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Quitter

Définitions de « quitter »

Trésor de la Langue Française informatisé

QUITTER, verbe trans.

I.
A. − Vx. Qqn1quitte qqn2de qqc.
1. Libérer (quelqu'un) d'une obligation matérielle ou morale, l'en tenir quitte. Je vous quitte de tout ce que vous me devez. Je vous quitte des intérêts et du principal (Ac.).Quitter un débiteur des intérêts du mois en cours (Ac.1935).
2. Fam. Quitter qqn de (ses remerciements, etc.). L'en dispenser. Je vous quitte de vos compliments (...) Je vous en dispense (Besch.1845).
B. − Vieilli. Qqn1quitte qqc. à qqn2.Laisser, céder (quelque chose à quelqu'un). Quitter tous ses droits. Il lui vend, quitte et délaisse tous ses droits à ce domaine. Quitter sa place à quelqu'un (Ac.).Aurais-je en vérité des droits, je te les quitte (Moréas, Iphigénie à Aulis, 1903, p. 167).Ma maison, mes chevaux, (...) je leur quittais l'usage de tous mes biens (Suarès, Voy. Condottière, t. 1, 1910, p. 294).
Quitter qqn faire qqc.Le laisser faire quelque chose. Laisse-moi un moment, dit alors la vieille Malorthy, quitte-moi parler! (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 72).
Quitter qqc.Renoncer à. Votre indignation (...) part d'un bon naturel, mais quittez ce souci (Amiel, Journal, 1866, p. 277).
Loc. fig.
(En) quitter sa part. (Y) renoncer. Il faut se payer de lauriers qui heureusement coûtent peu. Pour moi, j'en quitte ma part (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1805, p. 697).
Quitter la place à qqn. Ne pas vouloir la lui contester; la lui céder. George, le sang m'aveugle quand je songe à l'opinion que ce misérable a dû prendre de moi en me voyant (...) lui quitter la place (Feuillet, Scènes et prov., 1851, p. 362).
Rem. Dupré 1972 note: ,,[Ces] expressions mentionnées par l'Académie, n'appartiennent plus au français d'aujourd'hui``.
II. − Qqn1/qqc.1quitte qqn2/qqc.2Laisser.
A. − Qqn1/qqc.1quitte qqn2
1. Qqn1quitte qqn2.[Qqn1s'éloigne de qqn2]
a) [Provisoirement] Laisser; prendre congé de. Quitter un camarade (à la gare, sur le quai, à quelques pas de chez soi); quitter sa femme, ses enfants (le matin). Faible et épuisé de fatigue, j'allais quitter Brigitte pour prendre un peu de repos (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 372):
1. Quand tu aimes il faut partir Quitte ta femme quitte ton enfant Quitte ton ami quitte ton amie Quitte ton amante quitte ton amant Quand tu aimes il faut partir Cendrars, Du Monde entier, Le Formose, 1924, p. 170.
Empl. pronom. réciproque. Il faudrait pouvoir retenir ce que l'on dit à table (...) On dîne et l'on se quitte après avoir échangé parfois les propos les plus denses (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 219).
[Qqn1/qqn2peut désigner un animal] Oiseau migrateur, le ramier nous quitte quand la bécasse arrive (Vidron, Chasse, 1945, p. 66).[P. méton. du compl. d'obj.] Le chien ne quitte plus les talons de son maître (Vidron, Chasse, 1945, p. 74).
Locutions
Quitter le bras de qqn. Ne plus le tenir par le bras, ne plus lui tenir le bras. Rodolphe quitte le bras de Lucile, qui se retire avec Laure dans un coin (Ponsard, Honn. et argent, 1853, iv, 8, p. 114).
[P. méton. du suj.] Empl. pronom. réciproque. Les pieds retombaient en mesure, les jupes se bouffaient et frôlaient, les mains se donnaient, se quittaient (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 57).
[De sens nég. ou à la forme nég.] Ne pas quitter qqn d'une semelle, d'un seul pas. On court. Koupriane est un des premiers. Rouletabille ne le quitte pas d'une semelle (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 110).Saint-Loup (...) était venu avec sa femme (...) [qu'] il ne quittait d'un seul pas (Proust, Fugit., 1922, p. 680).
Ne pas quitter qqn de + expr. temp.Sans se fier même à la religieuse, elle ne le quittait pas d'une seconde, ne se couchait plus (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 221).En une seconde, nous étions devenus des amis intimes. Nous nous étions tout dit. Je connaissais Mouron comme si je ne l'avais pas quitté d'un jour (A. France, Vie fleur, 1922, p. 371).
(Ne pas) quitter qqn de l'œil, des yeux, du regard, de vue. (Ne pas/sans) cesser de regarder quelqu'un. [Le capitaine] resta seul à contempler son prisonnier. Atar-Gull, de son côté, ne le quittait pas du regard (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 16).MmeVirette descend jusqu'à elle sans quitter de l'œil la môme toujours au buffet (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, ii, 1, p. 31).[P. méton. du compl. d'obj. ou du suj.] Mathilde me regarda douloureusement, avec un air de reproche qui me troubla profondément. Ses yeux ne me quittaient point (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 88).Sans quitter du regard ce regard nouveau, elle continua son travail inerte (Cocteau, Enfants, 1929, p. 187).
b) [Définitivement, en rompant les liens qui l'unissent à l'autre] Synon. abandonner, lâcher (fam.), plaquer (pop.).Quitter femme et enfants, famille et fortune; quitter son mari; quitter sans prévenir, sans laisser d'adresse; quitter qqn sans regret, sans retour, sans mélancolie; quitter qqn à jamais, pour toujours; quitter qqn brusquement, en claquant la porte; une mère ne quitte jamais son enfant. Je ne peux pas permettre qu'il me quitte pour cette petite guenon (Anouilh, Répét., 1950, iii, p. 71).
Au factitif. Ce n'est point la misère qui me l'a fait quitter, non (...) c'est lui qui m'a renvoyée (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 250).
Au passif. Elle se trouvait humiliée d'être deux fois quittée pour la même femme (Gyp, Tante joujou, 1891, p. 50).
Empl. pronom. à sens passif. Un bon ami se quitte difficilement. Il n'est si bonne compagnie qui ne se quitte; mais je m'engage ici à prendre courtoisement mon congé (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 13).
Au part. adj. Les demandes d'argent fréquentes d'une maîtresse quittée ne vous donnent pas plus une idée complète de sa vie que des feuilles de température élevée ne donneraient de sa maladie (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 349).
Empl. subst. (ici au masc.), rare. Celui qui est quitté. L'intérêt qui s'attache à une jeune femme quittée est trop légitime pour que je songe à invoquer d'autre « excuse » que celle-ci: C'est moi le quitté (Verlaine, Corresp., t. 3, 1872, p. 143).
Empl. pronom. réfl. Se quitter (soi-même).Se séparer de soi; se laisser distraire, se laisser accaparer par autre chose que soi. Elle ne se quitte plus, du matin au soir, et même les quelques lectures qu'elle fait en dehors de cela ne l'intéressent que dans la mesure où elle peut les ramener à soi (Gide, Journal, 1942, p. 105).Il se ressaisit ou, plutôt, il se quitte pour rentrer dans le social, le superficiel; il se renie pour obéir à la loi, pour s'agrouper (Arnoux, Roy. ombres, 1954, p. 113).
[Terme de mystique] Renoncer à soi. Parvient-elle [la nouvelle religieuse] à se quitter, à s'évader de la terre, à atteindre, sur le seuil de l'éternité, l'inconcevable Époux? (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 213).
Au fig. ou p. métaph.:
2. ... l'existence ne dépasse jamais rien définitivement, car alors la tension qui la définit disparaîtrait. Elle ne se quitte jamais elle-même. Ce qu'elle est ne lui reste jamais extérieur et accidentel, puisqu'elle le reprend en elle. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 197.
Empl. pronom. réciproque. Se quitter (l'un l'autre, les uns les autres). Se séparer. Ne pouvoir se quitter. Marie Forêt (...) s'est mariée en 1867 avec Félix Génot (...); ils se sont quittés en 1870 (Affaire Dreyfus, 1900, p. 25).
P. métaph. Aucune émotion (...) ne devait masquer le départ: depuis le matin, les âmes s'étaient quittées (Estaunié, Ferment, 1899, p. 54).
c) [Gén. avec qqn2au plur.] Mourir:
3. L'homme était exquis: de ceux dont on se dit, avec désespoir, quand ils vous ont quitté: « Il est parti... Et j'aurais eu tant et tant de choses encore à échanger avec lui... » L. Febvre, J. Sion, A. Demangeon, [1941] ds Combats, 1953, p. 380.
2. Au fig. ou p. métaph. Qqc.1quitte qqn2.[Qqc.1désigne un état physique ou moral, un élément de la vie affective] Laisser (quelqu'un); cesser d'habiter en lui, de l'affecter. La faim, la fatigue, la fièvre, la grippe, la maladie quitte qqn; le tourment, la curiosité, l'espérance, la timidité ne quitte pas/plus qqn; le souvenir, la pensée d'une personne ne nous quitte plus. Têtu au dedans, il se résignait au dehors. Pourtant, l'amertume ne le quittait pas (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 93).La solitude m'a quittée. Le mal, le chagrin m'ont quittée (Jouve, Paulina, 1925, p. 190).
[P. méton. du compl.] Le rêve et le calcul ne quittaient que rarement ces petits yeux fixes, durs à la terre, durs aux hommes, durs aux bêtes (R. Bazin, Blé, 1907, p. 281).
P. métaph. [À propos de la vie, du monde] On a beau dire et prétendre, le monde nous quitte bien avant qu'on s'en aille pour de bon (Céline, Voyage, 1932, p. 565).
[Qqc.1désigne un inanimé plus ou moins concr.] Abandonner ou lâcher. [Le poète Vignet] tout occupé de ses chaussures qui le quittaient en route (Nerval, Illuminés, 1852, p. 24).Le canon ne nous quittait plus. Cependant, on ne se rencontrait guère avec les Allemands que par hasard (Céline, Voyage, 1932, p. 39).
B. − Qqn1/qqc.1quitte qqc.2(pour qqc.3ou inf.)
1. Qqn1quitte qqc.2[Qqc.2désigne un inanimé abstr. ou concr.]
a)
α) [Un inanimé plus ou moins abstr.] Abandonner. Quitter le passé; quitter une doctrine, la religion; quitter un point de vue, un sujet; quitter le domaine de l'art, du sacré, de l'observation, de la physiologie; quitter le terrain de la rationalité, les sommets de l'abstraction; se décider à tout quitter pour suivre Jésus; quitter tout pour une femme. Ses manières ont changé, sont devenues plus gracieuses encore; elle a quitté le vous. « Tu es une bonne fille, et j'espère que nous resterons amies » (Balzac, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 159).[Il est impossible] de savoir dans un récit de Poe, à quel moment on quitte la réalité pour entrer dans le monde des rêves (Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p. 312).
β) [Une expression du visage, le ton de la voix, etc.] Abandonner, renoncer à. Quitter un air (triste, sévère); quitter une mine (attristée); quitter son incognito. Je puis quitter ce visage-ci, comme on se démasque; j'en ai un autre plus beau (Colette, Vagab., 1910, p. 269).
γ) [Une habitude, un défaut, etc. ou encore son propre nom] Ces personnages [du XIIeau XVes.] sont sortis de leur contemplation. Ils commencent à errer dans l'Éden de l'imagination, et à quitter leur sainte oisiveté (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 169).Je vous ai dit que j'avais quitté mon nom parce que ma position de fortune ne me permettait pas de le soutenir dignement (Labiche, Fourchevif, 1859, 7, 3etabl. , p. 399).
b) [Une activité professionnelle ou autre, un genre de vie, etc.] Laisser, abandonner, cesser. Quitter son métier; quitter une charge, une profession; quitter ses fonctions; quitter le barreau, le droit, le journalisme (pour la politique); quitter le théâtre, les planches; quitter la troupe; quitter le service, les drapeaux, les armes, la carrière militaire; quitter la cavalerie pour retourner à l'infanterie; quitter la médecine; quitter les affaires. Je suis un homme de paix. C'est ce qui m'a fait quitter l'armée autrefois (Claudel, Père humil., 1920, i, 2, p. 496).Si Dubreuilh s'entête à étouffer l'affaire, je quitte le journal, je revends mes parts (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 300).
Quitter l'ouvrage*.
Quitter (son travail). (L')interrompre; cesser. Dans sa maison, il y a un ménage qui se dispute fréquemment: quand cela arrive, il se lève de sa table et quitte son travail (Goncourt, Journal, 1888, p. 767).
Empl. abs. Cesser; partir. Le voilà sous les ordres de M. de La Fayette. Il voudrait alors trouver un prétexte honorable pour quitter (Staël, Lettres jeun., 1791, p. 507).Il chercha les moyens de se soustraire à cette entrevue: s'ils quittaient sur l'heure, il n'avait pas à se montrer? Ce départ, il l'ignorait, n'ayant pas été prévenu (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 246).
Rem. Dupré 1972 note: ,,L'emploi de quitter absolument appartient à la langue familière: Il quitte à cinq heures (« Il cesse son travail à 5 heures »)``.
Dans la lang. admin. Quitter son employeur. Cesser de travailler; prendre sa retraite. [À noter l'] existence de la clause de conscience permettant à un journaliste en désaccord avec son employeur pour des motifs de liberté d'opinion de le quitter avec les avantages du travailleur licencié (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 144).Tout salarié qui quitte son employeur réduit à néant ce capital de sécurité [garanties d'ancienneté] (Traité sociol., 1967, p. 506).
Ne pas quitter des yeux, du regard qqc. Suivre quelque chose des yeux, du regard. Chacun d'eux tient en ses mains un cahier de musique qu'il ne quitte pas du regard (P. Lalo, Mus., 1899, p. 334).
Quitter la mer. Abandonner la vie de marin. Sa décision de quitter la mer fut prise à l'instant. Elle était ancrée dans sa tête, mais il devait montrer ce qu'il valait, qui il était (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 197).
Quitter le gouvernement, le pouvoir. Démissionner du gouvernement, abandonner le pouvoir. Si le Sénat a obligé M. Blum à quitter le pouvoir en 1937, il avait obligé Tardieu à en faire autant précédemment (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 175):
4. ... si un ministre quitte le gouvernement, hormis dans le mois succédant à sa nomination ou dans les périodes précédant une consultation générale à l'occasion de laquelle il aurait de fortes chances d'être élu, il perd son siège parlementaire; il lui est plus difficile dès lors de s'ériger en « challenger » politique. Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 107.
Loc. fig.
Quitter le monde. Aller vivre dans la retraite. Pierre Corneille quitte le monde après un échec, et Pertharite est un échec évident (Brasillach, Corneille, 1938, p. 313).
RELIG. Entrer dans les ordres. (Dict. xixeet xxes.). On ne quitte pas le monde par dépit, comme un novice qui se fait tuer à sa première affaire un peu chaude, par crainte de manquer de cœur (Bernanos, Dialog. Carm., 1948, 1ertabl., 4, p. 1578).
P. métaph. Quitter le monde, la lumière, la terre, la vie. Mourir. Ne vous effrayez point d'assister à la fin prochaine de votre père, de votre ancien ami. C'est par une loi de la nature qu'il quitte avant vous cette terre où il est venu le premier (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 22).
Ne pas quitter l'écoute (du téléphone, éventuellement d'un poste de radio). Empl. abs. à l'impér. Ne quittez pas! Synon. restez en ligne!Tout à coup, le 7 au petit jour (...), voici que Vaux réveillé fait des appels. Les postes de signaleurs saisissent ces trois mots: « Ne quittez pas ». − Ne quittez pas... (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 270).
Quitter la partie* (au jeu). [P. allus. au proverbe qui quitte la partie la perd] P. plaisant. En renonçant au monde et à la fortune, j'ai trouvé le bonheur, le calme, la santé, même la richesse; et, en dépit du proverbe, je m'aperçois que, qui quitte la partie la gagne (Chamfort, Max. et pens., 1794, p. 57).
c) [Qqc.2peut désigner un inanimé concr.] Cesser de tenir, abandonner, lâcher. Dans les cafés maures de la Kasbah, c'est le corps qui est silencieux, qui ne peut s'arracher à ces lieux, quitter le verre de thé et retrouver le temps avec les bruits de son sang (Camus, Noces, 1938, p. 50).
En partic.
α) [Qqc.2désigne un lieu] Laisser un lieu; cesser d'y être, s'en éloigner. Quitter un lieu pour un autre; quitter sa demeure; quitter son village, son pays, une région; quitter un état, une ville; quitter sa patrie; il est dur de quitter les lieux de son enfance. Lorsque les Hébreux quittèrent l'Égypte, (...) Moïse leur donna (...) un calendrier du genre sémite (Chauve-Bertrand, Question calendrier, 1920, p. 24).À cette heure (...) MmeGribiche quittait l'église pour passer chez une amie d'enfance (Jouve, Scène capit., 1935, p. 57).
Empl. pronom. à sens passif. Vienne et Venise ne se quittent pas si facilement (Mérimée, Lettres à une autre inconnue, 1870, p. 60).
Quitter la place. Se retirer. Que faire donc, quand on est irascible? Se taire sur les matières qui passionnent le plus, ou, si l'on ne peut, quitter la place (Michelet, Journal, 1820, p. 77).
Empl. subst. masc., en loc. prép. littér. Au quitter de. Au sortir de. Ces pieux devoirs ne purent pas (...) dissiper la profonde inquiétude de Léopold. Au quitter de l'autel, celui-ci s'en alla seul à travers la campagne (Barrès, Colline insp., 1913, p. 265).
P. métaph. Quitter le sein, le ventre de sa mère. Naître. Nous l'avons vu [l'homme], au commencement de son existence, vivre comme les infusoires, les zoophytes; s'élever ensuite par degrés, jusqu'au moment où il quitte le sein de sa mère, et où il se trouve en rapport avec le monde extérieur (Broussais, Phrénol., leçon 3, 1836, p. 63).L'enfant qui va naître se figure qu'il va mourir parce qu'il quitte le ventre de sa mère (Green, Journal, 1936, p. 75).
Loc.
Quitter le domicile conjugal. [En parlant de l'un des époux] L'abandonner. MmeLéon Daudet a quitté le domicile conjugal (Goncourt, Journal, 1894, p. 700).P. anal. Quitter son nid, son perchoir (à propos de l'oiseau); quitter son gîte (à propos d'un lièvre). Les oiseaux s'élevaient dans les airs, et de jeunes mères quittaient leurs nids (Krüdener, Valérie, 1803, p. 195).Les lièvres n'ont pas quitté leur gîte (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 19).L'oiseau quittait son perchoir et s'abattait devant lui, tel un geôlier gardant à vue un prisonnier (L. Schneider, Maîtres opérette fr., 1924, p. 246).P. métaph. Il en est [des cardiologues], au contraire, qui ont quitté délibérément ou forcément la ruche. Lutembacher poursuit (...) dans la solitude (...) des recherches (...) du plus haut intérêt (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946, p. 180).
Quitter son appartement, son domicile (habituel), son logement. Synon. déménager.Frau Sartingen quitta son domicile habituel pour éviter les commérages (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 208).
Quitter la maison*.
Quitter les lieux. Synon. évacuer, vider les lieux.L'ordre a été reçu (...) de détruire, avant de quitter les lieux, tout ce dont les nouveaux occupants pourraient profiter (Gide, Journal, 1943, p. 237).
Quitter + n. désignant une ville, un pays.Fuir un/son pays, la capitale; s'enfuir (de). En 1890, Erich de Falkenhayn faisait partie de l'état-major à Berlin. Mais vers 1894, couvert de dettes et mêlé à des affaires louches, il dut quitter précipitamment la capitale (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 244).Un grand nombre d'écrivains ont quitté la Russie après le coup d'état de novembre 1917 (Arts et litt., 1936, p. 54-3).
DR. [P. réf. à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1949] Le droit de chacun de quitter tout pays, y compris le sien, et aussi le droit d'y retourner (Déclar. univ. Dr. Homme, 1949, p. 5).
Quitter l'école, le lycée, le collège (p. méton.). Cesser les études. Jeanne (...) avait quitté le lycée à douze ans pour s'occuper de sa mère (Nizan, Conspir., 1938, p. 221).
Quitter (un moyen de locomotion: voiture, bateau). Descendre de. Nous nous sommes arrêtés vers midi à Logone Gana (sur la rive orientale). Je quitte la baleinière et m'y rends à pied (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 872).Des deux côtés du camion renversé, il y avait des oliviers. Un, deux... cinq miliciens quittèrent le camion renversé, coururent vers les arbres (Malraux, Espoir, 1937, p. 484).
Quitter le bord. Les hommes, cria-t-il, venez avec moi. Je vais vous donner le moyen de quitter le bord, et il les entraîna vers le pont supérieur où se trouvaient les radeaux (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 235).[Le capitaine] quitte le bord le dernier après avoir sauvé l'argent et les papiers du bord (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p. 138).
Sortir de, abandonner. Quitter une pièce, son bureau. Pieuchon ne quittait pas le chevet de son fils infesté de microbes (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 194).Tout orateur, invité par le président à quitter la tribune et qui ne le fait pas sur le champ, est rappelé à l'ordre (Lidderdale, Parlement fr., 1954, p. 290).Au passif. Le piano fut quitté pour la table (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 330).
En partic. Quitter la table. Sortir de table. On quitta la table au milieu du dîner (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 69).Quitter la chambre, le/son lit (après une maladie). Sortir du lit, se lever. Anton. garder la chambre*, rester au lit*.Le patron (...) ne quitte plus guère sa chambre et achève lentement de mourir (Bernanos, Crime, 1935, p. 849).La malade devint triste et déprimée. Auparavant vive et active, elle ne voulait plus quitter son lit (Delay, Ét. psychol. méd., 1953, p. 214).
[Qqc.2désigne un chemin, une route, un rivage] Se détourner de, s'écarter de, abandonner. À peine a-t-il tourné le coin, et quitté les berges du Sénégal, Maxence frissonne d'impatience (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 7).Bientôt après ils quittèrent le grand chemin pour un autre qui s'enfonçait dans les bois (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 27).Les tanks ne quitteront absolument pas le front (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 205).Elle quitte le boulevard pour une rue déserte (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 328).
[Le suj. désigne un moyen de transp.] Quand le paquebot quitte-t-il Shangaï? (Verne, Tour monde, 1873, p. 110).Il vit le sol s'enfoncer sous lui et l'avion, déporté par le vent, quitter la piste préparée (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 357).
Au fig. Quoi? Des reproches, des exhortations à quitter la voie mauvaise (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 210).On peut se demander (...) si l'éducation populaire a été toujours attentive à ne pas quitter les chemins qui mènent au cœur et à l'esprit de ceux auxquels elle s'adresse (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p. 12).
β) [Qqc.2désigne un vêtement] Ôter. Quitter son chapeau, son pardessus, ses gants, ses vêtements. Il se lève, en bras de chemise, quitte ses bretelles pour être plus à l'aise (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 59).Je quittai mon déguisement, passai un pantalon, un vieux chemisier et sortis en courant (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 120).
Rem. Hanse 1949 indique: ,,Ne suivez pas les puristes qui condamnent l'expression: quitter son veston``.
Loc. fig. Ne plus porter. Quitter le deuil. Notre chanteur mourut de cette séparation, et la survivante quitta le deuil juste au jour prescrit par l'usage (Villiers de l'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 189).
[P. métaph. et p. méton. du suj.] Qqc.2quitte qqn1Sa boîte à outils ne le quitte plus. Il tira de sa ceinture l'écritoire et la plume de roseau, qui ne quittent pas plus un écrivain arabe que le sabre ne quitte le cavalier (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 366):
5. Accusez-le [le Romain] de férocité si vous voulez; mais de faiblesse, non: son couteau répondrait. Son couteau ne le quitte pas. Le coup de couteau est un geste naturel et fréquent à Rome. Michelet, Introd. Hist. univ., 1831, p. 441.
2. Qqc.1quitte qqc.2Cesser d'être en un lieu.
a) [Qqc.1/qqc.2désigne un inanimé plus ou moins abstr.] Depuis que l'Orient a quitté l'architecture byzantine (...), on a cessé (...) de construire des dômes sur les églises (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. 319).Le rôle de la presse indépendante, quotidienne et hebdomadaire, fut très important après le 6 février; bon gré mal gré, la presse d'information dut quitter la neutralité, pour se joindre à elle (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 72).La révolte quitte peu à peu le monde du paraître pour celui du faire où elle va s'engager tout entière (Camus, Homme rév., 1951, p. 75).
P. métaph. Rien ne mène, − je le sais, − à l'amour. C'est lui qui se jette en travers de votre route. Il la barre, à jamais, ou s'il la quitte, laisse le chemin rompu, effondré (Colette, Vagab., 1910, p. 28).
b) [Qqc.1/qqc.2désigne un inanimé concr.]
α) [Éléments naturels qui sont en rapport étroit] La neige a quitté de bonne heure les parties basses des montagnes (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 54).Comment la grappe quitte le cep et choit dans le panier (Colette, Pays. et portr., 1954, p. 72).
β) [Éléments produits par l'action humaine et adaptés ensemble par la volonté de l'homme qui les a fabriqués] Denise s'était résignée à faire de nouveau le cordonnier (...) avec une forte aiguille, elle avait pris le parti de recoudre les semelles, qui menaçaient de quitter l'empeigne (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 509).Vous voyez jaillir des étincelles quand le trolley quitte un instant le fil qui amène le courant (H. Poincaré, Mécan. nouv., 1909, p. 11).Le glaive même a quitté son fourreau de brocard (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 195).
P. métaph. Une nuit comme celle-ci, le premier morceau de continent que rencontrent les phares d'en face, c'est ce rocher noir et rouge [Tanger] à collerette blanche qui quitte le sable pour s'avancer à mi-corps dans le détroit (Morand, Eau sous ponts, 1954, p. 217).
Spécialement
ART CULIN. Se décoller, se détacher. Mettez dans une casserole une chopine d'eau (...) ensuite mettez de la farine jusqu'à ce que cela soit en pâte bien déliée, et la remuez toujours jusqu'à ce qu'elle quitte la casserole (Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p. 245).
FIN., BANQUE. [À propos du portefeuille d'une banque] Ne plus être (en portefeuille). Il y a lieu de tenir compte, parmi les engagements de la banque, des effets qui ont quitté son portefeuille et qui sont au réescompte, mais qui portent encore sa signature. Il y a là engagement virtuel pouvant, en cas d'accident, devenir actuel (Baudhuin, Crédit et banque, 1945, p. 175).
GRAV., au part. passé adj. (Taille) quittée. Qui ne semble pas avoir sa longueur naturelle. (Ds Lar. 19e-Lar. encyclop.). Synon. (taille) brisée.
REM. 1.
Quittatoire, adj.,hapax, p. plaisant. Qui traduit le désir de quitter, de partir. Dès qu'il sut mes intentcheunes quittatoires, mon brave « employer » me promit hautes payes (Verlaine, Corresp., t. 3, 1875, p. 113).
2.
Quitterie, subst. fém.,vx, fam. Séparation de courte durée (généralement à la suite d'une dispute). Il n'y aura pas de rupture entre nous, à peine une quitterie (A. Daudet, Sapho, 1884, p. 226).
Prononc. et Orth.: [kite], (il) quitte [kit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 « tenir quitte, libérer (quelqu'un) » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 8761); 2. 1176-81 quitter qqc. à qqn « ne pas tenir compte à quelqu'un de quelque chose, libérer quelqu'un de (une faute, une dette, etc.) » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2014); 3. ca 1175 quitter qqc. à qqn « laisser, céder quelque chose à quelqu'un, lui abandonner » (Chronique Ducs Normandie, 11324 ds T.-L.); 1552 spéc. quitter la place à (qqn) (Ronsard, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 66); 4. a) 1266 « laisser, abandonner » (Cart. de St-Lambert, n o295, A. Liège ds Gdf. Compl.); spéc. b) 1539 quitter la place (Est.); 1550 « partir de, s'éloigner (d'un lieu) » (Ronsard, op. cit., t. 1, p. 267); c) 1553 « s'éloigner de, se séparer de (une personne) » (Id., op. cit., t. 5, p. 41); d) 1553 « se dévêtir de » (Id., op. cit., t. 5, p. 248); e) 1563 quitter la religion (Id., op. cit., t. 11, p. 353); f) 1604 (le sujet désigne une chose) « laisser, ne plus établir son influence sur » (Montchrestien, Les Lacenes, Tragédies, éd. Petit de Juleville, p. 164 ds IGLF). Dér. de quitte*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 20 594. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 31 194, b) 30 363; xxes.: a) 27 168, b) 28 358. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 157. − Lerch (E.). Quitter. Z. rom. Philol. 1938, t. 58, pp. 480-524, 641-669. − Quem. DDL t. 6.

Wiktionnaire

Verbe - français

quitter \ki.te\ transitif, parfois intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Laisser quelqu’un quelque part ; se séparer de lui.
    • […], et, songeant qu’il faudrait bientôt nous quitter, nous nous assîmes tristement près de l’âtre où dansait la flamme rouge. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Après deux jours d'absence, nous revenions à Rockall ramenant une nuée de mouettes qui avaient quitté leur îlot pour nous accompagner ; […]. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • — Eh bien, tu vois, moi aussi, tout de suite après t’avoir quitté hier, j'ai fait une faute de carre, en pleine vitesse, je ne sais pas comment c'est arrivé, je me suis un peu foulé le poignet. — (Isabelle Tonarelli, Jeunes femmes, Éditions B. Valiquette, 1943, p. 106)
    • Lorsque celui-ci avertissait la Banque d'Algérie que les otages avaient quitté l'Iran sains et saufs, la Banque d'Algérie donnait à la Banque d'Angleterre les instructions prévues aux différents accords, soit la remise de l'or et des titres à la à la Banque Markazi […]. — (« Règlement des différends entre les États-Unis et l'Iran : Les accords d'Alger du 19 janvier 1981 », dans le Journal du droit international, vol. 108, Libraire générale de droit et de jurisprudence, 1981, page 748)
    • Il vient un âge où nos facultés nous quittent l’une après l’autre.
    • Son portrait ne me quitte pas, Je le porte toujours sur moi.
  2. Se retirer de quelque part.
    • Mais les Prussiens, qui, au nombre de 1.200, occupaient Sainte-Sabine, l’avaient déjà quittée et avaient rejoint le gros de leurs forces à Vandenesse. — (A.-C. de Saint-Auvent, Histoire de la guerre franco-prussienne (1870-1871), Paris : chez A. Tramblay, 1875, page 243)
    • C'est les Jésuites qui ont fait assassiner Henri IV ; c'est encore eux qui ont fait révoquer l’Édit de Nantes, à la suite de quoi tous les protestants ont été obligés de quitter la France; […]. — (Émile Thirion, La Politique au village, Fischbacher, 1896, page 120)
    • Swann refusa, ayant prévenu M. de Charlus qu’en quittant de chez Mme de Saint-Euverte, il rentrerait directement chez lui […] — (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, page 200)
    • La nuit est chaude. Vous remontez en flânant la Canebière et vous la quittez au boulevard Dugommier. Vous arriver vite au bel escalier monumental, tout battant neuf, qui monte à la gare. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Il ne leur donna qu'un délai d'un mois pour quitter le pays. Les retardataires étaient menacés d'être mis à mort. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • L'homme au carnet avait quitté sa place et lestement escaladé les marches du praticable qui reliait le plateau à la salle. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Quitter la chambre, sortir.
    • Ce malade n’est pas encore assez bien pour quitter la chambre.
    • Quitter le lit, se lever.
    • Depuis un mois, il n’a pas quitté le lit.
    • Quitter le grand chemin, s’écarter, se détourner du grand chemin.
  3. Abandonner une chose, y renoncer, cesser de s’y appliquer, de s’y adonner. (Figuré) Se désister de quelque chose, y renoncer.
    • La veuve de Henri II était vêtue de ce deuil qu’elle n’avait point quitté depuis la mort de son mari. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VI)
    • Il y a déjà quelque temps que cet officier a quitté le service.
    • Il a quitté la religion de ses pères.
    • Quitter une charge, un emploi, une profession, un métier.
    • Quitter la partie, convenir que celui contre qui l’on joue a gagné.
    • Quitter ses mauvaises habitudes, y renoncer, s’en défaire.
    • Quitter le commerce du monde, se priver du commerce du monde.
    • Quitter le barreau, renoncer à la profession d’avocat.
    • Quitter le monde, embrasser la vie religieuse ; aller vivre dans la retraite.
    • Vous ne voulez pas entendre raison, je quitte la partie.
  4. Sortir ; s'éloigner.
    • Peu avant de parvenir au village de Champion, la grande route de Namur à Louvain gravit, en quittant la ferme dite de Ponty ou des Pauvres, une éminence dont le sommet se trouve à quelques pas de la borne kilométrique n° 4. — (Eugène de Marmol, « Découvertes d'antiquités dans les tumulus de Champion et dans les localités voisines », dans les Annales de la Société archéologique de Namur, vol. 2, Namur : typographie de A. Wesmael-Legros, 1851, page 57)
  5. Ôter quelque chose de dessus soi, s’en dépouiller, s’en débarrasser.
    • Quitter ses vêtements.
    • Quitter les étriers, ôter ses pieds des étriers, volontairement ou involontairement.
    • Quitter le deuil, cesser de porter des vêtements de deuil.
    • Quitter la robe, quitter l’épée, quitter la soutane, quitter le froc, Renoncer à la profession de la robe, de l’épée, à l’état ecclésiastique, à la vie religieuse.
  6. (Vieilli) Céder, délaisser.
    • Quitter tous ses droits.
    • Il lui vend, quitte et délaisse tous ses droits à ce domaine.
    • Quitter sa place à quelqu’un.
    • Je vous quitte la place, je vous laisse, je me retire.
  7. (Vieilli) Exempter, affranchir, décharger, tenir quitte, dispenser.
    • Je vous quitte de tout ce que vous me devez.
    • Je vous quitte des intérêts et du principal.
    • Je vous quitte du reste.
    • Je vous quitte de vos compliments, de vos remerciements, etc., Je ne veux point de vos compliments, je n’ai que faire de vos remerciements, je vous en dispense.
  8. (Intransitif) S’en aller, se retirer de quelque travail, de quelque engagement.
    • Tout le monde quittait.
    • Tous les employés de l’établissement quittèrent à la fois.
    • Ne quittez pas : on va vous parler.
  9. (Ivoirisme) (Intransitif) S'éloigner, cesser, abandonner une position, partir, venir de, être originaire de
    • Encore un embouteillage parce qu'un taxi ne veut pas quitter sur la route pour laisser passer.
    • Tous ces politiciens-là qui veulent nous blaguer, nous-mêmes on n'a qu'à quitter dans ça.
    • Toi le chat ! Quitte couché devant ma porte, je dois passer !
    • On a quitté Abidjan à 7 h ce matin et on est arrivés à Gagnoa à 11 h.
    • Donc c'est à l'heure-là vous arrivez ? Mais vous avez quitté où et puis vous êtes en retard comme cela ?
    • Moi je suis ivoirien mais ma maman a quitté au Bénin.
  10. (Figuré) (Par euphémisme) Mourir, partir
    • Il nous a quittés hier matin.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

QUITTER. v. tr.
Laisser quelqu'un en quelque endroit, se séparer de lui. Je viens de le quitter à deux pas d'ici. Je vous quitte pour un moment. Quitter père et mère. Quitter sa femme et ses enfants. Il ne le quitte ni jour ni nuit. Il ne le quitte non plus que son ombre. Quitter la chasse. Quitter la séance. Ils ne pouvaient se quitter. Ils se sont quittés bons amis. Fig., Ce souvenir ne me quittera jamais. La fortune l'a quitté. Il vient un âge où nos facultés nous quittent l'une après l'autre. Son portrait ne me quitte pas, Je le porte toujours sur moi. Fig., Son image ne me quitte pas, Son image est sans cesse présente à mon esprit. Fig., Ne pas quitter quelqu'un des yeux, Ne cesser de le regarder.

QUITTER signifie aussi Se retirer de quelque lieu. Il a quitté la maison où il habitait depuis si longtemps. Il quitta Paris pour aller vivre en province. Ce scandale l'obligea à quitter le pays. Quitter la chambre, Sortir. Ce malade n'est pas encore assez bien pour quitter la chambre. Quitter le lit, Se lever. Depuis un mois, il n'a pas quitté le lit. Quitter le grand chemin, S'écarter, se détourner du grand chemin. Fig., Quitter le droit chemin, S'écarter de son devoir. Fig., Quitter le barreau, le théâtre, Renoncer à la profession d'avocat, de comédien. Prov. et fam., Qui quitte sa place la perd, Quand on ne prend pas soin d'occuper la place qui vous appartient, un autre s'en empare.

QUITTER signifie aussi Abandonner une chose, y renoncer, cesser de s'y appliquer, de s'y adonner. Il y a déjà quelque temps que cet officier a quitté le service. Il a quitté la religion de ses pères. Quitter une charge, un emploi, une profession, un métier. Quitter la partie, Convenir que celui contre qui l'on joue a gagné. Il signifie aussi, figurément, Se désister de quelque chose, y renoncer. Vous ne voulez pas entendre raison, je quitte la partie. Prov., Qui quitte la partie la perd, Celui qui quitte le jeu avant que la partie soit achevée, perd. Quitter ses mauvaises habitudes, Y renoncer, s'en défaire. Quitter le commerce du monde, Se priver du commerce du monde. Quitter le monde, Embrasser la vie religieuse; Aller vivre dans la retraite. Fig., Quitter la vie, Mourir.

QUITTER signifie aussi Ôter quelque chose de dessus soi, s'en dépouiller, s'en débarrasser. Quitter ses vêtements. Quitter sa robe, son chapeau. Quitter les étriers, Ôter ses pieds des étriers, volontairement ou involontairement. Quitter le deuil, Cesser de porter des vêtements de deuil. Fig., Quitter la robe, quitter l'épée, quitter la soutane, quitter le froc, Renoncer à la profession de la robe, de l'épée, à l'état ecclésiastique, à la vie religieuse.

QUITTER signifie aussi Céder, délaisser. Quitter tous ses droits. Il lui vend, quitte et délaisse tous ses droits à ce domaine. Quitter sa place à quelqu'un. Fam., Je vous quitte la place, Je vous laisse, je me retire. Il signifie aussi, figurément : Je ne veux point contester, je vous cède.

QUITTER signifie encore Exempter, affranchir, décharger, tenir quitte, dispenser. Je vous quitte de tout ce que vous me devez. Je vous quitte des intérêts et du principal. Je vous quitte du reste. Fam., Je vous quitte de vos compliments, de vos remerciements, etc., Je ne veux point de vos compliments, je n'ai que faire de vos remerciements, je vous en dispense. Il vieillit.

QUITTER s'emploie intransitivement dans le sens de S'en aller, se retirer de quelque travail, de quelque engagement. Tout le monde quittait. Tous les employés de l'établissement quittèrent à la fois. Ne quittez pas : on va vous parler.

Littré (1872-1877)

QUITTER (ki-té) v. a.
  • 1Tenir quitte, exempter, affranchir (ce qui est le premier sens, puisque quitter vient de quitte). Quitter quelqu'un d'une amende, d'une peine. Ne devaient-ils pas se tenir bien heureux que mon ambition ne leur coûtât pas davantage ? on ne les en pouvait quitter à meilleur marché, Fontenelle, Dial. 1er, Morts. anc. Réponds-moi seulement de l'avenir ; je te quitte du reste, Raynal, Hist. phil. X, 8.

    On dit dans le même sens : quitter une dette. Celui qui reçoit la grâce, à qui l'on quitte toutes ses dettes, Bossuet, Sermons, Temps du jubilé, 1.

    Fig. Dispenser. Je vous quitte de la peine de me répondre, Sévigné, à Pompone, 20 nov. 1664. Ce sont des amitiés de l'agonie [lettres tendres de M. de la Trousse à sa mère mourante], dont je ne fais pas grand cas ; j'en quitte ceux qui ne commenceront que là à m'aimer, Sévigné, 27 avr. 1672. Ne perdez point le temps que vous laisse leur fuite à rendre à mon tombeau des soins dont je vous quitte, Racine, Mithr. V, 5. Les autres, contents que l'on réduise les mœurs aux passions… quittent un auteur de tout le reste, La Bruyère, Disc. sur Théophr. Montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau, La Bruyère, I. Envoyez-moi cet habit et ces bijoux de Philémon, et je vous quitte de la personne, La Bruyère, II.

    Je le quitte, je cède, je m'avoue vaincu. Ho ! poussez ; je le quitte, et ne raisonne plus, Molière, le Dép. II, 1. Ah ! je le quitte maintenant, et je n'y vois plus de remède, Molière, G. Dand. III, 15. Mon père, lui dis-je, je le quitte, si cela est, Pascal, Prov. VII.

  • 2Céder, abandonner. Plus ardent qu'un athlète à Pise, Je me ferai quitter le prix, Malherbe, III, 2. Il le recueillit, le fit apporter en sa maison, lui quitta son lit…, Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 37. Si quelqu'un veut plaider contre vous pour vous prendre votre robe, quittez-lui encore votre manteau, Sacy, Bible, Évang. St Math. V, 40. J'ai quitté ma plume à ma fille avec plaisir, Sévigné, à Bussy, 28 oct. 1685. Tous ceux qui le voient [Scipion l'Africain] sont gagnés au peuple romain : les Carthaginois lui quittent l'Espagne, Bossuet, Hist. I, 8. J'aurais même regret qu'il me quittât l'empire, Racine, Théb. IV, 1. Foucault, conseiller d'État, obtint la rare permission du roi de quitter à son fils l'intendance de Caen, Saint-Simon, 161, 113. Qui vous céderait pour ce siècle-ci [le XIXe] la guerre et les sciences, ne quitteriez-vous pas à l'autre [le XVIIe] les arts, la politesse et le goût ? Courier, Lett. II, 210.

    N'en pas quitter sa part à un autre, et, absolument, n'en pas quitter sa part, ne vouloir pas renoncer à quelque chose. Penses-tu qu'après tout j'en quitte encor ma part, Et tienne tout perdu pour un peu de traverse ? Corneille, le Ment. III, 6. Qui n'eût ri ? quant à moi, Je n'en eusse quitté ma part pour un empire, La Fontaine, Fabl. XII, 12. L'on ne quitte point sa part de la fortune, quand on a des raisons d'y prétendre, Sévigné, 13 mars 1680. Le récipiendaire ayant assuré que son prédécesseur était un grand homme, que le cardinal de Richelieu était un très grand homme, Louis XIV un plus que grand homme… le directeur lui répond la même chose, et ajoute que le récipiendaire pourrait bien aussi être une espèce de grand homme, et que, pour lui directeur, il n'en quitte pas sa part, Voltaire, Lettres sur les Anglais, 25.

    Quitter la place à quelqu'un, se retirer pour le laisser seul. Madame, c'est à moi de vous quitter la place, Corneille, Sophon. III, 3. Ma présence le chasse, Et je ferai bien mieux de lui quitter la place, Molière, Tart. II, 4. En attendant, je vous assure qu'il [Pomenars] est si hardi et si effronté, que tous les jours du monde il fait quitter la place au premier président, dont il est ennemi, aussi bien que du procureur général, Sévigné, 77.

    Fig. Je vous quitte la place, je vous cède mes prétentions, je ne veux pas contester.

    Absolument. J'aime mieux quitter que de disputer.

  • 3Renoncer à. Sans quitter pourtant ses premiers desseins, Perrot D'Ablancourt, Tac. 286. Ils quittèrent Dieu qui était leur gloire pour la figure d'un bœuf qui mange de l'herbe, Sacy, Bible, Ps. CV, 20. J'aurais bientôt quitté les plaisirs, disent-ils, si j'avais la foi. Et moi je vous dis : vous auriez bientôt la foi, si vous aviez quitté les plaisirs, Pascal, Pens. X, 3, éd. HAVET. Mais quittons ces tristes souvenirs, Sévigné, 18 févr. 1671. Vous écrivez extrêmement bien… ne quittez jamais le naturel, votre tour s'y est formé, et cela compose un style parfait, Sévigné, à Mme de Grignan, 18 févr. 1671. C'était le conseil de Dieu d'instruire les rois à ne point quitter son Église, Bossuet, Reine d'Anglet. Malheureux ! vous quittez le maître des humains Pour adorer l'ouvrage de vos mains, Racine, Esth. II, 9. Laissez-là cet habit, quittez ce vil métier, Racine, Athal. II, 7. Faut-il quitter mes livres, mes études, mon ouvrage, cette ligne qui est commencée ? La Bruyère, VI. Pourquoi, dis-je, a-t-il quitté le service ? Il ne l'a point quitté, me répondit-il, mais le service l'a quitté, Montesquieu, Lett. pers. 48. Ce qui est singulier, c'est qu'il [Maimbourg] fut obligé de quitter les jésuites, pour avoir écrit en faveur du clergé de France, Voltaire, Louis XIV, Écriv. Maimbourg. Quitter l'idolâtrie Est un titre en ces lieux pour mériter la vie, Voltaire, Alz. I, 1.

    Quitter le commerce du monde, se priver du commerce du monde.

    Quitter le monde, se dit d'une personne qui embrasse la vie religieuse, qui va vivre dans la retraite.

    Fig. Et les canons, quittant leurs usages farouches, Ne servent plus ici que d'éclatantes bouches, Pour rendre grâce au ciel de cet heureux accord, Corneille, Inscript. mises sous des estampes, II, Le pont de Cé.

    Quitter la partie, convenir que celui contre qui on joue a gagné ; et fig. se désister de quelque chose, y renoncer, s'en aller. Mettez dans vos discours un peu de modestie, Ou je vais sur-le-champ vous quitter la partie, Molière, Tart. III, 2.

    Se défaire de. Quitter ses mauvaises habitudes. Quitte cette tendresse ; Pleurer les ennemis est marque de faiblesse, Mairet, Mort d'Asdrub. V, 3. Honteux attachements de la chair et du monde, Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés ? Mairet, Poly. IV, 2. Quittez l'art avec nous ; quittez la flatterie, Voltaire, Brutus, I, 2.

  • 4Se séparer de ce à quoi on est attaché. Et vous serez fameux chez la postérité, Moins pour l'avoir conquis [l'empire] que pour l'avoir quitté, Corneille, Cinna, II, 1. Quoi ! vous voulez quitter le fruit de tant de peines ! Corneille, ib. IV, 4. Il a quitté sans peine ce qu'il avait acquis sans empressement, Bossuet, le Tellier. Songez-vous qu'en naissant mes bras vous ont reçue ? Mon pays, mes enfants, pour vous j'ai tout quitté, Racine, Phèdre, I, 3. Sylla, quittant la dictature, avait semblé ne vouloir vivre que sous la protection de ses lois mêmes, Montesquieu, Rom. 11.

    Quitter la vie, mourir. Rome a trop cru de moi, mais mon âme ravie Remplira son attente, ou quittera la vie, Corneille, Hor. II, 1.

  • 5Laisser quelqu'un en quelque endroit, se séparer de lui. Il quitta ses compagnons à la porte de la ville. Je veux demeurer pour t'encourager à la mort, et je ne te quitterai point que je ne t'aie vu pendu, Molière, Méd. malg. lui, III, 9. On m'a dit que vous ne quittez guère Mme de Montespan ; je n'en suis point jalouse : sûrement elle ne diminuera pas votre amitié pour moi, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, t. V, p. 54, dans POUGENS. Il est souvent plus utile de quitter les grands que de s'en plaindre, La Bruyère, IX. Je me souviens qu'une fois Mme de Luxembourg me parlait en raillant d'un homme qui quittait sa maîtresse pour lui écrire, Rousseau, Confess. v.

    Fig. Mon Dieu, me quitterez-vous ? Pascal, Amulette.

    Cet homme a quitté sa femme, il l'a abandonnée. Un pape avait excommunié Robert pour avoir épousé sa parente ; et un autre pape excommunia Philippe pour avoir quitté sa parente, Voltaire, Mœurs, 39.

    On dit de même : Elle quitta son mari.

    Quitter se dit d'amants qui renoncent à leur amour. Venge-toi d'une ingrate et quitte une cruelle, Corneille, Nicom V, 1. Me quitter, me reprendre et retourner encor De la fille d'Hélène à la veuve d'Hector ? Racine, Andr IV, 5. Saint-Évremond eut quelque temps ses bonnes grâces [de Ninon de Lenclos] ; on la quittait rarement, mais elle quittait fort vite, Voltaire, Mél. littér. sur Mlle de Lenclos.

    Fig. La France est une maîtresse qu'il [Frédéric II] a quittée, mais qu'il aime et qu'il souhaite passionnément de voir embellie, Voltaire, Lett. Amelot, 3 août 1743.

    Cesser de s'attaquer à. Je ne m'étonne point de voir que votre haine, Pour me faire coupable, a quitté Timagène, Corneille, Rod. V, 4.

    Quitter des yeux, quitter de la vue, cesser d'avoir les yeux fixés sur. Je ne la quittai pas des yeux. Je ne pourrais pas vivre en repos, si je quittais de vue un seul moment ma chère Providence, Sévigné, 9 févr 1683.

    Absolument. Je ne quittai point des yeux, elle ne me voyait point encore, Marivaux, Marianne, 4e part.

    Fig. Il ne quitte jamais Descartes, il lit constamment les livres de Descartes.

  • 6 Fig. Il se dit des choses qui nous laissent. La vie le quitta. Il est vieux, ses facultés l'ont quitté. Quand nos vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c'est nous qui les quittons, La Rochefoucauld, Max. 192. Je souhaite qu'il se porte bien, et que la fièvre le quitte ; car il faut mettre flamberge au vent, Sévigné, 166. Peut-être la fortune est prête à vous quitter, Racine, Esth. III, 1. Oui, tu me resteras, ô funèbre héritage [un crucifix] ! Sept fois, depuis ce jour, l'arbre que j'ai planté Sur sa tombe sans nom a changé de feuillage, Tu ne m'as pas quitté, Lamartine, Nouv. Médit. le Crucifix.

    Quand l'âme quitte le corps, lorsque l'âme abandonne le corps.

    Son portrait ne me quitte pas, je le porte toujours sur moi.

    Son image ne me quitte pas, elle est constamment présente à mon esprit.

    Ce souvenir ne me quittera jamais, je me souviendrai toujours de cela.

    Ne pas quitter, aller de la même façon, en parlant de montres. Cette montre… qui allait toujours trop tôt ou trop tard d'une heure ou deux, est devenue si parfaitement juste qu'elle ne quitte pas d'un moment la pendule, Sévigné, 15 juillet 1671.

  • 7S'éloigner d'un lieu, s'en retirer. Quitter la maison paternelle. Quitter son poste. Anaxagore, du temps de nos pères, ayant avancé que la lune était une terre à peu près semblable à la nôtre, et le soleil une pierre enflammée, fut soupçonné d'impiété et obligé de quitter Athènes, Barthélemy, Anach. ch. 31. Avant la fin du jour ne quittez point ces lieux, Delavigne, Princ Aurél. IV, 7.

    Quitter la terre, mourir. Ce petit nombre d'hommes auxquels la Providence a soumis leurs semblables, et qui n'ont à redouter sur la terre que le moment où ils la quittent, D'Alembert, Éloges, Bossuet.

    Quitter le lit, se lever. Ce malade ne quitte pas le lit.

    Quitter la chambre, sortir. Il est incommodé, il ne quitte pas la chambre.

    Fig. Quitter le barreau, cesser de plaider. Cet avocat a quitté le barreau.

    Quitter le théâtre, cesser de jouer. Cet acteur a quitté le théâtre.

    Fig. On dit qu'un fleuve quitte son lit quand il déborde.

  • 8S'écarter de. Quitter les rangs. Quitter le bon chemin.

    Fig. Quitter le droit chemin, s'écarter de son devoir.

    Fig. Quitter le sentier de la vertu, s'écarter de la vertu, du devoir.

  • 9Lâcher ce qu'on tient. Quitter sa proie. Il ne quitta pas la planche qui le soutenait sur l'eau. Il lui quitte la main, et tourne d'un autre côté, La Bruyère, XI.

    Quitter les armes, déposer les armes, cesser la guerre. Prêt à quitter le fer et prêt à le reprendre, Racine, Alex. II, 2.

    Quitter prise, lâcher ce qu'on a pris. Ce chien, quand il mord, ne quitte pas prise.

    Fig. Quitter prise, abandonner un dessein. Le moindre obstacle lui fait quitter prise.

    Par extension. Fort bien ; et cette fièvre a bientôt quitté prise, Molière, Tart. III, 3.

    Absolument. C'est un homme qui ne quitte pas aisément, qui ne quitte jamais, il suit obstinément ce qu'il a commencé, il il n'y renonce jamais.

  • 10Ôter de dessus soi, se dépouiller de, se débarrasser de. Quitter son habit pour être plus à son aise. Quitter sa robe.

    Cesser l'usage de, cesser de porter. Quitter le deuil. Lise a quitté le rouge, et l'on se dit tout bas Qu'elle ferait bien mieux de quitter Licidas, Gresset, le Méch. III, 9.

    Quitter les étriers, ôter ses pieds de dedans volontairement ou involontairement.

    Fig. Quitter l'épée, la robe, la soutane, le froc, renoncer à la profession des armes, à celle de la robe, à l'état ecclésiastique, à la vie religieuse. Le vieux laboureur de Ferney, qui a quitté le cothurne pour le semoir, Voltaire, Lett. Chauvelin, 21 sept. 1764.

    Quitter sa peau, se dit d'un serpent qui fait peau nouvelle.

    Fig. et familièrement, quitter sa peau, renoncer à ses vieilles habitudes, à son ancien caractère.

    Cet arbre quitte ses feuilles, les feuilles de cet arbre tombent. Mes quatre chênes résistèrent vigoureusement, et ne quittèrent leurs feuilles que quelques jours avant le temps ordinaire, Buffon, Hist. nat. introd. Part. exp. Œuv. t. VIII, p. 267.

    Ces fruits quittent le noyau, le noyau s'en détache facilement.

  • 11 V. n. S'en aller, s'éloigner. Ne quitte point, Lisette, et demeure avec nous, Th. Corneille, Baron d'Albikrac, IV, 1. Faut-il quitter impoliment sans lui rien dire ? faut-il lui déclarer le sujet de ma retraite ? Rousseau, Hél. I, 1.

    Il se dit des choses qui se séparent. Prêt à choir où le vent le pousse, Le fruit menaçait de quitter, Lamotte, Fabl, I, 10.

  • 12Il se dit d'hommes, de femmes dont les cœurs se séparent. Qui ne pouvant avoir que des goûts imparfaits, Choisissent sans amour, et quittent sans regrets, De Bièvre, Séducteur, II, 1. Je venais de quitter ; elle, d'être quittée ; Et nous nous sommes pris je ne sais trop comment, Desmahis, l'Impertinent, sc. 2.
  • 13Se retirer de quelque travail, engagement. Il [un fermier de la Lorraine] répond que, du temps de M. de Turenne, on pouvait recueillir et compter sur les terres de ce pays-là ; mais que, depuis sa mort, tout le monde quittait, croyant que les ennemis y vont entrer, Sévigné, 21 août 1675. Il faut absolument que tous ceux qui ont travaillé avec vous [à l'Encyclopédie] quittent avec vous, Voltaire, Lett. d'Alembert, 5 févr. 1758.
  • 14 Terme de jeu. Abandonner sa vade et ne pas tenir un renvi. Il a fait son va-tout, et j'ai quitté. Vous me ferez quitter si votre renvi est si fort.
  • 15Se quitter, v. réfl. Se séparer de soi-même. Avant tout dérèglement, il faut qu'il y ait une chose qui est elle-même sa règle, et qui, ne pouvant se quitter soi-même, ne peut non plus ni faillir, ni défaillir, Bossuet, Élév. sur myst. I, 2. Lord Byron a composé un poëme des Lamentations du Tasse ; mais il ne se peut quitter et se substitue partout aux personnages qu'il met en scène, Chateaubriand, dans le Dict de DOCHEZ.

    Terme de mystique. Se quitter soi-même, laisser faire Dieu.

  • 16Se séparer l'un de l'autre, les uns des autres. Ils se sont quittés bons amis. Pour moi, je dirai : il faut toujours s'aimer, quoique l'on soit obligé quelquefois de se quitter, Sévigné, 581. Ils font mille serments de ne se point quitter, Racine, Phèdre, IV, 6.
  • 17Être quitté. La flanelle sur la peau ne se quitte pas, même en été.

PROVERBES

Qui quitte la partie la perd, on perd la partie quand on cesse le jeu avant qu'elle soit finie, et fig. cesser de s'occuper d'une affaire, c'est en compromettre le succès.

Qui quitte sa place la perd, on ne retrouve plus sa place une fois qu'on l'a quittée.

Il ne quitte rien du sien, se dit de celui qui renonce à une chose où il n'avait point de droit.

HISTORIQUE

XIIe s. Se [elle] ne me veut retenir ou quiter, Couci, VI.

XIIIe s. Je quit amours, et à Dieu les commant, Anonyme, dans Couci. Si comme se uns hons me demande vingt livres, et je li ni que je ne li doi pas, car je li ai paiés, ou il le m'a quité, Beaumanoir, XXXIX, 50. Se il ne li quitoient les deux cent mille livres que il leur devoit encore, Joinville, 261.

XVe s. Je vous quitte votre prison, et vous pouvez partir demain, Froissart, I, 1, 329. L'evesque du Lyege estoit venu pour faire quicter à son pays trente mil florins ou environ qu'ils payoient au duc Charles par appoinctement, Commines, V, 16.

XVIe s. Celui qui, sans rien recevoir, liberalement et franchement quitte la dette, Calvin, Instit. 507. Il leur seroit si difficile, que j'aime mieux les en quitter [dispenser], Marguerite de Navarre, Nouv. XX. Quittant sa resolution, il s'abandonnoit au dueil, Montaigne, I, 6. Je suis d'advis que tu quittes cette vie là, ou la vie tout à faict, Montaigne, I, 251. J'espere que nous en quitterons l'usage, Montaigne, I, 362. Depuis que ceulx qui me devanceoient m'ont quitté leur place…, Montaigne, III, 59. La police feminine a un train mysterieux, il faut le leur quitter, Montaigne, III, 5. Adrian l'empereur debattant avecques le philosophe Favorinus de l'interpretation de quelque mot, Favorinus luy en quitta bientost la partie, Montaigne, III, 7. Il quitta l'or et l'argent à ceux qui en avoient plus affaire que luy, Amyot, Arist. et Cat. comp. 10. Antiochus passa de l'Asie en la Grece, pour solliciter les villes de quitter l'alliance des Romains, Amyot, Flamin. 30. Demosthenes n'osa onques aller jusques là, ains s'en retourna du mont de Cythaeron et quitta l'ambassade, Amyot, Démosth. 32.

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Étymologie de « quitter »

(Siècle à préciser) Dénominal de quitte et -er.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenc. quitar ; anc. catal. quietar ; espagn. quitar ; ital. quietare, quitare ; bas-latin, quietare, de quietus (voy. QUITTE) : mot à mot rendre tranquille, de là exempter, renoncer, laisser. On entend souvent les paysans dire : Quitte-moi tranquille, quitte-moi en repos.

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Phonétique du mot « quitter »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
quitter kite

Fréquence d'apparition du mot « quitter » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « quitter »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « quitter »

  • Quand le navire doit sombrer, les rats sont les premiers à le quitter.
    Fiodor Dostoïevski — Les Démons
  • Qu'il est facile de se quitter, difficile de se retrouver !
    Song Fang-Hu
  • Quand le vainqueur a quitté les armes, le vaincu a le devoir de quitter sa haine.
    Sénèque — Hercule furieux
  • Avant que de tout perdre il vaut mieux tout quitter.
    Roger Allard
  • Quitte à aimer Aime à quitter Quitte à quitter Aime à aimer.
    Roland Topor
  • Ô tristesse ! on passe une moitié de la vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime.
    Victor Hugo — Tas de pierres, Éditions Milieu du monde
  • La vie ne vaut pas le coup qu’on se donne la peine de la quitter.
    Jacques Rigaut — Ecrits
  • Malgré la volonté de rassurer son réseau et ses clients suite aux annonces de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi fin mai, le plus petit des trois constructeurs pourrait bien quitter pour de bon l’Europe dans un avenir assez proche.
    L'Automobile Magazine — Pourquoi Mitsubishi devrait prochainement quitter l’Europe - L'Automobile Magazine
  • On peut tout quitter sauf ses obsessions.
    David Foenkinos — Charlotte
  • On ne devrait jamais se quitter quand on s'aime.
    François Andrieux — Le rêve du mari
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Traductions du mot « quitter »

Langue Traduction
Anglais to leave
Espagnol dejar
Italien lasciare
Allemand verlassen
Chinois 离开
Arabe يغادر
Portugais deixar
Russe покинуть
Japonais 去る
Basque utzi
Corse lascià
Source : Google Translate API

Synonymes de « quitter »

Source : synonymes de quitter sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « quitter »

Combien de points fait le mot quitter au Scrabble ?

Nombre de points du mot quitter au scrabble : 16 points

Quitter

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