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Glace

Variantes Singulier Pluriel
Féminin glace glaces

Définitions de « glace »

Trésor de la Langue Française informatisé

GLACE, subst. fém.

I.
A. − Eau congelée, solidifiée par le froid. Un bloc, une couche de glace. Des dragons (...) en train de casser la glace d'une auge pour abreuver leurs chevaux (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 69).Quand, le long des canaux, les péniches sont bloquées par la glace (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 425) :
1. Des cristaux de glace, en forme de feuilles de fougère, fleurissaient les vitres des fenêtres et me cachaient la Seine... A. France, Bonnard,1881, p. 267.
SYNT. Glace artificielle, fondante, polaire; banc, champ, mer, pain, piton de glace; seau à glace; stalactites de glace; glace à rafraîchir; glisser, patiner sur la glace; faire du hockey sur glace; l'eau s'est prise en glace.
En partic.
Cube de glace (v. glaçon). Vessie* de glace.
Vin blanc frappé de glace. Vin blanc rafraîchi dans la glace. Le docteur Corvisart (...) ne buvait que du vin de Champagne frappé de glace (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 156).
Ferrer un cheval à glace. Le ferrer avec des crampons qui l'empêchent de glisser. V. ferrer, Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 143.Au fig. Être ferré à glace sur une affaire, sur une question. Être compétent, habile, imbattable sur quelque sujet. Le jeune homme est un crâne qui pourrait me tuer et je dois être ferré à glace, être de sa force à l'épée et au pistolet (Balzac, U. Mirouët,1841, p. 172).
Au plur. Les glaces. Synon. banquise, glaciers.Fonte, débâcle des glaces; pris dans les glaces. L'Afrique se fissure un peu plus. Ailleurs, les glaces avancent et reculent (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 218).Dans les contrées polaires, les glaciers (...) forment de vastes inlandsis, qui arrivent jusqu'à la mer et donnent, en se fracturant, des glaces flottantes ou icebergs (Boule, Conf. géol.,1907, p. 12).
Expr. Par les neiges et par les glaces. Avec tout ce que suppose un hiver rigoureux. Nous avons suivi son cercueil (...) par les neiges et les glaces (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 451).
Au fig. Les glaces de l'âge. La diminution ou la perte de l'ardeur, de la vitalité. J'ai fini par admirer ce regard si vif, si profond, si hardi, malgré les glaces de l'âge (Balzac, Confid. Ruggieri,1837, p. 315).
P. compar. Un homme pur comme de la glace. Celle dont il a pu ainsi garder intacte une image paisible, immobile et pure comme le marbre ou la glace (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 448).Fondre comme (de la) glace au soleil. Fondre très rapidement. Les jours me fondent entre les mains comme de la glace au soleil (Balzac, Corresp.,1830, p. 445).
B. − Basse ou très basse température. Un vent de glace; des mains de glace. Elle sentait un froid de glace qui lui montait des pieds jusqu'au cœur (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 171).
1. MÉTÉOR., vieilli. Le thermomètre est à glace (Ac.). Au degré zéro centigrade. Une température au-dessus, au-dessous de la glace, de glace. Au-dessus, au-dessous du degré zéro, de zéro. L'eau de notre aiguade n'avait qu'un degré et demi de chaleur au-dessus de la glace (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 77).Le froid redevint très-vif, et la colonne thermométrique tomba à huit degrés Fahrenheit au-dessous de zéro (22 degrés centigrades au-dessous de glace) (Verne, Île myst.,1874, p. 320).
Expr. À la glace. Gelé, très froid. J'ai les mollets à la glace (Labiche, Cagnotte,1864, V, 3, p. 157).Au fig. On ne m'accusera pas de le choisir parmi les royalistes à la glace (J. de Maistre, Consid. sur Fr.,1796, p. 140).Nous aurions aimé que M. de Lamartine désignât moins brutalement la Bible où il se nourrit, évitant de tomber dans un didactisme à la glace heureusement assez rare en son recueil (Fontaine, no62, oct. 1947, p. 692).
P. méton. Les saints de glace. Certains saints du calendrier (Mamert, Pancrace). Les 4 cavaliers ou cavaliers du froid (...) sont les Saints de Glace (...). Ils détruisent les fleurs, les fruits et la vigne à la fin Avril et au début de Mai (Chass.1970, s.v. saints de glace).
2. Au fig. [P. réf. à la froideur de la glace] Être froid comme glace, comme un bloc de glace. Je voyais d'ailleurs peu à peu ma princesse s'adoucir, se calmer; la glace se fondait sous l'ardeur de ma parole (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 367).
De glace. Sans chaleur, sans effusion, raide, insensible. Âme, cœur, mépris, silence de glace; être d'un froid de glace; demeurer de glace; dire un bonjour de glace; garder un front, un sérieux, un visage de glace. Cet homme (...) qui, de glace pour tout le monde, s'éprenait d'elle comme un jeune homme (A. France, Jocaste,1879, p. 25).Gourmés, silencieux, les enfants offensés rougissent, et restent de glace (Colette, Apprent.,1936, p. 179).
Loc. et expr.
Être en glace. Être complètement froid, inhibé. Malgré moi, je suis en glace. Impossible de dire un mot gentil (Renard, Journal,1895, p. 278).
Se faire de glace. Le baron Duvillard entrait. Elle se fit tout de suite de glace, elle le reçut en jeune reine offensée (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 86).
Jeter de la glace sur qqc. Jeter un froid sur quelque chose. Elle n'ajouta rien qu'un immense éclat de rire; mais l'impassibilité du petit La Baudraye jeta de la glace sur cette explosion (Balzac, Muse départ.,1844, p. 225).
P. métaph. La glace est/fut rompue. Rompre la glace. Faire cesser la froideur initiale, la gêne entre personnes. Il faut que la douce chaleur de la sympathie délivre nos conspirateurs gelés dans leur banquise et résolve la complicité en communauté. Justement, cela s'appelle : rompre la glace (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 192).
C. − P. ext. Crème congelée contenant du lait, du sucre, des fruits, des aromes variés. Synon. crème glacée.Glace au café, à la fraise, à la vanille; cornet de glace; manger, prendre une glace; commander des glaces. À la fin du souper on servit des glaces, dites plombières (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 323).Procope mit à la mode les mousses glacées à base de crème fouettée, qu'on surnomma « glaces à la Chantilly » (Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p. 237).
II. − [P. réf. au poli, au brillant ou à la transparence de la glace]
A. − Plaque de verre ou de cristal, dont les deux faces sont polies. Les glaces des magasins; bris de glaces. Par les glaces des fenêtres, entrait la lumière claire du jardin (Zola, Page amour,1878, p. 813).J'ai failli le précipiter à travers l'une des grandes glaces-fenêtres sur le boulevard (Verlaine, Souv. et fantais.,1896, p. 253).
En partic. Vitre fixe ou mobile d'une voiture, d'un wagon. Baisser, lever la glace. Les glaces de la voiture se givraient (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 292) :
2. ... on a alors songé pour éviter les coupures par éclats dans les accidents de la circulation à rechercher la confection de dispositifs utilisant toujours le verre (...). Les deux principales réalisations sont la glace Triplex et la glace Securit. C. Duval, Verre,1966, p. 94.
Expr. Cirer un parquet à glace. Le cirer de façon à ce qu'il brille comme une glace. Les parloirs à plantes vertes, cirés à la glace (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 113).
B. − Miroir constitué par une plaque de verre uni derrière laquelle une couche de tain a été appliquée. Glace de Bohême, déformante, à deux faces, à main, de poche, à la psyché; armoire à glace. Glaces de Venise à biseaux dans leurs cadres à incrustations merveilleusement sculptées, placées en trumeaux entre les croisées (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 359).Ils purent s'admirer dans la glace, transformés en mariés de mardi gras (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 13) :
3. Louis XV, voulant se concilier l'amitié du sultan, ne trouvait pas de plus beau présent à lui faire, que de lui envoyer un miroir sortant de la Manufacture royale. On voit, par ces quelques exemples, de quelle faveur jouissaient alors les glaces coulées. H. Havard, La Verrerie, Paris, Delagrave, s.d. [ca1895], p. 190.
En partic.
La Galerie des Glaces (au château de Versailles). Aux fêtes de Versailles, les bijoux des courtisans scintillent à l'envi aux mille lumières de la Galerie des Glaces (Metta, Pierres préc.,1960, p. 10).
[Une glace cassée est parfois considérée comme un mauvais présage] Le miroir allait et venait. Il glissa, tomba... Il était cassé. − Ah! voilà un malheur! (...). J'ai toujours eu peur d'une glace cassée... Ça porte malheur, vous verrez! (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 234).
Pop., vx. Passer devant la glace. ,,Payer sa consommation, au bistro, où, d'ordinaire, une glace égaie le comptoir`` (Esn. 1966).
Glace sans tain*.
C. − P. anal.
1. JOAILL. ,,Petite tache d'un diamant qu'on appelle aussi givrure`` (Ac. 1932), qui réduit sa valeur.
2. ART CULIN.
a) CUIS. Fond de cuisson concentré utilisé pour certaines sauces. Glace de gibier, de poisson, de volaille. (Ds Lasnet 1970).
b) PÂTISS. Couche brillante et lisse à base de sucre et de blanc d'œuf dont on recouvre certains gâteaux et confiseries. (Ds Ac. Gastr. 1962). Emploi adj. Sucre glace. Sucre en poudre très fin dont on saupoudre certains gâteaux, ou que l'on utilise avec du jus de fruit, ou un colorant pour les recouvrir. Faire un sucre glace au citron, à la framboise (Ds Lar. Lang. fr.).
REM.
Glacerie, subst. fém.Industrie ou commerce des glaces de verre. Glacerie de Saint-Gobain. Colbert chargea l'ambassadeur de France à Venise, François de Bouzy, de dérober les secrets de fabrication des glaces et de capter des ouvriers, ce qui permit de fonder en 1665, rue Saint-Antoine, à Paris, la première glacerie (C. Duval, Verre,1966, p. 7).
Prononc. et Orth. : [glas]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. glass. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 « eau congelée » (Eneas, 3994 ds T.-L.); 2. ca 1165 fig. (B. de Ste-Maure, Troie, 17564, ibid. : la resplendor qu'ist de sa face [de Polixène] Li met el cors freidor e glace); 3. 1176 « miroir » (Chr. de Troyes, Cliges, éd. A. Micha, 801); 4. 1669 « sorbet » (Widerhold Fr.-All. ds FEW t. 4, p. 141b); 5. 1680 pâtiss. (Rich.). Du b. lat. glacia (TLL s.v. glacies, 2001, 26; Vään., § 231), class. glacies « glace, glaçon; dureté, rigidité ». Fréq. abs. littér. : 4 349. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 277, b) 6 914; xxes. : a) 7 287, b) 5 900. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 10, 302. - Gir. 1834, p. 48. - Guerlin de Guer (Ch.). Notes de dialectol. pic. et wallonne. R. du Nord. 1934, t. 20, pp. 29-39. - Rog. 1965, p. 65. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 91. - Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1955, pp. 338-340; 1965, pp. 83-86. - Uren (O.). Le vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 210. - Versini (L.). Néol. et tours à la mode dans Angola. In : [Mél. Pintard. (R.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1975, t. 13, no2, p. 521.

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

glace \ɡlas\ féminin

  1. Eau à l’état solide.
    • Cette glace fondait un tantinet à midi mais regelait le soir, et, chaque matin, on commençait par la repolir avec amour. — (Louis Pergaud, Deux Veinards, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Les glaces de la mer Blanche n’avaient que peu de rapports avec celles de la banquise, et les cargos étaient précédés et convoyés par de remarquables « brise-glaces ». — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Quand éclata la masse, Alexis était debout sur la falaise, et, riant, montrait le bois qui se culbutait dans la rivière comme les glaces dans le bouscueil du printemps. — (Félix Antoine Savard, Menaud: maître-draveur, Fides, 1944, page 45)
    • Je m'explique: nos usines cédulent le départ et l'arrivée des bateaux, leur fournissant la quantité de glace nécessaire pour qu'ils rapportent le poisson dans le meilleur état de fraîcheur possible. — (La pêche au Canada, n° 2 à 6, Ministère des Pêcheries du Canada, 1971, page 3)
  2. (Par métonymie) Zéro degré Celsius, température de l’eau qui gèle.
    • (Vieilli) Le thermomètre est à glace.
    • Vin de glace, vin dont on a vendangé les raisins alors qu’il avait commencé à geler.
  3. (Par analogie) (Miroiterie) Table de verre blanc de dimension quelconque et d'une égale épaisseur, dont les deux faces sont polies, et qui, au moyen de l’étain préparé appliqué sur une des faces, reflète fidèlement l’image des objets. En termes de miroiterie, un miroir est une glace de petite taille.
    • De petits miroirs, unis l’un à l’autre par des ornements d’argent, simulaient une glace entière, perfection alors inconnue, et multipliaient partout leurs facettes étincelantes. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, chapitre XX, 1826)
    • Henri tournait le dos, mais voyait la scène dans une glace, […]. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VI)
    • Une glace munie d’une tablette en bois blanc se trouvait fixée contre un des murs et éclairée par deux ampoules sans abat-jour. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Elle disposa les fleurs au chevet, fit arrêter le balancier de l’horloge, voiler les glaces et les miroirs, fermer les fenêtres et cacher les portraits. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 21)
    • Les glaces d’un appartement sont censées mises à perpétuelle demeure lorsque le parquet sur lequel elles sont attachées fait corps avec la boiserie. — (Article 525 du Code civil français)
  4. (Par extension) (Familier) Miroir portatif.
    • Un cantinier qui se rase sur l’accotement, sa glace pendue à un cerisier, attend avec nervosité, la figure débordant de mousse, que nous ayons fini de faire trembler la route. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
  5. (Par analogie) Vitrage.
    • Ils guignaient depuis longtemps, pour leur nouvelle installation, […], une petite boutique, en forme de hangar, avec une vitrine d’une seule glace et une unique pièce sur le derrière. — (H.G. Wells, La Guerre dans les Airs, 1908 - Traduit en 1910 par Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, édition 1921, page 47)
  6. (Cuisine) Crème glacée, en général aromatisée aux fruits et servie à la fin d’un repas ou comme rafraîchissement.
    • Mais pourquoi donc ? Parce que les carences en fer accompagnées d’anémie entraînent fréquemment un comportement que l’on appelle le « pica ». Il se traduit, huit fois sur dix par une… pagophagie, ce qui signifie une absorption massive de glaces ; glaçons en cube, et non pas des glaces en cornet. — (Jean-Marie Bourre, Les Aliments de l’intelligence : Et du plaisir, éditions Odile Jacob, 2001)
    • À dix-sept heures, comme un grand nombre d’amoureuses locales, je reçus un kori à la grenadine. Je croquai la glace pilée et colorée avec enthousiasme. — (Amélie Nothomb, Ni d’Ève ni d’Adam, Albin Michel, Paris, 2007, p. 66)
  7. (Cuisine) Préparation servant à napper, à réaliser le glaçage d’un mets, → voir demi-glace.
    • Nappez les pâtisseries avec une glace de blanc d’œuf sucré.
  8. Petite tache d’un diamant.
  9. (Textile) Nom donné au XVIIIe siècle à certains brocarts d’or ou d’argent d’aspect lisse comme un miroir.
  10. (Québec) (Populaire) Aire elle-même, sur laquelle évoluent les joueurs de hockey.
    • Après une défaite en prolongation vendredi à Sherbrooke, l’entraîneur-chef de l’Océanic de Rimouski Serge Beausoleil a rappelé à ses joueurs les pièges à éviter pour l’affrontement d’aujourd’hui face aux Saguenéens sur leur glace de dimensions olympiques. — (Alexandre d’Astous, Éviter le piège de la grande glace, Le Journal de Québec, 20 novembre 2021)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GLACE. n. f.
Eau congelée et durcie par le froid. Passer la rivière sur la glace. Patiner sur la glace. Bloc de glace. Banc de glace. Elliptiquement, Les glaces du pôle. Leur navire fut pris dans les glaces. Il se dit aussi de l'Eau congelée artificiellement par des procédés chimiques. Rafraîchir l'eau, le vin avec de la glace. Il se dit particulièrement du Degré qui, dans les thermomètres, indique la température de la glace fondante, et qui est marqué d'un zéro, parce que c'est de ce degré que l'on commence à compter. Le thermomètre est à glace. Fig. et fam., Être ferré à glace, ou simplement Être ferré sur un sujet, Le connaître si à fond qu'on ne puisse être pris en défaut. Fig. et fam., Rompre la glace, faire les premiers pas dans une affaire ou Faire les premières avances dans les relations, dans une conversation. Personne n'osait lui faire cette proposition, je me suis hasardé à rompre la glace. Nous hésitions à nous parler, il a rompu la glace. Fig., Être de glace, Rester insensible à une prière, à une demande, n'en être nullement touché. Recevoir une requête, recevoir quelqu'un avec un visage de glace. Fig. et poétiq., Les glaces de l'âge, L'engourdissement de vieillesse. Il se dit, en termes de Confiserie, de Liquides de certains sucs, de certains fruits que l'on fait congeler et que l'on sert à la fin d'un repas ou dans la journée comme rafraîchissement. Glace à la vanille, au citron, au chocolat, etc. Prendre une glace. Servir des glaces à un goûter, dans un bal. Il se dit encore d'une Sorte de vernis, fait de sucre et de blanc d'œuf, dont les pâtissiers couvrent certains gâteaux. Il se dit, par analogie, des Plaques de verre ou de cristal dont on fait des miroirs, des vitrages, et qui ont l'éclat de la glace. Glace de Venise. Uni, brillant comme une glace. Ce métal se polit comme une glace. Manufacture de glaces. Couler une glace. Étamer une glace. Appartement orné de glaces. Il se dit particulièrement des Miroirs d'une certaine dimension plus ou moins grande. Se regarder dans une glace. Il se dit aussi des Vitres mobiles d'une voiture. Lever la glace, les glaces d'une voiture. Baisser la glace. Il se dit encore d'une Petite tache d'un diamant qu'on appelle aussi GIVRURE. Voyez ce mot.

Littré (1872-1877)

GLACE (gla-s') s. f.
  • 1Eau congelée, solidifiée par le froid. Là certes le sommeil à la crainte fait place, Et je me suis trouvée aussi froide que glace, Mairet, Sophon. v, 4. Il fait, dit-elle, un temps froid comme glace, La Fontaine, Court. Rien ne peut arrêter sa vigilante audace : L'été n'a point de feux ; l'hiver n'a point de glace, Boileau, Lutr. II. La glace et le feu sont les éléments de la mort ; la chaleur tempérée est le premier germe de la vie, Buffon, Quadrup. t. IV, XXIX, dans POUGENS. Avant la publication de l'excellent écrit de l'illustre Mairan sur la formation de la glace, on était bien loin de soupçonner tout ce que ce phénomène si commun renferme de curieux, Bonnet, Contempl. nat. Œuv. t. VIII, p. 212, note 13, dans POUGENS. Rustan descend : d'un pied il touche encor la glace, L'autre foule déjà les tapis verdoyants ; D'un pas le chevalier a franchi tout l'espace Qui sépare en ces lieux l'hiver et le printemps, Masson, Helv. II. Enfin, vers minuit, le passage a commencé ; mais les premiers qui s'éloignent du bord avertissent que la glace plie sous eux, qu'elle s'enfonce, qu'ils marchent dans l'eau jusqu'aux genoux ; et bientôt on entend ce frêle appui se fendre avec des craquements effroyables qui se prolongent au loin comme dans une débâcle, Ségur, Hist. de Nap. x, 9. Il y eut des endroits où il fallut franchir de larges crevasses et sauter d'une glace à l'autre, au risque de tomber entre deux et de disparaître pour jamais, Ségur, ib. Leur chef voulut alors tenter le passage de quelques voitures chargées de ces malheureux [les blessés] ; mais, au milieu du fleuve, la glace s'affaissa et s'entr'ouvrit, Ségur, ib. Et réellement, dès qu'épuisés ils s'arrêtaient un instant, l'hiver, appesantissant sur eux sa main de glace, se saisissait de cette proie, Ségur, ib. XII, 2. On était parvenu à faire prendre les armes à une division napolitaine ; on la fit même sortir de la ville ; mais les fusils s'échappèrent des mains de ces hommes transplantés d'un sol brûlant dans une région de glace ; en moins d'une heure tous rentrèrent désarmés, et la plupart estropiés, Ségur, ib. XII, 3. Les soldats du 4e régiment coururent en furieux contre l'ennemi, contre la montagne de neige et de glace dont il était le maître et contre l'ouragan du nord, car ils avaient tout contre eux, Ségur, ib. IX, 13. Salut ! brillants sommets, champs de neige et de glace, Vous qui d'aucun mortel n'avez gardé la trace, Vous que le regard même aborde avec effroi, Lamartine, Méd. II, 13.

    Glaces de fond, glaces qui se forment au fond des rivières et qui deviennent ensuite glaçons flottants.

    Glaces flottantes, ou, simplement, glaces, pièces de glace qui se détachent des côtes des régions polaires, et qui, flottant dans la mer, vont échouer au loin. Le lendemain on vit une autre glace évaluée à 56 mètres de hauteur visible, Rev. de l'inst. publ. 19 déc. 1861, p. 606.

    Glace bleue, glace se produisant dans les glaciers avec la couleur bleue sous la forme de bandes alternant avec des bandes de glace blanche.

    Ferrer un cheval à glace, le ferrer avec des fers cramponnés pour empêcher qu'il ne glisse.

    Fig. Être ferré à glace sur une matière, y être fort et très capable de s'y défendre.

    Rompre la glace, la casser ; et fig. hasarder une démarche hardie, entamer une explication délicate, être le premier à traiter un sujet. Un médecin d'Angleterre [Harvey], auquel il faut donner la louange d'avoir rompu la glace en cet endroit [la circulation du sang], et d'être le premier qui a enseigné…, Descartes, Méth. v, 7. Le baron de Beauvais était fin courtisan et gâté, mais ami à rompre des glaces auprès du roi avec succès, Saint-Simon, 14, 159. Fais comme tu voudras [tutoie-moi, si tu veux], Bourguignon, voilà la glace rompue, puisque cela divertit ces messieurs, Marivaux, Jeux de l'am. et du has. I, 6.

  • 2La glace que l'on emploie pour remédier à certains états maladifs. Mettre de la glace sur la tête d'un malade.

    La glace qu'on emploie pour rafraîchir les boissons. Par le chaud qu'il faisait nous n'avions point de glace ; Point de glace, bon Dieu ! dans le fort de l'été, Au mois de juin !…, Boileau, Sat. III.

    Glace frite, glace préparée par les cuisiniers chinois qui ont un secret pour la faire frire, et qui utilisent pour cela un phénomène de physique où une incandescence extérieure n'empêche pas le froid de se conserver en dedans.

  • 3Il se dit particulièrement du degré qui, dans les thermomètres, indique le point de congélation et est marqué d'un zéro, parce que c'est de ce degré que l'on commence à compter en dessus ou en dessous. Le thermomètre est à deux degrés au-dessus de glace ; à dix degrés au-dessous de glace.
  • 4 Fig. Froid intérieur causé par des impressions morales, par l'âge. A ces mots tombant sur la place Transi d'une mortelle glace, Malherbe, V, 20. Quand l'âge dans mes nerfs a fait couler sa glace, Corneille, Cid, I, 3. Et toi, de mes exploits glorieux instrument, Mais d'un corps tout de glace inutile ornement, Fer jadis tant à craindre…, Corneille, Cid. I, 7. Je ne sais quel malheur aujourd'hui me menace Et coule dans ma joie une secrète glace, Corneille, Rodog. I, 5. Il ne sent plus le poids ni les glaces de l'âge, Boileau, Lutr. V. L'amour s'éteint sous les glaces de l'âge, Rousseau, Hél. II, 20.
  • 5 Fig. Insensibilité, indifférence. De ces beautés dont les appas Ne sont que rigueur et que glace, Malherbe, IV, 5. C'est bien un courage de glace Où la pitié n'a point de place, Malherbe, V, 10. Ses flammes d'aujourd'hui seront glaces demain, Malherbe, VI, 25. Ne soyez plus de glace à qui brûle pour vous, Corneille, Mél. I, 2. Cette indiscrète ardeur tourne bientôt en glace, Corneille, Poly. III, 3. Sa prison a rendu le peuple tout de glace, Corneille, Héracl. IV, 1. Et je verrai toujours votre cœur plein de glace, Corneille, Sertor. III, 4. L'homme est de glace aux vérités ; Il est de feu pour le mensonge, La Fontaine, Fabl. IX, 6. Toujours à vous louer il a paru de glace, Molière, Fem. sav. IV, 2. Lorsque nos cœurs sont de glace pour les vains plaisirs, nos mains immobiles pour les rapines, nos yeux fermés pour les vanités, Bossuet, Sermons, Jubilé, Pénit. 3. Il a plu à Dieu de se faire aimer ; et, comme il a vu la nature humaine toute de glace pour lui, toute de flamme pour d'autres objets…, Bossuet, 2e sermon, Annonciat. préambule. Qui n'eut jamais pour Dieu que glace et que froideur, Boileau, Épître XI. Quand je suis tout de feu, d'où vous vient cette glace ? Racine, Phèdre, v, 1.

    Être à la glace, se dit des ouvrages d'esprit qui glacent le lecteur ou le spectateur, qui le laissent sans émotion. Si Corneille avait suivi dans le Cid le plan de l'Académie, le Cid était à la glace, Voltaire, Lett. d'Argental, 4 oct. 1760. Oui, en vérité, mon cher maître, notre théâtre est à la glace ; il n'y a dans la plupart de nos tragédies, ni vérité, ni chaleur, ni action, ni dialogue, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 31 octobre 1761.

  • 6Certaine froideur qui paraît dans les manières et les actions. Vous ne me dites rien ! quel accueil ! quelle glace ! Est-ce ainsi que vos yeux consolent ma disgrâce ? Racine, Brit. II, 6. Est-ce Euthycrate que vous abordez ? quelle glace pour vous ! La Bruyère, XI. Jamais ni M. ni Mme de Chevreuse ne purent fondre à leur égard les glaces de M. et Mme de Chaulnes, Saint-Simon, 27, 58.
  • 7Sorte de sorbet à la glace. Glace à la vanille. Les glaces furent faites pour la première fois à Paris, en 1660, par l'Italien Procope. Prendre une glace.

    En ce sens, glace n'est dans le Dictionnaire de l'Académie qu'à partir de 1762 et au pluriel. D'après Mme de Genlis, on disait bien prendre des glaces, mais non prendre une glace ; il fallait dire : j'ai pris une ou plusieurs tasses de glaces, Mém. t. V, p. 91, éd. 1825. Cette remarque, qui venait de ce que glace n'était dans le dictionnaire qu'au pluriel, n'a plus de raison d'être aujourd'hui.

    Demi-glace, la moitié d'une glace.

  • 8 Terme de cuisine. Jus de viande ou fond de cuisson réduit jusqu'à ce que la partie aqueuse en soit assez évaporée pour que le jus ait une consistance tremblante. Filet de bœuf sauté dans sa glace.
  • 9 Terme de confiseur. Espèce de vernis fait de sucre et de blanc d'œuf, dont on recouvre certaines pâtisseries.
  • 10Plaques de verre, de cristal dont on fait des miroirs. Couler une glace. Étamer une glace.

    Il se dit particulièrement des miroirs de grande dimension. Appartement orné de glaces. Une belle glace de nos manufactures orne nos maisons à bien moins de frais que les petites glaces qu'on tirait de Venise, Voltaire, Louis XIV, 30. Vous vous regardez quelquefois au miroir, c'est à Venise que vous devez les glaces, Voltaire, Disc. aux Velches. Dans le satin de ce boudoir Vous souriez à mille glaces, Béranger, Rosette.

    Fig. Les ans terniront cette glace, Où la nature te retrace Les merveilles du saint des saints, Lamartine, Harm. I, 1.

  • 11Plaques de verre de grande dimension que l'on met dans des fenêtres, dans des portes. On la fit entrer dans un salon au rez-de-chaussée, dont les portes de glaces donnaient sur un jardin, Genlis, Mlle de Clermont, p. 93, dans POUGENS.

    Terme d'architecture. Panneau à glace, panneau plan dans un lambris, dans une porte de menuiserie.

  • 12Châssis mobile et vitré d'une voiture. Lever la glace, les glaces d'une voiture. Nous avons baissé les glaces, Sévigné, 425. Il n'y a point [maintenant] de capitaine de cavalerie qui ne fasse le voyage en chaise de poste avec des glaces et des ressorts, Voltaire, Louis XIV, 8.
  • 13Il se dit d'un beau verre de montre. Elle brisait régulièrement tous les jours un éventail, et cassait le grand ressort et la glace de sa montre, Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 209.
  • 14 Terme de joaillier. Espèce de petit nuage qui empêche les pierreries de paraître nettes et transparentes.

    Dans un diamant, tache qui en diminue beaucoup la valeur.

  • 15Pomme de glace, espèce de pomme peu estimée.

REMARQUE

On dit : être froid comme glace, être uni comme glace ; et non être froid comme la glace, être uni comme la glace. Du moins l'usage supprime l'article ; mais il n'y aurait pas de faute à l'employer : Ses pieds sont froids comme la glace.

HISTORIQUE

XIIe s. Et vos [votre] douz front qui plus est clair que glace, Couci, X.

XIVe s. Il se fait boin fier en elles vraiement, Autretant que sus glache qui sor une nuit prent, Baud. de Seb. III, 402.

XVIe s. Les seigneurs d'Espagne le prierent un jour de vouloir un peu rompre la glace, Mém. s. du G. ch. 14. Desir m'enflamme, et crainte me rend glace, Du Bellay, J. II, 14, recto. Sus, chauds souspirs, allez à ce froid cœur, Rompez ce glas qui ma poitrine enflamme, Du Bellay, J. II, 24, verso. Et fut le poison, à ce qu'ilz disent, une eaue froide comme glas qui distille d'une roche estant au territoire de la ville de Nonacris, Amyot, Alex. 123. De là ne pouvant plus assieger, au temps que les glaces ne portoient pas, D'Aubigné, Hist. II, 214. Qui peut nier que ceux qui ont escrit les premiers, n'aient beaucoup fait, seulement en montrant le chemin et rompant la glace aux autres ? De Serres, Préf. …Et tousjours la glace eternelle Des fleuves ne bride le cours, Ronsard, 500.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GLACE. - HIST.

XIVe s. Ajoutez : Le glas du [de la] gellée, Rev. critique 5° année, 2e semestre, p. 388.

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Étymologie de « glace »

Bourguign. glaice ; provenç. glas, glatz, s. m. ; glassa, glacha, s. f. ; catal. glas ; ital. ghiaccia, ghiaccio ; du latin glacies, se rattachant à gelu et au sanscrit jala, qui signifie froid et eau.

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(XIIe siècle) Du latin glacies (« glace, glaçon, dureté, rigidité »), par l’intermédiaire du bas latin glacia.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « glace »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
glace glas

Fréquence d'apparition du mot « glace » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « glace »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « glace »

  • « Oui, j’allais à des tas de pique-niques autrefois, dit-il, mais j’ suis pas allé à un seul depuis bien longtemps. Comment, mais vous étiez avec nous ce matin s’écria Dulcie toute surprise. Vous ne vous rappelez pas? Vous avez mangé de la tarte aux pommes et une glace. »
    William Faulkner — L’Arbre aux souhaits
  • L'argent en abondance a un effet plus frigorifique que la glace.
    Sandor Brody — Le départ du boulanger
  • Le hockey sur glace est un savant mélange de glisse acrobatique et de Seconde Guerre mondiale.
    Alfred Hitchcock
  • L'avenir est un miroir sans glace.
    Xavier Forneret — Sans titre, par un homme noir, blanc de visage
  • Composition, teneur en fruits et en arômes, matières grasses... Il existe un code bien précis pour distinguer les sorbets et crèmes glacées des glaces. Explications.
    Femme Actuelle — Glace, sorbet, crème glacée : connaissez-vous la différence ? : Femme Actuelle Le MAG
  • En amour la tiédeur glace.
    Guy Bedos — Libération - 1994
  • Les pauvres ont la glace en hiver et les riches en été.
    Anonyme
  • Si Dracula ne peut pas voir son reflet dans la glace, comment fait-il pour être toujours aussi bien coiffé ?
    Steven Wright
  • Détritus et produits cancérigènes... La glace à la vanille n'est pas toujours aussi savoureuse qu'elle n'y paraît. Christophe Brusset, ancien dirigeant au sein de groupes internationaux de l'agroalimentaire, lève le voile sur les dérives de sa fabrication.
    Femme Actuelle — L’erreur à ne surtout pas faire en achetant de la glace à la vanille : Femme Actuelle Le MAG
  • Le temps nous lâche, lasse, glace et gagne toujours.
    Jean-Jacques Goldman — Que disent les chansons du monde ?
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Traductions du mot « glace »

Langue Traduction
Anglais ice
Espagnol helado
Italien ghiaccio
Allemand eis
Chinois
Arabe جليد
Portugais gelo
Russe лед
Japonais
Basque izotz
Corse ghiaccio
Source : Google Translate API

Synonymes de « glace »

Source : synonymes de glace sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « glace »

Combien de points fait le mot glace au Scrabble ?

Nombre de points du mot glace au scrabble : 8 points

Glace

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