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Louer

Définitions de « louer »

Trésor de la Langue Française informatisé

LOUER1, verbe trans.

I. − Emploi trans. [Le suj. désigne une pers., un de ses attributs, un groupe de pers.] Manifester, exprimer son admiration, son estime (pour quelqu'un ou pour quelque chose); (en) faire l'éloge, (en) reconnaître ou (en) célébrer le mérite, (lui) rendre gloire.
A. − Louer qqn.Louer un artiste, un auteur, un prince. Raphaël est l'un des calomniés de l'histoire, et par ceux-là qui l'ont le plus loué (Faure,Hist. art,1914, p. 404).
[Avec une constr. indiquant les raisons de cet acte]
Louer qqn (ou un animal) de (+ inf. ou subst.), de ce que (+ prop.).Et son amante en paix ne peut que le louer D'un rôle que si vite il sait si bien jouer (Sainte-Beuve,Poés.,1829, p. 107).Le jeune homme (...) les loue [les gens de Languedoc] de ce qu'ils poussent les passions aux derniers excès (Mauriac,Vie J. Racine,1928, p. 46):
1. Un refrain louait la Toutouque [un bouledogue] d'être : Jaune, jaune, jaune, Excessivement jaune, À la limite du jaune... Colette, Mais. Cl.,1922, p. 151.
Louer qqn pour, sur (+ subst.).On me loue beaucoup sur mes progrès oratoires (Lamart.,Corresp.,1835, p. 100).Julien de Médicis (...) est loué par son biographe (...) pour son talent de poète (Taine,Philos. art,t. 1, 1865, p. 197).
Rare, en emploi subst. du part. passé (avec personnification). Rome la louée, où est donc ton empire? (Quinet,Ahasvérus,1833, 3ejournée, p. 208).
B. − En partic. [Le suj. désigne une créature, la création; le compl. d'obj. dir. une divinité, en partic. Dieu] Louer le Seigneur. Loue ton Dieu, terre bénite, dans les larmes et l'obscurité! (Claudel,Annonce,1948, p. 136):
2. Ah! Ce soir, j'ai le coeur mal, le coeur à la Lune Ô Nappes du silence, étalez vos lagunes; Ô toits, terrasses, bassins, colliers dénoués De perles, tombes, lys, chats en peine, louez La Lune, notre Maîtresse à tous, dans sa gloire... Laforgue,Imit. lune,1886, p. 256.
[Avec une constr. indiquant l'objet, les raisons de cet acte]
Louer (une divinité) de (+ inf. ou subst.).Il faut faire bonne contenance et louer Dieu de toutes choses (Courier,Lettres Fr. et Ital.,1806, p. 713).Il s'en va en louant la Providence d'avoir suspendu un petit fruit au haut d'un grand arbre (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p. 95).
Louer (une divinité) pour (+ inf. ou subst.).Le monde les louait [les dieux] pour l'avoir bien dompté (Hugo,Légende,t. 2, 1859, p. 584).L'orateur nous avertit qu'il faut louer Dieu pour la longueur de ce pontificat glorieux (Bloy,Journal,1903, p. 155).
Lang. cour. [Exclam. pour exprimer sa satisfaction, son soulagement] Dieu soit loué! Dieu soit loué! disait le révérend Hudson (...). Nous voici au but sains et saufs! (Samivel,Contes à pic,Grenoble, Arthaud, 1972, p. 175).
C. − Louer qqc.Louer le zèle de qqn. Elle loua la fraîcheur et la beauté de la nuit, et nous restâmes dans le jardin (Genlis,Chev. Cygne,t. 2, 1795, p. 12).Hassler (...) se mit à critiquer aigrement les oeuvres qu'il louait tout à l'heure (Rolland,J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 548).
Louer qqc. à qqn.J'ai, ce soir, dîné avec des savants qui m'ont fortement loué un nouvel ouvrage d'un M. Larroque (Flaub.,Corresp.,1860, p. 372).
Louer qqc. chez, en qqn, dans qqc.L'égoïsme moderne a l'art de louer toujours, dans chaque chose, la réserve et la modération (Staël,Allemagne,t. 3, 1810, p. 202).Je veux louer en vous la puissance créatrice et la puissance destructrice (Romains,Copains,1913, p. 286).Baudelaire loue chez Delacroix l'exécution précise (Béguin,Âme romant.,1939, p. 377).
[Avec une constr. indiquant les raisons de cet acte] Louer qqc. de (+ inf.), pour (+ subst.), parce que (+ prop.).Toute la presse vient de louer Lucrèce pour ses qualités classiques (Vigny,Journal poète,1843, p. 1196).Je loue donc mon aventure d'avoir été un roman vénitien (Milosz,Amour. initiation,1910, p. 31).Comme si l'on voulait louer la guerre parce qu'elle fait paraître des héros (Alain,Propos,1923, p. 567).
En emploi adj. du part. passé. La petite coupe de vermeil qui contenait la substance tant louée (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 402).Sous le fracas et le tranchant d'une dialectique trop louée (Bremond,Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 447).
D. − Emploi abs. La cabale, à Paris (...) loue sans restriction et blâme sans examen (Jouy,Hermite,t. 2, 1812, p. 194):
3. Je crois voir l'âme heureuse de celle qui m'apparut un jour dans ces lieux (...) prier, louer, chanter dans cet hymne de vie qui ruisselle avec ces cascades de ces glaciers dans ces lacs... Lamart., Raphaël,1849, p. 322.
II. − Emploi pronom.
A. − Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers.] Exprimer son estime, sa satisfaction.
1. [Par rapport à soi-même] Je crois qu'il cherchait surtout à se louer et à me faire envie (Proust,Guermantes 1,1920, p. 201).
Se louer dans, sur (+ subst.).Schlegel se louant sur son mépris pour la société, elle se louant sur son esprit de conversation (Constant,Journaux,1804, p. 95).Il ne fallait pas, disait-il, se louer dans tout ce qu'on avait fait (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 968).
Se louer de (+ inf. ou subst.).Elle se loue d'un faux pas, s'applaudit d'un entrechat manqué (Colette,Music-hall,1913, p. 197).Je ne saurai donc pas de si tôt dans quelle mesure je dois me blâmer ou me louer d'être sorti ce matin (Romains,Hommes bonne vol.,1939, p. 39).
2. [Par rapport à un obj. extérieur à soi] Se louer de qqn, de qqc., de ce que (+ prop.).Jamais je n'eus plus à me louer de ma mie, de sa douceur, de son aimable caractère et de sa tendresse (Michelet,Journal,1849, p. 57).Il se loue de ce que les pensées hautaines et méchantes de son héros soient dans tous les hommes (Lautréam.,Chants Maldoror,1869, p. 126).
Se louer de qqn, de qqc. pour (+ subst.).Nicole (...) se loue de lui [M. de Saci] pour la retenue qu'il avait gardée sur son compte (Sainte-Beuve,Port-Royal,t. 4, 1859, p. 384).
N'avoir qu'à se louer de qqn, de qqc.Je n'ai, malgré ce petit incident, qu'à me louer de l'accueil qu'on me fait ici (Hugo,Corresp.,1851, p. 38).Lafont: Vous avez eu à vous plaindre d'elle? Clotilde: Non. Je n'ai eu qu'à me louer d'elle au contraire (Becque,Parisienne,1885, iii, 6, p. 344).
Rare. Se louer que.Il se loue qu'un des hommes, plus curieux, ait sorti le buste de l'abri pour regarder (Montherl., Songe,1922, p. 169).
B. − Emploi pronom. réciproque. Il leur défendoit expressément de se louer mutuellement dans leurs discours publics (Genlis,Chev. Cygne,t. 1, 1795, p. 30).
Prononc. et Orth.: [lwe]. Deux sujets de Martinet-Walter 1973 disent [lue]. ,,La prononciation emphatique et lente tend à faire apparaître la voyelle dans les mots où elle ne forme diphtongue que depuis peu (jou-er, lou-er)`` (Rouss.-Lacl. 1927, p. 155). Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xes. «prodiguer des louanges» lauder inf., laudaz part. passé masc. sing. (St Léger, éd. J. Linskill, 1, 38); ca 1100 loer inf., loat parfait 3, loee part. passé fém. sing. adj. (Roland, éd. J. Bédier, 532, 420, 3315); 2. a) id. «conseiller» (id., 206) − xvies., Hug.; b) 1248 lang. jurid. «approuver» (doc. ds Gdf.: je lou et conferme) − xives., ibid., cf. lods; 3. ca 1100 sei loer de «être fier, se glorifier de» (Roland, 1950); ca 1160 id. «être satisfait, exprimer sa satisfaction de» (Eneas, 2529 ds T.-L.). Du lat. laudare «louer, approuver, prôner, vanter». Fréq. abs. littér.: 3 265. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 156, b) 5 095; xxes.: a) 4 776, b) 3 878.
DÉR.
Loueur, -euse, subst.,vx. Celui, celle qui loue, généralement avec excès, pour flatter. (Dict. xixeet xxes.). [lwoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: lo'eur, ensuite lou-. 1reattest. fin xiies. loeres «celui qui prône, qui fait l'éloge de quelque chose» (Sermons de St Bernard, 104, 8 ds T.-L.); de louer1, suff. -eur2*.

LOUER2, verbe trans.

A. − [Le compl. d'obj. dir. désigne qqc.] Donner ou prendre (quelque chose) à loyer pour un certain temps, moyennant un prix déterminé, selon des conditions stipulées généralement par écrit, auxquelles s'ajoutent des clauses particulières (entretien, réparations).
1. [Le suj. désigne le propriétaire ou son mandataire; le compl. d'obj. indir. désigne le preneur] Louer (qqc.) (à qqn) (+ adj.) (+ compl. circ. de temps, de prix, de manière, de but).Donner à loyer.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un bien immobilier] Louer un appartement, un hôtel, un logement, une maison, un premier étage. Le concierge du 16, qui lui avait loué la mansarde, mourut (Estaunié,Ascension M. Baslèvre,1919, p. 6).La commune (...) loue l'étang, et les fermiers en vendent le produit (Pesquidoux,Chez nous,1923, p. 14):
1. Dans chacun des deux domaines achetés, elle voulait faire jeter une quinzaine de mille francs pour convertir les maisons de maître en deux grandes fermes, afin de les mieux louer après les avoir cultivées pendant une année ou deux... Balzac, Lys,1836, p. 132.
+ compl. circ.On y pénétrait (...) par la boutique d'un marchand de meubles à qui Crevel la louait à bas prix et au mois (BalzacCous. Bette,1846, p. 185).Les pièces du premier étage étaient louées en garni à de petits employés ou à des ouvrières (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p. 52).
[Le compl. d'obj. dir. n'est pas exprimé] Grande maison neuve, dont le propriétaire louait à des dames seules (Zola,Nana,1880, p. 1122):
2. Octave passa la journée à mettre ses affaires en ordre. (...) à la vue de son mobilier de modeste apparence, le portier de la maison avait fait une grimace, et s'était presque repenti de lui avoir loué sans aller aux informations. Murger,Scènes vie jeun.,1851, p. 114.
+ adj.Le propriétaire a trouvé plus simple ensuite de louer meublé (Romains,Hommes bonne vol.,1939, p. 47).
+ compl. circ.J'ai loué cent cinquante francs: ce sont cent cinquante francs qui entreront chaque année dans la maison (Zola,Conquête Plassans,1874, p. 904).
[En parlant d'un bien immobilier] À louer. Que son propriétaire met en location. Elle dépassa plusieurs maisons à louer sans les apercevoir (Roy,Bonheur occas.,1945, p. 117).
Expr. fig. Il a des chambres à louer dans sa tête. C'est un homme qui manque un peu de raison, de sagesse (Ac. 1798).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne un bien mobilier] Le paysan qui afferme des terres, l'industriel qui loue des capitaux (Proudhon,Propriété,1840, p. 229).Antoine traîna les colis jusqu'au petit hôtel qui louait des voitures (Martin du G.,Thib.,Belle sais., 1923, p. 1030).
+ compl. circ.Louer des chaises dans une église, dans un jardin public:
3. En 1645, Nicolas Poirel, sieur de Grandval, se voit conférer par lettre patente le privilège de fabriquer de la faïence. Celui-ci loue à bail son privilège à Edme Poterat, dont la fabrique attirera l'attention en haut lieu... G. Fontaine,Céram. fr.,1965, p. 39.
2. [Le suj. désigne le preneur, individu ou collectivité; le compl. d'obj. indir., quand il est exprimé, désigne le propriétaire] Louer (qqc.) (à qqn), (+ pour qqn), (+ adj.), (+ compl. circ. de temps, de prix, de lieu, de manière, de but).Prendre à loyer.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un bien immobilier] Louer une campagne, un chalet, une chambre, un pavillon, une villa. Soit qu'il rêvât dans l'étroite maison qu'il louait à M. Mathas (Guéhenno,Jean-Jacques,1952, p. 61).
+ pour qqn.Le joli petit palais que le comte M*** avait loué pour la belle Fausta (Stendhal,Chartreuse,1839, p. 212).
+ adj. ou compl. circ.Louer à l'année, par bail. Les hôtes actuels sont du reste campés dans cet hôtel dépeuplé, qu'ils ont loué garni (Amiel,Journal,1866, p. 211).Les troupeaux étaient la propriété d'entrepreneurs riches en capitaux qui louaient des pâturages en plaine et en montagne (Wolkowitsch,Élev.,1966, p. 122):
4. Le président du Conseil invita, pendant les vacances, monsieur et madame Cérès à passer une quinzaine de jours à la montagne, dans un petit château qu'il avait loué pour la saison et qu'il habitait seul. A. France,Île ping.,1908, p. 361.
+ de qqn ou par qqn (rare).La mère de Zanze logeait derrière l'Académie des Beaux-Arts, au palais Cicognara qu'elle louait du propriétaire (Chateaubr.,Mém.,t. 4, 1848, p. 369).L'appartement qu'ils avaient loué par l'entremise d'une agence présentait (...) de remarquables inconvénients (Gide,Caves,1914, p. 681).
[Le compl. d'obj. dir. n'est pas exprimé] Je n'avais pas encore eu le plaisir de vous voir. Quand j'ai loué dans la maison, je n'ai eu affaire qu'à la concierge (Tr. Bernard, M. Codomat,1907, i, 5, p. 146).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne un bien mobilier] Louer une barque, un cheval, un habit. J'allai louer un roman, et passai la journée à le lire (Balzac,Peau chagr.,1831, p. 114).Le kolkhoze louait des machines à des MTS, stations de location et d'entretien de matériel (Lesourd, Gérard,Hist. écon.,1966, p. 452).
+ compl. circ.Louer à l'heure. Brigitte était devant un clavecin que nous avions loué à la semaine pour notre séjour à Paris (Musset,Confess. enf.,1836, p. 311).Elle louait pour nous promener l'âne d'un jardinier du voisinage (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 118).
Emploi pronom. réfl. indir., plais. Ça avale de l'huile de foie de morue, ça se loue de la santé à la petite semaine! (Huysmans,Soeurs Vatard,1879, p. 258).
3. [Emplois ne permettant pas de distinguer nettement s'il s'agit du point de vue du propriétaire ou de celui du preneur] Emploi pronom. réfl. à sens passif. [Le suj. désigne un bien immobilier] Être donné ou pris à loyer. Ces caves se louent très cher (Goncourt,Journal,1895, p. 736).
B. − [L'obj. du contrat qui comporte des clauses de durée et de prix est une pers.; le suj. désigne une pers.]
1. Louer qqn + compl. circ. (de temps, de prix, de lieu, de but)
a) [Le suj. désigne un employeur] Engager, prendre quelqu'un à son service. Je vais louer six bons travailleurs, qui (...) feront beaucoup d'ouvrage pendant son absence (Crèvecoeur,Voyage,t. 1, 1801, p. 273).Quoi! je vous loue pour une promenade dans la montagne, et vous me faites voyager sur des précipices! (About,Roi mont.,1857, p. 60).
b) [Le suj. désigne une pers. ayant autorité sur une autre pers.] Placer (la personne subordonnée) chez un employeur. Après quoi on le louerait comme on pourrait, pour être porcher ou petit valet de charrue (Sand,F. le Champi,1848, p. 19).C'est le contraire d'un homme qui a loué ses enfants dans une ferme (Péguy,Porche Myst.,1911, p. 200).
2. Louer qqc. (à qqn)
a) [Le suj. désigne un employeur] Louer les services de qqn. Y avoir recours. On y loue les services de secrétaires, de sténo-dactylographes (Morand,New-York,1930, p. 141).
b) [Le suj. désigne un employé, un salarié] Mettre (ses capacités) au service de quelqu'un, d'un employeur. Des copistes ambulants louent leurs services aux amateurs (Civilis. écr.,1939, p. 14-4).Cf. aussi affermer ex. 6.
P. anal., avec une nuance péj. Filles aux yeux méditerranéens qui sustentent leur mère en louant leurs vices fiévreux aux Jaunes de «Chinese town...» (P. Adam [Vues d'Amérique,1906, p. 372] ds Morand, New-York, 1930, p. 100).On a vu des écrivains blâmés ou punis parce qu'ils ont loué leur plume aux Allemands (Sartre,Sit. II,1948, p. 11).
c) P. ext. [Le suj. désigne une entreprise] Mettre (ses services) à la disposition de clients:
5. L'exploitation soviétique n'étant, en principe, maîtresse de fixer librement ni les quantités de services qu'elle loue et de produits qu'elle vend, ni les prix d'achat de ces services et de vente de ces produits, est astreinte à un système ingénieux de rémunération des capacités d'autorité et de création. Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 613.
3. Emploi pronom. réfl. Se louer + compl. circ. (de temps, de prix, de lieu, de but).Se mettre au service de quelqu'un, d'un employeur. Il n'y a plus que les vieux et les très vieux qui se souviennent du temps où le paysan se louait quinze sous par jour (Arène,Tor Entrays,1876, p. 169).Et puis, quand l'herbe deviendra haute, j'irai me louer pour les foins chez monsieur Michel (R. Bazin,Blé,1907, p. 42).
C. − [À l'occasion d'un spectacle, d'un voyage; le suj. désigne une pers.] Louer qqc.
1. Retenir une place à l'avance en achetant un billet et moyennant ou non une rétribution spéciale. Synon. réserver.Louer une baignoire, une loge. Le jour où l'Opéra-Comique brûla, mon frère aîné (...) voulut louer deux places (Colette,Mais. Cl.,1922, p. 163).Louez toutes les places d'un train; voilà une fantaisie de riche (Alain,Propos,1931, p. 1030).
Emploi abs. Nous voyons tous les gens qui viennent louer qui défilent devant le petit théâtre de carton (Renard,Journal,1900, p. 613).
2. Plus rare. Mettre une place en réservation; vendre un billet. Quant à Pot-Bouille [pièce de théâtre] (...), elle ne fait pas d'argent, l'Ambigu ne loue que les petites places, les loges restent vides (Goncourt,Journal,1883, p. 293).
Prononc. et Orth.: [lwe]. Prononc. [lue], v. louer1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 «donner un salaire à celui que l'on engage pour un temps déterminé; prendre à gages» (Roland, éd. J. Bédier, 34: Ben en purrat luer ses soldeiers); b) ca 1165 «obtenir l'usage d'un bien moyennant paiement» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, 28552 ds T.-L.); 2. ca 1223 «concéder l'usage d'un bien moyennant paiement» (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. F. Koenig, ii Mir. 16, 179); 3. 1268 soi loër (Claris et Laris, 27043 ds T.-L.). Du lat. locare «placer, disposer; donner à loyer, à ferme, louer».
DÉR.
Louable, adj.[En parlant d'un bien immobilier] Qui peut être donné ou pris en location, qui remplit les conditions de la location. (Ds Lar. Lang. fr. et Lexis 1975). [lwabl̥]. 1reattest. 1606 (Crespin d'apr. FEW t. 5, p. 388a), rare; de louer2, suff. -able*.

Wiktionnaire

Verbe 2 - français

louer \lwe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Manifester son admiration pour quelque chose ou quelqu’un.
    • Le vin rouge succéda au vin blanc et fut loué congrûment lui aussi, puis le blanc refit de nouveau son apparition, mais cette fois sous la forme d’une bouteille cachetée. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Aujourd’hui, il loue ces jeux vidéo qui l’ont aidé à « canaliser les mauvaises énergies ». — (William Audureau, 13-Novembre : rescapés de l’attaque au Bataclan, ils se reconstruisent avec le jeu vidéo, Le Monde. Mis en ligne le 13 novembre 2018)

Verbe 1 - français

louer \lwe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se louer)

  1. Donner à louage ou à loyer.
    • On voit, dit-il en goguenardant, que ces Messieurs arrivent de province. À Paris, la mode est passée de massacrer les aubergistes qui refusent de louer leurs chambres. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IV)
    • Le penn-ty est un journalier à qui un propriétaire loue, ou bien à qui un fermier sous-loue une petite maison et quelques terres. À celui qui, ainsi, lui a fourni le moyen de subsister, le penn-ty doit une partie de son labeur. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Et voilà pourquoi, depuis deux mois, […], Cacaine ne trouvait personne qui consentît à lui louer, même en payant d’avance et à un taux certes fort élevé pour le canton, la chambre qu’il sollicitait. — (Louis Pergaud, Un petit logement, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Un tapissier qui loue des meubles. — Louer des automobiles, des chevaux.
  2. Prendre à louage ou à loyer.
    • Les troupeaux transhumants appartiennent tantôt à de riches propriétaires ou capitalistes, tantôt à de petits cultivateurs de Provence, qui les confient à un bayle ou berger chef qui, à ses risques et périls, conduit les troupeaux, loue les pâturages, etc., en un mot se charge de l'estivage moyennant une redevance. — (Marchand (Garde général des forêts), « Le pâturage dans les Alpes », dans la Revue des eaux et forêts: annales forestières, tome 11, Paris, 1872, p. 14)
    • Il va quitter sa maison, il en a loué une autre. — Louer un cheval. Louer un ameublement. — Louer une automobile, un piano.
  3. (Pronominal) Se donner à louage, engager son service, son travail pour un salaire.
    • C’est un pauvre homme qui se loue à la journée.
    • Il se loue à qui plus lui donne.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LOUER. v. tr.
Donner à louage ou à loyer. Louer une maison à quelqu'un. Louer un appartement. Maison, chambre à louer. Louer une loge dans un théâtre. Louer des habits, des livres. Un tapissier qui loue des meubles. Louer des automobiles, des chevaux. Les appartements se louent fort cher dans ce quartier. Il signifie aussi Prendre à louage ou à loyer. Il va quitter sa maison, il en a loué une autre. Louer un cheval. Louer un ameublement. Louer une automobile, un piano.

SE LOUER signifie Se donner à louage, engager son service, son travail pour un salaire. C'est un pauvre homme qui se loue à la journée. Il se loue à qui plus lui donne.

Littré (1872-1877)

LOUER (lou-é) v. a.
  • 1Donner à louage Louer une maison à quelqu'un. Un tapissier qui loue des meubles. Nous espérons tous les jours de louer votre maison, Sévigné, 39.

    Fig. Voilà de nos veuves ! le mari meurt à Pâques, portion de lit à louer pour la Saint-Jean, Dancourt, la Femme d'intrigues, V, 7.

    Fig. et familièrement. Il a loué son ventre, il s'est engagé à aller dîner avec quelqu'un.

    Cet homme a des chambres à louer dans sa tête, c'est-à-dire il manque de cervelle, il est un peu fou.

    Terme de peinture. Figures à louer, personnages accessoires et inutiles.

  • 2Prendre à louage. Louer une loge dans un théâtre. Elle a loué la plus jolie maison du monde ; elle n'en veut plus, Sévigné, 22 mars 1680.

    Se dit des ouvriers de la campagne. Louer un garçon de ferme.

    Fig. On dit d'un homme qui est hors d'emploi, qu'il est à louer.

    Fig. Je ne suis pas loué pour cela, réponse qu'on fait à quelqu'un qui demande quelque corvée qu'on ne veut pas faire.

  • 3Se louer, v. réfl. Se donner à louage, engager son service, son travail pour un salaire. La bonne dame habille en chambrière Le jouvenceau, qui vient pour se louer, La Fontaine, la Gageure. Le jour il [Cléanthès] étudiait ; la nuit il se louait pour tirer de l'eau dans les jardins, Diderot, Opin. des anc. phil. (stoïcisme).

    Être pris à loyer, en parlant des choses. Les appartements se louent fort cher dans ce quartier.

HISTORIQUE

XIe s. Bien en porrat luer ses soudeiers, Ch. de Rol. III.

XIIe s. Ki primes furent saziez [rassasiés], or se sunt pur pain luez, Rois, p. 6.

XIIIe s. Il avenoit que uns hons louoit une feme dusqu'à certain terme, Beaumanoir, XXXVIII, 15. [Nous] passames la mer en une nef que nous louames, Joinville, 208. Les gens le roy leur loerent les estaus pour vendre leur danrées aussi chiers, si comme l'en disoit, comme il purent, Joinville, 217. Et s'il lieue cheval fors [hors] de la castelerie, Tailliar, Recueil, p. 16.

XVIe s. En quelque tente ou maison louée, Amyot, Marcel. 5. Les sismes [schismes] qui pourroyent louer [mettre, loger] infinites ames en enfers, Lettres de Louis XII, t. II, p. 300, dans LACURNE.

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Étymologie de « louer »

(Verbe 1) Du moyen français, l’ancien français luer, loier, loer → voir loyer, du latin locāre.
(Verbe 2) Du moyen français louer, de l’ancien français laudar, du latin laudāre.
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Wall. louwer, lower, louwi ; Berry, loger (j'ai logé 20 ouvriers pour faire une moisson) ; provenç. logar, loguar, lojar ; catal. llogar ; anc. espagn. logar ; anc. ital. locare ; du lat. locare, louer, proprement placer, de locus, lieu (voy. LIEU).

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Phonétique du mot « louer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
louer lwe

Fréquence d'apparition du mot « louer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « louer »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « louer »

  • C'est une erreur de la méchanceté humaine de louer toujours le passé et de dédaigner le présent.
    Tacite
  • C'est un grand signe de médiocrité de louer toujours modérément.
    Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues — Réflexions et Maximes
  • Attends la mort pour louer la vie, et le soir pour louer le beau jour.
    Proverbe espagnol
  • Nous voulons tous louer à l'année et nous ne pouvons jamais louer que pour une semaine ou un jour : c'est l'image de la vie.
    Jean Anouilh — Le rendez-vous de Senlis
  • La modestie est l'art de se faire louer une seconde fois.
    Jacques Dutronc — Pensées et répliques
  • Il ne faut pas louer le gué avant de l'avoir passé.
    Proverbe français
  • Generation Voyage vous guide pour savoir comment faire, où louer votre bateau à Annecy, et quelles précautions prendre pour une navigation sereine.
    GenerationVoyage — Location de bateau à Annecy : comment faire et où ?
  • Trop d'économie à louer les autres annonce une grande indigence et beaucoup d'avidité.
    Plutarque — Comment écouter
  • Parce qu’elle implique de louer son véhicule à un tiers, la pratique de l’autopartage impose en revanche de souscrire une assurance spécifique. Des plateformes dédiées telles que Ouicar.fr et Getaround.com l’incluent dans leurs services, permettant au propriétaire de ne pas subir de malus si le locataire a un accident avec son véhicule. Ce dernier devra par contre s’acquitter des frais de franchise souvent élevés (800 euros en moyenne).
    Objets, voiture, maison… Faut-il prendre une assurance pour la location entre particuliers ?
  • Ne pas louer son siècle est parler à des sourds.
    Jean de La Fontaine — Lettre
Voir toutes les citations du mot « louer » →

Traductions du mot « louer »

Langue Traduction
Anglais to rent
Espagnol rentar
Italien affittare
Allemand mieten
Chinois
Arabe للإيجار
Portugais alugar
Russe арендовать
Japonais 賃借する
Basque alokatu
Corse affittu
Source : Google Translate API

Synonymes de « louer »

Source : synonymes de louer sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « louer »

Combien de points fait le mot louer au Scrabble ?

Nombre de points du mot louer au scrabble : 5 points

Louer

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