La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « égal »

Égal

Variantes Singulier Pluriel
Masculin égal égaux
Féminin égale égales

Définitions de « égal »

Trésor de la Langue Française informatisé

ÉGAL, ALE, AUX, adj. et subst.

I.− Adjectif
A.− [En parlant de pers. ou de choses que l'on compare]
1. [En parlant de choses] Qui ne présentent pas de différence quantitative.
a) [Choses comparées entre elles] Partager en parts égales, à intervalles égaux. Cent vers coupés en dizains chastes Comme les ronds égaux d'un même saucisson (Verlaine, Poèmes divers,1896, p. 151).Le signe salutaire de la croix aux branches égales (Claudel, Tête d'Or,1901, p. 268):
1. ... si l'on connaît (...) que les angles correspondants sont égaux et que les côtés homologues sont proportionnels, on comprend immédiatement pourquoi les triangles sont semblables. Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. 220.
Proverbe, pop., vieilli. ,,Cela est égal comme deux œufs, se dit de deux choses d'une égalité parfaite`` (Ac. 1835, 1878).
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi les choses ne présentent pas de différence] Trois cercles se montrèrent à lui, égaux en mesure, divers en couleurs (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 201).Dédale de rues, égales de largeur et de longueur (Verne, 500 millions,1879, p. 88):
2. ... toutes les perspectives prennent de la profondeur par notre mouvement, (...) surtout celles qui résultent de ce que des objets semblables et égaux en grandeur se trouvent à des distances différentes de nous. Alain, Systèmes des beaux-arts,1920, p. 177.
Spéc., GÉOM. [En parlant de deux figures géométriques] Superposable. Si deux côtés d'un triangle et l'angle qu'ils comprennent sont respectivement égaux à deux côtés d'un autre triangle et à l'angle qu'ils comprennent, les triangles sont égaux (Collection de math., classe de 5e, Paris, Bordas, 1960).
b) [Une ou plusieurs choses comparées à une ou plusieurs autres choses] La somme des angles d'un triangle est égale à deux droits. Tout corps plongé dans un liquide éprouve de bas en haut une pression égale au poids du liquide déplacé (Claudel, Art poét.,1907, p. 134):
3. Traçons un triangle! (...) Étant donné que le carré de l'hypothénuse est égal à la somme des carrés des côtés de l'angle droit et que deux quantités égales à une troisième sont égales entre elles... Achard, Voulez-vous jouer avec moâ?1924, p. 165.
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi la (les) chose(s) ne présente(nt) pas de différence avec une ou plusieurs autres choses] :
4. La religion seule étoit capable d'élargir assez le cœur de l'homme, pour qu'il pût contenir des soupirs et des amours, égaux en nombre à la multitude des morts, qu'il avoit à honorer. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 331.
2. [En parlant de choses ou de pers. que l'on compare] Qui ne présentent pas de différence qualitative.
a) [Pers. ou choses comparées entre elles] Combattre à armes égales. Glorieusement poète (...) elle [Hélène Picard] tient pour récompenses égales la poésie, la pauvreté, la solitude (Colette, Paysages et portraits,1954, p. 226):
5. Pâle Alighieri, toi, frère de Cynégire, Ô sévères témoins, ô justiciers égaux, Penchés, l'un sur Florence et l'autre sur Argos, Hugo, L'Année terrible,1872, p. 59.
Loc. Toutes choses égales (d'ailleurs, vieilli/par ailleurs). En admettant que les circonstances ne présentent pas de différence. Quand j'ai décomposé l'eau (...) en ses éléments, je dois pouvoir toutes conditions égales d'ailleurs, reconstituer de l'eau avec ces mêmes éléments (Bourget, Disciple,1889, p. 41).La situation de l'artillerie belge était, toutes choses égales, plus prospère que la nôtre, et avait surtout à faire face à des tâches moins écrasantes (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 43).
PHONÉT. Diphtongues égales (ou indécises). Diphtongues ,,où les deux éléments ont sensiblement même qualité vocalique`` (Mar. Lex. 1933, p. 68).
[Avec un compl. prép. qui précise en quoi les pers. ou les choses ne présentent pas de différence] Être égaux en force, en valeur. Égaux par la vaillance, (...) peuples, formez une sainte alliance, et donnez-vous la main (Béranger, Chans.,t. 2, 1829, p. 168).On nous laisse en arrière et nous demeurons pour la force égaux à des enfants, avec nos bâtons (Claudel, Agamemnon,1896, p. 865):
6. Arithmétique! Algèbre! Géométrie! (...) pendant mon enfance, vous m'apparûtes, une nuit de mai, (...) toutes les trois égales en grâce et en pudeur, toutes les trois pleines de majesté comme des reines. Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 192.
Spéc. [En parlant de pers.] Dont les droits ou les devoirs ne sont pas différents. La Révolution, en passant sur notre France, a rendu les hommes égaux, confondu les rangs (Dumas père, Antony,1831, IV, 6, p. 210).J'avais appris dans l'évangile que les hommes sont tous égaux, tous frères (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 44).
[Avec un compl. prép. précisant par rapport à quoi ou à qui les droits ou les devoirs ne présentent pas de différence] Tous les hommes sont égaux devant la loi, devant la mort. Samaritains et Juifs sont égaux aux yeux de cet homme [Jésus]. Les Gentils mêmes, les Syriens, les Grecs, sont déjà reçus par lui (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 744).Homère (...) annonçait le triomphe de l'homme; non pas d'un roi, mais de l'homme, de tout homme. Tous sont égaux devant le poète (Alain, Propos,1935, p. 1259).
b) [Une ou plusieurs pers. ou choses comparées à une ou plusieurs autres pers. ou choses] Au lieu de lui être égale, elle [Béatrix] était écrasée par Félicité; loin de la jouer, elle était jouée par elle (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 201).MmeMorizot (...) envoie des ébauches égales aux esquisses de l'année passée; de jolies taches qui s'animent et exhalent de féminines élégances (Huysmans, Art. mod.,1883, p. 276).
[Avec un compl. prép. indiquant en quoi la/les pers. ou la/les chose(s) ne présente(nt) pas de différence avec une ou plusieurs autres pers. ou choses] Nous comptons diviser notre contingent d'élèves en équipes sensiblement égales de corps et d'esprit, afin que tous puissent bénéficier au même degré de la même formation (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 191).L'Europe de l'ancien régime se dressa contre la France, quand l'Assemblée proclama : « les hommes naissent libres et égaux en droit. » (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 93):
7. ... les jours de fêtes carillonnées où l'on serait heureux de voir la musique égale en beauté au cérémonial et à la pompe du rite, l'on est précisément condamné à n'entendre que de la quintessence de mauvais chant. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 71.
3. [En parlant d'une chose abstr.]
a) [Chose abstr. désignant une quantité ou une qualité] Qui ne présente pas de différence, qui est au même degré d'extension dans deux ou plusieurs personnes ou choses.
[Chose abstr. désignant une quantité] À égale distance de, à distance égale. Les « chromosomes », (...) se trouvent en nombre égal dans le spermatozoïde et dans l'ovule (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 29):
8. ... on compte, en 1910, plus de 101 millions d'habitants aux États-Unis. Ce chiffre, toutefois, n'égale pas encore le quart de la population de l'Europe, à superficie à peu près égale. Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 20.
[Chose abstr. désignant une qualité] D'égale gentillesse, de qualité égale. Je ne sais si ces choses que je vais vous dire vous paraîtront toutes dignes d'une égale foi (Toulet, Don Quichotte,1902, p. 30):
9. ... à science égale, y a-t-il des grands généraux comme il y a de grands chirurgiens qui, les éléments fournis par deux états maladifs étant les mêmes au point de vue matériel, sentent pourtant à un rien, (...) que dans tel cas ils ont plutôt à faire ceci, dans tel cas plutôt à faire cela. Proust,Le Côté de Guermantes 1,1920,p. 113.
b) [Action ou chose impliquant une action] Qui ne crée pas, qui ne présente pas de différence entre deux ou plusieurs personnes. Distribution égale, justice égale pour tous, partage égal, la partie (n')est (pas) égale, faire jeu égal avec qqn, tenir la balance égale (cf. balance ex. 14).Ce haras, où l'on élève, avec des soins égaux et suivant des règles uniformes, une race de chevaux choisis (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 1, 1808, p. 406).Tout contrat entre deux est égal pour les deux (Alain, Propos,1932, p. 1093):
10. Celui qui ne peut vaincre cherche sa consolation dans une égalité des fortunes où son infériorité disparaîtra. (...) Enfant, il exige la part égale dans tout partage; adulte, il revendique presque maladroitement l'égalité autour de lui. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 595.
Loc., vieilli. Faire tout égal. ,,Tenir la même conduite entre deux ou plusieurs personnes, ne pas favoriser l'une plus que l'autre`` (Ac. 1835, 1878).
B.− P. ext. [En parlant d'une pers. ou d'une chose considérée isolément]
1. Dont le développement ne présente pas de différence.
a) [Dans l'espace] Rare ou littér.
[En parlant d'une étendue] Qui ne présente pas d'aspérités, de saillies. Une aire bien égale; un chemin bien égal. (Ac.) Synon. plus cour. plat, uni.Ses branches [de l'araucaria] (...) s'arrêtent toutes au même niveau pour former un plateau parfaitement égal (Cendrars, Du monde entier,Ignorance, 1957, p. 210):
11. Il s'était fait (...) une poussée de maisons à peu près égale, avec quelques pointes juste un peu plus hâtives le long des chemins qui conduisaient à d'anciens faubourgs,... Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 193.
[En parlant d'une couleur, d'une lumière] Dont l'intensité ne présente pas de différence. Une montagne (...) tout entière estompée dans le gris violâtre le plus égal et le plus tendre (Fromentin, Voy. en Égypte,1869, p. 75).La lumière égale, sans clair-obscur, qui venait par les grandes fenêtres (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 121).
b) [Dans le temps] Sommeil, rythme égal; respiration, température, voix égale. Beaucoup vu M. du G. ces derniers jours; avec un plaisir, un intérêt et un profit toujours égaux (Gide, Journal,1921, p. 709).La promenade égale de la pendule (Morand, Ouv. la nuit,1922, p. 43).
Égal(e) à lui/elle-même, à soi-même. Ce génie à soi-même toujours égal, sans intermittences d'aucune sorte (Du Bos, Journal,1927, p. 377).Le butor pionce toujours égal à lui-même (Arnoux, Roi,1956, p. 39):
12. J'admire ceux qui toujours sont égaux à eux-mêmes, qui ne se font jamais défaut. Quant à moi, je ne puis compter sur moi-même. D'où ma peur des rendez-vous, des engagements.. Gide, Journal,1931, p. 1060.
En partic. [En parlant d'une pers., d'un attribut d'une pers.] À l'abri des réactions extrêmes, en particulier de la violence ou de la nervosité. Humeur égale. Synon. amène.Et quel caractère égal! Je ne lui ai jamais vu [à Maréchal] de mauvaise humeur (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 371):
13. Une femme dure et sensible jamais égale (...) l'attendrissement et la bouderie close, et profondément attachée à son foyer, à condition qu'il fût orageux. Arnoux, Le Chiffre,1926, p. 224.
2. Dans des loc. verbales, fam. [Le suj. gramm. est le plus souvent un indéf. ou un impers.] Dont la solution (s'il y a problème) ou le sens de la décision importe peu. Être égal. Être indifférent, n'avoir pas d'importance.
a) [Sans compl. second. désignant une pers.] Vx. « Ton fils est mort » disoit un autre guerrier à une mère, et la mère répondoit, en pleurant : « c'est égal » (Chateaubr., Natchez,1826, p. 291):
14. ... comme la lune passait je m'écriai : − Si je suis si triste pour elle, c'est à cause de sa pâleur. La reine alors : − Qu'est-ce que cela vous fait? me dit-elle. Et cela me parut soudain tellement égal que je fus bien forcé d'en convenir. Gide, Le Voyage d'Urien,1893, p. 36.
P. antiphrase. [En guise de protestation discrète contre une opinion imposée] C'est égal. Quoi qu'il en soit. La douleur n'est déjà plus aussi vive : rien qu'une grande lassitude (...) C'est égal! je crois que cette nuit je ne dormirai guère (A. Daudet, R. Helmont,1874, p. 70).Je le savais bien, que, malgré les apparences, tu n'étais pas de cœur avec eux! c'est égal, quel sale quart d'heure (Montherl., Exil,1929, III, 4, p. 83).
b) [Avec un compl. second. désignant une pers.]
Rare. [Le suj. désigne une/des pers. ou une/des chose(s)]
[Avec une alternative] La femme d'Édouard était enceinte (...). Une fille ou un garçon lui était égal (Goncourt, Journal,1863, p. 1343).
[Sans alternative] Cela le brisait qu'elle [Nana] lui eût préféré un enfant! Steiner lui était égal, mais cet enfant (Zola, Nana,1880, p. 1251):
15. Si je n'avais ici ma mère et mes trois enfants, je retournerais chez moi; les privations me seraient égales. Au moins, je serais en France. Green, Journal,1941, p. 57.
Cour. [Le suj. gramm. est un indéf. ou un impers., suivi d'un « sujet réel » sous la forme d'un propos ou discours dir., une complétive introduite par que dont le verbe est au subj., ou un inf. introduit par de]
[Avec une alternative] Il m'est aussi parfaitement égal de découper un chrétien que la première volaille venue (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 21):
16. Hé bien, moi, je ne le trouve pas drôle; ou plutôt cela m'est tout à fait égal qu'il soit drôle ou non. Je ne fais aucun cas de l'esprit. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 239.
[Sans alternative] Va, ça m'est égal, que nous soyons ruinés. Pourvu qu'on soit ensemble, on n'est pas malheureux (Zola, Bonh. dames,1883, p. 753):
17. − (...) si je voulais faire le gambit de la dame, j'arriverais à l'échec en quatre coups. − Faites le gambit de la dame, ça m'est égal. − Comment? Toi, un vieux routier, ça te serait égal de te laisser faire mat avec deux pièces prises seulement? Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 194.
II.− Substantif
A.− Personne, chose qui ne présente pas de différence qualitative, de différence de valeur avec une autre. Cette conscience (...) sans laquelle l'immortalité serait pour nous l'égale de la mort (Maeterl., Av. gd. sil.,1934, p. 16):
18. D'avoir entendu quinze ans durant sa mère vanter le bonheur idyllique des cultivateurs des vieilles paroisses, Maria (..) savait (...) qu'aucun des jeunes gens riches de Saint-Prime (...) n'était l'égal de François Paradis avec ses bottes carapacées de boues et son gilet de laine usé. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 50.
Locutions
Sans égal. Ce bon monsieur (...) se mit à me louer (...) démesurément (...) m'appelant homme sans égal, incomparable, inimitable (Courier, Pamphlets pol.,1824, p. 209).[L'empire romain] n'a pas tardé à se dissoudre graduellement en produisant une dégradation morale à jamais sans égale (Comte, Philos. posit.,t. 5, 1839-42, p. 219).[Avec un compl. prép. qui précise en quoi la pers. ou la chose n'a pas d'égale] Ce peuple fier aux combats sans égaux Heurte dans son essor l'antique Pelasgos (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 269).
[En parlant d'une chose] N'avoir d'égal que + subst. Gaspard est un garçon perdu. Ses mœurs plus que déplorables n'ont d'égales que les pires du monde (Verlaine, Œuvres compl.,t. 4, Les Mémoires d'un veuf, 1886, p. 247).Son désintérêt n'a d'égal que sa courtoisie (Du Bos, Journal,1921-23, p. 65):
19. La plus grande partie de l'humanité doit périr. (...) mais après cette ère de catastrophes qui n'aura eu d'égal que le déluge, les chrétiens connaîtront la paix. Green, Journal,1947, p. 103.
Rem. L'accord du subst. se fait avec le 1erou le 2eterme de la locution.
Vx. Marcher l'égal de qqn ou de qqc. Être l'égal de quelqu'un ou de quelque chose :
20. Je suis en admiration continuelle devant le mérite de tous ces-messieurs-là; et, quand je pense qu'avec de la mémoire peut-être aurais-je pu marcher leur égal, je ne me console pas d'en être privé. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 147.
[Avec un compl. prép. qui précise en quoi une pers. ou une chose est l'égale d'une autre] Sur la différence du génie français et du génie italien dans les arts : le premier marche l'égal du second pour l'élégance et le style, au temps de la Renaissance (Delacroix, Journal,1852, p. 495).
[Avec un compl. prép. qui précise en quoi une pers. ou une chose ne présente pas de différence qualitative, de valeur avec une autre] Ce château (...) de Joinville (...) devenu (...) l'égal en splendeur de Vaux-le-Vicomte (France, Lys rouge,1894, p. 23).Le vicomte Olivier, qui passait sa vie (...) chez les (...) financiers israélites, n'avait pas son égal pour l'emportement des discours contre eux (De Vogüé, Morts,1899, p. 421).
Spéc. Personne qui ne présente pas de différence de droits avec une autre. Il [le socialisme] proclame le droit de la femme, cette égale de l'homme (Hugo, Actes et par., t. 2, 1875, p. 470):
21. Ne t'imagine pas, parce que tu es boursier, devoir rien à personne. Tu es l'égal de tous; fais-le sentir aux camarades riches, en les dédaignant. Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 8.
Loc. D'égal à égal. Ce peuple s'est écrit avec le sang des révolutions des lettres de noblesse qui lui permettent (...) de traiter d'égal à égal avec la royauté (Dumas père, Darlington,1832, II, 2, p. 96).Le Japon se considère comme l'État d'avant-garde qui doit organiser l'Asie (...) et la rendre capable de traiter d'égale à égale avec l'Europe (Jaurès, Paix menacée,1914, p. 61).
Rem. L'accord avec le 2edéterminé est indécis.
B.− Loc. prép. À l'égal de + subst. Autant que, d'une façon qui ne présente pas de différence avec une autre. Ce sera comme un songe doré dans ma vie, et une fois je me serai vue riche et parée à l'égal d'une reine (Dumas père, Don Juan de Marana,1836, II, 4, p. 32).Déesses vénérées et redoutées à l'égal des Parques, elles s'étaient nommées les Fatales (France, J. d'Arc,1908, p. 12).
Rare. [La loc. est suivie d'un inf. introduit par de] Mon père, probablement très fier d'avoir un précepteur pour son fils, ne craignait rien à l'égal de me voir « aller avec des enfants du commun » (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 100).
Rem. On rencontre chez Alain le subst. masc. à valeur de neutre égal, synon. de égalité. Aucune des figures du géomètre ne possède le droit, l'égal, le courbe; bref, (...) le nombre, la grandeur et la forme ne sont point collés à la chose comme semblent l'être la couleur et le poids (Propos, 1922, p. 393). Une volonté de chercher l'égal, le semblable, l'homme tout nu, cela est encore une sorte d'hommage à l'inégal (ibid., 1929, p. 842).
Prononc. et Orth. : [egal], plur. [ego]. Ds Ac. 1694-1932. La loc. d'égal à égal peut être considérée comme un groupe figé, dans lequel chaque adj. reste invar. Ex. Elle le traita d'égal à égal. Il les traita d'égal à égal. Des auteurs mod., cependant, font l'accord au fém. sing. et au fém. plur. Mais on ne le rencontre pas au masc. plur. (cf. Grev. 1964, § 388 qui cite ds Giraudoux, École indiff., 1911, p. 187 : au milieu de merveilles qu'il traitait d'égal à égales ou ds Arland, Ordre, 1919, p. 48 : ce qui l'empêchait [Justin] de traiter Renée d'égal à égale). L'adj. est admis ds Ac. 1694-1932. Homon. ego avec égaux. Étymol. et Hist. A. En parlant de personnes ou de choses que l'on compare 1. ca 1150 igal « (d'une valeur, d'une qualité) qui est la même dans plusieurs choses » (Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 8539); ca 1160 egal painnes... egal jugement (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1282); 1641 subst. [une] vertu sans égale (Corneille, Horace, III, 2); 2. 1155 « (d'une personne) qui est de même rang qu'une autre; qui jouit des mêmes avantages » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9754); 1595 à l'esgal de (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 3, chap. 8, p. 1046); 1637 [traiter qqn] d'égal (Corn., Exc[use] à Ariste ds Littré); 3. ca 1165 « de même quantité, de même dimension » (B. de Ste-Maure, Troie, 1553 ds T.-L.); cf. 1283 mesures ... egaus (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 746). B. En parlant de personnes ou de choses dont on compare les différentes parties ou les états successifs 1. ca 1165 « égal, uni, plat » (B. de Ste-Maure, op. cit., 26228); 2. 1580 « qui ne présente pas de variation dans son développement » (Montaigne, op. cit., livre 1, chap. 28, p. 221 : une chaleur ..., temperée au demeurant et égale); 3. 1651 « qui a les mêmes qualités qu'autrefois » (Corneille, Nicomède, IV, 5); 1671 Il est toujours égal à luy mesme (Pomey). C. En parlant de l'attitude de personnes envers d'autres personnes ou choses 1. 1641 « qui est impartial, sans préférence » d'où « indifférent » (Corneille, Horace, I, 1 : Égale à tous les deux jusques à la victoire, Je prendrai part aux maux sans en prendre à la gloire); 2. 1663 « qui est objet d'indifférence » La chose m'est égale (Id., Sophonisbe, IV, 5). Réfection, d'apr. le lat. class. aequalis de mêmes sens, des formes pop. uel, oel, evel, ivel (ca 1119 Ph. de Thaon, Comput, 270 ds T.-L.), issues de cet étymon. Fréq. abs. littér. : 6 487. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 828, b) 9 359; xxes. : a) 8 644, b) 8 134. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 35. − Gohin 1903, p. 351. − Gottsch. Redens. 1930, p. 187, 254, 257, 290. − La Ménardière (C. de). Le Fr. tel qu'on le parle. Fr. R. 1971, t. 44, p. 709. − Quem. 2es. t. 1 1970. − Rog. 1965, p. 127.

Wiktionnaire

Nom commun - français

égal \e.ɡal\ masculin (pour une femme, on dit : égale)

  1. Celui qui est de même rang, de même nature, de même qualité qu’un autre.
    • Le trisaïeul de son trisaïeul était l’égal, le compagnon, le pair du roi ; à ce titre il est lui-même d’une classe privilégiée, celle des gentilshommes ; […]. — (Hippolyte Taine, Philosophie de l’art, Germer Baillière, Paris, 1865, page 134)

Adjectif - français

égal \e.ɡal\

  1. Qui est semblable, soit en nature, soit en quantité, soit en qualité.
    • Les deux chevaliers s'étant donc accordés avec un égal plaisir à se reconnaître frères d'armes, ils se séparèrent pour ce moment, après mille protestations d’amitié. — (Pierre Louis de Rigaud Vaudreuil , Tableau des mœurs françaises aux temps de la chevalerie, Paris : Adrien Égron, 1825, vol. 1, page 65)
    • Comme Orwell dirait : « Tous les citoyens sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. » — (Richard Martineau, Loi 21: le Québec est devenu un fromage suisse, Le Journal de Québec, 21 avril 2021)
    • Deux lignes égales. — Deux poids égaux.
    1. En parlant des personnes.
      • La Perse n’a point de caste. Tous sont égaux chez elle au point de vue religieux. — (Jules Michelet, Bible de l’Humanité, Calmann-Lévy, 1876, page 77)
      • Fallait-il vivre inégaux et dissemblables, comme l’église le donnait à penser ? Ou bien égaux et semblables, égaux parce que semblables, comme l’enseignait l’école ? Ou encore égaux et dissemblables, égaux pour faire valoir nos dissemblances, comme le professait la maison ? Un écheveau de perplexités que je ne suis toujours pas sûre de débrouiller aujourd’hui. — (Mona Ozouf, Composition française, Gallimard, 2009, collection Folio, page 156)
      • Tous les hommes naissent libres et égaux du point de vue de leur dignité et de leurs droits.
      • Cela est bon entre égaux.
      • Traiter d’égal à égal.
  2. (Mathématiques) Absolument identique, exactement le même. — Note d’usage : L’adjectif “égal” peut être suivi de la préposition “à” et d’une certaine façon de désigner cet objet égal, le même objet.
    • Deux fois cinq est (égal à) dix, deux fois trois et demi est égal à sept.
    • En géométrie, deux points égaux sont confondus en un seul et même point.
  3. Toujours le même, invariant, constant, uniforme.
    • Un mouvement toujours égal.
    • Son pouls est très égal.
    • Il a toujours marché d’un pas égal.
    • Pendant des semaines, Camille se montrait d’un caractère égal, attentif à prévenir les désirs de Graux et à lui éviter la moindre contrariété. — (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, chapitre IV, Gallimard, 1937)
  4. Qui n’est pas raboteux, qui est de niveau.
    • Une aire bien égale.
    • Un chemin bien égal.
    • Une allée bien égale.
  5. Indifférent, sans importance.
    • Tout lui est égal.
    • Qu’on l’approuve, qu’on le blâme, tout lui est égal.
    • Cela m’est égal. Des deux choses en question, des deux partis proposés, on n’aime pas plus l’un que l’autre.
    • Qu’il reste ou qu’il s’en aille, cela m’est égal, m’est parfaitement égal.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ÉGAL, ALE. adj.
Qui est semblable, soit en nature, soit en quantité, soit en qualité. Deux lignes égales. Deux poids égaux. Deux quantités égales à une troisième sont égales entre elles. Deux personnes d'une fortune égale, d'une condition égale, d'égale condition. Toutes choses égales d'ailleurs. La partie n'est pas égale. Des droits égaux. Les Français sont égaux devant la loi. Ces deux ouvrages sont d'une égale valeur. Une imprudence sans égale. Donnez-leur des avantages égaux. Il est quelquefois nom, dans ce sens seulement, et surtout en parlant des Personnes. Il est son égal en mérite. Elle est votre égale. Cela est bon entre égaux. Il n'a pas d'égal. Traiter d'égal à égal ou simplement d'égal. Il traitait d'égal avec les plus grands personnages.

À L'ÉGAL DE, loc. prép. Autant que, de même que. Il est craint à l'égal de la peste. Il signifie aussi Qui n'est point raboteux, qui est de niveau. Une aire bien égale. Un chemin bien égal. Une allée bien égale. Il signifie encore Qui est toujours le même, qui ne varie point, uniforme. Un mouvement toujours égal. Son pouls est très égal. Une âme égale. Une humeur égale. Un caractère égal. Style égal. Il a toujours marché d'un pas égal. Fam., Tout lui est égal, Tout lui est indifférent, peu lui importe que les choses soient, se passent de telle manière ou de telle autre. Qu'on l'approuve, qu'on le blâme, tout lui est égal. On dit aussi Cela m'est égal, pour exprimer que, des deux choses en question, des deux partis proposés, on n'aime pas plus l'un que l'autre. Qu'il reste ou qu'il s'en aille, cela m'est égal, m'est parfaitement égal.

Littré (1872-1877)

ÉGAL (é-gal, ga-l') adj.
  • 1Pareil en quantité, en valeur. Cent francs en or et cent francs en billets sont des sommes égales. Deux lignes égales entre elles. Le mètre est égal à la quarante millionième partie de la circonférence de la terre. Pense qu'il est si grand, qu'il n'aurait point d'offrande, S'il n'en recevait point que d'égales à lui, Malherbe, I, 4. Que m'offrirait de pis la fortune ennemie, à moi qui tiens le trône égal à l'infamie, Corneille, M. de Pomp. III, 2. Peut-on voir un orgueil à votre orgueil égal ? Corneille, Nicom. V, 7. Du nom de dictateur, du nom de général, Qu'importe si des deux le pouvoir est égal ? Corneille, Sertor. III, 2. Hélas ! seigneur ! quel trouble au mien peut être égal ? Racine, Phèd. I, 2. Il n'y a point, dit Tite Live, d'esprits plus susceptibles de jalousie que ceux qui n'ont point un mérite égal à leur naissance et à leur rang, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. I, p. 497, dans POUGENS. Les hommes, qui tous savent le fort et le faible les uns des autres, connaissent ceux qui leur sont égaux, sentent la supériorité que quelques-uns ont sur eux et celle qu'ils ont sur quelques autres, La Bruyère, XI. Quand trente mille hommes combattent en bataille rangée contre des troupes égales en nombre, Voltaire, Candide, 4.

    Absolument. Ceci peut s'appliquer à la grandeur royale ; Elle reçoit et donne, et la chose est égale ; Tout travaille pour elle, et réciproquement Tout tire d'elle l'aliment, La Fontaine, Fabl. III, 2. Il n'est bien sous le ciel qui vous parût égal, La Fontaine, ib. VIII, 13. Rien ne met à l'abri de cet ordre fatal, Ni le rang, ni le sexe, et le crime est égal, Racine, Esth. I, 3. Depuis qu'à Pharaon ce peuple est échappé, Une égale terreur ne l'avait point frappé, Racine, Athal. III, 7. Suivre d'un pas égal mes fortunes diverses, Racine, Bérén. I, 4. Allons ; d'un pas égal que ne puis-je vous suivre ? Voltaire, Mérope, V, 5. Ce combat comme à nous peut leur être fatal, Égaux sont les périls, le courage est égal, Delavigne, Vêpres sicil. II, 6.

    Toutes choses égales, ou tout étant égal d'ailleurs, c'est-à-dire en supposant qu'il n'y ait aucune différence entre les choses dont il s'agit. Toutes choses égales, une raison née avec quelque élévation aimerait encore mieux se tromper, en se faisant honneur, qu'en se déclarant pour un parti si ignominieux à son être, Massillon, Car. Avenir.

    La partie est égale, la partie n'est pas égale, se dit de deux joueurs, de deux combattants qui sont ou ne sont pas de même force. Comme la partie n'est pas égale, il faut user de stratagème et éluder adroitement le malheur qui me cherche, Molière, Festin de P. II, 10.

    Tenir la balance égale, c'est-à-dire être d'une stricte justice, d'une exacte impartialité, à l'égard d'hommes ou d'opinions qui sont en conflit.

    Faire tout égal, traiter tout le monde de même, ne favoriser personne.

    En termes de géométrie, égal, quand il se dit de ce qui est figuré, ne s'applique pas seulement à la valeur, mais aux angles et aux dimensions, de telle sorte qu'on puisse concevoir l'exacte superposition des figures. Un parallélogramme est partagé par sa diagonale en deux triangles égaux ; deux cercles décrits du même rayon sont égaux ; entendez que si on les applique l'un sur l'autre, ils coïncideront exactement. Quand il n'est pas question de la figure, ou quand la figure est tellement différente qu'on ne peut songer à la superposition, égal reprend son sens ordinaire, il ne signifie plus que la parité dans la quantité. Tous les parallélogrammes de même base et de même hauteur sont équivalents, c'est-à-dire égaux en surface. Des volumes égaux. La sphère est égale aux deux tiers du cylindre circonscrit.

    Terme de botanique. Aigrette égale, aigrette composée de soies ayant à peu près la même longueur. Polygamie égale, ordre comprenant les syngénèses dont toutes les fleurs sont hermaphrodites.

    Terme de musique grecque. Système égal, système d'Aristoxène qui divisait chaque tétracorde en trente parties égales.

  • 2Qui jouit des mêmes droits. Tous les hommes sont égaux. Autrefois les habitants du pays n'étaient pas égaux devant la loi. Les mortels sont égaux, ce n'est pas la naissance, C'est la seule vertu qui fait la différence, Voltaire, Mahomet, I, 4. Et vous semblez d'un sang fait pour donner des lois à l'Arabe insolent qui marche égal aux rois, Voltaire, Fanat. I, 2.
  • 3Qui est toujours le même, qui ne varie point. Un mouvement égal. Un style égal. Du reste, en quoi répond au sort divers Ce train toujours égal dont marche l'univers ? La Fontaine, Fabl. II, 13. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme, Boileau, Art p. I. D'un soin toujours égal sa faveur l'environne, Racine, Alex. I, 2. Ce Dieu… Juge tous les mortels avec d'égales lois, Racine, Esth. III, 4.

    En médecine, on dit que le pouls est égal, que la respiration est égale, lorsque les mouvements qui les constituent sont semblables pour la force et la durée.

  • 4Qui est d'un caractère doux et sans hauts ni bas. Vous étiez né doux, égal, accessible, Massillon, Car. Prodigue. Modeste, bonne, égale, toujours obligeante, naturelle et réservée, Genlis, Veillées du château t. I, p. 442, dans POUGENS.

    Se dit aussi de l'humeur, du caractère. La supérieure n'avait jamais vu de religieuse d'une humeur aussi égale, Chateaubriand, René, 216.

  • 5Égal à soi-même, qui ne se dément en rien. Virgile a fait son héros, modéré, pieux, et par conséquent égal à lui-même, Fénelon, t. XXIV, p. 26.

    Absolument. Ce serait bien, seigneur, de tout point me confondre ; Et je serais moins roi qu'un objet de pitié Si le bandeau royal m'ôtait votre amitié ; Mais je m'alarme trop et Rome est plus égale, Corneille, Nicom. IV, 5.

    Égal, ainsi employé absolument, a vieilli.

  • 6Qui est objet d'indifférence. Tout lui est égal. Toute demeure lui fut égale, toute la terre lui fut un exil, Fléchier, Panég. I, 352. Tout lui est égal, pourvu qu'il accable ses ennemis, Fénelon, Tél. X. Il y avait déjà longtemps que toutes les saisons étaient devenues égales pour les soldats de Charles et pour ceux du czar, Voltaire, Charles XII, 4. Une indifférence suprême, Voilà mon principe et ma loi ; Tout lieu, tout destin, tout système Par là devient égal pour moi, Gresset, Chartreuse. Tous les hommes, tous les pays, tous les livres lui étaient égaux, Vauvenargues, Ergaste. Ton fils est mort, disait un guerrier à une mère, et la mère répondait en pleurant : c'est égal, Chateaubriand, Natch. II, 52.

    Familièrement. C'est égal. c'est-à-dire quoi qu'il en soit. C'est égal, il paye cher son avantage.

    Qui éprouve de l'indifférence (emploi qui a vieilli). Égale à tous les deux jusques à la victoire, Je prendrai part aux maux sans en prendre à la gloire, Corneille, Hor. I, 1. Et je n'ose penser que d'un œil bien égal Polyeucte en ces lieux puisse voir son rival, Corneille, Polyeucte, III, 1. Et le prends-tu pour homme à voir d'un œil égal Et l'amour de son frère, et la mort d'Annibal ? Corneille, Nicom. II, 1.

  • 7Uni, qui est de niveau, qui n'est pa raboteux. Un chemin égal.
  • 8 Substantivement. Celui, celle qui est égale aux autres. Heureux d'avoir vaincu pour vivre son égal, Corneille, Pomp. III, 5. Ne nous associons qu'avecque nos égaux, La Fontaine, Fabl. V, 2. Je ceignis la tiare et marchai son égal, Racine, Athal. III, 3. Lucile aime mieux user sa vie et se faire supporter de quelques grands que de vivre familièrement avec ses égaux, La Bruyère, IX. Accoutumons des rois la fierté despotique à traiter en égale avec la république, Voltaire, Brut. I, 1. Des égaux ! dès longtemps Mahomet n'en a plus, Voltaire, Fanat. II, 5.

    Qui n'a pas d'égal, sans égal, c'est-à-dire qui ne peut être égalé. Et moi par un malheur qui n'eut jamais d'égal, Corneille, Cinna, III, 1. Mais ce serait pour vous un bonheur sans égal, Corneille, Ment. I, 1. Tel porte jusqu'aux cieux leur vertu sans égale, Corneille, Hor. III, 2. Une tendresse qui ne saurait avoir d'égale, Sévigné, 14. De ses faits je tiens registre, C'est un homme sans égal, Béranger, Sénat.

  • 9D'égal, loc. adv. Sur le pied de l'égalité. Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée, Et pense toutefois n'avoir point de rival à qui je fasse tort en le traitant d'égal, Corneille, Exc. à Ariste. Il [Abraham] traitait d'égal avec les rois, Bossuet, Hist. II, 2. Elle [son âme] va d'égal avec les grandes âmes, La Bruyère, XI.
  • 10À l'égal de, loc. prépos. Comme, de même que, autant que. La seule vérité donne aux afflictions Des consolations Durables à l'égal de la sainte parole, Corneille, Imit. III, 16. Des frères ne sont rien à l'égal d'un époux, Corneille, Hor. III, 4. Rome se fera craindre à l'égal du tonnerre, Corneille, ib. III, 5. À l'égal de mes jours je la [ma haine] ferai durer, Corneille, Pomp. V, 4. Allons donner votre ordre à des pompes funèbres, à l'égal de son nom illustres et célèbres, Corneille, Sertor. V, 8. Un homme que je hais à l'égal de la mort, Molière, École des maris, II, 11. À l'égal des Persans je veux qu'on les honore, Racine, Esth. III, 7.

    À l'égal de, avec un infinitif. Et le trépas en soi n'a rien de rigoureux à l'égal de vous rendre un rival plus heureux, Corneille, Perth. II, 1.

    Absolument. Je suis craint à l'égal sur la terre et sur l'onde, Corneille, Illusion comique, III, 11. C'est ce qui attire si puissamment sur nous les affections de la sainte Vierge qu'il n'y a point de mère qui puisse aller à l'égal, Bossuet, 2e serm. Compass. de la sainte Vierge, 2. Quant à moi qui méprise presque à l'égal les injures et les dénonciations individuelles…, Mirabeau, Collection, t. IV, p. 305.

    À son égal, en comparaison de. Ah ! si vous connaissiez, mes frères, ce que vous perdez en perdant la grâce sanctifiante ; si vous saviez que la perte de l'univers n'est rien à son égal, Massillon, Myst. Résurr.

    PROVERBE

    Cela est égal comme deux œufs, se dit de deux choses absolument conformes.

HISTORIQUE

XIe s. E il metrad [le bétail en litige] en uele [égale] main, d'ici là que il seit derained [jugé], Lois de Guill. 25. Si home muert sans devise [testament], si departent li enfant l'erité entre sei par uwel [égal], ib. 36.

XIIe s. Esgal leis, esgal peine, esgal mal vos atent, Rou, V. 2030. Là seront li denier livré par igal pois, Sax. XXXIII. Tel qui fist personel del verbe impersonel, Singuler et plurel aveit tut par igal, Th. le mart. 55.

XIIIe s. Li jors estoit biaus et seris, et li plains tant ingaus que il n'i avoit mal pas ne chose qui destorber les peust, H. de Valenciennes, VI. Et es livres et el cheval Partirai-ge tot par igal Et mot à mot et foil à foil, Ren. 21198. Certaine coze est que les mesures ne sont pas en la comté de Clermont ygaus, ains se diversefient en plusors viles, Beaumanoir, XXVI, 3.

XIVe s. Et ce que nous appellons ici egual, c'est le moien entre superhundance ou excès d'une part et deffaut d'autre part, Oresme, Eth. 44.

XVe s. Et ceulx qui sont de povoir ou de nombre equal, et qui tous de bon cœur requierent à l'ayde de Dieu l'ung contre l'aultre, Jeh. de Saintré, ch. 48.

XVIe s. Il [le Fils] estoit egal à Dieu, avant que s'aneantir sous la forme de serviteur ; or comment cette equalité pourroit-elle convenir, sinon qu'il fust le Dieu du quel le nom est souverain ? Calvin, Instit. 94. En l'amitié, c'est une chaleur temperée et egale, Montaigne, I, 209. Des enfants ont commandé des grands estats, à l'egual des plus suffisants princes, Montaigne, IV, 52. Sylla lui faisoit des honneurs, qu'il portoit bien peu souvent aux plus vieux et à ceulx qui estoient egaux à luy, Amyot, Crassus, 10.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « égal »

Wallon, ewal ; anc. wallon, enweil ; norm. ignau, qui est sans façon, c'est-à-dire égal pour tout le monde ; provenç. egual, engal ; catal. egual ; espagn. et portug. igual ; ital. eguale ; du latin aequalis, dérivé d'aequus, uni, juste. Uwel, uel est la plus ancienne forme, laquelle correspond à la forme italienne uguale. On trouve aussi, dans l'ancien français, ive, qui vient de aequus.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Réfection, d’après le latin aequalis, de mêmes sens, des formes populaires uel, oel, evel, ivel. Le passage de qu à g se voit également dans le mot aigle (du latin aquila).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « égal »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
égal egal

Fréquence d'apparition du mot « égal » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « égal »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « égal »

  • Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; proteste aux poings de tout son être en action destructive : DADA ; connaissance de tous les moyens rejetés jusqu’à présent par le sexe pudique du compromis commode et de la politesse : DADA ; abolition de la logique, danse des impuissants de la création : dada ; de toute hiérarchie et équation sociale installée pour les valeurs par nos valets : DADA ; chaque objet, tous les objets, les sentiments et les obscurités, les apparitions et le choc précis des lignes parallèles, sont des moyens pour le combat : DADA ; abolition de la mémoire : DADA, abolition de l’archéologie : DADA ; abolition des prophètes : DADA ; abolition du futur : DADA ; croyance absolue indiscutable dans chaque dieu produit immédiat de la spontanéité : DADA ; saut élégant et sans préjudice, d’une harmonie à l’autre sphère ; trajectoire d’une parole jetée comme un disque sonore crie ; respecter toutes les individualités dans leur folie du moment : sérieuse, craintive, timide, ardente, vigoureuse, décidée, enthousiaste ; peler son église de tout accessoire inutile et lourd ; cracher comme une cascade lumineuse la pensée désobligeante, ou amoureuse, ou la choyer — avec la vive satisfaction que c’est tout à fait égal — avec la même intensité dans le buisson, pur d’insectes pour le sang bien né, et doré de corps d’archanges, de son âme.
    Tristan Tzara — Manifeste Dada
  • La télévision doit pouvoir, à l'occasion, renoncer à ses oripeaux institutionnels pour se frotter d'égal à égal au jaillissement de faits, d'idées et d'opinions qui agitent, secouent, bousculent le corps social.
    Rémy Pflimlin — Les Dossiers de l’Audiovisuel
  • A traiter en égal un inférieur, on est le dupe, s'il nous en retire le profit en se sentant notre égal.
    Jean Rostand — Pages d'un moraliste
  • Ni tous les rossignols ne chantent également bien, ni toutes les roses ne sentent également bon.
    Joseph Joubert — Carnets
  • La prière, c'est une façon de traiter d'égal à égal avec Dieu.
    G.-M. Valtour — L'homme et la vie, notes et impressions
  • Les couples sont de quatre espèces : toi et moi égale toi, toi et moi égale moi, toi et moi égale nous, toi et moi égale toi et moi.
    Gilbert Cesbron
  • On aime beaucoup mieux ceux qui tendent à nous imiter que ceux qui tâchent à nous égaler. Car l'imitation est une marque d'estime et le désir d'être égal aux autres est une marque d'envie.
    Madame de Sablé — Maximes
  • On aime mieux son égal que son maître.
    Voltaire
  • Nous sommes tous également hommes, mais non membres égaux de la société.
    Voltaire — Pensées sur l'administration
  • Publié le 06 juillet 2020 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)
    Fiscalité -Impôt sur le revenu : bénéficierez-vous d'un remboursement ou aurez-vous un solde à payer ? | service-public.fr
Voir toutes les citations du mot « égal » →

Traductions du mot « égal »

Langue Traduction
Anglais equal
Espagnol igual
Italien pari
Allemand gleich
Chinois 等于
Arabe مساو
Portugais igual
Russe равный
Japonais 等しい
Basque berdina
Corse uguali
Source : Google Translate API

Synonymes de « égal »

Source : synonymes de égal sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « égal »

Combien de points fait le mot égal au Scrabble ?

Nombre de points du mot égal au scrabble : 4 points

Égal

Retour au sommaire ➦