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Entier

Variantes Singulier Pluriel
Masculin entier entiers
Féminin entière entières

Définitions de « entier »

Trésor de la Langue Française informatisé

ENTIER, IÈRE, adj. et subst. masc.

I.− Adjectif
A.− [En parlant d'un tout décomposable en parties; toujours postposé]
1. [En parlant d'une chose] Dont aucune partie n'est retranchée ou supprimée
a) [En parlant d'une chose concr.] Pain entier. Il avait tout bu la vache!... et puis tout bouffé les restants... (...) Un camembert presque entier! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 557).
Spécialement
BOT. [En parlant d'une feuille, d'un pétale] Dont le limbe n'est pas échancré, ni denté. Les feuilles du lilas sont entières. Pétale entier (Ac.).
MATH. Nombre entier, et p. ell. un entier. Nombre sans partie décimale. Le seul objet naturel de la pensée mathématique, c'est le nombre entier. C'est le monde extérieur qui nous a imposé le continu (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 149).On a pu édifier une théorie des entiers algébriques en étendant à ces nombres un grand nombre des propriétés des entiers ordinaires (Gds cour. pensée math.,1948, p. 83).
Lait entier. Lait non écrémé. Le petit-lait passé au centrifuge s'écrème aussi bien que le lait entier (Pouriau, Laiterie,1895, p. 380).
P. ext. [En parlant d'un contenant] Dont aucune partie ne reste inutilisée, qui est chargée, rempli au maximum. M. Homais (...) donna pour cadeaux tous produits de son établissement, à savoir : six boîtes de jujubes, un bocal entier de racahout (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 103).La vieille forêt (...) jetée bas en vingt semaines, écrasée, broyée, débitée par trains entiers jour et nuit (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1412).
b) [En parlant d'une chose abstr.]
[En parlant d'une chose évaluable en argent] Fortune entière, billet entier de la Loterie Nationale, payer place entière. Il était né d'un père cantonnier, et d'une mère servante. Il avait obtenu une bourse entière d'internat (Arland, Ordre,1929, p. 123).Vous ferez donner au seigneur Malatesta un congé de trois mois, avec solde entière (Montherl., Malatesta,1946, III, 6, p. 508).
[En parlant d'une chose non évaluable]
[En parlant d'une question, d'une situation qui demande une solution] Qui reste complètement telle quelle, qui n'a pas trouvé le moindre commencement de réponse, de solution. Le problème reste entier :
1. Depuis Adam et Ève (...), la question homme-femme reste entière et pendante entre les sexes. Si nous pouvons la régler une fois pour toutes aujourd'hui, ce sera tout bénéfice pour l'humanité! Giraudoux, L'Apollon de Bellac,1942, 8, p. 85.
À la forme négative. [Dans le langage du barreau, des affaires] Qui n'est plus complètement tel quel. ,,Les choses ne sont pas entières, L'état des choses a changé, les circonstances ne sont plus les mêmes`` (Ac.).
2. [En parlant d'un animé] Qui n'est pas privé d'une de ses composantes, qui n'est pas mutilé.
a) Rare. [En parlant d'une pers.] :
2. La jambe de bois est noire; La guerre est un dur sentier; Quant à ce qu'on nomme gloire, La gloire, c'est d'être entier. Hugo, Les Chansons des rues et des bois,1865, p. 239.
b) En partic. [En parlant d'un animal] Qui n'est pas châtré. Un petit cheval entier, maigre et ardent (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 30).L'animal châtré présente une croissance exagérée des os des membres (...) et son hypophyse est plus volumineuse que celle d'un animal entier (Pagniez dsNouv. Traité Méd.,t. 8, 1925, p. 78).
3. [En parlant d'une collectivité]
a) [En parlant d'une collectivité de pers.] Dont tous les membres sans exception sont concernés, participent à une action. Assemblée, famille, génération, population (tout) entière; le genre humain (tout) entier. Les six équipes demeurées entières se déboîtaient l'une après l'autre. Les ouvriers vaincus quittaient le feu (Hamp, Champagne,1909, p. 101):
3. L'histoire a parlé (...) de vastes pays pris d'un seul coup comme par une main, De grandes, d'étonnantes victoires, d'armées tout entières cueillies sans combat comme des jetons! Claudel, Tête d'Or,1890, p. 130.
P. hyperb. Je ne nie pas ma faute, je la crierai au monde entier (Camus, État de siège,1948, p. 256):
4. Aujourd'hui notre porte est ouverte à la terre entière. On dirait qu'en vous demandant de me recevoir, j'ai obtenu pour tout l'univers la même faveur que pour moi. Constant, Adolphe,1816, p. 33.
b) [En parlant d'une collectivité de choses] Qui possède tous les éléments qui le constituent. Il fallait demander au libraire de Clermont la suite entière des comédies de Labiche (Bourget, Disciple,1899, p. 145):
5. ... songeant que MlleGénolain ne retrouverait sans doute pas de bouton assorti et qu'il faudrait remplacer la douzaine entière, il jura de nouveau. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 20.
B.− [En parlant d'une chose ayant un développement; toujours postposé] Considéré dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [En parlant d'une chose ayant une extension spatiale] Espace occupé tout entier. Il portait sa barbe entière, et leur semblait effrayant (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 39):
6. Dès le fossé, les champs montaient d'un mouvement insensible, étalaient une pente douce, couverte tout entière de seigle qui levait. Genevoix, Raboliot,1925, p. 286.
P. hyperb. Je ne connais rien de sa vie passée (...) il [Gobseck] a peut-être traversé le monde entier en pratiquant des diamants ou des hommes (Balzac, Gobseck,1830, p. 420).
[En parlant d'une pers. considérée du point de vue de son corps] Un frisson me secoua tout entier (Bourget, Disciple,1889, p. 195).Dès qu'elle danse, elle danse tout entière, de ses cheveux libres, à ses durs talons nus (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 150).
P. ext. Complet, qui occupe la totalité disponible d'un espace. Ce bateau (...) avec un revêtement entier d'émail à l'extérieur et, à l'intérieur, de plaques de marbre vert et de marbre rouge (Goncourt, Journal,1895, p. 866).Des épaules et des bras recouverts d'un vêtement d'une blancheur entière (Larbaud, Enfantines,1918, p. 113).
2. [En parlant d'une chose ayant une extension temporelle] Qui est poussé jusqu'au terme de ses possibilités.
a) [En parlant d'une action] :
7. M. de Guermantes (...) avait l'habitude de tenir à l'accomplissement entier des formalités dont il avait décidé d'honorer quelqu'un, et il s'occupait peu que les malles fussent faites ou le cercueil prêt. Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 337.
b) [En parlant d'une durée] Une journée, une semaine entière; passer des jours entiers à faire quelque chose. Savoir marcher, savoir respirer au théâtre : ce sont des acquisitions qu'il faut des années entières d'études pour posséder (Goncourt, Journal,1886, p. 610):
8. ... une existence tout entière absorbée par les devoirs d'une sédulosité de sacristain aux pieds de ce Dieu avec lui aussi abandonné que lui-même. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 144.
c) [En parlant d'une manifestation de l'activité humaine; l'idée d'extension spatiale ou temporelle se dégage ou se constate au bout du procès exprimé par le verbe] Lire des chapitres entiers, réciter des pages entières; lettre écrite tout entière de la main de quelqu'un. La géologie, la chimie organique, l'histoire, des branches entières de la zoologie et de la physique, sont des productions contemporaines (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 106).Le génie de Venise respire tout entier dans ce splendide chef-d'œuvre [les Noces de Cana] (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 40):
9. ... le temple et la tragédie sont parvenus, durant des siècles, à nous représenter, par une sorte de mensonge, la civilisation grecque entière comme une maîtrise continue et complète de l'esprit sur les passions. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 108.
C.− [En parlant d'une pers. ou d'une manifestation, d'un comportement d'une pers. susceptible de différents degrés]
1. [En parlant d'une manifestation, d'un comportement d'une pers. susceptible de différents degrés; souvent antéposé] Qui ne subit aucune diminution, altération ou restriction. Avoir une pleine et entière confiance en qqn, optimisme entier. La seule jouissance dont ils aient une idée (...) est le repos, ou plutôt l'inactivité la plus entière (Crèvecœur, Voyage,t. 3, 1801, p. 115).L'intimité, une intimité entière et sans réserve, s'était faite entre les dîneurs du jeudi (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 178):
10. ... attribuer immédiatement à plusieurs dizaines de milliers de Français musulmans leurs droits entiers de citoyens, sans admettre que l'exercice de ces droits puisse être empêché, ni limité, par des objections fondées sur le statut personnel. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 549.
SYNT. Entier dévouement, entière certitude, dépendance, franchise, satisfaction, soumission; être à l'entière disposition de qqn, avoir ses entières facultés; foi, liberté, possession, responsabilité entière; livrer sa pensée (tout) entière.
2. P. ext. [En parlant d'une pers. considérée du point de vue de son activité; toujours postposé et précédé de tout] Dont l'activité est tournée sans restriction vers quelque chose. Le travail demande un homme tout entier; être tout entier à sa tâche; se donner, se consacrer tout entier à quelque chose. La pratique d'un art demande un homme tout entier; c'est un devoir de s'y consacrer pour celui qui en est véritablement épris (Delacroix, Journal,1860, p. 253).La cuisinière, occupée depuis l'aube à se battre avec ses casseroles, tout entière au dîner que ses maîtres donnaient le soir (Zola, Germinal,1885, p. 1428).
Loc. Mourir tout entier. Mourir sans laisser de trace de son activité. Socrate a survécu aux persécutions d'une populace aveugle, et Cicéron n'est pas mort tout entier sous les proscriptions de l'infâme Octave (Constant, Esprit conquête,1813, p. 259):
11. Après l'écroulement de notre civilisation, de deux choses l'une : ou elle [l'humanité] périra tout entière comme les civilisations antiques, ou elle s'adaptera à un monde décentralisé. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 177.
[En parlant du siège de l'activité intellectuelle, affective, spirituelle] Âme tout entière tournée vers qqc. Grand'mère, l'esprit tout entier tendu vers l'avenir, avait tout prévu (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 243).
En partic. [En parlant d'une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Sans restriction quant à sa pensée, sa personnalité. Je ne vous connaissais pas encore tout entier. Vous venez de me causer à la fois de la joie et de la peine (Balzac, Gobseck,1830, p. 421).L'espèce de divination qui lui faisait comprendre un homme tout entier au premier regard et à la seule inspection de son étoile (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 326):
12. Cette pièce [L'Ennemi] est le fruit de l'expérience d'une grande partie de ma vie et j'y suis tout entier, mais cela est vrai de tout ce que j'écris. Green, Journal,1950-54, p. 210.
Péj. [En parlant d'une pers. ou d'une manifestation, d'un comportement ou du caractère d'une pers.; toujours postposé] Qui, contre ce qu'on est en droit d'attendre ou de souhaiter, reste totalement inébranlable, qui sur aucun point n'admet des nuances ou des compromis. Être entier dans ses jugements, caractère entier, opinions entières. Homme âpre et entier et qui ne veut rien céder (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 13, 1851-62, p. 187).Ses haines entières et non assouplies, et (...) son intransigeance enfantine (Gide, Journal,1929, p. 933):
13. Les convictions de Luc étaient si entières que même lorsqu'on les partageait on était tenté de l'inquiéter un tout petit peu : ... Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 128.
II.− Subst. masc.
A.− En, dans son entier. Sans qu'aucune partie soit retranchée, dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [Le poss. désigne une chose]
a) [Une chose ayant une extension spatiale] Ce temple est encore en son entier (Ac.) :
14. À Blois, les grands biens, qui valaient par l'ensemble, Cheverny, Chaumont, Chambord, n'ont pas été divisés, mais vendus dans leur entier à des spéculateurs qui y ont établi quelques fabriques : ... Michelet, Journal,1831, p. 101.
b) [Une manifestation de l'activité humaine] Une lettre politique que je vous ai adressée et qui paraîtra en son entier dans votre recueil ou autrement (Lamart., Corresp.,1831, p. 198):
15. ... l'expression dans l'espace, la seule réelle en fait, permet aux moyens magiques de l'art et de la parole de s'exercer organiquement et dans leur entier, comme des exorcismes renouvelés. Artaud, Le Théâtre et son double,1938, p. 106.
2. [Le poss. désigne une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Je comprends parfaitement ton désir de me connaître dans mon entier (Zola, Corresp.,1902, p. 40).
B.− Loc. En entier. Dans la totalité de son développement, de son extension.
1. [En entier, se rapporte à une chose]
a) [À une chose ayant une extension spatiale] Une fois l'ébauche amenée à ce point, (...) faire autant que possible chaque morceau, en s'abstenant d'avancer le tableau en entier (Delacroix, Journal,1847, p. 197):
16. Mmede Coantré avait eu la religion de la maladie. Un petit meuble secrétaire était consacré en entier aux ordonnances, que l'on gardait toutes, ... Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 888.
b) [À une manifestation de l'activité humaine] J'ai à vous remercier du « Roman des ouvrières » que j'ai, derechef, non pas lu en entier mais repassé (Flaub., Corresp.,1867, p. 338):
17. Les mots, nous les utilisons, nous faisons d'eux les instruments d'actes utiles. Nous n'aurions rien d'humain si le langage en nous devait être en entier servile. G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 208.
2. [En entier se rapporte à une pers. considérée du point de vue de sa pensée, de son activité intellectuelle, morale, spirituelle] Dans le christianisme cela peut ne pas compter d'avilir la supplication, d'enliser l'homme en entier dans la honte (G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943p. 73):
18. Il se ramassa en entier dans cette effusion finale : « Je ne sais pas s'il existe en Europe une ville où il y ait plus de cafés qu'à Barcelone ». Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 626.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. entièreté. Fait de rester totalement sans changement, sans adaptation. La fonction propre de la pensée dans l'ensemble du comportement est précisément de briser l'entièreté stupide de l'instinct et la stéréotypie du réflexe par des conduites de plus en plus articulées (Mounier, Traité caract., 1946, p. 630).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃tje], fém. [-jε:ʀ]. r final est muet dans les subst. et adj. terminés par le suffixe -ier. Ex. premier, régulier, etc.; foyer, menuisier, etc., dans l'adv. volontiers. t se prononce [t] et non [s] devant i dans les mots en -tié, -tier, -tière, -tième. Ex. moitié, portier, tabatière. Cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 293 et Grammont Prononc. 1958, p. 46. Enq. : /ãtje, -ʀ/. L'adj. est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1130 « dans toute son étendue » jorz entier (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 331); 2. ca 1135 « auquel il ne manque rien » Li Turs furt sains et sals et entiers (Couronnement Louis, 1128 ds T.-L.); 3. 1172 « qui n'a subi aucune altération, pur, vrai » amors antiere (Ch. de Troyes, Lion, 6013 ds T.-L.); 4. 1174-76 « (d'une personne) fidèle, loyal » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 287, ibid.); 1606 « obstiné, qui n'admet pas de compromis » (Nicot). Du lat. class. integer, intĕgrum « non touché, non entamé, sain, raisonnable » avec suff. -ier* p. anal. avec des termes comme premier* (en face de l'a. pic. entir phonétiquement attendu). Fréq. abs. littér. : 14 958. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 25 330, b) 19 314; xxes. : a) 20 758, b) 19 165. Bbg. Marsaud (M.). L'Impr. des timbres-poste. Banque Mots. 1974, no8, p. 201. − Piron (M.). Les Belgicismes lex. : essai d'un inventaire. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 300. − Quem. 2es. t. 1 1970. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 143.

Wiktionnaire

Nom commun - français

entier \ɑ̃.tje\ masculin

  1. Substantif de l’adjectif.
    • En son entier, en leur entier : qui n’a rien de changé, d’altéré, qui est encore au même état qu’auparavant.
    • Ce passage est rapporté en son entier dans tel livre.
    • Ce temple est encore en son entier.
    • Remettre les choses en leur entier.
  2. (Mathématiques) Nombre entier.
    • Cela m'a conduit à choisir un langage à typage dynamique disposant nativement de grands entiers, en l'espèce Ruby. — (Michel Demazure, Cours d'Algèbre, Cassini, 2008, p. 3.)
  3. (Hippologie) Cheval qui n’a pas été châtré. Note : Le contraire de hongre.

Adjectif - français

entier \ɑ̃.tje\

  1. Qui a toutes ses parties, ou que l’on considère dans toute son étendue.
    • Afin de couvrir les sépultures, ils se sont servi de tuiles, parfois entières, souvent fragmentaires. — (H. Duday, ‎Fanette Laubenheimer & ‎Anne-Marie Tillier, Sallèles d’Aude: nouveau-nés et nourrissons gallo-romains, Presses Univ. Franche-Comté, 1995, page 97)
    • A chaque tempête, les dunes progressent vers l’intérieur des terres. […]. Des villages entiers sont engloutis : habitations, église, tout disparaît sous le sable. — (Jean-Henri Fabre, La Plante ; leçons à mon fils sur la botanique, Paris, Delagrave, 1905, 8e éd., p.111)
    • Il paraît, nous a-t-on dit un jour, qu'il existe à Châteauneuf-le-Rouge un labyrinthe de buis si vaste que le jardinier a besoin de l'année entière pour le tailler : il commence à un bout, et, lorsqu'il arrive à la fin du tracé, recommence un nouveau circuit et une nouvelle année. — (Michel Racine & Françoise Binet, Jardins de Provence, Édisud, 1987, p. 132)
    • Note : On y joint quelquefois le mot tout, pour s’exprimer avec plus de force.
    • Attendre une heure tout entière.
    • Lire un livre tout entier.
  2. (Mathématiques) Se dit des nombres composés d’une ou plusieurs unités.
    • Les nombres entiers incluent les nombres naturels.
  3. (Botanique) se dit d’un élément de plante (pétale ou feuille) qui n’a aucune découpure sur ses bords.
    • Les feuilles de lilas sont entières.
    • Pétale entier.
  4. (Figuré) Qui n’a subi aucune altération.
    • Vivre dans un entier détachement des choses du monde.
    • Avoir une entière confiance en Dieu.
    • Une entière soumission.
    • Conserver sa raison tout entière.
    • Laisser une entière liberté à ses amis.
    • Conserver sa réputation entière, sa vertu entière.
    • La confiance entière qu’on avait en cette banque a causé la ruine de bien des gens.
    • La question reste entière : la question reste intacte, est toujours la même.
    • Les choses ne sont pas entières : l’état des choses a changé, les circonstances ne sont plus les mêmes.
    • Cette affaire, cette fonction, cette science prend l’homme tout entier : (Figuré) Il est nécessaire d’y employer tous ses soins, toute son attention et tout son temps.
    • On dit dans un sens analogue
    • Se donner, se livrer tout entier à un travail, à une étude, etc.
    • Mourir tout entier : ne laisser aucun souvenir, aucune renommée après sa mort.
  5. (Figuré) Qui ne supporte aucune atténuation dans ses opinions, dans ses convictions, qui ne se laisse point entamer par la discussion.
    • C’est un homme entier, bien entier, fort entier dans ses opinions.
    • C’est un esprit très entier.
  6. (Au masculin) Qui n’a pas été castré.
    • Cheval entier.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ENTIER, IÈRE. adj.
Qui a toutes ses parties, ou que l'on considère dans toute son étendue. Un pain entier. Un jour entier. Une province entière. L'univers entier. On y joint quelquefois le mot tout, pour s'exprimer avec plus de force. Attendre une heure tout entière. Lire un livre tout entier. Il s'emploie aussi comme nom. En son entier. En leur entier. Façons de parler qu'on emploie pour marquer qu'il n'y a rien de changé, d'altéré dans les choses dont on parle, qu'elles sont encore au même état qu'auparavant. Ce passage est rapporté en son entier dans tel livre. Ce temple est encore en son entier. Remettre les choses en leur entier. En entier, En totalité, entièrement. J'ai lu l'ouvrage en entier. Il faut le refaire en entier. En termes d'Arithmétique, Unité entière se dit d'une Unité quelconque par opposition aux nombres qui indiquent des fractions. Il s'emploie comme nom dans le même sens. Un entier. Deux entiers et un cinquième. Quatre quarts font un entier. On appelle de même Nombre entier Tout nombre qui ne renferme que des unités entières. En termes de Botanique, Feuille entière Feuille qui n'a aucune découpure sur ses bords. Les feuilles de lilas sont entières. On dit de même Pétale entier. Il signifie figurément Qui n'a subi aucune altération. Vivre dans un entier détachement des choses du monde. Avoir une entière confiance en Dieu. Une entière soumission. Conserver sa raison tout entière. Laisser une entière liberté à ses amis. Conserver sa réputation entière, sa vertu entière. La confiance entière qu'on avait en cette banque a causé la ruine de bien des gens. La question reste entière, La question reste intacte, est toujours la même. On dit aussi, surtout dans le langage des affaires, Les choses ne sont pas entières, L'état des choses a changé, les circonstances ne sont plus les mêmes. Fig., Cette affaire, cette fonction, cette science prend l'homme tout entier, Il est nécessaire d'y employer tous ses soins, toute son attention et tout son temps. On dit dans un sens analogue Se donner, se livrer tout entier à un travail, à une étude, etc. Mourir tout entier, Ne laisser aucun souvenir, aucune renommée après sa mort. Cheval entier, Qui n'a pas été châtré. Il signifie en outre, figurément, Qui ne supporte aucune atténuation dans ses opinions, dans ses convictions, qui ne se laisse point entamer par la discussion. C'est un homme entier, bien entier, fort entier dans ses opinions. C'est un esprit très entier.

Littré (1872-1877)

ENTIER (an-tié, tiè-r'. Du temps de Chifflet, Gramm. p. 188, er se prononçait dans entier comme dans fer, hiver) adj.
  • 1Qui a toutes ses parties, toute son étendue. L'univers entier. Le gâteau est encore entier. Du corps du grand Rantzau tu n'as qu'une des parts ; L'autre moitié resta dans les plaines de Mars ; Il dispersa partout ses membres et sa gloire ; Et Mars ne lui laissa rien d'entier que le cœur, Épitaphe de Rantzau, 1650. Personne [pendant une bataille] ne sentit un tremblement de terre qui arriva dans cette contrée, et qui renversa des villes entières, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 418, dans POUGENS.

    Terme de botanique. Se dit des feuilles et des pétales dont la circonférence n'est ni incisée ni dentelée.

    Terme de féodalité. Homme lige entier, vassal qui n'est attaché par le serment de fidélité qu'à un seul seigneur.

  • 2Qui n'est pas châtré. Cheval entier.
  • 3 Terme d'arithmétique. Unité entière, celle qui n'indique pas de fraction.

    Nombre entier, tout nombre qui ne renferme que des unités entières.

  • 4 Fig. Il se dit des choses abstraites, morales, qui sont dans leur totalité. Une entière confiance. Une entière indépendance. Une soumission entière. Je l'envisage entier [notre malheur], mais je n'en frémis point, Corneille, Hor. II, 3.
  • 5Qui n'a pas subi de diminution, de déchet, de modification. Un homme d'une réputation peu entière, Saint-Simon, 469, 202. Il abusa de ce secours [les calmants], si c'était en abuser que de l'employer à diminuer ses peines et à conserver plus entières les facultés de son âme, Condorcet, Bucquet.

    La question reste entière, c'est-à-dire elle n'est pas résolue du tout, on a répondu à des difficultés accessoires, mais non à la véritable qui faisait le fond même de la question. Qu'est-ce que les comètes ? les anciens pensaient que c'étaient des vapeurs ; mais l'observation a montré que c'étaient des corps bien au delà du cercle de la lune ; la question a changé de face, mais elle reste entière.

    Les choses ne sont plus entières, c'est-à-dire les circonstances ne sont plus les mêmes.

    Ne laisser rien d'entier, toucher à tout, innover en tout, changer tout. Il faut une autorité… autrement, la présomption, l'ignorance, l'esprit de contradiction ne laissera rien d'entier parmi les hommes, Bossuet, Pensées chrét. 14. Défiez-vous de ces dangereux esprits, de ces hardis novateurs, en un mot des Sociniens, qui bientôt, si on les écoutait, ne laisseraient rien d'entier dans la religion chrétienne, Bossuet, Var. Avert. I, § 48.

  • 6Qui maintient entières ses idées, ses volontés. C'est un homme entier. En tous ses sentiments elle est assez entière, Tristan, Mort de Chrispe, II, 3. Plus entier que jamais en son impiété, Rotrou, St Gen. v, 7. Ce vieux plaideur, quoique inflexible et entier presqu'autant que son adversaire, n'a pu résister à l'ascendant qui nous a tous subjugués, Rousseau, Hél. v, 6.

    Terme de manége. Cheval entier, celui qui refuse de tourner. Il peut être entier à une main ou aux deux mains, suivant qu'il a de la peine à tourner d'un seul côté ou des deux côtés.

  • 7Il se joint à tout ; ce qui lui donne plus de force. Le pays tout entier se souleva. La haine sur Titus tombera tout entière, Racine, Bérén. III, 2.

    Cette affaire, cette fonction exige un homme tout entier, c'est-à-dire elle exige toutes les forces et tout le temps d'un homme. Quand pourront les neuf sœurs, loin des cours et des villes, M'occuper tout entier, et m'apprendre des cieux Les divers mouvements inconnus à nos yeux ! La Fontaine, Fabl. XI, 4.

    Tout entier à, uniquement occupé de. Livré tout entier à mon nouveau goût. De ne vivre jamais pour soi et d'être toujours tout entier aux passions d'un maître, Molière, Sicil. 2. Il a voulu témoigner par là qu'il est tout entier à vos charmes, Molière, Comtesse d'Esc. 2. Je volais tout entière au secours de son fils, Racine, Phèd. IV, 5.

    Se livrer tout entier à, se donner tout entier à, se donner, consacrer tout son temps, se dévouer à. Il se donne tout entier à l'étude. Se donner tout entier à son pays.

    On dit dans un même sens se donner entier. À ce reproche l'assemblée, Par l'apologue réveillée, Se donne entière à l'orateur, La Fontaine, Fabl. VIII, 3.

    Mourir tout entier, mourir sans laisser de postérité, de souvenir, de renommée. Voudrais-je… Ne laisser aucun nom et mourir tout entier ? Racine, Iphig. I, 2.

    En un autre sens, il est mort tout entier, il est mort avec ses facultés entières, avec toutes ses facultés.

  • 8 S. m. La totalité, l'ensemble d'une chose. Ce passage est rapporté dans son entier.

    En son entier, dans un état d'intégrité, intact, dans le même état qu'auparavant. Remettre les choses en leur entier. Ce n'était pas une explication qui laissât en son entier le fond du mystère, Bossuet, Avert. 1. Le Parthénon subsista dans son entier jusqu'en 1687, Chateaubriand, Itin. 199.

  • 9 Terme d'arithmétique. Un entier, un nombre entier.
  • 10Le mot qui fait le sujet d'une charade et qui se divise le plus souvent en deux parties nommées le premier et le dernier. On dit aussi le tout.
  • 11Un entier, un cheval entier.
  • 12En entier, loc. adv. Entièrement, complétement. Il a récité le morceau en entier.

    Terme de droit. Restitution en entier, voy. RESTITUTION.

SYNONYME

ENTIER, COMPLET. Une chose est entière lorsqu'elle n'est ni mutilée, ni brisée, ni partagée, et que toutes ses parties sont jointes et assemblées de la façon dont elles doivent l'être : elle est complète lorsqu'il ne manque rien, et qu'elle a tout ce qui lui convient, GIRARD.

HISTORIQUE

XIIe s. Set ans aconplis et entiers, Ronc. p. 31. Ja cil d'Espaigne n'eschaperont entier, ib. p. 83. Bien [je] peüsse ma joie avoir entiere D'esgarder, de veoir, Couci, XVIII. Il tenoit un espié dont la hante est entiere, Sax. X. Idunc l'en comencierent al mustier amener ; Mais parmi l'entier mur lur estoveit [il leur fallait] aler, E par les huis fermez, s'il volsissent passer, Th. le mart. 145.

XIIIe s. Et les ronces n'ont pas laissé sa robe entiere, Berte, X. Qui veïst Blanchefleur la dame au cuer [cœur] entier [excellent], ib. CXXIX. Dame, voici, il est mes sire ; Je sui son home lige entiers, la Rose, dans DU CANGE, solidus.

XIVe s. Et requeroient que la chose fust gardée entiere jusques à la venue de lui, Bercheure, f° 65, verso.

XVe s. Il convenroit passer par la force de plusieurs seigneurs, qui ne sont pas si entiers ne si loyaus aus chrestiens comme il deussent, Du Cange, integraliter. La vertu et proesse des quatre chevaliers estoit joeuse à regarder ; car sans heaulmes et sans escuz estoient en estant, le roy Perceforest, le roy Lyonnel, le roy Gadiffer, et le chevalier doré son frere, qui n'avoient d'entiers que les cueurs, Perceforest, t. IV, f° 84.

XVIe s. Fidelement representer les choses en leur entier, Montaigne, I, 59. J'avois une santé ferme et entiere, Montaigne, I, 195. Nous appelons un cheval entier, qui a crin et aureille, Montaigne, I, 368. Martius estoit homme ouvert de sa nature et entier, et qui ne fleschissoit jamais, Amyot, Cor. 21. En temperance et netteté de mains, pour ne se laisser point corrompre par argent, il se peult accomparer aux plus vertueux, plus nets et plus entiers [intègres] des Grecs, Amyot, Alc. et Cor. comp. 8. Il aima mieulx acquerir la reputation d'homme de bien, vaillant, entier et droitturier, Amyot, P. AEM. 4. Chevauchant une mule entiere, D'Aubigné, Faen. III, 23. Le harangueur fut ferme et entier à la tollerance des reformez, D'Aubigné, Hist. 108. Je ne suis homme si entier en mes opinions, que je ne reconnaisse facilement ma faute, Paré, Au leçt. Et si en l'une et en l'autre partie y avoit entier et rout [fraction] ensemble…, Est. de la Roche, Arismetique, f° 13.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ENTIER, adj. (Géométrie.) Nombre entier. Voyez Nombre.

ENTIER, adj. (Manége.) Un cheval est dit entier, lorsque, parfaitement résolu & déterminé en avant & par le droit, il peche par le défaut d’une franchise absolue, en refusant de tourner à l’une ou à l’autre main, ou à toutes les deux ensemble.

Quelques auteurs ont cherché dans le plus ou le moins d’obstination de l’animal, les raisons d’une distinction qu’ils ont faite, mais qui n’a pas été généralement adoptée : ils fondent en effet la différence qu’ils nous proposent, sur la résistance que le cheval oppose au cavalier qui le sollicite à l’action dont il s’agit. Si l’animal obéit enfin, & cede à la force, ils le nomment entier ; mais s’il ne peut être vaincu, s’il persiste dans sa desobéissance, s’il se précipite en avant, ou du côté opposé à celui sur lequel on veut le mouvoir, ils le déclarent rétif sur les voltes.

Je ne prévois point les avantages que nous pourrions tirer de la considération de ces dénominations diverses ; & il seroit assez superflu d’élever ici une dispute de mots. Que l’opiniâtreté du cheval soit plus ou moins invincible, le vice étant toûjours le même, il nous sera sans doute plus utile d’en rechercher les causes, & d’examiner quels peuvent être les moyens de l’en corriger.

En général, tous les chevaux se portent plus naturellement & plus volontiers à la main gauche qu’à la main droite. Les uns ont attribué cette inclination & cette facilité à la situation du poulain dans le ventre de la mere ; ils ont prétendu qu’il y est entierement plié du côté gauche : les autres ont soûtenu que le cheval, se couchant le plus souvent sur le côté droit, contracte l’habitude de plier le col & la tête à la main opposée. Il me paroît plus simple de rapporter la plus grande liberté dont il est question, à l’habitude dans laquelle sont les palefreniers d’aborder & d’approcher l’animal du côté gauche dans toutes les occasions, soit qu’il s’agisse de l’attacher, de le brider, de le seller, ou de lui distribuer le fourrage : ainsi toutes ces raisons sont suffisantes pour nous autoriser à penser que, s’il lui est plus libre de tourner à cette main, il ne doit la franchise qu’il témoigne à cet égard, qu’aux soins que nous avons de la favoriser nous-mêmes. Une des plus fortes preuves qu’on en puisse donner encore, est la rareté des chevaux qui ont plus de pente à se porter sur la main droite : il en est néanmoins, & l’expérience nous a appris que ceux-ci sont d’une nature plus rebelle ; il faut beaucoup de tems & de patience pour les réduire & pour les soûmettre.

Lorsque la résistance du cheval entier provient d’une douleur ou d’une foiblesse occasionnée par quelques maux qui affectent quelques parties, les ressources de l’art sont impuissantes, à moins qu’on ne puisse rendre à ces mêmes parties leur intégrité & leur force : ainsi dans un cas où un accident à un pié, à une épaule, à une jambe, l’obligera à refuser de se prêter sur le côté sensible, & où un effort de reins, une courbe, des éparvins, &c. l’empêchant de s’appuyer sans crainte sur les jarrets, le porteront à redouter l’action de tourner dans le sens où il ne pourroit que souffrir, il est aisé de concevoir que la premiere tentative à laquelle on doit se livrer, est celle qui tendra à la cure & à la guérison des unes ou des autres de ces maladies. J’avoue qu’il est cependant des moyens de soulager les parties souffrantes, & de diminuer le poids dont elles doivent être chargées dans les mouvemens divers qu’on imprime à l’animal ; mais tout cheval dans lequel de pareils défauts subsistent, ne peut jamais joüir de cette facilité, d’où dépendent & son exacte obéissance, & la grace & la justesse de son exécution.

Quoiqu’il soit certain que tous les chevaux ne naissent pas avec une même disposition dans les membres, une même souplesse, une même aptitude & une même inclination, il en est très-peu qui soient naturellement entiers. Ils n’acquierent ce vice que conséquemment à de mauvaises leçons ; & il suffiroit d’envisager les actions de la plûpart de ceux qui les exercent, pour en dévoiler les causes les plus ordinaires, & de pratiquer le contraire de ces mêmes actions, pour en distraire l’animal.

Notre premiere attention, quand il s’agit de commencer à gagner le consentement des poulains, ainsi que des chevaux faits, doit être de les déterminer en avant, insensiblement & avec douceur : lorsqu’ils seront habitués à suivre les lignes droites, sur lesquelles nous les faisons cheminer, & qu’ils seront accoûtumés aux objets qu’ils peuvent rencontrer sur ces mêmes lignes, nous pourrons les en détourner legerement ; c’est-à-dire, non en les portant tout-à-coup sur une autre ligne droite, mais en attirant peu-à-peu leurs épaules, ou en-dedans, ou en-dehors, si rien ne nous gêne, de celles qu’ils décrivoient ; de maniere qu’ils en tracent une diagonale, sur laquelle nous les maintiendrons quelque tems, pour leur en faire reprendre toûjours de nouvelles. On doit remarquer qu’en en usant ainsi, nous leur suggérerons, sans les révolter par des mouvemens forcés, & sans qu’ils s’en apperçoivent, une action directement opposée à celle des chevaux entiers, qui ne se défendent & ne se soustrayent aux effets de notre main, qu’en refusant de s’élargir du derriere, & qu’en roidissant & en présentant la croupe dans le sens où nous voudrions mouvoir leur avant-main. De cette leçon sur les diagonales, on revient à celles par lesquelles nous avons débuté : à celles-ci on substitue d’autres lignes droites, sur lesquelles on entre en tournant à moitié l’animal : enfin on le travaille sur les cercles larges, que l’on resserre toûjours par gradation, selon son plus ou moins de souplesse & de volonté, & l’on parvient, par ce moyen, à le rendre également libre & obéissant à toutes mains. Mais si, d’une part, cette distribution variée du terrein dégage le cheval de toute contrainte, & accroît sans cesse en lui la facilité d’exécuter, il faut nécessairement que, de l’autre, le cavalier, par la précision & la finesse avec laquelle il agira, obvie à la trop grande sujétion & à la surprise, qui ne naissent que trop souvent des aides fortes & précipitées ; car l’action violente de la main & des jambes est une des principales sources de l’obstination de l’animal : une impression subite sur les barres l’étonne & le blesse ; la tension forcée & continuée de la rene, jusqu’au moment où il devroit se rendre, l’engage plûtôt à se roidir contre la main qu’à en reconnoître le pouvoir. Il est donc de la derniere importance que le cavalier, tenant les renes séparées dans l’une & l’autre de ses mains, attire la tête sur le côté où il se propose de le tourner, non dans un seul & même tems, & par un seul & même mouvement, mais en l’y incitant imperceptiblement & à diverses reprises ; c’est-à-dire, en diminuant le premier effort suivi & augmenté de la main, & en revenant successivement à ce même point d’effort, qui ne doit nullement être contredit par aucun effet de la rene opposée, puisque cet effet ne tendroit qu’à détruire celui de la rene qui est chargée d’opérer.

Les actions des jambes ne contribuent pas moins à susciter la révolte du cheval & à le confirmer, quand elles sont faites mal-à-propos, sans besoin, ou avec trop de dureté & de rigueur. 1°. Bien-loin d’aider l’animal, elles hâteront ses desordres & les lui suggéreront, lorsqu’elles s’effectueront sur l’arriere-main, de maniere à le déterminer dans le sens où le cavalier veut mouvoir l’épaule : ce qui arriveroit, par exemple, si la jambe gauche étoit approchée du corps, lorsque la rene droite est tirée & éloignée du corps du cheval, dans l’intention de le tourner de ce même côté, &c car, en ce cas, le port de la croupe à droite seroit le résultat de l’appui de cette jambe ; & il est incontestable que l’animal ne peut obéir à la main qui le tourne, que son extrémité postérieure ne soit sollicitée du côté contraire. Si, en second lieu, quoique nous trouvions dans la soûmission de l’animal des raisons de ne point recourir à d’autre puissance que celle de notre main, nous nous servons indifféremment de la jambe ; car que ne peuvent pas la routine & l’habitude ? ou si l’aide qui en partira est violente & peu modérée, il n’est pas douteux que ces mouvemens inutiles & indiscrets feront naître dans le cheval une crainte capable de lui inspirer à la fin la haine & l’aversion de la volte ; ainsi en résumant en peu de mots tous les détails dans lesquels je viens d’entrer, pour indiquer les voies de résoudre l’animal aux deux mains, on verra que l’on ne doit, dans presque toutes les circonstances, accuser de son irrésolution, 1°. que la force & la dureté de la main du cavalier : 2°. la fausse application ou la rigueur des aides qu’il a employées : 3°. le peu d’attention qu’il a eu de faire passer insensiblement le cheval d’une action aisée à une action plus difficile, en diversifiant ses leçons, & en lui faisant parcourir différentes lignes : 4°. l’ignorance avec laquelle il a exigé de lui, en le retrecissant & en le tournant, pour ainsi dire, de côté & d’autre sur lui-même, des mouvemens dont il ne peut être vraiment & franchement susceptible, qu’autant qu’il a été en quelque façon assoupli, &c.

Les mêmes regles prescrites pour prévenir le défaut dont il s’agit, doivent être mises en usage pour y remédier, eu égard aux chevaux qui l’ont contracté : j’ajoûterai néanmoins ici quelques réflexions.

Il faut, lorsqu’on se propose de combattre ce vice, tâcher de reconnoître d’où il procede, & étudier le caractere de l’animal : les meilleurs moyens de le vaincre, sont ceux qui sont les moins contraires à son naturel : on ne risque rien de le ramener par la douceur ; on risque tout lorsqu’on tente de le subjuguer par les châtimens : s’il est mélancolique & flegmatique, il perd le courage & la vigueur ; s’il est colere, s’il est actif, il se desespere. Il s’agit donc de réformer avec patience la mauvaise habitude qu’il a prise, & de se persuader surtout que son obstination augmente toûjours par la nôtre. On doit encore éviter de lui suggérer le desir de se défendre : travaillons-le d’abord par le droit & sur le côté où il est libre ; la facilité de cette main pourvoira à celle de l’autre, & nous l’attirerons, avec le tems, sur celle à laquelle il refuse d’obéir : plions-le dans une seule & même place à cette même main ; tirons l’encolure de cet état de roideur dans lequel elle peut être ; préférons les leçons du pas dans lesquelles il nous est plus aisé de dominer le cheval & de fortifier sa mémoire ; contraignons-le, en un mot, de perdre jusque au moindre souvenir de ses deréglemens, par la voie des caresses ; & enfin, si nous y sommes forcés, par des moyens rigoureux, dont l’usage ne devroit néanmoins appartenir qu’à de véritables maîtres. (e)

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Étymologie de « entier »

(XIe siècle) Du latin integer (« non touché »), de tangō (« toucher »).
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Bourguig. antei ; provenç. entier, entieyr, enteir ; catal. enter ; espagn. et ital. intero ; portug. inteiro ; du latin integrum (avec l'accent sur te), entier (voy. INTÈGRE).

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Phonétique du mot « entier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
entier ɑ̃tje

Évolution historique de l’usage du mot « entier »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « entier »

  • Chaque âme représente exactement l'univers tout entier...
    Leibniz
  • Le destin de l'individu est lié à celui du pays tout entier.
    Zhang Xianliang — Mimosa
  • Si l'envie était une fièvre, le monde entier serait malade.
    Proverbe danois
  • Ecoute le monde entier appelé à l'intérieur de nous.
    Valère Novarina
  • Dans un courrier adressé aux éleveurs, le Comité régional porcin (CRP) de Bretagne a proposé de baser le cours du porc sur le mâle entier et d’offrir une « compensation » à la viande de mâle castré.
    La France Agricole — Porc : Le mâle entier comme « norme » de production ?
  • A quoi sert à l’homme de gagner le monde entier s’il perd sa vie ?
    Saint Marc — Evangile
  • Ses baisers laissaient à désirer... son corps tout entier.
    Woody Allen
  • Le nouveau coronavirus a existé dans le monde entier et a fait son apparition chaque fois que les conditions étaient favorables plutôt que de commencer en Chine, a déclaré un expert de l'université d'Oxford au journal britannique Telegraph.
    Le nouveau coronavirus a existé dans le monde entier avant d'émerger en Chine (expert de l'université d'Oxford)
  • L’étude donnée sur le rapport du marché mondial du lait en poudre entier à 28% de matières grasses explique les taux de croissance et la valeur marchande de 28% de matières grasses du lait entier en poudre sur la base de la dynamique du marché, de la production, du taux de consommation et bien plus de 28% de matières grasses du lait entier en poudre. Le rapport global sur le marché du lait en poudre entier à 28% de matières grasses a été analysé à l’aide de facteurs primitifs tels que les différentes opportunités, les tendances futures, l’analyse SWOT, les aspects de l’industrie conventionnelle et élémentaire, etc.
    Instant Interview — Recherche sur le marché du lait en poudre entier à 28% de matières grasses (impact de COVID-19) 2020-2026: Dairygold, Vreugdenhil, Belgomilk, Oz Farm – Instant Interview
  • Le Rapport sur le marché Lait entier en poudre a également fourni des données sur l’impact du COVID 19 sur le marché mondial. Le monde fait face à une crise mondiale de la santé sans précédent dans les 75 dernières années. Elle a touché tous les segments de la population et est particulièrement préjudiciable aux membres des groupes sociaux dans les situations les plus vulnérables. Ainsi, l’économie mondiale a beaucoup de prétention face à cette pandémie. Le Rapport comprend des données complètes sur l’impact du COVID 19 sur le marché Lait entier en poudre pour aider les utilisateurs à prendre des décisions à grande échelle.
    Instant Interview — Impact du marché Lait entier en poudre mondial de Covid-19 (2020 à 2027) | HiPP GmbH Co. Vertrieb KG, Verla (Hyproca), OMSCo, Prolactal GmbH (ICL), Ingredia SA – Instant Interview
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Traductions du mot « entier »

Langue Traduction
Anglais integer
Espagnol todo
Italien intero
Allemand ganze
Chinois 整个
Arabe كل
Portugais todo
Russe все
Japonais 全体
Basque osoa
Corse tutale
Source : Google Translate API

Synonymes de « entier »

Source : synonymes de entier sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « entier »

Combien de points fait le mot entier au Scrabble ?

Nombre de points du mot entier au scrabble : 6 points

Entier

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