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Bâtir

Définitions de « bâtir »

Trésor de la Langue Française informatisé

BÂTIR1, verbe trans.

COUT. Assembler (les pièces d'un vêtement) en (les) faufilant. Cette robe n'est pas cousue, elle n'est que bâtie (Ac.1835-1932) :
1. Je la vois passer devant ma fenêtre, les pieds enfouis dans des souliers d'homme, habillée d'une veste noire dont les coutures ne sont que bâties avec du fil blanc, comme pour un essayage, ... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 278.
Emploi abs. Assembler au moyen d'un faufil les pièces d'un vêtement :
2. Parfois, elle faisait, à la cantonade, quelque confidence pensive touchant son travail. Elle disait : « Je vais bâtir. » Je savais bien qu'elle allait prendre une aiguillée de fil et coudre à grands points. J'avais toutefois le temps d'imaginer qu'elle pouvait, par magie, faire surgir de la table des murailles, des palais, des tours. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 63.
Prononc. Cf. bâtir2. Étymol. et Hist. V. bâtir2.

BÂTIR2, verbe trans.

I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. désigne un inanimé concr.] Réaliser sur le sol en superposant, selon un plan établi, des matériaux appropriés.
1. [Le compl. désigne tout ou partie d'un édifice servant gén. à l'habitation] Construire, édifier. Faire bâtir une maison.
a) [Le compl. est exprimé] :
1. Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs Soufflant dans des clairons et frappant des tambours, Cria : « Je saurai bien construire une barrière. » Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière. Et Caïn dit : « Cet œil me regarde toujours! » Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle. Bâtissons une ville avec sa citadelle, Bâtissons une ville, et nous la fermerons. » Alors Tubalcaïn, père des forgerons, Construisit une ville énorme et surhumaine. Hugo, La Légende des siècles,La conscience, t. 1, 1859, p. 49.
P. ext. [Le suj. désigne un animal] L'oiseau bâtit son nid.
Emploi factitif. Faire construire. Bâtir une maison, un hôtel. Anton. détruire, démolir, raser :
2. Léopold [le duc] a toujours voulu créer, éterniser son âme. Par la pierre, d'abord : il bâtissait des murs, murs d'églises et de couvents. Le jour où, faute d'argent, il dut cesser d'assembler des pierres, il ne renonça pas à construire : il assembla et tailla des pierres vivantes. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 277.
[Avec un compl. indiquant le matériau utilisé] Bâtir une maison en (ou parfois de) bois, briques, pierre.
Rem. Cf. aussi infra ex. 8.
Loc. fig. Bâtir des châteaux en Espagne. ,,Faire des projets chimériques`` (DG). Commencer par bâtir la cuisine. ,,S'est dit des communautés qui songeaient à s'assurer un revenu avant de bâtir une église`` (Besch. 1845).
SYNT. Bâtir une cathédrale, une chapelle, un château de cartes (Renan, L'Avenir de la sc., 1890, p. 377), un collège, un édifice, une forteresse, une gare, un monastère, un mur, un palais, une pyramide, un quai, une rue (Balzac, Les Petits bourgeois, 1850), une salle, une villa, une ville. − PARAD. Le sens de bâtir marque une orientation vers la verticalité, d'où la relative fréq. d'oppos. du type bâtir une maison/faire des chemins (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 366), frayer (J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem! 1924, p. 148), tracer, ouvrir (Van der Meersch, Invasion 14, 1935, p. 215 et 394). Noter cependant (l'accent étant alors mis sur l'accumulation méthodique de matériaux que représente l'établissement d'une route) : bâtir des voies romaines (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 492), des chemins (Guéhenno, Journal d'une « Révolution », 1937, p. 83).
b) Emploi abs. La manie de bâtir (Ac.), aimer à bâtir :
3. À droite, à gauche de la colonne, deux fontaines portent les armes de bourgmestres qui les ont faites. Ce droit de blasonner les monuments a fait détruire bien des édifices pour en bâtir de nouveaux; chaque magistrat démolit, bâtit. Michelet, Journal,1840, p. 348.
À bâtir (précédé d'un subst.)
Servant à bâtir. Pierre à bâtir.
Destiné à être couvert de bâtiments. Terrain à bâtir, quartiers à bâtir (Zola, La Curée,1872, p. 416):
4. Les sols, progressivement transformés en terrains à bâtir, sont au fur et à mesure cédés à des organismes constructeurs publics et privés, ce qui permet le remboursement des avances et le financement d'une partie des charges d'équipement. G. Belorgey, Le Gouvernement et l'adm. de la France,1967, p. 355.
Loc. Bâtir à chaux et à ciment, à chaux et à sable. Bâtir très solidement (cf. aussi infra ex. 8). Bâtir pour l'éternité. Bâtir très solidement; au fig. :
5. ... une des plus grandes illusions qu'on puisse avoir en politique, c'est de croire qu'on a bâti pour l'éternité. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 164.
2. [P. anal. de techn., de forme, d'usage, etc.]
a) [Le compl. désigne un inanimé composé de parties assemblées et prenant le plus souvent appui sur le sol] Bâtir un meuble, un engin (Rob.) :
6. On le croira ou non, il vint à bout de changer la poutre sans déplacer une tuile. De quelques madriers, il bâtit un appareil, mit un ais au point juste pour former levier. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 107.
b) Techn. diverses
BATELLERIE, vx ou région. [Le compl. désigne un bateau, une embarcation] Bâtir un canot, un vaisseau (infra ex. 11).
CHAPELLERIE. Façonner le feutre d'un chapeau (cf. bâtir1) :
7. Elle se chargeait de faire la cuisine, de tenir l'appartement propre, de raccommoder son linge, de le blanchir; elle pourrait au besoin coudre ses robes et bâtir ses chapeaux elle-même. Huysmans, Marthe,1876, p. 60.
COIFFURE. Bâtir une coiffure.
IMPR. Bâtir le livre. ,,Mettre en pages, placer sur la forme`` (Chautard 1937, p. 52). Bâtir la deux. ,,Caser sur la forme les paquets qui constitueront la seconde page d'un journal`` (L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 31).
3. Rare. [Le compl. désigne une pers.]
a) [Par emploi métaph. de A 1] :
8. Il faut croire que mon père, prévoyant les intempéries de mon existence, m'a bâti à chaux et à sable. E. Augier, Le Fils de Giboyer,1862, V, p. 40.
Arg. (p. ell. du compl.). Bâtir. Être enceinte; littéralement, être en train de bâtir un enfant (Larchey 1872, p. 43). Bâtir sur le devant. Id. (La Rue 1954).
b) Région. Bâtir qqn.Lui construire une maison, une grange, etc. C'est lui qui a bâti le notaire (Canada1930).
B.− Au fig. [Par emploi métaph. de A 1. Le compl. désigne un inanimé concr. ou abstr.]
1. Bâtir qqc. sur + compl. indiquant le fondement de ce qui est réalisé.Bâtir une nation sur l'héritage de ses pères (Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 228):
9. En vérité vous me surprenez, Villefort, vous, substitut du procureur du roi, de bâtir une accusation sur de si mauvaises preuves. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 132.
Rem. Cf. la phrase souvent citée (p. ex. dans Lamennais, De la Religion, t. 2, 1826, p. 159) de Jésus s'adressant à l'apôtre Pierre : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église (Matth., XVI, 18).
Spéc. [Le compl. désigne une œuvre musicale] Bâtir une pièce sur un motif de trois sous (G. Samuel, Panorama de l'art musical contemp.,1962, p. 187).
2. Emploi abs. :
10. Sa véracité était à toute épreuve, et sa moindre parole inspirait la même sécurité que le serment le plus solennel. On pouvait bâtir sur cette parole comme sur un rocher. Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 38.
Loc. fig. Bâtir sur le sable. Fonder une entreprise sur une base insuffisante (p. réf. à l'Évangile selon st Matth., VII, 26-27) Bâtir en l'air. S'attacher à des projets ou à des entreprises chimériques. bâtir sur l'aile des vents Attacher ses pensées à des événements passagers, qui les emportent avec eux, c' est graver sur le sable, écrire sur les ondes, et bâtir sur l' aile des vents. (Joubert, Pensées,t. 1,1824, p. 371);bâtir sur les nuages Si j' ai poursuivi une impossible chimère, si j' ai bâti sur les nuages, vous fûtes, vous, l' infatigable destructeur de l' idéal et du respect. (Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 123).
II.− Emploi pronom.
A.− Emploi réfléchi
1. Région. Se bâtir.,,Se faire bâtir une maison, une grange, etc. Il a commencé à défricher son lot, mais il ne s'est pas encore bâti`` (Canada 1930).
2. Au fig. :
11. Vois ce pays qui s'est bâti lui-même, exprès dans son tumulte spontané, Ce long animal sur la mer dans le faisceau de ses muscles coordonnés. Claudel, Feuilles de Saints,1925, p. 677.
B.− Emploi passif. Paris ne s'est pas bâti en un jour (P. Lavedan, Qu'est-ce que l'urban.?1926, p. 677).
En constr. impers. :
12. Mais Birotteau l'adjoint, Birotteau le futur possesseur par moitié des terrains de La Madeleine, autour de laquelle tôt ou tard il se bâtirait un beau quartier, était un homme à ménager. Balzac, César Birotteau,1837, p. 97.
Prononc. : [bɑti:ʀ], (je) bâtis [bɑti]. Demi-longueur pour la voyelle de 1resyll. chez Passy 1914.
Étymol. ET HIST. − A.− Av. 1105 judéo-fr. bastir « coudre à grands points » (Gloses de Raschi, d'apr. D. S. Blondheim, Contribution à la lexicographie française dans Romania, t. 39, p. 137, note 5); ca 1250 a.fr. (Vers de la mort, éd. C. A. Windahl, 25, 11 dans T.-L. : Mal faire et boine fin atendre Me sanle bastirs sans reprendre Cousture qui ne puet tenir), seulement deux attest. au xiiies., ibid.; 1530 « assembler à grands points les pièces d'un vêtement avant de les coudre » (Palsgr., p. 442); 1680 bâtir (Rich.); 1751 part. passé substantivé (Encyclop. : [...] chez les Tailleurs; c'est le gros fil qui a servi à bâtir un habit. [...]. Ainsi ils disent, ôtez le bâti de cet habit, pour ôtez le fil avec lequel on en a assemblé les morceaux). B.− Mil. xiies. « composer, arranger, édifier qqc. [l'obj. est un inanimé abstr., ici : des honneurs, interprétation acceptée par FEW t. 15, 1, p. 79a, note 8; G. Paris dans Romania, t. 9, p. 45 propose ,,palais``] » (Pèlerinage Charlemagne, éd. E. Koschwitz-G. Thurau, 367 dans T.-L. : Seignor, dist Charlemaignes, molt gent palais at ci. Tel nen out Alixandre ne li vielz Costantins, Ne n'out Creissenz de Rome qui tanz honurs bastit [qui mit en œuvre tant de choses qui manifestaient son haut rang, donc : tant de choses magnifiques, prestigieuses]); fin xiies. (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 1780, ibid. : Mes je t'avrai mout tost basti Tel plet que malëoit gré tuen T'estovra feire tot mon buen); ca 1265 « construire [un édifice] » (Ph. de Novare, Quatre Age de l'homme, éd. M. de Fréville, 27, ibid.), un autre ex. du xiiies., trad. des Livres des Macchabées dans Littré [trad. du xiiies. d'apr. Lerch dans Mél. Roques, t. 2, p. 190], rare au propre av. le xviies. (Gdf. Compl.; T.-L.; Littré); 1680 mét. (Rich. : Bastir [...] Terme de Chapelier. Former un chapeau avec des capades), attesté sous les formes bâtir ou bassetir dans Encyclop. 1751; av. 1699 bâti part. passé substantivé (d'apr. Tolmer dans Fr. mod., t. 14, p. 295); 1701 menuis. (Fur.); 1752 horlog. (Trév.). De l'a.b.frq. *bastjan (dér. d'un *basta « fil de chanvre ») signifiant « traiter les fils de chanvre », d'où différentes accept. d'apr. le milieu : [couture] « faufiler », supra, cf. a.h.all. bestan « ravauder », Graff t. 3, col. 219, [tissage] « tisser », sens attesté en a. prov. : Boèce, 200 dans Mél. Roques, t. 2, 1953, p. 190; d'où p. anal. « construire une clôture constituée de pieux entrelacés de brindilles », procédé utilisé dans l'Europe de l'ouest à l'époque carol., spéc. dans les domaines prov. et cat. (FEW t. 15, 1, p. 78), puis « fortifier » cf. ca 1020, le dér. de lat. médiév. (domaine prov.) bastimentum « ouvrage fortifié, château fort » (Guérard, Cart. de S.-Victor de Marseille, I, no615, p. 611 dans Nierm.), de même 1054, domaine cat. (Arch. de la Couronne d'Aragon, Ramón Berenguer, I, no154 dans GMLC). L'hyp. selon laquelle le sens de « construire (une maison) » serait issu de celui de « tisser », par l'intermédiaire de « faire, composer » (Lerch dans Mél. Roques, t. 2, 1953, pp. 185-202) paraît moins vraisemblable. − L'hyp. d'un empr. au germ. (Brüch, pp. 59-60) est moins probable; le mot ne semble, en effet, autochtone ni en ital., ni en esp. (DEI; Cor.) et doit vraisemblablement son ext. dans la Romania à la diffusion de la civilisation carolingienne. − La dissociation des sens « faufiler » et « construire » pratiquée par Schuchardt dans Z. rom. Philol., t. 33, 1909, pp. 339-346 puis par EWFS2qui fait remonter le 1ersens au germ. *bastjan et le second au lat. vulg. *bastare « suffire » (baster)* ne semble pas à retenir, l'évolution sém. qu'elle suppose pour le second sens (« suffire » > « apprêter » > « bâtir ») étant peu satisfaisante.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 715. Fréq. rel. littér. xixes. : a) 2 944, b) 2 571; xxes. : a) 1 794, b) 2 322.
DÉR.
Bâtissable, adj.Qui peut être bâti, où l'on peut bâtir. Église bâtissable, emplacement bâtissable (Lar. 19e-20e), terrain bâtissable (Rob.). Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. 1reattest. 1866 (Lar. 19e); dér. de bâtir*, suff. -able*.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 300. − Brüch (J.). Der Einfluß der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein. Heidelberg, 1913, pp. 107, 170. − Duch. Beauté 1960, p. 154. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 214, 428. − Lerch (E.). L'Étymologie de bâtir. In : [Mél. Roques (M.)]. Paris, 1953, t. 2, pp. 185-202 [Cr. Roques (M.). Romania. 1953, t. 74, p. 517]. − Wartburg (W. von). Ursprung und Geschichte des Wortes bâtir. In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, pp. 639-647.

Wiktionnaire

Verbe 2 - français

bâtir \bɑ.tiʁ\ transitif 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. Construire une maison, un édifice.
    • En effet, en exécution de ces lettres patentes, l’emplacement pour bâtir le nouveau bourg fut tracé au delà de l’Aude. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Ils avaient une maison à eux. […]. Oh ! une vraie cabane ! couverte de chaume, bâtie en pisé, fermée par des volets qui claquaient au vent. — (Émile Thirion, La Politique au village, page 324, Fischbacher, 1896)
    • Nous les hommes des douars lointains, des hauts djebels, des larges vallées, nous savions que l'on ne bâtit pas sa maison si l'on n'a pas confiance dans la solidité du sol. — (Bachaga Boualam, Les Harkis au service de la France, page 26, France-Empire, 1963)
  2. (Figuré) Établir.
    • Ce constat n’est pas nouveau : le keynésiano-fordisme des Trente Glorieuses s’est bâti sur le recours massif à l’importation de travailleurs immigrés venus du Tiers monde. — (Christian Pradeau & Jean-François Malterre, Migrations et territoires, dans Les cahiers d'Outre-Mer n° 234/vol. 59, Presses Universitaires de Bordeaux, 2006)
    • Il a bâti sa fortune sur les ruines de la fortune des autres.
    • Il bâtit son système sur des suppositions en l’air.
  3. (Figuré) Développer la corpulence, la morphologie de quelqu'un.
    • C'est un homme bien bâti.
  4. (Figuré) Forger le caractère de quelqu'un.
    • Voilà comme je suis bâti, tel est mon caractère.
  5. (Pronominal) Se former, se développer soi-même.
    • […] il se lève à six heures et il lit son journal en buvant son café bien fort. C’est comme ça que papa se bâtit chaque jour. Je dis « se bâtit » parce que je pense que c’est à chaque fois une nouvelle construction, comme si tout avait été réduit en cendres pendant la nuit et qu’il fallait repartir de zéro. — (Muriel Barbery, L’élégance du hérisson, 2006, collection Folio, pages 109-110)

Verbe 1 - français

bâtir \bɑ.tiʁ\ 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. (Couture) Agencer, disposer les pièces d’un vêtement en les faufilant, en les assemblant avec de grands points d’aiguille avant de les coudre tout à fait.
    • Cette robe n’est pas cousue, elle n’est que bâtie.
    • Elle a la prétention de se bâtir elle-même une toilette en soie… Ce sera du joli ! — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 231)
    • Je la vois passer devant ma fenêtre, les pieds enfouis dans des souliers d’homme, habillée d’une veste noire dont les coutures ne sont que bâties avec du fil blanc, comme pour un essayage, avec parfois des broderies de couleur, d’autres fois décolletée, un bras et un sein nus. — (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, page 250)
  2. (Chapellerie) Façonner (le feutre destiné à la confection des chapeaux).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BÂTIR. v. tr.
Élever une maison, un édifice. Bâtir une église, un palais. Bâtir un pont. Bâtir, faire bâtir des maisons. Bâtir de pierre, de brique. Bâtir en pierre, en brique. Bâtir sur pilotis. Cet édifice a fait la réputation de l'architecte qui l'a bâti. Absolument, Aimer à bâtir, à faire bâtir. La manie de bâtir. Fig., Bâtir à chaux et à ciment, à chaux et à sable, Faire une construction solide. Fig. et popul., Une maison bâtie de boue et de crachats, Maison faite de très mauvais matériaux. Fig., Bâtir en l'air, bâtir sur le sable, Fonder un établissement sur quelque chose de peu solide, ou Former des projets chimériques, se bercer d'un espoir trompeur. Il signifie aussi, figurément, Établir. Il a bâti sa fortune sur les ruines de la fortune des autres. Il bâtit son système sur des suppositions en l'air. Fig. et fam., Un homme bien bâti, mal bâti, Un homme bien fait, mal fait. On dit quelquefois comme nom Un mal bâti. Fig. et fam., Voilà comme je suis bâti, Tel est mon caractère. Le participe passé

BÂTI, en termes d'Architecture et en termes d'Arts, s'emploie comme nom avec le sens d'Assemblage des montants et des traverses qui contiennent un ou plusieurs panneaux de maçonnerie, de menuiserie ou de serrurerie ou qui servent de support aux organes fixes ou mobiles d'une machine. Le bâti d'une porte. En termes de Théâtre, il désigne les Carcasses de bois et les charpentes qui servent à établir les différentes pièces des décors.

Littré (1872-1877)

BÂTIR (bâ-tir) v. a.
  • 1Faire une construction quelconque. Bâtir une église. La brique et le moellon qui ont servi à bâtir la ville. Je me suis bâti une cabane. À cause d'une maison qu'il faisait bâtir, Bossuet, Hist. III, 7. Les superbes remparts que Minerve a bâtis, Racine, Phèd. I, 5.

    Absolument. Passe encor de bâtir, mais planter à cet âge ! La Fontaine, Fables, II, 8. Il faut avoir trente ans pour songer à sa fortune ; elle n'est pas faite à cinquante ; l'on bâtit dans sa vieillesse, et l'on meurt quand on en est aux peintres et aux vitriers, La Bruyère, 6.

    Fig. Bâtir en l'air, former des projets chimériques. Bâtir sur le sable, former une entreprise qui ne peut durer. Et bâtissant en l'air sur le malheur d'autrui…, Corneille, Hor. IV, 4. Voilà le sable sur lequel on bâtit, Sévigné, 306.

    Bâtir à chaux et à ciment, donner à ce qu'on fait une base solide.

    Fig. et familièrement. Bâtir sur le devant, se dit d'une personne qui, engraissant, prend un gros ventre, et aussi d'une femme enceinte.

  • 2Fonder. La ville d'Alexandrie fut bâtie par Alexandre.
  • 3 Fig. Fonder, établir. Il a bâti sa fortune sur les débris de celle des autres. Les systèmes que les philosophes bâtissent. Il verra comme il faut dompter des nations Et sur de grands exploits bâtir sa renommée, Corneille, Cid, I, 7. Le pauvre homme bâtit Maint ombrage et mainte chimère, La Fontaine, Coupe. Et sur un bois détruit bâtit mille procès, Boileau, Lutr. V.

    Absolument. Quant à la conséquence qu'on tire, c'est bâtir sur un faux principe, Bossuet, Nouv. myst. 12. Les personnes de condition bâtissent toujours sur les honneurs de leur maison et de leurs ancêtres, Bossuet, Bern. 1. Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissants…, Molière, Éc. des f. IV, 1. Vous supposez mon apostasie comme un principe ferme sur lequel vous bâtissez hardiment, Pascal, Prov. 17.

  • 4 Terme de chapellerie. Façonner le feutre sur le bassin.
  • 5Se bâtir, v. réfl. Être bâti. Les maisons qui se bâtissent aujourd'hui.

HISTORIQUE

XIIe s. E dist à ceaus [ceux] qui bastissoient maisons, Machab. I, 3. Vers cels qui ceste m'ont bastie [m'ont mis cette mauvaise affaire], Ronc. p. 15. E cil qui mortalment le soleient haïr, Envers le rei Henri medler e mal tenir, E ki furent à sa mort purchacier e bastir, Th. le mart. 159.

XIIIe s. De traïson bastir n'ert [n'était] la vieille lente, Berte, XCVI. Et puis basti un tel plait dont Lombart se repentirent à la fin, H. de Valenciennes, XV. Ha, quens de Boulongne, quens de Boulongne, quelle avés bastie la traïson entre vous et frere Garin ? Chron. de Rains, 145. De tant li [au chevalier] a son bon [plaisir] basti Amors, qui le connissoit bien, Lai de l'ombre. Moult m'avés or grant los basti, Quant de tel chose vous vantés, la Rose, 8530.

XVe s. Et avoit le roi d'Angleterre basti son siege [de Vannes] par telle maniere que les François ne pouvoient venir à lui par nul avantage, Froissart, I, I, 211. La paix, telle que le grand maistre l'avait bastie et faite avec le roy de Cypre, Bouciq. III, ch. 18. Et n'y ait si sot ne si lourd, Si nyaiz, ne si mal basty, Pour faire du gros, du demy lourd, Qui n'use des droitz du jourd'huy, Coquillart, Droits nouv.

XVIe s. Pigmalion ayant basti une statue de femme de beauté singuliere, Montaigne, II, 92. Ce livre est basti d'un espaignol barragouiné en terminaisons latines, Montaigne, II. 137. Tu tiens table comme Crassus, tu bastis comme Lucullus, et nous presches comme Caton, Amyot, Cat. d'Ut. 30. Il demeure icy à nourrir des seditions en la ville, bastissant par tel artifice les moyens de mettre la chose publique en telle confusion, que…, Amyot, ib. 61. D'Aubigné acheta dans ce temps et batit la terre du Crest ; comme il prenoit grand plaisir à son batiment…, D'Aubigné, Vie, CXLVI. Le premier tuiau sera creusé dans une grosse pierre de taille bastie au travers du mur, De Serres, 763.

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France Terme

Politique d'investissement consistant à transférer la propriété d'une infrastructure après en avoir assuré la réalisation et l'exploitation pour une période donnée.

FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France

Étymologie de « bâtir »

Provenç. bastir ; anc. ital. bastire. Ce mot a le même radical que bâton et bât (voy. ces mots), c'est-à-dire l'idée de soutenir, de porter.

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(Verbe 1) De l'ancien français bastir (« faufiler, entrelacer »), lui même de l'ancien bas francique *bastian « assembler, entrelacer des fibres libériennes » (→ voir bestan « ravauder » en vieux haut allemand, le moyen néerlandais besten « rapiécer », « lacer, lier, entrelacer »), de *bast « liber », qui donne l’allemand Bast, le néerlandais bast.
(Verbe 2) Du sens de « tisser », on est arrivé à celui de « faire une clôture constituée de pieux entrelacés de brindilles », puis simplement « édifier, construire ». Le TLFi[1] ne retient pas l’hypothèse de Littré[2] d’un lien avec bât ou bâton.
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Phonétique du mot « bâtir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bâtir batir

Fréquence d'apparition du mot « bâtir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « bâtir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « bâtir »

  • Lorsque nous bâtissons, pensons que nous bâtissons pour toujours.
    John Ruskin — Les Sept Lampes de l'architecture, V, 10 The Seven Lamps of Architecture, V, 10
  • Achraf Hakimi vers l'Inter, voilà une affaire qui sent bon la bonne pioche. Les médias italiens sont d'ailleurs catégoriques : le latéral marocain va rejoindre Antonio Conte et sa bande à l'issue de la saison. Une arrivée qui, peut-être, en augure de nouvelles, à l'image de Sandro Tonali, annoncé du côté de l'Inter. Le club de Milan peut-il alors bâtir une équipe plus forte que celle de la Juve ? Votre avis nous intéresse.
    France Football — Débat : L'Inter Milan peut-il bâtir une équipe plus forte que celle de la Juventus ? - France Football
  • La mode est aux appels à bâtir un « monde d'après », nécessairement meilleur. Si ce basculement est très incertain, l'épisode que le monde traverse pourrait néanmoins précipiter des tendances déjà latentes dans le « monde d'avant » : la pandémie accélère la revanche du politique.
    Les Echos — Réguler oui, mais jusqu'où ? | Les Echos
  • De plus, Waigéo a été le seul prestataire à nous proposer le développement de A à Z de l’application du RC Lens en intégrant au mieux les demandes de notre cahier des charges. Waigéo ne nous a pas proposé la déclinaison d’une autre application football pour bâtir la nôtre.
    ECOFOOT.FR — "Renforcer la relation avec notre public à travers l’application RC Lens"
  • On ne peut bâtir sur du sable.
    Moses Isegawa — Chroniques abyssiniennes
  • Et sur de grands exploits, bâtir sa renommée.
    Pierre Corneille
  • Pour un philosophe, vouloir bâtir une philosophie, c'est déconstruire. Mais vouloir déconstruire et douter, c'est bâtir du solide.
    Frédéric Gagnon
  • Pour bâtir haut, il faut creuser profond.
    Proverbe mongol
  • Être capable de se réinventer, de se remettre en question, de faire d’une épreuve un défi et une réussite, c’est ce qu’ont révélé les géomètres-experts pendant la crise du COVID…même si leur créativité et leur sens de l’anticipation a toujours été une force pour la profession. Aujourd’hui, cet esprit de résilience s’avère essentiel pour bâtir le monde d’après crise.
    Géomètre-expert / Conseiller-valoriser-garantir - La résilience des géomètres-experts pour bâtir le monde d’après
  • Au cordeau, à l’essentiel, à l’os… Les légumes racines qui se dévoilent au rythme du labeur du scanner ont tous le goût savoureux de l’essentiel. Ils ne jouent pas avec nos sens. Les fils à bâtir relient l’organique au machinique, le cru et les bits, notre garde-manger à notre nature d’êtres humains harnachés d’extensions numériques. Alors que le monde déconfiné reprend son pouls d’extrême rapidité, Christrophe Jacquet nous enjoint à prendre le temps. A ne pas subir la pulsation. L’artiste recommande de jouer le film en plein écran, le son au maximum.
    poptronics ' « FILS À BÂTIR RADIS NOIRS 08052020 13:48PARIS »
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Traductions du mot « bâtir »

Langue Traduction
Anglais build
Espagnol construir
Italien costruire
Allemand bauen
Portugais construir
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Synonymes de « bâtir »

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Antonymes de « bâtir »

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Bâtir

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