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Dette

Variantes Singulier Pluriel
Féminin dette dettes

Définitions de « dette »

Trésor de la Langue Française informatisé

DETTE, subst. fém.

A.− Obligation qu'un débiteur est tenu d'exécuter envers son créancier (personne ou organisme), en particulier somme d'argent qu'il est tenu de lui payer. Avoir, contracter, faire une dette, des dettes; être en dette avec qqn; être accablé, abîmé, criblé, perdu de dettes. Anton. créance, actif, avoir.Souvent elle avait des embarras d'argent et, pressée par une dette, le priait de lui venir en aide (Proust, Swann,1913, p. 267):
1. Je déteste qu'on me roule; mais ce que je dois, je le paie. Vous dénoncez mon avarice; il n'empêche que je ne puis souffrir d'avoir des dettes : je règle tout comptant; mes fournisseurs le savent et me bénissent. L'idée m'est insupportable de devoir la moindre somme. Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 99.
1. Loc. proverbiales. Qui paie ses dettes s'enrichit; cent ans de chagrin ne paient pas un sou de dettes; qui épouse la veuve épouse les dettes.
2. Syntagmes usuels. Dette d'argent, de jeu; dette sacrée, énorme, légère, lourde, minime, insignifiante, chirographaire; grosse, petite dette; acquitter, éteindre, liquider, payer, rembourser une dette, des dettes, ses dettes; avouer, nier une dette; se libérer de ses dettes; avoir des dettes par-dessus la tête; n'avoir pas un sou de dette; être hors d'état de payer ses dettes; amortissement, annuité, capital, échéance, exigibilité, extinction, garantie, intérêts d'une dette.
3. Syntagmes spéc.
a) Dette criarde (cf. criard A 3).
b) Dette d'honneur. Celle pour laquelle la loi refuse action judiciaire, et que l'on s'engage à rembourser sur l'honneur (en particulier une dette de jeu). M. Chanor se chargeait alors de payer quatre mille francs dus à MM. Léon de Lora et Brideau, une dette d'honneur (Balzac, Cous. Bette,1847, p. 203).Vous savez que j'ai mal géré cette propriété que mon fils tient de sa mère. Il va exiger les huit mille roubles que je lui dois. (...) Et, d'ailleurs, c'est pour moi une dette d'honneur (Camus, Possédés,1959, 1repart., 2etabl., p. 952).
Dette de jeu. Dettes sacrées du jeu, qu'on acquittait autrefois dans les vingt-quatre heures (Jouy, Hermite,t. 1, 1811, p. 293);cf. aussi Code civil, 1804, art. 1965, p. 353).
c) Reconnaissance de dette. Acte écrit attestant que le débiteur a une dette envers le créancier. Signer une reconnaissance de dette :
2. Blanche lui a fait signer une reconnaissance de dettes... Ce n'était pas drôle. Il fallait du cran... Elle en a eu pour dix ans de procès; mais à la fin, elle a été payée intégralement, et avant tous les autres créanciers. C'est beau, ça. Mauriac, Le Mystère Frontenac,1933, p. 216.
d) Remise de dette. ,,Abandon par le créancier de ses droits à être payé`` (Lar. encyclop.).
Spéc. [Dans la prière du Notre Père] Pardon des offenses. Remets-nous nos dettes comme nous remettons celles de nos débiteurs, pardonne-nous comme nous pardonnons (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 164):
3. De même pour la remise des dettes (ce qui ne concerne pas seulement le mal que les autres nous ont fait, mais le bien qu'on leur a fait). Là encore on accepte un vide en soi-même. Accepter un vide en soi-même, cela est surnaturel. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 21.
e) Prisonnier de/pour (la) dette (vx). Personne détenue pour dettes. Les prisonniers pour dette, à Sainte-Pélagie, s'échappèrent (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 600).
Prison, détention pour dettes :
4. ... la détention pour dettes est un fait judiciaire si rare en province que, dans la plupart des villes de France, il n'existe pas de maison d'arrêt. Dans ce cas, le débiteur est écroué à la prison où l'on incarcère les inculpés, les prévenus, les accusés et les condamnés. Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 730.
f) Spéc., DR.
Dette active, passive (cf. actif I C 7).
Dette certaine (cf. Code civil, 1804, art. 2213, p. 406).
Dette civile. Celle qui résulte d'une opération non commerciale. Et l'arrêté plus indigne encore qui ordonnait la contrainte par corps pour dettes civiles (Marat, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 127).
Dette communale. Pour faire face aux charges d'équipement, de construction des bâtiments administratifs, scolaires, etc., les communes sont obligées de solliciter des emprunts auprès de différentes caisses nationales ou privées. (...) la commune doit rembourser chaque année la part de capital et les intérêts. Ce sont ces dépenses que l'on appelle « dette communale » (Fonteneau, Conseil munic.,1965, p. 63).
Dette commerciale. Celle qui résulte d'une opération de commerce. Article 1erde la loi de 1832, qui, nettement, établit la contrainte par corps pour dettes commerciales (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 97).
Dette exigible. Celle dont le créancier peut actuellement exiger le paiement. Il faudrait faire mettre le bail (avec antidate) au nom d'un de mes fils majeur (Victor, en ce cas, car Charles a des dettes exigibles). Le propriétaire, surtout en payant deux termes d'avance, ne s'y refuserait pas (Hugo, Corresp.,1851, p. 37).
Dette hypothécaire. Celle qui est garantie par un droit spécial sur les immeubles du débiteur (cf. Code civil, 1804, art. 876, p. 159).
Dette liquide. Celle dont l'existence est certaine et le montant déterminé (cf. ibid., art. 2213, p. 406).
Dette personnelle. Celle qui donne au créancier contre le débiteur une action personnelle (p. oppos. à la dette de communauté entre deux époux) (cf. ibid., art. 1478, p. 271). Depuis cette époque jusqu'en 1831, je ne possédais pas une obole, je ne pris pas cent sous dans la bourse commune sans les demander à mon mari, et quand je le priai de payer mes dettes personnelles au bout de neuf ans de mariage, elles se montaient à cinq cents francs (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 63).
Dette solidaire. Le codébiteur d'une dette solidaire (Code civil,1804, art. 1214, p. 218).
B.− ÉCON. POL., FIN.
1. Dette publique, dette de l'État. Ensemble des dettes de toute nature, résultant généralement d'emprunts, contractés par un État et qu'il doit rembourser à ses concitoyens (dette intérieure) ou à un autre État (dette extérieure). Dette à court, moyen, long terme. À la mort de François Ier, la dette publique en France était de trente mille livres de rente (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 799):
5. La paix trouve notre économie privée d'une grande partie de ses moyens de production, nos finances écrasées d'une dette publique colossale, nos budgets condamnés pour longtemps à supporter les dépenses énormes de la reconstruction. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 234.
Synon. rare dette nationale.Le plan de liquidation de la dette nationale, par l'établissement d'un fonds d'amortissement, 1786 (Chateaubr., Essai Révol.,t. 1, 1797, p. 218):
6. ... malgré les conquêtes napoléoniennes et le blocus continental qui tripla la dette nationale, contraignit l'aristocratie à hypothéquer ses terres et réduisit le peuple à la misère, la capitale recueille un magnifique bénéfice de ses douze années de guerre; c'est que seule elle était outillée pour financer une coalition universelle. Morand, Londres,1933, p. 42.
Synon. ell. la Dette.Contrôleur de la Dette (cf. Proust, Filles en fleurs, 1918, p. 434). L'obligation d'éteindre la dette provoque une contraction des réserves-or chez le pays emprunteur et, si la circulation obéit aux règles classiques, une pression déflationniste (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 382).
Dette extérieure :
7. En 1852, le gouvernement grec désespérait de payer jamais les intérêts de la dette extérieure. Il se promettait seulement de témoigner sa bonne volonté aux trois puissances en leur donnant 400.000 drachmes par an. About, La Grèce contemporaine,1854, p. 322.
Dette intérieure :
8. J'ai compris dans la dette intérieure le traitement de disponibilité qu'on paye à trois cents officiers, sous-officiers et marins. About, La Grèce contemporaine,1854p. 317.
2. Dette commerciale (DR. FISCAL). Partie de la dette extérieure consistant dans des emprunts souscrits sur des marchés étrangers ou contractés envers des banques étrangères (cf. Cap. 1936). Anton. dette politique.
3. Dette politique. Partie de la dette extérieure consistant dans des avances consenties par un gouvernement étranger (cf. Cap. 1936). Anton. dette commerciale.
4. Dette perpétuelle. Dette au remboursement de laquelle aucun terme n'a été fixé, et dont seuls les intérêts sont exigibles :
9. Enfin, la bourgeoisie détenait la plus grande partie des titres de la dette publique : elle fit donc principalement les frais du réaménagement des dettes perpétuelle et viagère par Cambon, de la liquidation Ramel, du discrédit continu de la rente sous le Directoire, du paiement des coupons en bons sans valeur. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 563.
5. Dette à long terme. Dette publique dont l'échéance est éloignée (cf. Lemeunier 1969).
6. Dette remboursable. Celle dont l'échéance est déterminée, et qui se compose de la dette flottante, de la dette à long terme et de la dette viagère. ,,La dette (publique) est soit remboursable en principe à une date fixée, soit perpétuelle`` (Barr. 1974).
7. Dette flottante. Partie de la dette publique, à court terme, constituée par l'ensemble des emprunts à moyen et à court terme. ,,Dette du Trésor envers les particuliers sous forme de Bons du Trésor, montant des fonds versés en compte courant au Trésor`` (Barr. 1974).
10. ... une dette flottante n'est pas dangereuse si elle peut être remboursée le cas échéant par un recours à l'institut d'émission, recours ne dépassant pas ce qu'autorise le niveau de l'encaisse-or. Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 152.
P. métaph. :
11. ... il entretenait toujours sur la place un certain crédit qu'il appelait sa dette flottante; et comme on savait qu'il avait l'habitude de rendre dès que ses ressources personnelles le lui permettaient, on l'obligeait volontiers quand on le pouvait. Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 29.
Synon. dette à court terme.D'autre part, la circulation fiduciaire et la dette à court terme atteignent respectivement 630 et 602 milliards, soit trois fois plus qu'avant la guerre (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 36).
8. Dette viagère. Partie de la dette publique représentée par les pensions (retraite, invalidité) versées par l'État aux particuliers (cf. ex. 9).
9. Dette consolidée. Partie de la dette publique, à long terme, constituée par l'ensemble des emprunts à long terme, à savoir la dette perpétuelle et la dette à long terme, inscrite sur le Grand Livre de la Dette (publique) et dont les intérêts et amortissements font partie du budget de l'État (cf. Admin. 1972, Barr. 1974); cf. aussi consolidé II B.
10. Dette inscrite. Celle qui, constituée de la dette consolidée et de la dette viagère. est portée sur le Grand Livre de la Dette publique (cf. Cap. 1936).
11. Dette d'État. ,,Emprunts émis par le gouvernement précédent, à la charge du gouvernement suivant`` (Cap. 1936, Rob.). Anton. dette de régime.
12. Dette de régime (DR. FISCAL). ,,Celle qui ne concerne que le gouvernement qui l'a contractée et n'engage pas les gouvernements futurs`` (Cap. 1936). Anton. dette d'État.
C.− Au fig. Obligation morale contractée envers une autre personne pour un bienfait reçu ou un service rendu, et devoir que cela entraîne. Dette sacrée, d'amitié, de reconnaissance; acquitter une dette de reconnaissance envers qqn. Synon. devoir, engagement, obligation.Nous venons de contracter une dette de reconnaissance envers vous. Pour sauver notre enfant, vous avez risqué votre vie! (Verne, Île myst.,1874, p. 375):
12. En outre − et ce n'est pas la moindre des dettes que j'ai contractées envers l'École [des Chartes] − j'y ai été soumis à une certaine méthode de travail, à une certaine discipline intellectuelle et morale, qui me sont devenues une seconde nature. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques,1955, p. LI.
P. ext.
1. Payer sa dette à (loc. où dette signifie tribut, chose pénible à supporter)
Payer sa dette à la justice, à la société. Purger sa peine, et spéc., purger la peine de mort, être exécuté. Everard payait sa dette à la pairie. Il était en prison (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 381):
13. Même lorsque le meurtrier est seul en face de sa victime, il serait aisé de lui trouver des complices chez les morts et chez les vivants. Pourtant, lui seul est jugé, lui seul paye sa dette. Mauriac, Journal 3,1940, p. 285.
Payer sa dette à la patrie. Faire son service militaire. Le temps serait venu où une fille n'eût pas voulu d'un garçon qui n'aurait pas acquitté sa dette envers la patrie. Et c'est dans cet état seulement, ajoutait-il, que la conscription aurait acquis la dernière mesure de ses avantages (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 310):
14. Laissez la petite vanité de l'épaulette aux demi-sots; l'essentiel, pour une âme comme la vôtre, est de payer noblement votre dette à la patrie; l'essentiel est de diriger avec esprit vingt-cinq paysans qui n'ont que du courage; ... Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 165.
Payer sa dette à la nature. Mourir. Synon. payer tribut à la nature :
15. ... après avoir justifié son choix par des travaux qui lui assignent sa place entre les Newton, les Leibnitz et les Euler, il [Lagrange] a payé sa dette à la nature, en léguant ses ouvrages et sa mémoire à des hommes dignes d'apprécier un pareil héritage. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 354.
P. anal. Payer un tribut à... :
16. Je suis perclus de rhumatismes, et par eux cloué à mon fauteuil. Je paie une dette à l'affreuse bise qui désole éternellement Tournon. Il fait un vent à décorner les maris de quatre lieues à la ronde. Je souffre des pieds et ne puis marcher; ... Mallarmé, Correspondance,1863, p. 97.
2. Vx, fam. Avouer la dette, confesser la dette. ,,Reconnaître qu'on a tort, convenir d'un fait qu'on voulait cacher. On dit dans le sens contraire Nier la dette`` (Ac. 1835-1932) :
17. Les flots de sensations nouvelles produites par un succès si étonnant faisaient un peu perdre terre au bon sens de M. Leuwen, et c'est ce qu'il avait honte d'avouer, même à sa femme. Après des discours infinis, M. Leuwen ne put plus nier la dette. − Eh! bien, oui, dit-il enfin, j'ai un accès d'ambition, ... Stendhal, op, cit.,t. 3, 1836, p. 312.
Prononc. et Orth. : [dεt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1174-76 dete « ce que l'on doit à quelqu'un » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2536). Du lat. debita, fém. tiré du plur. de debitum « dette », part. neutre substantivé de debere (devoir*). Fréq. abs. littér. : 2 045. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 604, b) 3 429; xxes. : a) 2 254, b) 1 574.
DÉR.
Dettier, subst. masc.,,Individu soumis à la contrainte par corps`` (Cap. 1936). La communication n'était pas tout à fait interdite entre ces prisonniers si divers [de Sainte-Pélagie] (...) les dettiers envoyaient des journaux; on leur rendait la politesse en provisions de bouche (Nerval, Bohême galante,1853, pp. 118-119).On a ces belles, on les dompte, (...) Vivons! Et l'on sort d'Amathonte Par le corridor des dettiers (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 64). 1reattest. 1841 (Joigneaux, Prisons Paris, p. 67); de dette, suff. -ier*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 150, 237. − Kohlm. 1901, p. 40. − Quem. 2es. t. 1 1970.

Wiktionnaire

Nom commun - français

dette \dɛt\ féminin

  1. Somme due à un créancier.
    • Elle avait épousé un beau garçon sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants très-jeunes avec une quantité de dettes. — (Gustave Flaubert, Trois Contes, 1877)
    • Quoique […] j’eusse économisé quelques sous sur mes omnibus et mes déjeuners, il me fallut, plusieurs fois, avoir recours à l’obligeance d’un ami afin de payer des termes en retard et les dettes criardes. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Vers 1929, ce réseau de dettes enchevêtrées était si serré que l’on estimait que le service des dettes de l’État, des fermiers et des industriels, absorbait les trois quarts des revenus du pays. — (André Maurois, Chantiers américains, 1933)
    • Des créanciers qui réclament le remboursement de leurs dettes excitent toujours les rancœurs de leurs débiteurs. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • Ce serait un comble que pour sortir de la crise financière, on oriente l’épargne vers les dettes souveraines. Je préfère qu’on stimule l’économie par la production. — (François Hollande, « Si je suis élu, je passerai un contrat avec l’industrie », dans L’Usine nouvelle, n°3246, 30 juin 2011, p. 32)
    • Alcolo génétique, Bibo ne taffait pas et croulait sous les dettes, larguait toute sa thune dans la boisson et de temps en temps dans un tapin du cours de Vincennes. — (Zarca, Paname Underground, Éditions Goutte d'Or, 2017)
    • La crise du Covid-19 pourrait finalement faire de Bruno Le Maire le ministre de la nationalisation d’Air France et d’un déficit et d’une dette records, dans l’espoir de contenir, «quoi qu’il en coûte», l’incendie économique. — (Lilian Alemagna, « Face à la crise, un Bruno Le Maire à contre-emploi », dans Libération n° 12078 du lundi 6 avril 2020, p. 10)
  2. (Figuré) Obligation sociale ou sentiment subjectif d’obligation de rendre quelque chose de la même valeur que celle qu’on a auparavant reçue.
    • Il a une dette envers la société.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DETTE. n. f.
Ce qu'on doit à quelqu'un. Il se dit plus particulièrement d'une Somme d'argent. Contracter, faire des dettes. Payer, acquitter une dette, des dettes. N'avoir pas un sou de dettes. Être accablé de dettes, perdu de dettes, criblé de dettes. Dettes actives, Les sommes dont on est créancier; par opposition à Dettes passives, Celles dont on est débiteur. Faire l'état de ses dettes actives et passives. Dette hypothécaire, Dette qui est garantie par une hypothèque. Dette privilégiée, Celle pour laquelle le créancier a un privilège spécial. Dette exigible, Celle qu'on peut exiger actuellement. Dette personnelle, Dette qui est attachée à la personne du débiteur. Dette réelle, Dette à laquelle on n'est obligé qu'à raison d'un immeuble que l'on détient. Dette propre, Dette à laquelle un des conjoints est tenu sur ses biens personnels. Dettes d'honneur, Dettes qui ne sont garanties que par l'honnêteté du débiteur et qu'on ne peut faire valoir en justice. On nomme ainsi particulièrement les Dettes de jeu. Il se dit figurément de Toute obligation morale dans laquelle l'honneur est intéressé. Fam., Dettes criardes, Petites sommes qu'on doit à des ouvriers, à des marchands, et dont ils sollicitent le paiement avec importunité. Spécialement, Dette publique, Ensemble des sommes empruntées par l'État à des particuliers auxquels il sert un revenu dit Rente. Le Grand Livre de la Dette publique. Voyez LIVRE. Dette nationale, Ensemble des obligations contractées par une nation envers des particuliers prêteurs. Dette flottante, Somme des capitaux reçus en dépôt par le Trésor public, laquelle n'est jamais fixe et varie toujours suivant les dépôts et les retraits. Dette consolidée ou Dette perpétuelle, Emprunt dont la rente seule est exigible. Il se dit figurément de Tout ce qu'on doit ou qu'on veut faire en retour de quelque chose; et, en général, de Toute chose qu'on ne peut se dispenser de faire, d'accomplir. Acquitter la dette de la reconnaissance, les dettes de l'amitié. La dette que nous contractons envers nos parents. C'est une dette sacrée. Payer sa dette à la patrie. Payer la dette de la nature, sa dette à la nature, Mourir.

Littré (1872-1877)

DETTE (dè-t') s. f.
  • 1Ce qu'on doit à quelqu'un. Être criblé de dettes. être noyé de dettes, avoir des dettes par-dessus la tête, devoir beaucoup plus qu'on n'a vaillant. Eh bien ! je prends sur moi la dette tout entière, Tristan, Mort de Chrispe, I, 3. Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes, Corneille, Cinna, V, 1. Je dis une vérité sur le malheur d'avoir des dettes : ceux qui nous pressent sont pressants ; ceux qui ne nous pressent pas le sont encore davantage, Sévigné, 591. Je veux premièrement qu'on acquitte mes dettes, Regnard, Légat. IV, 6. Affranchissez-les tous de la dette usuraire Dont vos cruels secours accablent leur misère, Chénier M. J. Gracques, II, 3.

    Dettes criardes, sommes dues à des ouvriers, à de petits marchands, à des fournisseurs de tous les jours, et qui sont réclamées avec insistance.

    Dettes d'honneur, dettes contractées sur l'honneur, et, particulièrement, dettes de jeu (les dettes de jeu étant ainsi nommées parce qu'on ne peut les faire valoir en justice). Mes dettes de Venise, dettes d'honneur, si jamais il en fut, me pesaient sur le cœur, Rousseau, Conf. VII.

    Dette véreuse, celle dont le remboursement n'est pas sûr.

  • 2 Terme de jurisprudence. Dette privilégiée, celle pour laquelle on a un privilége, de sorte qu'elle est payée avant toutes les autres.

    Dette réelle, dette à laquelle on n'est tenu qu'à raison d'un immeuble que l'on détient. Dette propre, celle à laquelle l'un des conjoints est tenu sur ses biens personnels.

    Avouer une dette, avouer la dette, nier, désavouer la dette, convenir, nier qu'on doit la somme dont il est question.

    Fig. Avouer la dette, nier la dette, avouer une chose qu'on voudrait cacher, la nier. La princesse : Non je ne puis souffrir qu'il soit heureux avec une autre, et, si la chose était, je crois que j'en mourrois de déplaisir. - Moron : Ma foi, madame, avouons la dette, vous voudriez qu'il fût à vous, Molière, la Princ. d'Élide, IV, 5. Parlons à cœur ouvert, et confessons la dette : Je suis un peu coquet, tu n'es pas mal coquette, Regnard, le Distr. IV, 3.

    J'en fais ma dette, je m'en rends caution.

    Dette hypothécaire, dette garantie par hypothèque.

    Dettes actives, celles dont on a le droit d'exiger le payement ; dettes passives, celles qu'on est obligé de payer.

  • 3 Terme de finances. Dettes publiques, les sommes que l'État a empruntées et pour lesquelles il paye un intérêt annuel nommé rente. Il est étonnant, mais il est vrai, que cette immense dette [2 600 000 000, à la fin de Louis XIV] n'aurait point été un fardeau impossible à soutenir, s'il y avait eu alors un commerce florissant, un papier de crédit établi, et des compagnies solides qui eussent répondu de ce papier comme en Suède, en Angleterre, à Venise et en Hollande, Voltaire, Louis XIV, 30. Les dettes publiques ont, de l'aveu de tous les hommes éclairés, sensiblement affaibli les Provinces-Unies et altéré la félicité générale par l'augmentation progressive des impôts dont elles ont été la source, Raynal, Hist. philos. II, 26. Le poids de la dette publique pesait sur les contribuables de manière à attaquer tous les moyens de reproduction, Montesquiou, Rapport, 27 août 1790, p. 1. La dette arriérée dont vous avez ordonné la liquidation, ID. ib. p. 5. La dette constituée, tant perpétuelle que viagère, dont 3 522 694 livres seraient éteints par le remboursement de la dette exigible, ib. p. 7.

    Dette flottante, la partie de la dette publique qui se compose d'emprunts momentanés remboursables dans des termes assez rapprochés. Les bons du trésor font partie de la dette flottante.

    Dette consolidée, l'ensemble de la dette qui se trouve inscrite au grand-livre. M. de la Place a demandé une explication sur le sens de l'expression dette consolidée, employée pour la première fois depuis 1814, Disc. de la loi du 10 juin 1833, Duvergier, Collect. des lois, t. XXXIII, p. 196, note 1.

  • 4Prison où les créanciers font détenir leurs débiteurs. Il est à la dette.
  • 5 Fig. Tout devoir dont l'accomplissement est indispensable. Acquitter la dette de la reconnaissance. La dette que nous contractons envers nos parents.

    Payer sa dette à la patrie, se dit du jeune homme qui entre au service militaire, ou bien de l'homme qui, se mariant, donne des enfants au pays. [Il] … cesse de devoir quand la dette est d'un rang à ne point l'acquitter qu'aux dépens de son sang, Corneille, Pomp. I, 1. Si vous lui devez tant, ne me devez-vous rien ? Et lui faut-il payer vos dettes de mon bien ? Corneille, Sertor. II, 2. À présent que la gratitude Ne peut passer pour dette en qui s'est acquitté, Corneille, Agésil. V, 7. Elle rend cette dette volontiers, Bossuet, Char. frat. 2. Les Juifs oublièrent que sa bonté seule [de Dieu] les avait séparés des autres peuples, et regardèrent sa grâce comme une dette, Bossuet, Hist. II, 5. Si la modération est une vertu, l'exécution des lois est une dette et une justice, Mirabeau, Collection, t. III, p. 15.

    Payer sa dette à la nature, payer la dette de la nature, mourir.

PROVERBES

Cent ans de chagrin ne payent pas un sou de dettes, ou le chagrin ne paye point les dettes, c'est-à-dire se chagriner d'une dette ne sert à rien, il faut s'évertuer pour la payer.

Qui paye ses dettes s'enrichit.

Qui épouse la veuve épouse les dettes.

HISTORIQUE

XIIe s. E tote la dette real e ço que est à venir au rey de dete des ore en avant, je te pardoing, Machab. I, 15. Cil sevent la deite e l'onor Qu'il [Dieu] quiert, qu'il volt que l'om li face, Benoit de Sainte-Maure, I, V. 204. De mil soupirs que je lui doi par dete, Couci, VI.

XIIIe s. Tere [il] avoit bien cinq cens livrées, Se toutes fuissent delivrées De detes et d'assenemens, Bl. et Jeh. 59. Si avint que li rois lor peres moru, et li convint paier le debte que nous paierons tous, Chron. de Rains, p. 2. Chevalier ne puet ne ne doit, par l'assise dou reaume de Jerusalem, estre aresté por dette que il deit, Ass. de Jér. I, 188. Cil à qui les dettes sont deues, ne poent pas toutes lor detes demander à l'un des oirs, Beaumanoir, VI, 27.

XIVe s. Il avoit emprunté autrui argent, et soy obligié à grosse debte, Bercheure, f° 35, verso.

XVe s. Et quand on nous aura rendu et restitué ce en quoi le roi d'Angleterre et le royaume est par dette endetté et obligé envers nous, le roi d'Angleterre et ses gens auront belle entrée de venir en Flandre [Philippe d'Artevelle aux Gantois], Froissart, II, II, 166.

XVIe s. Lesquels sans gehenne et contrainte confesserent librement la dette, et fut leur procès fait et rapporté au roi, Marguerite de Navarre, Nouv. I. Il s'en retourna à sa femme, à laquelle il confessa sa dette [sa faute, et combien il lui étoit obligé] ; et que, sans le moyen de cette grande douceur et bonté, il estoit impossible qu'il eust jamais laissé la vie qu'il menoit, Marguerite de Navarre, ib. XXXVIII. Dettes privilegiées sont celles qui sont adjugées par sentences, salaires des mercenaires, louages de maisons, Loysel, 684. Une dette n'empesche point l'autre, Loysel, 704. Compensation n'a lieu, si la dette qu'on veut compenser n'est liquide et par escrit, Loysel, 705. Toutes dettes du roi sont payables par corps, Loysel, 908. Il y avoit dangier qu'un marchand luy feist mettre la main sur le collet à cause d'un vieux debte, Montaigne, I, 296. Un si gros debte comme celuy de ma totale conservation, Montaigne, IV, 99. C'est autant d'acquit et descharge de ma debte, Montaigne, IV, 95.

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Étymologie de « dette »

(1160) dete en ancien français. Du bas latin debita, pluriel neutre du latin classique debitum, participe passé neutre substantivé de debere (« devoir »).
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Latin, debitum, chose due, de debere (voy. DEVOIR, v. a.). Le genre de dette a varié ; tantôt on l'a fait masculin à cause de l'étymologie ; tantôt on l'a fait féminin à cause de la finale féminine ; c'est ce genre qui a prévalu.

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Phonétique du mot « dette »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
dette dɛt

Fréquence d'apparition du mot « dette » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « dette »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « dette »

  • Un libéral est une personne pensant avoir une dette envers ses semblables, dette qu’il se propose de régler avec votre argent.
    G. Gordon Liddy
  • Une dette flottante est un navire hypothéqué.
    Jean-Charles
  • En faisant une promesse on contracte une dette.
    Robert William Service — La Crémation de Sam Mcgee
  • Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes.
    Pierre Corneille — Cinna, V, 1, Auguste
  • Dette de jeu, dette d’honneur.
    Proverbe québécois
  • Une dette, une plaie et le feu ne doivent pas s'éterniser.
    Proverbe indien
  • Les paroles entraînent une dette ineffaçable.
    Jacques Lacan — Ecrits
  • Une promesse c'est une dette.
    Proverbe guadeloupéen
  • Il n’y a point de dette sitôt payée que le mépris.
    Proverbe français
  • Examine si ce que tu promets est juste et possible, car la promesse est une dette.
    Confucius
Voir toutes les citations du mot « dette » →

Traductions du mot « dette »

Langue Traduction
Anglais debt
Espagnol deuda
Italien debito
Allemand schuld
Chinois 债务
Arabe دين
Portugais dívida
Russe долг
Japonais 債務
Basque zor
Corse debitu
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Synonymes de « dette »

Source : synonymes de dette sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « dette »

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Nombre de points du mot dette au scrabble : 6 points

Dette

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