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Condamnation

Variantes Singulier Pluriel
Féminin condamnation condamnations

Définitions de « condamnation »

Trésor de la Langue Française informatisé

CONDAMNATION, subst. fém.

A.− Action de condamner, jugement qui condamne.
1. Décision de justice, jugement qui condamne quelqu'un à une peine. Infliger, prononcer une condamnation contre qqn; subir, encourir une condamnation; condamnation à mort, à la prison; motifs de condamnation. Synon. arrêt, jugement, sentence. Anton. acquittement, grâce, réhabilitation.Une condamnation emportant peine afflictive ou infamante (Code civil,1804, art. 221, p. 41).Le récit de la condamnation de Jésus (Bloy, Journal,1903, p. 177).Condamnation à cinq ans de prison sans sursis (Gide, Journal,1930, p. 1017):
1. Une demi-heure plus tard, le jury rentrait. L'accusé était reconnu coupable d'assassinat prémédité, sans circonstances atténuantes. L'avocat général requérait l'application de la loi. La condamnation à mort était prononcée. P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 104.
Loc. diverses
Signer sa condamnation. P. métaph. :
2. Ces paris sur structure neuve, ou bien la science déclare qu'elle n'a rien à dire sur eux − elle signe alors sa condamnation; ou bien elle prétend les saisir et s'oblige à construire des outils appropriés. Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 297.
Interjeter appel de sa condamnation. Anton. accepter, subir condamnation.La ballade dans laquelle il [Villon] se félicite d'avoir fort à propos interjeté appel de sa condamnation (Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 13).
Passer condamnation (au fig.). Avouer qu'on a tort, abandonner la discussion, céder. Elle eût voulu se faire tambour-major, que j'eusse passé condamnation sur ce goût dépravé (Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 207).Je reconnais que j'ai eu tort d'imaginer qu'un gentilhomme consentirait à s'occuper comme un homme, et je passe condamnation (É. Augier, Le Gendre de M. Poirier,1854, p. 279).
[En style judiciaire] Condamnation en, constr. arch. pour condamnation à. Condamnation en vingt années de fers (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 286).
SYNT. Être frappé d'une condamnation; aggraver, annuler, casser, commuer, éviter, réduire une condamnation; procès, jugement de condamnation; une condamnation sans appel, sans recours, pour vol, pour meurtre, définitive, irrévocable, capitale, civile, politique, judiciaire, pénale, pécuniaire, dure, sévère, implicite, explicite, illégale, injuste.
Spéc. [En parlant du Jugement dernier] Damnation. Anton. salut.Condamnation éternelle (Musset, Lorenzaccio,1834, V, 7, p. 268).La phrase de saint Paul sur celui qui mange et boit sa propre condamnation (Green, Moïra,1950, p. 125).Mort et condamnation! (La Martelière, Robert, chef de brigands,1793, III, 8, p. 37).
2. P. méton. La peine à laquelle est condamné le coupable. Déterminer le montant d'une condamnation. Quasi-synon. punition, sanction.C'était deux mille livres qu'il en coûterait à Mr Fogg, s'il ne purgeait pas sa condamnation (Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 82).
3. P. anal. Condamnation d'un malade. Diagnostic par lequel les médecins déclarent que sa maladie est mortelle. « Je crois vraiment que je suis guéri »; et c'était la veille que le médecin avait prononcé ma condamnation! (M. de Guérin, Correspondance,1837, p. 323).
4. P. ext. et au fig. Condamnation à.Obligation à (faire ou subir quelque chose). C'était le drame de sa vie intime que cette inaptitude au contact, cette condamnation à demeurer incommunicable! (R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 880).
B.− Action de frapper d'une sanction sévère.
1. Action d'interdire formellement (une doctrine, une hérésie, un acte, une opinion, un principe, etc.) en tant que contraire à la morale ou à la religion. Une condamnation expresse. Synon. anathémisation, prohibition, interdit, censure.La condamnation des cinq propositions de Jansénius, par Innocent X (Lamennais, De la Religion,1826, p. 167).Depuis sa condamnation par le pape, l'Action française avait disparu de la Belle Angerie (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 111):
3. Deux soucis essentiels inspirent en fait l'Église : respect de la vie, respect de la nature. Par suite, condamnation de l'avortement, de la contraception et de la stérilisation (concile de Nicée) et, bien entendu, de l'infanticide. Hist. de la sc.,1957, p. 1601.
2. Action de blâmer vigoureusement, de réprouver énergiquement quelqu'un ou quelque chose. Synon. blâme, critique, réprobation. Anton. apologie, louange.
a) [Le suj. désigne une pers.] Porter une sévère condamnation contre qqn; une condamnation méprisante. Asserme se sentit perdu. Il lisait sa condamnation sur ce visage glacial (De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 317):
4. ... ma grand'tante qui, sachant que ma grand'mère n'était jamais du même avis qu'elle, et n'étant pas bien sûre que ce fût à elle-même que nous donnions toujours raison, voulait nous arracher une condamnation en bloc des opinions de ma grand'mère contre lesquelles elle tâchait de nous solidariser de force avec les siennes. Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 22.
b) [Le suj. désigne une chose] Fait, écrit, acte qui sert de preuve accablante.
contre le comportement de quelqu'un ou p. méton., contre quelqu'un. Que l'exemple de sa conversion porte condamnation contre les mauvaises mœurs (Billy, Introïbo,1939, p. 146).
contre quelque chose :
5. C'est en s'opposant à toute psychologie et en utilisant la rationalité des types idéaux que se constitue la « sociologie compréhensive ». Elle ne vise à rien autre qu'à fixer de façon univoque le sens des concepts historiques. Mais ce voisinage est aussi sa condamnation. J. Vuillemin, L'Être et le travail,1949, p. 103.
3. Rare. Condamnation d'une porte, d'une fenêtre (cf. condamner II C).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃dɑnasjɔ ̃] ou [kɔ ̃da-]. Pour [a] ant. ou [ɑ] post. et pour la non-prononc. de m, cf. condamner. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xiiies. condempnation « jugement, sentence » (Cout. d'Artois, 153 ds Delb. Notes [ms. déposé à la Sorbonne] : Et est sentence deffinitive, qui determine principale question, et doit contenir absolution ou condempnation, ou autrement ne vaut riens); 1536, 30 août condamnation (Edit de Fr. Iersur la just. dans le duché de Bret. ds Gdf., s.v. condeau); en partic. a) 1525 en parlant de Dieu (Evang. selon saint Jean, V, 24, Nouv. Testam., éd. Lefebre d'Etaples ds Littré); b) 1862, sept. en parlant d'un malade (E. et J. de Goncourt, Journal, p. 134); 1474 condempnacion « amende » (Lettres de Louis XI, éd. von Vaësen et Charavay, t. 5, p. 275 ds Bartzsch p. 83); 2. 1541 « blâme, réprobation » (Calvin, Instit., II, p. 68 ds Hug.); 1688 « acte, fait, écrit portant témoignage contre » (Boss., Var. X ds Rob.); 3. 1961 « dispositif permettant de bloquer une serrure » (Lar. encyclop.). Empr. au lat. class. condemnatio « sentence, peine »; b. lat. condemnatio pecuniaria « peine pécuniaire »; fig. « repréhension, blâme » en b. lat. Fréq. abs. littér. : 956. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 240, b) 1 095; xxe: a) 1 979, b) 1 229. Bbg. Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 378.

Wiktionnaire

Nom commun - français

condamnation \kɔ̃.dɑ.na.sjɔ̃\ ou \kɔ̃.dɑ.nɑ.sjɔ̃\ ou \kɔ̃.da.na.sjɔ̃\ féminin

  1. Action de condamner ; jugement qui condamne, ou par lequel on est condamné.
    • […] l’affaire Dreyfus nous a montré que l’immense majorité des officiers et des prêtres concevait toujours la justice à la manière de l’Ancien Régime et trouvait toute naturelle une condamnation pour raison d’État. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chap. III, Les Préjugés contre la violence, 1908, p. 143)
    • Il y a eu condamnation contre lui.
    • Prononcer condamnation.
    • Condamnation à une peine infamante, par défaut.
    • La morale ? « Le jugement et la condamnation morale sont un mode de vengeance favori chez les intelligences bornées à l’égard des intelligences qui le sont moins.» — (Philippe Sollers, Éloge de l’infini, Gallimard, p. 405)
  2. Passer condamnation : Consentir que la partie adverse obtienne jugement à son avantage.
    1. (Figuré) Avouer qu’on a tort.
      • Je passe condamnation.
  3. Accepter, subir condamnation : Subir, sans interjeter appel, la peine à laquelle on a été condamné.
    • Condamnation par contumace.
  4. (Figuré) Pour signifier que quelqu’un ou quelque chose est digne de blâme.
    • La condamnation des abus.
    • La conduite de ce ministre est la condamnation de celle qu’ont tenue ses prédécesseurs.
  5. Chose même à laquelle on est condamné, comme une somme d’argent, des dommages et intérêts.
    • Faire, subir sa condamnation.
    • Payer le montant des condamnations.
    • Acquitter le montant des condamnations.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CONDAMNATION. n. f.
Action de condamner ; jugement qui condamne, ou par lequel on est condamné. Il y a eu condamnation contre lui. Prononcer condamnation. Condamnation à une peine infamante. Condamnation par défaut. Passer condamnation, Consentir que la partie adverse obtienne jugement à son avantage. Il signifie figurément Avouer qu'on a tort. Je passe condamnation. Accepter, subir condamnation, Subir, sans interjeter appel, la peine à laquelle on a été condamné. Il s'emploie au figuré pour signifier que Quelqu'un ou quelque chose est digne de blâme. La condamnation des abus. La conduite de ce ministre est la condamnation de celle qu'ont tenue ses prédécesseurs. Il se dit quelquefois des Choses mêmes auxquelles on est condamné, comme une somme d'argent, des dommages et intérêts. Faire, subir sa condamnation. Spécialement, au pluriel. Payer le montant des condamnations. Acquitter le montant des condamnations.

Littré (1872-1877)

CONDAMNATION (kon-da-na-sion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action de condamner ; jugement qui condamne. Il y a eu condamnation contre lui. Condamnation à l'amende, aux travaux forcés. Condamnation contradictoire.

    La chose à laquelle on est condamné. Condamnation solidaire.

    La peine infligée. Subir sa condamnation.

    Au plur. Les condamnations, amende, dommages-intérêts, réparations, frais, etc. résultant du jugement. Acquitter les condamnations.

    Passer condamnation, consentir que la partie adverse obtienne jugement à son avantage.

    Subir condamnation, acquiescer à un jugement dont on pourrait interjeter appel.

    Fig. Passer condamnation, reconnaître qu'on a eu tort. Il a peur qu'on ne croie qu'il ait passé condamnation sur les livres de Mme Guyon, Bossuet, Relat. Ce ministre passe condamnation pour Luther et pour Mélanchthon, Bossuet, Avert. 2. Passez donc condamnation sur le fait, Bossuet, Avert. 4. Il est prêt à passer condamnation pour prévenir l'arrêt du juge, Bossuet, Pén. 1.

    Dans le même sens, prendre condamnation. Il fait sentir la supériorité qu'il a ; je la lui passe tout entière, et je prends condamnation, Montesquieu, Lett. pers. 74.

  • 2Blâme. Notre amour-propre souffre plus patiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions.
  • 3Ce qui fait improuver, blâmer. La conduite de ce ministre est la condamnation de celle qu'ont tenue ses prédécesseurs. Ils auraient porté avec eux leur condamnation, Bossuet, Hist. II, 13. Il a mangé et bu sa condamnation [en communiant], Massillon, Car. Comm.

HISTORIQUE

XVIe s. Il faut que moi et eux passions condamnation sitost que Dieu a parlé, Calvin, 221. Nous avons esté rachetez de condamnation de mort, Calvin, Instit. 624.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CONDAMNATION. Ajoutez : - REM. Malherbe a écrit condemnation : La condemnation de la malice universelle du monde, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : En verité, en verité, je vous dis que qui oit ma parolle et croit à celluy qui m'a envoyé, il a vie eternelle et ne vient point en condemnation, Évang. selon saint Jean, V, 24, Nouv. Testam. éd. Lefebre d'Étaples, Paris, 1525. Il [l'evesque] ne soit point novice, affin que par elevation d'orgueil ne cheie en la condemnation du diable, I Tim. III, 6.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « condamnation »

Provenç. condemnacion, conaempnation ; espagn. condenacion ; ital. condennazione ; du latin condemnationem, de condemnare, condamner.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Date à préciser) Du latin classique condemnatio (« sentence, peine »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « condamnation »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
condamnation kɔ̃danasjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « condamnation » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « condamnation »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « condamnation »

  • Nous vivons en un temps où, Dieu merci, une condamnation à mort ne déshonore plus personne.
    Henry Millon de Montherlant — Malatesta, II, 4, Malatesta , Gallimard
  • Ce serait beau, l’honnêteté d'un avocat qui demanderait la condamnation de son client.
    Jules Renard
  • Le mariage est une condamnation de drap commun.
    Alexandre Breffort
  • Le jugement implique aussi la condamnation du juge.
    Louis Scutenaire — Mes inscriptions II
  • Notre amour-propre souffre plus impatiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions.
    François de La Rochefoucauld — Maximes
  • On quitte vite les amis, en fin de compte, c'est moins vrai des femmes que l'on aime. Le plus dur reste la famille, mais, là encore, être rapide est la solution. Sinon, condamnation à perpétuité.
    Nicolas Idier — La musique des pierres
  • La morale commence là où aucune punition n'est possible, là où aucune répression n'est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n'est nécessaire.
    André Comte-Sponville — Pensées sur la morale
  • Mieux vaut condamnation de médecin que de juge.
    Proverbe français
  • Certains jours, quelle condamnation pour les hommes de vivre les uns avec les autres....
    Marie-Claire Blais — Un joualonais, sa joualonie
  • Deux acquittements valent une condamnation.
    Alfred Capus — Les Pensées
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Traductions du mot « condamnation »

Langue Traduction
Anglais conviction
Espagnol convicción
Italien convinzione
Allemand überzeugung
Chinois 定罪
Arabe قناعة
Portugais convicção
Russe убеждение
Japonais 信念
Basque convicción
Corse cunvinzione
Source : Google Translate API

Synonymes de « condamnation »

Source : synonymes de condamnation sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « condamnation »

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Condamnation

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