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Frère

Variantes Singulier Pluriel
Masculin frère frères

Définitions de « frère »

Trésor de la Langue Française informatisé

FRÈRE, subst. masc.

A.− Celui qui est né du même père et de la même mère, ou de l'un des deux seulement, soit du même père (frère consanguin), soit de la même mère (frère utérin). Au pied d'un arbre vint s'asseoir Un jeune homme vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère (Musset, Nuit déc.,1835, p. 92).Son frère, un peu de son sang, un autre moi (Zola, Nana,1880, p. 1443).Électre, je suis Oreste... ton frère. Moi aussi je suis un Atride, et ta place est à mes côtés (Sartre, Mouches,1943, II, 1ertabl., 4, p. 59):
1. − J'avais un ami. C'était mon frère. Nous avions étudié de compagnie. Nous habitions la même chambre à Stuttgart. Nous avions passé trois mois ensemble à Nuremberg. Nous ne faisions rien l'un sans l'autre... Vercors, Silence mer,1942, p. 73.
SYNT. Frère aîné, cadet, puîné; frères jumeaux; être frère et sœur; aider, perdre, protéger son frère; traiter qqn en frère, veiller sur son frère; se ressembler comme deux frères, comme frère et sœur.
En partic. Frère de lait. Enfant de la nourrice ou nourrisson, qu'elle a nourris tous les deux du même lait. Ma nourrice se mit à ma gauche; mon frère de lait à ma droite (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 39).Frères siamois. Frères jumeaux qui naissent attachés par quelqu'endroit du corps. Enfants à deux têtes et frères siamois ont été exhibés sur nos pistes (Hist. spect.,1965, p. 1536).
[P. allus. biblique et littér.] Un frère est un ami donné par la nature (Legouvé, Œuvres compl.,t. 1, Mort d'Abel, III, 3, Paris, L. Janet, 1826 [1793], p. 77).Joseph vendu par ses frères. Abel tué par son frère Caïn. Caïn, qu'as-tu fait de ton frère? (Sand, Lélia,1833, p. 306).Les frères ennemis. Étéocle et Polynice. Polynice est mort et il ne t'aimait pas. Il a toujours été un étranger pour nous. Un mauvais frère (Anouilh, Antig.,1946, p. 160).
Au fig.
[En parlant de deux choses] Le pendant, la paire. Ce cadre est le frère, comme dit Froment-Meurice, de celui où est le Christ [d'ivoire] (Balzac, Lettres Étr.,t. 3, 1850, p. 207).
[En parlant de deux pers. ou de créations artistiques apparentées par une indéniable ressemblance] Celui ou ce qui ressemble à une autre personne, à autre chose. Frère intellectuel; frère de croyances, d'opinions. Elle [une sonate de Schobert] le séduit [le petit Mozart] par la poésie, par un chromatisme frère du sien, et par l'emploi des tons mineurs (Ghéon, Promenades Mozart,1932, p. 39).Dans la région où se rejoignent les plus hautes créations, le Crucifix de Giotto est le frère douloureux de l'Ange de Reims (Malraux, Voix sil.,1951, p. 251):
2. Ces prophètes étaient frères sans se connaître; pas un d'eux ne savait (...) que quelqu'un de semblable à lui-même existât... Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 599.
Expr. Le sommeil est le frère de la mort.
Ce qui va ensemble. Le devoir et le droit sont frères (Cousin, Hist. philos. mod.,t. 2, 1847, p. 244).Elle [la guerre] a la cupidité pour marraine et son frère est le crime (Proudhon, Guerre et paix,1861, p. 326).
B.− P. anal. Celui qui est comme un frère pour quelqu'un.
1. [En parlant d'un lien de pers. à pers.]
a) Ami intime; ami de cœur, d'élection. Nous avions fait serment de ne jamais nous quitter, d'être inséparables, d'être frères (Hugo, L. Borgia,1833, II, 2epart., 2, p. 133).J'aimais Bercot. Fils de veuve, c'était mon frère. Il était beau, frêle et doux (Sartre, Mots,1964, p. 187).
b) Compagnon, camarade. Vivre comme des frères. C'est promis, bien sûr. N'es-tu pas mon compagnon et mon frère? (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 195).Oui Martinet, on se fréquente depuis l'école, d'avant le certificat. Des copains, des frères (Arnoux, Paris,1939, p. 212):
3. ... l'ami qu'il avait perdu avait été pour lui une sorte de frère aîné, un compagnon de jeunesse, un guide qu'il idolâtrait. Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 1004.
Expr. Frères d'armes (vieilli). ,,Chevaliers qui avaient contracté une alliance d'armes, en se promettant une mutuelle assistance, et qui se donnaient réciproquement le nom de Frère`` (Ac.). Le sire de Coucy arriva aussitôt chez son vieux compagnon et frère d'armes qu'il aimait depuis si long-temps (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1921-24, p. 53).P. ext. Ceux qui combattent ou ont combattu côte à côte pour une même cause (cf. Lar. Lang. fr.). Faux(-)frère. Celui qui trahit. Voltaire, dès lors, commença de voir en Jean-Jacques un « faux frère », un « Judas » (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 19).Ça c'est un frère, un vrai frère (fam.). Au front, le moindre cuistot est un frère (Martin du G.,Thib., Épil.,1940,p. 986)Vieux frère (fam.). Adieu, vieux frère, aime-moi toujours (Mallarmé, Corresp.,1868, p. 269).
Arg. Individu. Ce qu'il prend, le frère! (Esn.Poilu1919, p. 252).
2. [En parlant d'un lien unissant une pers. à un groupe, une communauté, une confrérie, un pays, etc.] Frère de couleur, de race. Ceux-là, ce seraient ses compagnons, ses amis. D'avoir crevé la faim, il se sentait leur frère (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 496).Comme vous voyez, je suis votre frère, chez lui au milieu des siens (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 129):
4. ... le danger commun avait uni plus intimement tous les citoyens. Dans toutes les classes, on s'était rapproché davantage, on s'était reconnu frères, animés de sentiments semblables, touchés par les mêmes intérêts. Verne, 500 millions,1879, p. 213.
En partic. Frère franc-maçon. Un adepte de la franc-maçonnerie. Vous êtes franc-maçon, me dit-il [l'officier prussien] (...) je le suis aussi (...) et je n'ai pas voulu laisser sans secours un frère qui m'implorait (A. Daudet, R. Helmont,1874, p. 126).Frère trois-points (fam.). Même sens. Mon grand-père prétendait qu'il était frère-trois-points (Sartre, Mots,1964, p. 62).Frère rose-croix. Initié d'une confrérie secrète et mystique d'Allemagne au début du xviies. Les frères rose-croix dans l'origine étoient alchimistes (Staël, Allemagne,t. 5, 1810, p. 148).Frères de la côte. Les pirates et les flibustiers des Antilles aux xviieet xviiies. Je fis une toilette de frère de la côte pour ne pas effaroucher tous les amis auxquels j'allais être présenté comme un marin du Midi (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 88).
3. [En parlant d'un lien unissant une pers. à l'ensemble des hommes considérés comme les membres de la grande famille hum.] Aider ses frères; soulager les maux de ses frères. La raison m'est née. Le monde est bon. Je bénirai la vie. J'aimerai mes frères (Rimbaud, Saison enfer,1873, p. 218).Dire avec les Républicains que tous les hommes sont frères (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 162).
P. ext. Lien affectif reliant une personne à l'univers (animaux, végétaux). Nos frères ailés (les oiseaux); nos frères inférieurs (les animaux). On se sent le frère de tout ce qui existe (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 27).Saint François (...) composa un cantique plein d'allégresse pour bénir le splendide frère Soleil, et notre sœur l'Eau (France, Lys rouge,1894, p. 214).
En partic., RELIG. L'homme considéré en tant que membre de la famille chrétienne. Frères en Jésus-Christ. Tu es le père des êtres; en toi tous les êtres sont frères (Renan, Drames philos.,Prêtre Némi, 1885, II, 2, p. 552):
5. Ils ne sont forts contre vous, que parce que vous n'êtes point unis, que parce que vous ne vous aimez point comme des frères les uns les autres. Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 99.
,,Mes frères, mes chers frères, disent les prédicateurs en parlant à leurs auditeurs`` (Ac. 1878-1932).
Les frères séparés. Les non-chrétiens ou les chrétiens qui n'appartiennent pas à l'Église romaine. Tous ces frères séparés, retranchés dans le désert, (...) que l'on appelle schismatiques, hérétiques, nationalistes et musulmans (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 302).
Personne appartenant à certains ordres religieux. Je ne suis plus don Juan ton fiancé (...), je suis frère Juan le trappiste (Dumas père, Don Juan,1836, IV, 5, p. 82).
En partic. Frère convers, frère lai, frère servant. Religieux qui n'est pas clerc et qui vaque aux besognes d'un couvent. Le frère Arsène, un convers qui cumulait les fonctions de tailleur et de concierge de l'abbaye (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 90).Les frères mineurs. De l'ordre de saint-François. Les frères mineurs, à la robe grise, ceinturée de la corde à trois nœuds (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 52).
4. Emploi adj.
a) En appos. avec valeur d'adj.
[Le subst. est un terme concr.] Les deux sapins frères saluent de la tête sans rire, raidis dans leur vêture sombre (Colette, Cl. ménage,1902, p. 264).
[Le subst. désigne une pers.] Dans cette rencontre de deux génies [Goethe et Beethoven] égaux et frères à tant d'égards (...) Beethoven conserve manifestement la supériorité morale (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 2, 1851-62, p. 350).
b) [Suivi de la prép. de] Un entêtement frère du sien; des gémissements frères des siens. J'ai sombré dans un rêve étrange, vraiment frère de mon impression de veille (Gracq, Beau tén.,1945, p. 77).
REM. 1.
Fra, subst. masc.(ital., abrév. de frate « moine »). Fra Angelico. Attesté ds Lar. 19e, Lar. Lang. fr.
2.
Fratone, subst. masc. (ital.).Moine possédant un certain crédit. Sous le gouvernement du saint-père, quand on avait un fratone dans sa manche, on faisait à peu près ce qu'on voulait (Mérimée, Lettres Panizzi,t. 1, 1870, p. 232).
3.
Frelot, subst. masc.,fam. Frère. Cf. Lacassagne, Arg. « milieu », 1928, p. 95.
4.
Frérâtre, subst. masc.Mauvais frère. Laurence réclame sa part du papier, il ne faut pas être frérâtre et lui voler ses lignes (Balzac, Corresp.,1821, p. 95).
Prononc. et Orth. : [fʀ ε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 842 fradre « enfant né de mêmes parents » (Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie t. 1, p. 1); ca 1100 frere (Roland, éd. J. Bédier, 1214); 2. ca 1050 « homme considéré par rapport à ses semblables » (Alexis, éd. Chr. Storey, 119); 3. 1174-76 « membre d'une communauté religieuse » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2052). Du lat. class. frater « frère ». Fréq. abs. littér. : 16 826. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 27 323, b) 24 045; xxes. : a) 27 021, b) 19 106. Bbg. Arveiller (R.). Fr. mod. 1974, t. 42, p. 275. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 83. − Kuznecon (A. M.). On the typology of the semantic field of kindship terms. Linguistics. La Haye, 1974, no125, p. 9. − Quem. DDL t. 11, 15.

Wiktionnaire

Adjectif - français

frère \fʁɛʁ\

  1. Choses similaires, souvent avec la même origine. Note d’usage : Utilisé seulement pour les noms masculins.
    • La Tunisie et l’Algérie sont des pays frères.

Nom commun - français

frère \fʁɛʁ\ masculin (pour une femme, on dit : sœur)

  1. Individu de sexe masculin qui est né du même père et de la même mère qu'un ou plusieurs autre(s) individu(s).
    • J’avais neuf ans et j’attrapais avec mon frère des sauterelles que nous faisions griller dans le jardin pour les manger. — (Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
    • Les pleins frères et pleines sœurs sont des individus qui ont à la fois le même père et la même mère. Ils partagent en moyenne la moitié des gènes de leurs parents. — (Gerald Wiener et Roger Rouvier, Amélioration génétique animale, Quae/CTA/Presses agronomiques de Gembloux, Agricultures en poche, 2009, page 70)
    • Contrairement à ses frères, Joseph Antoine l’aîné, Vincent et Nicolas, les deux puînés, qui marchaient dans les pas de leur géniteur, Michele ne se voyait pas toute sa vie garder les chèvres et les mulets […] — (Gérard de Cortanze, Banditi, Albin Michel, 2004, page 33)
    • (Par analogie)Maupattu était banni de la gent gloussante et caquetante, bien qu'il piaulât comme les autres et qu'il fût issu d'un œuf identique à celui des petits frères tant choyés et défendus par la maman. — (Louis Pergaud, « Maupattu le Paria », dans La revanche du corbeau: nouvelles histoires de bêtes, Mercure de France, 1924, page 143)
  2. Tous les hommes en général comme étant tous sortis d’un même père et d’une même mère, comme étant tous de la même espèce.
    • Tous les hommes sont frères ; ils apportent, en naissant, des droits égaux aux avantages que la société procure. Ils ne diffèrent entre eux que par les facultés personnelles […] — (Achille de Jouffroy, Avertissement aux souverains sur les dangers qui menacent l’Europe, 1831, page 34)
    • « Mais qui donc est mon frère », te demandes-tu ? En vérité, tout être humain qui tu croises sur ta route… — (Jean Proulx, Grandir en humanité, Fides, 2018, page 142)
  3. (Religion) Tous les chrétiens, comme étant tous enfants de Dieu par le baptême.
    • Apprends, dit-il, que, dans cette maison, consacrée à Dieu et au saint ordre du Temple, une femme juive a été amenée par un frère en religion […] — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • — Mes bien chers frères, je n’aurai pas aujourd’hui la joie de poursuivre avec vous ces petits entretiens dominicaux dont nous avons la pieuse habitude. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 145)
  4. (Par extension) Compagnon d’une même cause.
    • Avec la fumée des incendies et du sang de nos frères, cette voix s’élève vers toi, Seigneur. C’est une plainte terrible, c’est un dernier soupir. — (Kornel Ujejski,, Choral, traduit du polonais par Leonard Chodźko, 1846)
    • Sous le yeux de ses frères en Mars il voulait accomplir, disait-il, ce qui jusqu’ici avait été réservé à la puissance d’OG. — (Benjamin De Casseres, Arcvad le terrible, traduction d’Émile Armand, dans Les Réfractaires, n° 1, janvier 1914)
  5. (Figuré) Choses qui ont entre elles une ressemblance, une communauté au moins apparente. Utilisé seulement pour les noms masculins.
    • Les anciens poètes disaient que le sommeil est le frère de la mort.
  6. (Religion) Terme religieux marquant l’appartenance à un ordre.
    • […] des frères de charité avec leurs dalmatiques rouges, dont l’un portait une bannière et l’autre la lourde croix d’argent, riaient en dessous, s’amusaient à se bourrer le dos de coups de poing. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • […] quelqu’un aurait dit aux parents du gamin : « C’est bien fait pour vous ! Si vous l’aviez mis à l’école des Frères, on lui aurait fait apprendre son catéchisme, au lieu de lui faire perdre son temps à apprendre l’histoire et la géographie de la France ». — (Émile-Ambroise Thirion, La Politique au village, Fischbacher, 1896, page 325)
    • Frère convers, frère lai. → voir convers et lai
  7. (Par extension) Membre d’un clan, d'une confrérie, etc.
    • Avec six autres membres, en effet, Bosch paie sa quote-part pour assister au banquet traditionnel de la Confrérie de Notre-Dame organisé en l'honneur de frères nouvellement assermentés […]. — (Roger Van Schoute et ‎Monique Verboomen, Jérôme Bosch, Renaissance Du Livre, 2003, page 17)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FRÈRE. n. m.
Celui qui est né de même père et de même mère, ou de l'un des deux seulement. Frère aîné. Frère puîné. Frère cadet. L'union des frères. Traiter quelqu'un en frère. Il est pour moi comme un frère. Je le regarde comme un frère. Ils s'aiment comme deux frères. Partager, vivre en frères, comme frères. En termes de Jurisprudence, Frère germain, Celui qui est né de même père et de même mère qu'une autre personne. Frère consanguin, Celui qui n'est frère que du côté paternel. Frère utérin, Celui qui n'est frère que du côté maternel. Fam., Demi-frère, Celui qui n'est frère que du côté paternel ou du côté maternel. Frère naturel. Voyez NATUREL. Frères jumeaux. Voyez JUMEAU. Frère par adoption, ou Frère adoptif se dit d'un Enfant qui a été adopté par un père ou une mère ayant déjà d'autres enfants. Néron était frère adoptif de Britannicus. Frère de lait, L'enfant de la nourrice et le nourrisson qu'elle a nourri du même lait. Clitus était le frère de lait d'Alexandre. Beau-frère. Voyez ce mot composé à son rang alphabétique. Frères d'armes, se disait autrefois des Chevaliers qui avaient contracté une alliance d'armes, en se promettant une mutuelle assistance, et qui se donnaient réciproquement le nom de Frère. Aujourd'hui, il se dit, par extension, de Ceux qui ont servi sous les armes ensemble. Il se dit aussi de Tous les hommes en général comme étant tous sortis d'un même père et d'une même mère, comme étant tous de la même espèce. Tous les hommes sont frères en Adam. Il se dit plus particulièrement de Tous les chrétiens, comme étant tous enfants de Dieu par le baptême. Tous les chrétiens sont frères en JÉSUS-CHRIST. C'est dans ce sens que les prédicateurs, en parlant à leurs auditeurs, disent Mes frères, mes chers frères. Il se dit figurément des Choses qui ont entre elles une ressemblance, une communauté au moins apparente. Les anciens poètes disaient que le sommeil est le frère de la mort. Au pluriel, il est aussi le Titre que l'on donne aux membres de certains ordres religieux. Les frères prêcheurs. Les frères mineurs. Les frères de la Charité. Les frères des Écoles chrétiennes. Frère convers, frère lai. Voyez CONVERS, LAI. Faux frère, Celui qui trahit ou une société dont il fait partie ou quelqu'un de cette société.

Littré (1872-1877)

FRÈRE (frê-r' ; d'après Chifflet, Gramm. p. 190, on prononçait frére) s. m.
  • 1Celui qui est né du même père et de la même mère, ou seulement de l'un des deux. Frère aîné. Frère cadet. Frère puîné. Chacun y chérit l'autre et le seconde en frère, Corneille, Poly. IV, 6. Ô frère plus aimé que la clarté du jour, Corneille, Rodog. V, 4. Non, un frère incommode et n'est pas de mon goût ; Et je veux être fils unique, Molière, Amph. III, 7. Le frère aidé de son frère est comme une ville forte, Bossuet, Polit. I, I, 6. On hait avec fureur lorsque l'on hait un frère, Racine, Théb. III, 6. Tu sais de nos sultans les rigueurs ordinaires : Le frère rarement laisse jouir ses frères De l'honneur dangereux d'être sorti d'un sang Qui les a de trop près approchés de son rang, Racine, Baj. I, 1. J'ai perdu dans la fleur de leur jeune saison Six frères ; quel espoir d'une illustre maison ! Racine, Phèdre, II, 1. Du temps que j'étais écolier, Je restais un soir à veiller Dans notre salle solitaire ; Devant ma table vint s'asseoir Un pauvre enfant vêtu de noir Qui me ressemblait comme un frère, Musset, Poésies nouv. Nuit de décembre.

    Fig. Celui qui a les sentiments d'un frère. De mon frère, il est vrai, les écrits sont vantés… En lui je trouve un excellent auteur, Un poëte agréable, un très bon orateur, Mais je n'y trouve point de frère, Boileau, Épigr. IV.

    Dans le droit romain, par le mot frère au pluriel, on entendait aussi les sœurs : les deux frères Lucius et Titia.

    Frères jumeaux, ceux qui sont nés d'un même accouchement.

    Frère de père et de mère ou frère germain, celui qui est né du même père et de la même mère qu'une autre personne.

    Frère de père ou frère consanguin, celui qui n'est frère d'une autre personne que du côté paternel.

    Frère de mère ou frère utérin, celui qui n'est frère d'une autre personne que du côté maternel.

    Demi-frère, frère qui ne l'est que de père ou de mère, et non de père et de mère.

    Frère naturel, frère bâtard, celui qui est frère, mais n'est pas né en légitime mariage. On dit dans le même sens familièrement : frère du côté gauche.

    Frère par adoption ou frère adoptif, celui qui a été adopté par le père naturel ou légitime d'une autre personne.

    Frère de lait, le fils de la nourrice par rapport au nourrisson, et réciproquement.

    Beau-frère, voy. BEAU-FRÈRE.

    Titre que les rois, les empereurs de la chrétienté se donnent entre eux en s'écrivant, et en parlant l'un de l'autre. Mon frère Charles XII fait l'Alexandre, mais il ne trouvera pas en moi un Darius [paroles du czar Pierre], Voltaire, Russie, I, 16.

  • 2 Par extension. Terme d'amitié. Esther, que craignez-vous ? suis-je pas votre frère ? Racine, Esth. II, 7.
  • 3Se dit de tous les hommes comme liés par des sentiments de bienveillance, de fraternité, en tant que fils d'Adam, et qu'appartenant tous au genre humain. Un roi sage… D'injustes fardeaux n'accable point ses frères, Racine, Athal. IV, 2. Dans nos jours passagers de peines, de misères, Enfants du même Dieu, vivons du moins en frères, Voltaire, Loi nat. part. 3. Ces lois qui, de la terre écartant les misères, Des humains attendris font un peuple de frères, Voltaire, Zaïre, I, 1.

    Voltaire l'a dit des animaux, dans le système de la métempsycose. Il redemanda à son compagnon… si on mangeait du bon roast-beef dans le pays des Gangarides ; le voyageur lui répondit avec sa politesse ordinaire qu'on ne mangeait point ses frères sur les bords du Gange ; il lui expliqua le système qui fut, après tant de siècles, celui de Pythagore, Voltaire, Princ. de Babyl. 8.

  • 4Se dit plus particulièrement des chrétiens, considérés comme tous enfants de Dieu par le baptême. Tous les chrétiens sont frères en Jésus-Christ. Mes frères, dit un prédicateur qui commence un sermon. Soulager nos frères, les revêtir, Massillon, Myst. Misér. Insensible à sa chute et grand dans ses misères, Il n'était attendri que des maux de ses frères, Voltaire, Zaïre, II, 1.
  • 5Frère d'armes, camarade de guerre. Si nous devions un jour devenir frères d'armes, Tristan, Panthée, I, 4.

    Frères d'armes se disait spécialement de deux chevaliers qui, ayant contracté une alliance d'armes, se promettaient de se secourir réciproquement, et se donnaient le nom de frères.

  • 6Dans le style familier. Un bon frère, un homme qui n'abandonne pas ses compagnons. Mais où l'esprit n'est pas tout à fait nécessaire, Monsieur, sans vanité, je suis assez bon frère, Hauteroche, le Deuil, sc. 4. Allons donc nous masquer avec quelques bons frères, Molière, l'Ét. III, 7. Vous savez de tout temps que je suis un bon frère, Molière, le Dép. V, 3.

    En un autre sens. C'est un bon frère, se dit d'un bon compagnon, d'un homme qui a des aventures, galantes ou autres. Bons bourgeois, du temps de nos pères, S'avisaient tard d'être bons frères ; Ils n'apprenaient cette leçon Qu'ayant de la barbe au menton, La Fontaine, Nic.

  • 7 Fig. Il se dit des choses qui ont une certaine communauté. Le droit et le devoir sont frères. Les anciens poëtes disaient le sommeil frère de la mort. Les vertus devraient être sœurs, Ainsi que les vices sont frères, La Fontaine, Fabl. VIII, 25.

    Il se dit de ce qui a le même auteur, la même origine. Allez, partez, mes vers, derniers fruits de ma veine… Montrez-vous, j'y consens ; mais du moins dans mon livre, Commencez par vous joindre à mes premiers écrits ; C'est là qu'à la faveur de vos frères chéris, Peut-être enfin soufferts comme enfants de ma plume, Vous pourrez vous sauver, épars dans le volume, Boileau, Ép. X.

  • 8Titre que se donnent les religieux. Le frère Pacôme. Frère Antoine. Frappé de cette idée, il se fit capucin sous le nom de frère Ange, Voltaire, Henr. IV, Note.

    Au plur. Titre qui se joint au nom de certains ordres. Les frères de la doctrine chrétienne.

    Frères mineurs, les religieux de l'ordre de Saint-François ; frères prêcheurs, ceux de l'ordre de Saint-Dominique.

    Frères de la charité, religieux qui ont été établis par Jean Devora, Portugais, qui sont habillés de gris et qui se consacrent au service des pauvres.

    Frère lai, frère convers, religieux qui n'est point dans la cléricature et qui n'est dans les couvents que pour y vaquer aux œuvres serviles. On dit aussi dans le même sens frère servant.

    Dans l'ordre de Malte, frère servant ou chevalier servant, celui qui, entrant dans l'ordre sans faire preuve de noblesse, était d'un rang inférieur à celui des autres chevaliers.

  • 9Les membres d'une même société. Trahir ses frères.

    Un faux frère, celui qui trahit ses associés. Je dirai bien à Mme de Montespan qu'il y a de faux frères, Maintenon, Lett. à Mme de Coulanges, 5 fév. 1675. L'on ne s'aperçut point que pendant tout ce temps-là il y eut parmi elles de fausses sœurs, comme il y a souvent de faux frères dans les corps les plus respectables, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 273, dans POUGENS.

    Membre de l'association des francs-maçons.

    Les frères, nom que se donnaient les philosophes du XVIIIe siècle, les encyclopédistes, pour signifier les communautés d'opinion qui les unissaient. Mille respects à Mme du Deffant ; comptez qu'il y a peu de femmes qui aient autant d'esprit qu'elle ; il faut qu'elle aime les frères de tout son cœur, et comme je vous aime, Voltaire, Lett. à d'Alembert, 17 nov. 1760.

    Frère est aussi un titre que se donnaient les Jacobins pendant la Révolution.

    On a dit aussi quelquefois en un sens analogue, en raison de la communauté de guerres et de fortunes : Les Français et les Polonais sont frères.

  • 10Les frères de Bohême, secte chrétienne, qui se prétend descendue des thaborites, et qui se sépara des calixtins.

    Frères polonais, les sociniens de Pologne.

    Frères moraves, voy. HERNUTES.

  • 11 Terme de pêche. Frères, les pieux qui forment le corps ou le tour de la paradière.
  • 12 Terme d'alchimie. Frères estropiés, les métaux imparfaits.

HISTORIQUE

IXe s. Si salvarai eo [je] cist meon fradre Karlo, Serment.

XIe s. Icil ert [était] frere al rei Marsilion, Ch. de Rol. XCII.

XIIe s. Olivier frere, tant fustes mes amis [mon ami], Ronc. p. 92. Guiteclins de Sassoigne o [avec] son frere Gozon, Sax. XI.

XIIIe s. Et orent une fille biele et avenant qui fu mariée au comte Simon, qui fu freres giermains au comte de Bouloigne, Chr. de Rains, p. 15. Et lors vint frere Henri de Ronnay à li, qui avoit passé la riviere, et li besa la main tout armée, Joinville, 228.

XIVe s. Jehan, frere de bast [frère bâtard] à la dame de Glisy, Du Cange, frater.

XVe s. On dist que jadis, par mistere, Les roix si s'appelloient frere, Jà ne fuissent nés d'une mere, Froissart, Poésies mss. p. 206, dans LACURNE. Le roi de Castille frere d'armes et allié du roy [Charles VII], Monstrelet, t. III, p. 3, dans LACURNE. Charles d'Anjou, frere du roy en loy [beau-frère du roi], et son cousin après germain, Du Cange, frater. Philippe de Valois, fils de Charìes, comte de Valois, fils de Philippe, fils de saint Louis et demi-frere de la dite royne d'Angleterre, De la Marche, Mém. p. 37, dans LACURNE. La pucelle, qui estoit jeune et tendre, dist à son amy : cher frere, j'ai bon appetit, se nous avions que manger ; par ma foy, chere sœur, dist-il, vous en aurez, Perceforest, t. v, f° 35. Or dist le capitaine : je vouldroye faire service au roy, au royaulme et à tous vous autres seigneurs, se je povoye, et aussi croy je que si feroient tous mes freres [compagnons] qui sont en ceste bataille, le Jouvencel, f° 27, dans LACURNE. …à grant peine sont gens de court loyaulx, Et je vous puis assez monstrer comment ; Car où li uns appelle l'autre frere, Il le traïst par derrier feintement, Deschamps, Poésies mss. f° 289.

XVIe s. Demi-freres et sœurs ne succedent à leurs frere ou sœur avec ceux qui sont conjoints des deux costez ; bien succedent es immeubles et heritages qui viennent du costé dont ils sont conjoints, Coutume de St-Quentin, t. I, p. 536, dans LACURNE. Tous deux mettent la plume au vent, comme bons freres jurez de ne s'abandonner jamais et vivre et mourir ensemble, Brantôme, Cap. fr. t. IV, p. 159, dans LACURNE. Deux soldats freres d'alliance ne se portoient moins grande amitié que s'ils eussent tourné en un mesme ventre, Nuits de Straparole, t. II, p. 138, dans LACURNE. Courroux de freres, courroux de diables d'enfer, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 245. Deux à deux, comme les freres mineurs, Oudin, Curios. fr.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FRÈRE. Ajoutez :
13 En Normandie, membre d'une frairie ou charité, c'est-à-dire d'une confrérie établie pour rendre les derniers devoirs aux morts, H. Moisy, Noms de famille normands, p. 144.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ajoutez : Si les freres [testicules] el malade enfreidissent, Ms. 503, Bibl. de Montpellier.

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Étymologie de « frère »

Berry, mon frée, mon frère ; provenç. fraire, fratre ; anc. catal. frare ; espagn. mod. fraile ; ital. frate ; du lat. frater ; grec, φράτωρ ; allem. Bruder ; angl. brother ; bas-bret. breûr ; sanscr. bhrâtar, frère, proprement celui qui porte, qui soutient la sœur, du radical bhar, porter.

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Du moyen français frere, de l’ancien français frere, du latin frater, de l’indo-européen commun *bʰréh₂tēr.
(842) (Serments de Strasbourg) fradre :
  • si salvarai eo cist meon fradre Karlo — « je secourrai ce mien frère Charles ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « frère »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
frère frɛr

Fréquence d'apparition du mot « frère » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « frère »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « frère »

  • Le sommeil est le frère jumeau de la mort.
    Homère — L'Illiade
  • Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère.
    Proverbe indien
  • Yahvé dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ?
    Ancien Testament, Genèse IV, 9
  • Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue.
    Jacques Attali — Fraternités - Une nouvelle utopie
  • Le sommeil et la mort sont des frères jumeaux.
    Homère
  • Nous sommes frères par la nature, mais étrangers par l'éducation.
    Confucius
  • Si le singe du zoo a cet air préoccupé, c'est parce qu'il se demande s'il est le frère de son gardien ou le gardien de son frère.
    Evan Esar
  • Entre les quatre mers, tous les hommes sont frères.
    Proverbe vietnamien
  • Dans une passe étroite, il n’y a ni frère ni ami.
    Proverbe arabe
  • Dans l’enceinte du tribunal correctionnel, Alain Guillaume égraine, ce mercredi, tout ce qu’il reproche depuis trois ans à son frère aîné Jean-François. Lequel écoute, après avoir donné sa version des faits. Les deux frères sont au cœur d’une querelle jalonnée de plusieurs plaintes, sur fond de rivalité familiale et d’enjeux économiques liés au Gaec de la Corre. Une exploitation sur 316 hectares, qu’ils ont constituée en 1993 à Ville-en-Vermois (54).
    Economie | Le maire de Ville-en-Vermois et son frère s'affrontent au tribunal pour des problèmes agricoles
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Traductions du mot « frère »

Langue Traduction
Anglais brother
Espagnol hermano
Italien fratello
Allemand bruder
Chinois 哥哥
Arabe شقيق
Portugais irmão
Russe брат
Japonais
Basque anaia
Corse fratellu
Source : Google Translate API

Synonymes de « frère »

Source : synonymes de frère sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot frère au scrabble : 7 points

Frère

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