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Neutre

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin neutre neutres

Définitions de « neutre »

Trésor de la Langue Française informatisé

NEUTRE, adj. et subst.

A. − [En parlant d'une pers. physique ou morale]
1. Qui s'abstient ou refuse de prendre position dans un débat, dans un conflit opposant plusieurs personnes, plusieurs thèses, plusieurs partis. Anton. favorable, partial, partisan; hostile.Un témoin brave, qui n'ait pas voulu rester neutre, et qui, délibérément, ait pris parti pour le faible, contre le fort (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.346).V. abdiquer ex. 19:
1. En régime capitaliste, l'homme qui se dit neutre est réputé favorable, objectivement, au régime. En régime d'Empire, l'homme qui est neutre est réputé hostile, objectivement, au régime. Camus, Homme rév., 1951, p.300.
Neutre en/dans.Rester neutre dans un débat, dans une discussion, dans une querelle; neutre en politique, en morale. Aucune grande force sociale ne reste neutre dans les grands mouvements. S'ils ne sont pas avec nous, ils seront contre nous (Jaurès, Ét. soc., 1901, p.87).
Neutre en face de, au milieu de, parmi.Plus question aujourd'hui de rester neutre en face des communistes; il faut être décidément pour ou contre (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.459).
Neutre entre... et...La réserve dans laquelle je me tiens en vous priant seulement de demeurer neutre entre vos sentiments et moi (Balzac, Lys, 1836, p.325).
Emploi subst. Tu ne diras pas que c'est un témoin partial. C'est un neutre. Notre Sénat se range à son avis (Giraudoux, Guerre Troie, 1935, ii, 5, p.116).
[En parlant d'une production humaine, acte, oeuvre] Synon. impartial, objectif.Discours, rapport, revue neutre; questions neutres; attitude sage et neutre. Justement; c'est surtout à votre journal que je pensais: il ne peut plus rester neutre (...). Être du côté de la Résistance, ça ne constitue plus un programme (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.112).
2.
a) [En parlant d'une école, d'un enseignement] Indépendant de toute confession religieuse, de toute idéologie, et qui s'abstient de porter un jugement par esprit de tolérance. Synon. laïque; anton. confessionnel, religieux.Dénoncer les ravages qu'à déjà causés, dans les classes populaires, l'enseignement laïque, soi-disant neutre, mais en réalité hostile à toute idée chrétienne (Coppée, Bonne souffr., 1898, p.174).V. enseignement A 1 ex. de Martin du Gard:
2. ... le caractère laïque et neutre de l'école publique n'empêche, en aucune manière, qu'en se conformant aux règles générales qui régissent l'enseignement libre les associations religieuses, comme les laïques, créent des établissements d'enseignement. Barrès, Cahiers, t.12, 1920, p.330.
P. méton.; [le suj. désigne un enseignant] Être, demeurer neutre. Tous les instituteurs et toutes les institutrices, quelles que soient leurs convictions personnelles, se sont engagés à demeurer neutres dans l'exercice de l'enseignement. La neutralité absolue est-elle possible? (Mauriac, Journal 1, 1934, p.52).
b) État neutre. État qui ne favorise aucune idéologie, aucune croyance, et permet le pluralisme d'expression et d'action. La laïcité de l'État signifiant alors qu'il est ou bien neutre ou bien antireligieux, c'est-à-dire au service de fins purement matérielles ou d'une contre-religion (Maritain, Human. intégr., 1936, p.191).
B. − DR. INTERNAT. PUBL.
1. [En parlant d'un État, d'une puissance et, p. méton., de son représentant]
a) Qui refuse de prendre parti entre des belligérants, qui reste en dehors du conflit. Anton. belligérant.État, pays, prince, puissance neutre. La (...) malhonnêteté dont elle jugeait coupable la France restée neutre à l'égard du Japon (Proust, Guermantes 1, 1920, p.331):
3. Lord Beaconsfield avertit la Russie qu'il ne resterait pas neutre si le Tsar ne respectait pas les trois points indispensables à la conservation de l'Empire: le canal de Suez, les Dardanelles, Constantinople. Maurois, Disraëli, 1927, p.291.
b) (Le plus souvent épithète). Qui reste en dehors d'un conflit. On obtient alors des conditions moins dures, que l'intervention des puissances neutres adoucit encore (A. France, Mannequin, 1897, p.40):
4. Le Gouvernement britannique commença par obtenir que la Palestine serait détachée de la Syrie et deviendrait un pays neutre, avec une administration mi-française et mi-anglaise. Tharaud, An prochain, 1924, p.114.
Emploi subst. masc. Les neutres. Les États neutres. Droits des neutres. Les alliés et les neutres ne pouvaient plus tarder davantage à donner une forme normale à leurs relations avec nous (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.43).V. belligérant ex. 5.
HIST. Ligue des neutres. Ligue constituée par le tsar Paul Ier, favorable à Bonaparte, pour interdire la Baltique aux Anglais. Les autres, sur l'initiative de la Russie, formaient une ligue des neutres, ligue armée, décidée à imposer aux Anglais la liberté de leur navigation (Bainville, Hist. Fr., t.2, 1924, p.14).
2. [P. méton.] Qui ressortit à un pays neutre; qui est maintenu à l'écart d'un conflit; qui n'appartient à aucune puissance belligérante. Territoire, zone neutre; port, ville neutre; vaisseau, cargaison neutre; pavillon neutre. Un bâtiment chargé de tapis turcs, d'étoffes du Levant et de cachemires; il fallait trouver un terrain neutre où l'échange pût se faire, puis tenter de jeter ces objets sur les côtes de France (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.275).Les nouveaux docks de Limehouse, bondés de prises de guerre et de navires neutres visités, où convergent les marchandises circulant librement sur des océans désormais britanniques (Morand, Londres, 1933, p.42).V. barricade ex. 3.
Emploi subst. Je posai la supposition de notre départ sur un neutre; le capitaine anglais avait ordre de le saisir. Je parlai de la sortie des frégates sous pavillon parlementaire; il avait ordre de les combattre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.413).
Au fig. En terrain neutre, sur un terrain neutre. Sur un sujet assez banal, assez peu compromettant pour écarter tout risque de conflit. Engager la discussion, porter la conversation sur un terrain neutre:
5. ... comme s'il eût voulu éviter de rappeler à la jeune fille de pénibles souvenirs, il mit la conversation sur un terrain neutre. −Habitez-vous ici depuis longtemps? Ponson du Terr., Rocambole, t.1, 1859, p.327.
(Se) rencontrer, mettre en présence (deux personnes) en terrain neutre, sur un terrain neutre. (Se) donner rendez-vous chez un tiers pour régler un différend. Il était si facile d'insister pour m'avoir à dîner, (...) il était si simple de préparer une occasion qui pût nous mettre, chez elle ou sur un terrain neutre, en présence (Huysmans, Là-bas, t.1, 1891, p.203).
SPORTS. Match disputé en terrain neutre. Match disputé sur un terrain qui n'est pas celui des équipes en présence.
C. − [En parlant de choses]
1. Qui n'est caractérisé ni dans un sens ni dans le sens contraire; qui est sans individualité marquée. Synon. indéterminé.L'événement fortuit peut être (...) un événement simplement neutre, comme le fait qu'un dé retombe sur une face plutôt que sur une autre (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p.337):
6. ... il n'y a aucune honnêteté pour le capitaliste à ne pas chiper une boîte de sardines à l'étalage (...). Évidemment ce n'est pas répréhensible d'être garanti du besoin, mais ce n'est pas méritoire non plus. Disons que c'est neutre. Frapié, Maternelle, 1904, p.156.
Qui passe inaperçu, qui ne peut être qualifié ou commenté. Depuis ma maladie, la connaissance abstraite et neutre du passé me semblait vaine (Gide, Immor., 1902, p.407):
7. Le samedi, mes notes ne sont pas plus mauvaises qu'à l'ordinaire, pas meilleures non plus. Elles sont neutres et amorphes, jamais claires. Ces Dames n'ont évidemment pas la bosse de la rédaction. À moins que, peut-être, ces demi-teintes ne soient une mesure diplomatique?... Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.147.
2. Qui manque d'éclat, de relief; qui est d'une nuance indécise.
a) [En parlant d'une couleur, d'une tonalité, d'un coloris, d'une luminosité] ,,Se dit des colorations effacées et vagues n'offrant pas de ton prédominant`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). Synon. effacé, pâle, terne, triste; anton. chaud, vif, éclatant.Ton, teinte, couleur neutre; beige, gris neutre; ciel, fond, tenture, toilette neutre. L'eau de la Seine (...) est d'un ton vert décoloré, du vert neutre qu'ont les eaux aveugles dans un souterrain (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p.187):
8. Le jour de la fête locale nous nous moquions des robes aux teintes vives des jeunes paysannes. Les jeunes filles de notre monde s'en tenaient aux tonalités neutres, effacées, au rose mourant, au rose bonbon, au crême pâle. Mauriac, Journal occup., 1942, p.344.
PEINT. (aquarelle). Ton neutre. Certaine tonalité d'un gris bleu violacé. Le ton neutre du bitume (Moreau-Vauthier, Peint., 1933, p.76).
Au fig. [En parlant de la vie, d'un élément de l'existence] Qui est sans relief, sans attrait. Synon. monotone, plat, terne, triste, uniforme; anton. gai, haut en couleur*.Existence neutre. La vie d'Odette pendant le reste du temps, comme il n'en connaissait rien, lui apparaissait, avec son fond neutre et sans couleur (Proust, Swann, 1913, p.240):
9. Comment faire imaginer, par exemple, une ville sans pigeons, sans arbres et sans froissements de feuilles, un lieu neutre pour tout dire? Le changement des saisons ne s'y lit que dans le ciel. Camus, Peste, 1947, p.1217.
b) [En parlant d'une odeur, d'une saveur] Un bouquet de fleurs desséchées avait été oublié dans un vase; on respirait partout cette odeur fade et neutre qui est comme le parfum de l'absence (Du Camp, Mém. suic., 1853, p.207).
c) [En parlant d'un son, notamment du ton de la voix, d'un timbre, d'un accord] Synon. blanc, effacé, éteint, fade, sourd; anton. chaud, coloré, vif, éclatant.Ton, timbre, tonalité neutre. La voix d'Allan se fit encore plus neutre, plus blanche −et depuis quelque temps déjà d'ailleurs il m'était difficile de deviner s'il restait sérieux ou s'il plaisantait (Gracq, Beau tén., 1945, p.64).
[En parlant d'un élément du comportement] Physionomie, regard, visage neutre. M. Baslèvre est autre, malgré le masque neutre et les yeux toujours vifs (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p.264).
3. [En parlant du langage, du style d'un écrivain] Qui est dépourvu d'originalité ou de personnalité; qui reste détaché, objectif. Synon. froid, impersonnel, inexpressif.Langue neutre. L'on admet tantôt que le lieu commun est neutre et inexpressif et tantôt qu'il possède une «singulière vertu communicative» (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p.120):
10. Dites vos péchés maintenant (...). Je commence à me raconter, sagement, sans romantisme, dans un style aussi neutre que possible, et ce n'est point aisé, pour ce que je veux dire. Duhamel, Journal Salav., 1927, p.156.
D. − Spécialement
1. LINGUISTIQUE
a) GRAMMAIRE
Genre neutre. Dans certaines langues à trois genres, genre qui s'oppose au masculin et au féminin par des marques formelles; genre représentant souvent l'inanimé, un nom d'objet (en français, on qualifie de neutres des pronoms tels que rien, quelque chose, tout, quoi qui représentent des inanimés).
Emploi subst. masc.
Le neutre. Le genre neutre; la forme neutre d'un mot. Quoi de plus ridicule que de donner le genre féminin ou masculin au nom d'une chose qui n'est susceptible ni de l'un ni de l'autre, ou de donner l'un des deux ou le neutre, également au mâle et à la femelle de la même espèce d'animal (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p.185).V. cela ex. 25:
11. Le neutre a-t-il disparu en français? Oui, si on le considère comme forme spéciale du nom ou de l'adjectif. Mais si on le considère dans sa valeur linguistique, il est vrai de dire qu'il continue de vivre en français; il joue un rôle sémantique réel dans les pronoms: Je vous LE dis. (...) QUE dites-vous? Sont neutres, par leur valeur sémantique, les infinitifs, les adjectifs et les adverbes substantivés: Le boire, (...) le beau, le mieux, etc. Grev.1975, § 240, rem. 1.
Un neutre. Un mot au neutre (nom, pronom, adjectif). Le ça, das Es. Ce neutre à la place des abstractions nobles de l'idéologie, marque le tournant d'une époque qui a rompu avec deux siècles d'optimisme puéril et honnête (Mounier, Traité caract., 1946, p.131).L'allemand où des animés comme Kind «enfant», Mädchen «fille», Weib «femme» sont des neutres (Mounin1974):
12. Qu'est-ce que tu as l'intention de faire de ça? reprit-elle (...). Mon âme frissonna en entendant l'emploi de ce neutre et j'eus peine à maîtriser un mouvement d'indignation. Gide, Symph. pastor., 1919, p.881.
[P.méton.] Qui est du genre neutre. Adjectif, article, pronom neutre. Regarder dictum comme un participe neutre ou indéclinable du verbe être dit (Destutt de Tr., op.cit., p.251).
Verbe neutre. Synon. vx de verbe intransitif*.Anton. verbe actif* (vx), verbe transitif*.Monter et descendre prennent l'auxiliaire avoir quand ils sont actifs, et l'auxiliaire être quand ils sont neutres (Dem.1802, p.28, 3o).Que va dire Monsieur Gide de La Partie de Plaisir? Que «surplomber» est un verbe neutre et qu'on ne peut dire «surplombé»? (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1909, p.115).V. adjectif ex. 14.
b) PHONÉT. Voyelle neutre. Voyelle de timbre mal défini, intermédiaire entre les positions cardinales (d'apr. Mar. Lex. 1933 et Ling. 1972). Anton. voyelle* franche.
[P. méton.] Syllabe neutre. Le sujet a plus de peine à trouver une rime douce pour ged que pour une syllabe neutre (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.25).
2. BOT. Fleur neutre. Fleur dont tous les organes reproducteurs sont avortés, qui n'a ni étamines ni pistil. (Ds Gatin 1924 et Forest. 1946). Synon. asexué.
3. ENTOMOL., adj. et subst. [Chez certains hyménoptères sociaux (abeilles, bourdons, fourmis, guêpes, termites, etc.)] (Individu mâle ou femelle) dont les organes génitaux sont atrophiés. Synon. stérile, ouvrière, soldat, mulet (vx).Fourmi neutre. Il m'a paru en voir de très-petits [chapelets] dans les abeilles neutres, ce qui confirmeroit l'idée que ce sont des femelles non développées (Cuvier, Anat. comp., t.5, 1805, p.198):
13. Les insectes forment des sociétés de neutres. Ces individus neutres, artificiellement châtrés par un régime alimentaire insuffisant, sont entièrement dominés par les soins que réclament les oeufs, les larves et les nymphes. J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p.279.
4. CHIM. [En parlant d'une substance ou d'un milieu] Qui n'est ni acide ni basique. Anton. acide, alcalin, basique.Corps, combinaison, sel, sulfate neutre. Retirer directement de l'acide tartrique en les plongeant [les raisins] dans de l'eau bouillante. (...) isoler le ferment et le corps neutre qui fermente (Cl. Bernard, Notes, 1860, p.158).Le tartrate neutre d'ammoniaque s'obtient en saturant une dissolution d'acide tartrique par de l'ammoniaque (H. Fontaine, Électrolyse, 1885, p.61).V. alcalin ex. 1 et glycérine ex. de Verne.
Phosphate de calcium neutre. Synon. phosphate tricalcique* (Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t.1, 1929, p.226).
Corps gras neutres, graisses neutres. Synon. corps gras*, glycéride.V. graisse ex. 2 et gras I A 1 a ex. de Verne.
Rouge* neutre.
5. GÉOL. Roche neutre. Roche endogène, intermédiaire entre les acides et les basiques, qui a un pH de 7. Roches neutres (...) teneur en acide silicique (...) comprise entre 50 et 65 p.100 (Lapparent, Abr. géol., 1895, p.98).
6. PHYS. Qui ne présente aucun phénomène électrique ou magnétique; en partic., qui n'est chargé ni positivement ni négativement, qui est à un potentiel zéro. Corps, fil, conducteur neutre; corpuscules neutres. Parfois, pour éviter toute corrosion [dans les fours], on utilise des matériaux neutres, tels que des briques ou des revêtements de graphite (Guillet, Métall. gén., 1923, p.263).La charge électrique du proton est égale et de signe opposé à celle de l'électron, et l'ensemble de l'atome est neutre, car le nombre de protons est le même que celui des électrons périphériques (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.15).
7. ASTRON. Point, ligne neutre. ,,Point ou ligne où deux forces d'attraction se font équilibre et s'annulent`` (Sc. 1962).
P. métaph. Manège, chevaux de bois, boîte à musique, et moi, au milieu de tout ça, parti lentement en dérive vers le point neutre et arrivé au centre, immobile enfin. Veine. Il me semble que je sonde le mystère du zéro, que je repars tout fringant et sans risques dans l'infinitude, la séquelle et la parturition éternelles des zéros qui cerclent le monde (Abellio, Pacifiques, 1946, p.308).
REM.
Neutralteinte, adj.,hapax, peint., aquarelle. D'une nuance violacée. Un certain bleu neutralteinte, bleu violacé (Goncourt, Journal, 1884, p.362).
Prononc. et Orth.: [nø:tʀ ̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 «qui n'est ni bon ni mauvais» (N. Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.499); 1611 corps neutre «qui n'est ni malade, ni sain» (Cotgr.); 2. a) fin xives. «qui ne prend pas parti dans une guerre» (Jean Froissart, Chroniques, II, 96, éd. G. Raynaud, t.9, p.147); 1626 «indifférent, au-dessus de tout» (Mersenne, Correspondance, I, 370 d'apr. FEW t.7, p.106b); d'où 1652 lieu neutre «dans lequel on convient d'établir la neutralité» (La Rochefoucauld, Mémoires, éd. J. Gourdault, II, 405); 1793 vaisseau neutre (Staël, Lettres div., p.392); 1823 subst. masc. (Las Cases, loc. cit.); 1835 pavillon neutre (Ac.); id. subst. masc. «état neutre» (ibid.); b) 1550 «impartial» (F. Bonivard, Chroniques de Genève, 1, 19 d'apr. FEW t.7, p.107a); 1626 «qui ne prend pas parti dans un différend» (A. Hardy, Le Ravissement de Proserpine par Pluton, ibid.); 1897 enseignement neutre (Barrès, Cahiers, t.1, p.173); 1920 l'école laïque et neutre (Id., ibid., t.12, p.326); 3. 1380 «asexué» (Jean Lefevre, trad. La Vieille, 106 ds T.-L.); 1754 en parlant d'insectes (Ch. Bonnet, Contempl. nat., XI, 27 ds Littré); 1766 bot. «qui ne contient ni étamine ni pistil» (F. Rozier et A. L. Claret de La Tourette, Démonstrations élémentaires de botanique d'apr. FEW t.7, p.107b); 4. xives. gramm. subst. «genre neutre» (Traités élémentaires de grammaire, Bibl. Mazarine, 578, 41 vods Thurot, p.169: hoc est le neutre); 1420 adj. neutre genre (Droit language, éd. E. Stengel ds Z. fr. Spr. Lit., I, 27); 5. 1743 chim. «formé par la combinaison d'un acide et d'une base dont certaines propriétés s'annulent réciproquement» (Mémoires de l'Académie royale de chirurgie, I, 89 d'apr. FEW t.7, p.107a); 6. fig. 1853 «fade» (Du Camp, loc. cit.). Empr. au lat. neuter «ni l'un ni l'autre», d'où sens gramm., et «ni bon, ni mauvais». Fréq. abs. littér.: 611. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 523, b) 635; xxes.: a) 600, b) 1450. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.352. _ Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.161-162.

Wiktionnaire

Nom commun - français

neutre \nøtʁ\ masculin

  1. (Grammaire) Genre grammatical existant dans certaines langues.
    • Le mot latin seculum est du neutre.
    • Le neutre existe en grec et en latin, il n’existe ni en français, ni en italien, ni en espagnol.
    • Reste que la controverse fait rage sur l’épineuse question du neutre. On sait que la langue française ne connaît pas cette forme, contrairement à l’anglais. — (Raphaëlle Rérolle, Ecriture inclusive : malaise à l’Académie française, Le Monde. Mis en ligne le 13 décembre 2017)
  2. (Électricité) L’une des bornes d'une prise de courant, les autres étant la ou les phases et éventuellement la terre.
  3. (Mathématiques) Élément qui ne modifie pas une opération.
    • Zéro est le neutre de l’addition.
  4. (Linguistique) Langue amérindienne aujourd’hui disparue.
    • Neutre, nicola, tsetsaut, laurentien, pétun, songish… toutes ces langues sont tombées dans l’oubli. — (L'actualité, 17 février 2007)
  5. Elipse de État neutre, État ou pays non belligérant, non-aligné.
    • Droit des neutres, droit reconnu par les puissances belligérantes, aux États qui ne prennent pas part à la guerre.
    • Cette mesure constitue une violation du droit des neutres.

Adjectif - français

neutre \nøtʁ\ masculin et féminin identiques

  1. Qui ne prend pas parti, qui ne doit pas prendre parti dans un conflit, dans un débat, etc.
    1. Il s'oppose à belligérant.
      • Cette nation demeura, resta neutre.
      • Les états neutres.
    2. Il s'oppose à confessionnel.
      • École neutre, école où aucune religion positive n’est enseignée.
    3. Il s'oppose à engagé.
      • Il est toujours resté neutre dans les dissensions politiques.
  2. (Grammaire) Qui n’est ni masculin ni féminin.
    • Genre neutre.
    • Mais dans son texte de 2014, l’Académie défend l’emploi du masculin grammaticalement neutre, incluant un féminin virtuel dans lequel les femmes sont priées de se reconnaître. — (Raphaëlle Rérolle, Ecriture inclusive : malaise à l’Académie française, Le Monde. Mis en ligne le 13 décembre 2017)
  3. (Désuet) (Grammaire) Intransitif en parlant des verbes.
    • Galoper, nager. étaient appelés verbes neutres.
  4. (Désuet) (Grammaire) Impersonnel en parlant des pronoms.
    • Il est de sens neutre dans : il pleut, il vente, il neige, il fait beau; il y a, il y avait, il y eut, il faut.
  5. (Chimie) Ni acide ni alcalin en parlant du pH.
    • Corps neutre, corps formé par la combinaison d’un acide et d’une base, dont certaines propriétés s’annulent réciproquement.
  6. (Désuet) (Biologie) Asexué.
    • Les abeilles ouvrières sont neutres.
  7. (Mathématiques) Inopérant, qui laisse les autres éléments inchangés lorsqu'il est combiné avec eux par une loi de composition interne.
    • Zéro est neutre pour l'addition et un l'est pour la multiplication.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

NEUTRE. adj. des deux genres
. Qui ne prend point parti, qui ne doit pas prendre parti dans une guerre. Cette nation demeura, resta neutre. Les États neutres. Substantivement, au pluriel masculin, Les neutres. Droit des neutres, Droit reconnu par les puissances belligérantes, aux États qui ne prennent point de part à la guerre. Cette mesure constitue une violation du droit des neutres. Lieu, territoire neutre, Lieu, territoire appartenant à un État neutre, ou dans lequel les puissances belligérantes conviennent d'établir la neutralité. L'entrée d'un territoire neutre est interdite aux troupes des deux puissances qui sont en guerre. Pavillon neutre, Pavillon d'une puissance qui ne prend point part à la guerre. Ces marchandises ont été transportées sous pavillon neutre.

NEUTRE signifie, par extension, Qui ne prend pas parti dans un débat, soit politique, soit religieux, etc. Il est toujours resté neutre dans les dissensions politiques. École neutre, École où aucune religion positive n'est enseignée. Il s'oppose à École confessionnelle. En termes de Grammaire, il signifie Qui n'est ni du genre masculin ni du genre féminin. Genre neutre. Ce nom est du genre neutre. Nom neutre. Adjectif neutre. Substantivement, Cet adjectif latin est au neutre. Le pronom Il, le pronom Ce sont des neutres dans Il pleut, Il neige, Quand ce fut fait, Quand ce fut terminé.

NEUTRE s'est dit d'un Verbe qui ne pouvait pas avoir de complément direct. Galoper, nager étaient appelés verbes neutres. Nuire à quelqu'un était dit neutre parce qu'il ne pouvait pas s'employer à la voix passive. On dit aujourd'hui INTRANSITIF. En termes de Chimie, Corps neutre, Corps formé par la combinaison d'un acide et d'une base, dont certaines propriétés s'annulent réciproquement. En termes d'Histoire naturelle, Neutre se dit de Certaines fleurs qui ne contiennent point d'étamines ni de pistils; et aussi des Insectes qui n'ont pas de sexe. Les abeilles ouvrières sont neutres.

Littré (1872-1877)

NEUTRE (neu-tr') adj. qui signifie littéralement ni l'un ni l'autre, et qui prend selon les cas les significations particulières qui suivent.
  • 1 Terme de grammaire. Qui n'est ni masculin, ni féminin. Le genre neutre. Un mot neutre. Ce est souvent substantif, c'est le hoc des Latins ; alors, quoi qu'en disent nos grammairiens, ce est du genre neutre, Dumarsais, Œuv. t. IV, p. 296.

    S. m. Le neutre, le genre neutre. Un adjectif au neutre. Le mot latin seculum est du neutre. Le neutre existe en grec et en latin, il n'existe ni en français, ni en italien, ni en espagnol.

  • 2Verbes neutres, en grammaire latine, ceux qui n'étaient ni actifs, ni passifs. Neutre, transporté dans notre grammaire, s'applique aux verbes qui expriment une action en elle-même, sans aucun régime, comme marcher, mourir, et auxquels il est impossible de donner un régime direct (on dit mieux aujourd'hui verbe intransitif). Il y a des mots qui marquent de simples propriétés ou manières d'être, de simples situations, et même des actions, mais qui n'ont point de patient ou d'objet qui en soit le terme ; c'est ce qu'on appelle le sens neutre ; neutre veut dire ni l'un ni l'autre, c'est-à-dire ni actif, ni passif, Dumarsais, Œuv. t. III, p. 202.

    Verbe neutre passif, nom donné en grammaire latine aux verbes tels que audeo, soleo, qui au parfait et aux temps dérivés du parfait prennent la forme passive, ausus sum, solitus eram ; chez nous, ancien nom des verbes neutres qui se conjuguent avec le verbe être ou avec le pronom personnel. Un verbe neutre passif n'est autre chose qu'un verbe neutre qui, pour former ses prétérits, se sert de l'auxiliaire être, Opusc. lang. franç. p. 329, dans POUGENS. De ces verbes neutres passifs il y en a qui sont toujours joints avec le pronom personnel me, te, se, comme se repentir, se souvenir, ib. p. 328.

  • 3 Fig. Qui ne prend point parti entre des contendants, soit États, soit particuliers. On demande que, neutre en ces dissensions, Je laisse aller le sort de vos deux nations, Corneille, Sophon. I, 4. Ils [les pyrrhoniens] ne sont pas pour eux-mêmes ; ils sont neutres, indifférents, suspendus à tout, sans s'excepter, Pascal, Pens. VIII, 1, éd. HAVET. Un de ceux qui furent neutres dans la première question, Pascal, Prov. V. Les colonies grecques sont résolues à demeurer neutres [entre Idoménée et les Manduriens], Fénelon, Tél. V. Heureux les hommes qui sont sincèrement neutres entre leur pensée et celle d'autrui ! Fénelon, t. II, p. 176. Dans le mouvement général de la Grèce armée en faveur des Phocéens ou des Thébains, Philippe avait cru devoir demeurer neutre, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. VI, p. 37, dans POUGENS. Annibal voulait qu'on renouvelât la guerre en Italie, et qu'on gagnât Philippe, ou qu'on le rendît neutre, Montesquieu, Rom. V. Quand il s'agit d'attaquer la France, rarement les Anglais ont été neutres, Voltaire, Mœurs, 101. Les puissances neutres qui, sans changer d'état, se fortifient, par rapport à nous, de tout notre affaiblissement, Rousseau, Paix perpétuelle. Bernadotte, déjà fait au trône, répondit [à Napoléon] en prince indépendant ; ostensiblement, il se déclarait neutre, ouvrait ses portes à toutes les nations…, Ségur, Hist. de Nap. I, 4.

    S. m. pl. Les neutres, les États qui ne prennent point parti dans une guerre entre deux ou plusieurs puissances. La navigation des neutres.

    Droit des neutres, droit reconnu par les puissances belligérantes aux États qui ne prennent point de part à la guerre. Le cabinet russe… se montra disposé à terminer la querelle maritime par une transaction qui assurât jusqu'à un certain point les droits des neutres, Thiers, Hist. du Consul. liv. IX.

  • 4Lieu, territoire neutre, lieu, territoire appartenant à un État neutre, ou dans lequel on convient d'établir la neutralité. Sans vouloir de lieu neutre à cette conférence, Corneille, Sert. I, 2. Après la paix de 1689, il était naturel que les deux nations convinssent d'un lieu neutre où les marchandises seraient portées, Voltaire, Russie, II, 12.

    Pavillon neutre, pavillon d'une puissance qui ne prend point part à la guerre.

  • 5 Terme de botanique. Fleur neutre, fleur chez laquelle les organes sexuels avortent constamment.

    Terme de zoologie. Il se dit d'insectes (les abeilles ouvrières, par exemple) qui n'ont pas de sexe, qui ne peuvent s'accoupler, ni se reproduire ; ce sont des femelles dont les organes sexuels n'ont reçu aucun développement, en raison du mode particulier de nourriture auquel elles ont été soumises à l'état de larves. Swammerdam, ce grand anatomiste qui avait disséqué avec tant de dextérité et de patience les trois sortes d'abeilles, regardait les ouvrières comme de vrais neutres, parce qu'elles lui avaient toujours paru totalement privées des organes relatifs à la génération, Bonnet, Contempl. nat. XI, 27.

  • 6 Terme de physique. Corps neutres, ceux qui ne présentent aucun signe d'électricité. Les quantités égales des deux fluides [électriques] qui sont contenues dans chaque corps à l'état neutre, sont pour nous illimitées, Poisson, Instit. Mém. scienc. 1821 et 1822, t. V, p. 253.

    Ligne neutre, la partie d'un aimant ou d'un conducteur isolé qui ne manifeste pas le magnétisme ou l'électricité.

  • 7 Terme de chimie. Sel neutre, sel dont les deux principes immédiats, l'acide et l'alcali, qui, à l'état de liberté, agissent chacun d'une manière différente sur un corps coloré appelé réactif, n'agissent plus, après leur union mutuelle, sur ce réactif, du moins pour en changer la couleur. Tous les acides sont susceptibles de se combiner avec l'ammoniaque, et presque tous forment avec elle des sels neutres, c'est-à-dire des sels qui n'altèrent ni la couleur de la violette ni celle du tournesol, Thenard, Traité de chimie, t. II, p. 158, dans POUGENS.

    Aujourd'hui, sels neutres, ceux, quelle qu'en soit d'ailleurs l'action sur les couleurs végétales, dans lesquels le rapport entre l'oxygène de la base et celui de l'acide est le même que le rapport qu'on observe dans les sels du même genre, qui, formés d'acide et de base énergiques, sont neutres aux papiers colorés ; par exemple, les sels à base de potasse et de soude. On appelle, en effet, sulfate neutre celui, quel qu'il soit, dans lequel la quantité d'oxygène de l'acide est triple de celle de la base, quelle que soit d'ailleurs sa réaction sur les couleurs végétales. Pour le dire des sulfites et des carbonates, il suffit que la quantité soit double ; pour le dire des azotates, il faut qu'elle soit quintuple, et ainsi des autres.

HISTORIQUE

XIVe s. Se l'une ou l'autre [action] estoit neutre, c'est à dire ne bonne ne male, Oresme, Eth. 297.

XVe s. Ceuz de Hainaut, les Eglises et le sire conjoints avecques eux, demeurerent neutres, Froissart, II, II, 48.

XVIe s. Qu'ilz n'avoient que veoir sur la ville d'Argos, et qu'ilz la laissassent neutre et amie de tous les deux, Amyot, Pyrrh. 71.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

NEUTRE. Ajoutez :
8Qui n'est ni bon ni mauvais. C'est l'affection qui… donne du prix à ce qui n'en a point ; les choses que les hommes désirent sont d'une nature neutre ; l'esprit de celui qui les possède… leur donne la forme qu'il lui plaît, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

NEUTRE, adj. ce mot nous vient du latin neuter, qui veut dire ni l’un ni l’autre : en le transportant dans notre langue avec un léger changement dans la terminaison, nous en avons conservé la signification originelle, mais avec quelque extension ; neutre veut dire, qui n’est ni de l’un ni de l’autre, ni à l’un ni à l’autre, ni pour l’un ni pour l’autre, indépendant de tous deux, indifférens ou impartial entre les deux : & c’est dans ce sens qu’un état peut demeurer neutre entre deux puissances belligérantes, un savant entre deux opinions contraires, un citoyen entre deux partis opposés, &c.

Le mot neutre est aussi un terme propre à la grammaire, & il y est employé dans deux sens différens.

I. Dans plusieurs langues, comme le grec, le latin, l’allemand, qui ont admis trois genres ; le premier est le genre masculin, le second est le genre feminin, & le troisieme est celui qui n’est ni l’un ni l’autre de ces deux premiers, c’est le genre neutre. Si la distinction des genres avoit été introduite dans l’intention de favoriser les vûes de la Métaphysique ou de la Cosmologie ; on auroit rapporté au genre neutre tous les noms des êtres inanimés, & même les noms des animaux, quand on les auroit employés dans un sens général & avec abstraction des sexes, comme les Allemands ont fait du nom kind (enfant) pris dans le sens indéfini : mais d’autres vûes & d’autres principes ont fixé sur cela les usages des langues, & il faut s’y conformer sans réserve, voyez Genre. Dans celles qui ont admis ce troisieme genre, les adjectifs ont reçu des terminaisons qui marquent l’application & la relation de ces adjectifs à des noms de cette classe ; & on les appelle de même des terminaisons neutres : ainsi bon se dit en latin bonus pour le genre masculin, bona pour le genre féminin, & bonum pour le genre neutre.

II. On distingue les verbes adjectifs ou concrets en trois especes générales, caractérisées par les différences de l’attribut déterminé qui est renfermé dans la signification concrete de ces verbes ; & ces verbes sont actifs, passifs ou neutres, selon que l’attribut individuel de leur signification est une action du sujet, ou une impression produite dans le sujet sans concours de sa part ou un simple état qui n’est dans le sujet, ni action ni passion. Ainsi aimer, battre, courir, sont des verbes actifs, parce qu’ils expriment l’existence sous des attributs qui sont des actions du sujet : être aimé, être battu, (qui se disent en latin amari, verberari,) tomber, mourir, sont des verbes passifs, parce qu’ils expriment l’existence, sous des attributs qui sont des impressions produites dans le sujet sans concours de sa part, & quelquefois même malgré lui : demeurer, exister, sont des verbes neutres, qui ne sont ni actifs ni passifs, parce que les attributs qu’ils expriment sont de simples états, qui à l’egard du sujet ne sont ni action ni passion.

Sanctius (Minerv. III. 2.) ne veut reconnoître que des verbes actifs & des verbes passifs, & rejette entierement les verbes neutres. L’autorité de ce grammairien est si grande qu’il n’est pas possible d’abandonner sa doctrine, sans examiner & réfuter ses raisons. Philosophia, dit-il, id est, recta & incorrupta judicandi ratio nullum concedit medium inter Agere & Pati : omnis namque motus aut actio est aut passio… Quare quod in rerum naturâ non est, ne nomen quidem habebit… Quid igitur agent verba neutra, si nec activa nec passiva sunt ? Nam si agit, aliquid agit ; cur enim concedas rem agentem in verbis quæ neutra vocas, si tollis quid agant ? An nescis omnem causam efficientem debere necessario effectum producere ; deinde etiam effectum non posse consistere sine causa ? Itaque verba neutra neque ulla sunt, neque naturâ esse possunt, quoniam illorum nulla potest demonstrari definitio. Sanctius a regardé le raisonnement comme concluant, parce qu’en effet la conclusion est bien déduite du principe ; mais le principe est-il incontestable ?

Il me semble en premier lieu, qu’il n’est rien moins que démontré que la Philosophie ne connoisse point de milieu entre agir & pâtir. On peut au moins par abstraction, concevoir un être dans une inaction entiere & sur lequel aucune cause n’agisse actuellement : dans cette hypothese qui est du ressort de la Philosophie, parce que son domaine s’étend sur tous les possibles ; on ne peut pas dire de cet être ni qu’il agisse, ni qu’il pâtisse, sans contredire l’hypothèse même ; & l’on ne peut pas rejetter l’hypothèse sous prétexte qu’elle implique contradiction, puisqu’il est évident que ni l’une ni l’autre des deux parties de la supposition ne renferme rien de contradictoire, & qu’elles ne le sont point entr’elles : il y a donc un état concevable, qui n’est ni agir ni pâtir ; & cet état est dans la nature telle que la Philosophie l’envisage, c’est-à-dire, dans l’ordre des possibles.

Mais quand on ne permettroit à la Philosophie que l’examen des réalités, on ne pourroit jamais disputer à notre intelligence la faculté de faire des abstractions, & de parcourir les immenses régions du pur possible. Or, les langues sont faites pour rendre les opérations de notre intelligence, & par conséquent ses abstractions mêmes : ainsi elles doivent fournir à l’expression des attributs qui seront des états mitoyens entre agir & pâtir, & de-là la nécessité des verbes neutres, dans les idiomes qui admettront des verbes adjectifs ou concrets.

Le sens grammatical, si je puis parler ainsi, du verbe exister, par exemple, est un & invariable ; & les différences que la Métaphysique pourroit y trouver, selon la diversité des sujets auxquels on en feroit l’application, tiennent si peu à la signification intrinseque de ce verbe, qu’elles sortent nécessairement de la nature même des sujets. Or, l’existence en Dieu n’est point une passion, puisqu’il ne l’a reçue d’aucune cause ; dans les créatures ce n’est point une action, puisqu’elles la tiennent de Dieu : c’est donc dans le verbe exister, un attribut qui fait abstraction d’action & de passion ; car il ne peut y avoir que ce sens abstrait & général qui rende possible l’application du verbe à un sujet agissant ou pâtissant, selon l’occurrence : ainsi le verbe exister est véritablement neutre, & on en trouve plusieurs autres dans toutes les langues, dont on peut porter le même jugement, parce qu’ils renferment dans leur signification concrete un attribut qui n’est qu’un état du sujet, & qui n’est en lui ni action ni passion.

J’observe en second lieu, que quand il seroit vrai qu’il n’y a point de milieu entre agir & pâtir, par la raison qu’allegue Sanctius, que omnis motus aut actio est aut passio ; on ne pourroit jamais en conclure qu’il n’y ait point de verbes neutres, renfermant dans leur signification concrete, l’idée d’un attribut qui ne soit ni action ni passion : sinon il faudroit supposer encore que l’essence du verbe consiste à exprimer les mouvemens des êtres, motus. Or, il est visible que cette supposition est inadmissible, parce qu’il y a quantité de verbes comme existere, stare, quiescere, &c. qui n’expriment aucun mouvement, ni actif, ni passif, & que l’idée générale du verbe doit comprendre sans exception, les idées individuelles de chacune. D’ailleurs, il paroît que le grammairien espagnol n’avoit pas même pensé à cette notion générale, puisqu’il parle ainsi du verbe (Min. 1. 12.) : verbum est vox particeps numeri personalis cum tempore ; & il ajoute d’un ton un peu trop décidé : hæc definitio vera est & perfecta, reliquæ omnes grammaticorum ineptæ. Quelque jugement qu’il saille porter de cette définition, il est difficile d’y voir l’idée de mouvement, à moins qu’on ne la conclue de celle du tems, selon le système de S. Augustin (Confess. XI.) ; mais cela même mérite encore quelque examen, malgré l’autorité du saint docteur, parce que les vérités naturelles sont soumises à notre discussion & ne se décident point par l’autorité.

Je remarque en troisieme lieu, que les Grammairiens ont coutume d’entendre par verbes neutres, non-seulement ceux qui renferment dans leur signification concrete l’idée d’un attribut, qui, sans être action ni passion, n’est qu’un simple état du sujet ; mais encore ceux dont l’attribut est, si vous voulez, une action, mais une action qu’ils nomment intransitive ou permanente, parce qu’elle n’opere point sur un autre sujet que celui qui la produit ; comme dormire, sedere, currere, ambulare, &c. Ils n’appellent au contraire verbes actifs, que ceux dont l’attribut est une action transitive, c’est-à-dire, qui opere ou qui peut operer sur un sujet différent de celui qui la produit, comme battre, porter, aimer, instruire, &c. Or, c’est contre ces verbes neutres que Sanctius se déclare, non pour se plaindre qu’on ait réuni dans une même classe des verbes qui ont des caracteres si opposés, ce qui est effectivement un vice ; mais pour nier qu’il y ait des verbes qui énoncent des actions intransitives : cur enim concedas, dit-il, rem agentem in verbis quæ neutra vocas, si tollis quid agant ?

Je réponds à cette question, qui paroît faire le principal argument de Sanctius ; 1°. que si par son quid agant, il entend l’idée même de l’action, c’est supposer faux que de la croire exclue de la signification des verbes que les Grammairiens appellent neutres ; c’est au contraire cette idée qui en constitue la signification individuelle, & ce n’est point dans l’abstraction que l’on en pourroit faire que consiste la neutralité de ces verbes : 2°. que si par quid agant, il entend l’objet sur lequel tombe cette action, il est inutile de l’exprimer autrement que comme sujet du verbe, puisqu’il est constant que le sujet est en même tems l’objet : 3°. qu’enfin, s’il entend l’effet même de l’action, il a tort encore de prétendre que cet effet ne soit pas exprimé dans le verbe, puisque tous les verbes actifs ne le sont que par l’expression de l’effet qui suppose nécessairement l’action, & non pas par l’expression de l’action même avec abstraction de l’effet ; autrement il ne pourroit y avoir qu’un seul verbe actif, parce qu’il ne peut y avoir qu’une seule idée de l’action en général, abstraction faite de l’effet, & qu’on ne peut concevoir de différence entre action & action, que par la différence des effets.

Il paroît au reste que c’est de l’effet de l’action que Sanctius prétend parler ici, puisqu’il supplée le nom abstrait de cet effet, comme complément nécessaire des verbes qu’il ne veut pas reconnoître pour neutres : ainsi, dit-il, utor & abutor, c’est utor usum, ou abutor usum ; ambulare, c’est ambulare viam, & si l’on trouve ambulare per viam, c’est alors ambulare ambulationem per viam ; &c. Il pousse son zele pour cette maniere d’interpréter, jusqu’à reprendre Quintilien d’avoir trouvé qu’il y avoit solécisme dans ambulare viam.

Il me semble qu’il est assez singulier qu’un espagnol, pour qui le latin n’est qu’une langue morte, prétende mieux juger du degré de faute qu’il y a dans une phrase latine, qu’un habile homme dont cet idiome étoit le langage naturel : mais il me paroît encore plus surprenant qu’il prenne la défense de cette phrase, sous prétexte que ce n’est pas un solécisme mais un pléonasme ; comme si le pléonasme n’étoit pas un véritable écart par rapport aux lois de la Grammaire aussi bien que le solécisme. Car enfin si l’on trouve quelques pléonasmes autorisés dans les langues sous le nom de figure, l’usage de la nôtre n’a-t-il pas autorisé de même le solécisme mon ame, ton épée, son humeur ? Cela empêche t-il les autres solécismes non autorisés d’être des fautes très-graves, & pourroit-on soutenir sérieusement qu’à l’imitation des exemples précédens, on peut dire mon femme, ton fille, son hauteur ? C’est la même chose du pléonasme : les exemples que l’on en trouve dans les meilleurs auteurs ne prouvent point qu’un autre soit admissible, & ne doivent point empêcher de regarder comme vicieuses toutes les locutions où l’on en feroit un usage non autorisé : tels sont tous les exemples que Sanctius fabrique pour la justification de son système contre les verbes neutres.

Il faut pourtant avouer que Priscien semble avoir autorisé les modernes à imaginer ce complément qu’il appelle cognatæ significationis ; mais comme Priscien lui même l’avoit imaginé pour ses vues particulieres, sans s’appuyer de l’autorité des bons écrivains, la sienne n’est pas plus recevable en ce cas, que si le latin eût été pour lui une langue morte.

J’ai remarqué un peu plus haut que c’étoit un vice d’avoir réuni sous la même dénomination de neutres, les verbes qui ne sont en effet ni actifs ni passifs, avec ceux qui sont actifs intransitifs ; & cela me paroît évident : si ceux-ci sont actifs, on ne doit pas faire entendre qu’ils ne le sont pas, en les appellant neutres ; car ce mot, quand on l’applique aux verbes, veut dire qui n’est ni actif ni passif, & c’est dans le cas présent une contradiction manifeste. Sans y prendre trop garde, on a encore réuni sous la même cathégorie des verbes véritablement passifs, comme tomber, pâlir, mourir, &c. C’est le même vice, & il vient de la même cause.

Ces verbes passifs réputés neutres, & les verbes actifs intransitifs ont été envisagés sous le même aspect que ceux qui sont effectivement neutres ; parce que ni les uns ni les autres n’exigent jamais de complément pour présenter un sens fini : ainsi comme on dit sans complément, Dieu existe, on dit sans complément au sens actif, ce lievre couroit, & au sens passif, tu mourras. Mais cette propriété d’exiger ou de ne pas exiger un complément pour la plénitude du sens, n’est point du tout ce qui doit faire les verbes actifs, passifs ou neutres : car comment auroit-on trouvé trois membres de division dans un principe qui n’admet que deux parties contradictoires ?

La vérité est donc qu’on a confondu les idées, & qu’il falloit envisager les verbes concrets sous deux aspects généraux qui en auroient fourni deux divisions différentes.

La premiere division, fondée sur la nature générale de l’attribut auroit donné les verbes actifs, les verbes passifs, & les verbes neutres : la seconde, fondée sur la maniere dont l’attribut peut être énoncé dans le verbe, auroit donné des verbes absolus & des verbes relatifs, selon que le sens en auroit été complet en soi, ou qu’il auroit exigé un complement.

Ainsi amo & curro sont des verbes actifs, parce que l’attribut qui y est énoncé est une action du sujet : mais amo est relatif, parce que la plénitude du sens exige un complément, puisque quand on aime, on aime quelqu’un ou quelque chose ; au contraire curro est absolu parce que le sens en est complet, par la raison que l’action exprimée dans ce verbe ne porte son effet sur aucun sujet différent de celui qui la produit.

Amor & pereo sont des verbes passifs, parce que les attributs qui y sont énoncés sont dans le sujet des impressions indépendantes de son concours : mais amor est relatif, parce que la plénitude du sens exige un complément qui énonce par qui l’on est aimé ; au contraire pereo est absolu, par la raison que l’attribut passif exprimé dans ce verbe est suffisamment connu indépendamment de la cause de l’impression. Voyez Relatif.

Les verbes neutres sont essentiellement absolus, parce qu’exprimant quelque état du sujet, il n’y a rien à chercher pour cela hors du sujet.

Les Grammairiens ont encore porte bien plus loin l’abus de la qualification de neutre à l’égard des verbes, puisqu’on a même distingué des verbes neutres actifs & des verbes neutres passifs ; ce qui est une véritable antilogie. Il est vrai que les Grammairiens n’ont pas prétendu par ces dénominations désigner la nature des verbes, mais indiquer simplement quelques caracteres marqués de leur conjugaison.

« De ces verbes neutres, dit l’abbé de Dangeau (opusc. pag. 187.), il y en a quelques-uns qui forment leurs parties composées… par le moyen du verbe auxiliaire avoir : par exemple, j’ai couru, nous avons dormi. Il y a d’autres verbes neutres qui forment leurs parties composées par le moyen du verbe auxiliaire être ; par exemple, les verbes venir, arriver ; car on dit, je suis venu, & non pas, j’ai venu ; ils sont arrivés, & non pas, ils ont arrivé. Et comme ces verbes sont neutres de leur nature, & qu’ils se servent de l’auxiliaire être qui marque ordinairement le passif, je les nomme des verbes neutres-passifs… Quelques gens même sont allés plus loin, & ont donné le nom de neutres-actifs aux verbes neutres qui forment leurs tems composés par le moyen du verbe avoir, parce que ce verbe avoir est celui par le moyen duquel les verbes actifs, comme chanter, battre, forment leurs tems composés. C’est pourquoi ils disent que dormir, qui fait j’ai dormi ; éternuer, qui fait j’ai éternué, sont des verbes neutres-actifs ».

Sur les mêmes principes on a établi la même distinction dans la grammaire latine, si ce n’est même de-là qu’elle a passé dans la grammaire françoise : on y appelle verbes neutres-actifs ceux qui se conjuguent à leurs prétérits comme les verbes actifs ; dormio, dormivi, comme audio, audivi : & l’on appelle au contraire neutres passifs ceux qui se conjuguent à leurs prétérits comme les verbes passifs, c’est-à-dire, avec l’auxiliaire sum & le prétérit du participe ; gaudeo, gavisus sum ou fui. Voyez Participe.

Mais outre la contradiction qui se trouve entre les deux termes réunis dans la même dénomination, ces termes ayant leur fondement dans la nature intrinseque des verbes, ne peuvent servir, sans inconséquence & sans équivoque, à désigner la différence des accidens de leur conjugaison. S’il est important dans notre langue de distinguer ces différentes especes, il me semble qu’il suffiroit de réduire les verbes à deux conjugaisons générales, l’une où les prétérits se formeroient par l’auxiliaire avoir, & l’autre où ils prendroient l’auxiliaire être : chacune de ces conjugaisons pourroit se diviser, par rapport à la formation des tems simples, en d’autres especes subalternes. M. l’abbé de Dangeau n’étoit pas éloigné de cette voie, quand il exposoit la conjugaison des verbes par section ; & je ne doute pas qu’un partage fondé sur ce principe ne jettât quelque lumiere sur nos conjugaisons. Voyez Paradigme.

Au reste, il est important d’observer que nous avons plusieurs verbes qui forment leurs prétérits ou par l’auxiliaire avoir, ou par l’auxiliaire être ; tels sont convenir, demeurer, descendre, monter, passer, repartir : & la plûpart dans ce cas changent de sens en changeant d’auxiliaire.

Convenir se conjuguant avec l’auxiliaire avoir, signifie être convenable : si cela m’avoit convenu, je l’aurois fait ; c’est-à-dire, si cela m’avoit été convenable. Lorsqu’il se conjugue avec l’auxiliaire être, il signifie avouer ou consentir : vous etes convenu de cette premiere vérité, c’est-à-dire, vous avez avoué cette premiere vérité ; ils sont convenus de le faire, c’est-à-dire, ils ont consenti à le faire.

Demeurer se conjugue avec l’auxiliaire avoir, quand on veut faire entendre que le sujet n’est plus au lieu dont il est question, qu’il n’y étoit plus, ou qu’il n’y sera plus dans le tems de l’époque dont il s’agit : il a demeuré long-tems à Paris, veut dire qu’il n’y est plus ; j’avois demeuré six ans à Paris lorsque je retournai en province, il est clair qu’alors je n’y étois plus. Quand il se conjugue avec l’auxiliaire être, il signifie que le sujet est en un autre lieu dont il est question, qu’il y étoit, ou qu’il y sera encore dans le tems de l’époque dont il s’agit : mon frere est demeuré à Paris pour finir ses études, c’est à-dire qu’il y est encore ; ma sœur étoit demeurée à Rheims pendant les vacances, c’est-à dire qu’elle y étoit encore.

Les trois verbes de mouvement descendre, monter, passer, prennent l’auxiliaire avoir, quand on exprime le lieu par où se fait le mouvement : nous avons monté ou descendu les degrés ; nous avons passé par la Champagne après avoir passé la Meuse. Ces mêmes verbes prennent l’auxiliaire être, si l’on n’exprime pas le nom du lieu par où se fait le mouvement, quand même on exprimeroit le lieu du départ ou le terme du mouvement : votre fils étoit descendu quand vous êtes monté dans ma chambre ; notre armée étoit passée de Flandre en Alsace.

Repartir signifie répondre, ou partir une seconde fois ; les circonstances les font entendre : mais dans le premier sens il forme ses préterits avec l’auxiliaire avoir ; il a reparti avec esprit, c’est-à-dire, il a répondu : dans le second sens il prend à ses prétérits l’auxiliaire être ; il est reparti promptement, c’est-à-dire, il s’en est allé.

Le verbe perir se conjugue assez indifféremment avec l’un ou l’autre des deux auxiliaires : tous ceux qui étoient sur ce vaisseau ont péri, ou sont péris.

On croit assez communément que le verbe aller prend quelquefois l’auxiliaire avoir, & qu’alors il emprunte été du verbe être ; l’abbé Regnier le donne à entendre de cette sorte (Gramm. fr. in-12. pag. 389.) Mais c’est une erreur : dans cette phrase, j’ai été à Rome on ne fait aucune mention du verbe aller, & elle signifie littéralement en latin fui Romæ ; si elle rappelle l’idée d’aller, c’est en vertu d’une métonymie, ou si vous voulez, d’une métalepse du conséquent qui réveille l’idée de l’antécédent, parce qu’il faut antecédemment aller à Rome pour y être, & y être allé pour y avoir été. Ce n’est donc pas en parlant de la conjugaison, qu’un grammairien doit traiter du choix de l’un de ces tours pour l’autre ; c’est au traité des tropes qu’il doit en faire mention. (B. E. R. M.)

Neutre, sel, (Chimie.) voyez sous le mot Sel.

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Étymologie de « neutre »

Provenç. neutri ; cat. neutre ; esp. et ital. neutro ; du lat. neuter, ni l'un ni l'autre, formé de ne, ni, et uter, l'un des deux.

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Du latin neuter (« ni l’un, ni l’autre », « indifférent », « neutre »), composé de ne et uter (inter. « qui des deux ? » - relat. « celui des deux qui » - indéf. « l'un ou l'autre »).
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Phonétique du mot « neutre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
neutre nøtr

Citations contenant le mot « neutre »

  • En temps de révolution, qui est neutre est impuissant. De Victor Hugo / Histoire d'un crime , 
  • Les masses sont l'inertie, la puissance du neutre. De Jean Baudrillard / Le Monde de l'éducation - Juillet - Août 2001 , 
  • On ne peut jamais être neutre. Le silence est une opinion. De Henri Moret , 
  • Il est difficile de rester neutre lorsqu'on est victorieux. De François Barcelo / La tribu , 
  • L'argent, ce n'est ni bien ni mal, c'est neutre, l'argent ! De Edith Cresson / T.F.1. journal de 13 H - 16 Mai 1991 , 
  • Une mise en scène n'est jamais neutre. Toujours, il s'agit d'un choix. De Antoine Vitez / Petit dictionnaire du théâtre , 
  • Un pays neutre, c'est un pays qui ne vend pas d'armes à un pays en guerre. Sauf s'il paie comptant. De Coluche / La Politique , 
  • Face à la nourriture, le corps ne sait rester neutre ; il est prêt à toutes les folies, à toutes les fantasmagories, et la mort ne lui fait plus peut. De Noëlle Châtelet / Le Corps-à-corps culinaire , 
  • Ce n'est pas chez les neutres que l'amour aurait l'idée de se ravitailler. De Jacques Dyssord / La paroisse du Moulin Rouge , 
  • Le french style, comme l’appellent les Anglais, ce sont des vêtements très simples, des couleurs neutres. De Agnès B , 
  • Quoi de pire que le neutre ? De Anonyme , 
  • "Certains ont évoqué à plusieurs reprises la neutralité du Liban, à partir d'une logique que nous estimons innocente et correcte, n'étaient-ce les circonstances de la région et qui ont des répercussions sur le Liban et qui ne relèvent pas d'une décision purement libanaise. (...)", a écrit M. Arslane sur Twitter. "Nous avons, par exemple, des portions du territoire toujours occupées à ce jour par Israël, alors comment être neutre sur ce plan ? Un autre exemple est celui du terrorisme takfiriste (islamisme sunnite) et son exportation aux pays de la région. Comment traiter ce problème d'un point de vue neutre ? Quid des menaces d'implantation (des réfugiés palestiniens au Liban) de temps à autres ?", s'est encore interrogé le leader druze. L'Orient-Le Jour, Arslane : Comment être neutre alors qu'une portion de notre territoire est occupée par Israël ? - L'Orient-Le Jour
  • L'argent, ce n'est ni bien ni mal, c'est neutre, l'argent ! De Edith Cresson / T.F.1. journal de 13 H - 16 Mai 1991 , 
  • En temps de révolution, qui est neutre est impuissant. De Victor Hugo / Histoire d'un crime , 
  • Les masses sont l'inertie, la puissance du neutre. De Jean Baudrillard / Le Monde de l'éducation - Juillet - Août 2001 , 
  • On ne peut jamais être neutre. Le silence est une opinion. De Henri Moret , 
  • Il est difficile de rester neutre lorsqu'on est victorieux. De François Barcelo / La tribu , 

Images d'illustration du mot « neutre »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « neutre »

Langue Traduction
Anglais neutral
Espagnol neutral
Italien neutro
Allemand neutral
Chinois 中性
Arabe محايد
Portugais neutro
Russe нейтральный
Japonais 中性
Basque neutral
Corse neutrali
Source : Google Translate API

Synonymes de « neutre »

Source : synonymes de neutre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « neutre »

Combien de points fait le mot neutre au Scrabble ?

Nombre de points du mot neutre au scrabble : 6 points

Neutre

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