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Grâce

Variantes Singulier Pluriel
Féminin grâce grâces

Définitions de « grâce »

Trésor de la Langue Française informatisé

GRÂCE, subst. fém.

I. − Don accordé sans qu'il soit dû.
A. −
1. Faveur, bénédiction accordée par Dieu. Grâce du ciel; louer le Seigneur de ses grâces; obtenir une grâce. C'est une grande grâce que Dieu m'a faite de ne pas aimer ce qui est défendu (Dupanloup, Journal,1876, p. 29).Mathieu, avant de franchir la porte, appela sur la maison les grâces divines (Queffélec, Recteur,1944, p. 36).Il y a quinze ans que Dieu m'a fait cette grâce particulière, de me rendre pauvre. Mais ce n'est rien; je veux être plus pauvre encore (Montherl., Maître de Sant.,1947, II, 1, p. 630).V. bénédiction ex. 1 :
1. Elle sentait que la grâce que Dieu lui avait accordée en l'unissant à celui qu'elle avait tant aimé ici bas, l'obligeait à une fidélité d'autant plus zélée, à une reconnaissance d'autant plus ardente envers son bienfaiteur céleste. Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 45.
Grâce d'état. Grâce accordée en raison des devoirs, des obligations difficiles attachés à un état ou à une fonction particulière. Ses malheurs lui communiquaient une sagesse supérieure. Il sentait descendre en lui des grâces d'état (A. France, Révolte anges,1914, p. 385).
P. ext. Ce qui permet de supporter une situation difficile, pénible. Pour être un véritable comédien, il faut avoir une grâce d'état, car le théâtre, plus qu'une profession, est une passion (Arts et litt.,1936, p. 64-10).
Expressions
An de grâce [À propos des années de l'ère chrétienne : an de la grâce de Dieu] V. an A 3 a ex. de Stendhal.Havre de grâce. V. hâvre B 1 ex. de Green.
C'est la grâce que je vous souhaite. C'est ce que je vous souhaite de mieux :
2. Je ne demande pas à Dieu qu'il vous pardonne les péchés de votre vie qui veulent une autre vie d'expiation; mais seulement ceux que vous avez commis pendant cette lecture. C'est la grâce que je vous souhaite. Péladan, Vice supr.,1884, p. 240.
Locutions
À la grâce de Dieu. [Indique qu'on s'en remet à Dieu] Comme il plaira à Dieu. Je suis un pauvre prêtre qui va à la grâce de Dieu comme les alouettes des champs, marchant dans mon sentier, sans bruit (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 335) :
3. Je m'étendais dans le canot, ne dormant que d'un œil car je me méfiais des lubies du pochard, et la barque, roulant mollement d'un bord sur l'autre, voguait à la grâce de Dieu... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 179.
Par la grâce de Dieu [Formule placée par les souverains devant leur titre] Selon la volonté de Dieu. Charles, par la grâce de Dieu roi des Français, à tous présens et à venir savoir faisons que nous avons vu des lettres de notre père (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-1824, p. 100).
[Par une faveur divine] Ainsi, nul n'est plus esclave, mais fils. S'il est fils, il est aussi héritier par la grâce de Dieu (Mounier, Traité caract.,1946, p. 712).
2. THÉOL. Don gratuit de Dieu qui assure l'homme d'une destinée surnaturelle (grâce habituelle* ou sanctifiante), secours divins qui aident l'homme à résister à la tentation de faire le mal (grâce actuelle*). Résister à la grâce, perdre la grâce. Ceux qui n'ont pas la Grâce sont dans la nécessité de pécher, quoiqu'ils ne soient pas nécessités à un péché particulier; ceux qui ont la grâce sont nécessairement inclinés au bien (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 105).Dieu ne refuse à personne dans l'ordre où nous sommes cette grâce surnaturelle qui est la condition de la connaissance de Dieu (Théol. cath.t. 4, 1, 1920, p. 864) :
4. Pour lui [Luther], tous les philosophes et théologiens médiévaux sont des païens, qui croient que le péché originel a laissé subsister la nature et qu'une fois restaurée par la grâce elle redevient capable d'agir, de progresser, de mériter. Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 222.
En partic. Grâce coopérante*, efficace*, prévenante*, suffisante*.
État de grâce. État de celui qui n'a commis aucun péché mortel ou qui en a été absous :
5. ... de deux choses l'une : ou elle est morte en état de grâce (comme s'exprime l'Église), et alors elle n'a nul besoin de nos prières; ou bien elle est décédée impénitente (c'est, je crois, l'expression ecclésiastique)... Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 186.
P. ext. État de paix intérieure, de bonheur, de bien-être. Aujourd'hui, et depuis même assez longtemps, je suis calme, paix de tête et de cœur, état de grâce dont je bénis Dieu (E. de Guérin, Journal,1836, p. 112).Il faut (...) mettre le visiteur en état de grâce, c'est-à-dire lui procurer un confort visuel sans lequel il ne saurait éprouver aucune jouissance esthétique (Musées Fr.,1950, p. 23).
B. −
1. [En parlant d'une pers.] Faveur qu'on accorde à quelqu'un pour lui être agréable. Grâce inespérée, particulière; accorder, faire, mériter, réclamer, solliciter une grâce; obtenir par grâce; être bénéficiaire d'une grâce; demander, prier, supplier en grâce. Aujourd'hui, c'est un jour de récréation; nous ôtons les chenilles des groseilliers; et par une grâce spéciale, on nous a permis de les ôter avec un petit morceau de bois (Goncourt, Journal,1863, p. 1261).Il y a quelques mois, reprit-elle, je t'ai demandé une grâce, en quittant l'auberge de Mantes, celle de me laisser mourir le jour où la vie de tortures que nous menons, deviendrait intolérable (Zola, M. Férat,1868, p. 288).Albertine, je vous demande en grâce une chose, c'est de ne jamais chercher à me revoir (Proust, Prisonn.,1922, p. 342).L'appel d'une foule qui réclame la flagellation comme une grâce et bénit chacun des coups de verge tombant sur les épaules (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 223).V. amour-propre ex. 87 :
6. ... ce ne sont pas des souhaits que nous ferons entendre, mais la réclamation des droits de l'homme et du citoyen; ce n'est point une grâce que la Nation implore, c'est justice qu'elle demande et qu'elle attend. Marat, Pamphlets, Suppl. Offrande à la Patrie, 1789, p. 50.
Coup* de grâce; délai* de grâce (dr.).
Loc. prép. à valeur causale. Grâce à. À/par la faveur de quelque chose ou de quelqu'un. C'est moi qui l'ai fait, c'est grâce à moi qu'il est auditeur, et il trouvera sa nomination de maître des requêtes dans la corbeille (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 325).Ce n'était plus elle, je ne la reconnaissais que grâce à ses yeux où son identité s'était réfugiée (Proust, Guermantes 1,1920, p. 177).Leur commerce de viandes froides à ceux-là, prenait, grâce à la pullulation des contingents nouveaux, les proportions d'une force de la nature (Céline, Voyage,1932, p. 96).Grâce aux réverbères, on distinguait les arbres dont les branches pliaient et s'arrondissaient déjà, crêtées d'argent (Green, Moïra,1950, p. 209) :
7. ... en errant un jour parmi les décombres, j'avais découvert l'entrée d'un caveau qui, grâce aux éboulements dont elle était masquée, avait échappé aux outrages d'un temps de délire et de destruction. Sand, Lélia,1833, p. 189.
P. iron. Grâce à vos conseils, je suis en passe de perdre du même coup ma fortune et mon honneur : c'est trop de deux. Comment finira cette comédie? (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 201).
Vieilli et littér. Grâces à. Ma santé se rétablit de jour en jour, grâces aux soins qui me sont prodigués, et à un excellent chirurgien (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1633).Ce peuple, aujourd'hui, ne boit, grâces au commerce, que du poison au lieu de vin (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 20).
Par la grâce de. Synon. de grâce à.Toynbee (...) prétendait avoir découvert ces lois par la grâce d'une méthode (L. Febvre, Combats pour hist., De Spengler à Toynbee, 1936, p. 137) :
8. On venait d'improviser, par la grâce de la commandite, des chemins de fer, des mines de charbon, d'or, de mercure, de cuivre, des journaux, des métaux, mille inventions, mille créations toutes plus attrayantes les unes que les autres. Reybaud, J. Paturot,1842, p. 27.
2. Disposition bienveillante d'une personne à l'égard d'une autre personne.
a) Au plur. Les bonnes grâces de qqn. Ses dispositions favorables, ses faveurs. Une fois complètement maître de la volonté de Laurence, il lui serait facile de s'insinuer dans les bonnes grâces des deux barbeaux, qui étaient gens à mener par le nez (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 103) :
9. ... quand elle avait placé pour dix francs de pommade ou de dentelle, elle s'insinuait dans les bonnes grâces de sa clientèle, devenait son homme d'affaires, courait pour elle les avoués, les avocats et les juges. Zola, Curée,1872, p. 370.
SYNT. Attirer, conquérir, gagner, obtenir, perdre, rechercher, rentrer dans, solliciter les bonnes grâces de qqn; accorder, retirer ses bonnes grâces; s'emparer des bonnes grâces de qqn; se recommander aux bonnes grâces de qqn.
b) Au sing. [Dans des expr.]
Avoir la grâce de faire qqc. (vieilli). Avoir la bonté de faire quelque chose. Je jure que si vous avez la grâce d'arriver tout de suite, de me surprendre une fois en bonheur, je suis vouée à vos volontés pour le reste de ma vie (Staël, Lettres L. de Narbonne,1794, p. 245).
Être en grâce auprès de qqn (vieilli). Jouir de sa bienveillance, de sa considération. Le duc répondit fièrement qu'il ne craignait aucun homme vivant, tant qu'il serait en grâce du Roi (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 49).
Avoir qqn en sa grâce (vieilli). Lui accorder sa bienveillance :
10. Le comte de Flandre, instruit de cette dure résolution [mettre le feu], vint conjurer à genoux le Roi d'épargner sa ville : « Mon cousin, dit le Roi, je vous ai aidé et si bien secouru, que vos ennemis sont détruits; cependant, du temps de feu monseigneur mon père, vous aviez alliance avec nos ennemis les Anglais et leur étiez très-favorable. N'y revenez pas désormais, et je vous aurai en ma grâce... » Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 265.
Rentrer en grâce. Regagner la bienveillance de quelqu'un. Il avait même failli passer en police correctionnelle. Depuis cette époque, il rêvait de rentrer en grâce auprès de l'administration, avec des rages jalouses (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 263).Il se sentait chaque jour diminué, compromis, forcé d'imaginer un coup d'éclat, s'il voulait rentrer en grâce près des régisseurs (Zola, Germinal,1885, p. 1428) :
11. ... nous avions repris notre promenade et nous suivions la lisière d'un petit bois. G. ne m'avait pas encore adressé une parole. Je faisais mille efforts inutiles pour rentrer en grâce. Hugo, Rhin,1842, p. 163.
Trouver grâce aux yeux de qqn, devant qqn. Obtenir son indulgence, lui plaire. Un fils trouve toujours grâce devant son père (Delavigne, Enf. d'Édouard,1833, III, 5, p. 114).Vous me permettrez de joindre ici une légende qui pourra vous en donner une idée, et trouvera grâce, j'espère, auprès de vos dames (M. de Guérin, Corresp.,1832, p. 67) :
12. ... le marquis avait des aperçus brillants dont il s'enthousiasmait pendant trois jours. Alors un plan de conduite ne lui plaisait pas, parce qu'il était étayé par de bons raisonnements; mais les raisonnements ne trouvaient grâce à ses yeux qu'autant qu'ils appuyaient son plan favori. Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 439.
c) [En usage dans les pays anglo-saxons] Titre d'honneur donné aux ducs, aux archevêques et autrefois au roi d'Angleterre. Votre Grâce, Sa Grâce :
13. Leurs excellences européennes veulent, dit-on, se couper la gorge; l'Anglais défie l'Allemand. Celui-ci, plus rusé, lui joue un tour de diplomate, gagne le postillon de Milord, qui verse Sa Grâce dans un trou, pensant bien lui rompre le cou. Mais l'Anglais roule jusqu'au fond sans s'éveiller, et cuve son vin... Courier, Pamphlets pol., Lettres partic. 2, 1820, p. 71.
C. −
1. DR. Remise partielle ou totale d'une peine et en particulier remise de la peine capitale par le chef de l'État. Demander sa grâce, la grâce de qqn; implorer sa grâce, obtenir la grâce de qqn. À la justice, un cinquième directeur exploitait le chapitre des grâces et des commutations de peine (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 312).Grâce pour qui? cria-t-il. Peppino resta immobile, muet et haletant. − Il y a grâce de la peine de mort pour Peppino (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 506) :
14. ... Ernest IV répétait souvent que l'essentiel était surtout de frapper les imaginations. Toujours est un grand mot, disait-il, et plus terrible en Italie qu'ailleurs : en conséquence, de sa vie il n'avait accordé de grâce. Stendhal, Chartreuse,1839, p. 111.
En partic. Demande*, pourvoi*, recours* en grâce; grâce amnistiante*.
Droit de grâce. Droit pour un chef d'état d'accorder cette remise de peine. Exercer le droit de grâce. Le droit de grâce est de tradition monarchique. Il consiste dans la faculté pour le chef de l'État de dispenser un condamné de l'exécution de tout ou partie de sa peine (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 561).
Faire grâce. Je suis innocent. Voilà quatorze ans que je grelotte dans une cage de fer. Faites grâce, Sire! Vous retrouverez cela dans le ciel (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 495).Vous êtes un vrai roi, puisque vous savez faire grâce. Et qu'y a-t-il de plus doux? Un pendu ne saurait être utile à âme qui vive (Banville, Gringoire,1866, 9, p. 63).
Faire grâce (à qqn) de la vie. L'épargner, lui laisser la vie sauve. Cet homme vous apportait du poison, et il s'est tué lui-même sans le savoir. Nous lui avions fait grâce de la vie, nous; mais Dieu a été moins clément, et il a voulu que la justice éternelle eût son cours (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 284).
Donner grâce de la vie à qqn (vx). Son procès lui avait été fait; le Parlement avait prononcé la forfaiture. Grâce de la vie lui fut donnée, mais il perdit toutes ses seigneuries (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 239).
P. ell. Veux-tu vivre? lui dit-elle. Le veux-tu? − Oh! murmura-t-il avec un cri de joie, je ferai tout ce que vous voudrez; mais grâce pour la vie! (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859p. 270).
Crier, demander, implorer grâce. Supplier, implorer la pitié de quelqu'un (afin d'être épargné) :
15. Il s'est fait amener, des prisons de la ville, Deux voleurs qui se sont traînés à ses genoux, Criant grâce, implorant l'homme maître de tous, Agitant à leurs poings de pesantes ferrailles, Et, curieux de voir s'échapper leurs entrailles, Il leur a lentement lui-même ouvert le flanc... Hugo, Légende, t. 2, 1877, p. 412.
2. Pardon, remise de dette, d'obligation, etc. Bégayant plus que jamais, pleurant, voulant se battre, il implorait sa grâce, comme s'il eût commis un crime. Ses maîtres l'octroyèrent (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 112) :
16. Je te laisse le choix entre deux solutions (...) ou bien nous restons sur nos positions, tu fais ta punition. Nous cherchons à t'aider de toutes les manières et même à obtenir ta grâce auprès de papa... H. Bazin, Vipère,1948, p. 169.
Demander grâce (à qqn). Demander pardon, faire appel à la pitié de quelqu'un. Des sénateurs, des préteurs, des tribuns, se roulaient en larmes aux pieds de leurs esclaves, leur demandant grâce et les suppliant de ne point les déceler (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 295).Il ne se pressait pas, il trouvait drôle, sans doute, de laisser tourner ces dames, de les fatiguer. Elles soufflaient, elles demandaient grâce (Zola, Curée,1872, p. 562).
Demander grâce pour qqc. Demander pardon pour quelque chose. Un sentiment de timidité se mêlait à sa joie, et semblait demander grâce pour son triomphe (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 56).Cette énumération n'est à autre fin que de vous demander grâce pour mon barbouillage (Balzac, Corresp.,1831, p. 505).Ce sont ces principes que nous allons entreprendre d'indiquer, en demandant grâce pour l'aridité des explications techniques (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 105).
De grâce! Par pitié! Dites-moi de grâce comment vous avez pu acquérir par les sens l'idée de quoique (J. de Maistre, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 504).
P. ell. Grâce! Oh! grâce! Ne me tue pas, mon Gennaro! Vivons tous les deux, toi pour me pardonner, moi, pour me repentir! (Hugo, L. Borgia,1833, III, 3, p. 178).
Faire grâce à qqn. Pardonner. Mais comme vous êtes sortis par les avant-postes, vous avez assurément un mot d'ordre pour rentrer. Donnez-moi ce mot d'ordre et je vous fais grâce (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Deux amis, 1883, p. 192).
Faire grâce de qqc. Le donner sans rien attendre en retour :
17. Je n'ai jamais demandé un denier à personne pour mes soins, excepté à ceux qui sont visiblement riches; mais je n'ai point laissé ignorer le prix de mes peines. Je ne fais point grâce des médicaments, à moins d'indigence chez le malade. Balzac, Méd. camp.,1833, p. 61.
3. Au fig. Faire grâce à qqn de qqc. Épargner une chose ennuyeuse ou fastidieuse à quelqu'un, l'en dispenser. Ah! ma chère enfant, fais-moi grâce des leçons que l'on t'a données. Depuis que ton oncle est ici, tu as pris un ton et des manières étudiées qui ne vont pas à ton caractère (Leclercq, Prov. dram., Espr. désordre, 1835, 8, p. 263).Le curé ne lui avait pas fait grâce d'une des misères de l'église : le toit crevé, les vitraux cassés, les murs nus (Zola, Terre,1887, p. 164).− Yvonne : Tu ne connais pas les femmes. − Michel : Je commence à les connaître... − Yvonne : Je te fais grâce de tes grossièretés (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 4, p. 210) :
18. ... je vous indique l'avantage effectif et inappréciable de la vie des lycées, et vous fais grâce des tirades sur les amitiés d'enfance, sur le mélange heureux des castes différentes, etc., etc., toutes déclamations privées de vérité. Gobineau, Pléiades,1874, p. 78.
P. ell., vieilli. Grâce de! Une compagnie étrangère est venue cet hiver (...) proposer le défrichement de la campagne romaine : Ah! Messieurs, grâce de vos cottages et de vos jardins anglais sur le Janicule! (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 438).
II. − Action de reconnaître un bienfait reçu, remerciements.
[Dans des expr. et loc.]
Rendre grâce(s) à. Éprouver de la reconnaissance pour un bienfaiteur, lui témoigner sa gratitude, le remercier. Si le marquis m'aime autant que vous le dites, il doit rendre grâces au destin, qui semble être à ses ordres (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1697).Le solitaire vous rend grâces de lui avoir envoyé ce doux, profond et poignant livre (Hugo, Corresp.,1862, p. 428) :
19. Monsieur (...) je vous dois la vie de mon fils, et pour ce bienfait je vous bénis. Maintenant je vous rends grâce pour le plaisir que vous me faites en me procurant l'occasion de vous remercier comme je vous ai béni, c'est-à-dire du fond du cœur. Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 610.
Rendre grâce(s) au Seigneur. Il alla dans le temple pour rendre grâce aux dieux des victoires qu'il avait remportées (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 177).Je rends grâces au ciel d'avoir été élevé comme un sauvage, repris-je; cela me préserve de voir le monde dans cette ennuyeuse uniformité (Duras, Édouard,1825, p. 129).
Absol. Ceux qui s'agenouillent soir et matin pour rendre grâce ne passent jamais indifférents devant un cercueil (Sand, Lélia,1833, p. 302).
Loc. Grâce(s) à Dieu, au ciel. Grâce(s) en soi(en)t rendue(s) à Dieu, au ciel. Mais votre missive, grâces aux dieux, m'est arrivée tantôt comme une brise rafraîchissante, comme un véritable dictame! (Flaub., Corresp.,1872, p. 418).C'est un village, et pas une ville; les rues, grâce au ciel, ne sont pas pavées; les averses y roulent en petits torrents, secs au bout de deux heures (Colette, Cl. école,1900, p. 8).
Action(s)* de grâce(s).
Les grâces. Prière dite après le repas afin de remercier Dieu. Le dîner était terminé; M. Bruno récita les grâces (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 34).
Mille grâces (vieilli). Mille mercis, mille fois merci. Mille grâces, mon cher Monsieur, des bonnes nouvelles que vous me donnez de la santé de M. de Chateaubriand (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres,1847, pp. 211-212).
III. − Aspect agréable, agrément qui s'attache à l'apparence.
A. − [En parlant d'un être vivant]
1. Agrément particulier, charme attaché à la personne, à son air, à ses manières. Sa taille souple et déliée donnait à ses mouvements une grâce que son rigorisme ne pouvait atténuer (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 217).Grande, mince, élancée, un peu frêle, elle avait la grâce ondoyante et flexible d'une tige en fleur balancée par le vent (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 93).Cette femme (...) jouait de l'éventail avec la grâce nonchalante de l'Espagnole (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 90).Elle trouva qu'Émilia parlait fort, que ses gestes, expressifs sans doute, l'étaient au point de manquer de grâce (Maurois, Ariel,1923, p. 271) :
20. Il était blond, rose, frais, très fin et très souple dans son costume sévère, avec des joues de jeune fille et des mains délicates; il avait l'allure vive et naturelle, quoique réprimée. Tout en lui était charme, élégance, et presque volupté. La beauté de son regard corrigeait cet excès de grâce. Hugo, Travaill. mer,1866, p. 233.
P. iron. Le soir, M. du Poirier s'approcha de Sanréal avec la grâce d'un bouledogue en colère; ses petits yeux avaient le brillant de ceux d'un chat irrité (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 200).
SYNT. Grâce affectée, agaçante, altière, auguste, charmante, courtoise, dégingandée, efféminée, enfantine, enjouée, élancée, étudiée, exquise, fascinante, féline, féminine, florentine, fugitive, furtive, hardie, imposante, infinie, insouciante, irréelle, maniérée, minaudière, molle, mutine, naïve, naturelle, obséquieuse, parfaite, perverse, piquante, polissonne, sauvage, séductrice, sensuelle, touchante; grâce dans l'attitude, les manières, les mouvements; grâce de manières, de mouvements; grâce de l'embonpoint, d'un sourire; grâce des attitudes, des apparences, des gestes; déployer de la grâce, manquer de grâce; accueillir qqn, causer, dire qqc., s'éventer, présider, saluer, sourire, tomber avec grâce; être dénué de toute grâce.
En partic., au plur. Les attraits physiques (féminins). Sa taille était svelte, et les grâces de son corsage fleurissaient déjà (Balzac, Lys,1836, p. 243).L'abbé Surin, la taille un peu renversée, développait les grâces de son buste (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1056).Une longue robe de gaze blanche moulait merveilleusement les grâces de sa taille et de son corsage (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 78).Elle doit plaire, et pour plaire déployer ses sortilèges, multiplier ses charmes ou acquérir par artifice les grâces que la nature lui aura refusées (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 185).
Jeu des grâces. ,,Jeu analogue au jeu de volant, et qui se joue avec un petit cerceau et des bâtonnets, ainsi nommé parce que les bras s'y développent avec grâce`` (Guérin 1892; dict. xixeet xxes.). Après le déjeuner, Madame [Sand] fait une partie de grâces avec Jacques (Agenda, in Corresp. Sand-Dorval, 13 août, 329-30 ds Quem. DDL t. 2, p. 117).
P. méton. Les (trois) Grâces. Trois déesses, Aglaé, Euphrosyne et Thalie, qui étaient les compagnes de Vénus et qui personnifiaient le don de plaire. L'Albane est avant tout un peintre gracieux. Il aime à représenter Vénus à sa toilette et entourée par les Grâces (Ménard, Hist. beaux-arts,1882, p. 164).
P. ext. Femme qui a beaucoup d'agrément, de charme. Avec une gentillesse suprême, serrant les dents et écartant les lèvres, elle souffla contre Jean Valjean. C'était une Grâce copiant une chatte (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 687).
2. [Dans les relations soc.]
a) Loc. Bonne grâce. Amabilité, affabilité. Bonne grâce charmante, chevaleresque, flatteuse, joyeuse; accueillir qqn avec bonne grâce. Ils ont été tous deux pour moi d'une bonne grâce extrême, m'ont donné des livres, leurs portraits, celui de la bonne femme qui leur a raconté la plupart des histoires de leur recueil (J.-J. Ampère, Corresp.,1827, p. 439).Elle avait une démarche factice, saccadée, comme certains oiseaux, et une façon de parler minaudière, mais beaucoup de bonne grâce et d'amabilité (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 754).Il charmait cependant, par une espèce de bonne grâce et de politesse rustique dont il usait avec un sûr génie (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 62) :
21. ... la jeune femme qu'il avait amenée on ne savait d'où, s'était fait pardonner et aimer de toute la ville, par une bonne grâce, par une beauté aimable, auxquelles les provinciaux sont plus sensibles qu'on ne le pense. Zola, Conquête Plassans,1874, p. 980.
Mauvaise grâce. Mauvaise volonté. Ces inquiétudes, ces protestations, il faut l'avouer, nous semblent tant soit peu justifiées, quand nous voyons la mauvaise grâce que l'on met à nous faire connaître l'emploi de cet argent (Barrès, Cahiers, t. 8, 1910, p. 140).Sans élan, mais sans mauvaise grâce, elle avait jusqu'à ce jour assisté la bonne Alice dans le rude travail de la cuisine et de la table (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 198).Mon père avait invité son ami à venir habiter chez nous, ce que maman supportait avec mauvaise grâce (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 113).
Avoir bonne/mauvaise grâce à/de faire qqc. Être bien/mal venu de. Ils ont bonne grâce après cela de nous chanter leur vol sublime et leur marche rapide vers la perfectibilité! (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 16) :
22. ... il n'existe pas d'écrivain plus passionné que cet érudit. Nous aurions mauvaise grâce à nous en plaindre, car c'est cette passion même qui donne au style de l'abbé Bremond cette verve parfois féroce et qui nous enchante... Mauriac, Journal 1,1934, p. 98.
De bonne/mauvaise grâce. Volontiers/à contrecœur. Le souper étant prêt, je priai le scheik de vouloir bien le partager avec nous. Il accepta de bonne grâce, et parut fort amusé de la manière de manger des Européens (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 202).On acceptait de mauvaise grâce le prétexte de sa santé; elle qui n'était jamais plus fraîche que le lendemain d'un bal (Gozlan, Notaire,1836, p. 239).
b) Au plur., souvent iron. Manières recherchées, étudiées, affectées. Lucien crut entrevoir que Son Excellence cherchait à se donner des grâces imposantes (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 292).Aussi, donnait-il le ton à ces messieurs, lorsqu'il jouait au billard, avec des grâces étudiées, développant ses hanches, arrondissant les bras et les jambes, se couchant à demi sur le tapis, dans une pose cambrée qui donnait à ses reins toute leur valeur (Zola, Ventre Paris,1873, p. 850).
Se faire des grâces. Se faire des politesses, des amabilités. Elle et le libraire se disent vous, et se font des grâces fort distantes (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 179) :
23. ... elle se faisait des grâces devant la glace qui la reflétait en pied, faisant trois pas en avant, quatre en arrière, se tirant cérémonieusement la révérence comme une petite fille qui se prend pour une princesse et s'imagine vivre un conte de fées... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 87.
Sacrifier aux grâces. Prendre plaisir à la vie mondaine, superficielle, à des manières recherchées, affectées :
24. Ce prince est très brave, très loyal, très bon officier de cavalerie, mais comme le chef de son ministère, il sacrifie beaucoup aux grâces et se soucie peu des travaux du Gouvernement. Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1851, p. 185.
B. − [En parlant d'une chose] Agrément, attrait qui réside dans l'aspect. Grâce d'une courbe, d'un dessin; grâce des porcelaines. Des vergers d'une grâce inexprimable (Nodier, J. Sbogar,1818, p. 102).Il y a des creux, en des plis inconnus de montagne, d'une beauté terrifiante, et des bords de ruisselets, plats et couverts de lauriers-roses, d'une inimaginable grâce (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Allouma, 1889, p. 1305) :
25. Vers le milieu du jour, il atteignit à un endroit où la nappe d'eau, environnée de saules, formait une espèce de lac. Il s'arrêta pour contempler ce frais et touffu bocage dont la grâce champêtre agit sur son âme. Balzac, Illus. perdues,1843, p. 542.
De mauvaise grâce (littér.). Qui manque de légèreté; sans beauté, disgracieux. À l'extrémité s'élevait un échafaudage de mauvaise grâce dont les profils barbares n'avaient pu être dessinés que par quelque méchant manœuvre (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 140).
En partic., au plur., littér. Les grâces de qqc. Les agréments. Quand ma mère était revenue, expliquant avec lyrisme les grâces et les privilèges de cet appartement visité le matin même, père avait froncé le sourcil (Duhamel, Le Notaire Havre,1933, p. 49).
C. − [En parlant de l'expression, d'un propos, du style, etc.] Qualité de ce qui est exprimé ou exécuté avec élégance. Écrire avec grâce; des impertinences sans grâce. Cette oraison funèbre de la reine, qu'autrefois, Dieu me pardonne! j'avais trouvée presque ennuyeuse, est un chef-d'œuvre de grâce et de pureté (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 184).Voltaire exprime avec beaucoup de grâce et de finesse ce qu'on n'avait peut-être pas grand besoin de lui pour sentir (Gide, Journal,1923, p. 764) :
26. J'ai cherché dans un ouvrage où le fond doit l'emporter sur la forme, et où la fidélité dans les faits et l'exactitude dans l'expression sont les qualités les plus importantes, à être clair et précis; je n'ai rien sacrifié à la grâce aux dépens de la justesse... Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. V.
En partic., au plur. Les grâces du style. Les beautés recherchées du style. Les personnes qui aiment les preuves de sentiment, en trouveront en abondance, ornées de toute la pompe et de toutes les grâces du style, dans le Génie du christianisme (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 310).Lorsqu'il a paré quelque lieu commun des grâces de son écriture, il faut une certaine circonspection pour ne pas s'y laisser prendre (Martin du G., Notes Gide,1951, p. 1409).
Prononc. et Orth. : [gʀ ɑ:s]. [ɑ] s'explique par l'infl. des mots en -asse tels que grasse, lasse, passe (cf. Buben 1935, § 29 et 54). De même dans disgrâce. Mais les mots de la famille du type gracier, gracieux, etc. ont [a]. Leur prononc. en [ɑ] peut être considérée comme négligée. Ds Ac. 1694-1932. Homon. grasse. La docum. donne des ex. du mot écrit sans accent. La disparition de l'accent circonflexe correspond à la tendance de l'orth. mod. Noter au contraire qq. ex. de dér. écrits avec l'accent, d'apr. grâce : grâcier (Courteline, Train 8 h 47, 1888, 2epart., 10, p. 211; Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 210 et Vers réparation, 1899, p. 47; Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 243; Procès Pétain, t. 2, 1945, p. 1057), grâcieusement (Balzac, Annette, t. 4, 1824, p. 177). Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié xes. gratia « bienveillance, faveur » (St Léger, éd. J. Linskill, 46); b) ca 1050 « faveur de Dieu » par la Deu grace (Alexis, éd. Chr. Storey, 362); 2. 1135 « remerciement » rendre graces (Wace, Vie Ste Marguerite, éd. E.A. Francis, 355); 3. a) mil. xiies. « agrément, charme d'une chose » (Jeu Adam, éd. W. Noomen, 249); fin xiies. « id. d'une personne » (Richeut, éd. I.C. Lecompte, 760); b) 1611 avoir bonne grace de (Cotgr.); 4. 1174-76 « pardon, remise bénévole d'une peine encourue » la grace... encontrer (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1267); 1642 interj. grâce! (Corneille, Polyeucte, V, 1); 5. 1564 loc. prép. grâce à (Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible, Paris, p. 158). Empr. au lat. class.gratia « faveur, complaisance; reconnaissance; bonnes grâces; agrément, charme ». Fréq. abs. littér. : 16 470. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 26 621, b) 26 062; xxes. : a) 19 281, b) 21 769. Bbg. Duch. Beauté. 1960, pp. 61-67. - Elkner (B.A.). The Dancer from the dance... Australian journal of French studies. 1973, t. 10, pp. 274-292. - Gall. 1955, p. 59.

Wiktionnaire

Interjection - français

grâce \ɡʁɑs\ ou \ɡʁas\

  1. Ne continuez pas.
    • Grâce ! Ce que vous me dites me peine.
  2. Supplication d’épargner.
    • D’un agile mouvement de patte, le chat saisit la souris et la souleva du sol.
      « Grâce ! » supplia la souris, effrayée. « Je t’en prie ! Ne me mange pas ! »
    • Assourdi par le bourdonnement des insectes, battu par des queues d’oiseau, suffoqué par des haleines, il marchait les bras tendus et les paupières closes comme un aveugle, sans même avoir la force de crier « grâce ! » — (Gustave Flaubert, Trois Contes : La Légende de Saint Julien l’Hospitalier, 1877)

Nom commun - français

grâce \ɡʁɑs\ ou \ɡʁas\ féminin

  1. Ce qui plaît dans les attitudes, les manières, les discours : Un certain agrément, un certain charme indéfinissable.
    • Nous eûmes hier un joli concert suivi d'un bal : on ne connaît ici que le menuet. J'eus le plaisir d'en danser plusieurs avec une Portugaise charmante de seize ans et demi : elle a une taille de nymphe , une physionomie piquante, et la grâce plus belle encore que la beauté, on la nomme Dona Theresa. — (Évariste de Parny, « Lettre à son frère, de Rio-Janéiro, septembre 1773 », dans le recueil Œuvres d'Évariste Parny, tome 1, Paris : chez Debray, impr. Didot l'aîné, 1808, p. 213)
    • On a généralement traité Aucassin comme un conte populaire, dont il fallait mettre en lumière la grâce un peu simplette et la naïveté. — (Albert Pauphilet, note préliminaire des Contes du jongleur, Paris : L’Édition d'Art H. Piazza, 1931, p.VI)
    • Il [son habit de bergère] avait une telle grâce sur elle, que, si son ennemie l’eût vue avec cet habit, elle [Vénus] lui en aurait donné un de déesse en la place. — (Jean de la Fontaine, Psyché, t. II, p. 154)
    • Vous n'êtes pas une femme, vous êtes la femme ! Et, comme suprême parangon de grâces et de beauté, vous vous devez à l’admiration de tous. — (Émile Colombey, Ninon de Lenclos et sa cour, Paris : Adolphe Delahays, 1858, p.117)
  2. (Par extension) Qualité du style qui consiste surtout à exprimer ses pensées d’une manière élégante, sans aucune peine apparente ; c’est l’élégance unie à la facilité.
    • Parler, avec grâce.
    • Les grâces de la diction, soit en éloquence, soit en poésie, dépendent du choix des mots, de l’harmonie des phrases, et encore plus de la délicatesse des idées et des descriptions riantes. — (Voltaire, Dictionnaire philosophique : Grâce)
  3. Faveur qu’on fait à quelqu’un pour lui être agréable, sans y être obligé.
    • Je demande la mort pour grâce ou pour supplice. — (Pierre Corneille, Horace, IV, 7)
    • On lui dit qu’au Japon La fortune pour lors distribuait ses grâces. — (Jean de la Fontaine, Fables, VII, 12)
    • Pour les grâces du roi, il faut toujours les espérer quand on les mérite toujours comme M. de Grignan. — (Marquise de Sévigné, 312)
    • Donnez des grâces aux familles qui augmentent la culture. — (François de Salignac de La Mothe-Fénelon, Les Aventures de Télémaque, XII, 1699)
    • (Figuré) État ou situation agréable que l'on a l'impression d'avoir reçu d'une force supérieur bienveillante.
    • Du grec charis, proche de chara, qui signifie « joie », le mot grâce peut être associé à ce qui est gratuit, à un cadeau. Le bonheur est une grâce qui nous est accordée si nous en cultivons les sources nommées plus haut. — (Christine Michaud et Thomas De Koninck, Le Petit Prince est toujours vivant, Gallimard/Édito, 2020, p. 68)
    • Ainsi les cœurs sont saisis d’une joie soudaine par la grâce inespérée d’un beau jour d’hiver, qui, après un temps pluvieux, vient réjouir tout d’un coup la face du monde. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Autriche, infante d’Espagne, reine de France et de Navarre, prononcée à Saint-Denis, le 1er de septembre 1683)
  4. (Par extension) Bienveillance qu’une personne accorde à une autre, faveur.
    • Le Prince […] ne peut naturellement vous recevoir en ce moment, mais il juge que votre venue est providentielle. Une dernière grâce du ciel, un heureux présage. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 137 de l’édition de 1921)
    • Je puis croire pourtant, Sans trop de vanité, que je suis en sa grâce. — (Molière, Le Dépit amoureux, I, 3)
  5. (Bible, Religion) Aide que Dieu donne aux hommes pour leur salut.
    • En effet, la façon dont le Sauveur s’y prend pour divulguer les grâces réservées à Lourdes est stupéfiante. Afin de les épandre, il ne se borne plus à faire célébrer ses miracles par une propagande toute orale ; non, […] Il en vient aussitôt aux grands moyens. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Mais auparavant, par une pieuse coutume, nous disons quotidiennement notre prière en commun. D’abord parce que cela nous vaut des grâces particulières et ensuite parce qu’il fait moins froid ici qu’au premier étage… — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 25.)
    • J’étais supérieurement calé en matière d’histoire sainte et de doctrine catholique. Je pouvais argumenter avec éclat sur la grâce intérieure, qui est un don surnaturel, à nous accordé par Dieu à cause des mérites de Jésus-Christ, et qui se divise en grâce actuelle et en grâce habituelle, la première étant de caractère transitoire, et la seconde permanente.
      Rien ne m’était étranger de la distribution de la grâce, tantôt justifiante, tantôt sanctifiante. Je savais que la grâce habituelle fait passer l’âme de l’état de péché mortel à l’état de justice ou de grâce. — (Victor Méric,
      Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 248)
    • Il [Dieu] est toujours tout juste et tout bon ; mais sa grâce ne descend pas toujours avec même efficace ; Après certains moments que perdent nos longueurs, Elle quitte ces traits qui pénètrent nos cœurs. — (Pierre Corneille, Polyeucte, I, 1)
    • Nous appelons grâce actuelle une inspiration de Dieu par laquelle il nous fait connaître sa volonté et par laquelle il nous excite à la vouloir accomplir. — (Blaise Pascal, Provençal, IV)
    • Je crois, comme vous, qu’il faut un peu de grâce et que la philosophie seule ne suffit pas. — (Marquise de Sévigné, 96)
    • On peut voir dans le même colloque l’état présent des controverses en Allemagne entre les luthériens et les calvinistes, et on voit que la doctrine constante des théologiens de la confession d’Augsbourg est que la grâce est universelle. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes, XIV, § 106)
    • Les grâces de Dieu ne sont pas seulement pour nous des dons de Dieu, ni des bienfaits de sa miséricorde, mais de grandes charges devant Dieu. — (Louis Bourdaloue, Sermon pour le dimanche de la Sexagésime : Sur la parole de Dieu, t. I, p. 417)
    • Ô grâce, ô rayon salutaire, Viens me mettre avec moi d’accord ; Et, domptant par un doux effort Cet homme qui t’est si contraire, Fais ton esclave volontaire De cet esclave de la mort. — (Jean Racine, Cantique, 3)
    • (Figuré)Je vous ai déjà dit qu’il me fallait du temps [pour faire une tragédie], de la santé et flatus divinus ; j’attends le moment de la grâce. — (Voltaire, Lettre à M. le comte d’Argental, 3 mai 1756)
  6. Pardon, indulgence.
    • Je voudrais comme vous faire grâce à son âge. — (Pierre Corneille, Sertorius, II, 1)
    • Il ne faut point de grâce à qui se voit sans crime. — (Pierre Corneille, Pertharite, V, 2)
    • J’aurais peine, seigneur, à lui refuser grâce. — (Pierre Corneille, Sertorius, I, 3)
    • Reine, voyez pour qui vous me demandiez grâce. — (Pierre Corneille, La Mort de Pompée, IV, 5)
    • Et l’on donne grâce aisément à ce dont on n'est pas le maître [et nous pardonnons aisément des transports dont on n’est pas le maître]. — (Molière, Amphitryon, II, 6)
    • Elle a vu venir le coup sans demander grâce. — (Esprit Fléchier, Mme de Montausier)
    • Dieu ne fait jamais grâce à qui ne l’aime point. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Épîtres, XII, À l’abbé Renaudot, 1695)
    • S’il venait à mes pieds me demander sa grâce. — (Jean Racine, Andromaque, II, 1)
  7. (En particulier) (Justice) Remise de la peine que le prince ou l'autorité exécutive, fait à un condamné.
    • Quelques journaux manquaient à la collection. C’étaient ceux qui relataient comment Charlotte, condamnée à mort, avait vu sa peine commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. Pourquoi cette mesure de grâce ? — (Jules Mary, Les filles de la Pocharde, 1897-1898)
    • J’ai eu ma grâce de cette affaire. - Oui, mais cette grâce n’éteint pas peut-être le ressentiment des parents et des amis. — (Molière, Dom Juan ou le Festin de pierre, I, 2)
    • Le prince perdrait le plus bel attribut de sa souveraineté, qui est celui de faire grâce. — (Montesquieu, De l’esprit des lois, VI, 5)
  8. (Par ellipse) (Histoire) Lettre de grâce.
  9. (Au pluriel) Remerciement, témoignage de reconnaissance.
    • Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain. — (Pierre Corneille, Horace, II, 3)
    • Mme de Lafayette vous rend mille grâces. — (Marquise de Sévigné, 1)
    • Il rendit grâces aux dieux par d’innombrables sacrifices. — (Fénelon, Les Aventures de Télémaque, VIII)
  10. (Au pluriel) Prière que l’on fait après le repas.
    • La pauvre vieille Gerbaud partie, mon frère a dit les grâces, puis il s'est tourné vers cet homme, et il lui a dit : vous devez avoir bien besoin de votre lit. Madame Magloire a enlevé le couvert bien vite. — (Victor Hugo, Les Misérables, I, 2, 4, 1862)
    • Tous récitèrent debout les grâces et Durtal prit rendez-vous avec l’abbé Plomb pour visiter la Cathédrale ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Elle se montrait avant que les élèves eussent quitté le réfectoire, tout exprès pour agacer Santos, qui, ayant déjeuné en grande hâte, et étant obligé de rester à son banc, trépignait d’impatience, prêt à bondir dehors, aussitôt les grâces dites. — (Valery Larbaud, Fermina Márquez, 1911, réédition Le Livre de Poche, page 221)
  11. (Ironique) (Au pluriel) (Vieilli) Air gracieux ; façons gracieuses.
    • En vain je parcourais les promenades d'un petit air vainqueur; je me dandinais, je frappais l'air de ma badine d'ébène, j'arrangeais mes cheveux, je dérangeais ma cravate; en un mot, je me donnais des grâces: rien n'y faisait. — (Édouard Lemoine, Une maison de Bouillotte, dans le Musée français, 1837, vol.2, p.254)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GRÂCE. n. f.
Un certain agrément, un certain charme indéfinissable dans les personnes et dans les choses. Cette femme est belle, mais elle n'a aucune grâce. Elle n'a pas de grâce. Elle est sans grâce. Des grâces touchantes. Des grâces piquantes. La grâce touche plus que la beauté. Danser, marcher, se tenir avec grâce. Il a, il met de la grâce à tout ce qu'il fait. Elle fait tout avec grâce. Il n'a grâce à rien. Un geste, un sourire plein de grâce. Des figures drapées avec grâce. Cette statue manque de grâce. Ce cheval a de la grâce dans les mouvements. La grâce et la légèreté du cerf. Les grâces du style. Parler, s'exprimer avec grâce. Cette expression a de la grâce, Elle donne de l'agrément, du charme à la phrase où elle est placée. Par extension, Bonne grâce, Mauvaise grâce signifient Manière d'être qui plaît ou déplaît au regard. Cette robe a bonne grâce, a mauvaise grâce. Figurément, Avoir bonne grâce, Avoir mauvaise grâce à faire quelque chose signifient Être fondé ou non, être bien ou mal venu à la faire. Il a eu bonne grâce à tenir cette conduite. Il aurait mauvaise grâce à se plaindre d'une chose qu'il a lui-même désirée. Ironiquement, Vraiment, il a, vous avez bonne grâce à prétendre que... De bonne grâce, de mauvaise grâce signifient aussi De bonne volonté, sans répugnance; de mauvaise volonté, avec répugnance. Puisque vous ne pouvez vous dispenser de cela, je vous engage à le faire de bonne grâce. Il s'y est prêté de fort bonne grâce, de la meilleure grâce du monde. Il a fait la chose d'assez mauvaise grâce. Au pluriel, il se dit, en termes de Mythologie, de Trois déesses qui étaient les compagnes de Vénus et dont le pouvoir s'étendait à tout ce qui fait l'agrément, le charme de la vie. Les trois Grâces sont Aglaé, Euphrosine et Thalie. Ce groupe représente les Grâces, les trois Grâces. Fig., Sacrifier aux grâces, se dit par ironie de Quelqu'un qui cherche à mettre de la grâce dans ses manières, dans son style. Il signifie aussi Faveur qu'on fait à quelqu'un sans y être obligé. S'il vous accorde telle chose, ce sera une pure grâce. Je vous demande cette grâce. Accordez-moi cette grâce. Je vous demande cela en grâce. Faire une chose par grâce. Faites-moi la grâce de... Il m'a comblé de grâces. Solliciter, obtenir des grâces. Répandre, distribuer des grâces. On dit, ironiquement et familièrement, Vous me faites là une belle grâce. Fig., Par la grâce de Dieu se dit de Tout ce qui arrive d'avantageux à quelqu'un sans qu'il y ait contribué par ses soins ou par son travail. On dit aussi À la grâce de Dieu, Comme il plaira à la Providence. On dit dans le même sens Cela lui vient de la grâce de Dieu. Coup de grâce. Voyez COUP. Elliptiq., Grâce à Dieu, grâce au ciel; et quelquefois Grâces à Dieu, grâces au ciel, se dit pour marquer que c'est de la bonté de Dieu qu'on tient la chose dont il s'agit. Il se porte mieux, grâce à Dieu. On dit en des sens analogues : Grâce à vous. Grâce à votre bonté. Grâce à vos soins. Grâce à son courage, à sa prudence. Ironiquement, Grâce à votre étourderie. Grâce à leur négligence. En termes de Commerce, Jours de grâce, Dix jours de délai qu'on accordait autrefois à celui sur lequel une lettre de change était tirée. On disait dans le même sens Délai de grâce. Quart d'heure de grâce, Le quart d'heure de retard toléré par les convenances mondaines. Trouver grâce aux yeux de quelqu'un, devant les yeux de quelqu'un, devant quelqu'un, Lui plaire, gagner la bienveillance d'une personne supérieure ou sévère. Être en grâce auprès de quelqu'un, Y être en considération, en faveur. On dit dans le même sens Rentrer en grâce. Bonnes grâces se dit particulièrement de la Faveur ou de la bienveillance, de l'amitié qu'une personne accorde à une autre. Être dans les bonnes grâces de quelqu'un. Rechercher, gagner, obtenir, posséder, perdre les bonnes grâces de quelqu'un. Être dans les bonnes grâces d'une femme, dans ses bonnes grâces, En être aimé. Grâces d'état. Voyez ÉTAT. En termes de Théologie et de Dévotion,

GRÂCE désigne l'Aide et le secours que Dieu. donne aux hommes pour faire leur salut. On ne peut se sauver sans la grâce. Grâce sanctifiante ou habituelle. Grâce actuelle. Grâce efficace. L'opération de la grâce. Coopérer à la grâce. Manquer à la grâce. Les sacrements confèrent la grâce. La grâce du baptême. Être en grâce, en état de grâce. Perdre la grâce. Conserver la grâce. Persévérer dans la grâce. Dieu vous ait en sa sainte grâce! Mourir dans la grâce de Dieu. Demander la grâce de Dieu, sa sainte grâce. Il eut part aux grâces de Dieu. Dieu semble m'avoir retiré ses grâces. An de grâce, se dit de Chacune des années de l'ère chrétienne. Calendrier pour l'an de grâce 1615. En l'an de grâce. Il signifie aussi Pardon, indulgence. Cette action ne mérite aucune grâce. Son extrême jeunesse doit lui faire trouver grâce auprès de vous. Point de grâce au menteur. Demander grâce au lecteur pour les libertés que l'on s'est permises. Crier grâce. Elliptiquement. Grâce, grâce! Il se dit particulièrement d'une Commutation ou d'une Remise de peine accordée à un condamné par le chef de l'État. Il a obtenu sa grâce. Se pourvoir en grâce. Recours en grâce. Demander grâce, Demander la cessation d'une souffrance ou d'une peine. Les peuples surchargés d'impôts demandaient grâce. Au bout du troisième acte, la salle demanda grâce. Lettres de grâce, ou simplement Grâce, Lettres par lesquelles le souverain accordait la grâce d'un criminel. Entériner des lettres de grâce. Signer une grâce. Faire grâce à quelqu'un d'une chose, Ne pas l'exiger de lui ou la lui épargner. Il me devait mille francs, mais je lui ai fait grâce de la moitié. Ils le dépouillèrent de tout ce qu'il possédait, ne lui faisant grâce que de la vie. Il me récita tout son poème, sans me faire grâce d'un hémistiche. Faites-moi grâce de vos observations. Je vous fais grâce du reste. Il signifie aussi Remerciement, témoignage de reconnaissance. Il s'emploie ordinairement dans ce sens avec le verbe Rendre. Je vous rends grâce, je vous rends grâces de ce que vous avez fait pour moi. Il est sauvé : rendons-en grâce au ciel, à Dieu. Chanter un Te Deum en actions de grâces. Au pluriel, il se dit particulièrement d'une Prière que l'on fait à Dieu après le repas, pour le remercier de ses biens. Dire les grâces avant de quitter la table. Il est aussi un Titre d'honneur que l'on donne dans les pays anglo-saxons. Sa Grâce le duc de... Je demande à Votre Grâce...

DE GRÂCE, loc. adv., Par grâce, par pure bonté. De grâce, secourez-moi. De grâce, faites-moi ce plaisir. Modérez-vous, de grâce.

Littré (1872-1877)

GRÂCE (grâ-s') s. f.
  • 1Ce qui plaît dans les attitudes, les manières, les discours (c'est le sens premier et étymologique). Certes, vous avez grâce à conter ces merveilles, Corneille, Ment. I, 5. Et la grâce plus belle encor que la beauté, La Fontaine, Adonis. Clitandre auprès de vous me fait son interprète, Et son cœur est épris des grâces d'Henriette, Molière, F. sav. II, 3. Sa grâce et sa vertu sont de douces amorces, Molière, l'Ét. III, 2. Considérez la princesse ; représentez-vous cet esprit qui, répandu par tout son extérieur, en rendait les grâces si vives, Bossuet, Duch. d'Orl. Le matin elle fleurissait, avec quelles grâces, vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions par lesquelles l'Écriture sainte exagère l'inconstance des choses humaines devaient être pour cette princesse si précises et si littérales, Bossuet, ib. Faites-nous voir, si vous le pouvez, toutes les grâces de cette douce éloquence qui s'insinuait dans les cœurs par des tours si nouveaux et si naturels, Bossuet, Anne de Gonz. Tant de biens, tant de grâces qui accompagnaient la princesse palatine lui attiraient les regards de toute l'Europe, Bossuet, ib. Elle sut conserver avec une grâce, comme avec une jalousie particulière, ce qu'on appelle en Espagne les coutumes de qualité, Bossuet, Mar.-Thér. Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce Qui me charme toujours et jamais ne me lasse, Racine, Esth. II, 7. Oui, vos moindres discours ont des grâces secrètes, Racine, ib. III, 4. Vous savez la grâce dont elle est à cheval, Hamilton, Gramm. 11. C'était même une de ses grâces que de ne point songer à en avoir, Marivaux, Pays. parv. 4e part. Elle l'embellissait de toutes les grâces de son caractère, et ces grâces-là n'ont point d'âge, Marivaux, Marianne, 6e part. La grâce en s'exprimant vaut mieux que ce qu'on dit, Voltaire, Trois manières. La grâce en peinture, en sculpture, consiste dans la mollesse des contours, dans une expression douce ; et la peinture a, par-dessus la sculpture, la grâce de l'union des parties, celle des figures qui s'animent l'une par l'autre et qui se prêtent des agréments par leurs attributs et leurs regards, Voltaire, Dict. phil. Grâce. La voix d'un orateur qui manquera d'inflexion et de douceur sera sans grâce, Voltaire, ib. Tant de prétentions, tant de petites grâces Que je mets, vu leur date, au nombre des grimaces, Gresset, Méchant, IV, 9. La grâce n'appartient guère qu'aux natures délicates, Diderot, Pensées sur la peint. Œuv. t. XV, p. 229, dans POUGENS. L'enfant a de la grâce ; il la conserve dans l'âge adulte, elle s'affaiblit dans l'âge viril, elle se perd dans la vieillesse, Diderot, ib. Qui peut résister aux séductions de la grâce ? fût-elle même dédaigneuse, elle serait encore toute - puissante, Staël, Corinne, VI, 1. Là sous la douleur qui le glace, Ton sourire perdit sa grâce, Lamartine, Méd. II, 1.

    Familièrement et ironiquement. Faire ses grâces, se donner des grâces, vouloir prendre un air gracieux, des façons gracieuses.

    Étaler ses grâces se dit à peu près dans le même sens.

    Bonne grâce, grâce relevée de quelque chose de simple, de franc et de libre. Si quelqu'une est difforme, elle aura bonne grâce, Régnier, Sat. VII. Pleine d'appas, jeune et de bonne grâce, La Fontaine, Or. Pour sa personne, elle vous plairait sans beauté, parce qu'elle est d'une taille parfaite, et d'une bonne grâce à tout ce qu'elle fait, Sévigné, 286. Nous ne sommes pas de votre opinion, Mme de Coligny et moi, sur la critique que vous faites de la maxime qui dit que la bonne grâce est au corps ce que le bon sens est à l'esprit ; nous croyons que M. de la Rochefoucauld veut dire que le corps sans la bonne grâce est aussi désagréable que l'esprit sans le bon sens ; et nous trouvons cela vrai ; nous croyons encore qu'il y a de la différence entre la bonne grâce et le bon air, que la bonne grâce est naturelle, et le bon air acquis ; que la bonne grâce est jolie, et le bon air beau ; que la bonne grâce attire l'amitié, et le bon air l'estime, Bussy-Rabutin, Lett. à Corbinelli, 31 déc. 1678, t. v, p. 512, de SÉV. édit. RÉGNIER. Certain air de dévotion, Lorsque l'on n'est plus jeune, a toujours bonne grâce, Deshoulières, t. II, p. 71.

    Bonne grâce, se dit aussi des choses. Oui, mais notre retour aurait-il bonne grâce ? Mairet, Soliman, I, 2.

    En un sens opposé, mauvaise grâce. Personne de mauvaise grâce.

    Mauvaise grâce, se dit aussi des choses. Que tout cet artifice est de mauvaise grâce ! Corneille, Poly. v, 3. La menace impuissante est de mauvaise grâce, Corneille, Perthar. I, 4. Et ce qui leur sied bien, dans ces commencements, En nous, vieux mariés, aurait mauvaise grâce, Molière, Amph. I, 4. Que la plaisanterie est de mauvaise grâce ! Molière, Mis. I, 1.

    De bonne grâce, volontiers, sans répugnance, sans se faire prier. Nous le recevrons lors de bien meilleure grâce, Corneille, Rodog. II, 3. Cédons de bonne grâce, et d'un esprit content Remettons à Dircé tout ce qu'elle prétend, Corneille, Œdipe, I, 5. Il a voulu faire les choses de bonne grâce, et vous pouvez lui donner ma sœur, Molière, Mar. forcé, I, sc. dern. La bonne grâce qui donne tant de prix aux petits services, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg.

    De mauvaise grâce, avec un air mal gracieux, à regret, comme par contrainte. Il ne sait pas faire les choses de mauvaise grâce, Sévigné, 578. Je n'ai pas assurément à me reprocher d'avoir mal répondu dans mon cœur à ses bontés, mais bien d'y avoir répondu quelquefois de mauvaise grâce, tandis qu'il mettait lui-même une grâce infinie dans la manière de me les marquer, Rousseau, Confess. x.

    N'avoir pas bonne grâce, avoir mauvaise grâce de faire ou à faire telle ou telle chose, faire quelque chose qui est contre la raison ou contre la bienséance. Un fils n'a pas bonne grâce de plaider contre son père. Vous avez mauvaise grâce de parler de la sorte, Hauteroche, Crisp. médec. III, 6.

  • 2Agréments dans les choses, les animaux, La grâce et la légèreté du cerf. Il [son habit de bergère] avait une telle grâce sur elle, que, si son ennemie l'eût vue avec cet habit, elle [Vénus] lui en aurait donné un de déesse en la place, La Fontaine, Psyché, t. II, p. 154. La qualité d'ambassadeur Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires ? Vous puis-je offrir mes vers et leurs grâces légères ? La Fontaine, Fabl. VIII, 4. Tout reçoit dans ses mains une nouvelle grâce, Boileau, Art p. III. Tu [la paix] pares nos jardins d'une grâce nouvelle, Tu rends le jour plus pur et la terre plus belle, Racine, Idylle sur la paix. Les grâces dont la nature a orné la campagne, Fénelon, Tél. II.

    Par extension. Quelque grâce qu'aient à ses yeux [de Jésus-Christ] les larmes d'un pénitent, Bossuet, 1er sermon, Nativité de la Ste Vierge, 1.

    Qualité du style qui consiste surtout à exprimer ses pensées d'une manière élégante, sans aucune peine apparente ; c'est l'élégance unie à la facilité. Les grâces de la diction, soit en éloquence, soit en poésie, dépendent du choix des mots, de l'harmonie des phrases, et encore plus de la délicatesse des idées et des descriptions riantes, Voltaire, Dict. ph. Grâce. L'abus des grâces est l'afféterie, comme l'abus du sublime est l'ampoulé ; toute perfection est près d'un défaut, Voltaire, ib.

    Cette expression a de la grâce, elle donne du charme au passage où elle est placée.

  • 3 Terme de mythologie, qui est la personnification du sens de gracieux. Nom donné aux trois déesses compagnes de Vénus (on met un grand G). Les trois Grâces, Aglaé, Thalie et Euphrosyne. Dans les personnes, dans les ouvrages, grâce signifie non-seulement ce qui plaît, mais ce qui plaît avec attrait ; c'est pourquoi les anciens avaient imaginé que la beauté ne devait jamais paraître sans les Grâces, Voltaire, Dict. phil. Grâce.

    Fig. Sacrifier aux Grâces, avoir une grande élégance dans ses manières, dans ses discours. J'ai sacrifié aux Grâces [dit le hibou], Vénus a mis sur moi sa ceinture dès ma naissance, Fénelon, t. XIX, p. 44.

    Fig. Les Grâces présidèrent à sa naissance, les Grâces ont pris soin de la former, se dit d'une femme, d'un enfant qui a beaucoup de grâces naturelles. Vous parlerai-je de ses pertes et de la mort de ses chers enfants ? ils lui ont tous déchiré le cœur ; représentons-nous ce jeune prince, que les Grâces semblaient avoir elles-mêmes formé de leurs mains ; pardonnez-moi cette expression ; il me semble que je vois encore tomber cette fleur, Bossuet, Marie-Thér.

    On dit dans le même sens : Les récits de cet auteur semblent dictés par les Grâces ; Les Grâces accompagnent ses pas.

  • 4 Terme de tapissier. Les bonnes grâces d'un lit, les étoffes qu'on attache vers le chevet et vers les pieds du lit, pour accompagner les grands rideaux ; il ne se dit plus qu'en parlant des lits à l'ancienne mode. On appelle bonnes grâces les demi-rideaux d'un lit qui sont aux deux côtés du chevet, Voltaire, Dict. phil. Grâce.
  • 5Jeu des grâces, jeu analogue au jeu de volant, et qui se joue avec un petit cerceau et des bâtonnets, ainsi nommé parce que les bras s'y développent avec grâce.
  • 6 Par extension du sens de gracieux, bienveillance qu'une personne accorde à une autre. Je puis croire pourtant, Sans trop de vanité, que je suis en sa grâce, Molière, le Dép. I, 3. Et remettez le fils en grâce avec le père, Molière, Tart. IV, 1. De plus coupables y entraient en grâce dès qu'ils le voulaient, Hamilton, Gramm. 5. Le duc de Bouillon, reçu en grâce à la cour, et raccommodé en apparence avec le cardinal, jura d'être fidèle, Voltaire, Mœurs, 76.

    Être en grâce auprès du prince, ou de quelque personne puissante, lui plaire, avoir sa bienveillance, sa faveur.

    Fig. Être en grâce avec l'argent, avoir de l'argent. Vous voilà donc en grâce avec l'argent comptant, Regnard, Joueur, III, 6.

    Fig. Rentrer en grâce, se plaire de nouveau à. La médiocrité [fortune médiocre] revient, on lui fait place ; Avec elle ils rentrent en grâce, La Fontaine, Fabl. VII, 6.

    Revenir en grâce, plaire de nouveau. Le café pourra revenir en grâce, Sévigné, 478. Bonnes grâces, faveur, bienveillance, amitié. Pour gagner les bonnes grâces du victorieux, Corneille, Ex. de Pomp. Pour acquérir les bonnes grâces de la Vierge Marie, Pascal, Prov. IX. Les Ariens cachèrent leurs erreurs, et rentrèrent dans ses bonnes grâces [de Constantin] en dissimulant, Bossuet, Hist. I, 11. Elle livra aux Romains une place de grande importance, où étaient les trésors de Mithridate, pour mettre son fils dans les bonnes grâces de Pompée, Racine, Mithr. Préf.

    Bonnes grâces, en parlant d'une femme, amour, faveurs. Le bruit commun était qu'il avait eu ses bonnes grâces, avant qu'elle fût mariée, Hamilton, Gramm. 8. Il [Alcibiade] sut si bien gagner les bonnes grâces de la femme du roi Agis, qu'il en eut un fils, qu'on appelait en public Léotychide, mais que sa mère en particulier, parmi ses femmes et ses amies, ne rougissait point d'appeler Alcibiade, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 645, dans POUGENS. Un musicien, David Rizzio, fut trop avant dans ses bonnes grâces [de Marie Stuart], Voltaire, Mœurs, 169.

  • 7Ce qui est accordé à quelqu'un comme lui étant agréable, utile, sans lui être dû strictement (c'est un sens détourné du sens de gracieux, agréable). Je demande la mort pour grâce ou pour supplice, Corneille, Hor. IV, 7. On lui dit qu'au Japon La fortune pour lors distribuait ses grâces, La Fontaine, Fabl. VII, 12. Un fort honnête médecin, dont j'ai l'honneur d'être le malade, me promet et veut s'obliger par-devant notaire de me faire vivre encore trente années, si je puis lui obtenir une grâce de Votre Majesté [un canonicat pour son fils], Molière, Tart. 3e placet. Pour les grâces du roi, il faut toujours les espérer quand on les mérite toujours comme M. de Grignan, Sévigné, 312. Donnez des grâces aux familles qui augmentent la culture, Fénelon, Tél. XI.

    Fig. Ainsi les cœurs sont saisis d'une joie soudaine par la grâce inespérée d'un beau jour d'hiver, qui, après un temps pluvieux, vient réjouir tout d'un coup la face du monde, Bossuet, Marie-Thér.

    Demander en grâce, demander comme une grâce, c'est-à-dire instamment. Elle a demandé en grâce de venir dans le diocèse de Meaux, Bossuet, Lett. quiét. 116.

    Faire la grâce de, formule de politesse. C'est trop de grâce que vous me faites, Molière, Pourc. I, 5. Je ne suis nullement surpris, monsieur, d'apprendre par la lettre que vous m'avez fait la grâce de m'écrire, que plusieurs personnes sont mal édifiées de vous voir communier presque tous les jours, Fénelon, t. XVII, p. 497. Il ne me reste plus qu'à vous remercier de vos observations ; s'il vous en vient quelques-unes, faites-moi la grâce de me les communiquer, Diderot, Lett. sur les sourds-muets.

    Grâce expectative, rescrit du pape qui ordonne au collateur de donner le premier bénéfice vacant de sa collation à une personne que ce rescrit désigne.

    Chevaliers de grâce, ceux qui étaient dispensés de faire preuve de noblesse à la rigueur, dans les ordres de chevalerie.

    Commanderies de grâce, celles dont le grand maître d'un ordre a la libre disposition, par opposition à commanderies de rigueur, celles que les chevaliers obtiennent à leur rang.

    Dieu grâce, la grâce à Dieu, par la faveur du ciel. C'est que la pauvreté comme moi les affole, Et que, la grâce à Dieu, Phébus et son troupeau, Nous n'eûmes sur le dos jamais un bon manteau, Régnier, Sat. II. Ils sont, Dieu grâce, madame, en parfaite santé, Molière, Comtesse, 17.

    Cela lui vient de la grâce de Dieu, cela lui vient de Dieu grâce, c'est une chose avantageuse qu'il obtient sans qu'il y ait contribué par ses soins ou ses efforts. Il [Chevreuse] était presque sans ressource, lorsque le gouvernement de Guyenne lui tomba de Dieu grâce, sans qu'il y eût pensé, Saint-Simon, 336, 155.

    Cette chose est venue de la grâce de Dieu, c'est-à-dire qu'on ne sait d'où elle est venue.

    Par la grâce de Dieu, formule que les princes souverains ont coutume de mettre dans leurs titres. Le roi reçut son hommage, et lui permit de se dire prince d'Orange par la grâce de Dieu, de battre monnaie, de donner rémission, hors pour le crime d'hérésie et de lèse-majesté, Duclos, Hist. de Louis XI, Œuv. t. III, p. 65, dans POUGENS.

    Dans le style badin. Lise qui règne par la grâce Du dieu qui nous rend tous égaux, Béranger, Polit.

    De grâce, par grâce, par pure bonté. On vous donne, de grâce, une heure à vous résoudre, Corneille, Théod. III, 1. De grâce, achevez, Corneille, Cid, I, 9. Profitons de l'instant que de grâce il nous donne, Boileau, Épît. III. Mais, de grâce, est-ce à moi que ce discours s'adresse ? Racine, Andr. II, 2.

    De sa grâce, par sa pure et simple volonté, de son chef. Le pédant, de sa grâce, Accrut le mal en amenant Cette jeunesse mal instruite, La Fontaine, Fabl. IX, 5. Votre cœur magnifique Me promit de sa grâce une bague…, Molière, Dép. amour. I, 2. Revel était frère de Broglie, que M. le duc fit, de sa grâce, en son temps maréchal de France, Saint-Simon, 187, 248.

  • 8 Terme de théologie qui provient du sens précédent, la grâce étant une faveur. Secours intérieur accordé par le ciel pour l'exercice du bien et pour la sanctification. Il [Dieu] est toujours tout juste et tout bon ; mais sa grâce Ne descend pas toujours avec même efficace ; Après certains moments que perdent nos longueurs, Elle quitte ces traits qui pénètrent nos cœurs, Corneille, Poly. I, 1. Nous appelons grâce actuelle une inspiration de Dieu par laquelle il nous fait connaître sa volonté et par laquelle il nous excite à la vouloir accomplir, Pascal, Prov. IV. La conduite de Dieu, qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l'esprit par les raisons, et dans le cœur par la grâce, Pascal, Pensées, art. XXIV, 3, édit. LAHURE, 1860. Je crois, comme vous, qu'il faut un peu de grâce et que la philosophie seule ne suffit pas, Sévigné, 96. On peut voir dans le même colloque l'état présent des controverses en Allemagne entre les luthériens et les calvinistes, et on voit que la doctrine constante des théologiens de la confession d'Augsbourg est que la grâce est universelle, Bossuet, Var. XIV, § 106. Le temps a été court, je l'avoue ; mais l'opération de la grâce a été forte ; mais la fidélité de l'âme a été parfaite… la grâce, cette excellente ouvrière, se plaît quelquefois à renfermer en un jour la perfection d'une longue vie, Bossuet, Duch. d'Orl. Quoique, sans menacer et sans avertir, elle [la mort] se fasse sentir tout entière dès le premier coup, la grâce, plus active encore, l'a déjà mise [la princesse] en défense, Bossuet, ib. L'opération de la grâce se reconnaît dans les fruits, Bossuet, Anne de Gonz. Quand on a connu Jésus-Christ et qu'on a eu part à ses grâces, Bossuet, ib. Il ne faut point manquer à de telles grâces, ni les recevoir avec mollesse : la prin cesse palatine change en un moment tout entière…, Bossuet, ib. Ce nom nouveau du Sauveur est celui de l'Eucharistie, nom composé de biens et de grâces, Bossuet, Mar.-Thér. Il ne faut qu'une passion d'envie pour anéantir dans nous tous les effets de la grâce, Bourdaloue, Myst. Passion de J. C. t. I, p. 260. Les grâces de Dieu ne sont pas seulement pour nous des dons de Dieu, ni des bienfaits de sa miséricorde, mais de grandes charges devant Dieu, Bourdaloue, Dim. de la Sexag. Dominic. t. I, p. 417. Grâces délicates, parce qu'on les perd aisément, et que Dieu nous en prive quelquefois pour les plus légères infidélités, Bourdaloue, 9e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 155. La grâce qui est en nous n'est autre chose que la grâce de la pénitence, et par conséquent de l'humilité même, Bourdaloue, Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 176. Pour ressusciter dans la gloire, il faut par une sainte persévérance mourir dans la grâce, Bourdaloue, Myst. Rés. de J. C. t. I, p. 359. Ô grâce, ô rayon salutaire, Viens me mettre avec moi d'accord ; Et, domptant par un doux effort Cet homme qui t'est si contraire, Fais ton esclave volontaire De cet esclave de la mort, Racine, Cantique 3.

    Fig. Je vous ai déjà dit qu'il me fallait du temps [pour faire une tragédie], de la santé et flatus divinus ; j'attends le moment de la grâce, Voltaire, Lett. d'Argental, 3 mai 1756.

    Grâce suffisante, grâce donnée généralement à tous les hommes, soumise de telle sorte au libre arbitre qu'il la rend efficace ou inefficace à son choix, sans aucun nouveau secours de Dieu.

    La grâce justifiante, celle qui rend juste intérieurement. Il faut que cette plante divine [la dilection] ne soit pas seulement semée, mais qu'elle ait commencé de prendre racine dans l'âme avant qu'elle reçoive la grâce justifiante, Bossuet, Sermons, Vérit. convers. 3.

    On dit dans le même sens, grâce sanctifiante. Quand je dis la grâce, j'entends celle que les théologiens appellent grâce sanctifiante et qui est en nous le plus précieux de tous les dons de Dieu, Bourdaloue, Myst. Concept. de la Vierge, t. II, p. 4.

    Grâces naturelles, dons naturels que la Providence accorde aux gentils comme aux chrétiens, aux méchants comme aux bons.

    Grâces surnaturelles, celles qui ont rapport au salut éternel.

    L'ordre de la grâce, l'ensemble des secours de la grâce que Dieu donne aux hommes. Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujettis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c'est la loi du pays que nous habitons ; et nous ne possédons aucun bien, même dans l'ordre de la grâce, que nous ne puissions perdre un moment après par la mutabilité naturelle de nos désirs, Bossuet, Duch. d'Orl.

    Être en état de grâce, n'avoir sur la conscience aucun péché mortel.

    Grâce d'état. C'est un état où Dieu, par une suite immanquable, donne à chacun des grâces de salut et de sanctification, et non-seulement des grâces communes, mais des grâces propres et particulières que nous appelons pour cela des grâces de l'état, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 76. Il donne la grâce de commander à celui qui doit commander, et la grâce d'obéir à celui qui doit obéir, Bourdaloue, 10e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 220. Grâce d'état, se dit, dans le langage familier, des illusions attachées à une condition et qui la rendent supportable. Ordinairement les malades de la poitrine ne se voient pas en aussi grand danger qu'ils sont, c'est une grâce d'état.

    An de grâce, se dit des années de l'ère chrétienne. Calendrier pour l'an de grâce 1865. Hors de cette phrase, il ne se dit guère qu'en plaisantant.

  • 9Coup de grâce, dernier coup que l'exécuteur appliquait sur l'estomac du patient roué vif, et qui, hâtant sa fin, semblait une sorte de miséricorde.

    Fig. Ce qui achève de ruiner, de perdre quelqu'un. Vous lui avez porté le coup de grâce. Je fus hué : ce dernier coup de grâce M'allait sans vie étendre sur la place, Voltaire, Pauvre diable.

  • 10Ancien terme de commerce. Jours de grâce, délai de dix jours accordé à celui sur lequel une lettre de change était tirée. Cela est échu, mais j'ai encore les dix jours de grâce, Dancourt, les Agiot. II, 1.

    On disait dans le même sens : délai de grâce.

    Dans le langage général, ce qui est accordé au delà du terme ordinaire. Des jours chauds au mois de décembre sont des jours de grâce. J'ai quatre-vingts ans, toutes les années que je vivrai seront des années de grâce.

  • 11Pardon, indulgence (le pardon étant une sorte de faveur). Je voudrais comme vous faire grâce à son âge, Corneille, Sertor. II, 1. Il ne faut point de grâce à qui se voit sans crime, Corneille, Perthar. v, 2. J'aurais peine, seigneur, à lui refuser grâce, Corneille, Sertor. I, 3. Reine, voyez pour qui vous me demandiez grâce, Corneille, Pomp. IV, 5. Et l'on donne grâce aisément à ce dont on n'est pas le maître [et nous pardonnons aisément des transports dont on n'est pas le maître], Molière, Amph. II, 6. Elle a vu venir le coup sans demander grâce, Fléchier, Mme de Montausier. Dieu ne fait jamais grâce à qui ne l'aime point, Boileau, Épit. XI. S'il venait à mes pieds me demander sa grâce, Racine, Andr. II, 1.

    Trouver grâce aux yeux, devant les yeux, être excusé, pardonné. Crois qu'un bonze modeste, un dervis charitable Trouvent plutôt grâce à ses yeux [de Dieu] Qu'un janséniste impitoyable Ou qu'un pontife ambitieux, Voltaire, Pour et contre. Eh quoi ! devant vos yeux nos tyrans trouvent grâce ! Delavigne, Vêpres sicil. sc. suppr.

    Il signifie aussi, plaire, gagner la faveur ; ne se dit que d'une personne inférieure à l'égard d'une autre. Esther lui plut et trouva grâce devant lui, Sacy, Bible, Esther, II, 9. Mme de T. a trouvé grâce devant Mme de Montespan, Sévigné, 370. Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce, Racine, Phèd. IV, 5. Seigneur, si j'ai trouvé grâce devant vos yeux, Racine, Esth. II, 7.

    Faire une grâce, faire grâce à quelqu'un, lui accorder ce qu'il ne pourrait justement exiger. En vous accordant cela, on vous fait une grâce. En ce mauvais monde où nous vivons, quand on nous fait justice, imaginons-nous qu'on nous fait grâce, Guez de Balzac, De la cour, 6e disc.

    Ironiquement et familièrement. Vous me faites là une belle grâce. Voilà vraiment une belle grâce.

    Faire trop de grâce, se dit ironiquement de quelqu'un qui reçoit hautainement des avances, des compliments, qui se prête hautainement à telle ou telle chose. Comme un homme qui fait trop de grâce de se laisser louer, Fénelon, Tél. XI.

    Faire grâce de, ne pas exiger. Il lui a fait grâce d'une partie de sa dette. On fait grâce d'une chose en s'emparant du reste ; les commis lui prirent tous ses effets, et lui firent grâce de son argent, Voltaire, Dict. phil. Grâce.

    Fig. Faire grâce de, épargner quelque chose à quelqu'un. Il m'a lu tout son poëme, sans me faire grâce d'un hémistiche. Le reste des idées de cet auteur [Bohemius] sont de la même force, et nous en ferons grâce au lecteur, Diderot, Opin. des anc. philos. (Théosophes).

    Absolument. Grâce ! ne continuez pas. Grâce ! ce que vous me dites me peine.

    Par ironie. Faites-moi grâce de vos observations, épargnez-les-moi.

    Faire grâce, avec un nom de chose pour sujet, être une grâce, une faveur. Mon refus lui fait grâce, et, malgré ses désirs, J'épargne à sa vertu d'éternels déplaisirs, Corneille, Nicom. III, 2.

    Fig. Faire grâce à quelque chose, l'accepter. Je suis comme vous, je fais grâce à l'esprit en faveur des sentiments, Sévigné, Lett. 5 août 1675.

  • 12Particulièrement, remise de la peine que le prince fait à un condamné. Le souverain a le droit de grâce. Recours en grâce. Il a obtenu sa grâce. Signer une grâce. J'ai eu ma grâce de cette affaire. - Oui, mais cette grâce n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et des amis, Molière, D. Juan, I, 2. Le prince perdrait le plus bel attribut de sa souveraineté, qui est celui de faire grâce, Montesquieu, Esp. VI, 5.

    Lettres de grâce, ou, simplement, grâce, lettres par lesquelles le souverain accorde la grâce d'un criminel. C'est un grand ressort des gouvernements modérés que les lettres de grâce ; ce pouvoir que le prince a de pardonner, exécuté avec sagesse, peut avoir d'admirables effets, Montesquieu, Esp. VI, 16.

    Absolument. Grâce ! Demander grâce, crier grâce !

  • 13Remercîment, témoignage de reconnaissance (le remercîment étant quelque chose de gracieux). Je rends grâces aux dieux de n'être pas Romain, Corneille, Hor. II, 3. Mme de Lafayette vous rend mille grâces, Sévigné, 1. M. le cardinal vous rend grâces très humbles, Bossuet, Lett. abb. 111. Il rendit grâces aux dieux par d'innombrables sacrifices, Fénelon, Tél. VIII.

    On dit aussi actions de grâces. Rendre des actions de grâces. [Après la bataille de Rocroi] l'armée commença l'action de grâces ; toute la France suivit ; on y élevait jusqu'au ciel le coup d'essai du duc d'Enghien, Bossuet, Louis de Bourbon.

    Fig. Rendre grâce à quelque chose, attribuer à quelque chose une action favorable. Rendez grâce au seul nœud qui retient ma colère, Racine, Iphig. IV, 6.

    Grâce à Dieu, grâce au ciel, par la faveur du ciel, heureusement, par bonheur. Il se porte mieux, grâce à Dieu.

    On dit aussi grâces au ciel dans la poésie ou le style élevé. Enfin, grâces aux dieux, j'ai moins d'un ennemi, Corneille, Rodog. v, 1. Grâces au ciel, mes mains ne sont point criminelles ! Racine, Phèdre, I, 3.

    Ironiquement. Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance, Racine, Andr. v, 5.

    Grâce à vous, grâce à vos soins, formules polies de remercîment.

    Grâce à, grâces à, quand il s'agit de choses, signifie : par elles, par leur action. Comme le nombre d'œufs, grâce à la renommée, De bouche en bouche allait toujours croissant, La Fontaine, Fabl. VIII, 6. Grâce à vos opinions nous avons…, Pascal, Prov. v. Grâce aux préventions de son esprit jaloux, Nos plus grands ennemis ont combattu pour nous, Racine, Brit. v, 1.

    Ironiquement. Grâce à votre maladresse.

  • 14 Au plur. Prière que l'on fait après le repas. Dire grâces. Les grâces dites.

    Fig. et familièrement. Dire grâces avant le bénédicité, intervertir l'ordre des choses, et, par exemple, vivre maritalement avant d'avoir contracté le mariage. On me reproche de dire grâces sans avoir dit bénédicité, Voltaire, Babyl. 11.

    Fig. Venir dire grâce ou des grâces, aller remercier son bienfaiteur. Beaucoup sollicitent ; peu, après qu'ils ont obtenu, viennent dire grâces.

  • 15Titre d'honneur des ducs d'Angleterre. Sa Grâce le duc de…

    Grâce, en cet emploi, prend un G majuscule.

  • 16Grâce de saint Paul, nom donné, dans l'île de Malte, à une terre blanche qui passe pour un remède contre la morsure des vipères, ainsi dite de saint Paul qui y fut mordu par un serpent.

REMARQUE

1. On a disputé entre les grammairiens du XVIIe siècle si, à côté de grâces à Dieu, on pouvait dire aussi grâce à Dieu. Vaugelas condamnait le singulier, parce qu'en ce sens grâces vient de la prière dite grâces. Mais l'usage a prévalu de dire indifféremment le pluriel et le singulier.

2. On a aussi discuté la question de savoir si l'on pouvait dire indifféremment gagner les bonnes grâces et gagner la bonne grâce de quelqu'un. L'usage s'est prononcé pour le pluriel.

3. Le Dieu grâce, la grâce Dieu, sont des archaïsmes représentant Dei gratia, gratia Dei, et très corrects alors que la langue avait deux cas, Dieus, du lat. Deus, Dieu, du lat. Dei ou Deo.

SYNONYME

GRÂCE, FAVEUR. Êtymologiquement, grâce est ce qui est agréable, qui vient à gré ; faveur est ce qui favorise. De là naît la nuance quand ces deux mots se touchent ; grâce emporte toujours avec soi quelque chose de son sens étymologique.

HISTORIQUE

XIIe s. Par la Deu grace qui en la crois fu mis, Ronc. p. 71. J'alasse à Dieu graces et merciz rendre De ce que…, Couci, XXIV. Quant est desordenez [il a perdu la prêtrise], s'il puet à Rome aler, S'il i puisse la grace l'apostolie [pape] encontrer, Qu'il lui duinse [donne] cungié sulement de chanter, Th. le mart. 30.

XIIIe s. Et par la grace de Dieu si advint que li quens [comte] Thiebaus de Champaigne et de Brie prist la crois, Villehardouin, II. Et avint qu'il fu esleus des barons d'Alemaigne à roi d'Alemaigne par la grasse del pape, Chr. de Rains, p. 114. Qui de fame vuet avoir grace, la Rose, 9749. Por ce voil [je veux] que tu la desprises [la fortune], Et que sa grace riens ne prises, ib. 6378. De nule riens qui touque [touche] à cas de justice temporel, le [la] justice laie n'est tenue à obeir au commandement de le [la] justice esperituel, selonc nostre coustume, se n'est par grace, Beaumanoir, XI, 11. Tout soit il ainsi que il n'ait pas en noz [nous] toutes les graces qui doivent estre en homme qui s'entremet de baillie…, Beaumanoir, I, 1. Tandis que le roy oÿ ses graces, Joinville, 256.

XIVe s. Les autres qui mettent felicité es biens de l'ame, si sont et ont esté peu de hommes vertueux et glorieux et de grace renommée, Oresme, Éth. XVIII. Car on doubtoit Bertran, sa grace et son renom, Que par trestout le monde couroit son grant renom, Guesclin. 16942. Jehan Fenin, qui estoit homs rioteux et felons et melleys [querelleur], ayans mauvaise grace en la dite ville et en tous les lieux où cogneuz estoit, Du Cange, gratia.

XVe s. [Que je puisse] encheoir en leur grace [des lecteurs], Froissart, Prol. L'an de grace mil trois cent quarante un, Froissart, I, I, 157. Les seigneurs d'Angleterre lui dirent [au roi d'Angleterre], sauve sa grace, que…, Froissart, I, I, 193. Le duc de Lancastre n'estoit mie bien en la grace du commun peuple, Froissart, II, II, 4. Il y avoit un chevalier capitaine de Nordvich qui s'appeloit messire Robert Salle ; point gentilhomme n'estoit, mais il avoit la grace, le fait et renommée d'estre sage et vaillant homme aux armes, Froissart, ib. II, II, 114. Icelluy Gerardin dist par esbatement : Il nous faut faire les graces des Lombars ; les quelles graces il entendoit jouer aux dez, Du Cange, gratia. Très haut, très puissant et très redouté seigneur, monseigneur le duc de Bourgogne, comme je Evrard de la Marche ay escrit par devers vostre grace, pour que icelle vostre grace…, Du Cange, ib. Les graces que j'ay receues de luy [de Louis XI], Commines, Prol. Suppliant au roy l'avoir tousjours en sa bonne grace, Commines, I, 1. Tous les chrestiens furent sur les champs, tous estans en estat de grace, comme il appartenoit, J. de Saintré, ch. 60.

XVIe s. La civilité, comme la grace et la beauté, est conciliatrice des…, Montaigne, I, 52. On le desbandoit pour luy lire sa grace, Montaigne, I, 91. La grace et bienseance des vestements despend de…, Montaigne, I, 119. J'y ferois pourtraire la joye et Flora et les Graces, Montaigne, I, 184. Callisthenes perdit la bonne grace d'Alexandre pour…, Montaigne, I, 185. Avecques la grace de Dieu je l'ay passée doulce et aysée [ma vie], Montaigne, I, 219. Une telle largesse faict vergongne à qui la receoit, et se receoit sans grace, Montaigne, IV, 9. Cela ayda jadis à mettre la poesie en la male grace des sages, Montaigne, IV, 341. Or sommes nous, la grace à Dieu, par beaucoup de perils et flots estrangers, rendus au port, à seureté, Du Bellay, J. I, 40, recto. Il ne demoura aux nopces que jusques aux graces quand l'on offre du vin aux dieux, Amyot, Péric. 12. Il alloit gaignant la bonne grace des soudards par…, Amyot, Fab. 13.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « grâce »

Bourguign. graice ; provenç et espagn. gracia ; portug. graça ; ital. grazia ; du lat. gratia, de gratus, agréable (voy. GRÉ).

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Date à préciser) Du latin gratia (« remerciement, reconnaissance »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « grâce »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
grâce gras

Fréquence d'apparition du mot « grâce » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « grâce »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « grâce »

  • Une femme sans grâce est un appât sans hameçon.
    Julie de Lespinasse
  • S'il peut y avoir une analogie de la poésie avec la grâce, c'est que la poésie est une grâce.
    Frère Gilles — Les choses qui s'en vont
  • Que nul n'attribue à soi-même les victoires qu'il doit à la grâce. Nous n'avons de force que pour le mal : tout le bien vient de Dieu en acte ou en volonté.
    Edmund Spenser — La Reine des fées, I, 10 The Faerie Queene, I, 10
  • Qu'aimable est la vertu que la grâce environne !
    André de Chénier — L'Aveugle
  • L'oubli est une grâce.
    Julien Green — Journal, Plon
  • La raison est à l'égard du philosophe ce que la grâce est à l'égard du chrétien. La grâce détermine le chrétien à agir ; la raison détermine le philosophe.
    Anonyme
  • Le genre humain vit grâce à quelques hommes.
    Lucain — La pharsale
  • L'idiotie constituée est plus forte et plus féroce que la grâce - mais c'est la grâce qui nous aime et que nous aimons parce que c'est elle et elle seule qui nous fait hommes.
    Frédérick Tristan — Les Egarés
  • La naïveté est la grâce des grands hommes.
    Mihail Ralea — Valeurs
  • Ecrivons sans grâce, mais avec notre sang.
    Jan Greshoff — Pétards
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Images d'illustration du mot « grâce »

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Traductions du mot « grâce »

Langue Traduction
Anglais thanks
Espagnol gracias
Italien grazie
Allemand vielen dank
Chinois 谢谢
Arabe شكر
Portugais obrigado
Russe спасибо
Japonais ありがとう
Basque eskerrik
Corse grazie
Source : Google Translate API

Synonymes de « grâce »

Source : synonymes de grâce sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « grâce »

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Nombre de points du mot grâce au scrabble : 7 points

Grâce

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