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Sérieux

Variantes Singulier Pluriel
Masculin sérieux
Féminin sérieuse sérieuses

Définitions de « sérieux »

Trésor de la Langue Française informatisé

SÉRIEUX, -EUSE, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. −
1. [En parlant d'une pers.] Qui s'intéresse aux choses importantes; se montre réfléchi et soigneux dans ce qu'il fait. Synon. pondéré, posé, raisonnable, réfléchi, sage; anton. frivole, léger, inconséquent.Personne sérieuse; enfant, garçon, élève, employé, ouvrier sérieux. Il n'est pas permis à un homme raisonnable et sérieux d'avoir de pareilles hallucinations! (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1091).C'est une fille sérieuse, pondérée, réfléchie, elle n'a pas du tout l'air conspiratrice (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 185).
Loc. verb. Rendre qqn sérieux. Synon. fam. lui mettre du plomb* dans la tête.[Dans une phrase exclam. à l'impér.] Soyons sérieux! Trêve de plaisanterie. Madame Aubin, qui s'est aussitôt dégagée: Voyons, soyons sérieux (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 166).
2. P. méton. [En parlant de choses, notamment d'une production, d'une étude] Qui est accompli avec application et réflexion. Étude, recherche, théorie sérieuse. Cet immense sujet [la conquête de la terre par l'électricité] n'a encore donné lieu à aucun travail sérieux (M. Bloch, Apol. pour hist., 1944, p. 27).
Expr. [Dans une phrase nég. et éventuellement exclam.] Ce n'est pas sérieux! C'est une plaisanterie, ce n'est pas crédible. Elle haussa les épaules. − Voyons, ce n'est pas sérieux (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 671).
B. − [En parlant d'une pers.]
1. Sur qui on peut compter; digne de confiance. Chercher une personne sérieuse; chercheur, collaborateur, employé, historien, philosophe sérieux. Il est certain que la plus grande complaisance règne à la Bibliothèque nationale. Aucun savant sérieux ne se plaindra de l'organisation actuelle (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 511).
Expr. [Dans une annonce matrimoniale ou une publication d'offre d'emploi] Pas sérieux s'abstenir (Dict. xxes.).
En partic. Acquéreur, client sérieux. Acquéreur, client qui présente, dans ses intentions d'achat, des garanties financières et morales. Enfin, peut-être ce soir vous aurez une petite fortune. Il se présente un acquéreur sérieux pour votre imprimerie (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 735).Il parlerait de la ferme à des clients sérieux et laisserait venir leurs propositions (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 39).
Adversaire, concurrent sérieux. Adversaire, concurrent avec lequel il faut compter. Sa participation à la production tant française qu'étrangère est importante, en particulier, en Italie où Hutchinson est un concurrent très sérieux de Pirelli (Industr. fr. caoutch., 1965, p. 40).
2. [P. méton.]
a) [En parlant d'une collectivité] À qui on peut faire confiance. Entreprise, maison sérieuse. De l'argent dans une armoire qui ne produit rien! Il vaut mieux le mettre dans une banque sérieuse, lui faire produire quoi que ce soit (Tr. Bernard, M. Codomat, 1907, i, 5, p. 149).
b) [En parlant d'un sentiment, d'une relation affective] Qui est sûr parce qu'il est profond et durable. Amitié sérieuse. Vous êtes donc marié? Lui dis-je, comprenant enfin qu'il s'agissait d'une liaison sérieuse et définitive (Fromentin, Dominique, 1863,p. 215).Ruffini parle du terrible danger d'un amour sérieux pour les quadragénaires, et de l'art avec lequel il faut savoir s'en garder (Amiel, Journal, 1866, p. 190).
Expr. C'est sérieux et, en empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, c'est du sérieux. − Avant de considérer ce Yann comme... ton Marcel, j'aimerais être sûre que c'est sérieux, dites-vous avec toute l'emphase maternelle dont vous êtes capable. (...) − (...) Pas un type comme ça, en passant... (N. de Buron, C'est quoi, ce petit boulot?Paris, Flammarion, 1988, p. 105).
c) Expr. [Dans une phrase exclam. ou interr.] Alors, c'est sérieux? Est-ce vrai? Est-ce sincère, digne d'être pris en considération? Est-ce sérieux? demanda Brigitte; vous voulez partir cette nuit? (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 330).
3. En partic. Qui est réservé dans son comportement amoureux. Synon. fam. rangé.Femme sérieuse; garçon, homme sérieux. Une jeune fille sérieuse prise surtout chez son fiancé les avantages de l'esprit (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 167).
C. − [En parlant d'une pers.] Qui ne manifeste aucune gaieté. Synon. froid, grave; anton. enjoué.Sa maternité future la rendait plus sérieuse, même un peu triste, comme si des inquiétudes l'eussent tourmentée (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 205).
Loc., fam. Sérieux comme un pape. V. pape1A 1.
[P. méton.] Air sérieux; voix sérieuse. Elle a de beaux yeux gris dans un visage sérieux. Je ne l'ai vue rire qu'une fois, toute sa personne respire l'honnêteté, la douceur et cette gentillesse française qui m'était d'autant plus chère qu'elle n'était pas commune (Green, Journal, 1940, p. 14).
D. − [En parlant de choses]
1. Qui mérite d'être pris en considération en raison de son importance. Activité, chose sérieuse. Me voilà lancé dans les affaires d'État, les affaires sérieuses pour lesquelles j'ai toujours eu du goût (Scribe, Bertrand, 1833, iii, 1, p. 171).Je voulais justement, ce matin, vous entretenir d'une affaire sérieuse, très sérieuse... Enfin de celles que nos ancêtres appelaient des affaires de famille (Bernanos, Joie, 1929, p. 637).
Loc. verb.
Faire sérieux. Donner une impression de qualité. Il faudrait habiter ces étables voûtées, ces cavernes où l'on se sent parfaitement à l'abri; non pas ces murs droits, ces angles comme là-haut qui font carton, qui font pas solide, qui font pas sérieux, qui font 1843, moderne (Giono, Roi sans divertiss., 1947, p. 27).
Parfois p. iron. ou p. antiphr. Venons-en aux/pensons aux choses sérieuses! Parlons de(s) choses sérieuses! En venir à un sujet digne d'intérêt. Et puis il se remettait en branle... − Alors dis donc Ferdinand! C'est pas tout ça!... Parlons à présent des choses sérieuses!... Si tu allais voir l'imprimeur?... (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 499).
Avoir de sérieuses raisons de croire, de penser que. Avoir des motifs fondés et importants de croire, de penser. La victoire de Pascal est une victoire dangereuse, et si nous n'avions point déjà eu quelques sérieuses raisons de le penser, M. Berth et M. Sorel nous en fourniraient d'excellentes (Massis, Jugements, 1923, p. 285).
C'est très sérieux. C'est très important; il convient de ne pas le négliger. Écoute-moi bien... Brotonneau, c'est très sérieux. Tu ne sais pas... tu ne peux pas savoir combien cette heure est grave pour moi (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, ii, 4, p. 15).
2. Qui compte par son intensité, son importance qualitative, quantitative; de taille, d'importance. Synon. considérable.Sérieuse attention, étude, précaution; concurrence, difficulté, inquiétude, objection sérieuse; sérieux avantage, appui, effort, progrès; sérieux doute, inconvénient, obstacle, problème; un doute sérieux; un sérieux coup de poing; de sérieuses références, réserves. Anne était rentrée la veille (...) mais personne n'était bien gai. Anne avait pris un sérieux coup de vieux et elle buvait trop de whisky (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 549):
Tous les vieux auteurs chrétiens sont d'accord pour nous apprendre que la nouvelle religion n'apporta aucune amélioration sérieuse dans la situation du monde. Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 126.
En partic. Qui peut être fâcheux dans l'avenir; qui compte par la menace qu'il fait peser. Péril, risque sérieux; atteinte, maladie sérieuse. Aujourd'hui, la cause des cartels est gagnée: la concurrence anarchique dans la complexité des intérêts combinés ne peut plus redevenir un danger sérieux (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 196).
Loc. verb. C'est sérieux. C'est grave. C'est assez sérieux. Il faudra prendre des calmants. Je vais te faire une ordonnance (Maupass., Pierre et Jean, 1888, p. 377).Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. C'est du sérieux (fam.). Les mauvaises raisons c'est rien pour moi. Ce que j'ai, c'est du sérieux et ça compte; ça m'est entré dedans petit à petit comme un fil d'eau, et, maintenant, c'est gros et lourd sur mes jambes et ça m'empêche d'être heureux au soleil (Giono, Baumugnes, 1929, p. 12).
3. Qui concerne un sujet important. Discussion sérieuse; propos, sujet sérieux. Et les lectures sérieuses, et Montaigne, les fortes études et le dessin! Que devient tout cela au milieu d'une vie si folâtre? (Flaub., Corresp., 1865, p. 167).Gurau n'hésite pas à lui parler politique. D'ailleurs, elle est à son aise dans les conversations sérieuses (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 124).
HIST. LITTÉR. [P. réf. notamment à Diderot et à sa conception du théâtre] Le genre sérieux. Genre qui se caractérise par l'intérêt porté aux valeurs importantes. Cette forme du travail à deux, assez commune au Vaudeville, à la bouffonnerie, au drame mouvementé, a passé aussi dans le genre sérieux (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 184).
II. − Substantif
A. − [Corresp. à supra I C] État de celui qui ne rit pas, qui demeure grave. Reprendre son sérieux. En réalité, j'ai peut-être plus de volonté que de plaisir, − et dans la vie, comme dans ce que j'écris, j'aurais bien ri, tout compte fait, pour ne pas ennuyer les gens avec mon sérieux (Léautaud, Journal littér., 1, 1906, p. 327).
[P. méton.] Le nez en crosse d'évêque s'avançait entre deux joues qui dans le plus grand sérieux avaient toujours l'air de pouffer (Morand, Homme pressé, 1941, p. 13).
Loc. verb. Garder, tenir son sérieux. Résister à l'envie de rire ou de sourire. Il faut que (...) je garde mon sérieux lors de mes plaisanteries (Gide, Journal, 1890, p. 17).Elle a mis sa main belle et grande devant sa bouche et ses yeux gris (...) et on voit qu'elle tient son sérieux (Toulet, Tendres mén., 1904, p. 94).
B. −
1. [Corresp. à supra I A et B] Qualité d'une personne qui agit avec soin et réflexion, sur qui on peut compter. Manquer de sérieux. Pour conduire avec moi la voiture qui devait les ramener, il fallait quelqu'un de sérieux qui ne nous versât pas dans un fossé (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 19).
[P. méton.] Apparemment intimidés par le pseudo-sérieux des questions posées, les spécialistes de la critique cinématographique, louent à l'envi pour leurs vertus politiques des films auxquels ils seraient bien en peine de trouver le moindre mérite cinématographique (Le Nouvel Observateur, 26 janv. 1976, p. 51, col. 2).
2. En partic. Retenue dans les entreprises ou les relations amoureuses. L'attitude de l'hétaïre a des analogies avec celle de l'aventurier; comme celui-ci, elle est souvent à mi-chemin entre le sérieux et l'aventure proprement dite (Beauvoir, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 398).
3. Esprit de sérieux. Esprit par lequel tout est (parfois exagérément) accompli avec gravité et application. On ne saurait donc opposer purement et simplement l'esprit de jeu à l'esprit de sérieux et à l'exigence du travail, comme une démission des responsabilités humaines (Jeux et sports, 1967, p. 1165).
PHILOS. [P. réf. aux existentialistes] Conformisme opposé à l'angoisse libératrice. Il faut remarquer que le jeu, en s'opposant à l'esprit de sérieux, semble l'attitude la moins possessive, il enlève au réel sa réalité (Sartre, Être et Néant, 1943, p. 660).
C. − [Corresp. à supra I D 1] Caractère d'une chose digne d'intérêt.
Loc. verb.
Prendre qqc. au sérieux. Lui prêter de l'importance. La condition essentielle d'un spectacle de marionnettes, c'est de ne pas apercevoir le fil. Les simples prennent la chose au sérieux, à peu près comme si ces pantins étaient des personnes réelles (Renan, Avenir sc., 1890, p. 464).Prendre son travail au sérieux. Accomplir quelque chose scrupuleusement, avec détermination. Anton. prendre qqc. à la légère. (v. léger V A 1 loc.).
Prendre qqn au sérieux. Lui prêter de la considération, de la crédibilité. La bonne humeur, l'esprit inventif, l'amour neuf (...) de Didier s'affirment tels, que Cécile (...) ose regretter tout haut un mari qui prenait sa femme au sérieux et l'amour au tragique (Colette, Jumelle, 1938, p. 19).
Se prendre au sérieux. Être imbu de sa personne ou (en parlant d'un enfant) jouer un rôle d'adulte. Assez heureux je suis d'avoir découvert dans la musique quelque chose de sauvage et de fort. L'homme au tambour a cent fois raison de se prendre au sérieux (Alain, Propos, 1921, p. 275).
Prononc. et Orth.: [seʀjø], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: serieux; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. 1370-71 « [en parlant d'une chose] qui est important, mérite considération, réflexion » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, IV, 25, p. 272, note 13: une [vertu] est en gieux et l'autre en autres choses qui sont appellees serieuses); 2. 1580 « qui n'a pas pour objet l'amusement, la distraction » (Montaigne, Essais, I, XXVIII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 195: en eschange de cet ouvrage serieux, j'en substitueray un autre [...] plus gaillard et plus enjoué); ca 1590 (Id., ibid., XXVI, p. 171: pensées serieuses d'un homme d'aage); 1664 littér. pièces serieuses [en oppos. à comiques] (de La Croix, Guerre com. ou Défense ,,Ecole des Femmes``, éd. Gay, p. 67 ds Livet Molière); 1690 stile sérieux [en oppos. à burlesque] (Fur.); 1757 genre sérieux (Diderot, Entretiens sur le ,,Fils naturel``, III ds Œuvres, éd. A. Billy, p. 1244); 3. 1690 « qui n'est pas feint, auquel on peut ajouter foi » demande sérieuse (Fur.); 4. 1718 « périlleux, qui peut avoir des suites fâcheuses » l'affaire devient serieuse; [maladie] serieuse (Ac.); 5. 1862 « d'importance, qui compte » (Hugo, Misér., t. 2, p. 714: − Cinq cents francs! [...]: un fafiot sérieux!). B. 1. 1588 « [en parlant d'un personne] qui ne rit pas, ne manifeste aucune gaité » visage sérieux (Montaigne, op. cit., III, V, p. 867); 2. av. 1680 « qui prend en considération ce qui mérite de l'être » esprit serieux (La Rochefoucauld, Réflexions diverses, XVI ds Œuvres, éd. L. Martin-Chauffier et J. Marchand, p. 528); 3. 1690 « rangé, sans écart de conduite » fille modeste et serieuse (Fur.); 4. 1872 « à qui l'on peut se fier » acheteur sérieux (Littré). II. Subst. 1. a) 1647 « comportement de celui qui ne plaisante pas, gravité » (Loret, Poésies burlesques, p. 101 ds Livet Molière: le serieux n'est pas mon élément), cf. 1647, Vaug., p. 255: Il y en a qui [...] font serieux substantif et disent..., il est dans un serieux, mais quoy que cette façon de parler soit très-frequente à Paris, elle ne laisse pas de desplaire à beaucoup d'oreilles delicates; 1707 garder son serieux (Lesage, Diable boiteux, Amsterdam, P. Mortier, 1747, t. 2, III, p. 72); b) 1664 littér. le serieux [oppos. au comique] (de La Croix, op. cit., p. 57 ds Livet Molière); 2. 1670 « qualité d'une personne appliquée, réfléchie » (Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre ds Œuvres, éd. Vélat et Y. Champailler, p. 88); 3. « qualité de ce qui est digne d'attention, vrai, important » a) 1694 prendre une chose dans le serieux; au serieux « la croire vraie, bien qu'elle ait été dite en badinant » (Ac.); 1765-70 prendre (une chose) au serieux « la considérer comme importante » (J.-J. Rousseau, Confessions, I ds Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 18); b) 1713 en venir au serieux (Hamilton, Gramm., 4 ds DG). Empr. au lat. médiév.seriosus « sérieux » (Pseudo-Boèce ds Blaise Lat. chrét.; ca 1225 ds Latham), dér. du class. serius « id. (en parlant d'une chose) », subst. sous la forme neutre serium « chose sérieuse ». Fréq. abs. littér.: 7 502. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 058, b) 14 027; xxes.: a) 11 280, b) 10 729.

Wiktionnaire

Nom commun - français

sérieux \sɛʁ.jø\ masculin

  1. Gravité.
    • Les voilà qui m'entourent ; les voilà qui me contemplent ; les voilà qui me disent en leurs provocations : « Jeune dieu d'Amour, enseigne aux nymphes bocagères la mollesse et le désir, l'inconstance et la passion , le sourire et le sérieux. » — (Jules Janin, La fin d'un monde et du neveu de Rameau, Paris : chez E. Dentu, 1873, p. 49)
    • Tout le génie de Milton sort de là : il a porté l’éclat de la Renaissance dans le sérieux de la Réforme. — (André Gide, Journal 1889-1939, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1951, page 351)
  2. Qualité de quelqu’un de posé.
    • Prendre quelqu’un au sérieux, le regarder comme quelqu’un qui parle ou qui agit sérieusement.
  3. Caractère de ce qui mérite attention.
    • Cet aperçu très superficiel montre en tous les cas le sérieux et l’aléa de la navigation dans ces régions. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  4. Chope de bière d’un demi-litre.
    • Un sérieux, s’il vous plaît !

Adjectif - français

sérieux \sɛ.ʁjø\

  1. Qui est grave ; qui agit avec réflexion.
    • C’est un homme très sérieux.
    • Visage sérieux.
    • Air, maintien sérieux.
    • Mine sérieuse.
    • Conversation sérieuse.
    • Vous n’êtes pas sérieux.
  2. Qui ne plaisante pas ; qui ne fait pas d’écart de conduite ; qui reste sage.
    • Une jeune fille sérieuse.
  3. Qui est solide ou important.
    • En 1240, ce jeune vicomte Raymond de Trincavel, […] s’empare, sans se heurter à une sérieuse résistance, des châteaux de Montréal, des villes de Montolieu, de Saissac, de Limoux, d’Azillan, de Laurens et se présente devant Carcassonne. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Cet homme n’a rien de sérieux dans le caractère.
    • Faire des propositions sérieuses.
    • L’affaire dont il s’agit est sérieuse.
    • Avoir avec quelqu’un une explication sérieuse.
  4. Qui est crédible ou digne de confiance.
    • Nous souhaitons que vous trouviez un fournisseur sérieux pouvant fabriquer dans les délais voulus et à des conditions avantageuses pour l’État. — (Annie Moulin, Guerre et industrie: Clermont-Ferrand, 1912-1922 : la victoire du pneu, Comptoir des Presses d'université, 1997, page 347)
    • […] : à leurs procédés s'applique le terme : « Fuite des capitaux ». Mais aucun industriel sérieux n'a voulu recourir à ces moyens. S'il a des capitaux à l'étranger, c'est pour couvrir ses achats de matières premières; […]. — (Max Hoschiller, Une enquête en Allemagne, F. Alcan, 1922, page 16)
    • Je me suis amusé à rechercher comment, tel journaliste sérieux et compétent, tel historien, tel psychologue, avaient pu reprendre à leur compte la fable du 80%; chacun en fait la répétait pour l'avoir trop souvent lue. — (Albert Jacquard, Inventer l'homme, éditions Complexe, 1991, p.139)
  5. Qui est sincère ou vrai.
    • Ce que je vous dis là est sérieux.
    • Les protestations d’amitié qu’il vous fait sont sérieuses.
  6. Qui peut avoir des suites fâcheuses ou de graves conséquences.
    • Ce combat semblait n’être qu’une escarmouche, mais l’affaire devint sérieuse.
    • C'est une affaire sérieuse.
    • Maladie sérieuse.
  7. Qui est fait sérieusement.
    • Toute réparation sérieuse était impossible, mais on gréa une sorte de gouvernail utilisable par beau temps. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Le repas était, comme toujours en Polynésie, une affaire très sérieuse et tout le monde mangeait en silence. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, 1929)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SÉRIEUX, EUSE. adj.
Qui est grave. Il est opposé à Enjoué, gai. C'est un homme très sérieux. Visage sérieux. Air, maintien sérieux. Mine sérieuse. Conversation sérieuse. Vous n'êtes pas sérieux. Il signifie aussi Qui est solide, important; et alors il est opposé à Frivole, léger, de peu de conséquence. Cet homme n'a rien de sérieux dans le caractère. Faire des propositions sérieuses. L'affaire dont il s'agit est sérieuse. Avoir avec quelqu'un une explication sérieuse. Il signifie encore Qui est sincère, vrai. Ce que je vous dis là est sérieux. Les protestations d'amitié qu'il vous fait sont sérieuses. Il signifie également Qui peut avoir des suites fâcheuses. Ce combat semblait n'être qu'une escarmouche, mais l'affaire devint sérieuse. Querelle sérieuse. Maladie sérieuse.

SÉRIEUX s'emploie aussi comme nom masculin et signifie Gravité dans l'air, dans les manières. Il affecta un grand sérieux. Perdre son sérieux. Garder, tenir son sérieux. Prendre une chose au sérieux, Se formaliser d'une chose qui a été dite en plaisantant et sans dessein d'offenser. Cette expression signifie aussi Regarder une chose comme sérieuse et digne qu'on s'en occupe. Prendre quelqu'un au sérieux, Le regarder comme quelqu'un qui parle ou qui agit sérieusement.

Littré (1872-1877)

SÉRIEUX (sé-ri-eû, eû-z') adj.
  • 1Qui ne se laisse pas aller facilement à la distraction. Je crois le fond de son caractère [de la duchesse de Choiseul] un peu sérieux, d'une couleur très douce, toute brodée de fleurs naturelles, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 25 mai 1770. J'ai encore une chose à vous dire dans ma confession générale, c'est que je n'ai jamais été gai que par emprunt ; quiconque fait des tragédies et écrit des histoires est naturellement sérieux, quelque Français qu'il puisse être, Voltaire, Lett. à Richelieu, 19 août 1766. Je m'imagine toujours, quand il arrive quelque grand désastre, que les Français seront sérieux six semaines ; je n'ai pu encore me corriger de cette idée, Voltaire, Lett. d'Argental, 2 août 1761. Il est sérieux sans donner envie de l'être ; au contraire, son abord serein semble m'inviter à l'enjouement, Rousseau, Hél. III, 20.

    Substantivement. Donc ce que je conclus, la belle sérieuse, C'est que depuis trois jours vous êtes amoureuse, Destouches, Irrésolu, II, 2.

    Il se dit des choses dans le même sens. Visage, air sérieux, mine sérieuse, maintien sérieux. Il en est des écrits comme des hommes : les caractères sérieux sont les plus estimés, Voltaire, Poésie ép. 7.

  • 2Qui s'applique fortement à son objet. La cour veut toujours unir les plaisirs avec les affaires ; par un mélange étonnant, il n'y a rien de plus sérieux ni ensemble de plus enjoué, Bossuet, Anne de Gonz. Tout cédait aux lumières de son esprit, aussi net, aussi pénétrant qu'il était grave et sérieux, Bossuet, le Tellier.

    Il se dit des choses en un sens analogue. Une conversation sérieuse. Une pièce sérieuse. Un poëme sérieux. Ceux qui… font de cette recherche [si l'âme est immortelle] leur principale et leur plus sérieuse occupation, Pascal, Pens. IX, 9, éd. HAVET. Ils n'apportent presque jamais une attention forte et sérieuse pour découvrir la vérité, Malebranche, Rech. vér. I, 18. À la fleur de l'âge, né pour plaire… au milieu de tout ce frivole, il a des vues vastes et sérieuses, Massillon, Or. fun. Conti. L'étude sérieuse des mathématiques et de l'histoire, dont on s'occupe plus que jamais, laisse peu de temps pour examiner si une ode nouvelle ou une petite épître sont bonnes ou mauvaises, Voltaire, Mél. litt. Utile examen.

  • 3Important, de grande conséquence. Il s'agit d'une chose sérieuse. Avoir avec quelqu'un une explication sérieuse. La jeunesse ressent un plaisir incroyable, lorsqu'on commence à se fier à elle, et à la faire entrer dans quelque affaire sérieuse, Fénelon, Éduc. filles, 12. Qui, à la vérité, n'avait encore aucun engagement bien sérieux dans l'état ecclésiastique, Marivaux, Marianne, 9e part.
  • 4 Néologisme. Un homme sérieux, un homme qui s'est occupé de son affaire sans distraction ni caprice, et qui, par là, s'est acquis fortune ou réputation.

    Par ironie, celui qui a la prétention d'être un homme sérieux et qui n'en a que l'apparence. Apprenez qu'à dater d'aujourd'hui vous êtes ce qu'on appelle en langage parlementaire un homme sérieux ; ceci veut dire… la démarche grave, le front soucieux, le regard altier, la bouche pincée, l'air composé, le ton péremptoire, l'accent emphatique, le geste solennel, la parole abondante, le cerveau vide, beaucoup de prétentions, passablement d'ennui, un peu de ridicule, un homme sérieux enfin, Ch. de Bernard, Un homme sérieux, XXVII.

  • 5Qui convient aux gens sérieux. Une couleur sérieuse. Une étoffe sérieuse. Tenez, voilà le plus bel habit de la cour et le mieux assorti ; c'est un chef-d'œuvre que d'avoir inventé un habit sérieux qui ne fût pas noir ; et je le donne en six coups aux tailleurs les plus éclairés, Molière, Bourg. gent. II, 8.
  • 6Qui peut avoir des suites fâcheuses. Une maladie sérieuse. La querelle devint sérieuse. Dès le commencement de l'attaque [à Malo-Iaroslavetz], ses éclats [du canon] avaient été, à trois lieues de là, porter au vice-roi [Eugène] la nouvelle d'un combat sérieux, Ségur, Hist. de Nap. IX, 2.
  • 7Sincère, vrai. Les protestations d'amitié qu'il vous fait sont sérieuses.
  • 8 Terme de jurisprudence. Qui n'est pas simulé, qui n'est pas feint. Un contrat sérieux. Une dette sérieuse.

    Intervention sérieuse, intervention qui n'est pas mendiée, ou qui est faite par une personne ayant un véritable intérêt dans l'affaire.

    Acheteur sérieux, qui a l'intention et les moyens de payer.

  • 9 S. m. Gravité dans l'air, dans les manières. Tenir son sérieux. Elle [Mlle de Vendôme] avait un sérieux qui n'était pas de sens, mais de langueur, avec un petit grain de hauteur ; et cette sorte de sérieux cache bien des défauts, Retz, Mém. t. I, liv. I, p. 70, dans POUGENS. Il écouta la pièce avec un sérieux le plus sombre du monde, Molière, Crit. 6. Vous tenez votre gravité ; comte, est-ce vous, encore une fois ? gardez ma lettre, je vous prie ; relisez-la, démontez votre sérieux, Sévigné, Lett. à Bussy, 9 juin 1669. Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain, La Bruyère, X. À ces mots, quelque envie qu'eût l'auteur comique de garder son sérieux, il lui est échappé un éclat de rire, Lesage, Diable boit. 14. Puis, reprenant son sérieux : Gonzalez, me dit-il, si tu possèdes effectivement un si beau secret, tu seras bientôt riche, Lesage, Est. Gonz. 49. Le sérieux n'est jamais gracieux ; il n'attire point ; il approche trop du sévère qui rebute, Voltaire, Dict. phil. Grâce. La douceur honnête, le tendre sérieux de son frère persuaderaient facilement qu'il est né du sang des Incas, Graffigny, Lett. péruv. 15. Dans sa politesse le sérieux de l'homme en place et du supérieur se faisait ressentir, Marmontel, Mém. V. Hamilton [l'auteur des Mémoires de Grammont], qui montre dans la conversation tout le sérieux de sa nation, et dans ses écrits toute la légèreté française, Genlis, Mme de Maintenon, t. I, p. 106, dans POUGENS.
  • 10 Terme d'art dramatique. Genre qui exclut la plaisanterie, la frivolité. Cet acteur joue bien dans le sérieux, n'est bon que pour le sérieux.
  • 11Ce qui est important, essentiel. Qu'on quitte un peu la bagatelle pour en venir au sérieux, Hamilton, Gramm. 4. Le premier âge, qui ne se prête jamais qu'à regret au sérieux des leçons et des préceptes, Massillon, Or. fun. Conti. M. du Fay avait beaucoup de goût pour les choses de pur agrément, et il a donné à ces petits édifices [des serres] toute l'élégance que le sérieux de leur destination pouvait permettre, Fontenelle, du Fay.

    Prendre les choses trop au sérieux, y attacher trop d'importance. Vous prenez les choses d'un trop grand sérieux ; cela fait mal, Fénelon, Dial. des morts anc. 13.

    Prendre une chose dans le sérieux, la tenir pour vraie, quoiqu'elle n'ait été dite que par plaisanterie et par jeu.

    On a dit dans un sens analogue : donner de son sérieux dans une chose. Nous n'avons garde, ma cousine et moi, de donner de notre sérieux dans le doux de votre flatterie, Molière, Préc. 10.

    Prendre une chose au sérieux, se formaliser d'une chose qui a été dite en badinant. C'est prendre au sérieux une plaisanterie, Al. Duval, Fille d'honneur, IV, 1.

  • 12Effort sérieux, intention sérieuse. Sous un visage riant, sous cet air de jeunesse qui semblait ne promettre que des jeux, elle cachait un sens et un sérieux dont ceux qui traitaient avec elle étaient surpris, Bossuet, Duch. d'Orl. Enfoncez, vous trouverez partout [à la cour] des intérêts cachés, des jalousies délicates qui causent une extrême sensibilité, et, dans une ardente ambition, des soins et un sérieux aussi triste qu'il est vain, Bossuet, Anne de Gonz. Vous qui ne succombez point à l'application et au sérieux d'un jeu outré, Massillon, Carême, Jeûne.

REMARQUE

Il y en a qui, au lieu de sériosité, font sérieux substantif, et disent, par exemple : il est dans un sérieux, je l'ai trouvé dans un sérieux ; mais, quoique cette façon de parler soit très fréquente à Paris, elle ne laisse pas de déplaire à beaucoup d'oreilles délicates, VAUGEL. Rem. t. I, p. 435, dans POUGENS. Un peu plus tard, Th. Corneille dit que ce mot est présentement au gré de tout le monde. Exemple : Son sérieux me glace.

HISTORIQUE

XIVe s. Et dire que les choses qui sont faites en soy gieuant, soient melleurs que les choses vertueuses et serieuses qui sont faites à grant estude, c'est une grant derision, Oresme, Eth. 313.

XVIe s. Les offices serieux de la devotion, Montaigne, I, 199. Un ouvrage serieux [opposé à ouvrage gaillard et enjoué], Montaigne, I, 221. Des choses serieuses et de grande consequence, Amyot, De la mauv. honte, 10.

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Étymologie de « sérieux »

Dérivé du lat serius, sérieux.

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Du latin serius devenu, en latin médiéval, seriosus, adjectif construit avec le suffixe -osus, sur le substantif serium, « chose sérieuse, le sérieux » qui donne serio en espagnol.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « sérieux »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sérieux serjø

Fréquence d'apparition du mot « sérieux » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sérieux »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sérieux »

  • Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme d'idées n'est jamais sérieux.
    Paul Valéry — Mauvaises Pensées et autres, Gallimard
  • Plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau.
    François René, vicomte de Chateaubriand — Mémoires d'outre-tombe
  • Ceux qui se moquent des penchants sérieux aiment sérieusement les bagatelles.
    Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues — Réflexions et Maximes
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Une des choses que j’ai apprise au fil des années est la différence entre prendre son travail au sérieux et se prendre au sérieux. La première condition est impérative et la seconde désastreuse.
    Margaret Fonteytive
  • À demain les affaires sérieuses.
    Archias
  • Humoriste : métier inavouable. Déclarer qu’on est humoriste, c’est se prendre au sérieux. Se prendre au sérieux, c’est cesser d’être humoriste.
    Anonyme — Canard Enchaîné
  • Faire les choses avec sérieux, mais ne pas se prendre au sérieux.
    Anonyme
  • Il n'y a que les choses sérieuses qui sont drôles. Dès qu'un mec dit quelque chose de sérieux, on peut déjà se foutre de sa gueule.
    Coluche — Pensées et anecdotes
  • Les affaires humaines ne sont pas sérieuses mais on doit les prendre au sérieux.
    Iris Murdoch
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Traductions du mot « sérieux »

Langue Traduction
Anglais serious
Espagnol serio
Italien serio
Allemand ernst
Chinois 严重
Arabe جدي
Portugais grave
Russe серьезный
Japonais まじめな
Basque larri
Corse seriu
Source : Google Translate API

Antonymes de « sérieux »

Combien de points fait le mot sérieux au Scrabble ?

Nombre de points du mot sérieux au scrabble : 13 points

Sérieux

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