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Gaieté

Variantes Singulier Pluriel
Féminin gaieté gaietés

Définitions de « gaieté »

Trésor de la Langue Française informatisé

GAIETÉ, GAÎTÉ, subst. fém.

A. − Au sing.
1. Disposition d'esprit d'une personne qui est gaie, de bonne humeur, encline à sourire, plaisanter, s'amuser. Gaieté d'esprit; perdre sa gaieté, manquer de gaiété. La danse, qu'elle aimait (...) comme un exercice amusant, lui inspirait une gaieté folâtre (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 184).La gaieté et l'espièglerie d'un page (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 468).Pierre Corneille découvre le monde, la gaieté, la légèreté. Toute cette discipline pesante qu'il a subie chez les Jésuites, il l'abandonne pour les plaisirs et la frivolité (Brasillach, Corneille,1938, p. 48).V. aussi clarifier ex. 2 :
1. Il observa que ces hommes, privés comme lui de tout plaisir et exposés à périr par la main du bourreau, montraient de la gaîté et un goût vif pour la plaisanterie. Peu disposé à admirer les hommes, il attribuait la bonne humeur de ses compagnons à la légèreté de leur esprit, qui les empêchait de considérer attentivement leur situation. A. France, Dieux ont soif,1912, p. 234.
P. ell. La gaieté redouble, renaît. La gaieté revint. Les lampes s'étaient allumées. On chantait avec plus de bonne volonté que de réelle allégresse (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 354).
Loc. De gaieté de cœur. Avec spontanéité et plaisir, sans hésitation ni débat de conscience. Pourquoi me dites-vous tout cela? Qu'est-ce qui vous y force? (...) vous avez une raison pour faire, de gaîté de cœur, une telle révélation (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 662).Ce n'est pas de gaieté de cœur et par plaisir qu'ils en vinrent là (Barrès, Déracinés,1897, p. 483).En gaieté. De bonne humeur. Mis en gaîté par cet aveu, Haudouin s'apaisa. Il était assez satisfait que, chez lui, les garçons eussent du goût à trousser les filles (Aymé, Jument,1933, p. 80).On dirait un vieil ours en gaieté. Après les mois de dépression, le ton subitement a changé, exubérant de grosse vie, de facéties (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 203).V. aussi crieur, ex. 1.
2. En partic.
a) Bonne humeur provoquée par un excès de boisson(s) alcoolisée(s); légère ivresse. L'homme (...) tout imbibé par une gaieté de cidre doux et d'alcool s'enhardit (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 221).Elle découvrit un soir dans mon regard une gaîté un peu bien bourguignonne, et dans mon haleine le secret de ma goguenardise (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 72).
Être en (pointe de) gaieté, mettre en gaieté. On s'attable (...) lorsqu'on se décide à lever le siège, F. (...) était un peu plus qu'en pointe de gaîté (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 342).La bonne chère et le vin de Campanie avaient mis les convives en gaieté (D'Allemagne, Récr. et passe-temps,1904, p. 195).
b) Goût du libertinage, des plaisirs frivoles, des aventures amoureuses faciles. D'autres qui faisaient dans leur gaîté lascive Reluire l'éclat nu de leurs formes au jour (Dierx, Poèmes,1864, p. 32).Sa gaîté lourde, ses plaisanteries grossières, sa vulgaire obscénité (Mirbeau, Journal femme,1900, p. 152) :
2. ... dans toutes les grandes villes que j'ai vues, Paris est une des plus tristes, en dépit de cette réputation de gaieté qu'elle a héritée d'une époque heureuse. La misère et la maladie rôdent (...) dans les rues de ce morne Montmartre qui brille aux yeux du touriste comme un paradis d'insouciance et de volupté. Green, Journal,1939, p. 216.
3. P. anal. [À propos d'un animal, en partic. d'un cheval] Disposition à jouer, gambader. Son cheval eut un accès de gaieté (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 93).Elles [les mouches] arrivent auprès de la lampe, elles sont prises d'une gaieté folle, elles bourdonnent, elles sautent, elles rient (Sand, Corresp., t. 5, 1865, p. 100).
B. − P. méton.
1. [À propos (d'un trait) du comportement]
a) Au sing. Caractère de ce qui manifeste la bonne humeur, le goût de rire, de se divertir, le plaisir de vivre. Jamais les soirées de Musette n'avaient eu tant d'entrain et de gaieté (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 80) :
3. Quand Miette riait, (...) elle ressemblait à la bacchante antique, avec sa gorge gonflée de gaieté sonore, ses joues arrondies comme celles d'un enfant, ses larges dents blanches, ses torsades de cheveux crépus que les éclats de sa joie agitaient sur sa nuque, ainsi qu'une couronne de pampres. Zola, Fortune Rougon,1871, p. 16.
SYNT. Gaieté bruyante, charmante, douce, enfantine, folle, forcée, franche, naturelle, nerveuse, triomphante, vive; aimable, grosse gaieté; gaieté d'enfant; accès, bouffée, éclat(s), lueur de gaieté; air, expression, mouvement de gaieté; affecter, apporter (de) la gaieté; rire avec, sans gaieté.
b) Gén. au plur.
Manières d'être (attitudes, paroles, actions) exprimant la gaieté. Des gaietés et des passe-temps d'enfants (Taine, Notes Paris,1867, p. 246).Exciter des gaîtés démesurées et des éclats de rire intarissables (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 306).
Choses plaisantes, aspects réjouissants d'une situation, d'une activité. Molière menait les gaietés de la cour (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 197).Je retrouvai de vieilles connaissances avec qui j'évoquai les gaietés de l'été passé (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 307).P. iron. Les gaietés de la province. Les Gaîtés de l'escadron (œuvre de Courteline, 1886).
2. [À propos d'une œuvre artistique] Caractère de ce qui exprime ou inspire la bonne humeur, le goût de plaisanter, l'optimisme. Candide, cet ouvrage d'une gaieté infernale, car il semble écrit par un être d'une autre nature que nous, (...) content de nos souffrances et riant comme un démon (Staël, Allemagne, t. 4, 1810p. 79).Cette fable sans gaîté ne pouvait inspirer au compositeur qu'une musique grise et sans bonne humeur (L. Schneider, Maîtres opérette fr.,1924, p. 223).
3. Chose leste, licencieuse. Ce sont d'énormes gaietés [les images obscènes japonaises] (...) où l'indécence des choses est sauvée par une naïveté de temps primitifs (E. de Goncourt, Mais. artiste,1881, p. 228).
C. − [À propos de choses concr., de phénomènes physiques en gén.] Caractère de ce qui dispose à la bonne humeur, à l'enjouement, par ses qualités agréables (clarté, vivacité, légèreté, etc.) La salade (...) donnait envie de rire à Gérard, tant il voyait de gaîté dans les herbes vertes et les tranches rouges de betterave (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p. 35). Tant de gaietés rayonnaient, la gaieté sereine des plantes, la gaieté de l'espace ensoleillé, la gaieté du ciel (Estaunié, Simple,1891, p. 169).Toute la matinée, exultante, odorante, A la gaîté de l'eau courante (Noailles, Forces étern.,1920, p. 169).
P. méton. Chose qui suscite l'agrément, un sentiment favorable. Des bouquets délicats de roses (...) Parsèment le satin de gaîtés ouvragées (Régnier, Apaisement,1886, p. 58).Un vin rose et limpide, dont la seule couleur est une gaieté (Genevoix, Nuits de guerre,1917, p. 187).
Prononc. et Orth. : [gete], [gε-]. Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834 et Gattel 1841 : [-ε-]. Féraud dit plus exactement ,,1ere ouvert et long``, v. aussi, quant à la durée, Passy 1914 : [-e:-]. Martinet-Walter : [-e-] ou [-ε-] (10 et 7). Ac. 1694-1762 et Ac. 1932 : gaieté, Ac. 1798-1878 : gaîté. Étymol. et Hist. 1. [Fin xies. waited « passion déréglée » (Glose Ez., 23, 11 ds Levy Trésor 237 a)]; 2. ca 1150 « humeur riante » (Thèbes, 6078 ds T.-L.); 3. a) 1309 de gayeté « de propos délibéré » (Accord, Moreau, Hist. de Bret., I, 1225 ds Gdf. Compl.); b) 1549 de gayeté de cœur (Du Bellay, Deffence, éd. H. Chamard, p. 41, 26); 4. a) 1554 les Gayetez [titre] (Ol. de Magny); b) 1676 gaietés « actes de gaieté » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 4, p. 400). Dér. de gai*; suff. -(e)té*. Fréq. abs. littér. : 3 410. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 431, b) 6 731; xxes. : a) 5 979, b) 2 663. Bbg. Quem. DDL t. 6.

Wiktionnaire

Nom commun - français

gaieté \ɡɛ.te\ féminin

  1. Disposition à être de bonne humeur.
    • Ils retrouvèrent cette gaieté naturelle que les dures épreuves avaient chassée depuis longtemps. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • Et il se mit à singer le papotage d’une Parisienne, et jusqu’à la mimique, avec tant de gaieté que Zaheira ne put s’empêcher de rire. — (Out-el-Kouloub, « Zaheira », dans Trois contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • À mon sens la gaieté vaut presque la sagesse. — (Imbert, Jaloux sans amour, I, 6)
  2. Belle humeur.
    • Ce pauvre diable ainsi parlant
      Mettait en gaieté tout l’hospice.
      — (Pierre Jean de Béranger, Ange gardien)
  3. (Désuet) Folâtrerie, plaisanteries ou jeux d’enfants.
    • Ce sont là de petites gaietés qu’on peut passer à la jeunesse.
  4. Vivacité de belle humeur franche et communicative.
    • Les hommes mêmes n’ont pas en Perse la gaieté qu’ont les Français. — (Montesquieu, Lett. pers., 34)
    • Le vrai caractère de la gaieté italienne, ce n’est pas la moquerie, c’est l’imagination. — (Anne Staël-Holstein, Corinne, VII, 2)
    • Cette gaieté qui ne tenait en rien à la moquerie, mais seulement à la vivacité de l’esprit, à la fraîcheur de l’imagination. — (Anne Staël-Holstein, ibid. II, 2)
    • Je connais Victor : sa gaieté est une gaieté sans esprit, une gaieté de caserne, il est sans talent et dépensier. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
  5. Manière agréable et enjouée d’écrire.
    • Avoir de la gaieté dans le style.
  6. Pointe de vin ; griserie d’alcool.
    • On commençait à être en gaieté.
  7. Vivacité, en parlant d’un cheval.
  8. Paroles, actions gaies, folâtres.
    • Ce sont des jeux de mains et des gaietés incroyables. — (Marquise de Sévigné, 264)
    • Cent escapades aussi fortes passèrent pour des gaietés et des gentillesses agréables. — (Louis de Rouvroy, 259, 219)
  9. Petite pièce de théâtre ou autre, destinée à faire rire.
    • Une petite gaieté qu’il s’était permise au théâtre de Fontainebleau, en y tournant en ridicule, dans un prologue de sa façon, les gentilshommes de la chambre, les lui avait aliénés. — (Jean-François Marmontel, Mém., VI)
    • Verre en main, Jean le vigneron
      Chantait les gaietés de Piron.
      — (Pierre Jean de Béranger, Nourrice)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GAIETÉ. n. f.
Disposition à être en bonne humeur. Avoir de la gaieté. Perdre toute sa gaieté. Reprendre sa gaieté. Montrer de la gaieté. Témoigner une grande gaieté. Il est d'une gaieté folle. Il a de la gaieté dans l'esprit. Grosse gaieté. Gaieté vulgaire, gaieté bruyante et prolongée. Fam., Être en gaieté, Être mis en belle humeur par le vin. Fam., De gaieté de cœur, loc. adv. De propos délibéré et sans y être forcé. Il l'a offensé de gaieté de cœur. Quereller quelqu'un de gaieté de cœur. Sacrifier un avantage de gaieté de cœur.

GAIETÉ se dit aussi de Folâtreries, de plaisanteries ou de jeux d'enfants. Ce sont là de petites gaietés qu'on peut passer à la jeunesse. En termes de Manège, Les gaietés d'un cheval, Les vivacités d'un cheval.

Littré (1872-1877)

GAIETÉ (ghé-té ; anciennement il était de trois syllabes, ghé-ye-té, comme on le voit par ces vers : Mais je vous avouerai que cette gaieté Surprend au dépourvu toute ma fermeté, Molière, D. Garc. v, 6. Mais que de gaieté de cœur On passe aux mouvements d'une fureur extrême, Molière, Amph. II, 6. ) s. f.
  • 1Belle humeur. À mon sens la gaieté vaut presque la sagesse, Imbert, Jaloux sans amour, I, 6. Ce pauvre diable ainsi parlant Mettait en gaieté tout l'hospice, Béranger, Ange gardien. Quelques pages plus loin, vous retrouverez la vivacité impétueuse de Lovelace, son incorrigible folie, et cette gaîté non plus du vice, mais du remords qui cherche à s'étourdir, Villemain, Litt. fr. XVIIIe siècle, 1re leçon.

    Avoir de la gaieté dans le style, écrire d'une manière agréable et enjouée.

    Vivacité de belle humeur franche et communicative. Les hommes mêmes n'ont pas en Perse la gaieté qu'ont les Français, Montesquieu, Lett. pers. 34. Le vrai caractère de la gaieté italienne, ce n'est pas la moquerie, c'est l'imagination, Staël, Corinne, VII, 2. Cette gaieté qui ne tenait en rien à la moquerie, mais seulement à la vivacité de l'esprit, à la fraîcheur de l'imagination, Staël, ib. II, 2.

    Pointe de vin. On commençait à être en gaieté.

    Ce cheval a de la gaieté, il a de la vivacité.

    On dit aussi : ce cheval est gai.

  • 2Paroles, actions gaies, folâtres. Ce sont des jeux de mains et des gaietés incroyables, Sévigné, 264. Cent escapades aussi fortes passèrent pour des gaietés et des gentillesses agréables, Saint-Simon, 259, 219.

    Une gaieté, petite pièce de théâtre ou autre, destinée à faire rire. Une petite gaieté qu'il s'était permise au théâtre de Fontainebleau, en y tournant en ridicule, dans un prologue de sa façon, les gentilshommes de la chambre, les lui avait aliénés, Marmontel, Mém. VI. Verre en main, Jean le vigneron Chantait les gaietés de Piron, Béranger, Nourrice.

  • 3De gaieté de cœur, loc adv. De propos délibéré et sans sujet. Les personnes qui écrivent de gaieté de cœur et seulement pour dire des gentillesses, ne sont pas excusables de ne m'avoir pas fait cet honneur [de ne m'avoir pas écrit], Voiture, Lett. 19. Il m'attaque de gaieté de cœur pour se faire connaître de quelque façon que ce soit, Molière, l'Impromptu, 3. C'est une licence que prennent messieurs les poëtes de mentir de gaieté de cœur, Molière, Comtesse d'Esc. 1. Troubler de gaieté de cœur la fortune d'une personne, Sévigné, 384. Les juges du chevalier de la Barre ont été des monstres sanguinaires de gaieté de cœur, Voltaire, Roi de Prusse, 268. Celui qui va se battre de gaieté de cœur, Rousseau, Hél. I, 57. Leur ineptie, comme le dit très bien Votre Majesté, fera gagner aux Allemands et aux Hollandais l'argent que la France perdra de gaieté de cœur, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 16 fév. 1782.

HISTORIQUE

XVIe s. …Pour domter la gayeté trop grande de leurs appetits, Calvin, Instit. 144. Boisverd voulut couvrir sa pauvreté [son peu d'hommes] d'une gayeté de cœur, jettant au devant de soi 80 arquebusiers pour faire fumée sur le haut de la levée, D'Aubigné, Hist. I, 266. Puis tournant sur son chemin, il prit Sahurne d'une mesme gaieté, D'Aubigné, II, 114. Qui pourra penser que le tiers estat aie en mesme temps au cœur la gaieté des armes, la peur au visage, et la faim entre les dents ? D'Aubigné, ib. 252. Ils trouvoient fort mauvais que l'on allast ainsi voluntairement de guayeté de cœur commencer la guerre à ces peuples, Amyot, Crass. 31.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GAIETÉ. - HIST. Ajoutez :

XIIe s.i Chevels ot blons, molt avenant, Ielz [yeux] vers et pleins de gaieté, Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, V. 5377. (On voit par là que ce mot, qui, dans l'historique, n'a des exemples que du XVIe siècle, remonte aux plus anciens temps de la langue.)

XIIIe s. Les dames vont devant plaines de gaieté, Brun de la Montaigne, V. 1394, éd. P. Meyer, Paris, 1875.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

GAIETÉ, s. f. (Morale.) la gaieté est le don le plus heureux de la nature. C’est la maniere la plus agréable d’exister pour les autres & pour soi. Elle tient lieu d’esprit dans la société, & de compagnie dans la solitude. Elle est le premier charme de la jeunesse, & le seul agrément de l’âge avancé. Elle est opposée à la tristesse, comme la joie l’est au chagrin. La joie & le chagrin sont des situations ; la tristesse & la gaieté sont des caracteres. Mais les caracteres les plus suivis sont souvent distraits par les situation ; & c’est ainsi qu’il arrive à l’homme triste d’être ivre de joie, à l’homme gai d’être accablé de chagrin. On trouve rarement la gaieté où n’est pas la santé. Scarron étoit plaisant ; j’ai peine à croire qu’il fût gai. La véritable gaieté semble circuler dans les veines avec le sang & la vie. Elle a souvent pour compagnes l’innocence & la liberté. Celle qui n’est qu’extérieure est une fleur artificielle qui n’est faite que pour tromper les yeux. La gaieté doit présider aux plaisirs de la table ; mais il suffit souvent de l’appeller pour la faire fuir. On la promet par-tout, on l’invite à tous les soupers, & c’est ordinairement l’ennui qui vient. Le monde est plein de mauvais plaisans, de froids bouffons, qui se croyent gais parce qu’ils font rire. Si j’avois à peindre en un seul mot la gaieté, la raison, la vertu & la volupté réunies, je les appellerois philosophie.

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Étymologie de « gaieté »

Gai ; provenç. gayeza ; anc. cat. gaeza ; ital. gaiezza.

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(1160) De l’adjectif gai.
L’ancienne orthographe gaîté est devenue gaieté avec la réforme orthographique apportée par la sixième édition du Dictionnaire de l’Académie française en 1835.
Cette dernière graphie sera modifiée en gaité par les Rectifications orthographiques de 1990.
Les deux dernières graphies sont encore courantes dans l’usage. La première ne subsiste que dans des appellations anciennes (par ex. le Théâtre de la Gaîté).
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Phonétique du mot « gaieté »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gaieté gɛœte

Fréquence d'apparition du mot « gaieté » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gaieté »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gaieté »

  • L’alcool ne procure pas la gaieté mais la cirrhose.
    Michel Audiard
  • Le travail donne de la gaieté au-dehors et de la sécurité au dedans.
    Félix Dupanloup
  • Je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire, mais un certain charme, un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux.
    Jean de La Fontaine — Fables, Préface
  • La gaieté chasse la fatigue, or de la fatigue provient le découragement.
    Saint Séraphin de Sarov
  • L'ironie, c'est la gaieté et la joie de la sagesse.
    Anatole François Thibault, dit Anatole France — La Vie littéraire, Calmann-Lévy
  • Un grain de gaieté assaisonne tout.
    Baltasar Gracian y Morales — Oraculo Manual
  • Pantagruélisme (vous entendez que c'est certaine gaieté d'esprit confite en mépris des choses fortuites).
    François Rabelais — Le Quart Livre, Prologue
  • Il faut se défier de la gaieté que montre souvent le Français dans ses plus grands maux ; elle prouve seulement que, croyant sa mauvaise fortune inévitable, il cherche à s'en distraire en n'y pensant point, et non qu'il ne la sent pas.
    Alexis Clérel de Tocqueville — L'Ancien Régime et la Révolution
  • […] Quelle mâle gaîté, si triste et si profonde Que, lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer !
    Alfred de Musset — Poésies, Une soirée perdue
  • La gaieté est aux hommes ce que la mélancolie est aux femmes ; mais la mélancolie est une voilette, et la gaieté est un voile plus difficile à soulever.
    Maurice Donnay — Le Geste, Fasquelle
Voir toutes les citations du mot « gaieté » →

Traductions du mot « gaieté »

Langue Traduction
Anglais cheerfulness
Espagnol alegría
Italien allegria
Allemand fröhlichkeit
Chinois 欢乐
Arabe ابتهاج
Portugais alegria
Russe веселость
Japonais 華やかさ
Basque alaitasun
Corse gioia
Source : Google Translate API

Synonymes de « gaieté »

Source : synonymes de gaieté sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « gaieté »

Combien de points fait le mot gaieté au Scrabble ?

Nombre de points du mot gaieté au scrabble : 6 points

Gaieté

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