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Ruiner

Définitions de « ruiner »

Trésor de la Langue Française informatisé

RUINER1, verbe trans.

A. −
1. Réduire en ruines (une construction ou un ensemble d'édifices). Synon. détruire.Ruiner un rempart, un village; ruiner une tour. V. intra-muros ex. de Lenoir:
Des villages se nichent dans les ruines d'Antioche ou d'Éphèse. Les catastrophes historiques qui ruinent les villes ne réussissent pas à extirper des lieux où elles avaient pris racine les germes d'établissements humains. Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p. 159.
Empl. abs. Ruiner de fond en comble (Ac.).
Empl. pronom. Tomber en ruine(s). Ce château commence à se ruiner (Ac.).
2. P. ext.
a) Dégrader une chose, la mettre en très mauvais état. Synon. abîmer, délabrer, détériorer.Ma culotte surtout me donne de l'inquiétude. Elle est à ce point ruinée que (...) je sens que c'en est fait d'elle (A. France,Rôtisserie, 1893, p. 263).Empl. pronom. Se dégrader. Aussi dans les pays tropicaux (...) voit-on les cônes des volcans inactifs se ruiner peu à peu par ravinement (Lapparent,Abr. géol., 1886, p. 72).
b) En partic. Dévaster un lieu, ses richesses. Synon. ravager.La foudre qui ruine les moissons engrangées (Balzac,Lys, 1836, p. 206).Une gelée ou une grêle était passée par là, ruinant sa vigne qui fournit seule l'argent de poche (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 225).
3. P. anal.
a) Altérer profondément la santé d'une personne. Synon. délabrer, détruire (v. ce mot A 2).Ruiner les forces de qqn. Les débauches ont ruiné sa santé (Ac.). L'arrestation de sa sœur (...) et d'incessantes alertes achevèrent de ruiner sa constitution ébranlée (A. France,Livre ami, 1885, p. 98).L'application des Allemands à ruiner notre équilibre nerveux (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 265).Empl. pronom. [Le suj. désigne l'état physique d'une pers., d'une partie de son corps] Par le train de vie qu'il avait mené, sa santé s'était ruinée (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 89).Empl. pronom. réfl. indir. [Le suj. désigne une pers.; le compl. son état physique ou (une partie de) son corps] Se ruiner la santé. Elles s'apprêtent bravement à passer trois ans dans une école normale (...) et s'y ruiner l'estomac, qui résiste rarement à trois ans de réfectoire (Colette,Cl. école, 1900, p. 195).
b) MÉD. VÉTÉR., vieilli. Diminuer les forces d'un cheval, altérer la vigueur de ses membres. Synon. user.La chasse a ruiné ce cheval. Le pavé ruine les pieds des chevaux (Ac.).Empl. pronom. S'affaiblir. Les jambes de ce cheval commencent à se ruiner (Ac.1935).
B. − Au fig.
1. [Le compl. désigne une chose abstr.]
a) Altérer profondément quelque chose jusqu'à le faire disparaître; p. ext., détruire complétement et soudainement quelque chose. Synon. anéantir, désagréger (v. ce mot C), détruire (v. ce mot B 1 et 2).
[Le compl. désigne une struct., un syst.] Ruiner un plan, une hypothèse. Un seul fait contraire suffit pour ruiner une théorie (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 222).C'est donc à tort qu'on prétendrait ruiner la métaphysique pour édifier la morale (Blondel,Action, 1893, p. 299).À la forme passive. De 1684 à 1721 l'âme de la peinture française est changée: l'école pompeuse de Le Brun est ruinée (Mauclair,De Watteau à Whistler, 1905, p. 1).Empl. pronom. Des hypothèses matérialistes, qui se remplacent et se ruinent successivement (L. Daudet,Morticoles, 1894, p. 176).
[Le compl. désigne une idée, un sentiment, une valeur, etc.] Ruiner un bonheur, un sentiment; ruiner une espérance, une illusion. Pour délivrer Paule, il fallait ruiner son amour jusque dans le passé (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 496).
b) Faire perdre à quelque chose le crédit qu'il a ou peut avoir dans l'esprit des gens. Ruiner des arguments. Il suffit pour le ruiner [un livre] d'en extraire quelques passages (Sainte-Beuve,Prem. lundis, t. 1, 1827, p. 246).J'ai ruiné l'opinion d'Aristote et démontré l'égalité non seulement des hommes mais encore de tous les êtres vivants (Arnoux,Seigneur, 1955, p. 111).
2. [Le compl. désigne une pers., une collectivité]
a)
α) Provoquer la ruine morale de quelqu'un. C'était un homme qui voulait ruiner Monsieur Fernand Rocher, le déshonorer en jetant aux genoux de sa femme le jeune comte de Château-Mailly (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 3, 1859, p. 533).
Empl. pronom. réfl. Se perdre. [Napoléon] a décliné dès qu'il a cessé de dérouter. Il s'est ruiné pour s'être rendu semblable à ses adversaires (Valéry,Regards sur monde act., 1931, p. 17).
β) En partic. Acculer quelqu'un à la ruine (v. ce mot I B 2 b); faire perdre tous ses biens à quelqu'un. Ruiner un homme complètement. Est-ce vrai, vieux, reprit-elle, que tu as tué ton frère et ton oncle, ruiné ta famille (...)? (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 320).La classe de petits agriculteurs que ruinait alors une crise économique (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p. 99).Empl. pronom. réfl. Causer la perte de ses propres biens, de sa fortune. Se ruiner au jeu, se ruiner pour une femme. Elle s'était ruinée avec un grand nègre, une sale passion qui la laissait sans une chemise (Zola,Nana, 1880, p. 1471).
P. exagér. Faire faire une dépense excessive à quelqu'un, lui faire perdre de l'argent. Ça ne te ruinera pas. Je suis lasse de toutes ces princesses, elles nous ruinent en gazes et en dorures (Janin,Âne mort, 1829, p. 146).Vous ruinez la commune. On goudronne les routes pour les automobiles, et le chemin de Saint-Timothée pour nos charrettes n'est pas fait (Hamp,Champagne, 1909, p. 127).Empl. pronom. réfl. Se ruiner en qqc., se ruiner pour qqn.Dépenser beaucoup d'argent (pour quelque chose/ quelqu'un). Se ruiner en remèdes. S'étant ruiné en frais de copistes, de scribes et de secrétaires (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 16).
b) Ruiner qqn auprès/dans l'esprit de qqn. Faire perdre à quelqu'un la confiance, la considération ou l'influence dont il jouit auprès d'un tiers. Synon. discréditer.L'homme que le parti démocratique détestait le plus, qu'il se flattait d'avoir usé, ruiné, démoli par trois ans de critiques, d'excitations, d'insultes (Proudhon,Révol. sc., 1852, p. 58).Il y suffit [en France] d'un mot, d'un trait heureux (...), pour ruiner dans l'esprit public, en quelques instants, des puissances et des situations considérables (Valéry,Regards sur monde act., 1931, p. 116).Empl. pronom. réfl. Se discréditer (auprès de/dans l'esprit de quelqu'un). Il s'en fallut de peu (...), qu'il ne se ruinât tout à fait dans l'esprit du Père Malebranche (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 3, 1851, p. 421).
REM. 1.
Ruine-babine(s),(Ruine-babine, Ruine-babines) subst. masc. ou fém.,région. (Canada). Harmonica; guimbarde. C'est sur ce vieux banc que Rosaire s'installait pour jouer de sa « ruine-babines », qui n'était rien d'autre qu'une guimbarde et de ses musiques à bouche (Cl. Jasmin, Et puis tout est silence, 1970, p. 76 ds Richesses Québec 1982, p. 2048).
2.
Ruinoter (se), verbe pronom.,hapax. Il s'était ruinoté et avait épousé une demoiselle Borel (Stendhal,H. Brulard, t. 1, 1836, p. 348).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɥine], (il) ruine [ʀ ɥin]. Homon. ruiner2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xiiies. intrans. « tomber, s'enfoncer » (Récits Menestrel de Reims, éd. N. de Wailly, § 161, p. 84, leçon du ms. A Brit. Mus. Add. 11753: [li vaissiaus] ... bien cousuz ... fu assis sour liege en tel maniere qu'il ne povoit ruiner [autre var. tumeir]) − xvies., Hug.; 2. 1358 intrans. « tomber en ruine (en parlant d'un édifice) » (Arch. nat. MM 28, fol. 80 r ods Gdf. Compl.); 1534 trans. « abattre, renverser, laisser à l'état de ruine » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, XXXIV, 55, p. 211); 1552 maison ruinée (Est., s.v. ruo, ruina); 1587 empl. p. image s'appuyer sur un fondement ruiné (en parlant d'appuis politiques) (Lanoue, Discours pol. et littér., Basle, F. Forest, p. 655). B. Fig. 1. Ca 1350 trans. « causer la perte des biens » (Gilles Li Muisis, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 160: Si voit on par les cours les plais déterminer, Les eslieus et les monnes de florins affiner. Advocat sont dolant, quand vont si tost finer; Empris bien les avoient de tout en tout ruiner); 1587 réfl. (Lanoue, op. cit., p. 557); 1679 part. passé adj. (E. Fléchier, Oraisons funèbres, Lamoignon, Paris, Libraires associés, 1808, p. 103); 2. 1538 trans. « détruire, réduire à néant » (Est., s.v. evertere [aliquem]; s.v. frangere: rompre et ruiner la domination tyrannique d'aucun); 1559 ruiner l'empire romain (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Cicéron, 27, éd. G. Walter, t. 1, p. 764); id. réfl. en parlant d'une personne (Id., op. cit., Cicéron, 58, t. 1, p. 789); av. 1704 part. passé adj. [ville] ruinée par son opulence (Bossuet, Sermons, Septuag., 1 ds Littré); 3. 1580 « mettre à bas, anéantir (un raisonnement, une preuve) » (Montaigne, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 571: Les Pyrrhoniens ne se servent ... de leur raison que pour ruiner l'apparence de l'experience). Dér. de ruine*; dés. -er. Le lat. médiév. ruinare est relevé au xiies. par Latham et Nierm. Fréq. abs. littér.: 1 127. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 092, b) 1 571; xxes.: a) 1 455, b) 1 288. Bbg. Quem. DDL t. 25 (s.v. ruinant).

RUINER2, verbe trans.

CONSTR. Entailler latéralement une solive, un poteau pour donner plus de prise à la maçonnerie des entrevous. Ruiner une solive (Lar. Lang. fr.).
Prononc.: [ʀ ɥine], (il) ruine [ʀ ɥin]. Homon. ruiner1. Étymol. et Hist. part. passé adj. 1676 (Félibien, p. 729: Ruiné et tamponné, lorsque l'on fait un plancher, l'on entaille les costez des solives ... cela se nomme ruiné). Var. de l'a. fr. roisnier (rouanner*).

Wiktionnaire

Verbe - français

ruiner \ʁɥi.ne\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se ruiner)

  1. Détruire, transformer en ruine, abattre.
    • Ruiner un édifice, une ville.
    • Ce château commence à se ruiner.
    • Les débauches ont ruiné sa santé.
    • Ruiner les arguments d’un adversaire.
  2. Causer la perte des biens, de la fortune.
    • Ruiner un homme entièrement, complètement.
    • Les guerres ont ruiné cette nation.
    • Il s’est ruiné au jeu.
    • Cet homme se ruine en folles dépenses.
  3. (Vieilli) User et détériorer les chevaux.
    • La chasse a ruiné ce cheval.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RUINER. v. tr.
Abattre, démolir, détruire. Ruiner un édifice, une ville. Ruiner de fond en comble. Ce château commence à se ruiner, Il commence à tomber en ruine.

RUINER s'emploie aussi au figuré et signifie Détruire. Cette affaire a ruiné son crédit. Les débauches ont ruiné sa santé. Ruiner les arguments d'un adversaire. Il signifie particulièrement, au figuré, Causer la perte des biens, de la fortune. Ruiner un homme entièrement, complètement. Ruiner sa maison, sa terre. Les guerres ont ruiné cette nation. Il s'est ruiné au jeu. Cet homme se ruine en folles dépenses. Il se dit spécialement des Causes qui usent et détériorent les chevaux. La chasse a ruiné ce cheval. Le pavé ruine les pieds des chevaux. Les jambes de ce cheval commencent à se ruiner. Le participe passé

RUINÉ s'emploie adjectivement et signifie Qui a perdu sa fortune. Cette famille est ruinée.

Littré (1872-1877)

RUINER (ru-i-né) v. a.
  • 1Mettre en ruine, démolir, détruire. On se dispose à mettre une batterie sur l'ouvrage à corne, pour ruiner leurs remparts qui sont peu de chose, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 341. Scipion Aemilien rétablissait la discipline militaire ; et ce grand homme, qui avait détruit Carthage, ruina encore en Espagne Numance, la seconde terreur des Romains, Bossuet, Hist. I, 9. Il n'y eut point d'inventions et de stratagèmes dont les assiégés ne s'avisassent pour ruiner les travaux des ennemis, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. VI, p. 272, dans POUGENS. La ville de Catane, qui est au pied de la montagne [Etna], a été souvent ruinée par les torrents des laves qui sont sorties…, Buffon, Add. Théor. terr. Œuvr. t. XIII, p. 63. Il faut ruiner un palais pour en faire un objet d'intérêt, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 421, dans POUGENS. La mer Baltique a gagné peu à peu une grande partie de la Poméranie ; elle a couvert et ruiné le fameux port de Vineta, Buffon, Hist. nat. preuv. théor. terr. Œuvr. t. II, p. 433. Le résultat de ce mémoire est que Cyrus bâtit le palais de Persépolis, qu'Alexandre n'en brûla qu'une partie, et que la ville de Persépolis, aujourd'hui Issthakar, ne fut ruinée que par les généraux d'Aly à l'époque où l'islamisme se répandit dans la Perse, Mongez, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. III, p. 302.

    Absolument. Sans qu'on pense que pour cela cette liberté [le libre arbitre] soit détruite, puisqu'il n'y a rien qui convienne moins à celui qui fait, que de ruiner et de détruire, Bossuet, Lib. arb. 10.

  • 2Ravager. La grêle a ruiné toutes les vignes. Le sanglier de la forêt l'a toute ruinée, Sacy, Bible, Psaumes, LXXIX, 14. Il leur donna ordre d'aller dans le pays de Juda et de ruiner tout, selon que le roi l'avait commandé, Sacy, ib. Machab. I, III, 39. Les Russes ruinaient également amis et ennemis [en Pologne] ; on ne voyait que des villes en cendre, Voltaire, Charles XII, 3.
  • 3 Fig. Perdre, effacer, détruire, en parlant de choses que l'on compare à des édifices qu'on ruine. Je ne dis pas ceci pour ruiner la révérence que nous devons à ceux qui nous ont engendrés, Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, III, 36. Plusieurs expériences ont ruiné toute la créance que j'avais ajoutée à mes sens, Descartes, Médit. VI, 6. Mais souvent un instant ruine une entreprise, Rotrou, Bélis. II, 8. La loi de Dieu est ruinée par cette décision, Pascal, Prov. XII. Vous tâchez de ruiner ma réputation, Pascal, ib. VII. Ah, fi ! comme vous dites, des mauvaises têtes, cela gâte tout, et ruine même la société, Sévigné, 29 janv. 1690. Ce redoutable parti [de Catilina] fut ruiné par l'éloquence de Cicéron, Bossuet, Hist. I, 9. En déplorant vainement les fautes qui ont ruiné nos affaires, Bossuet, Reine d'Anglet. Gratien avait entrepris de ruiner la religion des païens, que son père, par politique, avait toujours épargnés, Fléchier, Hist. de Théodose, III, 4. Une source de désordres qui ruinent presque inévitablement la charité et la justice parmi les hommes, Bourdaloue, 10e Dim. après la Pentec. Domin. t. III, p. 195. Toute l'assemblée émue lui demanda comment il osait dire qu'une action qui donnerait une victoire certaine à la ligue pourrait la ruiner, Fénelon, Tél. XX. On y avait mêlé [à l'Église] des traditions humaines qui en ruinaient l'esprit, Massillon, Panégyr. St Bernard. Après avoir détruit les armées d'un prince, ils [les Romains] ruinaient ses finances par des taxes excessives ou un tribut, Montesquieu, Rom. 6.
  • 4Infirmer, en parlant de raisonnements, d'arguments, d'hypothèses. Par ce mot seul je ruine tous vos raisonnements, Pascal, Juifs, 6, éd. FAUGÈRE. L'un [Épictète] établissant la certitude, l'autre [Montaigne] le doute, l'un la grandeur de l'homme, l'autre sa faiblesse, ils ruinent les vérités aussi bien que les faussetés l'un de l'autre, Pascal, Entret. avec M. de Saci. Toute expérience, comme tout raisonnement, ruine les tourbillons [de Descartes], Voltaire, Phil. Newt. III, 2. Il [saint Justin] exposa leur doctrine [des chrétiens] ; il ruina les calomnies dont on les noircissait…, Condillac, Hist. anc. XV, 6.

    Ruiner quelqu'un, lui ôter son crédit, sa réputation. Certes c'est mériter le mal qu'on nous destine, Que de laisser debout celui qui nous ruine, Du Ryer, Scévole, V, 5. Ce n'est qu'un péché véniel de calomnier et d'imposer de faux crimes pour ruiner de créance ceux qui parlent mal de nous, Pascal, Prov. X.

    Ruiner quelqu'un auprès d'un autre, le discréditer auprès de cet autre. Pour le vidame de Chartres, il fut ruiné auprès d'elle, La Fayette, Princ. de Clèves, Œuvr. t. II, p. 152, dans POUGENS. On ne doutait pas qu'il [Mazarin] n'eût ruiné la reine mère dans l'esprit du roi aussi bien que beaucoup d'autres personnes ; mais on ignorait celles qu'il y avait établies, La Fayette, Hist. Henr. d'Angl.

  • 5Faire perdre la fortune. Tu es assez furieux pour te prendre à Dieu, à sa providence, de toutes les bizarreries d'un jeu excessif qui te ruine, Bossuet, Sermons, Nécess. de la pénit. 1. Abréger les mauvais jours que le procès donne à des misérables, qui ne sont pas moins ruinés par la longueur des procédures que par l'erreur des jugements, Fléchier, le Tellier. Pour obtenir les priviléges des jurisconsultes, il suffisait d'avoir de quoi les acheter… les fortunes des particuliers tombaient entre les mains de ces ignorants volontaires à qui le pouvoir de les défendre était un titre pour les ruiner, Fléchier, ib.

    Absolument. Vous souvenez-vous quand nous disions quelquefois : il n'y a rien qui ruine comme de n'avoir point d'argent, nous nous entendions bien ? Sévigné, 601.

  • 6User, détériorer, en parlant du corps, de la santé. Jusqu'à passer les nuits entières dans la contemplation des choses divines, jusqu'à s'exténuer et se ruiner le corps par leurs fréquentes et sanglantes austérités, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 371. J'en ferais bien autant, si je voulais ruiner ma santé et un libraire, Montesquieu, Lettr. pers. 108. Cette méthode ruine le tempérament, Rousseau, Ém. IV.

    Par extension. L'attachement à une même pensée fatigue et ruine l'esprit de l'homme, Pascal, Pass. de l'amour.

  • 7Il se dit des chevaux en un sens analogue. La chasse a ruiné ce cheval. Le pavé ruine les pieds des chevaux.
  • 8Se ruiner, v. réfl. Tomber en ruines. Ces murailles à demi élevées, qui se ruinent parce qu'on néglige de les achever, Bossuet, Panég. de sainte Cather. 1.

    Fig. C'est par là que se ruinèrent les affaires de l'Assyrie et d'un si grand roi, Bossuet, Polit. X, III, 4.

  • 9Perdre sa fortune, sa santé, etc. Le corps se ruine par les grandes fatigues. Ceux qui se ruinent me font pitié ; c'est la seule affliction dans la vie, qui se fasse toujours sentir également, et que le temps augmente, au lieu de la diminuer, Sévigné, 62. Je me suis un peu ruiné, mon cher ami, en bâtiments et en châteaux, Voltaire, Lett. Thiriot, 5 déc. 1759. Perdant son argent en dupe, il s'est ruiné sans éclat et comme un sot, Genlis, Veillées du château t. I, p. 349, dans POUGENS.

    On dit de même : La santé se ruine par les débauches.

  • 10Être l'un pour l'autre cause de ruine. Depuis que la justice gémit sous un amas de lois et de formalités embarrassées, et qu'on s'est fait un art de se ruiner les uns les autres par la chicane, Fléchier, Lamoignon.

    Fig. Elles [les passions de l'ambition et de l'amour] s'affaiblissent l'une l'autre réciproquement, pour ne pas dire qu'elles se ruinent, Pascal, Pass. de l'amour.

HISTORIQUE

XIVe s. Nul ne ruine ou abat son mur pour se nuire, ne nul ne emble à soy meisme ce qui est sien, Oresme, Eth. 168.

XVe s. Mais cuer et corps et finance ruiner M'a fait du tout femme artificieuse, Deschamps, Femme et enf.

XVIe s. Si ta maison debvoyt ruiner, falloit il…, Rabelais, Garg. I, 31. À grandz coups abattit et tours et forteresses ; et ruyna tout par terre, Rabelais, ib. I, 34. Il avoit preservé la ville de Rome, et gardé de ruiner l'empire romain, Amyot, Cicér. 27. Peu après il s'apperceut bien qu'il s'estoit ruiné luy mesme, et avoit quant et quant perdu la liberté de son païs, Amyot, ib. 58. Des machines d'artillerie pour ruiner et demollir les villes, Amyot, Démétr. 59. S'appuyer sur un fondement ruiné, Lanoue, 549. Une amitié molle et indiscrette, en laquelle il advient ce qui se veoid au lierre, qu'il corrompt et ruyne la paroy qu'il accole, Montaigne, IV, 151.

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Étymologie de « ruiner »

Ruine ; Berry (Ouest), rouiner ; prov. reunar ; espagn. et port. ruinar ; ital. rovinare, ruinare.

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(Date à préciser) Dénominal de ruine.
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Phonétique du mot « ruiner »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ruiner rµine

Fréquence d'apparition du mot « ruiner » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ruiner »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ruiner »

  • Notre raison n'est propre qu'à brouiller tout et qu'à faire douter de tout : elle n'a pas plus tôt bâti un ouvrage qu'elle vous montre les moyens de le ruiner.
    Pierre Bayle — Dictionnaire historique et critique
  • Les uns font semblant de se ruiner ; c’est pour émouvoir la compassion des gens simples. Les autres font semblant de s’enrichir ; c’est pour surexciter les instincts d’envie et de cupidité des masses.
    Alexandre Pothey — La Muette
  • La meilleure façon de faire du tort à un riche, c’est de le ruiner.
    John Landis — Un fauteuil pour deux
  • Il faut ruiner plus creux que par notre vengeance. Nos promesses, nos témoins doivent périr.
    André Frénaud — Il n'y a pas de paradis, Gallimard
  • Mon mari et moi, on hésite entre faire un enfant ou acheter un chien. On ne sait pas encore si on veut ruiner nos vies, ou seulement nos tapis.
    Rita Rudner
  • Le plus sûr moyen de ruiner un pays est de donner le pouvoir aux démagogues.
    Denys d’Halicarnasse — Antiquités romaines
  • Le plus grand mal que fait un ministre n’est pas de ruiner son peuple, il y en a un autre mille fois plus dangereux : c’est le mauvais exemple qu’il donne.
    Montesquieu
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    Frandroid — Cdiscount déstocke 6 PC gamer pour jouer sans se ruiner pendant les soldes
  • On ne peut ruiner que celui qui fut riche Et l’on ne peut tromper que celui qu’on aima...
    Francis Blanche — Mon oursin et moi
  • La façon la plus sûre de ruiner un homme qui ne sait pas gérer son argent est de lui en donner davantage.
    George Bernard Shaw

Traductions du mot « ruiner »

Langue Traduction
Anglais ruin
Espagnol ruina
Italien rovinare
Allemand ruine
Chinois 废墟
Arabe خراب
Portugais ruína
Russe разорение
Japonais 滅ぼす
Basque ruina
Corse ruinà
Source : Google Translate API

Synonymes de « ruiner »

Source : synonymes de ruiner sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « ruiner »

Combien de points fait le mot ruiner au Scrabble ?

Nombre de points du mot ruiner au scrabble : 6 points

Ruiner

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