserver sans honte, pour en adopter de plus beaux où ils n’ont qu’à perdre, par la comparaison que l’on fait toûjours d’eux qui les portent avec les grands hommes qui les ont portés. Il s’en trouve enfin, qui nés à l’ombre des clochers de Paris, veulent être flamands ou italiens, comme si la roture n’étoit pas de tout pays ; ils alongent leurs noms françois d’une terminaison étrangere, & croient que venir de bon lieu c’est venir de loin. (D. J.)
Noms des Romains, (Antiquit. rom.) Les Romains avoient plusieurs noms, ordinairement trois, & quelquefois quatre. Le premier étoit le prénom qui servoit à distinguer chaque personne : le second étoit le nom propre qui désignoit la race d’où l’on sortoit : le troisieme étoit le surnom qui marquoit la famille d’où l’on étoit : enfin, le quatrieme étoit un autre surnom qui se donnoit, ou à cause de l’adoption, ou pour quelque grande action, ou même pour quelque défaut. Entrons dans les détails pour nous mieux expliquer.
La coutume de prendre deux noms n’a pas été tellement propre aux Romains, qu’ils en aient introduit l’usage, quoiqu’Appien Alexandrin dise le contraire dans sa préface. Il est constant qu’avant la fondation de Rome, les Albains portoient deux noms. La mere de Romulus s’appelloit Rhéa Sylvia ; son ayeul, Numitor Sylvius ; son oncle, Amulius Sylvius. Les chefs des Sabins qui vivoient à-peu-près dans le même tems en avoient aussi deux, Titus Tatius, Metius Suffetius : Romulus & Remus qui semblent n’en avoir eu qu’un, en avoient deux en effet, Romulus & Remus étoient des prénoms, & leur nom propre étoit Sylvius.
La multiplicité des noms, dit Varron, fut établie pour distinguer les familles qui tiroient leur origine d’une même souche, & pour ne point confondre les personnes d’une même famille. Les Cornelius, par exemple, étoient une race illustre d’où plusieurs familles étoient sorties, comme autant de branches d’une même tige, savoir les Scipions, les Lentulus, les Cethegus, les Dolabella, les Cinna, les Sylla. La ressemblance des noms dans les freres, comme dans les deux Scipions, qui eût empêché de les distinguer l’un de l’autre, fit admettre un troisieme nom : l’un s’appella Publius Cornelius Scipio, l’autre, Lucius Cornelius Scipio ; ainsi le nom de Scipio les distinguoit des autres familles qui portoient le nom de Cornelius, & les noms de Publius & de Lucius mettoient la différence entre les deux freres.
Mais quoiqu’on se contentât du nom de sa famille particuliere, sans y joindre celui de sa race, ou parce qu’on étoit le premier qui fît souche ou parce qu’on n’étoit point d’une origine qui fît honneur, les Romains ne laisserent pas dans la suite de porter trois noms, & quelquefois quatre. 1°. Le nom de famille s’appelloit proprement le nom, nomen. 2°. Le nom qui distinguoit les personnes d’une même famille, prænomen, le prénom. 3°. Le troisieme, qui étoit pour quelques-uns un titre honorable, ou un terme significatif des vices ou des perfections propres de ceux qui le portoient, étoit le cognomen, le surnom. 4°. Le quatrieme, quand il y en avoit, s’appelloit agnomen, autre espece de surnom.
Le prænomen tenoit le premier lieu ; le nomen, le second ; le cognomen, le troisieme ; l’agnomen, le quatrieme.
Les prénoms qui distinguoient les personnes d’une même famille, tiroient leur signification de quelques circonstances particulieres. Varron fait un long catalogue des prénoms qui étoient en usage parmi les Romains, & il en rapporte l’étymologie ; je me contenterai d’en citer quelques-uns qui feront juger des autres. Lucius, c’est-à-dire, qui tiroit son origine des Lucumons d’Etrurie ; Quintus, qui étoit né le cinquieme de plusieurs enfans ; Sextus, le sixieme ; Decimus, le dixieme ; Martius, qui étoit venu au monde dans le mois de Mars ; Manius, qui étoit né le matin ; Posthumius, après la mort de son pere, &c.
Le cognomen, surnom, étoit fondé 1°. sur les qualités de l’ame, dans lesquelles étoient renfermées les vertus, les mœurs, les Sciences, les belles actions. Ainsi Sophus marquoit la sagesse ; Pius, la piété ; Frugi, les bonnes mœurs ; Népos, Gurges, les mauvaises ; Publicola, l’amour du peuple ; Lépidus, Atticus, les agrémens de la parole ; Coriolanus, la prise de Coriole, &c. 2°. Sur les différentes parties du corps dont les imperfections étoient désignées par les surnoms. Crassus signifioit l’embonpoint ; Macer, la maigreur ; Cicero, Piso, le signe en forme de pois chiches qu’on portoit sur le visage.
L’usage des surnoms ne fut pas ordinaire dans les premiers tems de Rome, aucun des rois n’en eut de son vivant. Le surnom de Superbus que porta le dernier Tarquin, ne lui fut donné que par le peuple mécontent de son gouvernement.
Le surnom de Coriolan fut donné à Caius Martius comme une marque de reconnoissance du service qu’il avoit rendu a l’état, marque d’autant plus distinguée que ce fut le premier qui en fut honoré ; & on ne trouve point qu’on l’ait accordé depuis à d’autre qu’à Scipion, surnommé l’Africain, à cause des conquêtes qu’il avoit faites en Afrique : ce fut a son imitation que l’usage en devint commun par la suite, & que cette distinction fut fort ambitionnée. Rien en effet ne pouvoit être plus glorieux pour un homme qui avoit commandé les armées, que d’être surnommé du nom de la province qu’il avoit conquise ; mais on ne le pouvoit pas prendre de son chef, il falloit l’aveu du senat ou du peuple : les empereurs même ne furent pas moins sensibles à cet honneur que le sénat leur a souvent prodigué par flatterie, sans qu’ils l’eussent mérité.
Les freres étoient ordinairement distingués par le prénom, comme Publius Scipion & Lucius Scipion, dont le premier fut appelé l’Africain & le second l’Asiatique. Le fils de l’Africain ayant une santé fort délicate, & étant sans enfans, adopta son cousin germain, le fils de L. Emillus Paulus, celui qui vainquit Persée, roi de Macédoine. Celui-ci fut appellé dans la suite P. Cornel. Scipio Africanus, Æmilianus & Africanus minor, par la plûpart des historiens. Cependant ce nom ne lui fut point donné de son vivant, mais après sa mort, pour le distinguer de l’ancien Scipion l’Africain. Nous en avons encore un autre exemple dans Q. Fabius Maximus qui est désigné par trois surnoms : étant enfant, on l’appella ovicula, c’est-à dire, petite brebis à cause de sa douceur. On l’appella ensuite verrucosus, par rapport à une verrue qui lui étoit survenue sur la levre. Puis on l’appella cunctator, c’est-à dire, temporiseur, à cause de sa conduite prudente à l’égard d’Annibal.
Pendant quelque tems, les femmes porterent aussi un nom propre particulier, qui se mettoit par des lettres renversées ; par exemple, C & M renversées, signifioient Caia & Marcia : c’étoit une maniere de désigner le genre féminin, mais cette coutume se perdit dans la suite. Si les filles étoient uniques, on se contentoit de leur donner simplement le nom de leur maison ; quelquefois on l’adoucissoit par un diminutif, au lieu de Tullia, on disoit Tulliola. Si elles étoient deux, on les distinguoit par les noms d’aînée & de cadette ; si elles étoient en plus grand nombre, on disoit la premiere, la seconde, la troisieme : par exemple, l’amée des sœurs de Brutus s’appelloit Junia major ; la seconde, Junia minor ; & la tromeme, Junia tertia. On faisoit aussi de ces noms un diminutif, par exemple, secundilla, deuxieme. quartilla, quatrieme.
On donnoit le nom aux enfans le jour de leur purification qui étoit le huitieme après leur naissance, pour les filles ; & le neuvieme, pour les garçons. On donnoit le prénom aux garçons, lorsqu’ils prenoient la robe virile ; & aux filles, quand elles se marioient.
A l’égard des esclaves, ils n’eurent d’abord d’autre nom que le prénom de leur maître un peu changé, comme lucipores, marcipores pour Lucii, Marci pueri, c’est-à dire, esclaves de Lucius ou de Marcus ; car puer se disoit pour servus, sans avoir égard à l’âge. Dans la suite, on leur donna des noms grecs ou latins suivant la volonté de leur maître, ou bien on leur donna un nom tiré de leur nation & de leur pays, ou finalement un nom tiré de quelque évenement. Dans les comédies de Terence, on les nomme syrus, geta, &c. & dans Ciceron, tiro, laurea, dardanus. Lorsqu’on les affranchissoit, ils prenoient le nom propre de leur maître, mais non pas son surnom, & ils y ajoutoient pour surnom celui qu’ils portoient avant leur liberté. Ainsi lorsque Tiro, esclave de Ciceron, fut affranchi, il s’appella Marcus Tullius Tiro. (D. J.)
Nom, nomen, (Critiq. sacrée.) Ce mot, pris absolument, signifie quelquefois le nom ineffable de Dieu : cumque blasphemasset nomen, « ayant blasphémé le nom saint » ; Lév. xxiv. 11. Il marque aussi la puissance, la majesté : vocabo in nomine Domini, « je ferai éclater devant vous mon nom » ; Exod. xxxiij. 19. est nomen meum in eo, « ma majesté & mon autorité résident en lui » ; Exod. xxiij. 21. Il se prend pour une dignité éminente : donavit illi nomen quod est super omne nomen ; Phil. ij. 9. oleum effusum nomen tuum ; Cant. j. 2. « votre réputation est comme un parfum ». Prendre le nom de Dieu en vain, c’est jurer faussement : imposer le nom, est une marque d’autorité. Novite ex nomine ; Exod. xxxiij. 12. connoître quelqu’un par son nom, signifie une distinction, une amitié, une familiarité particuliere. Susciter le nom d’un mort, se dit du frere d’un homme decédé sans enfans, lorsque le frere du mort épouse la veuve, & en a des enfans qui font revivre son nom en Israël ; Deut. xxv. 5.
Dans un sens contraire, effacer le nom de quelqu’un, c’est en exterminer la mémoire, détruire ses enfans, & tout ce qui pourroit faire vivre son nom sur la terre : nomen eorum delevisti in æternum ; Ps. iij. 6. fornicata est in nomine meo, « le Seigneur se plaint que Juda a souillé son sacré nom ; » Ezech. xvj. 15. Habes pauca nomina in Sardis, qui non inquinaverunt vestimenta sua : il se prend dans ce dernier passage pour des personnes ; Apocal. iij. 4. (D. J.)
Nom de baptême, (Hist. des usages.) sorte de prénom que les chrétiens mettent devant le nom de famille, & que le parrain & la marraine donnent à un enfant quand on le baptise. On tire ordinairement ces sortes de noms de l’Ecriture ; mais tout le monde ne s’en tient pas là. C’est déja trop, dit la Bruyere, d’avoir avec le peuple une même religion & un même Dieu ; quel moyen encore de s’appeller Pierre, Jean, Jacques, comme le marchand ou le laboureur ? Evitons d’avoir rien de commun avec la multitude ; affectons au contraire toutes les distinctions qui nous en séparent : qu’elle s’approprie les douze apôtres, leurs disciples, les premiers martyrs (tels gens, tels patrons) : qu’elle voie avec plaisir revenir toutes les années ce jour particulier que chacun célebre comme sa fête ; pour nous autres grands, ayons recours aux noms profanes ; faisons-nous baptiser sous ceux d’Annibal, de César ou de Pompée, c’étoit de grands hommes ; sous celui de Lucrece, c’étoit une illustre romaine ; sous ceux de Renaud, de Roger, d’Olivier, de Tancrede, c’étoient des Paladins, & le roman n’a point de héros plus merveilleux ; sous ceux d’Hector, d’Achille, d’Hercule, tous demi-dieux ; sous ceux même de Phœbus & de Diane : & qui nous empêchera de nous faire nommer Jupiter, Mercure, Vénus ou Adonis ! (D. J.)
, (Commerce.) se dit dans une société générale & collective, du nom que les associés doivent signer suivant la raison de la société ; ensorte que suppose que la raison de la société fût sous les noms de Jacques, Philippe & Nicolas pour le commerce qu’ils veulent faire ensemble, toutes les lettres missives, lettres de change, billets payables à ordre ou au porteur, quittances, factures, procurations, comptes & autres actes concernant cette société, doivent être signés par l’un ou l’autre des associés, & sous les noms de Jacques, Philippe & Nicolas en compagnie, qui est le nom social.
Étymologie de « nom »
Wallon, no ; provenç. nom ; anc. esp. nome ; esp. mod. nombre ; ital. nome ; du lat. nomen ; sanscr. nāman ; les étymologistes rapportent ce mot à jna, connaître, à cause du g initial qui se trouve dans co-gnomen.
- (IXe siècle) Du moyen français nom (« nom »), de l’ancien français nom, non, num (« nom »), latin nōmen (« nom, dénomination »), archaïquement *gnomen[1][2], de (g)nosco (« connaître ») avec le suffixe -men ; de l’indo-européen *h₁nḗh₃mn̥[3], apparenté au grec ancien ὄνομα, ónoma (« nom »), au sanskrit नामन्, nā́man, à l’allemand Name, au vieux slave имѧ, imę.
Phonétique du mot « nom »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
nom | nɔ̃ |
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Amour, amour ! Ton véritable nom est jalousie. De Eugène Achard / Le Tombeau du mont Saint-Grégoire ,
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La Providence est le nom chrétien, le nom de baptême du hasard. De Alphonse Karr ,
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Fragilité, ton nom est femme ! De William Shakespeare / Hamlet ,
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Qu'y a-t-il en un nom ? Ce que nous nommons rose, sous un autre nom, sentirait aussi bon. William Shakespeare, Roméo et Juliette, II, 2, Juliette Romeo and Juliet, II, 2, Juliet
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A quoi reconnaît-on un personnage réussi ? Quand son nom propre devient un nom commun… De Frédéric Beigbeder / Dernier inventaire avant liquidation ,
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Le nom grandit quand l'homme tombe. Victor Hugo, Les Châtiments, l'Expiation, V, 13
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Les grands noms sont toujours de grandes raisons aux petits génies. Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz, Mémoires
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J'habiterai mon nom fut ta réponse aux questionnaires du port. Marie-René Alexis Saint-Leger Leger, dit, en diplomatie, Alexis Leger, et, en littérature Saint-John Perse, Exil, Gallimard
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Un prince sage donne aux choses les noms qui leur conviennent, et chaque chose doit être traitée d'après la signification du nom qu'il lui donne. Confucius en chinois Kongzi ou Kongfuzi [maître Kong], Entretiens, VII, 13 (traduction S. Couvreur)
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Ci-gît un homme dont le nom fut écrit sur l'onde. John Keats, Épitaphe, par lui-même
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Dès l'aube ce qui naît cherche son nom. Octavio Paz, Libertad bajo palabra, I, Condición de nube
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Le nom de Dieu a trop servi. De René Barjavel / La faim du tigre ,
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Au nom de qui, au nom de quoi Verser le sang d'un innocent. Au nom de qui, au nom de quoi Vouloir du mal à un enfant. De Jean-Louis Aubert / Attentat ,
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Le nom du plus grand des inventeurs : accident. De Mark Twain ,
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Un nom doit-il toujours signifier quelque chose ? De Lewis Carroll ,
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Les lettres anonymes sont d’une lâcheté sans nom. De Georges Auriol ,
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Le commissariat de Remiremont ne communiquera plus les noms des pharmacies de garde à partir du lundi 3 août, 19 h. Il faudra composer le 3237 pour obtenir cette information en suivant les instructions du message vocal. La pharmacie de garde la plus proche de votre domicile est alors divulguée. , Santé | Le nom de la pharmacie de garde sera communiqué au 3237 à partir du 3 août dans le secteur de Remiremont
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Traductions du mot « nom »
Langue | Traduction |
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Anglais | name |
Espagnol | apellido |
Italien | nome |
Allemand | nachname |
Chinois | 姓 |
Arabe | الكنية |
Portugais | último nome |
Russe | фамилия |
Japonais | 苗字 |
Basque | abizena |
Corse | casata |
Synonymes de « nom »
- personne
- prénom
- patronyme
- surnom
- sobriquet
- signature
- célébrité
- objet
- qualification
- dénomination
- appellation
- désignation
- titre
- fait
- réputation
- renom
- renommée
- gloire
- noblesse
- catégorie grammaticale
- cryptonyme
- en invoquant
- indication
- marque
- nom de famille
- petit nom
- pseudonyme
- signe
- substantif
- nom
- nom commun
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Nombre de points du mot nom au scrabble : 5 points