La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « nu »

Nu

Variantes Singulier Pluriel
Masculin nu nus
Féminin nue nues

Définitions de « nu »

Trésor de la Langue Française informatisé

NU1, subst. masc.

Treizième lettre de l'alphabet grec écrite ν, N, et correspondant au N, n français.
PHYS. NUCL. Facteur nu. ,,Nombre moyen par fission des neutrons de fission primaire émis (...). Ce facteur dépend de l'énergie des neutrons absorbés`` (Nucl. 1975).
Prononc.: [ny]. Homon. nu2, nue. Étymol. et Hist. [1529 gni (G. Tory, Champfleury, fo69 vo: En langue Grecque y a XXIIII Lettres, desquelles les noms suivent... Gni; fo70 ro: Gni vault N); 1765 nu (Encyclop., s.v. N: le signe de la même articulation étoit nommé nu, ν υ ̃, par les Grecs)]; 1824 (Raymond). Transc. du nom de la treizième lettre de l'alphabet gr. ν υ ̃.

NU2, NUE, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. − [Appliqué à une pers. ou à une partie du corps]
1. [Appliqué à une pers.] Qui n'est pas, qui est peu vêtu:
1. «L'éternel Dieu appela Adam, et lui dit: Où es-tu? Et il répondit: J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai craint, parce que j'étais nu, et je me suis caché. Et Dieu dit: Qui t'a montré que tu étais nu? N'as-tu pas mangé de l'arbre duquel je t'avais défendu de manger?» Ainsi Adam, par l'effet de la connaissance, ressent la honte, qui recèle ou entraîne à sa suite la crainte. P. Leroux,Humanité,1840, p.538.
a) Qui est dépouillé de tous ses vêtements. Synon. déshabillé, dévêtu, dans le plus simple appareil (fam.), en costume d'Adam (fam.), à poil (très fam.).Être, se mettre (tout) nu, coucher (tout) nu. Quand l'homme est tout nu devant vous, vous ne voyez d'abord que des rondeurs, des demi-teintes, vous voulez vous accrocher à des muscles et vous dérapez sur de la graisse... (Abellio,Pacifiques,1946, p.33).Rose et nu sans un poil, avec ses joues roses et son gros petit ventre caressé par la lumière blonde du matin, Charlot ressemblait au plus beau bébé de France (Sartre,Mort ds âme,1949, p.42):
2. Paulina était nue. Être nue c'est être absolue enfin. Elle se sentait nue dans son ventre enveloppé d'ombre, dans ses deux mamelles visibles dont les pointes durcissent à l'air frais, dans sa chevelure déployée, dans l'intérieur de son esprit. Jouve,Paulina,1925, p.126.
Fam. Se déshabiller tout nu. Se dévêtir entièrement. Et l'on vit l'étrange ambassadeur se déshabiller tout nu, piquer une tête dans la flotte et nager sans hésitation vers le rivage (Cendrars,Bourlinguer,1948, p.181).
En comp., pop., vieilli. Couche-toute-nue, subst. fém. Femme de petite vertu. Une couche-toute-nue se montra dans l'encadrement de la porte (...) les pieds dans des babouches brodées (Courteline,Train 8 h 47,1888, 2epart., 7, p.176).
En partic., BEAUX-ARTS. Figure nue. Statue, peinture représentant une personne sans vêtement (infra II):
3. Pour les dévots des xvieet xviiesiècles, la représentation d'une figure nue aurait paru un sacrilège. Du temps de Murillo, il était si difficile de trouver dans les académies un modèle, qu'il était d'usage que tour à tour les élèves missent habit bas et posassent pour leurs camarades. Mérimée,Mosaïque,1833, p.518.
Amour nu. Représentation du dieu Amour sous les traits d'un enfant ailé généralement nu (infra 2 a). Les Amours nus, pressés en bataillon, Ont des rosiers broyés le vermillon Sur le beau sein de cette enchanteresse (Banville,Odes funamb.,1859, p.283).
b) Qui est partiellement dévêtu. (À) demi(-)nu, à moitié nu, mi-nu, nu jusque... J'ai des souvenirs charmants d'après-midi passés à son école, sous la petite avenue de peupliers, nu en caleçon, avec l'odeur des filets et du goudron... (Flaub.,Corresp.,1860, p.374).Luttons, dit Desrais (...). Ils se mirent tous deux nus jusqu'à la ceinture (A. France,Vie fleur,1922, p.425):
4. C'était en hiver, un mois de décembre très froid, elle grelottait à demi nue dans des guenilles, ses pauvres petits pieds tout rouges dans des sabots. Hugo,Misér., t. 2, 1862, p.649.
c) Qui ne porte pas de sous-vêtements (construction habituelle: nu dans, nu sous). Les fellahs nus sous une simple blouse en cotonnade bleue (Du Camp,Nil,1854, p.41).J'ai vu ce grand vieillard qui, nu dans son paletot pourri, croisait les bras sur sa poitrine (Claudel,Ville,1893, ii, p.350).
d) Qui est peu ou mal vêtu ou pas du tout vêtu. L'été, ils partaient selon la mode pour Deauville ou pour La Baule, étendaient leurs trois beaux corps nus sur la plage (Giraudoux,Bella,1926, p.134).
Compar. usuelle. Nu comme.Nu comme la main (v. ce mot 1resection I A 2 a ex. de Giono); nu comme le jour de sa naissance (v. Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p.148); nu comme un cierge (v. Rostand, Cyrano, 1898, iii, 2, p.144); nu comme un ver (v. Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p.221); nu comme un petit Saint-Jean (v. Zola, OEuvre, 1886, p.167); nu(e) comme Ève; (femme) nue comme une jument (v. Audiberti, Mal court, 1947, ii, p.164). Nu comme un nègre, dont il a le sang et le tempérament de priape (Goncourt,Journal,1868, p.425):
5. Il était nu comme Ève à son premier péché. Quoi! tout nu! dira-t-on; n'avait-il pas de honte? (...) Hassan était donc nu, −mais nu comme la main, − Nu comme un plat d'argent, −nu comme un mur d'église, Nu comme le discours d'un académicien. Musset,Namouna,1832, pp.389-390.
2. [Appliqué à une partie du corps]
a) [L'adj. nu est postposé]
Qui n'est recouvert d'aucun vêtement ou accessoire vestimentaire. Elle a les bras nus, c'est une chair ferme et fraîche, rouge, presque sanglante (Flaub.,1reÉduc. sent.,1845, p.197).Il me plaît de regarder un sein nu, ou une épaule, et d'admirer la belle ligne d'une taille souple qui ploie en valsant (Farrère,Homme qui assass.,1907, p.87).
SYNT. Cou nu, cul nu (fam.), torse, ventre nu; cuisses nues; épaule, gorge, jambe, poitrine nue; corps nu; membres nus; peau nue.
Tête nue. Sans couvre-chef. Je laisserai le vent baigner ma tête nue (Rimbaud,Poés.,1871, p.39).
Cheveux nus. Dépourvus de tout lien. Un jour que son grand ruban s'était dénoué il avait vu ses cheveux nus étalés sur ses épaules (Larbaud,F. Marquez,1911, p.177).
Pied(s) nu(s). Sans chaussures. Si votre maître ne peut plus aller avec ses souliers, il n'a qu'à aller pieds nus (Pourrat,Gaspard,1925, p.287).Sans chaussettes ou sans bas. Elle avait ses pieds nus dans des pantoufles de satin (Dumas fils, Dame Camélias,1848, p.121).
Main(s) nue(s). Sans gant(s). V. main 1resection I A b.Combattre à main(s) nue(s). Sans armes. V. main 1resection I F 1.
À main(s) nue(s). Sans avoir recours à un accessoire. V. main 1resection I H 1 d .
En comp. Cul-nu, subst. masc. Amour ailé représenté par un enfant nu (supra 1 a). Tous les enfants porte-flambeau Vous suivent en battant des ailes. Tous ces petits culs-nus d'Amours, (...) Ont soin d'embellir vos atours (Banville,Odes funamb.,1859, p.64).
Qui est dépourvu de cheveux ou de poils. Visage nu:
6. Il était chauve, et chauve à ce point que son crâne, hormis le bas des tempes, s'offrait, du front, à la nuque, aussi lisse, aussi glabre, aussi nu que sa bosse conique et ses genoux circonflexes... Cladel,Ompdrailles,1879, p.222.
Compar. (Crâne, visage) nu comme un oeuf. De beaux visages clairs et débordants, nus comme des fesses (Giraudoux,Judith,1931, ii, 1, p.119).Il n'avait pas de barbe, ni de favoris, ni de moustache; une figure nue comme un oeuf (Morand,Flagell. Séville,1951, p.373).
b) [L'adj. nu est antéposé; il reste gén. inv. et est séparé du nom qu'il qualifie par un trait d'union] Nu-cou, nu-jambes. Le vieux brame introduisit donc le docteur anglais, revêtu de sa toile de coton, nu-tête et nu-pieds (Bern. de St-P., Chaum. ind.,1791, p.83).−Ah! les bons souliers que vous m'avez donnés-là! −Ça vaut mieux que d'aller nu-pattes (Hugo,Quatre-vingt-treize,1874, p.81).
Va-nu-pieds*.
c) À l'oeil nu, loc. adv. Sans l'aide d'un instrument d'optique. Étoiles visibles à l'oeil nu ou dans une lunette (Danjon,Cosmogr.,1948, p.292).
3. Qui est matériellement ou moralement dépourvu de tout, privé des biens essentiels. Synon. dépouillé, désarmé, sans défense.Et lui, nu, les mains vides, qui n'avait rien, pas même une pierre au bord d'un champ (Zola,Fécondité,1899, p.79).
En compos. Bras-nus, subst. masc. Les meurt-de-faim, les va-nu-pieds, les bras-nus, les déshérités, les orphelins, les malheureux (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p.192).
Compar. La pauvre Vallée est vendue; c'est Mathieu qui en est devenu le possesseur. Me voilà nu comme Job (Chateaubr.,Corresp., t. 2, 1818, p.18).Ils m'ont tout pris, ma pauvre Charlotte, ils m'ont laissé nu comme un ver, mes gredins d'héritiers! (Zola,Hérit. Rabourdin,1874, ii, 1, p.171).
Littér. Nu de + subst.Privé de, dépourvu de. Nu d'amour et d'amitié, il s'enfoncera plus avant dans la vie intellectuelle (Barrès,Barbares,1888, p.80).
B. − [Appliqué à un animal ou à une partie de son corps]
1. Qui est dépourvu de poils, de plumes ou d'écailles. Chien nu. Il y en a [des reptiles] qui sont revêtus d'écailles, et d'autres qui ont la peau nue (Lamarck,Philos. zool., t. 1, 1809, p.153).Les individus de cette race [d'oiseaux] se trouvent élevés comme sur des échasses, ayant obtenu peu à peu de longues pattes nues, c'est-à-dire, dénuées de plumes jusqu'aux cuisses (Lamarck,Philos. zool., t. 1, 1809p.250):
7. Il y avait l'odeur de l'herbe, il y avait l'extraordinaire odeur du ver de terre (...) la poignante odeur du ver nu, gluant, vivant enroulé dans les humus plus radieux que mille soleils. Giono,Eau vive,1943, p.313.
OEil nu. Dépourvu de paupières. Les poissons qui vivent sous l'eau, où les rayons du soleil sont presque sans action, ont les yeus nus (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.151).
2. Mollusque nu. Sans coquille. Parmi ces mollusques céphalés, ceux qui sont nus (sans coquilles) ont, en outre, dans leur manteau une cuirasse plus ferme encore que le manteau lui-même (Lamarck,op.cit.,p.172).
3. Cheval nu. Cheval dépourvu de tout harnachement. Ce n'est pas la peine de faire faire une housse à mon cheval, il ira bien tout nu (Courier,Lettres Fr. et Ital.,1805, p.695).Au loin, dans l'étendue, les chevaux nus galopaient, échevelés comme des vierges folles (Montherl.,Bestiaires,1926, p.569).
C. − [Appliqué à un inanimé concr. ou abstr.]
1. [Gén. appliqué à un élément extérieur ou intérieur d'un décor (bâtiment, pièce, paysage)] Dépouillé, dépourvu des éléments qui l'accompagnent généralement ou qui le caractérisent.
Dépourvu de mobilier ou d'ornement. Pièce nue. C'est une vaste salle nue, triste, sans tapis, sans nattes, refroidissante, décrépite, en ruine (Du Camp.,Nil,1854, p.35).Pas un papier sur la table, pas un objet sur la commode, pas un vêtement aux murs: le bois nu, le marbre nu, le mur nu (Zola,Conquête Plassans,1874, p.926).
Dépourvu de végétation. Champ, colline, terrain, terre, rocher nu(e). Les landes nues, les plateaux pelés (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p.551):
8. Il comparait (...) le joli ciel du printemps et la vallée qu'il avait vue si joyeuse pendant son premier voyage (...) à ces montagnes dépouillées de leurs vertes parures (...). Une terre nue est un douloureux spectacle... Balzac,Méd. camp.,1833, p.271.
Arbre nu, branche nue. Arbre, branche privé(e) de ses feuilles. Synon. dépouillé.La branche nue est une fronde qui lance un oiseau (Renard,Journal,1910, p.892):
9. Quand les amandiers nus se couvriront des fleurs du givre, alors nous nous soulèverons un peu, sensibles au premier vent d'espoir, bientôt redressées dans ce second printemps. Camus,État de siège,1948, 2epart., p.265.
Ciel nu. Ciel sans nuages. C'est un grand ciel nu d'hiver avec tous ses astres et astérisques (Claudel, Corona Benignitatis, 1915, p.374).
2. Emplois techn.
a) Épée (arme, glaive) nu(e). Séparé(e) de son fourreau. Il [Attila] croit voir dans le ciel Saint Pierre qui, l'épée nue, lui défend d'avancer (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p.147).
b) BOT. Qui est dépourvu des organes ou des enveloppes qui l'accompagnent ordinairement. Bourgeon, cellule, fleur, ovule, semence nu(e). Le botaniste les divise surtout en Blés à grains nus, où les glumelles se séparent aisément du grain, et Blés à grains enveloppés (Plantefol,Bot. et biol. végét., t.2, 1931, p.290).
Plantation à racines nues. Plantation d'un arbre, d'un arbuste dont les racines ne sont pas protégées par une motte de terre. Anton. plantation* en motte(s).Si les arbustes, au lieu d'être à racines nues, sont en mottes, c'est-à-dire, garnis de terre autour des racines, leur réussite en sera plus sûre (Voy. Pérouse,t. 1, 1797, p.230).
c) CHIM. Feu nu, à feu nu. V. feu I B 1.
d) DR. Titre nu. Charge achetée sans la clientèle qui s'y rattache. Il avait dévoré le droit par désespoir, et venait d'acheter un titre nu. Avoué sans le sou, sans clientèle (Balzac,Mais. Nucingen,1838, p.618).
e) ÉLECTR. Fils nus. Fils électriques non protégés par leur gaine. Synon. dénudés.L'emploi des fils nus doit (...) être proscrit des puits et des galeries de mines (Haton de La Goupillière,Exploitation mines,1905, p.628).
f) LING. Racine nue. Racine se présentant dans une phrase sans aucun élément de formation. En russe, la racine nue apparaît au nominatif singulier de la déclinaison masculine dure (vol-«boeuf») (Mounin1974).
3. Au fig.
a) [Appliqué à un style, un ouvrage] Dépouillé de tout ornement, de tout artifice. Synon. sobre; anton. chargé, fleuri.Tout est cru en ce livre, déshabillé, nu (Goncourt,Journal,1858, p.489).
b) [Appliqué à un inanimé abstr.] Sans déguisement, à l'état pur. Fait, amour nu; force, sensation nue. «Ce moi, c'est la conscience centrale, l'axe de toutes les branches retranchées, le support de toutes les mutilations. Je n'ai bientôt plus que cela, la pensée nue». La pensée nue, voilà ce qu'Amiel n'a jamais renié (Du Bos,Journal,1921, p.32).
Compar. L'amour se montre tel qu'il est, nu comme la main, nu comme un ver (Bernanos,Joie,1929, p.618).
La vérité toute nue. [Allusion à l'allégorie représentant la Vérité sous les traits d'une femme nue sortant d'un puits] :
10. Il y a chez Joubert le maximum de suspicion à l'égard de la nudité sous toutes ses formes. Peu de pensées le peignent mieux que celle-ci: «Ayez un esprit où la vérité puisse entrer nue, pour en sortir parée.» Du Bos,op.cit.,1924, p.189.
II. − Subst. masc.
A. − Caractère, état de celui (celle, ce) qui est nu(e).
1. [À propos de pers. ou d'une partie du corps] Il parut examiner ses bras nus, son cou nu, tout le nu qu'elle montrait, comme si des comparaisons s'établissaient dans son esprit (Zola,Assommoir,1877, p.383).
2. [À propos de choses] L'église est d'un nu rare et d'une ineptie curieuse (Flaub.,Champs et grèves,1848, p.189).
Nu de/du mur. Partie d'un mur ne comportant aucune saillie. Anton. fruit2.On dit «le nu» d'un mur, qui est la surface véridique sur laquelle tu peux te fier. On dit «le fruit» d'un mur, quand il penche (Cavanna, Les Ruskoffs, Paris, Belfond, 1979, p.200).
B. − BEAUX-ARTS
1. Genre spécialisé dans la représentation du corps humain dans sa nudité totale. Faire une étude de nu:
11. Les formes irréprochables des tableaux dits de nu, avec leur modèle en serpent, sur un canapé, ou debout avec une jambe un peu pliée, une peau sans granules, crémeuse, bombée sur le devant d'une gorge ronde et crêtée de rose, l'horripilaient. Huysmans,Soeurs Vatard,1879, p.162.
Académie de nu. Section d'une école de peinture spécialisée dans le nu. Crois-tu qu'il rapporterait le genre de dessins qu'il rapporte s'il se rendait au cours? Je suis certaine qu'il en rapporterait d'autres. Yvonne: Je lui avais interdit l'Académie de nu (Cocteau, Parents, 1938, i, 2, p.197).
2. P. méton. OEuvre représentant un nu. Faire un nu; un nu d'Ingres. Mademoiselle Sara Keller, la propre fille du peintre illustre, aurait posé pour ce «nu glorieux» que tout le monde admire au Salon (Gide,Geneviève,1936, p.1376).
3. P. anal., PHOT. Nu artistique. Photographie d'art consacrée au nu. Des albums de Willette et de Léandre, des cartes postales de «nu artistique», des livres de Maizeroy et de Champsaur (Montherl.,Célibataires,1934, p.743).
III. − À nu, loc. adv. À découvert.
A. − Être, (se) mettre à nu
1. [Le suj. désigne une pers.] (Se) déshabiller, découvrir une partie du corps. Jules Lefort déchira le corsage de la robe de Léonide, mit à nu sa poitrine (Gozlan,Notaire,1836, p.158).
2. [Le suj. ou compl. désigne une partie de l'anat. hum.] Mettre à nu le derme, la peau, une artère, un nerf. Sur un muscle [d'une grenouille] mis à nu, tiré par un fil de soie, étaient piquées des aiguilles électriques (Duhamel,Terre promise,1934, p.52).
3. [Le suj. ou compl. désigne un inanimé concr.] Être, mettre à découvert. Conduite à nu. Non souterraine. Au sortir du réservoir, la conduite était à nu sur une longueur d'un demi-mètre (Duhamel,Désert Bièvres,1937, p.108).Fil (électrique) à nu. Fil dénudé, sans enveloppe isolante.
Racines à nu. V. supra I C 2.
ÉQUIT. Monter un cheval à nu. Monter sans selle. Synon. à cru.V. supra I B 3.
B. − Au fig.
1. Se mettre à nu, mettre son coeur à nu. Se montrer tel que l'on est. Je voudrais mettre mon coeur à nu, te dire toute l'ardeur de mes rêves, te dévoiler la bouillante ambition de mes sens irrités par la solitude (Balzac,L. Lambert,1832, p.180).
2. Avoir les nerfs à nu. Avoir les nerfs à vif. Ses nerfs étaient à nu: tout le blessait, au sang (Rolland,J.-Chr., Révolte, 1907, p.595).
Prononc. et Orth.: [ny]. Homon. nue. Ac. 1694, 1718: nud (d < nudus), nue ,,le d ne se prononce point et quelques-uns ne l'écrivent pas``; dep.1740: nu, nue. a) [Nu + nom] Selon la règle, trait d'union et invariabilité: marcher nu-pieds, nu-tête, nu-jambes. Mais ex. sans trait d'union, avec ou sans accord: Elle était nus pieds (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p.281). Nu bras, nu cou, dans son déshabillé inquiétant (Péladan, Vice supr., 1884, p.94). V. rem. de Littré: ,,autrefois cet usage [trait d'union et invariabilité] n'était nullement observé``. Et suivant l'arrêté du 26 févr. 1901 concernant les mots composés avec nu, demi, feu: ,,on tolérera l'accord de ces adjectifs avec le substantif qu'ils précèdent: ex. nu ou nus pieds [sans trait d'union]`` (Catach-Golf. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, p.55). Mais cet arrêté n'a jamais été appliqué, nu antéposé restant inv. Exception: nue(-)propriété, plur. nues(-)propriétés, nu(-)propriétaire, plur. nus(-)propriétaires (anc. usage jur.) toujours accord mais flottement quant au trait d'union. Prop. Catach-Golf., op. cit., p.63: ,,à chaque fois que le premier terme, pour une raison ou pour une autre, sera dans l'incapacité de recevoir la marque du nombre, la soudure sera non seulement possible, mais souvent nécessaire. Le second terme, sauf exception, devra être considéré, avec ou sans la présence du trait d'union, comme portant non ses propres marques, mais celles de l'ensemble du composé``; p.312 ,,nujambes, nupieds, nutête et pour subst. va-nu-pieds: un vanupied, plur. des vanupieds``. b) [Nom + nu] Pas de trait d'union et variabilité: marcher pieds nus, aller tête nue, jambes nues. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) α) ca 1100 fig. (os) nut «(os) dépouillé de la chair» (Roland, éd. J. Bédier, 3607); β) début du xiies. «qui n'est couvert d'aucun vêtement» (St Brendan, éd. I. Short et Br. Merrilees, 1222: homme nud); b) 1176-81 «mal vêtu» (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 5294: Ne ja n'en serons mialz vestues; Toz jorz serons povres et nues); 2. a) α) ca 1100 espee nue (Roland, 3581); β) 1580 cheval nu «cheval sans selle, sans harnais» (Montaigne, Essais, I, 42, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.259); γ) 1838 dr. titre nu (Balzac, loc. cit.); b) 1690 à oeil nud (Fur.); 1798 l'oeil nud (Ac.); 3. ca 1155 nu de «dépourvu de» (Wace, Brut, 6106 ds T.-L.: Cument fust terre defendue Ki de bons chevalers ert nue!); b) 1607 «sans arbre ni verdure (d'un terrain)» (Hulsius, s.v. Vogelweide d'apr. FEW t.7, p.228); c) 1690 «peu ou mal meublé» (Fur.: maison nue); 4. a) 1547 vérité nue (Marguerite de Navarre, Comédie du désert, 1358 ds OEuvres, éd. Schneegans, p.173); b) 1549 «dépouillé (style)» (Du Bellay, Deffence et illustration de la langue françoyse, éd. H. Chamard, p.23, 12: langue pauvre et nue); 5. a) 1636 zool. (Monet, s.v. ouaille: oüaille nue par le vantre, sans laine); b)1763 bot. graine nue (Adanson, Familles des plantes, 1erepartie, p.LIII). B. Loc. à nu 1. 1174-76 «sans vêtements» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, Vie de St Thomas, 5343 ds T.-L.); 2. 1660 cheval à nu (Oudin). C. Subst. 1. 1535 [éd.] nud «partie du corps laissée nue» (J. Bouchet, Triomphes de la noble et amoureuse dame, fo84 vo); 2. 1676 peint. (Félibien). Du lat. nudus «dévêtu, vêtu légèrement, découvert, sans ressources, dépourvu de, sans ornement (style), pur et simple». Fréq. abs. littér.: 8884 (nu-pieds: 102). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9124, b) 14789; xxes.: a) 16100, b) 12392. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen - Oslo - Tromsø, 1972, pp.88-90; p.182. _Sculpt. 1978, p.505, 699.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

nu \ny\ masculin

  1. ν, Ν, treizième lettre et neuvième consonne de l’alphabet grec.

Nom commun 1 - français

nu \ny\ masculin

  1. (Art) Figure féminine non drapées. Pour un homme on parle plutôt d’académie.
    • De beaux nus.
    • Le nu peut être chaste.
  2. Parties des figures que les draperies recouvrent, mais sans empêcher de voir le corps :
    • Ces figures sont bien dessinées, la draperie suit bien le nu.
  3. (Par extension) (Plus rare) Partie dévoilée du corps.
    • L’adoption de ce châle a rendu leur costume plus décent en voilant, dans son ampleur, le nu et les formes un peu trop fortement dessinées. — (Flora Tristan; Les Femmes de Lima, dans Revue de Paris, tome 32, 1836)
  4. (En particulier) La nudité.
    • Les détracteurs du nudisme - les moralistes ou hygiénistes conservateurs d’État ou d’Église - prétendent que la vue du nu, que la fréquentation entre nudistes des deux sexes exaltent le désir érotique. — (Émile Armand, Le nudisme révolutionnaire, dans L’Encyclopédie anarchiste, 1934)
  5. (Architecture) Absence d’ornements.
    • Il y a trop de nu dans cette décoration.
  6. (Architecture) Partie du mur qui est plane, où il n’y a point de ressaut, d’ornements qui excèdent.
    • Voilà le nu du mur, c’est là qu’il faut en mesurer l’épaisseur.
    • Les pilastres ont une grande saillie sur le nu du mur.
  7. (Au pluriel) Ceux ou celles qui sont dépourvus de vêtements.
    • Vêtir les nus, donner des habits aux pauvres.

Adjectif - français

nu \ny\

  1. Qui n’a pas de vêtements, qui est dévêtu.
    • Mes tempes battent ; toute ma chair va à cette femme presque nue et charmante dans le matin et dans le transparent vêtement qui enferme la douce odeur d’elle… — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Qu’on s’imagine nu le général, l’évêque, l’ambassadeur, l’académicien, le garde-chiourme, le garde-chasse ? Que resterait-il de leur prestige, de leur délégation d’autorité ? — (Émile Armand, Le nudisme révolutionnaire, dans L’Encyclopédie anarchiste, 1934)
    • Et dans ce décor, la douce écrivain, qui est jolie, curieuse, l’air viril et des muscles apparents partout, car sauf une jupette pareille à un pagne, elle est nue. — (Renée Dunan, Ces Dames de Lesbos, 1928)
    • Elle était plus que nue. Elle n'avait plus de chapeau, plus de vêtements et plus aucune pudeur. Plutôt que de filer se rhabiller dans la remise située derrière la petite scénette, elle a commencé à avancer en direction du bar... — (Arnaud Le Guilcher, Capitaine frites, éd. Robert Laffont, 2016)
    • Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l’or massif :
      Ses mâts touchaient l’azur, sur des mers inconnues ;
      La Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues
      S’étalait à sa proue, au soleil excessif.
      — (Émile Nelligan, Le vaisseau d'or (poème), 1903)
  2. (Figuré) Qui est dans le dénuement.
    • Il est arrivé tout nu de sa province, je l’ai pris tout nu.
  3. (Par analogie) Sans enveloppe, couverture ou ornement habituels.
    • Mal éclairée d’un quinquet nu, la famille veillait autour du poêle triangulaire. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Notons que certaines landes soumises au pacage (…) présentent de vastes zones nues dont le gazon ras est essentiellement constitué par des Hémicryptophytes et des Chaméphytes à tige plus ou moins décombante ; […]. — (Gustave Malcuit, Contributions à l’étude phytosociologique des Vosges méridionales saônoises : les associations végétales de la vallée de la Lanterne, thèse de doctorat, Société d’édition du Nord, 1929, p. 126)
    • Une épée nue, épée hors de son fourreau.
    • Un mur nu, mur sans boiserie, ni tenture.
    • Une maison nue, maison dégarnie de meubles.
    • Les arbres sont nus en hiver, dépouillés de leur feuillage.
    • Cheval nu, cheval que l’on vend ou que l’on achète sans selle ni bride.
    • Vin nu, vin que l’on vend ou que l’on achète sans le récipient qui le contient.
  4. Dépouillé, sec, sans agrément.
    • Vous ne voulez ni dentelles, ni rubans, ni ganses sur votre robe, cela sera bien nu.
    • La façade de cet édifice est trop nue.
    • Pays nu, Pays qui est sans arbres, sans verdure.
  5. Qui est sans fard, sans déguisement.
    • C’est la vérité toute nue.
    • Il lui a montré son âme toute nue.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NU, NUE. adj.
Qui n'est point vêtu, qui n'est couvert d'aucun vêtement. Un homme nu. Une femme nue. Tout nu, toute nue. Il s'était déshabillé, il était nu. Il l'a dépouillé et l'a laissé tout nu. Nu comme un ver. Ces sauvages vont tout nus. Il lui parle tête nue. Marcher pieds nus. Les bras nus. Les jambes nues. Nu est invariable lorsqu'il précède le nom. Il était nu-tête, nu-jambes. Il lui parle nu-tête. Fig. et fam., Un va-nu-pieds, Un gueux, un misérable. Prov., S'enfuir un pied chaussé, l'autre nu, S'enfuir en toute hâte, sans avoir le temps de s'habiller. Par extension, en termes d'Astronomie, de Physique, Observer quelque chose à l'œil nu, L'examiner, l'observer sans lunette, sans microscope. Fig., Il est arrivé tout nu de sa province, je l'ai pris tout nu, se dit en parlant d'un Homme qui était dans le dénuement et à qui l'on a prodigué les bienfaits. Nu se dit, par analogie. de Certaines choses qui n'ont pas l'enveloppe, la couverture, l'ornement qu'elles ont d'ordinaire. Ainsi on dit : Une épée nue, Une épée hors de son fourreau. Un mur nu, Un mur sans boiserie, ni tenture. Une maison nue, Une maison dégarnie de meubles. Les arbres sont nus en hiver, Ils sont dépouillés de leur feuillage. Cheval nu, Cheval que l'on vend ou que l'on achète sans selle ni bride. Ce cheval-là tout nu me coûte mille francs. La selle et la bride n'en sont pas, je vous le vends tout nu. Vin nu, Vin que l'on vend ou que l'on achète sans le récipient qui le contient. Nu signifie aussi Qui manque des ornements convenables. Vous ne voulez ni dentelles, ni rubans, ni ganses sur votre robe, cela sera bien nu. La façade de cet édifice est trop nue. Pays nu, Pays qui est sans arbres, sans verdure. Un style nu, Un style sec, sans agrément Nu signifie particulièrement Qui est sans fard, sans déguisement. C'est la vérité toute nue. Il lui a montré son âme toute nue. Nue propriété, nu propriétaire. Voyez NUE-PROPRIÉTÉ, NU-PROPRIÉTAIRE. Nu est souvent employé comme nom masculin et désigne, en termes de Peinture et de Sculpture, les Figures non drapées, les parties des figures qui ne sont pas drapées. De beaux nus. Le nu peut être chaste. On dit en parlant des Parties des figures que les draperies recouvrent, mais sans empêcher de voir les formes : Ces figures sont bien dessinées, la draperie suit bien le nu. Cette draperie accuse bien le nu, fait bien sentir le nu. Il se dit, en termes d'Architecture, de l'Absence d'ornements. Il y a trop de nu dans cette décoration. Le nu du mur, La partie du mur qui est plane, où il n'y a point de ressaut, d'ornements qui excèdent. Voilà le nu du mur, c'est là qu'il faut en mesurer l'épaisseur. Les pilastres ont une grande saillie sur le nu du mur.

NUS, au pluriel, en langage de Dévotion, s'emploie substantivement dans cette phrase, Vêtir les nus, Donner des habits aux pauvres. C'est une des œuvres de miséricorde que de vêtir les nus.

À NU, loc. adv. À découvert. Mettre un membre, une plaie à nu. Fig., Découvrir, faire voir son cœur à nu, Ne rien cacher de ce qu'on a dans le cœur. On dit aussi Mettre une intrigue à nu.

Littré (1872-1877)

NU (nu, nue) adj.
  • 1Qui n'est point vêtu. Les cheveux flottants, le bras et le pied nu, Corneille, Médée, IV, 2. Et je vous verrais nu du haut jusques en bas, Que toute votre peau ne me tenterait pas, Molière, Tart. III, 2. Mes soldats presque nus, dans l'ombre intimidés, Racine, Mithr. II, 3. On peut, avec un art extrême, Offrir à la sagesse même L'amour qui rougit d'être nu, Bernis, Épît. IX. Ils [les premiers hommes] étaient nus, et c'est chose très claire Que qui n'a rien n'a nul partage à faire, Sobres étaient, Voltaire, Mondain. Les auteurs arabes prétendent que Tamerlan se faisait verser à boire par l'épouse de Bajazet à demi nue ; et c'est ce qui a donné lieu à la fable reçue, que les sultans turcs ne se marièrent plus depuis cet outrage fait à une de leurs femmes, Voltaire, Mœurs, 88. Ils [les Moscovites prisonniers au nombre de 30 000] marchèrent tête nue, soldats et officiers, à travers moins de sept mille Suédois, Voltaire, Charles XII, 2. L'être que Dieu fit nu dut inventer les arts, Il file ses habits, il bâtit des remparts, Delille, Trois règnes, VIII.

    Fig. Adieu, ma très chère ; je me trouve toute nue, toute seule, de ne vous avoir plus, Sévigné, 11 juin 1677.

    Nu est invariable, lorsqu'il précède le substantif, et alors on met le trait d'union. Il était nu-tête et nu-jambes, les pieds chaussés de petites sandales, Voltaire, l'Ingénu. 1. Éveillés à minuit au cœur de l'hiver par l'ennemi dans leur ville, les Génevois trouvèrent plutôt leurs fusils que leurs souliers ; si nul d'eux n'avait su marcher nu-pieds, qui sait si Genève n'eût point été prise ? Rousseau, Ém. II.

    Les nu-pieds, nom donné à des hommes qui se révoltèrent en 1639 dans la Normandie contre le gouvernement. Les nu-pieds s'étaient barricadés dans les faubourgs d'Avranches, et s'y défendirent avec fureur, H. Martin, Hist. de France, t. XI, p. 506.

    Il est accoutumé à cela comme un chien d'aller nu-tête, se dit d'une chose à laquelle un homme est tout à fait accoutumé.

    Fig. et familièrement. Un va-nu-pieds, un gueux, un misérable.

    S'enfuir un pied chaussé, l'autre nu, se dit de celui qui s'enfuit en grande hâte.

    Demi-nu, à moitié vêtu. Près du temple sacré les Grâces demi-nues, Voltaire, Henr. IX.

    Nu comme la main, nu comme un ver, ou comme il est sorti du ventre de sa mère, se dit de quelqu'un qui n'a aucun vêtement. Il [Job] se jeta par terre, et adora Dieu, et dit : je suis sorti nu du ventre de ma mère, Sacy, Bible, Job, I, XX, 21. Jamais aucuns profits, et souvent en hiver Il me laissait aller presque aussi nu qu'un ver, Destouches, Glorieux, I, 3.

    On dit dans le même sens : nu comme un singe. Il [un fakir] était nu comme un singe, et avait au cou une grosse chaîne qui pesait plus de soixante livres, Voltaire, Bababec.

    Mettre quelqu'un nu comme la main, le dépouiller de ses habits ; et fig. le priver de ce qu'il possède. L'intérêt de l'humanité demanderait que la puissance spirituelle fût mise nue comme la main, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 6 avril 1773.

    Être nu en chemise, n'avoir sur soi qu'une chemise. Guitaut était nu en chemise, avec des chausses, Sévigné, 20.

  • 2 Par exagération. Être tout nu, avoir de méchants habits, ou n'être pas vêtu comme l'exigerait la saison ou la bienséance.

    Fig. Il est arrivé tout nu, se dit d'un homme qui était dans le dénûment, et à qui l'on a prodigué les bienfaits.

  • 3Cheval nu, cheval vendu ou acheté sans selle ni bride. Ce cheval-là tout nu me coûte mille francs.
  • 4 Fig. Nu de, qui n'est pas pourvu de. Un homme qui tout nu de glaive et de courage, Malherbe, I, 4. Dieu, notre Dieu n'est pas un Dieu nu de puissance, Du Bartas, Semaine, 7e jour. Mes ouvrages sont trop vulgaires Et trop nus de science et d'art, Menard, Épigramme à Henri IV. Les ports sont comblés, les villes sont détruites, et la terre, nue d'habitants, n'est plus qu'un lieu désolé, Volney, Ruines, 2.
  • 5 Terme de jurisprudence. Nue propriété, propriété d'un fonds dont un autre a l'usufruit.

    Fig. et par plaisanterie. J'ai la nue propriété d'un des plus jolis objets qui soient sortis des mains de la nature, Courier, Lett. I, 135.

    Nu propriétaire, celui qui a une nue propriété.

    Titre nu, charge, par exemple de commissaire, achetée sans clientèle qui y soit jointe.

  • 6 Terme d'astronomie ou de physique. Œil nu, œil qui n'est pas armé de verres grossissants. Observer à l'œil nu.
  • 7 Terme de chimie. Feu nu, celui dont l'action se dirige immédiatement sur une substance.
  • 8 Terme de botanique. Se dit d'une partie quelconque, lorsqu'elle est privée des appendices qui l'accompagnent souvent ou ordinairement. Le réceptacle est nu quand il ne porte pas de paillettes, d'écailles. Les fleurs sont nues quand elles n'ont ni bractées, ni involucres. L'amande est nue quand ses enveloppes propres se sont soudées aux parois de la loge.

    Se dit des ailes des insectes, quand on ne voit à leur surface ni poussière farineuse, ni poils.

    Se dit aussi de quelques poissons privés d'écailles.

    Enfin il se dit de la peau des quadrupèdes, là où elle est découverte de poils. Il a les oreilles courtes et non pas nues comme le rat domestique, Buffon, Quadrup. t. III, p. 376. Le dessous est en peau nue, Buffon, ib. p. 185.

    Métal nu, métal dégagé de toute substance étrangère.

  • 9Qui n'a pas l'enveloppe, la couverture, l'ornement ordinaire. Les arbres sont nus en hiver. Représentez-vous un homme né dans les richesses, mais qui les a dissipées par ses profusions… ces murailles nues, cette table dégarnie, cette maison presque abandonnée…, Bossuet, la Vallière. Et je tremble de peur quand une épée est nue, Regnard, Joueur, II, 11.

    Une maison nue, une maison dégarnie de meubles.

    Pays nu, pays sans arbres, sans verdure.

    Qui manque des ornements convenables. La façade de ce bâtiment est trop nue. Sans dentelles ni rubans une robe est nue. Une reliure nue.

  • 10 Fig. Il se dit ce qui est sans ornement intellectuel ou moral. Un style nu. Une composition trop nue. Ah ! regret qui me tue De n'avoir pas aimé la vertu toute nue ! Corneille, Poly. I, 4. Une bonne action se produit toute nue, Rotrou, Bélis. II, 19. Une morale nue apporte de l'ennui, La Fontaine, Fabl. VI, 1. Je vois bien qu'on n'aime ici que la vaine apparence, et qu'on n'y considère point la vertu toute nue, Molière, Préc. 18. L'un n'est point trop fardé, mais sa muse est trop nue, Boileau, Art p. I. Quelques métaphysiciens modestes ont dit que le même pouvoir qui a fait croître l'herbe dans les campagnes de l'Amérique y a pu mettre aussi des hommes ; mais ce système nu et simple n'a pas été écouté, Voltaire, Dict. phil. Population.

    Terme de peinture. Tableau nu, tableau dont la composition est pauvre, qui a besoin d'être garni de figures, de meubles, etc.

  • 11 Fig. Qui est sans déguisement, sans fard. C'est la vérité toute nue. Voilà, pour vous montrer mon âme toute nue, Ce qui m'a fait bannir Didyme de ma vue, Corneille, Théodore, II, 2. Mais je t'expose ici mon âme toute nue, Racine, Brit. II, 2.
  • 12Substantivement, au pluriel, en langage de dévotion. Les nus, les pauvres qui n'ont pas de vêtements. Vêtir les nus.
  • 13 S. m. Le nu, les parties nues du corps. Le nu des bras et des jambes montre un homme fort et nerveux, Fénelon, t. XIX, p. 333. Le pied et le nu de la jambe sont couverts d'une peau noire, dure et écailleuse, Buffon, Ois. t. XIV, p. 208.

    Terme de sculpture et de peinture. Les figures et les parties des figures non drapées. On dessine les figures sur le nu avant que de les draper. Le nu de cette figure n'est pas correct. Peignez-vous d'après le nu, madame, et avez-vous des modèles ? quand vous voudrez peindre un vieux malade emmitouflé, avec une plume dans une main et de la rhubarbe dans l'autre…, Voltaire, Lett. Mme de Fontaine, 23 nov. 1753. Grand Dieu ! que ses formes sont belles [de l'Apollon du Belvédère] ! Surtout les beaux nus que voilà ! Béranger, Éduc.

    Le nu ne se dit pas du visage et des mains que l'usage veut qui soient découverts.

    Par extension. Le paysage doit être dessiné sur le nu, si on le veut faire ressemblant, Chateaubriand, Dessin.

    Fig. C'est peu d'avoir étudié dans l'homme moral ce que les peintres appellent le nu ; il faut s'instruire des différents modes que l'institution a pu donner à la nature, selon les lieux et les temps, Marmontel, Œuv. t. VIII, p. 385.

    On dit en parlant des parties des figures que les draperies recouvrent, mais sans empêcher de voir les formes : Ces figures sont bien dessinées, la draperie suit bien le nu. La draperie de cette maussade figure est bien jetée et dessine le nu, Diderot, Salon de 1767, Œuvr. t. XIV, p. 300, dans POUGENS.

  • 14Il se dit, en architecture, de l'absence d'ornements. Il y a trop de nu dans cette décoration.

    Le nu du mur, la partie du mur qui est plane, où il n'y a point de ressaut, d'ornements qui excèdent. Le nu du mur extérieur. Un pilastre excède le nu d'un mur.

    Terme de menuiserie. Le devant d'une partie quelconque.

  • 15À nu, loc. adv. À découvert. Et, laissant voir à nu deux têtes sans cheveux, Ont rendu le combat risiblement affreux, Molière, l'Ét. V, 14.

    Monter un cheval à nu, ou à dos nu, monter dessus sans selle.

    Fig. Librement te montrer à nu mes passions, Régnier, Sat. VI.

  • 16En chimie, à nu se dit d'un corps qui se montre hors de toute composition. Sa découverte [de Berthollet] de l'acide phosphorique à nu dans l'urine humaine, Fourcroy Et Vauquelin, Inst. Mém. scienc. t. II, p. 451. Il se forme très peu de sulfure de potassium… et du charbon est mis à nu, Sérullas, Inst. Mém. acad. scienc. t. XI, p. 227.

REMARQUE

1. Nu est invariable quand il précède le substantif, sans être lui-même précédé d'un article, et alors il se joint au substantif par un trait d'union : nu-pieds, nu-jambes, nu-tête. Il s'accorde, au contraire, quand il les suit : aller pieds nus ; je me promène tête nue.

2. Quelques grammairiens croient que nu-pieds est pour nu par les pieds ; et ils expliquent ainsi le non-accord de ces mots ; mais cette explication n'est pas bonne ; car alors il faudrait dire qu'une fille est nue-pieds, nue-tête ; et l'on n'écrit pas ainsi. Nu est ici simplement un adjectif pris à la forme absolue, comme cela arrive souvent en français dans des locutions de même genre, JULLIEN., Autrefois cet usage, car ce n'est qu'un usage, n'était nullement observé. Vous n'alliez pas nus pieds pour faire moins de bruit ? Scarron, Jodelet ou le maître val. II, 1. Madame de Guitaut était nues jambes, et avait perdu une de ses mules de chambre, Sévigné, 20. Elle monta seule et nus pieds sur l'échelle, Sévigné, 297. Je ne songe seulement pas à en tirer une de ma cassette pour me recoiffer, et je suis nue tête, Marivaux, Marianne, 3e part.

3. On écrit souvent, avec un trait d'union, nu-propriétaire, et on fait alors nu invariable : des nu-propriétaires ; mais ni l'un ni l'autre de ces usages ne doit être suivi. Il faut écrire nu propriétaire sans trait d'union, puisqu'on écrit nue propriété ; et dès lors nu doit s'accorder : les nus propriétaires ; une nue propriétaire.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Trait [tire] Durandal sa bone espée nue, Ch. de Rol. CII. Puis ferent il [ils frappent] nud à nud sur lur broines [cuirasses], ib. CCLXI.

XIIe s. La char [il] lui tranche, li os sont remés [restés] nu, Ronc. 145. Touz nuz soit despouillez ses cors et sa façons, ib. p. 200. S'il eüssent sun cors tut nu à nu cergié [visité], Des curgies [escourgées, discipline] l'eüssent trové tut depescié, Th. le mart. 156. Espines que l'um ne pot nue main esracier [arracher], Rois, p. 211.

XIIIe s. Diex ! est-ce ja que [je] la tienne à celée Entre mes bras nu à nu à loisir ? Vid. de Chartres, Romanc. p. 114. Et homage qui sont tenu en arriere fief ne font nule redevance, fors à lor segneurs de qui ils tienent nu à nu, Beaumanoir, XXVII, 23. En son poing [il] tenoit nu le brant fourbi d'acier, Berte, XI. À nus genous sur terre souvent [elle] s'agenoilloit, ib. XXVIII. Li rois Pepins la prent par la blanche main nue, ib. LXXX. Povreté qui ung seul denier N'eüst pas, s'el se deüst pendre, Tant seüst bien sa robe vendre ; Qu'ele iere [était] nue comme vers, la Rose, 447. Ez-vous la joie ; N i a si nu qui ne s'esjoie ; Plus sont seignor que ras sus moie [huche], Rutebeuf, 34.

XVe s. [Le comte de Flandre] veut que tout homme de la ville de Gand… soient tous nuds en leurs linges robes, nuds chefs et nuds pieds, Froissart, II, II, 153.

XVIe s. Marcher à pied nu, Calvin, Instit. 954. Sortir en la rue nue teste, Calvin, ib. 969. Ayant honte de veoir Agesilaus ainsi couché par terre dessus l'herbe nue, il s'y coucha aussi auprès de luy, Amyot, Agés. 19. Estant nud non seulement d'armes defensives, mais aussi de tous vestemens, Amyot, ib. 59. La premiere loy, que Dieu donna jamais à l'homme, ce feust une loy de pure obeissance ; ce feut un commandement nud et simple, Montaigne, II, 208. On ne peut despouiller un homme nud, Cotgrave Tu me vois nu de tout, sinon de vitupere ; Je suis l'enfant prodigue ; embrasse-moy, mon pere, Desportes, Œuvres chrest. XVIII, Plainte. [Lui] Les pieds et les bras nuds, nud teste et sans ceinture, Desportes, Élegies, II, 5, Pyromance.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. NU. Ajoutez :

PROVERBE

Cordonnier, va-nu-pieds, Journ. offic. 10 juillet 1877, p. 5132, 2e col. (c'est un proverbe à mettre à côté de celui qui dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés).
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « nu »

(Adjectif, nom commun 1) Du latin nudus (sens identique), le d latin ayant subi un amuïssement progressif.
(Nom commun 2) Du grec ancien νῦ, .
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, nou, nowe au féminin ; namur. nu, neuve au féminin ; provenç. nud, nut ; catal. nu ; anc. espagn. nudo ; portug. nu ; ital. nudo ; du lat. nudus ; comparez le sanscrit nagda, nu ; anglo-saxon, nacod ; angl. naked ; le latin serait pour nŭgdus, a affaibli en ŭ.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « nu »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
nu ny

Fréquence d'apparition du mot « nu » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « nu »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « nu »

  • On est si bien, tout nu dans une large chaise.
    Alfred de Musset — Namouna
  • Il y a plus d'audace à marcher nu.
    William Butler Yeats — Le manteau
  • Mieux vaut en haillons que tout nu.
    Proverbe guadeloupéen
  • Nu je suis né, nu je mourrai.
    Palladas
  • Peut-on se montrer sans être nu ?
    Camille Laurens — Dans ces bras-là
  • On imagine mal un prêtre tout nu.
    Jean Anouilh — Les poissons rouges
  • Ne pas mentir ? Mais c’est sortir tout nu !
    Jérôme Touzalin — Le Pommier
  • La nudité, c'est de se voir nu.
    Victor Hugo — L'Homme qui rit
  • Philippe Bas nu : L'acteur dévoile un dos musclé recouvert d'impressionants tatouages !
    Public.fr — Philippe Bas nu : L'acteur dévoile un dos musclé recouvert d'impressionants tatouages !
  • L'artiste vient de publier un teaser pour présenter son nouvel Album Aimée qui sortira le 4 septmbre prochain. Un avant-goût très prometteur dans lequel Julien Doré se met à nu dans tous les sens du terme.
    midilibre.fr — Julien Doré se met à nu dans son nouvel album "Aimée" et rend hommage à sa grand-mère alésienne - midilibre.fr
Voir toutes les citations du mot « nu » →

Traductions du mot « nu »

Langue Traduction
Anglais naked
Espagnol desnudo
Italien nudo
Allemand nackt
Chinois
Arabe عارية
Portugais nu
Russe обнаженный
Japonais
Basque biluzik
Corse nudu
Source : Google Translate API

Synonymes de « nu »

Source : synonymes de nu sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « nu »

Combien de points fait le mot nu au Scrabble ?

Nombre de points du mot nu au scrabble : 2 points

Nu

Retour au sommaire ➦