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Milieu

Variantes Singulier Pluriel
Masculin milieu milieux

Définitions de « milieu »

Trésor de la Langue Française informatisé

MILIEU, subst. masc.

A. −
1. [Dans l'espace]
a) Partie (point, ligne, plan, etc.) (d'une chose) qui est à égale distance des extrémités, des bords (de cette chose). Synon. région. vieilli mitan.Un corridor donnait accès dans une vaste cour dallée de marbre dont le milieu était occupé par un bassin de forme ovale (Louys, Aphrodite,1896, p.70).Le grand poêle à trois ponts occupait le milieu de la maison (Hémon,M.Chapdelaine,1916, p.31).Otto, derrière lui, le poussa vers le milieu de la pièce (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.181).
Dans le, en son milieu. Chacune de ces lames est partagée en deux dans son milieu par une scissure (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.126).
Par le milieu. [Un pont gigantesque] que l'on aurait coupé par le milieu, pour fermer le passage à une armée de Titans (Gautier,Tra los montes,1843, p.32).Il y avait bien trop de bruit aussi pour qu'on ait rien entendu jusqu'au moment où tous les arbres ont été cassés par le milieu dans les vergers (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.266).
α) Spécialement
THÉÂTRE. Partie centrale (de la scène):
1. Rodrigue (...) entre par la porte de droite, traverse la scène (...); il revient vers le milieu après avoir jeté un coup d'œil, et disparaît... Claudel,Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 3, p.1028.
[Dans une indication scénique] Le Sous-Préfet, entraînant sa femme à part (milieu scène) et à mi-voix, très posément (Feydeau,Dame Maxim's,1914, 2, 11, p.35).
MUS. Selon que le violoniste, pour ébranler la corde, met en oeuvre telle ou telle partie de l'archet, soit la pointe, soit le talon, soit le milieu, il se produira des différences sensibles dans la nature de la sonorité (Gevaert,Instrument.,1885, p.24).L'archet [du violon] se divise en 3 parties principales, qui sont le talon, le milieu, la pointe (Capet,Techn. sup. archet,1916, p.12).
[En parlant d'une oeuvre musicale] :
2. Le Milieu [d'un morceau de musique de la forme de l'Andante] peut être construit, soit sur une deuxième idée indépendante de la première, soit sur un motif qui pourra servir de Contre-Sujet à la Réexposition. Dupré,Improvis. orgue,1925, p.116.
β) P. méton.
CHORÉGR. Ensemble des exercices exécutés au milieu de la salle de classe, sans l'appui de la barre. Une leçon de danse comporte: 1oles exercices à la «Barre» (...) 2ole «Milieu» divisé en quatre parties (Meunier,Danse class.,1931, p.125).
Milieu de table. Pièce de vaisselle décorative, généralement en argenterie ou en porcelaine, que l'on place au milieu d'une table. (Dict. xixeet xxes.). Synon. surtout.
γ) P. anal.
Du milieu. [Pour situer une pers. ou une chose placée au centre, entre plusieurs autres] Les deux incisives du milieu sont remplacées la seconde année de la vie (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.137).Ernest comprend qu'il est devant le Komit-Intern pour son propre compte. Les trois commissaires du milieu se tournent vers lui (Jouve,Scène capit.,1935, p.72).
L'Empire du Milieu (vieilli). L'Empire de Chine, la Chine. (Ac. 1878-1935). C'est l'Empire du milieu, Oui, corbleu, Autrement nommé la Chine (Pommier,Colifichets,1860, p.28).
De milieu. [En parlant d'un meuble] Qui est (destiné à être) éloigné des murs d'une pièce. Tables en lave (...). Tables de milieu, en lave sur monture métallique, pour série d'élèves (Catal. instruments lab. [Prolabo], 1932, p.16).
Lit de milieu. Lit éloigné des murs latéraux d'une chambre. Mais quelle félicité que ce semblant plus que modeste, de l'ancienne modeste, mais commode chambre naguère hélas! conjugale, avec son lit «de milieu» (Verlaine, Œuvres compl., t.4, Prisons, 1893, p.399).
b) Emploi adj., rare. Situé au milieu. Rochefort (...) entre les terres refusées des Rohan et des Mortemart, fondée par Colbert, est le point milieu entre l'Angoumois, le Poitou, la Saintonge, le Périgord, le Limousin (Michelet,Journal,1831, p.98).La perpendiculaire milieu [d'un navire] est à égale distance des [perpendiculaires avant et arrière] (Croneau, Constr. nav. guerre, t.1, 1892, p.12).V. livet ex. de Galopin.
c) Locutions
α) Loc. adv. Au milieu. Au centre; p. ext., à l'intérieur, à un endroit relativement éloigné des bords, de la périphérie. Il la conduisit dans un enclos entouré d'une haie de citronniers sauvages; au milieu étoit une chétive demeure, où tout respiroit la tristesse et la misère (Cottin,Mathilde, t.2, 1805, p.226).Sur la table ronde, il y avait une nappe blanche, les assiettes en forme de feuilles vertes chargées de gâteaux, de petits fours, de biscuits, de bonbons... Au milieu trônait la tarte faite par Henriette (Triolet,Prem. accroc,1945, p.131).
β) Loc. prép. Au milieu de. Au centre de, dans la partie centrale de. Ils s'arrêtèrent au milieu du carrefour et firent groupe, comme des gens qui se consultent (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.538).V'là un filon pour Blaire, dit Carassus, qui a au milieu de la figure un drôle de grand nez qui ne lui va pas (Barbusse,Feu,1916, p.93).Le matin du 16 avril, le docteur Bernard Rieux sortit de son cabinet et buta sur un rat mort, au milieu du palier (Camus,Peste,1947, p.1221).
P. ext. À l'intérieur de, à un endroit relativement éloigné des bords, de la périphérie de. Synon. au coeur de, dans.Clara est représentée au milieu d'un intérieur singulièrement bourgeois (Staël,Allemagne, t.3, 1810, p.44).
Synon. (avec une nuance fam.) en plein(e).Je me retrouvai seul au milieu de Paris, à une heure inaccoutumée (Fromentin,Dominique,1863, p.154).Il ne s'arrêta pas, sourit aux enfants, et la laissa plantée au milieu de la route. Elle n'avait point de religion, mais elle s'était imaginé brusquement que ce prêtre allait lui donner quelque chose (Zola,Germinal,1885, p.1210).
[Avec un compl. au plur.] Dans un vaste enclos étaient parqués, au milieu des citronniers et des tamaris, les taureaux que l'on conduirait ce soir à la gare des Merinales (Montherl.,Bestiaires,1926, p.485).
Synon. parmi.Je me lève toujours avec un sentiment d'inquiétude et n'ayant pas de plan de travail arrêté d'avance. Je demeure incertain au milieu de mes livres et de mes papiers (Maine de Biran,Journal,1816, p.212).
[Avec une nuance fam. et une valeur intensive] Au beau milieu de (v. beau III A 1), en plein milieu de. De peu s'en fallut qu'il ne trouvât interminables les trente tours de roue qu'il y avait, de son logis à celui du coiffeur, juste au beau milieu des Champs-Elysées (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.208).Son ménage, tu as vu ça? La boîte à ordures en plein milieu de la cuisine (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.16).
Tout au milieu de, tout au beau milieu de. Il y avait dans la côte un pauvre diable vagabondant avec son bâton, tout au milieu des diligences (Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.116).Le monde, tel qu'ils le conçoivent, est jeune, simple et naïf comme eux. Jacqueline y voit Miraut et Miraut y voit Jacqueline tout au beau milieu (A. France,P. Nozière,1899, p.64).
2. P. anal. [Dans le temps]
a) Partie, moment également éloigné des deux termes d'une période déterminée. Du 15 novembre au milieu de mars, bon ouvrier comme il l'était, il trouvait bien cinquante journées à faire dans les bois (R. Bazin,Blé,1907, p.69).Mais quel homme, une fois atteint le tournant du milieu de la vie, trouve encore quelque intérêt à ses propres passions? (Mauriac,Journal 2,1937, p.164).
Vers le milieu de. Vers le milieu du siècle. Ta grand'mère (...) voudrait savoir le jour exact de ton retour. Je lui répète que ce sera vers le milieu ou la fin de la semaine (Flaub.,Corresp.,1871, p.276).
[Dans une indication de date donnée en début de lettre] À Mademoiselle Amélie Bosquet. Croisset mardi soir milieu de juin 1862 (Flaub.,Corresp.,1862, p.27).
b) Loc. prép.
Au milieu de. Au milieu de la nuit. Flaubert arrive de Rouen au milieu du dîner (Goncourt,Journal,1860, p.778).Je compte être de retour à Paris au milieu de février, peut-être avant? (Flaub.,Corresp.,1862, p.3).Encore une chose qu'Anne ne tolérait pas: que l'on fumât au milieu du repas (Sagan,Bonjour tristesse,1954, p.178).
3. Me voici maintenant au milieu de mon âge, Je me tiens à cheval sur ma belle maison; Des deux côtés je vois le même paysage, Mais il n'est pas vêtu de la même saison. Cocteau,Poèmes,1916-23, p.169.
P. métaph. du compl. Je suis au milieu du chemin de la vie, à supposer ce chemin égal pour tous et menant à la vieillesse (A. France,Livre ami,1885, p. 3).
[En parlant d'un texte, d'un discours] Partie, endroit d'un développement qui est à peu près également éloigné du commencement et de la fin. M. Thibault semblait, à partir de ce moment-là, avoir pris l'habitude d'intercaler, au milieu des textes, le fruit de ses propres méditations (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1335).
[En parlant d'une oeuvre musicale] Dans la pleine maturité, l'homme installe au milieu de l'oeuvre sa «Themalösung», «ein Lied im Lied» (Rolland,Beethoven, t.1, 1937, p.288).
P. anal. [En parlant d'un ensemble de pensées] Je m'endormis au milieu de ces pensées, je fus réveillé par une lettre de Marguerite (Dumas fils, Dame Camélias,1848, p.130).
[Avec une nuance fam. et une valeur intensive] Au beau milieu de (v. beau III A 2), en plein milieu de. Jamais la chaleur, même en plein milieu du jour, n'avait été si pénible que ce matin-là (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.249).
3. P. anal., loc. prép. Au milieu de
a) [Le compl. désigne des pers.] Au sein (d'un groupe), en compagnie, en société de. La douleur que me causait ma plaie me fit évanouir au pied d'un arbre, et là, en reprenant connaissance, je me suis trouvé au milieu d'une famille allemande (Sénac de Meilhan,Émigré,1797, p.1571):
4. ... si vous voulez vivre estimé au milieu d'Anglais bien élevés, vous devez vous efforcer de comprendre le point de vue. Ils n'ont pas de tendresse pour les tristes et méprisent les sentimentaux. Maurois,Silences Bramble,1918, p.79.
b) Au fig. [En parlant des circonstances extérieures: bruits, événements qui entourent, accompagnent qqn ou qqc.; avec une valeur temporelle antant que spatiale] Synon. entouré de, accompagné de.Au milieu de l'approbation générale. Une grêle fanfare résonna, les deux battants rouges se renversèrent avec fracas, et le taureau se précipita dans l'arène au milieu d'un hourra immense (Gautier,Tra los montes,1843, p.79).Un acteur qui rentre une dernière fois sur la scène avant que le rideau tombe tout à fait au milieu des éclats de rire (Blanche,Modèles,1928, p.134).
Dans, au plus fort de. Synon. au coeur de.Il avait sauté l'un des premiers dans l'eau, au milieu des coups de fusil et des coups de gaffe, pour hacher une grosse corde qui retenait la flotte (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.126).Vous ne comprenez pas qu'au milieu de tous ces embêtements, je sois un peu morose? (Goncourt,Journal,1894, p.518).
[Avec une certaine valeur adversative] Je voudrais donc peindre dans un roman (...) un mari et une femme privés de tout au milieu de l'abondance publique (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.334).
Loc. fam. Au milieu de tout cela (Ac.). Parmi tout cela, avec tout cela, malgré tout cela.
[Le compl. indique l'état physique ou moral de qqn] Au milieu de la mélancolie qui s'emparait de plus en plus de l'âme de Fabrice, une idée bizarre et même ridicule s'était présentée (Stendhal,Chartreuse,1839, p.145).Hier soir à 11 h 30, travaillant au milieu de souffrances atroces à mettre sur pieds la suite de mon étude sur Numquid et tu? (Du Bos,Journal,1927, p.212).
B. − Au fig. Position, situation intermédiaire entre deux états, deux notions, deux solutions qui s'opposent. Il disait qu'il y avait un milieu entre ne pas faire du bruit et le néant de la trappe (Balzac,Lys,1836, p.195).Je voyais avec simplicité le milieu entre l'indifférence et l'intérêt excessif (Dupanloup,Journal,1864, p.257).
[À la forme négative] A-t-il oublié qu'il n'y a pas pour moi de milieu entre le malheur et la honte? (Dumas père, Angèle,1834, v, 6, p.202).Je compris qu'il n'y avait pas de milieu entre l'inexistence et cette abondance pâmée. Si l'on existait, il fallait exister jusque-là, jusqu'à la moisissure, à la boursouflure, à l'obscénité (Sartre,Nausée,1938, p.163).
Loc. Il n'y a pas de milieu (Rey-Chantr. Expr. 1979). Il n'y a pas de moyen terme, il faut choisir (entre deux choses). Il n'y a point de milieu (Ac.), p.ell. point de milieu (Ac. 1835-1935). Point de milieu, il faut se rendre ou combattre (Ac.1835-1935).Il faut choisir ce qui convient et revenir soit à Stendhal soit à Descartes, car il n'y a guère de milieu possible (Valéry,Corresp. [avec Gide], 1899, p.343).
Tenir le milieu (entre... et...). Constituer un moyen terme entre (deux choses). À cheval par les chemins, ils [les gentilshommes secondaires] tiennent le milieu entre le curé portant les sacrements et le contrôleur des contributions en tournée (Balzac,Femme aband.,1832, p.259).D'avance il s'était figuré une ville orientale, féerique, mythologique, quelque chose tenant le milieu entre Constantinople et Zanzibar... (A. Daudet,Tartarin de T.,1872, p.64).
LOG. Principe du milieu exclu (Piguet 1960). Principe selon lequel, de deux propositions contradictoires, il est nécessaire que l'une soit vraie et l'autre fausse, et il n'existe pas de troisième hypothèse possible. Synon. principe du tiers exclu*.
Le juste-milieu*. P. plaisant. Un petit homme sec et maigre, des cheveux roux et rares, de l'importance dans toute sa personne, (...) un juste et agréable milieu entre le commissaire royal et l'ouvreuse de loges (Janin,Âne mort,1829, p.24).
C. − Ce qui entoure un être ou une chose, ce dans quoi un corps ou un être vivant est placé. Synon. environnement.Action, influence du milieu. Il existe un milieu homogène, silencieux, incolore, abstrait comme l'espace, où est possible depuis le commencement des temps le calme échange des entretiens philosophiques (Nizan,Chiens garde,1932, p.46).
5. On admet donc que les antécédents psychiques d'un acte libre sont susceptibles de se reproduire à nouveau, que la liberté se déploie dans une durée dont les moments se ressemblent, et que le temps est un milieu homogène, comme l'espace. Bergson,Essai donn. imm.,1889, p.170.
P. métaph. Ce n'était pas [la mort de Lola] un événement, c'était un milieu, une substance pâteuse à travers laquelle Mathieu voyait la tasse de thé et la table de marbre (Sartre,Âge de raison,1945, p.207).
1. SC., PHYS., MÉCAN. Élément physique dans lequel un corps est placé, au sein duquel se produit un phénomène. Milieu conducteur, élastique, gazeux, réfringent, résistant; mécanique des milieux continus. Dans un milieu isotrope, il n'y a évidemment qu'un indice de réfraction à envisager, mais dans un milieu anisotrope, il y en a plusieurs (Metta,Pierres préc.,1960, p.28):
6. L'échec des premiers dispositifs expérimentaux réalisés pour tenter d'obtenir la fusion contrôlée a montré l'insuffisance de nos connaissances des milieux ionisés et a conduit les chercheurs à se pencher sur la physique des plasmas. Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2, 1964, p.314.
Milieu ambiant. V. ce mot A ex. 2 et 5 et rem. finale.
ÉLECTR. Permittivité, réluctance du milieu; milieux de perméabilité. Un dipôle qui polarise lui-même le milieu environnant, considéré comme un milieu diélectrique continu (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2,1964, p.294).On utilise comme milieu conducteur un liquide, de l'eau ordinaire en général (Frühling,Cours d'électr., t.1,1966, p.78).
ASTROPHYS. Milieu cosmique. La physique du milieu interplanétaire commence à être moins mal connue depuis qu'on en a entrepris l'étude directe au moyen de sondes spatiales (Schatzman,Astrophys.,1963, p.142):
7. Ce qu'on nomme aujourd'hui «astrophysique théorique» n'a guère une signification plus limitée: il s'agit de décrire en termes de quantités physiques (températures, pressions, mouvements, champs magnétiques...) les régions des étoiles, des planètes, du milieu interstellaire... Hist. gén. sc.,t.3, vol. 21964, p.568.
2. BIOL., CHIM., GÉOGR., GÉOL., GÉOPHYS. Ensemble des éléments matériels et des circonstances physiques qui entourent et influencent ou conditionnent les cellules, les organismes vivants; en part. CHIM., domaine où s'effectue une réaction. Conditions de milieu. Ainsi se réalisent deux types de groupements des facteurs qui déterminent la flore d'un lieu: ce sont les milieux et les climats (Plantefol,Bot. et biol. végét., t.2,1931, p.507).La réaction du milieu a une influence considérable sur les phénomènes diastasiques du brassage (Boullanger,Malt. brass.,1934, p.20).
Milieu + adj.Dans les milieux marins où il s'est produit de grandes accumulations de sédiments, il s'est formé peu à peu un approfondissement des bassins qui les renfermaient (J.Cahen, Bruet,Carrières,1926, p.242).Un support solide baignant dans un milieu liquide (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2,1964, p.620):
8. Le plasma ou le sérum sanguins, comme le jus embryonnaire, sont des milieux d'une complexité infinie dont la constitution est variable. Aussi a-t-on cherché à leur substituer des milieux synthétiques... J. Verne,Vie cellul.,1937, p.28.
Milieu géographique. Espace naturel ou aménagé qui entoure un groupe humain et dont les contraintes climatiques, biologiques, politiques, etc. retentissent sur le comportement et l'état de ce groupe (d'apr. George 1970).
Milieu intérieur. Ensemble complexe des liquides organiques dans lesquels baignent les organes et les tissus d'un être vivant pluricellulaire. Le milieu intérieur, au sein duquel ils [les éléments histologiques] accomplissent leur vie et leur évolution (Cl. Bernard, Principes méd. exp., 1878, p.275).
SYNT. Milieu acide, alcalin, anaérobie, aquatique, basique, biologique, composite, crayeux, cristallin, expérimental, humide, naturel, neutre, nutritif, organique, oxydant, salin.
Milieu de culture. Produit nutritif permettant le développement de colonies bactériennes à partir d'un petit nombre de germes, ou l'isolement de ces germes. La variété des milieux de culture dont nous nous sommes servis: urine, eau de levure de bière, bouillon de viande, etc. (Pasteurds Travaux,1878, p.184).L'addition de l'hormone au plasma utilisé comme milieu de culture est effectué au moment de la mise en culture (J.Verne,Vie cellul.,1937, p.159).
ANATOMIE
Milieu de l'œil, milieux oculaires. Substances transparentes qui constituent le noyau de l'œil (d'apr. Méd. Biol. t.2 1971).
PEINT. Milieu de suspension. Ensemble des éléments constitutifs de la phase liquide de la peinture (d'apr. Peint. 1978).
3. [En parlant de pers. avec une valeur soc. dominante]
a) Ensemble de conditions (matérielles, morales, psychologiques, sociales) constituant l'environnement d'une personne, et déterminant son développement et son comportement. Milieu humain; milieu social; en milieu rural, urbain; adaptation, assimilation au milieu. J'ai voulu peindre la déchéance fatale d'une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs (Zola,Assommoir,1877, p.373).Voyez le mouvement qui s'est produit dans l'université, c'est-à-dire dans un milieu où le développement de la culture mentale favorise le plus la liberté des jugements (Clemenceau,Vers réparation,1899, p.102).
Milieu de + subst.Je ne sais pas si vivant (...) en Allemagne, par exemple, au XVIesiècle, je n'aurais pas été dans un milieu plus propre à ma nature, un milieu de force et de matérialité, mangeant du sanglier, buvant, baisant (Goncourt,Journal,1865, p.194).Mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu'ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent (Zola,Assommoir,1877, p.374).
Absol. Il fût devenu, sans le milieu et les circonstances, un bon professeur de province, heureux de la paix de sa petite ville (Zola,Ventre Paris,1873, p.732).Quand l'appartenance au milieu prédomine sur la maîtrise du milieu, l'impersonnalité s'installe dans les attitudes psychiques (Mounier,Traité caract.,1946, p.79).
b) P. méton.
α) Groupe social constituant l'entourage d'une personne, et dont elle subit l'influence. Milieu familial, natal, scolaire; milieu culturel; milieu étouffant, ouvert. Un milieu fermé, bardé de préjugés (...) est une prison qui le plus souvent étouffe au germe la vie de l'esprit (Mounier,Traité caract.,1946p.112).La vaccination qui doit être à l'heure actuelle mise en oeuvre (...) chez tous les enfants et les jeunes gens exposés à vivre en milieu contaminé (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p.114).
Le milieu de qqn. C'est curieux de voir comme les enfants, tout en aimant le changement voudraient emporter leur milieu, leurs jouets d'habitude à travers le monde extérieur (Sand,Corresp., t.6, 1872, p.217).L'oisiveté ne te vaut rien du tout. Tu peux me croire, j'ai suffisamment l'expérience des jeunes hommes de ton milieu (Aymé, Travelingue,1941, p. 138).
β) En partic. Ensemble de personnes formant un groupe social ou professionnel déterminé. Un bon milieu; un milieu malsain. Fréquenter divers milieux. Le milieu ébéniste est très spécial, surtout au faubourg (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.286).Les centres de vacances collectives accordent beaucoup d'importance à la découverte des milieux (Éduc.1979).
[En parlant d'un groupe prof. autant que d'un entourage matériel] En milieu hospitalier. Après avoir transporté rapidement le malade en milieu chirurgical, le médecin a recours aux examens de laboratoire (Quillet Méd.1965, p.155).
Souvent au plur. Dans certains milieux politiques américains, on commence à éprouver des inquiétudes sérieuses sur les plans que pourraient nourrir les Japonais contre une île dont l'importance stratégique n'a pas besoin d'être soulignée (De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.591).Ces recherches intéressèrent les milieux scientifiques, et deux physiciens entreprirent un travail de thèse sur les phénomènes de Becquerel (Leprince-Ringuet,Atomes et hommes,1957, p.20).L'agglomération industrielle urbaine suscite des types de consommateurs à consommations diversifiées et progressives par comparaison à celles des milieux agricoles ruraux (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.152).
PRESSE, POL.
Milieux autorisés. Le gouvernement, un ministre, leurs porte-paroles, représentant la source officielle d'informations, de nouvelles données (d'apr. Voyenne 1967).
Milieux bien informés. Hauts fonctionnaires, personnalités touchant de près le gouvernement, représentant la source officieuse d'informations, de nouvelles données (d'apr. Voyenne 1967).
SYNT. Milieux financiers, industriels, médicaux, militaires, officiels, ouvriers, touristiques, universitaires; milieux artistiques, intellectuels, littéraires, musicaux; milieux aisés, anarchistes, aristocratiques, populaires; milieux catholiques, jansénistes; milieux socioprofessionnels; les milieux de la résistance.
Absol. Le milieu. Groupe social formé de personnes vivant de la prostitution et d'autres activités illicites. Synon. mitan (arg., v. ce mot B), pègre.L'argot du milieu:
9. [La famille B était] composée du père, de la mère et de deux gosses de huit et douze ans. Les grands, André et Maurice, étaient des hommes du milieu, un peu barbeaux, un peu voleurs. Le père était un brave et honnête ouvrier. Trignol,Pantruche,1946, p.23.
Prononc. et Orth.: [miljø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Loc. prép. 1. début xiies. el milliu des «au sein d'un groupe de personnes» (Psautier d'Oxford, 67, 27 ds T.-L.); 2. id. el milliu d'ans «au cours des ans» (ibid., p.239, Canticum Habaccuc, 3, ibid.); av. 1573 «à un moment d'une durée également éloigné du début et de la fin» (Jodelle, Œuvres, I, 258: au meillieu de mon age]; 3. ca 1140 «à mi-distance des extrémités, au centre de» (Geoffroy Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 2858: Devers le west une croiz ad, En miliu d'Engleterre estad); 1314 au milieu des costes (Henri de Mondeville, La Chirurgie, I, 416 ds C. Fahlin, Étude sur l'emploi des prépositions en, à, dans au sens local, p.103); 4. fig. 1558 (Mellin de Sainct-Gellais, Œuvres, III, 213, ds IGLF: au meilleu du bruit et du tumulte des armées); 5. 1585 au beau milieu de (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, II, 84, ibid.). II. 1. 1130 «espace occupant une position entre plusieurs autres» (Voyage de Charlemagne, 349 ds T.-L.); 2. 1174-80 «partie d'une chose qui est à égale distance de ses bords» (Chrétien de Troyes, Roman de Perceval, éd. W. Roach, 3193: Qui une blanche lance tint Empoignie par le mileu); 3. fin xiies. «centre d'un espace» (Floire et Blancheflor, éd. M. Pelan, 1800: El mileu court une fontainne); 4. 1552-60 «moment également éloigné des deux termes d'un espace de temps considéré» (Du Bellay, IVelivre de l'Eneide, éd. H.Chamard, p.294, 946: C'estoit au poinct que ja la nuit voylee Tient le milieu de sa course estoilee); 5. 1585 «endroit d'un développement qui est à peu près également éloigné du commencement et de la fin» (Noël du Fail, op. cit., p.79: Ce fut donc à luy desploier le commencement, milieu, et le bout de ses finesses). III. 1. 1613 «ce qui occupe une position intermédiaire entre deux états» (Régnier, Sat., X ds Littré); 1656, 23 oct. il n'y a point de milieu (Pascal, Les Provinciales, éd. L. Lafuma, p.439b); 1656, 4 déc. tenir le milieu entre (Id., ibid., p.450a); 2. 1662 log. «ce qui peut être intercalé entre deux notions ou deux propositions» (Logique de Port-Royal, IIIepartie, ch. 12 ds Lal. 1968); 3. 1666 «solution de compromis, accommodement» (Furetière, Le Roman Bourgeois, 534 ds Quem. DDL t.6); 4. 1764 «tout ce qui sert à établir une communication» (Ch. Bonnet, Contemplation de la Nature, V, 5 ds Littré). IV. 1. 1639, 9 janv. «élément physique dans lequel un corps est placé» (Descartes, Lettre au P. Mersenne, éd. F.Alquié, II, 117); 2. 1809 zool. «ensemble des actions qui s'exercent du dehors sur un être vivant» milieux environnans, milieux ambians (Lamarck, Philos. zool., t.1, p.XVII et p.367); 1831 biol. «ensemble des circonstances qui entourent et influencent un être vivant» (E. Geoffroy de Saint-Hilaire, Mémoire à l'Acad. des sciences: Le degré de l'influence du monde ambiant pour modifier les formes animales); cf. 1832 (Balzac, L. Lambert, p.117); 1866 milieu intérieur (Cl. Bernard, Leçons sur les propriétés des êtres vivants, 55, 56); 3. p. ext. 1842 «ensemble des conditions extérieures dans lesquelles vit et se développe un individu» (Balzac, Avant-Propos, éd. la Pléiade, I, p.8); 4. 1846 «entourage matériel et moral d'une personne» (Balzac, Cous. Bette, p.211); 5. 1921 arg. Le milieu «monde de la pègre» (d'apr. Esn.). Comp. de mi-* et de lieu*. Fréq. abs. littér.: 26136. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 36752, b) 46353; xxes.: a)42478, b) 29405. Bbg. Adler (A.). Children in the juste milieu. Rom. Forsch. 1967, t.79, pp.345-377. _ Dub. Pol. 1962, p.343. _ Mack. t.2 1939, p.228, 261. _ Nilsson-Ehle (H.). Ambiance, milieu et climat. St neophilol. 1957, t.29, pp.180-191. _ Sain. Sources t.3 1972 [1930], p.76, 541, 542. _ Schalk (F.). Semantische Randbemerkungen. Rom. Forsch. 1953, t.65, p.415. _ Spitzer (L.). Milieu and ambiance. Philosophy and phenomenological research. 1942, t.3, pp.1-42.

Wiktionnaire

Nom commun - français

milieu \mi.ljø\ masculin

  1. Endroit qui, dans un lieu ou un objet, est également distant de la périphérie ou des extrémités.
    • On a mis le monument au milieu de la place.
    • Couper un fruit par le milieu.
  2. (Géométrie) Point situé à égale distance des extrémités du segment.
  3. (Plus courant) Tout endroit qui est à une distance plus ou moins égale des extrémités, de la périphérie, sans que cela fût rigoureusement exact.
    • Au milieu du chemin, au milieu du bois.
    • La rivière passe au milieu de la ville.
    • Il prit son adversaire par le milieu du corps.
  4. Point qui est également éloigné des deux termes d’un espace de temps.
    • Vers le milieu de la nuit.
    • Sur le milieu du jour.
    • Être au milieu de l’été, de l’hiver.
    • (Poétique) Le soleil était au milieu de sa course, la nuit était au milieu de son cours.
  5. (Par analogie) Partie centrale des écrits ou des discours, par rapport à leur commencement et à leur fin.
    • Il fut interrompu, il demeura court au milieu de sa harangue.
    • Il se leva au milieu du sermon.
    • Ce passage se trouve vers le milieu du livre.
  6. (Figuré) Ce qui est également éloigné de tout ce qui est extrême, exagéré, de ce qui dépasse la mesure.
    • La sagesse se trouve dans un juste milieu.
    • La libéralité tient le milieu entre la prodigalité et l’avarice.
    • Il faut savoir en tout garder le milieu, le juste milieu, un juste milieu.
    • Trouver, saisir, prendre le milieu entre les extrêmes.
    • Esprit de juste milieu.
    • Opinion de juste milieu.
    • Il n’y a point de milieu.
  7. (Physique) Substance dans laquelle un corps est placé, ou qui est traversée par un corps ou une radiation.
    • Un gaz est un milieu produisant sur les projectiles une déviation d’autant plus grande qu’il est plus dense.
    • Un rayon lumineux est réfracté quand il passe d’un milieu dans un autre.
  8. (Écologie) Ensemble des conditions où vivent les animaux et les végétaux.
    • Les traités de phytogéographie étudient en général l’action du milieu sur la répartition des plantes. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 5)
    • Le terme «soudanien» désigne couramment un milieu climatique et végétal de l’Afrique intertropicale. Se rapportant plus habituellement au nord de l’Équateur, il comporte cependant un homologue dans l'hémisphère sud, dénommé «zambézien». — (Jean Boutrais, L'élevage soudanien: des parcours de savanes aux ranchs (Cameroun-Nigeria), IRD Editions, 1983, page 9)
  9. (Biologie) Élément propre à la vie d’un être.
    • Nous avons donc fait germer aseptiquement des spores de Funaires sur des milieux additionnés d’acide naphtyl-acétique à des concentrations de 10-9, 10-7, 10-5. Le même milieu, sans acide naphtyl-acétique, a été pris comme témoin. — (Colloques internationaux du Centre national de la recherche scientifique, N°28, Morphogenèse; CNRS, 1951, page 272)
    • L’actinobacille préfère donc de beaucoup les milieux légèrement alcalins et redoute les milieux acides. — (XIVe Congrès international de médecine, Madrid, avril 23-30, 1903: Section de physiologie, physique et chimie biologiques, Imprenta de J. Sastre y ca., 1904, page 279)
  10. (Figuré) Société où nous vivons.
    • Les troubles tout récents de Russie ont contribué à populariser l’idée de grève générale dans les milieux des professionnels de la politique. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre V, La grève générale politique, 1908, page 215)
    • Malgré certaine curiosité professionnelle et la flatteuse illusion que rien d’humain ne lui devait demeurer étranger, Julius était peu descendu jusqu’à présent hors des coutumes de sa classe et n’avait guère eu de rapports qu’avec des gens de son milieu. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
    • J’ai ouï-dire qu’en mars dernier il fut sérieusement question, dans les milieux maritimes, d’envoyer une brigade aux Dardanelles ; […]. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, page 90)
    • On ne fait plus d’enfants, chez nous, sauf dans les coins pouilleux, dans les milieux de misère, certains samedi de paye, après stations devant les comptoirs des bistrots. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 75)
    • La ploutocratie chilienne s’était appuyée sur deux forces : les milieux réactionnaires de la Marine et les intérêts impérialistes britanniques. — (Armando Uribe, Le livre noir de l’intervention américaine au Chili, traduction de Karine Berriot & Françoise Campo, Seuil, 1974)
    • Fin février, on se rendait compte dans tous les milieux français et indigènes qu'il fallait faire une fois de plus son deuil des espérances que l'on avait caressées. — (R.-A. Lortat-Jacob, Sauvons l'Indo-Chine ! Politique & Vérité, Paris : Éditions de La Griffe, sans date (fin 1926-début 1927), chapitre 4, page 30)
  11. (Journalisme, Littérature) (Spécialement) Pègre, l’ensemble des délinquants et des criminels.
    • Il s’agissait d’un authentique drame du « milieu » ou, plutôt, […], d’une histoire de « peaux rouges », de « truands ». — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MILIEU. n. m.
Endroit qui, dans un lieu ou un objet, est également distant de la périphérie ou des extrémités. On a mis le monument au milieu de la place. Couper un fruit par le milieu. Il se dit le plus souvent, dans une acception moins rigoureuse, de Tout endroit qui est à une distance plus ou moins égale des extrémités, de la périphérie. Au milieu du chemin, au milieu du bois. La rivière passe au milieu de la ville. Il prit son adversaire par le milieu du corps. L'Empire du milieu s'est dit de la Chine.

AU MILIEU DE, loc. prép. Au sein de, entre, parmi. Cette langue de terre s'avance au milieu de la mer, Elle entre bien avant dans la mer. Ce bras de mer s'avance au milieu des terres, Il entre bien avant dans les terres. L'aigle s'élève au milieu des airs, Il s'élève à une distance considérable de la terre. Fig., Au milieu des hommes, Dans le monde, dans la société de nos semblables. Nous sommes destinés à vivre au milieu des hommes. Fig., Il a été élevé au milieu des grandeurs. Il vit au milieu des plaisirs. Au milieu des affaires, il trouve des moments à donner à ses amis. Il a péri au milieu de ses succès, de ses victoires. Fam., Au milieu de tout cela, Parmi tout cela, avec tout cela, malgré tout cela. C'est un homme qui, au milieu de tout cela, ne laisse pas d'être à plaindre. Au milieu de tout cela, il demeure digne d'estime. On dit aussi par exagération : Au beau milieu. La foudre est tombée au beau milieu de l'église. Elle est tombée au beau milieu de la rue. Il s'est arrêté au beau milieu du chemin.

DU MILIEU DE, loc. prép. Du sein de, d'entre. Une voix s'éleva du milieu de la foule.

MILIEU se dit aussi du Point qui est également éloigné des deux termes d'un espace de temps. Vers le milieu de la nuit. Sur le milieu du jour. Être au milieu de l'été, de l'hiver. Poétiquement, Le soleil était au milieu de sa course, la nuit était au milieu de son cours. Par analogie, il se dit aussi en parlant des Écrits ou des Discours, par rapport à leur commencement et à leur fin. Il fut interrompu, il demeura court au milieu de sa harangue. Il se leva au milieu du sermon. Ce passage se trouve vers le milieu du livre. Fig., il se dit de Ce qui est également éloigné de tout ce qui est extrême, exagéré, qui dépasse la mesure. La sagesse se trouve dans un juste milieu. La libéralité tient le milieu entre la prodigalité et l'avarice. Il faut savoir en tout garder le milieu, le juste milieu, un juste milieu. Trouver, saisir, prendre le milieu entre les extrêmes. Esprit de juste milieu. Opinion de juste milieu. Il n'y a point de milieu, ou, seulement, Point de milieu, Il faut absolument prendre un des deux partis qui sont proposés, il n'y a point de terme moyen à chercher. Point de milieu, il faut se rendre ou combattre.

MILIEU, en termes de Physique, se dit d'une Substance dans laquelle un corps est placé, ou qui est traversée par un corps ou une radiation. Un gaz est un milieu produisant sur les projectiles une déviation d'autant plus grande qu'il est plus dense. Un rayon lumineux est réfracté quand il passe d'un milieu dans un autre. En termes de Biologie, il se dit de l'Ensemble des conditions où vivent les animaux et les végétaux. L'école transformiste étudie l'influence du milieu sur les êtres vivants. Il se dit aussi de l'Élément propre à la vie d'un être. L'eau est le milieu où vivent les poissons. L'air est le milieu dans lequel nous vivons. Fig., Milieu, Société où nous vivons. L'individu se ressent toujours beaucoup du milieu où il vit. Fréquenter de mauvais milieux. Les milieux politiques. Les milieux diplomatiques. Les milieux universitaires. Les milieux ouvriers.

Littré (1872-1877)

MILIEU (mi-lieu) s. m.
  • 1Le lieu qui est également distant des extrémités. Le milieu de la place. Couper un fruit par le milieu. La rivière passe au milieu de la ville.

    Mettre le clocher au milieu du village, voy. CLOCHER.

    Adj. Le point milieu, le point du milieu. Tout se fait par des espèces d'oscillations dont les points milieux sont ceux auxquels nous rapportons le cours ordinaire de la nature, Buffon, Morc. choisis, p. 209.

    Terme d'astronomie. Milieu du ciel, le point de l'équateur qui se trouve dans le méridien à un instant quelconque.

  • 2En général, tout endroit qui est éloigné de la circonférence, des extrémités. Le milieu de la France. Il prit son adversaire par le milieu du corps. Du milieu et comme du centre de la Méditerranée, ils [les Romains] embrassaient toute l'étendue de cette mer, pénétrant au long et au large tous les États d'alentour, Bossuet, Hist. III, 6.

    Fig. Vous m'en parlez [de votre voyage] avec tant d'amitié et de tendresse, que j'en suis touchée dans le milieu du cœur, Sévigné, 22 juill. 1676. M. d'Arles, qui, dans le milieu de ses petites dettes, a pourtant voulu couronner son entreprise, Sévigné, 17 juill. 1689.

    Royaume ou empire du milieu, nom que les Chinois donnent au vaste pays qu'ils habitent.

  • 3Au milieu de, loc. adv. Entre, parmi, dans le sein de. Au milieu de l'assemblée. L'aigle s'élève au milieu des airs. Combien il [Charles 1er] était intrépide à la tête de ses armées, combien auguste et majestueux au milieu de son palais et de sa cour, Bossuet, Reine d'Anglet. Les Juifs avaient au milieu d'eux le Messie, et ils ne le connaissaient pas, Bourdaloue, Myst. Épiph. t. I, p. 117.

    Cette langue de terre s'avance au milieu de la mer, c'est-à-dire elle entre bien avant dans la mer. Ce bras de mer s'avance au milieu des terres, c'est-à-dire il entre bien avant dans les terres.

    Au milieu des hommes, dans le monde, dans la société de nos semblables.

    Fig. Au milieu de, dans, entre. Faites périr Euphorbe au milieu des tourments, Corneille, Cinna, V, 3. Songeons qu'il [Louis XIV] n'établit partout la religion au dehors que parce qu'il la fait régner au dedans et au milieu de son cœur, Bossuet, Mar.-Thér. Elle croissait au milieu des bénédictions de tous les peuples, Bossuet, Duchesse d'Orl. Nous vîmes dans cette princesse, au milieu des alarmes d'une mère, la foi d'une chrétienne, Bossuet, Marie-Thérèse. En exposant au milieu des plus grands hasards de la guerre une vie aussi précieuse et aussi nécessaire que la vôtre, Bossuet, Reine d'Anglet. Au milieu même des horreurs de la mort, elle voulut bénir les jeunes princes ses enfants, Fléchier, Dauphine. C'est en vain qu'au milieu de ma fureur extrême…, Boileau, Sat. VII.

    Familièrement. Au beau milieu, tout au milieu. Il est tombé au beau milieu de la rue. Vous êtes plus à portée que personne de rédiger toutes les conditions du traité, vous qui êtes au beau milieu de l'enfer de la mainmorte, Voltaire, Lett. Christin, 8 déc. 1773.

    Familièrement. Au milieu de tout cela, c'est-à-dire parmi tout cela, avec tout cela, nonobstant tout cela.

  • 4Du milieu de, du sein de, d'entre. Un homme se leva du milieu de l'assemblée. Le Seigneur vous parla du milieu de cette flamme, Sacy, Bible, Deutéron. IV, 12. Dieu menace les peuples qui altèrent la religion qu'il a établie, de se retirer du milieu d'eux et par là de les livrer aux guerres civiles, Bossuet, Reine d'Anglet. Les soldats l'enlevèrent sur l'heure du milieu des ennemis, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. V, p. 276, dans POUGENS.
  • 5Milieu se dit aussi de la place d'honneur entre plusieurs personnes. Giton a l'œil fixe et assuré, les épaules larges, l'estomac haut, la démarche fière et délibérée… il occupe à table et à la promenade plus de place qu'un autre ; il tient le milieu en se promenant avec ses égaux, La Bruyère, VI.
  • 6La partie moyenne d'une durée. Le milieu de la nuit, du jour. Sa mort [d'Alexandre] arriva au milieu du printemps, la première année de la cent-quatrième olympiade, Rollin, Hist. anc. Œuv., t. VI, p. 591, dans POUGENS. Que ce milieu du dix-huitième siècle est sot et petit ! Voltaire, Lett. Mme de Lutzelbourg, 13 nov. 1753.

    Être au milieu de l'été, de l'hiver, etc., être dans un temps à peu près également éloigné du commencement et de la fin de l'été, de l'hiver, etc.

    Poétiquement. Le soleil était au milieu de son cours, la nuit était au milieu de sa course, il était à peu près midi, à peu près minuit.

  • 7L'endroit qui, dans un ouvrage prononcé ou écrit, est entre le commencement et la fin. Le milieu d'un livre. On l'interrompit au milieu de son discours. Que le début, la fin [d'un poëme] répondent au milieu, Boileau, Art p. I.
  • 8Un intermédiaire. Et nous verrons après s'il n'est point de milieu Entre le charmant et l'utile, Corneille, Agésil. III, 4. Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout, Pascal, Pens. I, 1, éd. HAVET. La connaissance de Dieu sans celle de sa misère fait l'orgueil ; la connaissance de sa misère sans celle de Dieu fait le désespoir ; la connaissance de Jésus-Christ fait le milieu, Pascal, ib. XXII, 5. L'état des chrétiens, comme dit le cardinal du Perron après les Pères, tient le milieu entre l'état bienheureux et l'état des Juifs, Pascal, Prov. XVI. Si des intelligences supérieures à l'homme ont aussi un progrès de connaissances, elles suppriment des milieux que nous ne parcourons qu'en nous traînant lentement, Fontenelle, Newton.
  • 9Ce qui est également éloigné des extrémités vicieuses. … Ce milieu, des vieux tant rebattu, Où l'on mit par dépit à l'abri la vertu, Régnier, Sat. X. Où par le jugement il faut perdre son temps à choisir dans les mœurs ce milieu que j'entends, Régnier, ib. Et soyez pour cela dans le milieu qu'il faut, Molière, Tart. V, I. Cet ordre [le raisonnement géométrique]… consiste non pas à tout définir ni à tout démontrer, ni aussi à ne rien définir ou à ne rien démontrer, mais à se tenir dans ce milieu de ne point définir les choses claires et entendues de tous les hommes, et de définir toutes les autres, Pascal, Espr. géom. I. L'extrême esprit est accusé de folie comme l'extrême défaut ; rien que la médiocrité n'est bon… c'est sortir de l'humanité que de sortir du milieu, Pascal, Pens. VI, 14. Entre ces deux extrémités [l'autorité et la liberté], un peuple d'ailleurs si sage [les Romains] ne put trouver le milieu, Bossuet, Hist. III, 6. Pour valoir aux yeux de Mme Geoffrin ce qu'on valait réellement, il fallait avec elle savoir tenir un certain milieu entre la négligence et l'assiduité, Marmontel, Mém. VI.
  • 10Juste milieu, juste mesure entre deux choses. De là viennent toutes les disputes des hommes, qui se reprochent ou de suivre leurs fausses impressions de l'enfance, ou de courir témérairement après les nouvelles ; qui tient le juste milieu ? Pascal, Pens. III, 3. De vous et d'elle, on en pétrirait une personne dans le juste milieu, Sévigné, 124. Enivrés de notre bonne fortune… troublés et abattus par nos moindres pertes, nous ne gardons ni envers nous-mêmes ni envers nos frères le juste milieu, Bossuet, 3e sermon, Circoncision, 2. Se jeter dans les extrêmes, voilà la règle du poëte ; garder en tout un juste milieu, voilà la règle du bonheur, Diderot, Salon de 1767, Œuvres, t. XIV, p. 219, dans POUGENS. Il [le décret] montrera à ceux qui professent des opinions diverses, que, si je leur suis également désagréable en ce moment, c'est que je tiens un juste milieu, Mirabeau, Collection, t. IV, p. 11.

    Juste milieu, nom qui fut donné au système de gouvernement qui domina pendant le règne de Louis-Philippe.

    Partisan de ce système. Un juste-milieu dévoué.

    Adjectivement. Ministère, opinion juste-milieu.

  • 11Tempérament qu'on prend pour accommoder les affaires ; parti moyen. On prit ce milieu, Sévigné, 9 mars 1689. Il en est peu qui de dessein formé cachent un péché mortel ; mais à quoi a-t-on recours, et quelle sorte de milieu prend-on ? ce péché… on l'adoucit…, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 322. Il voulut prendre un milieu qui le rendît remarquable, Hamilton, Gramm. 7. La foi ne connaît point ici de milieu, Massillon, Carême, Parole. Il se peut bien faire qu'en cherchant un milieu où la philosophie convînt à tout le monde, j'en aie trouvé un où elle ne convienne à personne ; les milieux sont trop difficiles à tenir, et je ne crois pas qu'il me prenne envie de me mettre une seconde fois dans la même peine, Fontenelle, Mondes, préface. Le duc de Rohan avait supplié le roi que l'affaire fût jugée sans milieu et sans retour, Saint-Simon, 166, 209. Les hommes s'accommodent mieux des milieux que des extrémités, Montesquieu, Esp. XI, 6. Quelle est donc l'espèce de dissimulation permise, ou plutôt quel est le milieu qui sépare la fausseté vile de la sincérité offensante ? ce sont les égards réciproques, Duclos, Consid. mœurs, ch. 3. Il est impossible de tenir un milieu raisonnable entre la liberté indéfinie [du commerce] et une gêne absolue : chacun de ces systèmes a ses lois ; les milieux n'en ont aucune, Mirabeau, Collection, t. III, p. 420.

    Il n'y a point de milieu, ou, elliptiquement, point de milieu, il n'y a point de terme moyen à chercher. Il faut, il faut le perdre, ou vous en assurer, Il n'est point de milieu…, Corneille, Suréna, III, 1. On ne peut être que d'un parti ou de l'autre ; il n'y a point de milieu, Pascal, Prov. XI. Ou on l'aime, ou on le hait ; il n'y a point de milieu, Sévigné, 304. Dans cette opposition de sentiments, il faut qu'un arbitre choisi par les partis vous accommode, ou que le sort des armes décide ; il n'y a point de milieu, Fénelon, Tél. XXIII. Point de milieu pour lui, le trône ou l'esclavage, Voltaire, Sophon. V, 1.

  • 12Il s'est dit quelquefois pour moyenne entre des valeurs, des évaluations. Si l'on néglige l'observation qui s'écarte le plus du vrai, le milieu pris entre les autres sera plus près de la vérité que le milieu pris entre toutes, Sennebier, Ess. sur l'art d'obs. t. I, p. 414, dans POUGENS.
  • 13Le lieu idéal où se passe la vie des hommes. Nous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d'un bout vers l'autre, Pascal, Pens. I, 1. Le malheur de la France fut tel que ce grand homme [Louvois] fut employé dans un milieu qui fit le malheur du royaume pour plus d'un siècle, Saint-Simon, dans le Journal de Dangeau, t. III, p. 363.
  • 14L'espace matériel dans lequel un corps est placé. La célérité avec laquelle un corps chaud est refroidi lorsqu'il est placé dans un milieu froid est toujours proportionnée à la différence entre la température du corps chaud et celle du milieu, Rumf. Instit. Mém. sciences, t. VI, p. 115.
  • 15Tout corps, soit fluide, soit solide, qui peut être traversé par un autre corps, spécialement par la lumière. L'air, l'eau, le diamant sont, pour la lumière, des milieux qui la réfractent diversement en vertu de leur densité différente. L'objet est toujours déguisé par la couleur du milieu, au travers duquel il est aperçu, Boullainvilliers, Réfut. de Spinosa, p. 143. L'Académie des sciences de Paris demanda en 1762 si les planètes se meuvent dans un milieu dont la résistance produise un effet sensible sur leurs mouvements, Bailly, Hist. de l'astr. mod. t. III, p. 237. Plus les milieux sont denses, plus ils résistent aux corps qui tendent à séparer leurs parties en les pénétrant, Brisson, Traité de phys. t. II, p. 322, dans POUGENS. Euler établissait par ses calculs l'avantage d'employer des milieux différemment réfringents dont l'inégalité de la puissance réfractive pût compenser leurs effets réciproques, Sennebier, Ess. sur l'art d'observ. t. I, p. 100, dans POUGENS.

    Fig. [le vulgaire] Mettant de faux milieux entre la chose et lui, Et mesurant par soi ce qu'il voit en autrui, La Fontaine, Fabl. VIII, 26.

  • 16Le fluide qui environne les corps. L'air est le milieu dans lequel nous vivons. L'eau est le milieu où vivent les poissons.
  • 17Tout ce qui sert à établir une communication. Les objets ne frappent pas immédiatement sur l'âme ; elle n'en reçoit les impressions que par des milieux interposés ; les sens sont ces milieux, Bonnet, Contempl. nat. V, 5. Il ne peut y avoir de point de contact que par un milieu, Chateaubriand, Génie, I, I, 7.
  • 18 Terme de biologie. Le tout complexe représenté par les objets qui entourent les corps organisés.

    Par extension. Milieu social, l'ensemble des conditions sociales au milieu desquelles un individu humain est placé. Plus la civilisation avance, plus le milieu social prend de l'influence sur les individus.

REMARQUE

On lit dans Voltaire : Il [Lully] fut le premier en France qui fit des basses, des milieux, des fugues, Louis XIV, 33. On ne sait ce qu'il entend par là.

HISTORIQUE

XIIIe s. En milieu sort une fontaine, Fl. et Blanch. V. 2041. Une grant fleur de lys d'or tout en milieu a [il y a], Berte, CXXI.

XVIe s. Panurge meit le doigt myllieu en l'aureille dextre, eslevant le poulce contre mont, Rabelais, Pant. II, 19. J'entreprendz de entrer en leur camp par le myllieu des guardes et du guet, Rabelais, ib. II, 24. La solitude se puelt ouir au milieu des courts et des villes, Montaigne, I, 276.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MILIEU. Ajoutez :
19Amitié de milieu, amitié qui tient le milieu entre l'amitié proprement dite et l'amour. … Le dernier point Est le seul qui te déplaise ; Cette amitié de milieu Te semble être selon Dieu, Corneille, Lexique, éd. Marty-Laveaux.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

MILIEU, s. m. (Méchan.) dans la Philosophie méchanique, signifie un espace matériel à-travers lequel passe un corps dans son mouvement, ou en général, un espace matériel dans lequel un corps est placé, soit qu’il se meuve ou non.

Ainsi on imagine l’éther comme un milieu dans lequel les corps célestes se meuvent. Voyez Ether.

L’air est un milieu dans lequel les corps se meuvent près de la surface de la terre. Voyez Air & Atmosphere.

L’eau est le milieu dans lequel les poissons vivent & se meuvent.

Le verre enfin est un milieu, en égard à la lumiere, parce qu’il lui permet un passage à-travers ses pores. Voyez Verre, Lumiere, Rayon.

La densité des parties du milieu, laquelle retarde le mouvement des corps, est ce qu’on appelle résistance du milieu. Voyez Résistance, &c.

Milieu éthéré. M. Newton prouve d’une maniere très-vraissemblable, qu’outre le milieu aérien particulier dans lequel nous vivons & nous respirons, il y en a un autre plus répandu & plus universel, qu’il appelle milieu éthéré. Ce milieu est beaucoup plus rare & plus subtil que l’air ; & par ce moyen il passe librement à-travers les pores & les autres interstices des autres milieux, & se répand dans tous les corps. Cet auteur pense que c’est par l’intervention de ce milieu que sont produits la plupart des grands phénomenes de la nature.

Il paroît avoir recours à ce milieu, comme au premier ressort de l’univers & à la premiere de toutes les forces. Il imagine que ses vibrations sont la cause qui répand la chaleur des corps lumineux, qui conserve & qui accroît dans les corps chauds l’intensité de la chaleur, & qui la communique des corps chauds aux corps froids. Voyez Chaleur.

Il le regarde aussi comme la cause de la réflexion, de la réfraction & de la diffraction de la lumiere ; & il lui donne des accès de facile réflexion & de facile transmission, effet qu’il attribue à l’attraction : ce philosophe paroît même insinuer que ce milieu pourroit être la source & la cause de l’attraction elle-même. Sur quoi voyez Éther, Lumiere, Réflexion, Diffraction, Attraction, Gravité, &c.

Il regarde aussi la vision comme un effet des vibrations de ce même milieu excitées au fond de l’œil par les rayons de lumiere & portées de-là au sensorium à-travers les filamens des nerfs optiques. Voyez Vision.

L’ouie dépendroit de même des vibrations de ce milieu, ou de quelques autres excitées par les vibrations de l’air dans les nerfs qui servent à cette sensation & portées au sensorium à-travers les filamens de ces nerfs, & ainsi des autres sens, &c.

M. Newton conçoit de plus que les vibrations de ce même milieu, excitées dans le cerveau au gré de la volonté & portées de-là dans les muscles à-travers les filamens des nerfs, contractent & dilatent les muscles, & peuvent par-là être la cause du mouvement musculaire. Voyez Muscle & Musculaire.

Ce milieu, ajoute M. Newton, n’est-il pas plus propre aux mouvemens célestes que celui des Cartésiens qui remplit exactement tout l’espace, & qui étant beaucoup plus dense que l’or, doit résister davantage ? Voyez Matiere subtile.

Si quelqu’un, continue-t il, demandoit comment ce milieu peut être si rare, je le prierois, de mon côté, de me dire comment dans les régions supérieures de l’athmosphere, l’air peut être plus que 100000 fois plus rare que l’or ; comment un corps électrique peut, au moyen d’une simple friction, envoyer hors de lui une matiere si rare & si subtile, & cependant si puissante, que quoique son émission n’altere point sensiblement le poids du corps, elle se répande cependant dans une sphere de deux piés de diametre, & qu’elle souleve des feuilles ou paillettes de cuivre ou d’or placées à la distance d’un pié du corps électrique ; comment les émissions de l’aimant peuvent être assez subtiles pour passer à-travers un carreau de verre, sans éprouver de résistance & sans perdre de leur force, & en même tems assez puissante pour faire tourner l’aiguille magnétique par-delà le verre ? Voyez Émanation, Électricité.

Il paroît que les cieux ne sont remplis d’aucune autre matiere que de ce milieu éthéré ; c’est une chose que les phénomenes confirment. En effet, comment expliquer autrement la durée & la régularité des mouvemens des planetes & même des cometes dans leurs cours & dans leurs directions ? Comment accorder ces deux choses avec la résistance que ce milieu dense & fluide dont les Carthésiens remplissent les cieux, doit faire sentir aux corps célestes ? Voyez Tourbillon & Matiere subtile.

La résistance des milieux-fluides provient en partie de la cohésion des particules du milieu, & en partie de la force d’inertie de la matiere. La premiere de ces causes considerée dans un corps sphérique est à peu-près en raison du diametre, toutes choses d’ailleurs égales, c’est à-dire en général, comme le produit du diametre & de la vîtesse du corps : la seconde est proportionnelle au quarré de ce produit.

La résistance qu’éprouvent les corps qui se meuvent dans un fluide ordinaire, dérive principalement de la force d’inertie. Car la partie de résistance qui proviendroit de la ténacité du milieu, peut être diminuée de plus en plus en divisant la matiere en de plus petites particules & en rendant ces particules plus polies & plus faciles à glisser ; mais l’autre qui reste toujours proportionnelle à la densité de la matiere, ne peut diminuer que par la diminution de la matiere elle-même. Voyez Résistance.

La résistance des milieux fluides est donc à peu-près proportionnelle à leur densité. Ainsi l’air que nous respirons étant environ 900000 fois moins dense que l’eau, devra par cette raison, résister 900000 fois moins que l’eau, ce que le même auteur à vérifié en effet par le moyen des pendules. Les corps qui se meuvent dans le vis-argent, dans l’eau & dans l’air, ne paroissent éprouver d’autre résistance que celle qui provient de la densité & de la tenacité de ces fluides ; ce qui doit être en effet, en supposant leurs pores remplis d’un fluide dense & subtil.

On trouve que la chaleur diminue beaucoup la tenacité des corps ; & cependant elle ne diminue pas sensiblement la résistance de l’eau. La résistance de l’eau provient donc principalement de sa force d’inertie ; & par conséquent si les cieux étoient aussi denses que l’eau & le vif-argent, ils ne résisteroient pas beaucoup moins. S’ils étoient absolument denses sans aucun vuide, quand même leurs particules seroient fort subtiles & fort fluides, ils résisteroient beaucoup plus que le vif-argent. Un globe parfaitement solide, c’est-à-dire, sans pores, perdroit dans un tel milieu, la moitié de son mouvement dans le tems qu’il lui faudroit employer pour parcourir trois fois son propre diametre ; & un corps qui ne seroit solide qu’imparfaitement, la perdroit en beaucoup moins de tems.

Il faut donc, pour que le mouvement des planetes & des cometes soit possible, que les cieux soient vuides de toute matiere, excepté peut être quelqu’émission très-subtile des atmospheres des planetes & des cometes, & quelque milieu éthéré, tel que celui que nous venons de décrire. Un fluide dense ne peut servir dans les cieux qu’à troubler les mouvemens célestes ; & dans les pores des corps il ne peut qu’arrêter les mouvemens de vibrations de leurs parties, en quoi consiste leur chaleur & leur activité. Un tel milieu doit donc être rejetté, selon M. Newton, tant qu’on n’aura point de preuve évidente de son existance ; & ce milieu étant une fois rejetté, le système qui fait consister la lumiere dans la pression d’un fluide subtil, tombe & s’anéantit de lui-même. Voyez Lumiere, Cartésianisme, &c. Chambers. (O)

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Étymologie de « milieu »

Mi (voy. MI 1), et lieu ; Berry, meilieu, mélieu ; picard, meyu ; provenç. mieg luoc, mieh luoc, mei loc.

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 Dérivé de lieu, avec le préfixe mi-. (Vers 1140) miliu.
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Phonétique du mot « milieu »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
milieu miljø

Fréquence d'apparition du mot « milieu » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « milieu »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « milieu »

  • Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant.
    René Descartes — Méditations
  • On peut nouer un fil rompu, mais il y aura un noeud au milieu.
    Proverbe persan
  • La société ne fait-elle pas de l'homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d'hommes différents qu'il y a de variétés en zoologie ? […] Il a donc existé, il existera de tout temps des espèces sociales comme il y a des espèces zoologiques.
    Honoré de Balzac — La Comédie humaine, Avant-propos
  • Il est en tout un juste milieu.
    Horace
  • Le juste milieu est en tout la meilleure chose.
    Théognis de Mégare
  • Un milieu élégant est celui où l'opinion de chacun est faite de l'opinion des autres. Est-elle faite du contre-pied de l'opinion des autres ? C'est un milieu littéraire.
    Marcel Proust — Les Plaisirs et les Jours, Gallimard
  • Croyance : milieu entre l’opinion et le savoir.
    Emmanuel Kant — Métaphysique des moeurs
  • La vie dangereuse est là, au milieu des miracles.
    Maurice Blanchard — Terre brûlée
  • L’action, ce sont les hommes au milieu des circonstances.
    Charles de Gaulle — Vers l’armée de métier
  • Vis au milieu des hommes comme une abeille au milieu des oiseaux.
    Hazrat Ali
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Images d'illustration du mot « milieu »

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Traductions du mot « milieu »

Langue Traduction
Anglais environment
Espagnol medio
Italien mezzo
Allemand mitte
Chinois 中间
Arabe وسط
Portugais meio
Russe средний
Japonais 中間
Basque erdiko
Corse mediu
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Synonymes de « milieu »

Source : synonymes de milieu sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « milieu »

Combien de points fait le mot milieu au Scrabble ?

Nombre de points du mot milieu au scrabble : 8 points

Milieu

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