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Casser

Définitions de « casser »

Trésor de la Langue Française informatisé

CASSER, verbe.

I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. désigne un inanimé concr.]
1. Mettre en morceaux, volontairement ou non, par choc, par pression ou par mouvement violent. Casser du bois; casser un carreau, un verre :
1. Il [Rodolphe] cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard. R. Rolland, Jean-Christophe,L'Aube, 1904, p. 32.
2. Il s'était levé et agitait ses grands bras au risque de casser des bibelots ou de décrocher le portrait du prince Luigi. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 155.
Spéc. Casser des œufs, casser des noix (Ac. 1798-1932). Briser des coquilles d'œufs, de noix, de noisettes pour en consommer le contenu.
P. méton. [L'obj. désigne une partie d'un mécanisme] Arrivé à Bruckenau. 29 lieues. Cassé ma voiture (Constant, Journaux intimes,1804, p. 79):
3. ... le lord sortit du magasin en cassant le système à air comprimé de la porte. Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 15.
Proverbes. Qui casse les verres les paye (Ac. 1798-1932). Celui qui est coupable doit réparer; d'où payer les pots cassés. Je vois approcher avec plaisir le moment où la vieille dame va payer les pots cassés (Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 151).On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. On n'obtient pas un résultat important sans quelque violence ou dégât. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Mais à la fin, qui les mangera toutes ces omelettes? les œufs cassés pourriront et infesteront la terre (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 336).
2. Loc. (souvent au fig.)
a) Domaines techn.Changer plus ou moins radicalement le mouvement, les effets ou l'aspect d'une chose.
AGRIC. Casser une bruyère (Lar. 19e, Lar. encyclop.). Donner un premier labour à une terre en friche.
Rem. Qq. dict., tels que Ac. 1798, Littré, DG, attestent le subst. fém. cassaille. Premier labour donné à une terre en jachère.
CHANT. Casser la voix. Altérer sa tessiture par une fatigue excessive. Des rôles fatigants ont cassé la voix de ce chanteur (Littré).
COMM. Casser les prix, les cours (Rob.). Faire baisser brutalement les prix, les cours ayant tendance à monter.
DR. Casser un arrêt, un contrat (Ac. 1835-1932), une condamnation, une sentence. Déclarer nul. Il [l'empereur] ordonna de casser le mariage de son frère Jérôme avec MllePatterson (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 647):
4. ... il attendait que l'instruction criminelle fût finie, pour voir s'il n'y aurait pas moyen de faire casser ce testament immoral. Zola, La Bête humaine,1890, p. 79.
MAR. Casser l'erre (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Lar. encyclop., Littré, Rob.). Ralentir l'erre d'un navire avant son arrêt.
ART MILIT. Casser l'infrastructure. Désorganiser un adversaire par les pertes qu'on lui fait subir. Nous n'aurons pas la victoire tant que nous n'aurons pas cassé l'infrastructure vietcong (Express,17 oct. 1966ds Gilb. 1971).
MUS. (et autres arts de l'expression). Casser un rythme.
PHYS. ATOMIQUE. Casser l'atome. Provoquer la fission (cf. Gilb. 1971).
b) Arg., fam.
[Le compl. désigne de la nourriture ou de la boisson]
[Sans valeur péj.] Casser une/la croûte, la graine. Le père proposa de casser une croûte à l'auberge des mariniers (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 48).Casser le goulot. Déboucher une bouteille, boire. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres (Zola, L'Assommoir,1877, p. 574);p. anal. casser une pièce de vin (Littré). L'entamer.
[Avec valeur péj.] Au fig. Casser du sucre sur la tête/le dos de qqn. Médire de quelqu'un en son absence. Ce Fontan cassait toujours du sucre sur la tête des camarades! (Zola, Nana,1880, p. 1324).Casser le morceau. Avouer malgré soi (un secret), donner l'ultime explication. Et puis un beau jour on finit quand même par casser le morceau devant tout le monde (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 292).
Autres expr.
Casser les vitres. Agir avec éclat sans prendre de ménagements :
5. Hassler, enragé et enchanté de cette auguste opposition, qui, pour les partis avancés de l'art allemand, était presque devenue une consécration, continuait de plus belle à casser les vitres. À chaque nouvelle sottise, les amis s'extasiaient et criaient au génie. R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 538.
Casser sa tirelire. Dépenser toutes ses économies. Elle pense (...) à casser sa tirelire pour s'acheter un chiffon que n'a pas une de ses amies (E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 300);p. ext. casser un billet, une pièce. Commencer à dépenser une somme :
6. Ce Caffiaux, en voilà un que les ménagères auraient dû maudire! Elle venait d'y voir entrer Bourron, son homme, avec Ragu, et c'était pour sûr une pièce de cent sous qu'il allait casser là. Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 23.
Casser sa pipe. Mourir. Ma vie est loupée; mais je n'ai pourtant pas envie de casser ma pipe (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 101).
Loc. à valeur adj. À tout casser. Énorme, sans retenue. Un petit bal à tout casser (Meilhac, Halévy, La Vie parisienne,1867, III, 2, p. 56).Des compliments à tout casser (E. et J. de Goncourt, Journal,1896, p. 967).Qui ne casse rien. Sans éclat, qui n'est pas éblouissant. Son intelligence [de la Perruche] ne cassait rien non plus (Léautaud, Le Petit ami,1903, p. 117).
Empl. absol. Cambrioler, voler avec effraction :
7. Ils [Régnier de Montigny et Colin de Cayeux] forment avec lui [Villon] le trio classique de malfaiteurs qui, lorsqu'ils ne « cassent » pas, attirent les « pigeons » au jeu et les plument à l'aide de faux dés. F. Carco, Nostalgie de Paris,1941, p. 98.
B.− [Le compl. désigne une pers.]
1. Affaiblir, briser physiquement ou moralement. Les fatigues de la guerre, les débauches l'ont fort cassé (Ac.1798-1932).Et brusquement, sans raison apparente, comme un fil trop tendu, son enthousiasme casse net (R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 332):
8. Ces fièvres, ces soubresauts, coupés de violences intérieures, me cassent et me brisent. Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1850, p. 486.
P. anal. [L'obj. désigne un sentiment, une habitude d'une pers.] Casser une habitude, une atmosphère. L'ordre alphabétique « casse » provisoirement l'imagination ou la passion du lecteur (Gilb.1971).
P. méton. [L'obj. désigne une collectivité, une organisation ou sa manière d'exister] Neutraliser. Casser l'alliance, l'organisation, la spéculation, les syndicats, l'Université (Gilb. 1971).
2. Dégrader, priver de son titre ou de son emploi. Casser un officier, un caporal, un sergent (Ac. 1798-1932), casser un magistrat (Littré), casser un fonctionnaire. Vous n'êtes plus, dit-il, que le fonctionnaire d'un fonctionnaire déchu; nous venons vous casser de vos fonctions (Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 154):
9. ... j'aime à rappeler, sur la foi de Mirabeau, ce vieux marquis de Coëtquen, qui, plutôt que de paraître en uniforme à la revue du roi, se fit casser par lui à la tête de son régiment : ... Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 19.
Casser qqn aux gages. Priver d'un emploi appointé. Une intrigue galante l'avait fait casser aux gages (Delécluze, Journal,1828, p. 487).Au fig. Cassée aux gages, et pour un moment mise sur le pavé, la Révolution, nue et les bras croisés, assistait aux séances dans les tribunes (Chateaubriand, Congrès de Vérone,t. 1, 1838, p. 33).
3. Fam. [Le compl. désigne une partie du corps]
a) [L'accent est mis sur la violence, la brutalité d'un geste] Casser le nez, les os, la tête à qqn. Frapper violemment. Casser la figure. Il y avait vingt personnes qui voulaient lui casser la figure (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 217).Casser la margoulette à. Louis XVIII (...) faisait casser la margoulette aux gardes de l'escorte (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1928, p. 209).Casser la gueule à. Si l'on m'embête, je suis disposé à casser la gueule au premier venu (Flaubert, Correspondance,1856, p. 207):
10. Henri retint Vincent, tandis que Louis posait sa main sur l'épaule de Lambert : « Laissez tomber, dit Louis. − Je veux lui casser la gueule. (...) » S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 271.
Au fig. Casser les reins à. Briser socialement quelqu'un. Clemenceau croyait casser les reins de son adversaire. Il a offensé la vanité française du même coup (Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1909, p. 246).Casser le cou à la fortune de qqn. Briser la carrière de quelqu'un. Je serai venu dans ce pays pour casser le cou à sa fortune! (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 219).
b) [L'accent est mis sur la fatigue physique ou morale, le découragement] Au fig. Casser bras et jambes à qqn. (Lar. 19e, Lar. encyclop., Rob.). Enlever tout courage, anéantir. Casser les bras à. Ça vous casserait les bras de l'amener jusqu'ici [une valise]? (Aymé, La Mouche bleue,1957, p. 81).Casser la tête à. Ses bavardages me cassent la tête (R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 945).Casser les oreilles. Tais-toi un moment, bon dieu! Tu nous casses les oreilles (Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 106).Casser les membres à. Une tristesse impétueuse s'abattait sur Alban, un découragement à vous casser les membres (Montherlant, Le Songe,1922, p. 55).Casser les pieds. Tu me casses les pieds, dit La Poule (Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 196).
c) [Le compl. désigne une partie du corps du suj.] Se casser un bras, une jambe (Ac. 1878-1932). Se briser, se fracturer un bras, une jambe. Se casser la figure, la gueule. Tomber en se faisant plus ou moins mal. Au fig. Échouer dans une entreprise. J'entreprends ça [ces sortes d'œuvres] sur une grande échelle, au risque de me casser la gueule. Le système San-Antonio! (San Antonio, J'ai bien l'honneur de vous buter,Paris, Fleuve Noir, 1971, p. 108).
Se casser le cou. Une escarpolette à se casser le cou (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 412).Au fig. Tant que je serai vivante, tu ne te casseras pas le cou par un sot mariage (Balzac, Ursule Mirouët,1841, p. 95).
Se casser les dents. Elles étaient dures, les raves! Oh! Dures à se casser les dents (Zola, Une Page d'amour,1878, p. 1044).Au fig. Se heurter à une difficulté. On se cassera les dents contre votre vérité (Flaubert, Correspondance,1864, p. 4).
Se casser le nez. Au fig. Trouver porte close :
11. Celui-ci [M. Octave] avait dit aux deux messieurs qu'ils seraient toujours sûrs de le trouver le jeudi après-midi; les autres jours ils risquaient fort de se casser le nez. Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 777.
Se casser la tête ou se casser le crâne, se casser les méninges. Au fig. Éprouver de grandes difficultés et déployer de grands efforts pour résoudre un problème. À se casser la tête contre les murs (Littré, DG, Rob.). Se laisser aller au découragement.
[À la forme négative ou interr.] Ne pas se casser la tête. Juger inutile de faire un effort spécial. Pourquoi se casser la tête quand, par suite d'éliminations successives, tous ses adversaires, l'un après l'autre, avaient été mis hors circuit? (M.-G. Braun, Apôtres de la violence,Paris, Fleuve Noir, 1962, p. 178).
Se casser les reins. Au fig. Échouer, briser sa carrière. Un Français se casserait les reins à vouloir l'imiter [Picasso] (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 91).
II.− Emploi pronom.
A.− Emploi réfl., arg.
1. S'enfuir :
12. Léa me rejoignit au pesage. − Cassez-vous. Sans cela il ne pourra pas s'endormir. Morand, Ouvert la nuit,1922, p. 173.
2. Ne pas se casser. Ne pas se fatiguer.
B.− Emploi réciproque. Se casser la tête, la figure, la gueule. Se battre.
C.− Emploi à valeur passive. [En parlant d'un objet] Se briser. Le pot se cassa en tombant (Littré); le verre se casse facilement (Ac. 1932). L'épine du dos, au dire de ces dames, se cassoit comme du verre (Bonstetten, L'Homme du Midi et l'homme du Nord,1824, p. 172).
Spéc. [En parlant d'un tissu, d'un cuir] Faire un angle brusque au contact du sol (quand il s'agit de plis, de draperies), s'assouplir, « se faire » (quand il s'agit de chaussures) :
13. ... on la reconnaissait [Philomène] entre toutes à son agenouillement profond (...) à sa jupe, dont les plis droits, tombant de sa taille à terre, se cassaient au ressaut de ses talons. E. et J. de Goncourt, Sœur Philomène,1861, p. 57.
D.− Emploi pronom. à valeur subjective. S'affaiblir, se dégrader. C'est un homme qui commence à se casser (Ac.1835-1932, Rob.):
14. ... la pauvre grand'maman se casse beaucoup et vite; elle n'a plus le courage de sortir, l'asthme la persécute et le souci pour le second de ses fils, mal marié, la mine sans relâche et sourdement, ... Amiel, Journal intime,1866, p. 83.
III.− Emploi intrans.
A.− Se rompre, se briser. La corde cassa (Ac. 1798-1878); cette poutre (...) va casser (Lar. 19e, Lar. encyclop.). Panturle s'est arrêté pour raccommoder la longe qui venait de casser (Giono, Regain,1930, p. 220).
[En parlant d'un fruit] Avoir une chair ferme, craquante. Cette poire casse sous la dent (Ac.1798-1878).
Au fig. [En parlant de la voix] Se briser, être altéré sous le coup de la fatigue, de l'effort ou de l'émotion :
15. Il y a un malheur par ici, fit-il, et sa voix cassa bizarrement. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 31.
Expr. fam. Cela casse comme du verre (Rob.). C'est très fragile.
Proverbe, au fig. Quand la corde est trop tendue, elle casse (DG, Lar. encyclop., Rob.). On risque de tout briser en tendant à l'extrême une situation.
B.− [En parlant d'une matière] S'effriter, perdre de sa consistance. Cette pâte casse sous les doigts (Rob.).De vieux tronçons de fer qui cassaient entre ses doigts (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 390).
Au fig. Se dégrader.
Proverbe. Tout passe, tout lasse, tout casse (Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop., Rob.).
Prononc. et Orth. : [kɑse], (je) casse [kɑ:s]. Durée longue sur [ɑ] pour l'inf. ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834 et Gattel 1841; cf. une durée mi-longue ds Barbeau-Rodhe 1930. Pour le timbre post. de [ɑ] dans l'inf. cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 34, Buben 1935, p. 63 et Kamm. 1964, p. 97 : [ɑ] dans ,,les dérivés et composés des mots en -asse [cf. casse1] où l'a se prononce ouvert (= post.) par exception à la règle et notamment passer, passant, dépasser, repasser, casser, cassant, délasser, lasser, lassitude, prélasser, trépasser, ramasser, tasser, entasser``. Pour [ɑ] post. dans l'inf., anal. de [ɑ] dans la forme accentuée, cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 25. Enq. /kas, (D)/ (il) casse. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 quasser « mettre en morceaux, briser » (Roland, éd. J. Bédier, 2078), forme attestée jusqu'au xiiies. ds T.-L.; ca 1160 casser (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 4443); 1549 part. prés. adjectivé cassant « qui se casse facilement » (Est.); 1718 poire cassante (Ac.); 1866 subst. le cassant du verre (Lar. 19e); 1833 fig. adj. « qui tranche, autoritaire » (Chênedollé, Journal, p. 113); av. 1869 subst. « caractère de ce qui est absolu » (Ste-Beuve ds Lar. 19e); divers emplois techn. 1690 agric. casser la terre (Fur.); 1690 text. pronom. (ibid. : le camelot se casse); divers syntagmes a) 1585 en casser « en dire » (Cholières, 1reAp. Disnée, p. 35 ds Hug.), attest. isolée; 1787 câsser les vitres « tenir des propos libres ou trop hardis » (Fér. Crit.); b) 1561 « manger » (Rasse des Nœuds, Chant royal, Abbus et Jargon ds Esn.); 1643 fig. n'en casser que d'une dent « ne faire qu'en tâter » (Corn., Le Menteur, IV, 9 ds Littré); 1798 casser la croûte « manger un morceau » (Ac.); d'où emploi fig. 1844 casser le morceau « avouer » (Vrais Mystères ds Esn.); 1866 casser du sucre « faire des cancans » (Lar. 19e); c) 1690 Qui casse les verres les paye « chacun est responsable de ses erreurs » (Fur.); 1808 payer les pots cassés (D'Hautel, Dict. du bas lang.); av. 1866 à tout casser « sans retenue, excessif » (J. Rousseau ds Lar. 19e); d) 1932 arg. casser « cambrioler » ds Esn.; 1941 casser qqn « cambrioler chez lui », supra ex. 7; 1957 casser les prix « vendre plus bas que les prix imposés ou ceux pratiqués par les concurrents » (Bél.); 2. xiies. quasser « rompre les os » (Roncisv., 104 ds Littré); 1538 casser la tête de qqn « la fracasser » (R. Estienne, Dictionarium latino−gallicum) ,,vx`` d'apr. Pt Rob.; d'où diverses expr. fig. a) ca 1450 casser la cervelle « importuner » (Myst. du Vieil Test., éd. J. de Rothschild, 2055), attest. isolée; 1677 se casser la tête « se fatiguer l'esprit à chercher » (Sév., 661, 12 oct. ds Rob.); av. 1696 se casser la tête contre les murs « se désespérer » (Sév., 409 ds Littré); 1866 « (d'un vin) monter à la tête » (Lar. 19e); b) 1549 casser les reins (Est.); 1929 se casser les reins « échouer » (Lar. 20e); c) 1740 se casser le cou, se casser le nez « échouer » (Ac.); 1834 se casser le nez « trouver porte close » (Musset, La Nuit vénitienne, p. 216); d) av. 1825 casser les bras « décourager » (P.-L. Cour., Lett. I, 113 ds Littré); 1827 casser les jambes « id. » (Chateaub., Amér., 24, ibid.); 1835 se la casser [la jambe] « s'enfuir » (Raspail ds le Réformateur d'apr. Esn.); d'où 1908 pop. se casser « s'en aller » (Esn.); 1922 (Morand, Ouvert la nuit, p. 173); e) 1856 casser sa pipe « mourir » (Michel); f) 1856 pop. casser la gueule (Flaubert, Correspondance, p. 207); 1890 pop. casser les pieds à qqn « l'importuner » (ds. Esn.). B. 1165-70 quasser « blesser, affaiblir » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 5001); av. 1592 part. passé adjectivé voix cassée « voix faible » (Mont., II, 20 ds Littré); 1636 homme cassé « homme affaibli par l'âge » (Corn., Cid, III, 5, ibid.). C. 1. 1erquart du xiiies. « annuler » (Reclus de Molliens, Miserere, LXXVII, 1, Van Hamel ds Gdf.); av. 1511 spéc. dr. casser un privilège « l'annuler » (Comm., II, 4 ds Littré); 1549 casser un testament (Est.); 2. 1549 casser qqn aux gages « le priver d'emploi » (ibid.); 1690 « destituer quelqu'un (officier ou magistrat) » (Fur.). Du b. lat. quassare « agiter fortement » (Ennius apud Macrobe 6 Saturn. 3 ds Forc.) fréquentatif de quatere « secouer »; attesté également au sens de « frapper violemment, endommager », d'« affaiblir »; à noter prob. pour le sens d'« annuler », terme jur., la rencontre de quassare avec le b. lat. cassare « annuler, casser », terme jur. (408 ds TLL s.v., 519, 41; v. aussi Mittellat. W., s.v. cassare), dér. de l'adj. cassus « vide, vain ». Fréq. abs. littér. : 2 231. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 554, b) 4 564; xxes. : a) 4 855, b) 2 790.
DÉR. 1.
Cassard, arde, adj.Qui se casse facilement. Guette Monsieur de ton tilleul, pas de l'orme, il est trop cassard (J. de La Varende, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour,1936, p. 114). Seule transcr. ds Littré : kâ-sar. 1reattest. 1936, supra; du rad. de casser, suff. -ard*.
2.
Casseau, subst. masc.,méd. vétér. Sorte de pince en bois servant à la castration des animaux. La castration par les casseaux ou à la pince (E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 116). [kɑso] ou [ka-]. [ɑ] post. ds Lar. Lang. fr. et Passy 1914; cf. aussi Land. 1834, Fél. 1851 et DG; [a] ant. ds Nod. 1844 et Littré. [ɑ] ou [a] ds Pt Rob. Au plur. ds Littré et Lar. Lang. fr. Homon. cassot (terme de fabricant de papier, cf. Darbois 1830, p. 237). 1reattest. 1832 (F. Raymond, Dict. gén. de la lang. fr., Paris, André-Crochard-Levrault); du rad. de casser, suff. -eau* (cf. FEW t. 2, p. 1430 b). Fréq. abs. littér. : 1.
3.
Casserie, subst. fém.,vx, rare. Action de casser. Je sais fort bien que vous payerez votre écot et celui de vos démons de lansquenets en jurons et casserie (G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,t. 2, 1858, p. 120). Seule transcr. ds Littré : ka-se-rie. 1resattest. a) 1551 « licenciement » (Du Villars, Mém., II, Sommaire ds Gdf. Compl.) − 1611 (Cotgr.), b) 1858, supra; du rad. de casser « annuler » (pour le sens a) et « briser » (pour le sens b), suff. -erie*.
4.
Cassoir, subst. masc.Instrument qui sert à casser. Cuir garni de couteaux, couperets et cassoirs (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 313). 1reattest. 1939 id.; du rad. de casser, suff. -oir*.
BBG. − Barb. Loan-words 1921, p. 142. − Duch. 1967, § 15.12, 57. − Grimaud (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 637; 1969, p. 112. − Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens de passif. Archivum romanicum. 1932, t. 16, p. 302. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 68, 122. − Sain. Lang. par. 1920, p. 150, 327, 419, 426.

Wiktionnaire

Verbe - français

casser \kɑ.se\ transitif, intransitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se casser)

  1. Briser ; rompre.
    • M. Eyssette hausse les épaules :
      — Si c’est Jacques qui y va, dit-il, la cruche est cassée, c’est sûr.
      — Tu entends, Jacques, — c’est madame Eyssette qui parle avec sa voix tranquille, — tu entends, ne la casse pas, fais bien attention.
      M. Eyssette reprend :
      — Oh ! tu as beau lui dire de ne pas la casser, il la cassera tout de même.
      Ici, la voix éplorée de Jacques :
      — Mais enfin, pourquoi voulez-vous que je la casse ?
      — Je ne veux pas que tu la casses, je te dis que tu la casseras, répond M. Eyssette, et d’un ton qui n’admet pas de réplique.
      — (Alphonse Daudet, Le petit chose, 1868, rééd. Le Livre de Poche, page 20)
    • Il y a des engueulades qui rougissent les yeux, bleuissent les joues, crispent les poings, arrachent les cheveux, cassent les œufs, renversent les éventaires, dépoitraillent les matrones, et me remplissent d'une joie pure. — (Jules Vallès, L’Enfant, chap. 8, Le Siècle, 1878 & Éditions Charpentier, 1879)
    • Le thermomètre est descendu à -6° ; tout le gréement était couvert de givre et de glace que je dus casser en montant dans la mâture. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Soudain, la chaîne du vélo casse alors que je suis tout près du village de Voves en Eure-et-Loir, à une vingtaine de kilomètres de Chartres. — (Josette Lassalle, Une Bordelaise dans la Résistance: entretiens avec Jacques Balié, Imprimerie Fanlac, 1996, page 41)
  2. (Par extension) (Cuisine) Se dit lorsqu’une mousse retombe après avoir été battue ou remuée trop énergiquement, ce qui la liquéfie en brisant les bulles d’air qu’elle contient et en chassant l’air de l’émulsion.
    • Mais ne fouette pas tant les blancs en neige, malheureux ! Tu vas les casser !
  3. (Figuré) Imprimer un angle à une ligne ou un objet droit.
    • Lorsqu’on manie un fusil il existe quelques règles primordiales. Ainsi, lorsqu’on se déplace il faut toujours casser le fusil, voire le décharger. Lors d’un rassemblement entre chasseurs, casser et décharger sont nécessaires. Ces mesures s’imposent aussi lorsque le chasseur franchit un obstacle. — (Jean-Louis Barrère, Chasseurs, « cassez vos fusils », La Dépêche du Midi, 21 avril 1999 → lire en ligne)
  4. (Figuré) Affaiblir.
    • Abdu et Hamid font partie des chanceux ; d’autres le sont moins. Les plus fragiles se sont « clochardisés », trop abîmés, cassés au terme de leur périple par l’ultime épreuve de la rue, témoigne une habitante du quartier Jaurès. — (Solène Cordier, Paroles de migrants : « Je ne pensais pas vivre un jour comme ça » sur LeMonde.fr. Mis en ligne le 6 avril 2017, consulté le 7 avril 2017)
    • Les fatigues de la guerre, les débauches l’ont bien cassé.
    • Il a la voix cassée.
    • Après cette séance de musculation, j’étais cassé.
  5. (En particulier) (Vêtement) Assouplir une chaussure, souvent par un usage modéré après leur acquisition.
    • Si vous songez à vous lancer dans un trek au long cours juste après avoir acheté ces Chameleon, renoncez tout de suite à cette idée. Prenez le temps de les casser lors de petites marches. — (Trek Magazine, Test chaussures de randonnée : 16 tiges basses et mid au banc d'essai)
  6. (Droit) Annuler, déclarer nul.
    • Afin d'obtenir la révision du procès, Voltaire publie, en 1763, l’ouvrage Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas, tandis que la famille obtient un entretien à Versailles auprès de Louis XV. Après deux ans d’instruction, le Conseil du roi casse l’arrêt du parlement de Toulouse le 4 juin 1764 pour vice de procédure et renvoie l’affaire devant le tribunal des Requêtes pour qu’il soit statué au fond.
    • Casser un mariage.
    • Casser un testament, un contrat.
  7. Rétrograder ; renvoyer.
    • Ancien sous-off’ de la Légion, il avait d’abord été cassé de son grade, puis ayant « passé au falot », il s’était vu condamner à trente ans. — (Francis Carco, Les Hommes en cage, Éditions Albin Michel, Paris, 1936, p. 50)
    • Casser aux gages : Ôter à quelqu’un son emploi et les appointements qui y sont attachés.
  8. (Argot) Humilier, brocarder quelqu’un par des paroles.
    • J’t’ai cassé. — (Brice de Nice)
  9. (Argot) (Vieilli) Dire, parler.(Voir casser le morceau)
    • Depuis dix secondes qu’il savait, il en cassait plus une, Léo s’inquiétait. — (Albert Simonin, Une balle dans le canon, Série noire, Gallimard, 1958, page 112)
  10. (Argot) Cambrioler, faire un casse.
    • Ils vont toujours par trois, soit pour serrer, soit pour casser
      Casser ?
      — J’veux dire cambrioler. Comprenez-vous, C’est l’terme. Un casseur, ça signifie un cambrio et son boulot s’appelle un cassement.
      — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
  11. (Familier) Faire la monnaie d’un billet de banque.
    • Dix mille francs, c’était donc plus que son butin habituel, mais ce n’était pas assez. Ce n’était rien. Il avait deux cent mille francs de dettes, d’abord ; ‬et puis sa faculté de dépenser, sa brusquerie à casser un billet dans une soirée avait crû d’année en année. — (Pierre Drieu La Rochelle, Le Feu follet (1931))
    • Pourrais-tu me casser ce vingt ?
  12. (Intransitif) ou (Pronominal) Se briser, se rompre.
    • La mer est dure et houleuse, le remorquage pénible. À midi, la remorque casse et le motor yacht me quitte fort vite en me saluant, car il désire rentrer avant l’arrivée du grain. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Finalement, les cornes du bouc se cassèrent net et elles restèrent fichées dans la caboche du malin. — (Damien Tracqui, Les contes de la Lombarde, 2005)
  13. (Intransitif) (Familier) Rompre une relation amoureuse.
    • Je pleure parce que je viens de casser avec mon mec.
  14. (Pronominal) (Familier) Partir, s’en aller.
    • Casse-toi, pauv’ con ! — (Nicolas Sarkozy, à une personne qui refuse de lui serrer la main au Salon international de l’agriculture le 23 février 2008)
    • On se casse, les gars ! Les flics se pointent !'
  15. (Équitation) Débourrer un cheval.
    • Pour l’ébahissement de cette famille fermière, nous débourrâmes, ou – pour employer l’argot du cow-boy – nous « cassâmes » les deux rouans. — (Maurice Constantin-Weyer, Un homme se penche sur son passé, 1928, réédition Nelson, page 46)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CASSER. v. tr.
Briser, rompre. Casser un verre, un vase, une glace. Par extension, Casser des œufs, des noix, En briser la coquille. Se casser une dent, un bras, une jambe. Casser la tête à quelqu'un d'un coup de revolver. Le verre se casse facilement. Prov. et fig., Qui casse les verres les paie, Celui qui fait quelque dommage doit le réparer. Prov. et fig., Il en paiera les pots cassés, On fera retomber sur lui le dommage de la perte, on s'en vengera sur lui. Fig. et fam., Casser les vitres, Ne rien ménager dans ses propos. Fig. et fam., Casser bras et jambes, Enlever tout moyen d'agir. La peur lui cassa bras et jambes. Fig. et fam., Casser la tête, Assourdir par un grand bruit. Se casser la tête, Se la briser ou se la fendre en tombant, en heurtant contre un corps dur. Fam. et par exagération, Se casser la tête, le nez, Se blesser à la tête, ou au nez, en se cognant contre quelque chose. Cet étourdi s'est cassé le nez contre une porte. On dit de même Se casser le cou, Se blesser en tombant. Se casser la tête signifie, figurément et familièrement, S'appliquer à quelque chose avec une grande contention d'esprit. Je me suis longtemps cassé la tête pour trouver un expédient. Se casser le nez, Ne point réussir dans ses projets, ne point venir à bout de ce que l'on a entrepris. Il signifie aussi Ne pas trouver chez elle une personne qu'on allait voir. Se casser le cou, Ruiner ses affaires, sa fortune. On dit de même Casser le cou à quelqu'un.

CASSER s'emploie intransitivement et signifie Se briser, se rompre. La corde a cassé.

CASSER signifie aussi, en parlant de l'organisme, Affaiblir. Les fatigues de la guerre, les débauches l'ont fort cassé. Il a la voix cassée.

SE CASSER signifie encore dans cette acception Devenir faible, débile. C'est un homme qui commence à se casser. Il se casse depuis quelque temps.

CASSER signifie au figuré Annuler, déclarer nul. Casser un jugement, un arrêt. Casser un mariage. Casser un testament, un contrat. Casser un sergent, un caporal, Les priver de leur grade et les réduire à la condition de simples soldats. Casser aux gages, Ôter à quelqu'un son emploi et les appointements qui y sont attachés. On l'a cassé aux gages, Il est cassé aux gages. Cela se dit aussi, figurément, d'un Inférieur qui a perdu la confiance de son supérieur.

Littré (1872-1877)

CASSER (kâ-sé) v. a.
  • 1Faire, d'un objet qui est frappé, deux ou plusieurs fragments. Casser du sucre. Casser du bois. Casser des œufs pour la cuisine. Une poutre cassa les jambes à l'athlète, La Fontaine, Fabl. I, 14. Pourvu que le nourrisson ne se casse ni bras ni jambe, Rousseau, Ém. I.

    Casser la tête à quelqu'un d'un coup de fusil, de pistolet, le tuer d'une balle dans la tête. Que d'une force sans seconde La mort sait ses traits élancer Et qu'un peu de plomb peut casser La plus belle tête du monde, Voiture, dans RICHELET. Songez que les boulets ne vous respectent guère, Et qu'un plomb, dans un tube entassé par des sots, Peut casser d'un seul coup la tête d'un héros, Voltaire, Ép. LII, Au roi de Prusse.

    Se casser la tête, se faire une fracture au crâne ; et par exagération, se faire une blessure à la tête.

    Fig. Se casser la tête, s'appliquer avec une grande contention d'esprit. Je le ferai avec toute la diligence possible sans pourtant me casser la tête, Bossuet, Lett. quiét. 227. Il se casse la tête d'application, Sévigné, 367.

    Se casser la tête, se désespérer. Elle se cassait la tête contre les murs, Sévigné, 409.

    Fig. Casser la tête, importuner par un grand bruit, par des propos. Le père Payen, à qui l'on casse la tête, Sévigné, 446. On dit aussi d'un vin capiteux, qu'il casse la tête.

    Casser les os à quelqu'un, le battre. Et le moi que voici, chargé de lassitude, A trouvé l'autre moi, frais, gaillard et dispos, Et n'ayant d'autre inquiétude Que de battre et casser les os, Molière, Amphitr. II, 1.

    Se casser le cou, faire une chute dans laquelle on se tue ou se blesse grièvement.

    Fig. Se casser le cou, ruiner ses affaires, sa fortune. On dit de même, casser le cou à quelqu'un.

    Par exagération. Se casser le nez, faire une chute sur la face, et plus souvent, se frapper le nez contre un obstacle qu'on ne voit pas ou auquel on ne fait pas attention. Je me suis cassé le nez contre un arbre.

    Fig. Se casser le nez à la porte de quelqu'un, ne pas le trouver chez lui.

    Se casser le nez, échouer dans un projet, une entreprise. Que je traite avec vous des choses où Aristote, Platon, St Thomas et St Bonaventure se sont cassé le nez, Voltaire, Lett. d'Argenson, 14 déc. 1770.

    Comme les coups qu'on se donne sur le nez sont rarement dangereux et toujours ridicules, l'expression casser le nez est toujours prise en moquerie, en dérision, à la différence de casser la tête.

    Fig. Casser les vitres, ne garder aucuns ménagements.

    Fig. Cela me casse bras et jambes, cela paralyse tous mes moyens d'action ou bien me stupéfie d'étonnement. Ce n'est pas moi qui ai trouvé le secret de faire traîner deux mois cette opération, presque terminée en huit jours, quand le roi et l'état-major me vinrent casser les bras, Courier, Lett. I, 113. La peur casse les jambes à l'homme ; pourquoi ne briserait-elle pas bien les ailes à l'oiseau ? Chateaubriand, Amér. 24.

    Casser la croûte, casser une croûte, manger un morceau. Cassez la croûte avec nous.

    Fig. N'en casser que d'une dent, n'en pas tâter, s'en passer. Faites moins la sucrée et changez de langage ; Ou vous n'en casserez, ma foi, que d'une dent, Corneille, Le Menteur, IV, 9.

    Populairement et fig. Je t'en casse, c'est-à-dire ce n'est pas pour toi, tu n'en auras pas.

    Fig. et bassement, on dit qu'une femme a cassé ses œufs, quand elle a accouché avant terme par quelque chute ou accident.

  • 2 Terme de droit. Annuler. Casser une condamnation, des jugements. Casser un testament. Casser un mariage… Non, je m'y veux tenir ; Quelque sensible tort qu'un tel arrêt me fasse, Je me garderai bien de vouloir qu'on le casse, Molière, Mis. V, 1. [Ils] m'ôtent tout le pouvoir de casser l'alliance, Molière, Sgan. 24. Il fit casser son mariage avec Anne, Bossuet, Var. 7. Après la grâce obtenue, nous cassons un acte si solennel, Bossuet, Pén. 1. J'empêchai qu'on ne cassât cette adoption qui rend aujourd'hui le jeune César si audacieux, Vertot, Rév. rom. XIV, p. 317.
  • 3Destituer. Casser un magistrat. L'empereur cassa le centurion. Casser un officier, c'est le chasser du service ; casser un sous-officier, c'est le priver de son grade. On le menace tous les jours d'être cassé, Sévigné, 324. Le czar défendit aux officiers sous peine d'être cassés, et aux soldats sous peine de mort, de s'écarter pour piller, Voltaire, Charles XII, 4.

    Casser aux gages, ôter un emploi rétribué ; et figurément, retirer sa confiance à un inférieur.

  • 4Affaiblir, débiliter. Des corps que les fatigues ont cassés. Des rôles fatigants ont cassé la voix de ce chanteur.
  • 5 Terme de marine. Casser l'erre, arrêter par degrés une embarcation.
  • 6 V. n. Être cassé. Le verre casse aisément. La corde cassa. Le bois ne casse jamais sans avertir, à moins que la pièce ne soit fort petite ou fort sèche, Buffon, Exp. sur les végét. 1er mém.
  • 7Se casser, v. réfl. Être mis en morceaux. Le pot se cassa en tombant. S'il se casse quelque chose, je m'en prendrai à vous, et je le rabattrai sur vos gages, Molière, l'Avare, III, 1.

    Devenir débile, perdre sa force. Il commence à se casser. C'est un homme qui se casse. La voix de ce chanteur s'est cassée promptement.

    PROVERBE

    Qui casse les verres les paye, c'est-à-dire l'auteur d'un dommage doit le réparer.

    Si c'est du grès, on vous en casse, se dit à quelqu'un pour exprimer qu'on refuse de faire ce qu'il désire.

SYNONYME

CASSER, ROMPRE, BRISER. Ces trois mots expriment que, dans un objet, la continuité est détruite. Ils diffèrent en ce que casser, c'est la détruire en un coup, en une fois ; rompre, c'est la détruire avec un effort, avec le temps ; briser, c'est mettre en pièces. Un coup de barre cassa l'essieu ; un coup de feu le brisa ; une charge trop pesante le rompit. Il faut ajouter que l'étymologie de casser est complexe, venant à la fois de cassus, vain, vide, nul, et de quassare, briser ; de ce côté casser n'a plus de synonymie avec rompre : on casse un contrat, un testament, un officier, mais on ne les rompt pas ; on rompt une alliance, mais on ne la casse pas.

HISTORIQUE

XIe s. Quassét son haume, si l'ont navrét au chef, Ch. de Rol. CLII.

XIIe s. De tous royaumes devez estre cassé [déchus], Roncisv. 19. L'haume [il] lui froisse, li os lui sont quassé, ib. 104.

XIIIe s. Li rois quasse la cire, s'a au brief esgardé, Berte, LXVII. Sans deffense la porte quassent, Quassée l'ont ; outre s'en passent, la Rose, 12575. Bien seroit sa jangle [caquet] quassée, ib. 7432. [Tibullus] Por cui mort [pour la mort de qui] ge brisai mes fleches, Cassai mes ars [arcs]…, ib. 10541. Par ceus iert li chastiaus cassés, Se chascun i met bien s'entente, ib. 10770. Mostrant raisons et semblances de dreit por cel dit casser et varier, Ass. de Jér. 118. Tuit sunt un, sachés à delivre, Et vie d'oume [homme] et oez [œufs] quasseiz, Rutebeuf, 131. Et li rois cassa l'establissement, et commenda que tot viegne en partie, Liv. de just. 10.

XIVe s. Et certes se ne me cassez Ces trois… [ne me privez de ces trois], Machaut, p. 4.

XVe s. Et se mettoient au retour, petit à petit, ceux qui estoient cassés de leurs gages et tous hodés de la guerre, Froissart, III, III, 88. De balader j'ay beau loisir, Autres deduis me sont cassez, Orléans, Ball. 40. Tellement quellement Me faut le temps passer, Quant ne puis nullement Ma fortune casser, Orléans, Rond. 51. Casser un privilege, Commines, II, 4.

XVIe s. Et qui s'applicque à tel trafficque, Le plaisir casse, Marot, J. V, 216. Car la fortune est pour un verre prise, Qui tant plus luit, plus tost se casse et brise, Marot, I, 329. Ouidà, dit-il, messieurs, je le ferai, mais que j'aie disné ; et cassoit [bâfrait] toujours, Despériers, Contes, CV. La nufvieme legion s'estant mutinée, il la cassa avec ignominie, Montaigne, III, 168. Il cassa la compagnie de 300 satellites, que Romulus avoit toujours euz autour de sa personne, Amyot, Numa, 12. L'edict par lequel il cassoit et annulloit toutes debtes, Amyot, Solon, 25. Revoquer et casser une ordonnance, Amyot, Péricl. 71. Quand j'ai veu qu'ils me cassoient [mes chevaux de chasse], je les ai cassez, et puis l'age en cassoit sa part, D'Aubigné, Faen. I, 5. Lui casser la teste d'un coup de pistolet, D'Aubigné, Vie, XIX. La sentence fut moderée à estre degradé des armes et cassé, D'Aubigné, ib. LXXXIII. Puis l'accident passé, ils sont cassés de leurs gages, Paré, XXIV, 12. Vingt hommes d'armes des plus lestes de la compaignie de M. le mareschal de Saint-André se casserent [se démirent], et vindrent trouver M. de Vieilleville, Carloix, VI, 13. D'une voix cassée et enrouée, Montaigne, II, 20. On rencontre la substance de l'os dure, qui sonne cassé, Paré, XI, 21. Ô prompts desirs d'esperance cassez, ô douce erreur, ô pas en vain trassez, Ronsard, 91.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CASSER. Ajoutez :

8En Normandie, casser un tonneau de cidre, le mettre en vidange pour en vendre une partie seulement. Ce n'est pas la peine de casser un tonneau de 800 pots pour en vendre 200. Cette expression n'est pas sans analogie avec celle de rompre charge.

Sembablement, en Bourgogne, on casse une pièce de vin, quand on en tire une partie, soit pour la vendre, soit pour tout autre usage.

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Étymologie de « casser »

Provenç. cassar, caissar, cachar, quassar ; catal. cassar ; espagn. casar ; ital. cassare ; du latin quassare, secouer, ébranler, fréquentatif de quatere. Il y a aussi le latin cassus, vide, nul, dont la forme et le sens se sont confondus avec quassus, quassare.

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(Vers 1160)[1] Du latin quassare (« casser, rendre vide ou nul »)[1][2], de quatere (« secouer »). (1080) quasser (« briser »).
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Phonétique du mot « casser »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
casser kase

Fréquence d'apparition du mot « casser » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « casser »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « casser »

  • Qui doit se casser le cou trouve un escalier dans les ténèbres.
    Proverbe italien
  • On ne saurait faire une omelette sans casser des oeufs.
    Proverbe français
  • Selon les premiers éléments, elle aurait été agressée à la sortie d'un bar par un homme muni d'une bouteille. L'individu en question se serait montré particulièrement grossier, et la jeune fille lui aurait fait remarquer. Une contradiction qui a quelque peu irrité sa susceptibilité. Pour exprimer son mécontentement, il n'a trouvé d'autre moyen que de lui casser une bouteille d'alcool sur la tête.
    ladepeche.fr — Il casse une bouteille sur la tête d'une jeune femme à la sortie d'un bar d'Agen - ladepeche.fr
  • Une baguette est facile à casser, dix baguettes sont dures comme fer.
    Proverbe chinois
  • Il faut toujours casser la glace qui se forme autour du bateau.
    Charles-Augustin Sainte-Beuve — Entretien de Louis Guilloux avec Gilles Lapouge - Été 1976
  • Mourir de rire c'est se fendre la pipe sans la casser.
    Jicka
  • La violence à la télévision, ça donne envie de tout casser. Sauf, hélas, la télévision.
    Philippe Geluck — Le Chat à Malibu
  • Il faut casser le noyau pour avoir l'amande.
    Plaute — Curculio
  • Entreprendre, c'est toujours plus ou moins casser l'ordre établi.
    Jacques Barraux
  • Quand tu donnes une noix à quelqu’un, donne-lui aussi de quoi la casser.
    Proverbe géorgien
Voir toutes les citations du mot « casser » →

Traductions du mot « casser »

Langue Traduction
Anglais break
Espagnol romper
Italien rompere
Allemand brechen
Portugais partir
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Synonymes de « casser »

Source : synonymes de casser sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « casser »

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Nombre de points du mot casser au scrabble : 8 points

Casser

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