La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « sensibilité »

Sensibilité

Variantes Singulier Pluriel
Féminin sensibilité sensibilités

Définitions de « sensibilité »

Trésor de la Langue Française informatisé

SENSIBILITÉ, subst. fém.

I. − [Propriété ou faculté d'un être vivant, d'un organe]
A. − Dans le domaine physique
1. Propriété de la matière vivante de réagir de façon spécifique à l'action de certains agents internes ou externes. La lumière irrite d'abord avec une certaine force les fibres de la rétine; la sensibilité mise en jeu contracte ou dilate la pupille par une action tout à fait indépendante de la volonté (Maine de Biran,Influence habit.,1803, p. 59):
1. Au-dessus de la sensibilité purement organique des tissus élémentaires, ou des organes pris à part et non reliés au système général de la vie animale, mais à une grande distance encore de la sensibilité qui appartient aux animaux supérieurs, se place certainement la sensibilité propre aux animaux des classes inférieures, privés de centres nerveux... Cournot,Fond. connaiss.,1851, p. 521.
En partic. Vulnérabilité. Si, une fois germé, le blé se rit des intempéries, il est, en naissant, d'une sensibilité extrême. Un froid un peu vif le gèle (Pesquidoux,Chez nous,1921, p. 138).
2.
a) Propriété des êtres vivants supérieurs d'éprouver des sensations, d'être informés, par l'intermédiaire d'un système nerveux et de récepteurs différenciés et spécialisés, des modifications du milieu extérieur ou de leur milieu intérieur et d'y réagir de façon spécifique et opportune. Sensibilité auditive, cutanée, visuelle; troubles de la sensibilité. Sentir une sensation est un acte de la sensibilité proprement dite; et sentir que cette sensation nous vient d'un tel corps et par tel organe, c'est sentir un rapport entre cette sensation et ce corps ou cet organe; c'est un acte de jugement (Destutt de Tr.,Idéol. 1,1801, p. 47).Ma canne prolonge ma sensibilité tactile et musculaire de quatre-vingt-cinq centimètres. Elle prolonge et elle transforme toutes mes sensibilités, sauf la sensibilité thermique. Je perçois, avec ma canne, des sensations que je n'obtiendrais pas avec ma main. Ma canne est une tige de résonance (Duhamel,Maîtres,1937, p. 91).V. sensitif A 1 ex. de Maine de Biran.
Rem. On emploie dans ce sens, et p. oppos. à sensibilité morale (infra I B 1), sensibilité physique: On doit distinguer les émotions que nous fait éprouver la sensation des objets extérieurs, de celles qui nous viennent des idées, des pensées, en un mot, des actes de notre intelligence; les premières constituent la sensibilité physique, tandis que les secondes, par leur susceptibilité plus ou moins grande, caractérisent la sensibilité morale (Lamarck, op. cit., p. 287).
[Constr. avec un compl. prép. introd. par à désignant l'agent perçu par les sens] Sensibilité à la chaleur, à la douleur, au froid. Ce dont encore je souffrais le plus, c'était ma sensibilité maladive au moindre changement de la température. J'attribuais, à présent que mes poumons étaient guéris, cette hyperesthésie à ma débilité nerveuse, reliquat de la maladie (Gide,Immor.,1902, p. 401).
[Constr. avec un adj. spécifiant la nature de la sensibilité]
Sensibilité différentielle. Sensibilité à une différence entre deux stimuli. Même les animaux inférieurs accèdent à un rudiment de comportement perceptif (...) ils se constituent une sensibilité différentielle susceptible de les faire fuir un environnement biologiquement préjudiciable et de les faire rentrer dans l'environnement favorable (J. Vuillemin,Être et trav.,1949, p. 17).
Sensibilité extéroceptive ou superficielle. Sensibilité mise en jeu par les organes récepteurs superficiels; en partic., sensibilité aux variations de l'environnement perçues par les récepteurs superficiels et les organes des sens. La sensibilité intéroceptive est la première à fonctionner à cause même de l'importance de l'alimentation, de la digestion. Elle prend ainsi une place privilégiée et c'est son organe, la bouche, qui fait le pont entre l'enfant et le monde extérieur. Elle sera supplantée ensuite par la sensibilité extéroceptive (Lafon1963).Les troubles sensitifs objectifs portent sur la sensibilité superficielle: le malade perçoit mal la piqûre et commet des erreurs de localisation (Quillet Méd.1965, p. 353).
Sensibilité intéroceptive ou profonde. Sensibilité aux variations qui se produisent à l'intérieur du corps, sensibilité donnant des informations sur la vie végétative. Les troubles sensitifs objectifs portent (...) sur la sensibilité profonde: on la recherche à l'aide d'un diapason appliqué sur certaines régions osseuses superficielles; le malade ne perçoit pas les vibrations (Quillet Méd.1965, p. 353).V. supra ex. de Lafon 1963 et infra ex. de Mounier.
Sensibilité proprioceptive. Sensibilité relative aux mouvements du corps, aux attitudes, aux postures, à l'équilibre. Le geste peut avoir deux origines et deux polarisations radicalement différentes. Tantôt, il regarde pour ainsi dire en dedans; il est commandé par une impression viscérale ou musculaire (sensibilité interoceptive) ou par un de ces schémas posturaux sans but extérieur, où le corps joue une sorte de monologue moteur avec la conscience de ses attitudes, avec son équilibre ou simplement avec le libre jeu de ses ébats (sensibilité proprioceptive) (Mounier,Traité caract.,1946, p. 192).
b) [En parlant d'un appareil sensoriel, d'un organe ou d'une partie du corps]
Aptitude variable à reconnaître et à discerner des excitations plus ou moins faibles, à ressentir très vivement certaines excitations. Le genre d'influence qu'exerce sur toutes les parties, un organe majeur et prédominant, dépend (...) du degré de sa sensibilité propre, et de l'importance de ses fonctions. La vive sensibilité d'un organe peut être due au grand nombre de nerfs qui l'animent (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 413).Rachel, ma sœur aînée, devient aveugle. Sa vue a beaucoup baissé ces derniers temps (...). Il paraît que c'est la sensibilité rétinienne qui faiblit (Gide,Faux-monn.,1925, p. 1161).
En partic. Aptitude à ressentir la douleur, à réagir douloureusement ou de façon vulnérable, à l'action de certains agents. Emphysème, ce n'est pas douteux. Et, pour être tout à fait franc, je crois possible que vous conserviez longtemps une certaine sensibilité des muqueuses (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 891).
B. − Dans le domaine affectif
1. [En parlant d'une pers.] Faculté de ressentir profondément des impressions, d'éprouver des sentiments, de vivre une vie affective intense. Sensibilité aiguë, maladive, vive; sensibilité à fleur de peau, d'écorché (vif); extrême sensibilité; être dépourvu de sensibilité. Gautier expose la théorie, qui est la sienne, qu'un homme ne doit se montrer affecté de rien, que cela est honteux et dégradant, qu'il ne doit pas montrer de sensibilité, et surtout dans ses amours, − que la sensibilité est un côté inférieur en art et en littérature (Goncourt,Journal,1863, p. 1354).Gise avait du mal à dominer sa sensibilité. Pour un rien, maintenant, les larmes l'étouffaient (Martin du G.,Thib., Consult., 1928, p. 1087).
Rem. Dans la distinction class. des trois facultés, la sensibilité s'oppose à l'intelligence et à la volonté: La faculté de penser se subdivise (...) en sensibilité proprement dite, en mémoire, en jugement et en volonté (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 372).
[En parlant d'un artiste] Faculté d'éprouver des sentiments et aptitude à les traduire, à les exprimer dans une création artistique. Sensibilité d'un écrivain, d'un peintre; jouer d'un instrument avec sensibilité. Il y a de l'airain dans le style de Buffon. Rousseau avait une sensibilité bien plus fine et plus exquise. Ses descriptions sont moins pompeuses que celles de Buffon, mais elles ont plus de charme (Chênedollé,Journal,1815, p. 74).La sensibilité créatrice, dans ses formes les plus relevées et ses productions les plus rares, me paraît aussi capable d'un certain art que tout le pathétique et le dramatique de la vie ordinairement vécue (Valéry,Variété IV,1938, p. 217).
[P. méton.;] [en parlant d'une œuvre] Qualité d'une œuvre où se manifestent et s'expriment avec force les sentiments de l'artiste. Page, musique pleine de sensibilité; œuvre d'une grande sensibilité. Quelques défauts dans le plan et dans la contexture de la pièce sont compensés par une sensibilité profonde, par des situations du plus grand intérêt et des beautés du premier ordre (Jouy,Hermite, t. 4, 1813, p. 365).J'ai lu avec un plaisir par moments très vif le Kyra Kyralina d'Istrati, de saveur si particulière, tout en faisant songer à certains récits des Mille et une nuits, ou à quelque roman picaresque; mais d'une sensibilité beaucoup plus chatoyante que Lesage ou Smollett (Gide,Journal,1940, p. 28).
En partic. Faculté d'éprouver de la sympathie, de la compassion, de l'amour. Sans être prodigue de son argent, il l'était de sa sensibilité; il avait facilement la larme à l'œil; et le spectacle d'une misère l'émouvait sincèrement, d'une façon qui ne manquait pas de toucher la victime (Rolland,J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 831).La citoyenne Rochemaure montra de la sensibilité; elle s'émut à l'idée des souffrances d'Évariste et de sa mère et rechercha les moyens de les adoucir (France,Dieux ont soif,1912, p. 95).
[Constr. avec un compl. prép. introd. par pour (vieilli) ou par à, indiquant l'objet de la sensibilité] Aptitude à porter un intérêt profond à (quelqu'un/quelque chose), à être particulièrement touché par (quelqu'un /quelque chose). Sensibilité pour le malheur des autres. Il y a bien une sorte de sensibilité à l'esthétique de la construction philosophique comme il y a une sensibilité à l'élégance de la construction mathématique (Lacroix,Marxisme, existent., personn.,1949, p. 57).Quelle joie de lecture quand on reconnaît l'importance des choses insignifiantes! Quand on complète par des rêveries personnelles le souvenir « insignifiant » que nous confie l'écrivain! L'insignifiant devient alors le signe d'une extrême sensibilité pour des significations intimes qui établissent une communauté d'âme entre l'écrivain et son lecteur (Bachelard,Poét. espace,1957, p. 77).
[Constr. avec un adj. indiquant le domaine dans lequel s'exerce la sensibilité] Sensibilité esthétique, musicale. C'est notre sensibilité verbale qui est brutalisée, émoussée, dégradée... Le langage s'use en nous. L'épithète est dépréciée. L'inflation de la publicité a fait tomber à rien la puissance des adjectifs les plus forts (Valéry,Variété III,1936, p. 283).L'aveugle est souvent doué d'une grande sensibilité artistique, le sourd, contraint à monologuer avec ses pensées, est volontiers dogmatique et autoritaire (Mounier,Traité caract.,1946, p. 221).
2. [Constr. avec un adj. ou un compl. prép. introd. par de désignant un groupe de pers., une époque] Manière particulière d'éprouver des sentiments caractéristiques, de réagir sur le plan affectif. Sensibilité allemande, française; sensibilité bourgeoise, populaire; sensibilité moderne, romantique; sensibilité d'artiste, d'enfant; sensibilité de bourgeois. Le socialisme, sous ses deux aspects, le réformiste et l'insurrectionnel, n'en reste pas moins un des visages permanents de la pensée et de la sensibilité contemporaines (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 22):
2. J'étais né doué d'une sensibilité féminine. Jusqu'à quinze ans je pleurais, je versais des fleuves de larmes par amitié, par sympathie, pour une froideur de ma mère, un chagrin d'un ami, je me prenais à tout et partout j'étais repoussé. Je me refermais comme une sensitive. Vigny,Journal poète,1833, p. 986.
P. méton., POL. Tendance à l'intérieur d'un parti, d'une organisation politique. Ce parti (...) est aussi un parti-patchwork où existent ce que l'on appelle pudiquement des « sensibilités » diverses. Autrement dit: des courants (Le Nouvel Observateur, 12 sept. 1981, p. 27, col. 1).
II. − [Propriété d'un instrument, d'un appareil, d'un matériau]
A. − Aptitude à détecter de faibles grandeurs ou variations.
1. PHYS. Aptitude à mesurer ou à enregistrer un phénomène ou une grandeur, les variations les plus faibles d'un phénomène ou d'une grandeur. Sensibilité d'une balance, d'un appareil de mesure; sensibilité d'une cellule, d'un hygromètre, d'un thermomètre. Ces variations d'intensité sont indiquées par un galvanomètre. La sensibilité de cet appareil est exquise; il répond à toutes les radiations dans l'intervalle d'une octave (H. Poincaré, Théorie Maxwell,1899, p. 66).La possibilité de détecter aisément l'existence des minerais uranifères: les rayonnements qu'ils émettent rendent possible une prospection par compteurs de radiations de sensibilité très élevée (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p. 91).
2. TÉLÉCOMM. Aptitude d'un récepteur à capter des signaux plus ou moins faibles. Sensibilité d'un tuner. Tout dépend de la sensibilité du récepteur; avec ceux dont on dispose aujourd'hui on emploie relativement peu d'énergie: 4 à 5 HP jusqu'à 100 kilomètres et 700 à 800 HP pour communiquer avec les antipodes (Warcollier,Télépathie,1921, p. 304).Dans toute liaison de télécommunications, par fil ou sans fil, dans toute réception de signaux, la sensibilité du récepteur est un facteur essentiel (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 272).
B. − Aptitude à réagir plus ou moins rapidement.
1.
a) PHOT. ,,Rapidité avec laquelle une émulsion photographique peut fournir une image latente ou une image visible, sous l'action de la lumière ou de radiations actiniques`` (Pollet Phot. 1970). On parvenait à accroître la sensibilité générale des émulsions, et par conséquent la rapidité de la prise de vue instantanée dans toutes les conditions de couleurs et de lumières (Prinet,Phot.,1945, p. 42).Fondant son réalisme sur la nudité du visage, Dreyer avait pris prétexte de la sensibilité de la pellicule panchromatique, alors une nouveauté, pour refuser maquillage, postiches, perruques (Sadoul,Cin.,1949, p. 222).
Degré, indice de sensibilité. ,,Valeur numérique permettant de déterminer les conditions d'exposition d'une surface sensible`` (Phot. 1979).
b) PYROTECHNIE. Degré de réaction d'une substance explosive, plus ou moins grande aptitude à s'amorcer sous l'effet d'une action extérieure (choc, élévation de la température, etc.). La sensibilité à la chaleur est étudiée (...) en échauffant progressivement l'explosif et en déterminant la température à laquelle il s'enflamme (Vennin, Chesneau,Poudres et explosifs,1914, p. 119).Le chimiste suédois Nobel a eu l'idée, pour diminuer la sensibilité de la nitroglycérine (...), de la faire absorber par un sable spécial appelé kieselguhr (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p. 101).
2. Au fig., dans le domaine de l'écon.Aptitude, capacité plus ou moins grande (d'un marché, d'une industrie, etc.) de réagir de façon positive ou négative à des facteurs extérieurs. Instabilité chronique des prix des passages et des taux de fret. Ceux-ci en particulier, sont exposés à varier fréquemment et d'une façon si brutale et si ample que les sommes payées par les chargeurs peuvent parfois ne correspondre en rien au prix de revient du transport. Cette sensibilité du commerce maritime apparaît en pleine lumière lorsque surviennent des crises économiques (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 17).Description géographique des marchés de vente et étude de ces marchés dans leurs conditions de stabilité, d'élasticité, leur sensibilité à la conjoncture politique et économique (Traité sociol.,1967, p. 265).
C. − PHYS. Résistance d'un matériau.
Sensibilité à l'entaille, à l'effet d'entaille. Diminution de la résistance à la rupture provoquée par une surface hétérogène (entaille, craquelure, etc.). (Dict. xxes.).
Sensibilité à la rupture. Résistance variable aux facteurs pouvant provoquer une rupture (Dict. xxes.).
Prononc. et Orth.: [sɑ ̃sibilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 « qualité par laquelle un sujet est sensible aux impressions physiques » (Henri de Mondeville, Chirurgie, 1540 ds T.-L.); 2. a) 1662 « attachement, intérêt pour quelque chose » (Pascal, Pensées, Papiers non classés, 427, 194, éd. L. Lafuma, p. 554); b) 1671 « faculté de percevoir les impressions morales » (Pomey); c) 1678 « sentiment d'humanité, de pitié » (La Rochefoucauld, Réflexions et maximes morales, éd. A. Regnier, t. 1, p. 192); d) 1680 « reconnaissance d'un bienfait reçu » (Rich. t. 2); 3. a) 1798 « aptitude à réagir rapidement à un contact (en parlant d'objets matériels) » sensibilité d'une balance (Ac.); b) 1858 phot. « propriété qu'ont certaines substances de s'impressionner sous l'action de la lumière » (Chesn. t. 2). Empr. au lat. tardifsensibilitas « sens, signification, sentiment, sensibilité », dér. de sensibilis, v. sensible. Fréq. abs. littér.: 3 626. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 006, b) 3 389; xxes.: a) 4 792, b) 4 743. Bbg. Gohin 1903, p. 300. − Sckomm. 1933, pp. 39-48, 116-120.

Wiktionnaire

Nom commun - français

sensibilité \sɑ̃.si.bi.li.te\ féminin

  1. Qualité par laquelle un sujet est sensible aux impressions physiques.
    • Avec l’utilisation d’antigènes de tréponèmes pâles tués, les réactions sérologiques ont vu leur sensibilité et leur spécificité nettement améliorées. — (François Pebret, Maladies infectieuses : toutes les pathologies des programmes officiels des études médicales ou paramédicales , p.497, Heures de France, 2003)
    • Il est d’une grande sensibilité à toutes les impressions de l’air.
    • Avoir une égale sensibilité pour le froid et pour le chaud.
    • La sensibilité des parties nerveuses.
    • La sensibilité de l’œil, de l’oreille.
    • Cet organe est d’une extrême sensibilité.
    • Les espèces montrent des sensibilités différentes à ces deux voies d’accès, comme l’ont montré des expériences effectuées avec le métolachlor et le norflurazon (Walsh et al., 1991). — (Michel Bounias, Traité de toxicologie générale : du niveau moléculaire a l'échelle planétaire, Springer Verlag France, 1999, p.421)
  2. De même en parlant des impressions morales.
    • Tous les états de la sensibilité sont moteurs. Le langage lui-même en contient la preuve. Il les appelle des émotions. — (Pierre Lasserre, Philosophie de Goût musical, Les Cahiers verts no 11, Grasset, 1922, p.82)
  3. (Par extension) Ce à quoi l'on est sensible.
    • Il faut aussi bénéficier d'une relation de confiance et celle-ci s'établit avec la population quand le candidat à la députation a su démontrer sa compétence comme élu local en étant tout à la fois l'élu de tous, mais aussi l'expression d'une fraction d'entre eux ; sa sensibilité politique est aussi un des facteurs de sa légitimité à court terme et à moyen terme. — (Jacqueline Sainclivier, « La légitimité des députés bretons dans l'entre-deux-guerres : approche prosopographique », dans L’Ouest et le politique: Mélanges offerts à Michel Denis, textes réunis par Michel Lagrée & Jacqueline Sainclivier, Presses universitaires de Rennes, 1997, p. 154)
    • Les juifs originaires d’Algérie, qui ont très tôt bénéficié du décret Crémieux, sont donc tous français depuis des générations et ont une sensibilité très nettement consistoriale (cf. p.315) agrémentée d’un esprit autant yekke (cf. p. 76) que méditerranéen. — (Gilbert Werndorfer, Juifs d'Algérie, Soline éditions, 2003, p.148)
  4. Sentiment d’humanité, de pitié, de tendresse.
    • Il a beaucoup de sensibilité, une grande sensibilité.
    • Il est d’une extrême sensibilité.
    • Une fausse sensibilité.
    • Une sensibilité affectée.
  5. (Philosophie) Ensemble des opérations qui constituent la vie sensitive et la vie affective.
  6. (Physique) Propriété de marquer les plus légères différences, les moindres variations.
    • La sensibilité d’une balance, d’un thermomètre, etc.
  7. (Statistiques) Capacité d’un test à donner un résultat positif lorsqu’une hypothèse est vérifiée.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

SENSIBILITÉ. n. f.
Qualité par laquelle un sujet est sensible aux impressions physiques. Il est d'une grande sensibilité à toutes les impressions de l'air. Avoir une égale sensibilité pour le froid et pour le chaud. La sensibilité des parties nerveuses. La sensibilité de l'œil, de l'oreille. Cet organe est d'une extrême sensibilité. Il se dit de même en parlant des Impressions morales. Sa sensibilité sur tout ce qui touche à l'honneur est extrême. Être d'une grande sensibilité aux moindres reproches. Il se dit absolument des Sentiments d'humanité, de pitié, de tendresse. Il a beaucoup de sensibilité, une grande sensibilité. Il est d'une extrême sensibilité. Une fausse sensibilité. Une sensibilité affectée. En termes de Philosophie, Il désigne l'Ensemble des opérations qui constituent la vie sensitive et la vie affective. En termes de Physique, La sensibilité d'une balance, d'un thermomètre, etc., La propriété qu'ont ces instruments de marquer les plus légères différences, les moindres variations.

Littré (1872-1877)

SENSIBILITÉ (san-si-bi-li-té) s. f.
  • 1Qualité de sentir, c'est-à-dire propriété dévolue à certaines parties du système nerveux, par laquelle l'homme et les animaux perçoivent les impressions soit faites par les objets du dehors, soit produites à l'intérieur. Quand la chaleur de la terre s'est assez attiédie pour ne pas offenser la sensibilité des êtres qui nous ressemblent, Buffon, 6e époque, Œuv. t. XII, p. 293. Je ne saurais douter raisonnablement que je ne sois doué de sensibilité, d'entendement, de volonté, parce que j'exerce à chaque instant ces facultés, Bonnet, Œuv. mêlées, t. VIII, p. 236, dans POUGENS. Exister pour nous, c'est sentir ; notre sensibilité est incontestablement antérieure à notre intelligence, Rousseau, Ém. IV. La source de toutes les passions est la sensibilité ; l'imagination détermine leur pente, Rousseau, ib.
  • 2Sensibilité organique, expression encore fréquemment employée mais tout à fait abusive, par laquelle on désigne l'aptitude des éléments anatomiques à s'assimiler certains principes immédiats et leur inaptitude à en assimiler d'autres.
  • 3Il se dit de la susceptibilité à l'impression des choses morales. La sensibilité que j'ai pour tous les intérêts [de ma chère enfant], Sévigné, 9 mai 1680. Il se forme dans les grandeurs une nouvelle sensibilité pour les déplaisirs, dont le coup est d'autant plus rude qu'on est moins préparé à le soutenir, Bossuet, Mar.-Thér. Une âme faible… qui n'apporte jamais à l'autel que des promesses cent fois violées, que des sensibilités de dévotion que le premier plaisir étouffe, Massillon, Avent, Dispos. à la comm. Un reste de respect, et une certaine sensibilité pour la vérité, Massillon, Carême, Parole de Dieu. Ainsi votre sensibilité sur les injures, toujours trop écoutée, a poussé votre orgueil à un tel point, que…, Massillon, Carême, Tiéd. 2. Avoir dans la défaillance de l'âge… la même sensibilité pour le plus léger refroidissement du maître, que dans l'âge le plus vif et le plus florissant, Massillon, Carême, Dang. des prospér. temp. Ainsi la vie se passe, la conscience s'use, la sensibilité au bien s'éteint, Massillon, Carême, Pâques. J'avais apporté de Paris le préjugé qu'on a dans ce pays-là contre la musique italienne ; mais j'avais aussi reçu de la nature cette sensibilité de tact contre laquelle les préjugés ne tiennent pas, Rousseau, Conf. VII.
  • 4Sentiments d'humanité, de pitié. de tendresse. Ce n'était pas ici une de ces sensibilités de caprice, qui n'ouvrent le cœur à certains maux que pour le fermer à tous les autres, Massillon, Or. fun. Villars. Ces sensibilités vulgaires que les faiblesses déshonorent, et où, à force de donner tout à la tendresse, on ne donne rien à la raison et au devoir, Massillon, Or. fun. Madame. La sensibilité fait tout notre génie ; Le cœur d'un vrai poëte est prompt à s'enflammer, Et l'on ne l'est qu'autant que l'on sait bien aimer, Piron, Métrom. I, 3. Il y a une espèce de sensibilité vague qui n'est qu'une faiblesse d'organes, plus digne de compassion que de reconnaissance, Duclos, Consid. mœurs, 14. La vraie sensibilité serait celle qui naîtrait de nos jugements et ne les formerait pas, Duclos, ib. La sensibilité n'est jamais sans faiblesse d'organisation, Diderot, Parad. coméd. Mém. t. IV, p. 13, dans POUGENS. La tendresse se borne au sentiment qui fait aimer ; la sensibilité a pour objet tout ce qui peut affecter l'âme en bien ou en mal, D'Alembert, Synon. Œuv. t. III, p. 329.
  • 5 Terme de physique. Grande justesse d'un instrument qui le rend capable d'indiquer les différences les plus légères. Sensibilité d'une balance.

    Sensibilité de la main, qualité par laquelle le cavalier sent immédiatement si les rênes produisent l'effet nécessaire.

  • 6 Fig. Qualité d'être senti, c'est-à-dire caractère sensible, matériel. Il faut bien prendre garde à tempérer de telle manière la sensibilité de ses expressions que l'on ne fasse que rendre l'esprit plus attentif, Malebranche, Recherche, VI, 3.

HISTORIQUE

XIVe s. L'utilité de la sensibleté de cuir fu que le cors, qui en est avironé, ne fust pas blecié sans le savoir, H. de Mondeville, f° 10, verso. L'excellent sensibleté que le nerf ot [eut], H. de Mondeville, f° 21, verso. Ce [que l'anatomie est nécessaire] puet estre prouvé en trois manieres : la premiere par autorités ; la seconde par sensibilité semblable [un exemple semblable] ; la troisieme par raison, H. de Mondeville, f° 7, verso.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SENSIBILITÉ. Ajoutez :
7 Fig. Se dit de la régularité avec laquelle un marché, une bourse obéissent aux plus légères différences. Le marché des grains d'une sensibilité excessive, Horn, l'Écon. pol. avant les physiocrates, ch. IX. En démontrant l'extrême sensibilité de ce jeu de bascule [l'offre et la demande], ID. ib.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « sensibilité »

Du latin sensibilĭtās (« sensibilité », « faculté de sentir », « sens », « signification »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. sensibilitat ; espagn. sensibilidad ; ital. sensibilità ; du lat. sensibilitatem, de sensibilis, sensible.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « sensibilité »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
sensibilité sɑ̃sibilite

Fréquence d'apparition du mot « sensibilité » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « sensibilité »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « sensibilité »

  • Les hommes sensibles préfèrent le soir au matin, la nuit au jour, et la beauté des femmes mûres à celle des jeunes filles.
    Paul Léautaud — Passe-temps, Mercure de France
  • S'il faut prendre garde à ne pas tuer ou endommager la sensibilité d'un enfant et son intelligence par une éducation trop rigide, il faut cependant lui fournir une armature qui pourra le maintenir debout et lui permettre d'utiliser sa sensibilité.
    Geneviève Bersihand — Les Filles et leur pères
  • La timidité est une contraction de la sensibilité, une crampe de l'esprit.
    Henri de Régnier — Donc...
  • Le romantisme est ce qui touche à la sensibilité, il invite à l'émotion.
    Atsuro Tayama
  • Les susceptibles embrouillent tout, par trop de sensibilité.
    Jacques Chardonne — Propos comme ça
  • Ne mépriser la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
    Charles Baudelaire — Fusées
  • Il y a eu en 2017 les vacances chez l’Aga Khan, l’affaire SNC Lavalin en 2019 et maintenant, en 2020, l’affaire UNIS. Trois tempêtes avec un dénominateur commun : le manque de sensibilité éthique et de leadership éthique de la part de Justin Trudeau.
    La Presse — L’insensibilité éthique de Justin Trudeau
  • Si l'on sait depuis plusieurs années déjà que l'homme de Néandertal a transmis une partie de son génome aux hommes modernes, une étude révèle qu'une variante néandertalienne d'un gène serait responsable d'une plus grande sensibilité à la douleur.
    Science-et-vie.com — Douleur : un gène hérité de Neandertal explique la sensibilité de certains - Science & Vie
  • Ce n'est pas la raison qui nous fournit une direction morale, c'est la sensibilité.
    Maurice Barrès — La Grande Pitié des églises de France, Plon
  • L'artiste s'adresse à la sensibilité, non à l'intelligence.
    Henri Lichtenberger — Richard Wagner
Voir toutes les citations du mot « sensibilité » →

Traductions du mot « sensibilité »

Langue Traduction
Anglais sensitivity
Espagnol sensibilidad
Italien sensibilità
Allemand empfindlichkeit
Chinois 灵敏度
Arabe حساسية
Portugais sensibilidade
Russe чувствительность
Japonais 感度
Basque sentsibilitatea
Corse sensibilità
Source : Google Translate API

Antonymes de « sensibilité »

Combien de points fait le mot sensibilité au Scrabble ?

Nombre de points du mot sensibilité au scrabble : 12 points

Sensibilité

Retour au sommaire ➦