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Exil

Variantes Singulier Pluriel
Masculin exil exils

Définitions de « exil »

Trésor de la Langue Française informatisé

EXIL, subst. masc.

A.−
1. Peine qui condamne quelqu'un à quitter son pays, avec interdiction d'y revenir, soit définitivement, soit pour un certain temps. Prononcer l'arrêt, la peine d'exil. L'exil ne semblait pas un supplice plus doux que la mort. Les jurisconsultes romains l'appelaient une peine capitale (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 255).Nous serons consolés de tant de peines et de persécutions. L'exil prendra fin, voici l'aurore (Camus, Possédés,1959, 1repart., 1ertabl., p. 939):
1. M. de Toulouse se fera un grand honneur de faire lever l'exil de mon père, et moi j'enrage de ce qu'une injustice commise s'appelle une grâce lorsqu'elle cesse. Staël, Lettres jeun.1787, p. 168.
2. Le ministre de la guerre (...) se retourne contre cet officier, le frappe d'exil pour avoir fait son devoir, et assure à un Walsin-Esterhazy l'impunité. Clemenceau, Iniquité,1899, p. 44.
En partic. Exil volontaire. La loi Sempronia qui permettait à un citoyen romain de prévenir par un exil volontaire une condamnation capitale (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 229).
SYNT. Envoyer en exil; acte, décret, liste, sentence d'exil; être menacé d'exil perpétuel; cinq ans d'exil pour forfaiture. Prendre le chemin de l'exil.
P. ext., vx. Mesure de disgrâce assignant quelqu'un à une résidence forcée, loin de la cour ou de la ville. Il fut poursuivi, traqué par Bossuet, condamné à Rome, envoyé en exil à Cambrai (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 241).
2. Au fig.
a) Tout changement de résidence, volontaire ou non, qui provoque un sentiment ou une impression de dépaysement. Je me punis par l'exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars (Flaub., Mme Bovary,t. 2, 1857, p. 44).Les voyages, c'est l'exil volontaire (Lorrain, Phocas,1905, p. 268):
3. ... elle partirait pour Berlin et y passerait l'année : elle envisageait cet exil avec terreur. Beauvoir, Mém. fille,1958, p. 354.
b) Éloignement affectif ou moral; séparation qui fait qu'un être est privé de ce à quoi ou de ce à qui il est attaché. L'exil du cœur; se sentir en exil. L'exil moral et la nostalgie de l'artiste que la nécessité a fait bureaucrate ou marchand (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 54).Un thème revient sans cesse, celui de l'imperfection de la vie quotidienne, de l'exil où nous sommes dans le « temps ». (Béguin, Âme romant.,1939, p. 379):
4. À lui tout seul il représente la silencieuse et hautaine réserve de l'esprit en exil dans la grossièreté ambiante. Faure, Hist. art,1921, p. 56.
5. ... le premier acte de liberté pour le penseur classique est de suspicion : c'est un doute, et ce doute est un acte d'exil; le « je pense » se retire du piège du corps et du monde; il s'exalte en défiant le malin génie. Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 418.
B.− État de celui qui est contraint de vivre hors de son pays ou loin de sa résidence ordinaire. Les peines, la tristesse de l'exil. Le grand Arnauld (...) mourut dans l'exil, fidèle et attaché de cœur au roi qui le tenait banni (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 19).L'exil ne déchire pas, il use. Tu ne te repais plus que de songes et tu joues avec des dés vides (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 591):
6. ... la première chose que la peste apporta à nos concitoyens fut l'exil (...) oui, c'était bien le sentiment de l'exil que ce creux que nous portions constamment en nous, cette émotion précise, le désir déraisonnable de revenir en arrière ou au contraire de presser la marche du temps, ces flèches brûlantes de la mémoire. Camus, Peste,1947, p. 1274.
SYNT. Les larmes, la pluie noire, les longs jours de l'exil; un compagnon, un frère d'exil; souffrir de l'exil; manger le pain amer de l'exil.
C.− P. ext. Lieu où réside celui qui est exilé. Terre d'exil. S'il y avait de beaux exils, Jersey serait un exil charmant (Hugo, Corresp.,1852, p. 126).
En partic., RELIG. [P. réf. à une conception qui fait de la condition humaine sur terre un exil] L'exil de la terre; l'âme en exil. La vie présente n'est qu'un exil; tournons nos regards vers la patrie céleste [déclare le christianisme] (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 145).
Spéc., ASTROL. Avoir tel astre en exil dans son thème. Planète qui n'est pas située dans le signe qui lui convient. L'exil est à l'opposé du domicile (Hadès, Pluton ou les grands mystères,Paris, Niclaus, 1971, p. 48).
Rem. On rencontre dans la docum. exileur, euse, adj. Qui exile, d'exil. Despotisme exileur. Faible et seule et pleurante en la terre exileuse... (Péguy, Tapisserie Ste Geneviève et J. d'Arc, 1913, p. 111).
Prononc. et Orth. : [εgzil]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1798-1878 : ,,on prononce l'l, mais sans la mouiller``. Étymol. et Hist. Ca 1100 exill « détresse, malheur, tourment » (Roland, éd. J. Bédier, 2935); 1155 « bannissement » (Wace, Vie de St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 642 : ... En eisel l'en envëat l'om). Exil, réfection d'apr. le lat. de l'a. fr. eissil, essil, exill, forme demi-savante, issue du lat. class. ex(s)ilium « bannissement, lieu d'exil ». Fréq. abs. littér. : 1 735. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 403, b) 3 667; xxes. : a) 1 774, b) 1 442. Bbg. De Gorog (R.). The Concept to destroy in Old French and the question of synonymy. Linguistics. La Haye, 1972, no93, p. 37.

Wiktionnaire

Nom commun - français

exil \ɛɡ.zil\ masculin

  1. État de celui que l’autorité force à vivre hors de sa patrie, ou qui s’y résout lui-même.
    • Envoyer en exil.
    • Aller en exil.
    • Être en exil.
    • Lieu d’exil.
    • Il est revenu, il a été rappelé d’exil, de l’exil, de son exil.
    • La terre est pour l’homme un lieu d’exil, la vie est un temps d’exil.
    • La seconde vague d’exil, déclenchée à partir de 1925 par la dissolution des espaces démocratiques, toucha de très nombreux journalistes, intellectuels, parlementaires, élus locaux et cadres intermédiaires des partis jusqu’aux plus hauts dirigeants. — (Carmela Maltone, Exil et identité: les antifascistes italiens dans le Sud-Ouest, 1924-1940, 2006)
  2. (Par extension) Tout séjour dans un lieu qui n’est pas celui où l’on voudrait être, de tout éloignement qui prive de certains agréments que l’on regrette.
    • Vivre ainsi loin de vous est une sorte d’exil, est un exil, un véritable exil pour moi.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

EXIL. n. m.
État de celui que l'autorité force à vivre hors de sa patrie. Envoyer en exil. Aller en exil. Être en exil. Lieu d'exil. Il est revenu, il a été rappelé d'exil, de l'exil, de son exil. Fig., La terre est pour l'homme un lieu d'exil, la vie est un temps d'exil. Exil volontaire se dit de l'Action de quitter le pays où l'on est accoutumé de vivre, soit parce qu'on n'y est pas en sûreté, soit parce qu'on n'y peut plus vivre. Il évita les poursuites par un exil volontaire. Ce grand homme s'imposa un exil volontaire. Il se dit, par extension, de Tout séjour dans un lieu qui n'est pas celui où l'on voudrait être, de tout éloignement qui prive de certains agréments qu'on regrette. Vivre ainsi loin de vous est une sorte d'exil, est un exil, un véritable exil pour moi.

Littré (1872-1877)

EXIL (è-gzil) s. m.
  • 1Expulsion hors de la patrie. Le bannissement est infamant et l'exil ne l'est pas. Suivre en tous lieux, seigneur, l'exil de votre femme, Corneille, Sertor. III, 4. L'exil des Tarquins même ensanglanta nos terres ; Et nos premiers consuls nous ont coûté des guerres, Corneille, Cinna, II, 1. Qui tous deux de l'exil rappelés par moi-même, Racine, Brit. III, 3. L'exil me délivra des plus séditieux, Racine, ib. IV, 2. Quel temps à mon exil, quel lieu prescrivez-vous ? Racine, Phèd. IV, 2. La cour fut inexorable sous Tibère comme auparavant ; il [Ovide] mourut dans son exil la quatrième année du règne de cet empereur, âgé d'environ soixante ans, Rollin, Hist. anc. XXV, I, 2, 2. L'exil est un supplice d'autant plus rigoureux pour un Athénien, qu'il ne retrouve nulle part les agréments de sa patrie, Barthélemy, Anach. ch. 19. L'exil est quelquefois, pour les caractères vifs et sensibles, un supplice beaucoup plus cruel que la mort, Staël, Corinne, XIV, 3.

    Exil volontaire, action de quitter volontairement le pays où l'on est accoutumé de vivre. Je m'impose à moi-même un exil volontaire, Rotrou, Vencesl. II, 2.

  • 2 Par extension, tout séjour hors du lieu où l'on voudrait être. La ville où nous sommes est pour nous un lieu d'exil. Vivre loin de vous est un exil pour moi. Salut, champs que j'aimais et vous douce verdure, Et vous, riant exil des bois, Gilbert, Adieux à la vie.

    Dans le langage mystique. La terre est un lieu d'exil. Qu'il est difficile de regarder comme un exil une terre de délices ! Massillon, Car. Dang. des prosp. Et n'accuse point l'heure Qui te ramène à Dieu ! Soit qu'il naisse ou qu'il meure, Il faut que l'homme pleure Ou l'exil ou l'adieu, Lamartine, Harm. IV, 5.

HISTORIQUE

XIe s. Qui tei a mort, France a mis en exill, Ch. de Rol. CCVII.

XIIe s. C'est la chose pur quei m'estuet [il me faut] essil suffrir, Th. le mart. 57. … Si erent mis En eixil fors [hors] de lur païs, Benoit de Sainte-Maure, I, 557. …E l'eissil [ravage] et la rapine Que fait la gent ultremarine, Benoit de Sainte-Maure, dans RAYNOUARD, Lexiq.

XIIIe s. Que, quant plus tost definera, Plus tost en paradis ira, Quant il lerra [laissera] l'essil present, la Rose, 5040. Tex maniere d'usages c'est essil [dégât], et nus essius [dégât] ne doit estre soufers, Beaumanoir, XXIV, 7.

XIVe s. Il s'enfuirent en une ville, pour illecques demourer en exil, Bercheure, f° 21, verso.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EXIL. Ajoutez :

XVe s. Rigueur le transmit en exil Et luy frappa au cul la pelle, Nonobstant qu'il dist : j'en appelle, Villon, dans Romania, avril 1873, p. 216.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « exil »

Du latin ex(s)ilium venant de ex(s)ul (« séjournant à l’étranger, banni ») ou de ex(s)ilere (« sauter dehors ») ; première apparition en France en 1080, en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle (cf. Joachim Henrich Campe).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. essil, ravage, destruction ; du latin exilium, dont l'étymologie est douteuse, à cause de la forme parallèle exsul, exsulare ; on a indiqué exsilire, qui n'explique point exsulare ; quant à exsulare, on a proposé ex solo, hors du sol, ou, en prenant en considération con-sul, in-sula, un thème sul qui serait voisin de solium, siége. Dans l'ancienne langue, exil avait le sens de ravage, destruction plus souvent que celui de bannissement. Palsgrave, p. 60, dit (au XVIe siècle) qu'on prononçait euzil.

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Phonétique du mot « exil »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
exil ɛgzil

Fréquence d'apparition du mot « exil » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « exil »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « exil »

  • L'exil est une espèce de longue insomnie.
    Victor Hugo
  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • Quand la liberté rentrera, je rentrerai.
    Victor Hugo — Actes et paroles
  • En pays d’exil, même le printemps manque de charme.
    Proverbe russe
  • Il n'est qu'une espérance. Elle revient d'exil.
    Paul Fort — Ballades françaises, Sur les jolis ponts de Paris , Flammarion
  • L'exil, c'est la nudité du droit.
    Victor Hugo — Correspondance
  • En exil partout chez soi.
    Marc Gendron — Les espaces glissants
  • Le pire châtiment est la veille : l'insomnie est exil du meilleur paradis.
    Amado Nervo — Dormir
  • Personne ne peut envahir la pensée parce que la pensée c'est l'exil et que chacun a l'exil qu'il désire.
    Sylvain Trudel — Le Souffle de l'Harmattan
  • Toute supériorité est un exil.
    Madame de Girardin
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Traductions du mot « exil »

Langue Traduction
Anglais exile
Espagnol exilio
Italien esilio
Allemand exil
Chinois 流亡
Arabe منفى
Portugais exílio
Russe ссыльный
Japonais 亡命
Basque erbestean
Corse esiliu
Source : Google Translate API

Synonymes de « exil »

Source : synonymes de exil sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « exil »

Combien de points fait le mot exil au Scrabble ?

Nombre de points du mot exil au scrabble : 11 points

Exil

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