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Tendresse

Variantes Singulier Pluriel
Féminin tendresse tendresses

Définitions de « tendresse »

Trésor de la Langue Française informatisé

TENDRESSE, subst. fém.

Qualité de ce/celui/celle qui est tendre.
A. −
1. Rare. [À propos d'une matière] Qualité de ce qui est dépourvu de dureté, de ce qui se laisse facilement travailler. Synon. malléabilité, mollesse, souplesse; anton. rigidité.La chambre des dames [dans une forteresse], reconnaissable à un peu de tendresse dans le fer forgé (Giono, Voy. Ital., 1953, p. 223).
2.
a) [À propos d'une couleur] Qualité de ce qui a un ton clair, peu marqué, produisant un effet agréable sur la vue. Synon. pâleur, suavité; anton. ardeur, crudité, éclat, vivacité.Un tapis d'Orient (...) montrant (...) des caractères persans du seizième siècle, tissés dans le clair et la tendresse de ces trois uniques tons: de l'argent, de l'or vert, du bleu lapis-lazuli (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 188).Au centre [des halles], les légumes (...) oignons en chapelets à tons de nacre rose (...) et à côté de ces tendresses de teinte, les cèpes mettent leur note très sombre (Estaunié, Simple, 1891, p. 91).
P. méton. [À propos d'une chose colorée] Qualité d'une chose présentant des coloris fins, qui charment la vue. Mon amour a la tendresse d'un arc-en-ciel après une pluie d'avril où chante le soleil (Jammes, De l'angélus, 1898, p. 31).Vers le crépuscule (...), soudain je voyais le soleil (...) flamboyer au versant d'un ciel délicat, par-dessus une mer élégante et de tendresse vaporeuse (Barrès, Amori, 1902, p. 89).
PEINT. [À propos d'un coloris] Qualité de ce qui présente des nuances fondues, sans dureté. De la douceur des blancs il tire des tendresses et des satinages de ton (Goncourt, Art XVIIIes., 1882, p. 275).[Ricard l'emporte sur Whistler] par toute la tendresse symphonique des demi-jours flottant sur un dessin d'une solidité égale (Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p. 153).
PEINT., SCULPT. [À propos d'un artiste, d'une œuvre] Qualité d'une exécution procédant par touches légères, sans heurt. Ce peintre passe d'une couleur à une autre avec une douceur et une tendresse admirables (H. Lemonnier, Art fr. Louis XIV, 1911, p. 170).[L'Indien] a modelé des bronzes étonnants de tendresse, de fermeté et d'élégance (Faure, Hist. art, 1912, p. 168).
b) [À propos d'un phénomène lumineux, atmosphérique] Qualité de ce qui produit une impression douce sur la sensibilité visuelle ou épidermique et ne risque pas de blesser. Tendresse de l'air. Parmi cette tendresse du soir, sur les gazons onctueux, dans le silence pénétrant et la fraîcheur féconde, la même allégresse (...) rythmait leurs pensées (Barrès, Barbares, 1888, p. 99).Le brouillard au-dessus des bruyères descend avec tendresse et n'ose s'y poser (Jammes, Clairières, 1906, p. 183).
c) Rare. [À propos d'un phénomène olfactif, gustatif] Qualité de ce qui flatte l'odorat, le goût. Violettes, (...) roses (...) rien n'était plus doux ni plus printanier que les tendresses de ce parfum rencontrées sur un trottoir, au sortir des souffles âpres de la marée (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 622).La pâte chaude embrassait brutalement sa bouche mais avec cette bonne tendresse de l'odeur (Giono, Batailles ds mont., 1937, p. 341).
3.
a) [À propos d'un animé, d'une partie du corps] Qualité de ce qui présente une complexion, une apparence délicate ou de ce qui est très doux au toucher. Synon. fragilité.Une faiblesse de vue et comme une tendresse d'organes qui se lassait aisément (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1865, p. 457).Ses cuisses, ses bras [d'Antonio], c'était du plein. À partir de ses flancs, c'était du creux, une tendresse dans laquelle était Antonio, le vrai (Giono, Chant monde, 1934, p. 26).
b) Rare. [À propos d'un végétal, de la nature] Qualité de ce qui présente une fraîcheur toute neuve. Dans ce jour du commencement de la journée (...) dans la tendresse verte de mai (...) il s'élève en lui (...) comme un peu de la félicité du premier homme en face de la Nature vierge (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 443).La tendresse des arbres mouillés (G. Bataille, Exp. int., 1943, p. 174).
c) P. méton. Tendresse de l'âge. Qualité de ce qui commence, de ce qui se trouve encore au début de la vie. Jeunes êtres consacrés à Dieu dans la force et dans la tendresse de leur âge (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 189).
B. − Au fig. [À propos d'une pers., de sa nature, de ses sentiments]
1. Vieilli, rare. Qualité d'une personne qui se laisse facilement toucher, émouvoir, qui cède volontiers à ses impressions. Synon. émotivité, impressionnabilité, sensibilité; anton. froideur, insensibilité.Il garda jusqu'à la fin toute sa tendresse d'impression, sa sincérité et sa candeur (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1868, p. 335).Le canon, tous les bruits de notre pauvre vie de bêtes, cela ne pouvait pas endurcir notre âme et flétrir sa tendresse infinie. Elle renaît, jardin d'août sous l'ondée (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 128).
2.
a) Sentiment d'affection, d'amitié, de générosité qui porte à considérer autrui avec bienveillance, à le traiter avec beaucoup de sollicitude. Synon. aménité, charité, compassion, fraternité, gentillesse, humanité, mansuétude, sympathie; anton. antipathie, cruauté, dureté, férocité, haine, hostilité, inhumanité, méchanceté, rigueur, sécheresse, sévérité.Tendresse filiale, humaine, paternelle; tendresse inquiète; avoir une grande tendresse, beaucoup de tendresse pour. La tendresse de Paul Valéry; elle est enfantine et charmante. Nul ne comprend si joliment l'amitié, ni n'a tant de délicatesse. J'ai pour lui l'affection la plus vive (Gide, Journal, 1902, p. 124).V. amitié ex. 60, amour ex. 49, cœur ex. 51, 52:
1. ... elle avait été la cheville ouvrière de la maison, sans que nul songeât à lui savoir gré de sa ponctualité, de ses prévenances. Toute une existence impersonnelle, de dévouement, d'abnégation, de don de soi, de modestie, de tendresse bornée et discrète qui ne lui avait guère été rendue. Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 767.
[Gén. avec une nuance iron.]
(Avoir, etc.) une/de la/des tendresse(s) pour+ subst. ou nom propre.Avoir une préférence marquée, témoigner de la complaisance pour. Synon. avoir un faible pour.Vous ne m'accusez pas, j'espère, d'une aveugle tendresse pour François Arouet : je le supposerai aussi léger, (...) aussi mauvais Français que vous le voudrez (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 521).
N'avoir pas de tendresse pour + subst.Manquer d'indulgence pour. [Les Anglais] n'ont pas de tendresse pour les tristes et méprisent les sentimentaux (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 79).
b) Forme d'amour à prédominance sentimentale, complétant la sensualité et la sexualité (plutôt que s'y opposant), caractérisée par la recherche d'une harmonie dans la douceur et la durée, et manifestant le souci constant d'être agréable à la personne aimée. Tendresse passionnée; sentiment de tendresse; (être) l'objet de sa tendresse; être plein de tendresse. Je jurai de nouveau à Sara, d'après les sentiments de mon cœur, un éternel attachement. Oui, je sentis pour cette fille une tendresse inexprimable; je sentis qu'elle était ma femme (...), je me regardai comme ne faisant plus qu'un avec elle (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 60).V. amant ex. 4, amour ex. 186, imbibition ex. 2:
2. ... Racine n'a point baigné de tendresse ce désir à l'état brut qu'exhale et chante Phèdre. Minos et Pasiphaé, ses auteurs, (...) ignoraient ce don si doux, cette naissance en nous d'une suavité profuse qui détend trop délicieusement toutes les forces de l'âme quand elle s'abandonne sans défense à la faiblesse de chérir. Valéry, Variété V, 1944, p. 188.
PSYCHANAL. ,,Attitude affective élémentaire, engagée dans la première relation avec l'objet d'amour et où la composante érotique est indissociable de la recherche d'une sécurité d'autoconservation (en référence aux soins corporels et à l'alimentation)`` (Fedida 1974).
c) En partic. [La tendresse dans ses divers moyens d'expr.]
α) [Dans l'aspect extérieur, le comportement] Besoin, élan, expression, geste, larmes, marques, témoignages, transport de tendresse; regarder avec tendresse. Ils se regardaient en s'exprimant une mutuelle intelligence (...). La parenté n'autorisait-elle pas une certaine douceur dans l'accent, une tendresse dans les regards: aussi Eugénie se plut-elle à endormir les souffrances de son cousin dans les joies enfantines d'un naissant amour (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 168).Il aperçut (...) Hélène qui le regardait en souriant. Par un mouvement de brusque tendresse, il l'attira sur son cœur, et l'y tint longtemps embrassée, en couvrant ses blonds cheveux de caresses (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 262).V. amitié ex. 47.
P. méton.
Gén. au plur. Marques d'affection, d'amour. Synon. attentions (v. attention), cajoleries (v. cajolerie), égards (v. égard), prévenances (v. prévenance).Je fus reçue dans mon couvent avec des tendresses infinies (...), on m'y entoura de soins maternels (...). Toute cette bonté suave, toutes ces délicates sollicitudes me rappelaient un bonheur (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 449).Ma façon de faire la cour à une femme, de lui prodiguer les tendresses fugitives, les menus soins, les petits cadeaux, les galanteries, les bagatelles nécessaires, et de lui parler une langue inconnue d'elle (Renard, Comédies, Pain mén., 1899, p. 78).
Avoir des tendresses pour + subst.Avoir des rapports intimes avec. Synon. avoir des bontés (v. bonté), des faiblesses (v. faiblesse) pour.Le fils de la maison, Edgard, a eu des tendresses pour Florestine, la femme de chambre de sa mère (Zola, Nos aut. dram., 1881, p. 203).
Personne qui témoigne ou à qui l'on témoigne de l'affection, de l'amour. M. de Talleyrand était une vraie tendresse, il se penchait sur mon épaule; certainement il me croyait dans ce moment un très grand homme (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 620).
En appellatif. À Madame Maurice Schlésinger (...). Ma vieille amie, ma vieille tendresse, je ne peux pas voir votre écriture sans être remué (Flaub., Corresp., 1872, p. 427).Mon petit enfant doux... Au revoir, ma tendresse. Au revoir, ma petite. (...) Je vous envoie mon cœur gonflé de vous (Géraldy, Toi et Moi, 1913, p. 105).
Arg., vx. Synon. de courtisane, lorette.Les nuances des mots nouveaux multipliés par le journalisme sont souvent confondues (...) un journal du 7 décembre 88 donne la même valeur aux horizontales, aux tendresses (Larch.Nouv. Suppl.1889, p. xii).
β) [Dans un mode d'expr. verbale ou une intonation] Noms de tendresse. MmeBerthaud (...) parlait du docteur avec l'accent d'une tendresse fondante et respectueuse, qu'ont ordinairement les femmes, lorsqu'elles évoquent une figure de médecin (Aymé, Bœuf cland., 1939, p. 78).Ruth: Ô Jean chéri (...)! Ô mon cœur... Jean: Tous les mots de tendresse par lesquels une femme cherche à retenir un amant, tu vas me les dire (Giraudoux, Sodome, 1943, ii, 2, p. 98).
P. méton. Dire des tendresses. Dire des choses tendres, douces à entendre. Un besoin le poussait à lui dire des tendresses. Elle y répondait par de gentilles paroles (...), des douceurs dont la surprise le charmait (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 160).
[Dans une formule épistolaire] Mille tendresses. À toutes, mes tendres tendresses et (...) mes hommages à Saliès (E. de Guérin, Lettres, 1839, p. 321).À bientôt, mon Victor. Je t'envoie toutes les tendresses de toutes et les cordialités de tous (Hugo, Corresp., 1866, p. 544).
γ) [Dans une œuvre artist.] [Une] phrase pleine de tendresse et de passion (...) s'expose (...) dans cette IIeVariation au rythme inquiet et haletant [Études symphoniques de Schumann] (D'Indy, Compos. mus., t. 2, 1, 1897-1900, p. 444).De pâles adolescents (...) rimaient de petites pièces de vers débordantes de tendresse goguenarde, de sentiment et d'ironie (Carco, Voix basse, 1938, p. 130).
[À propos d'un aut. considéré dans sa manière de s'exprimer] Qualité d'un auteur qui s'exprime de manière touchante, attendrissante. Des considérations lourdes sur des sujets délicats, sur la tendresse de Racine comparée à celle de Virgile (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 9).Celui-ci [Poussin] a (...) dans l'exécution une énergie plus virile; mais Lesueur a plus de tendresse et plus de charme (R. Ménard, Hist. Beaux-Arts, 1882, p. 327).
[À propos d'un instrument] Qualité d'un instrument apte à exprimer les plus doux sentiments. La douceur somptueuse des trombones associée à la tendresse des violes (Pirro, J.-S. Bach, 1919, p. 35).
P. méton., au plur., rare. Œuvre qui exprime avec délicatesse un thème sentimental. Gilbert dit des vers, précieuses tendresses de Samain que les autres écoutent (..), les yeux criblés d'étoiles (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 189).
d) P. anal. Qualité de ce qui évoque les sentiments et les comportements affectueux, amicaux ou amoureux entre humains.
[À propos de rapports entre une pers. et un animal ou d'animaux entre eux] Je veux peindre (...) des meres le modele, Le sarigue (...) dont les soins touchants et doux, Dont la tendresse maternelle, Seront de quelque prix pour vous (Florian, Fables, 1792, p. 67).Alors qu'ils [les chats] se frottent à notre chair, ronronnent et se roulent sur nous (...), on sent bien l'insécurité de leur tendresse, l'égoïsme perfide de leur plaisir (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1061).V. bonté ex. 17.
[À propos de la nature ou de rapports entre une pers. et (un aspect de) la nature, un lieu] Tout était volupté, frémissements, tourments d'amour (...). La forêt vivait et soupirait, les ruisseaux s'enflaient de tendresse (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 146).Le paysan garde sa prédilection et sa tendresse pour ce sol un peu maigre, mais facile à travailler (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 316).
Avoir une tendresse pour + subst.Avoir un goût privilégié pour. Si j'ai une tendresse particulière pour cet endroit de Paris, c'est que j'y suis presque né (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 19).
[À propos de rapports entre une pers. et une chose concr.] J'étais (...) capable d'aimer, puisque j'avais déjà une si vive tendresse pour certaines poupées (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 206).L'amour des choses, la tendresse pour les objets peut recouvrir des dispositions (...) complexes. (...) des enfants privés d'affection comblent leur solitude en essayant de faire vivre les choses autour d'eux (Mounier, Traité caract., 1946, p. 129).V. convoiteux ex. de Cladel.
[À propos de rapports entre une pers. et une chose abstr., une œuvre ou, p. méton., son aut.] Il y a dans les livres des poètes, pour chaque fidèle, un coin qu'il préfère aux autres, qu'il chérit d'une tendresse particulière (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 95).N'est-ce pas agréable d'être respecté plus d'un siècle après sa mort? (...) Si tu savais avec quelle tendresse nous admirons Virgile, Annibal, Alexandre (Salacrou, Terre ronde, 1938, i, 4, p. 164).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃dʀ εs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1240 « tendreté » (Jean de Thuin, Jules César, 92, 12 ds T.-L.); 2. 1319 « jeune âge, enfance » (Assiette de 200 liv. de rente, Morice, Hist. de Bret., I, 1286 ds Gdf.); 3. 1551 « faiblesse, fragilité du jeune âge » (Leroy, trad. Isocrate, Au Roy ds Hug.); 4. av. 1648 « sentiment, attachement qui se manifeste par des paroles douces, des gestes affectueux... » (Voiture, Lett., 46 ds Littré); 5. 1666 subst. fém. plur. « caresses, témoignages d'affection, d'amitié, d'amour » (Molière, Misanthrope, I, 1); 1668 « tendance, facilité à, inclination » (Id., Avare, IV, 1); 6. 1679 « attendrissement, émotion vague » (Mmede Sévigné, Corresp., 8 déc., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 766); 7. 1882 « fille galante » (Gil Blas ds Delvau Suppl. 1883). Dér. de tendre2*; suff. -esse1*. Fréq. abs. littér.: 6 140. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 242, b) 11 074; xxes.: a) 10 015, b) 7 121. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 21.

Wiktionnaire

Nom commun - français

tendresse \tɑ̃.dʁɛs\ féminin

  1. Qualité de ce qui est tendre ; il ne se dit qu’au sens moral de la sensibilité à l’amitié, à l’amour, aux affections de la nature.
    • Sa sœur ? Malgré l’hypocrite tendresse de ses dédicaces, il ne l’aimait pas, et elle non plus, au fond, ne l’aimait pas… — (Octave Mirbeau, La Mort de Balzac, 1907)
    • Il avait grandi dans le giron de la famille, entouré de la tendresse de tous […]. — (Louis Pergaud, Une revanche, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • La tendresse d’un père pour ses enfants. — Aimer avec tendresse. — Tendresse de cœur. — Tendresse maternelle. — Il lui a donné mille marques de tendresse, de sa tendresse.
  2. Amour.
    • Déjà, Jacques aimait Yasmina, follement, avec toute l’intensité débordante d’un premier amour chez un homme à la fois très sensuel et très rêveur en qui l’amour de la chair se spiritualisait, revêtait la forme d’une tendresse vraie… — (Isabelle Eberhardt, Yasmina, 1902)
  3. (Au pluriel) Caresses, témoignages d’affection.
    • Il me fait mille tendresses. Défiez-vous de toutes ses tendresses.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TENDRESSE. n. f.
Qualité de ce qui est tendre; il ne se dit qu'au sens moral de la Sensibilité à l'amitié, à l'amour, aux affections de la nature. La tendresse d'un père pour ses enfants. Aimer avec tendresse. Tendresse de cœur. Tendresse maternelle. Il lui a donné mille marques de tendresse, de sa tendresse. Il se dit spécialement de l'Amour. Il a beaucoup de tendresse pour elle. Elle a le cœur plein de tendresse pour lui.

TENDRESSES, au pluriel, signifie Caresses, témoignages d'affection. Il me fait mille tendresses. Défiez-vous de toutes ses tendresses.

Littré (1872-1877)

TENDRESSE (tan-drè-s') s. f.
  • 1Qualité de ce qui est tendre ; il se dit du jeune âge. Une jeune reine, dans laquelle se rencontrent ensemble l'avantage de l'expérience avec la tendresse de l'âge, le loisir de l'étude avec l'occupation d'une royale naissance…, Pascal, Lett. à la reine Christine.
  • 2Délicatesse des formes. Nul ciseau, nul tour, nul pinceau ne peut approcher de la tendresse avec laquelle la nature tourne et arrondit ses sujets, Bossuet, Connaiss. IV, 2.

    Terme de beaux-arts. S'est dit autrefois de la douceur, de la délicatesse et de la légèreté du pinceau, du ciseau.

    S. f. pl. Terme de gravure. Endroits légers et qui doivent paraître éloignés.

  • 3 Fig. Sensibilité exquise pour les choses morales. Cette première tendresse d'une conscience innocente, ah ! que vous l'avez endurcie ! la pénitence, la communion, vous avez appris à les profaner, Bossuet, Sermons, Nécessité de la pénit. 2. À mesure que l'esprit religieux s'en va, une certaine crainte de Dieu s'efface, une certaine tendresse de conscience diminue, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 387.
  • 4Sentiment tendre d'amitié, d'affection. Il me déplaît seulement de penser qu'avec toute cette tendresse que vous me témoignez, il y a quelque occasion pour laquelle vous voudriez que je fusse pendu, Voiture, Lett. 46. J'ai une tendresse de cœur pour ceux que Dieu m'a unis plus étroitement, Pascal, Pens. XXIV, 69, édit. HAVET. La tendresse que j'ai pour vous, ma chère bonne, me semble mêlée avec mon sang, et confondue dans la moelle de mes os ; elle est devenue moi-même, je le sens comme je le dis, Sévigné, 8 nov. 1680. Madame ne veut plus sentir de tendresse que pour le Dieu crucifié qui lui tend les bras, Bossuet, Duch. d'Orl. Sensible jusqu'à la fin à la tendresse des siens, il [Condé mourant] ne s'y laisse jamais vaincre, Bossuet, Louis de Bourbon. Contez… Que plus d'un grand m'aima jusques à la tendresse, Boileau, Épît. X. Pour le sang de ses rois vous voyez sa tendresse, Racine, Athal. v, 2. La tendresse a sa source dans le cœur ; la sensibilité tient aux sens et à l'imagination, D'Alembert, Synon. Œuv. t. III, p. 329. La tendresse ne se manifeste pas toujours au dehors ; la sensibilité se déclare par des signes extérieurs, D'Alembert, ib.

    Au plur. Peut-être que nous la verrons un jour rentrer d'elle-même dans les voies de la nature, et reprendre ces tendresses, ces affections autrefois si violentes, et qu'un zèle ou un dépit inconsidéré a, ce semble, comme étouffées, Patru, Plaidoy. II. Je vous vois accabler un homme de caresses, Et témoigner pour lui les dernières tendresses, Molière, Mis. I, 1. Il n'y a que vous qui ayez la bonté d'entrer dans mes extrêmes tendresses [pour ma fille], Sévigné, à d'Hacqueville, 17 juin 1671. Je n'ai pas tout à fait oublié le monde ; j'en connais les tendresses et les bontés, pour entrer dans les sentiments des autres, Sévigné, 30 oct. 1673. L'heureux vieillard jouit jusqu'à la fin des tendresses de sa famille, Bossuet, le Tellier.

  • 5Particulièrement, l'amour. Et même pour Alceste elle a tendresse d'âme, Molière, Mis. III, 3. Parmi tant de beautés qui briguent leur tendresse, Ils [les sultans] daignent quelquefois choisir une maîtresse, Racine, Bajaz. I, 3. Ma bouche a fait l'aveu qu'un autre a ma tendresse, Voltaire, Alz. IV 2. L'homme passionné… Donne aux fleurs la gaîté donne aux mers leur courroux, La mémoire aux rochers, aux myrtes la tendresse, Delille, Imag. IV.

    Au plur. Les tendresses de l'amour humain y font [dans Polyeucte] un si agréable mélange avec la fermeté du divin, que sa représentation a satisfait tout ensemble les dévots et les gens du monde, Corneille, Poly. examen. Tu sais combien de fois ses jalouses tendresses [de Mithridate] Ont pris soin d'assurer la mort de ses maîtresses, Racine, Mithr. I, 1.

  • 6Attendrissement. On me fit là [chez les Pompone] des réponses si tendres, que je ne pus les soutenir sans une extrême tendresse, Sévigné, 8 déc. 1679.
  • 7Tendre et pieux penchant. Vous lui avez donné [à Mlle de Grignan qui voulait entrer en religion] de la tendresse pour de plus grands desseins et de plus hautes vues, Sévigné, 11 sept. 1680.
  • 8Objet d'un tendre attachement. Vous êtes la véritable et la sensible tendresse de mon cœur, Sévigné, à Mme de Grignan, 10 août 1680.
  • 9 Au plur. Paroles tendres, témoignages d'affection. Ils [M. et Mme de Grignan]… me dirent adieu avec des tendresses et des remercîments infinis, Sévigné, 1er août 1685. J'ai reçu et baisé votre lettre, et lu vos tendresses avec des sentiments qui ne s'expliquent point, Sévigné, à Mme de Grignan, t. III, p. 187, édit. RÉGNIER. Vingt siècles de vie ne me suffiraient pas pour répondre aux tendresses des grands, Maintenon, Lett. à Mme de Dangeau, 22 nov. 1709. Vous savez sa coutume, et sous quelles tendresses Sa haine sait cacher ses trompeuses adresses, Racine, Mithr. I, 5.

REMARQUE

Vaugelas voulait qu'on dît tendresse, en parlant des viandes tendres : " Tendreté ne vaut rien, tendreur encore moins ; il faut dire tendresse ", Nouv. rem. p. 470, dans POUGENS. Artichauts, mes beaux artichauts, toute la tendresse, toute la verduresse, cri qu'on entendait autrefois dans les rues de Paris ; cela était conforme à Vaugelas.

HISTORIQUE

XIVe s. Ouquel temps de nostre tendresse [enfance], Du Cange, teneritudo.

XVIe s. Dureté, mollesse, douleur, tendresse, renitence, Paré, v, 3. Les jeunes gens, pour la tendresse et mollesse de leur aage, sont aisement trompés, facilement croient et reçoivent impression, Charron, Sagesse, p. 410, dans LACURNE.

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Étymologie de « tendresse »

(Date à préciser) Dérivé de tendre, avec le suffixe -esse.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. tendreza, tenreza ; espagn. terneza ; ital. tenerezza ; de tener (voy. TENDRE 1). L'ancienne langue disait tendror, au XVIe siècle tendreur : Il nous fault fortifier l'ouie, et la durcir contre cette tendreur du son cerimonieux des paroles, Montaigne, IV, 37.

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Phonétique du mot « tendresse »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tendresse tɑ̃drɛs

Fréquence d'apparition du mot « tendresse » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tendresse »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tendresse »

  • Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l’intransigeance affole nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d’une seule misère, je n’ai jamais su laquelle, qu’une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d’une Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • Il n'y a pas de charme égal à la tendresse du cœur.
    Jane Austen
  • Mais je crains ta nature : elle est trop pleine du lait de la tendresse humaine pour prendre le chemin le plus court.
    William Shakespeare — Macbeth, I, 5, lady Macbeth
  • La vraie tendresse est avant tout affaire de violence contenue...
    Jean-Marie Poupart — Beaux-draps
  • La poésie est la tendresse espiègle des jeux de mots.
    Michel Bouthot — Chemins parsemés d'immortelles pensées
  • Avec le Père Jean-François NOEL, curé d'Istres, Fos-sur-Mer et Saint-Mitre-les-Remparts dans le diocèse d'Aix et d'Arles, et psychanalyste à Aix-en-Provence, nous clôturons cette série d'émissions sur la vocation et les idéaux avec l'idéal de tendresse. Bien compris cet idéal peut être un chemin d'ouverture à l'autre.
    Ajuster ses idéaux (4) : la tendresse
  • La tendresse est le repos de la passion.
    Joseph Joubert — Carnets
  • La tendresse est l’abat-jour de la passion.
    Pierre Bourgault — Bourgault doux-amer
  • L'homme ne sait pas se faire absolument dur, et son gel demeure toujours imparfait quand il s'y mêle une paille de tendresse.
    André Pieyre de Mandiargues — Dans les années sordides, Gallimard
  • Tout le devoir ne vaut pas une faute qui s'est commise par tendresse.
    Marguerite Hessein, Mme de La Sablière — Pensées chrétiennes
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Traductions du mot « tendresse »

Langue Traduction
Anglais tenderness
Espagnol sensibilidad
Italien tenerezza
Allemand zärtlichkeit
Chinois 压痛
Arabe الرقة والحنان
Portugais ternura
Russe нежность
Japonais 優しさ
Basque samurtasuna
Corse tenerezza
Source : Google Translate API

Synonymes de « tendresse »

Source : synonymes de tendresse sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « tendresse »

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Tendresse

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