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Faveur

Variantes Singulier Pluriel
Féminin faveur faveurs

Définitions de « faveur »

Trésor de la Langue Française informatisé

FAVEUR1, subst. fém.

A.− [Avec une idée de préférence]
1. [Du point de vue de celui qui est à la source de la faveur accordée]
a) [Comme état plus ou moins durable] Au sing. Disposition ou attitude bienveillante envers une personne préférée. Honorer (qqn) de sa faveur; marque de faveur; faveur du roi; se concilier la faveur (de qqn). Il s'était adroitement maintenu auprès de l'empereur de France entre la faveur et la disgrâce (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 2, 1817, p. 180).Toute la faveur de M. de Charlus se porta après le mariage de sa fille adoptive sur le jeune marquis de Cambremer (Proust, Fugit.,1922, p. 673):
1. ... Fédor se disait : « C'est donc là cette petite paysanne, qui, à force d'adresse normande et de complaisances bien calculées, a su gagner la faveur de ma mère, et, qui plus est, la sait conserver. » Stendhal, Lamiel,1842, p. 118.
− Dans le domaine relig.Soutien du ciel. Il eut « assez d'esprit » pour y voir une marque de la faveur divine (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 49).Sa bénédiction attirait sur ses amis généreux la faveur du ciel et la chance, et sur les autres l'infortune (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 198).
Avec faveur. Avec bienveillance. Écouter, accueillir (qqn) avec faveur. Il me parle avec faveur d'un ouvrage analogue de Lévy-Bruhl (Barrès, Cahiers,t. 9, 1912, p. 403).[La lettre] où il nomme avec faveur chacun des membres de notre famille (Montherl., Port-Royal,1954, p. 1011).
De faveur. Obtenu par faveur. Traitement, tour, abonnement, entrée de faveur. Là sont les spectateurs de marque et les places de faveur (Gide, Journal,1896, p. 71).À la maison, on ne laissait rien perdre : ni un croûton de pain, ni un bout de ficelle, ni un billet de faveur, ni aucune occasion de consommer gratis (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 67).
b) P. méton. [Comme action partic., ponctuelle] Au sing. ou au plur.
Marque de bienveillance et de préférence envers quelqu'un. Demander, accorder, obtenir une faveur; combler (qqn) de faveurs; accueillir une faveur. Peu à peu, ayant dû refuser plusieurs faveurs au préfet, il avait senti un grand froid entre eux (Zola, E. Rougon,1876, p. 326).Entré au ministère par faveur exceptionnelle, il avait eu à endurer bien des misères (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Hérit., 1884, p. 468):
2. Ses mœurs consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour toute la soirée, et à rentrer vers minuit, à l'aide d'un passe-partout que lui avait confié Madame Vauquer. Lui seul jouissait de cette faveur. Balzac, Goriot,1835, p. 23.
♦ Dans le domaine relig.Grâce particulière. Dieu n'accorde la faveur de ces révélations qu'aux hommes de bonne volonté (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 184).
Par faveur (spéciale). À titre exceptionnel. Il avait son cours des dames, auquel je suis admis par grande faveur (J.-J. Ampère, Corresp.,1827, p. 434).
Tenir à faveur (vieilli). Si vous n'êtes pas ici je tiendrai encore à grande faveur que vous vouliez bien m'attendre en Angleterre (Staël, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 178).
Emploi fréq. Faire une faveur (à qqn). Vous me faites l'extrême faveur de prendre ma maison pour une auberge (Delécluze, Journal,1825, p. 160).Si vous voulez me faire une faveur, déliez-moi la main droite une seconde (Camus, Révolte Asturies,1936, IV, p. 435).
La faveur de + inf. En jouant ainsi, j'obtins la faveur de lui baiser la main (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 165).Il réclama la faveur d'être pensionnaire (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 76).
P. ext., rare. Avantage accordé. Une série de domaines nourriciers (...) participant à l'envi aux faveurs d'un climat ensoleillé (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 137).
2. [Du point de vue du bénéficiaire qui reçoit la faveur]
a) [Le bénéficiaire est une pers.] Considération dont quelqu'un est l'objet. Faveur populaire, publique; conquérir la faveur de qqn; regain de faveur. La faveur des gens du monde bien élevés devenait le suprême criterium du bien (Renan, Souv. enf.,1883, p. 167).Les ingénieurs jouissaient alors dans la société d'une faveur qu'ils n'ont pas entièrement conservée (France, Vie fleur,1922, p. 438).
Être en faveur (auprès de qqn). Jouir d'une grande considération. On nous dit que vous êtes en faveur près de MmeG. (Courier, Lettres Fr. et It.,1806, p. 718).Lucien, très en faveur auprès des hommes qui exerçaient le pouvoir (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 81).Êtes-vous en faveur à l'archevêché? (France, Orme,1897, p. 118).
b) [Le bénéficiaire est une chose] Appréciation positive hors de l'ordre commun. Prendre, perdre faveur. Les idées monarchiques reprennent faveur (Balzac, E. Grandet,1834, p. 241).Les libertés sont passées de mode, et ce n'est pas M. Brisson qui se propose de les remettre en faveur (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 481).L'art direct, sommaire et ramassé, qui trouve aujourd'hui faveur (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 211).
(Être) en faveur. La cuisine et ses douceurs furent en grande faveur chez les Athéniens (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 263).Cette sagesse toute négative, si en faveur parmi nous (Renan, Avenir sc.,1890, p. 371).
B.− [Sans idée de préférence]
1. Dans le domaine des rapp. amoureux,en gén. au plur. Attentions tendres qu'une femme accorde à un homme. Accorder ses faveurs (à qqn). Pécuchet le matin du même jour s'était promis de mourir, s'il n'obtenait pas les faveurs de sa bonne (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 61).Cette Champmeslé dont il partageait les faveurs avec beaucoup d'autres (Mauriac, Vie Racine,1928, introd., p. 78).
Spéc. Dernières faveurs. Abandon total de soi-même consenti par une femme à l'homme qu'elle aime. J'avais vite obtenu les dernières faveurs de la fille de mes propriétaires (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 264):
3. Incapable de surmonter sa déception, de se passer de cette femme, il la relance, elle le fuit, si bien qu'un sourire qu'il n'osait plus espérer est payé mille fois ce qu'eussent dû l'être les dernières faveurs. Proust, Guermantes 1,1920, p. 160.
2. Loc. prép.
a) En faveur de
Vieilli. Eu égard à. En faveur de mon respect pour tes aïeux, permets-moi de m'asseoir sur la natte à tes côtés (Chateaubr., Natchez,1826, p. 243).En faveur de la solennité, les rideaux qui cachaient habituellement le chœur furent ouverts (Balzac, Langeais,1834, p. 198).
Usuel. À l'avantage, au profit de. Témoignage, testament en faveur de (qqn). Il m'a déshérité en faveur de mon frère (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Surprise, 1882, p. 20).Ça serait un crime de ne pas tout tenter en faveur de la paix (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 141).
En faveur de moi, de toi, de lui, etc. Plus fréq. En ma, ta, sa faveur, etc. Veux-tu que j'abdique en ta faveur? (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 269).Votre renommée m'avait prévenu en votre faveur (Montherl., Reine morte,1942, I, tabl. 2, 5, p. 156).
b) À la faveur de. Grâce à, à l'occasion de. À la faveur de circonstances, des événements. Je te pardonne à la faveur de la nouvelle année (Mallarmé, Corresp.,1865, p. 189).[Je] sentis brusquement, à la faveur de mon baiser, une sorte de pitié nouvelle (Gide, Immor.,1902, p. 376).Ces relations qui ne végètent qu'à la faveur d'un mensonge (Proust, Sodome,1922, p. 615).
Prononc. et Orth. : [favœ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiie-début xiiies. « disposition à accorder un avantage à quelqu'un » (Job, éd. W. Fœrster, p. 317, 34); spéc. 1315 en la faveur de « au bénéfice de » (A. N. S 104 ds Gdf. Compl.); 1580 à la faveur de « grâce à » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, l. 1, chap. 12, p. 67); 1632 dernières faveurs [en parlant d'une femme] (Corneille, Clitandre ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 265, argument); 2. 1557 faveur « écharpe de femme en tissu léger » (Cpte roy. de Julian de Boudeville, fo10 vods Gay); 1690 « ruban étroit » (Fur.). Empr. au lat. class. favor « faveur ». Bbg. Vildé Lot (I.). Fr. mod. 1965, t. 33, pp. 309-310.

FAVEUR2, subst. fém.

[P. réf. à l'écharpe, puis au ruban donné à un chevalier par sa dame] Petit ruban étroit utilisé à des fins décoratives. Noué d'une faveur. Une charmante canne à pêche, ornée d'une faveur à la poignée (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 304).Il sortit de là une douzaine de lettres ceinturées d'une faveur rose, dont il défit le nœud (Gide, Si le grain,1924, p. 452).Des liasses de lettres, entourées de faveurs (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 149).
Prononc. et Orth. : [favœ:ʀ]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. Cf. faveur1.
STAT. − Faveur1 et 2. Fréq. abs. littér. : 5 058. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 855, b) 5 255; xxes. : a) 4 990, b) 5 577.

Wiktionnaire

Nom commun - français

faveur \fa.vœʁ\ féminin

  1. Marque d’une bienveillante attention ou d’une préférence particulière.
    • La soie artificielle. […] Elle jouit donc d’une place de faveur et d’un certain engouement. — (D. de Prat, Nouveau Manuel complet de filature ; 1re partie : Fibres animales & minérales, Encyclopédie Roret, 1914)
    • En Belgique, les chèvres étaient assez nombreuses et jouissaient d’une certaine faveur auprès des campagnards, surtout dans les pays ardennais. — (Paul Diffloth, Zootechnie : Chêvres, porcs, lapins , Encyclopédie agricole J. B. Baillière, & fils, 4e édition, 1918, page 62)
    • La Belote figure parmi les jeux les plus populaires de notre temps. […] Elle inspira même chansonniers et revuistes, et l’extraordinaire faveur dont elle jouit ne paraît guère prête de s’éteindre. — (Frans Gerver, Le Guide Marabout de tous les jeux de cartes, Gérard & Cie, Verviers, 1966, page 51)
  2. (En particulier) Marques de préférence qu’une femme donne à un homme.
    • Il n’a jamais obtenu d’elle la moindre faveur.
    • Les dernières faveurs : Les plus grandes marques d’amour qu’une femme puisse donner à un homme.
    • Il l’abandonna après en avoir obtenu les dernières faveurs. On dit, quelquefois par ellipse dans le même sens :
    • Elle lui a accordé ses faveurs.
    • Il me fallait agir autrement si je voulais obtenir, plus tard, beaucoup plus tard, les faveurs de la belle. — (Jo Barnais, Mort aux ténors, ch. XXI, Série noire, Gallimard, 1956, page 190)
  3. (En particulier) Bienveillance, des bonnes grâces d’un personnage puissant, du public.
    • C'est qu'il a une faveur à me demander : celle d’intercéder pour lui auprès de l’omnipotent grand vizir. Car il paraît qu'il est assez mal noté en haut lieu et il craint de perdre son poste. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 52)
    • Briguer la faveur du peuple.
    • Il obtint un moment la faveur publique.
    • Il doit tout à la faveur, et rien au mérite.
    • C’est la faveur qui l’a placé où il est.
  4. Crédit, du pouvoir qu’on a auprès d’un grand personnage, dont on est aimé, préféré.
    • Sa faveur est grande auprès du ministre.
    • Sa faveur diminue, augmente tous les jours.
    • Abuser de sa faveur.
    • Il est en faveur, en grande faveur.
    • Les personnes en faveur.
    • Prendre faveur, S’accréditer.
    • Cette opinion prend faveur.
    • Place, emploi de faveur, Traitement de faveur, Avancement de faveur : Place, emploi, etc., qu’on accorde aux personnes qu’on veut favoriser.
  5. Se dit encore par opposition à rigueur, à sévérité.
    • Les juges le traitèrent avec faveur.
    • Je ne demande point de faveur, mais justice. On a dit dans le même sens :
    • C’est un arrêt de faveur.
  6. Sorte de ruban étroit et très léger, que les dames donnaient à un chevalier.
    • Dans un tiroir, il y avait trente billets de mille francs, trente, attachés, par paquets de dix, avec des faveurs roses, ainsi que des lettres d’amour… — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Elle n’est vraiment heureuse que dans sa chambre, avec ses chiens, ses poissons rouges, ses bouts de rubans et ses faveurs, ses bouquets de roses et ses rêves bleus ! — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 15)
    • Mimi Pinson chante. Sa romance jolie est sentimentale. En son cœur fleurit la fleur bleue. Et sa chemisette a des faveurs roses qu’on la supplie d’accorder. — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 342)
    • Tchitchikov ouvrait la bouche sans savoir sur quel ton le remercier, quand Manilov tira de dessous sa pelisse un rouleau de papier noué d’une faveur rose. — (Nicolas Gogol, Les Âmes mortes, 1842 ; traduction de Henri Mongault, 1925, page 167)
    • Helmy déposa dans ses mains un écrin enveloppé de faveurs roses, en la priant d’accepter ce souvenir de leur premier baiser. — (Out-el-Kouloub, Nazira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
  7. (Régionalisme) Pâtisserie.
    • Isa apportait parfois des merveilles, des beignets qu’ailleurs en France on appelle des faveurs. — (Claude Dubois, Je me souviens de Paris, Parigramme, Paris, 2007)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FAVEUR. n. f.
Marque d'une bienveillante attention ou d'une préférence particulière. Faveur signalée, extraordinaire, singulière. Faites-moi la faveur de... Combler quelqu'un de faveurs. Recevoir une faveur. Les faveurs du ciel, de la fortune. En termes de Théâtre, Billet de faveur, Billet accordé gratuitement pour une seule représentation. Entrée de faveur, Entrée gratuite accordée à une personne qui n'aurait point le droit de l'exiger. Suspendre les entrées de faveur. Tour de faveur, Décision du comité ou du directeur qui fait passer la représentation d'une pièce avant celle d'autres ouvrages qui la précèdent dans l'ordre de réception. Il a obtenu un tour de faveur. Sa pièce eut un tour de faveur. L'expression Tour de faveur s'applique encore à Toutes les choses qu'on fait passer avant leur tour. Il se dit particulièrement des Marques de préférence qu'une femme donne à un homme. Il n'a jamais obtenu d'elle la moindre faveur. Les dernières faveurs, Les plus grandes marques d'amour qu'une femme puisse donner à un homme. Il l'abandonna après en avoir obtenu les dernières faveurs. On dit, quelquefois par ellipse dans le même sens : Elle lui a accordé ses faveurs. Il se dit encore, particulièrement, de la Bienveillance, des bonnes grâces d'un personnage puissant, du public. Briguer la faveur du peuple. Il obtint un moment la faveur publique. Absolument, Il doit tout à la faveur, et rien au mérite. C'est la faveur qui l'a placé où il est. Il se dit également du Crédit, du pouvoir qu'on a auprès d'un grand personnage, dont on est aimé, préféré. Sa faveur est grande auprès du ministre. Sa faveur diminue. Sa faveur augmente tous les jours. Abuser de sa faveur. Il est en faveur, en grande faveur. Les personnes en faveur. Prendre faveur, S'accréditer. Cette opinion prend faveur. Place, emploi de faveur, Traitement de faveur, Avancement de faveur, Place, emploi, etc., qu'on accorde aux personnes qu'on veut favoriser. Il se dit encore par opposition à Rigueur, à sévérité. Les juges le traitèrent avec faveur. Je ne demande point de faveur, mais justice. On a dit dans le même sens : C'est un arrêt de faveur. Il est aussi le nom d'une Sorte de ruban étroit et très léger. Une faveur bleue, rose. Border quelque chose avec de la faveur. Nouer avec une faveur, avec de la faveur.

EN FAVEUR DE, loc. prép. En considération d'une chose passée, en vue d'une chose à venir, en considération de quelqu'un. On lui pardonna en faveur des belles actions qu'il avait faites. Il a déclaré un tel son héritier en faveur de ce mariage. Il signifie aussi À l'avantage, au profit de. Il a fait son testament, il a testé en faveur d'un tel, en faveur d'un ami. Le jugement est en votre faveur. Je lui parlerai en votre faveur. Ce prince fit beaucoup en faveur des sciences et des arts. Prévenir en faveur de quelqu'un, de quelque chose, En donner d'avance une opinion avantageuse. Cette conduite prévient en sa faveur. Il a su les prévenir en ma faveur. Ce que vous dites me prévient en faveur de votre méthode.

À LA FAVEUR DE, loc. prép. Par le moyen, par l'aide de. Il s'est sauvé à la faveur de la nuit. Il ne s'est dérobé aux recherches de la police qu'à la faveur de son déguisement.

Littré (1872-1877)

FAVEUR (fa-veur) s. f.
  • 1Au sens actif, bienveillance, bonnes grâces, appui donné par un prince, par un personnage puissant, par le public, etc. Enfin, vous l'emportez, et la faveur du roi Vous élève en un rang qui n'était dû qu'à moi, Corneille, Cid, I, 3. Ma faveur fait ta gloire, et ton pouvoir en vient ; Elle seule t'élève et seule te soutient ; C'est elle qu'on adore et non pas ta personne ; Tu n'as crédit ni rang qu'autant qu'elle t'en donne, Corneille, Cinna, v, 1. Songez-y ; vous avez la faveur des soldats, Racine, Mithr. I, 5. Et qui de ma faveur se voudrait honorer, Si mon hymen prochain ne vous peut assurer ? Racine, Iphig. v, 2. La faveur du prince n'exclut pas le mérite et ne le suppose pas non plus, La Bruyère, XII. La faveur prodiguée aux mauvais ouvrages est aussi contraire aux progrès de l'esprit que le déchaînement contre les bons, Voltaire, Oreste, Épître. Barbabou fut tué roide, et le peuple en fut charmé, parce qu'il était laid et que Rustan était fort joli ; c'est presque toujours ce qui décide de la faveur publique, Voltaire, Blanc et noir.

    Absolument. Il doit tout à la faveur.

    Hommes, gens de faveur, personnes qui ne doivent leur élévation qu'à la protection.

    Place, emploi de faveur, place, emploi qu'on accorde à quelqu'un sans qu'il y ait de titres.

    Trouver faveur auprès de quelqu'un, s'en faire favorablement accueillir.

    Prendre faveur, s'accréditer. C'est une marchandise qui prendra faveur. Ce livre a pris faveur rapidement.

    Dans les théâtres, entrée de faveur, entrée gratuite accordée à une personne qui n'y a point de droit. Les entrées de faveur sont supprimées aujourd'hui.

    Billet de faveur, billet accordé gratuitement pour une seule représentation.

    Tour de faveur, décision du comité ou du directeur en vertu de laquelle une pièce est jouée avant d'autres reçues antérieurement.

    Fig. Les faveurs de la fortune, les honneurs, les richesses, etc. Quand la faveur du ciel ouvre à demi ses bras, Corneille, Hor. III, 3. La guerre a ses faveurs ainsi que ses disgrâces, Racine, Mithr. III, 1. Le ciel tonne sur nous ; est-ce faveur ou haine ? Voltaire, Sémir. III, 6.

  • 2Au sens passif, bienveillance, bonnes grâces, appui reçu par quelqu'un ; crédit, pouvoir qu'on a auprès d'un prince, d'un personnage puissant. Le duc par sa faveur vous a blessé les yeux, Rotrou, Vencesl. I, 1. Vous savez que je suis auprès d'elle en quelque espèce de faveur, que j'y ai les accès ouverts…, Molière, les Am. magn. I, 1. Quand je serais en faveur, il ne m'aurait pas mieux reçue, Sévigné, 158. Il est bien juste d'avoir tous les dégoûts de la faveur, quand on en a tous les honneurs, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 6 mai 1698. À mesure que la faveur et les grands biens se retirent d'un homme, ils laissent voir en lui le ridicule qu'ils couvraient, La Bruyère, VI. C'est beaucoup tirer de notre ami, si, étant monté en faveur, il est encore un homme de notre connaissance, La Bruyère, VIII. Il y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident ; ils en sont les premiers surpris et consternés, La Bruyère, ib. Êtes-vous en faveur, tout manége est bon, vous ne faites point de fautes, tous les chemins vous mènent au terme, La Bruyère, ib. La faveur met l'homme au-dessus de ses égaux, et sa chute au-dessous, La Bruyère, ib. Déjà de ma faveur on adore le bruit, Racine, Brit. v, 3. Vous pourriez de Zaïre employer la faveur, Voltaire, Zaïre, II, 1.

    Absolument. La puissance d'un favori. On quitte la royauté pour courir après la faveur, de laquelle les Arabes disent que c'est une fille qui tue bien souvent sa propre mère, Guez de Balzac, De la cour, 7e disc.

    S'attacher, se dévouer à la faveur, rechercher les personnes puissantes. Théodote a une plus douce manie ; il aime la faveur éperdument ; mais sa passion a moins d'éclat ; il lui fait des vœux en secret ; il la cultive, il la sert mystérieusement ; il est au guet et à la découverte sur tout ce qui paraît de nouveau avec les livrées de la faveur, La Bruyère, VIII.

  • 3Bienfait, octroi gracieux, marque d'amitié, de bienveillance. Il le combla de faveurs. Encore se faut-il contenter des honneurs de la paix et recevoir à faveur une dignité que le fils du roi d'Espagne a désirée, Guez de Balzac, liv. II, lett. 2. Je hais jusques aux soins dont m'honorent les dieux, Et je m'en vais pleurer leurs faveurs meurtrières, Racine, Phèd. v, 7. Hélas ! d'où nous viendra cette insigne faveur ? Racine, Athal. III, 7. Pour obtenir les faveurs du roi, on le flatte, Fénelon, Tél. II. Seigneur, s'il est ainsi, votre faveur est vaine ; Quel indigne soldat voudrait briser sa chaîne, Alors que dans les fers son chef est retenu ? Voltaire, Zaïre, II, 1.

    Formule de politesse. Faites-moi la faveur de… ayez la bonté de… Faites-moi la faveur de recommander mon ami.

    Dans la franc-maçonnerie, on dit : J'ai la faveur… au lieu de : J'ai l'honneur d'être, etc.

  • 4 Au plur. Les bonnes grâces d'une femme. Souviens-toi… Que tu me dois ton cœur, que mes faveurs t'attendent, Corneille, Cinna, I, 3. Un amant a fort peu de quoi se satisfaire Des faveurs qu'on lui fait sans dessein de les faire, Corneille, Ment. I, 2. Car aux faveurs d'une belle il eut part, La Fontaine, F. avare. Ils n'ont point de faveurs qu'ils n'aillent divulguer, Molière, Tart. III, 3. Je ne me fierai point à des propos si doux Qu'un peu de vos faveurs après quoi je soupire Ne vienne m'assurer tout ce qu'ils m'ont pu dire, Molière, ib. IV, 5. Elle aimerait mieux mourir que de faire des faveurs à un homme qu'elle aimerait, Sévigné, 135. Louis XIV, lassé de voltiger et de cueillir des faveurs passagères, se fixa enfin à la Vallière, Saint-Simon, 411, 155. L'on faisait brûler les hommes qui avaient eu les faveurs d'une juive, Voltaire, Mœurs 103. Il ne faut publier ni les faveurs des femmes ni celles des rois, Voltaire, Lett. d'Argenson, 18 mars 1749. Or est-il qu'Hérodote ne se douta jamais de ce que nous appelons prince, trône et couronne, ni de ce qu'à l'Académie on nomme faveurs des dames et bonheur des sujets, Courier, Traduct, d'Hérod. Préface.

    Les dernières faveurs, les plus grandes marques d'amour qu'une femme puisse donner à un homme ; et, absolument, dans le même sens : Elle lui accorda ses faveurs. Ils avaient rendez-vous dans les bois le lendemain au lever du soleil pour en venir aux dernières faveurs, Corneille, Clit. Argument.

    Se dit aussi au singulier. On lui faisait toujours quelque faveur, La Fontaine, Orais. Cette expression faveur, signifiant une bienveillance gratuite qu'on cherche à obtenir du prince ou du public, la galanterie l'a étendue à la complaisance des femmes, Voltaire, Dict. phil. Faveur. Écoute, une faveur surprise Pourrait-elle éveiller un amoureux souci ? Où le cœur est, les faveurs sont aussi, Imbert, Jaloux sans amour, II, 2.

  • 5Indulgence, par opposition à rigueur, sévérité. Les juges l'ont traité avec faveur

    On dit dans le même sens : arrêt de faveur ; cas de faveur.

    Ancien terme de commerce. Jours de faveur, les dix jours que l'ordonnance accordait aux marchands, banquiers et négociants, après l'échéance de leurs lettres de change, pour les faire protester.

    Mois de faveur, les deux mois de l'année où le collateur d'un bénéfice pouvait le conférer à celui des gradués qu'il en voulait gratifier. Les mois d'avril et d'octobre étaient des mois de faveur.

    Lettres de faveur, nom qu'on donnait autrefois à des lettres de recommandation. Lorsqu'avec bon congé du cardinal infant Et lettres de faveur nous partîmes de Flandre, Scarron, Jodelet, I, 1.

  • 6Condition favorable, ressource. Afin que, pour nier en cas de quelque enquête, J'eusse d'un faux-fuyant la faveur toute prête, Molière, Tart. v. 1. Trop heureux si bientôt la faveur d'un divorce Me soulageait d'un joug qu'on m'imposa par force ! Racine, Brit. II, 2. Il soulevait encor sa main appesantie, Et, marquant à son bras la place de son cœur, Semblait d'un coup plus sûr implorer la faveur, Racine, Mithr. V, 4.
  • 7Ruban uni et très étroit. Nouer un paquet avec une faveur. On appelait autrefois faveurs, des rubans, des gants, des boucles, des nœuds d'épée, donnés par une dame, Voltaire, Dict. phil. Faveur.
  • 8En faveur de, loc. prép. En considération de. Adieu, ma très chère belle, je vous dirai donc que je vous aime, sans crainte de vous ennuyer, puisque vous le souffrez, en faveur de mon style ; vous faites grâce à mon cœur en faveur de mon esprit, n'est-ce pas justement cela ? Sévigné, 443.

    Au profit, à l'avantage. Il a fait un testament en faveur de son neveu. Les Grecs jugèrent en faveur d'Ulysse, Fénelon, Tél. XIX. C'est la question que l'auteur suppose sans preuve décidée en sa faveur, Bossuet, Var. 2e instr. § 83.

    Dans l'intérêt de, pour la cause de. C'est trop m'importuner en faveur d'un sujet, Corneille, Nicom. III, 2. Il écrivit au sénat en faveur des chrétiens, Bossuet, Hist. I, 10. La Grèce en ma faveur est trop inquiétée, Racine, Andr. I, 2. Tout lui parle, madame, en faveur d'Agrippine, Racine, Brit. I, 1. Sait-il en sa faveur jusqu'où va votre estime ? Racine, Mithr. II, 1. Ce que les dieux ont fait en votre faveur, Fénelon, Tél. IV. L'Épire aussitôt se déclara en faveur de Cassandre, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 129, dans POUGENS.

    Prévenir en faveur de quelqu'un, de quelque chose, en donner d'avance une opinion avantageuse. Cette conduite prévient en sa faveur. Un petit nombre d'amis prévenus en votre faveur, Massillon, Avent, Jugem.

  • 9À la faveur de, loc. prép. Au moyen, à l'aide de. À la faveur de la nuit il s'était sauvé en nageant, Fénelon, Tél. VIII. À la faveur de cet orage il leur échappa, Fénelon, ib. XVII.

    Sous la faveur de, même sens. Marchons sous la faveur des ombres de la nuit, Corneille, Illus. com. III, 7.

    Corneille a dit, avec le même sens, en faveur de, qui n'est pas usité, ou du moins qui l'est avec un sens tout contraire : Jusques en Belle-Cour je vous ai reconduit, Pour voir une maîtresse en faveur de la nuit, Suite du Ment. IV, 4.

HISTORIQUE

XIIe s. [Ceux] ki esgardent com li blandiement de cest siecle sunt decivable, ki ses favors tienent à persecutions, Job, p. 462.

XIVe s. Et sembloit bien à Tarquinius que il avoit plus grant faveur en la court que devant, Bercheure, f° 22, verso. Ne soit… Amours, ne faveur, ne haïne, Ne chose au monde qui t'encline à faire riens de desloial, Machaut, p. 107.

XVe s. En faveur du roy son nepveu, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1380. Se le roy sa faveur donnoit à celui qui le mieux boiroit, Comte ou marquis il me feroit, Basselin, I.

XVIe s. Desquels [preux] chacune [dame] a voulu recevoir Une faveur qu'elle fait apparoistre, à fin que mieux on la puisse congnoistre, Saint-Gelais, 17. Un moulin à la faveur duquel il s'estoit approché, Montaigne, I, 49. Les faveurs et disgraces de la fortune, Montaigne, I, 67. Il void venir Roquemoret bien couvert de pennaches et de faveurs d'une roine, D'Aubigné, Hist. II, 466. Il leva ses blocus pour s'aller camper à la faveur de Valanciennes, D'Aubigné, ib. II, 471. …Son artillerie fut de 16 canons de batterie, le tout esquipé et paié, non à la faveur mais à la crainte, qui lors valloit bien autant, D'Aubigné, ib. III, 5. Les premiers bons services qu'il leur avoit faits, lui apportoient plus de faveur que les dernieres imputations ne lui causoient de defaveur, Amyot, Cor. 61. Il semble que celuy qui porte sur le visage les faveurs de la nature imprimées en une rare et excellente beauté, ayt quelque legitime puissance sur nous…, Charron, Sagesse, I, 6. Aller reconnoistre l'armée de l'ennemi, leur contenance, ordre de bataille et forme de marcher, voire essayer d'entamer quelqu'un de ses escadrons, si quelqu'un de sa portée s'emancipoit de quitter la faveur [protection] des bataillons, Sully, Mém. t. I, p. 418, dans LACURNE.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

FAVEUR, s. f. (Morale.) Faveur, du mot latin favor, suppose plûtôt un bienfait qu’une récompense. On brigue sourdement la faveur ; on mérite & on demande hautement des récompense,. Le dieu Faveur, chez les mythologistes romains, étoit fils de la Beauté & de la Fortune. Toute faveur porte l’idée de quelque chose de gratuit ; il m’a fait la faveur de m’introduire, de me présenter, de recommander mon ami, de corriger mon ouvrage. La faveur des princes est l’effet de leur goût, & de la complaisance assidue ; la faveur du peuple suppose quelquefois du mérite, & plus souvent un hasard heureux. Faveur differe beaucoup de grace. Cet homme est en faveur auprès du roi, & cependant il n’en a point encore obtenu de graces. On dit, il a été reçu en grace. On ne dit point, il a été reçu en faveur, quoiqu’on dise être en faveur : c’est que la faveur suppose un goût habituel ; & que faire grace, recevoir en grace, c’est pardonner, c’est moins que donner sa faveur. Obtenir grace, c’est l’effet d’un moment ; obtenir la faveur est l’effet du tems. Cependant on dit également, faites-moi la grace, faites-moi la faveur de recommander mon ami. Des lettres de recommandation s’appelloient autrefois des lettres de faveur. Sévere dit dans la tragédie de Polieucte,

Je mourrois mille fois plûtôt que d’abuser
Des lettres de faveur que j’ai pour l’épouser.


On a la faveur, la bienveillance, non la grace du prince & du public. On obtient la faveur de son auditoire par la modestie : mais il ne vous fait pas grace si vous êtes trop long. Les mois des gradués, Avril & Octobre, dans lesquels un collateur peut donner un bénéfice simple au gradué le moins ancien, sont des mois de faveur & de grace.

Cette expression faveur signifiant une bienveillance gratuite qu’on cherche à obtenir du prince ou du public, la galanterie l’a étendue à la complaisance des femmes : & quoiqu’on ne dise point, il a eu des faveurs du roi, on dit, il a eu les faveurs d’une dame. Voyez l’article suivant. L’équivalent de cette expression n’est point connu en Asie, où les femmes sont moins reines.

On appelloit autrefois faveurs, des rubans, des gants, des boucles, des nœuds d’épée, donnés par une dame. Le comte d’Essex portoit à son chapeau un gant de la reine Elisabeth, qu’il appelloit faveur de la reine.

Ensuite l’ironie se servit de ce mot pour signifier les suites fâcheuses d’un commerce hasardé ; faveurs de Vénus, faveurs cuisantes, &c. Article de M. de Voltaire.

Faveurs, (Morale & Galanterie.) Faveurs de l’amour, c’est tout ce que donne ou accorde l’amour sensible à l’amour heureux ; ce sont même ces riens charmans qui valent tant pour l’objet aimé : c’est que tout ce qui vient de sa maîtresse est d’un grand prix ; la fleur qu’elle a cueillie, le ruban qu’elle a porté, voilà des thrésors pour celle qui les donne & pour celui qui les reçoit. Les faveurs de l’amour, toutes plus précieuses & plus aimables, se prêtent des secours & des plaisirs égaux ; c’est qu’elles ont toutes une valeur bien grande ; c’est que toûjours plus touchantes à mesure qu’elles se multiplient, elles conduisent enfin à celle qui les couronne & qui les rassemble. Parlerons-nous de ces mysteres, sur lesquels il n’y a que l’amour qui doit jetter les yeux ; instant le plus beau de la vie, où l’on obtient & où l’on goûte tout ce que peut donner de voluptueux & de sensible, la possession entiere de la beauté qu’on aime ? Ne disons rien de ces plaisirs, ils aiment l’ombre & le silence.

Les faveurs mêmes les plus legeres, doivent être secretes ; il ne faut pas plus avoüer le bouquet donné, que le baiser reçu. Lisette attache une rose à la houlette de Daphnis : ce berger peut l’offrir aux yeux de ses rivaux jaloux ; mais aussi discret qu’il est heureux, Daphnis content joüit en secret de sa victoire : il n’y a que lui qui sait que Lisette a donné ; il n’y a qu’elle d’instruite de sa reconnoissance. Imitons Daphnis. Cet article est de M. de Margency.

Faveur, (Jurisp.) est une prérogative accordée à certaines personnes & à certains actes.

Par exemple, on accorde beaucoup de faveur aux mineurs, & à l’Eglise qui joüit des mêmes priviléges.

La faveur des contrats de mariage est très-grande. On fait des donations en faveur de mariage, c’est-à-dire en considération du mariage.

Les principes les plus connus par rapport à ce qui est de faveur, sont que ce qui a été introduit en faveur de quelqu’un, ne peut pas être rétorqué contre lui ; que les faveurs doivent être étendues & les choses odieuses restraintes : favores ampliandi, odia restringenda. Voyez cod. lib. I. tit. xjv. l. 6. & ff. liv. XXVIII. tit. ij. l. 19.

On appelle jugement de faveur, celui où la considération des personnes auroit eu plus de part que la justice.

Il ne doit point y avoir de faveur dans les jugemens ; tout s’y doit régler par le bon droit & l’équité, sans aucune acception des personnes au préjudice de la justice : mais il y a quelquefois des questions si problématiques entre deux contendans dont le droit paroît égal, que les juges peuvent sans injustice se déterminer pour celui qui par de certaines considérations mérite plus de faveur que l’autre. (A)

Faveur, (mois de) Jurispr. Voyez Mois de Faveur.

Faveur, (Commerce.) On appelle, en termes de Commerce, jours de faveur, les dix jours que l’ordonnance accorde aux marchands, banquiers & négocians, après l’échéance de leurs lettres & billets de change, pour les faire protester.

Ces dix jours sont appellés de faveur, parce que proprement il ne dépend que des porteurs de lettres de les faire protester dès le lendemain de l’échéance ; & que c’est une grace qu’ils font à ceux sur qui elles sont tirées, d’en différer le protêt jusqu’à la fin de ces dix jours. Voyez Jours de grace.

Le porteur ne peut néanmoins différer de les faire protester faute de payement au-delà du dixieme jour, sans courir risque que la lettre ne demeure pour son compte particulier.

Les dix jours de faveur se comptent du lendemain du jour de l’échéance des lettres, à la reserve de celles qui sont tirées sur la ville de Lyon, payables en payemens, c’est-à-dire qui doivent être protestées dans les trois jours après le payement échû, ainsi qu’il est porté par le neuvieme article du reglement de la place des changes de Lyon, du 2 Juin 1667.

Les dimanches & fêtes, même les plus solennelles, sont compris dans les dix jours de faveur.

Le bénéfice des dix jours de faveur n’a pas lieu pour les lettres payables à vûe, qui doivent être payées si-tôt qu’elles sont présentées, ou faute de payement, être protestées sur le champ. Voyez Lettres de change. Dictionn. de Commerce, de Trév. & de Chambers. (G)

Faveur se dit aussi, dans le Commerce, lorsqu’une marchandise n’ayant pas d’abord eu de débit, ou même ayant été donnée à perte, se remet en vogue ou redevient de mode. Les taffetas flambés ont repris faveur. Dictionn. de Comm. de Trév. & Chambers. (G)

Faveur s’entend encore du crédit que les actions des compagnies de Commerce, ou leurs billets, prennent dans le public ; ou, au contraire, du discrédit dans lequel ils tombent. Dictionn. de Comm. (G)

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Étymologie de « faveur »

Provenç. et espagn. favor ; ital. favore ; du lat. favorem, de favere, favoriser, tenant au radical sanscrit , purifier.

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(fin XIIe siècle) Du latin favor. Le sens de « ruban donné à un chevalier par sa dame » apparaît en 1564.
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Phonétique du mot « faveur »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
faveur favœr

Évolution historique de l’usage du mot « faveur »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « faveur »

  • Ne demande pas comme une faveur ce que tu peux obtenir par la force. De Miguel de Cervantès , 
  • La beauté est une demi-faveur du ciel, l’intelligence est un don. De Proverbe arabe , 
  • Ne réclamez jamais comme un droit ce que vous pouvez demander comme une faveur. De Anonyme , 
  • Plus haute est la faveur, et plus prompte est la chute. De Destouches / L'ambitieux , 
  • En amour, une faveur qui n'est pas exclusive est une injure. De Jean-Jacques Rousseau , 
  • Plus haute est la faveur et plus prompte est la chute. Philippe Néricault, dit Destouches, L'Ambitieux, I, 7
  • Il n'est pas absolument impossible qu'une personne qui se trouve dans une grande faveur perde un procès. Jean de La Bruyère, Les Caractères, De quelques usages
  • On ne doit pas solliciter comme une faveur ce qui est dû comme une récompense. De Térence / Andria , 
  • La gloire ne donne pas le même éclat que la faveur. De Madame de La Fayette / Zaïde , 
  • La faveur des princes n'exclut pas le mérite, et ne le suppose pas aussi. Jean de La Bruyère, Les Caractères, Des jugements
  • La faveur est la grande divinité des Français. Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, Lettres persanes
  • Dormir ! Renouer la vie passée à la faveur des rêves. De Etienne Tanty / Paroles de Poilus - Lettres et carnets du front , 
  • Ne méprise jamais la dignité en faveur du panache. De Anita Nair / Les Neuf Visages du coeur , 
  • Dans les républiques, le peuple donne sa faveur, jamais sa confiance. De Antoine de Rivarol / Rivaroliana , 
  • Comment ceux qui sont dans la faveur des rois dorment-ils en sûreté ? De Proverbe oriental , 
  • La beauté est une demi-faveur donnée par Dieu, l’intelligence en est une entière. De Proverbe foulfouldé , 
  • Heureux comme une puce qui disposerait d'une entrée de faveur pour une exposition canine. De William O. Henry , 
  • La vertu. Un effort sur soi-même en faveur des autres. De Charles Pinot Duclos / Considérations sur les moeurs de ce siècle , 
  • La femme, indulgente et sensible, est toujours disposée à pardonner en faveur de la bonne intention. De Antoine Gérin-Lajoie / Jean Rivard , 
  • Un chantier à la fois insolite et très sérieux. Car à l’heure où les avis convergent en faveur d’une reconstruction à l’identique de la structure partie en fumée le soir du 15 avril 2019 (lire encadré), l’opération avait pour but de démontrer qu’une reproduction fidèle de la célèbre charpente de la cathédrale (surnommée « la forêt »), dans le respect inconditionnel des techniques du Moyen-Âge, était « possible », voire « facile », ose François Calame. www.paris-normandie.fr, Notre-Dame : dans le pays de Caux, la démonstration en faveur d’une restauration à l’identique
  • Un rassemblement en faveur des sans-papiers a été organisé par le collectif « Personne à la rue dans le Roannais » sous les fenêtres de l’hôtel de ville de Roanne, alors que débutait la séance du conseil municipal, ce jeudi vers 18 heures. , Social | Roanne : un rassemblement en faveur des sans-papiers sous les fenêtres du conseil municipal
  • Ne réclamez jamais comme un droit ce que vous pouvez demander comme une faveur. De Anonyme , 
  • Plus haute est la faveur, et plus prompte est la chute. De Destouches / L'ambitieux , 
  • En amour, une faveur qui n'est pas exclusive est une injure. De Jean-Jacques Rousseau , 
  • Ne demande pas comme une faveur ce que tu peux obtenir par la force. De Miguel de Cervantès , 
  • La beauté est une demi-faveur du ciel, l’intelligence est un don. De Proverbe arabe , 

Traductions du mot « faveur »

Langue Traduction
Anglais favour
Espagnol favor
Italien favore
Allemand gefallen
Chinois 宠爱
Arabe محاباة
Portugais favor
Russe одолжение
Japonais 好意
Basque favor
Corse favore
Source : Google Translate API

Synonymes de « faveur »

Source : synonymes de faveur sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « faveur »

Combien de points fait le mot faveur au Scrabble ?

Nombre de points du mot faveur au scrabble : 12 points

Faveur

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